Cheikh Ould Ebnou | Professeur SY Alassane
aussi un créateur, mais ses œuvres d’arts ne sont jamais des restitutions à l’identique et la réalité. Le
tableau abstrait le plus irréel nous présentés « quelque chose de si nouveau que jamais nous n’ayons
rien vu de semblable » Descartes. Il est « une surface plane recouverte de couleurs et de lignes, un
certain ordre assemblé », composé d’éléments empruntés à la réalité. C’est pourquoi nous admirons
sans efforts la représentation des choses ou d’être dans un tableau dont nous supporterions males la
présence physique réelle. « L’art est à l’homme ce que la nature est à Dieu », Victor Hugo.
L’œuvre d’art est le produit d’un jugement critique et d’une insatisfaction active à l’égard du monde
tel qu’il est et à l’égard de cette nature qui est pourtant un modèle pour l’artiste.
A la nature, il emprunte des éléments pour créer une nouvelle synthèse, une œuvre qui se veut
impérissable. La nature présente ainsi à l’artiste des fragments, des ébauches, des esquisses à
terminer, à achever ; mais aussi et surtout de l’accidentel du fortuit, du provisoire à changer du
définitif.
L’artiste se propose de faire du nécessaire à partir du contingent, c’est-à-dire il ajoute à son modèle
l’immortalité. L’artiste est à la recherche de ce meilleur rapport entre ce travail visible et le résultat
acquis qui est le propre des chefs d’œuvres : il goute en s’affrontant aux matériaux qui lui résiste le
vrai plaisir du demi urge. La matière est pour l’artiste à la fois un obstacle et un moyen. « La nature
est un dictionnaire » disait Delacroix. A la différence de l’artisan qui vise l’utilité pratique en réponse
à une demande précise et à des besoins bien définis, l’artiste crée en vue de satisfaire de façon
désintéressée un désir indéfini.
c) Art et langage :
L’art exprime ce que la parole, comme mode communicatif, ne peut pas exprimer. Il prétend
justement combler les lacunes du langage usuel : il s’adresse directement à chacun et à tous aux
mépris des bienséances restrictives, des catégories logiques et des méditations conceptuelles. Si un
tableau nous retient comme s’il avait été peint par nous, comme s’il avait quelque chose à nous dire,
non pas avec des mots mais avec des valeurs, c’est que le tableau existe se situe dans une région que
le langage n’épuise pas : le beau, c’est-à-dire ce que nous éprouvons. Van Gogh disait à son frère
Théo : « tu verras ces toiles te diront ce que je ne peux pas exprimer par la parole ». Dans ce
monologue, ce silence plus éloquent que tout discours se situe en monde ou la distinction du sujet et
de l’objet, du vrai et du faux n’a plus cours : « le leurre et le vrai viennent ensemble, non comme des
contraires dans un système, mais au moins comme l’épaisseur qui a ensemble son recto et son
verso ».
d) Le chef d’œuvre :
Au moyen Age le chef d’œuvre est synonyme d’ouvrage capital « devait faire un apprenti pour être
reçu maitre de ce métier. »
Aujourd’hui, il est un merveilleux, ouvrage distinct par sa qualité de toutes les productions
naturelles, un prodige qui nous interpelle comme s’il était l’œuvre non d’un homme mais d’un dieu.
C’est une œuvre provocatrice, défit nos facultés de jugées. Le chef d’œuvre sort de l’ordinaire et
nous arrache un jugement sous forme d’aveu : « c’est beau », « c’est magnifique », « c’est
prodigieux ». Il confère une aura (qualité distinctive) à tout ce qui est placé sous le signe de l’art. le
chef d’œuvre vise à emporter l’assentiment, à balayer les réticences, à toucher au cœur de la