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4) Le cas du Japon
Table des matières
4.1) Bref aperçu historique (depuis la première guerre mondiale)
4.1.1) La montée du militarisme (1912-1945)
4.1.2) Le Japon depuis 1945
4.2) La politique industrielle japonaise après la seconde guerre mondiale
4.2.1) Introduction
4.2.2) La période de croissance rapide
a) Sources du pouvoir bureaucratique
b) Le modèle
Après la crise du pétrole
4.2.4) Conclusions
4.3) Exemples d’application
4.3.1) Le ciblage de l’acier (de 1960 jusqu’au début des années 1970)
4.3.2) Le ciblage des semis-conducteurs (de 1970 à aujourd’hui)
4.4) Le Japon, perspectives d’avenir
4.4.1) Introduction : un phénix fragilisé
4.4.2) Tendances de politique commerciale
4.4.3) De nouveaux accords régionaux
4.4.4) Le Japon et l’APEC
4.4.5) Conclusion : un pays à la croisée des chemins
4.1) Bref aperçu historique (depuis la première guerre mondiale)
4.1.1) La montée du militarisme (1912-1945)
La Première Guerre mondiale permet au Japon de poursuivre son expansion: il s'empare des
possessions allemandes en Chine et dans le Pacifique, et obtient des concessions ferroviaires
et minières en Mandchourie. Dès lors, deux logiques politiques vont s'opposer: celle des partis
et celle de l'armée. L'empereur Hirohito, depuis son avènement en 1926, navigue entre ces
deux pouvoirs. La crise frappe alors le Japon en 1931. Le chômage touche 20 % de la
population active. En entrant en Mandchourie en septembre 1931, l'armée, qui compte
beaucoup d'officiers roturiers et ne bénéficie pas d'un prestige particulier, prend sa revanche.
L'empereur nomme alors le prince Kanin chef d'état-major.
Avec l'assassinat du directeur général de Mitsui et du Premier ministre, en 1932, par les ultra
nationalistes, la voie militaire a définitivement pris le dessus. La création de l'État du
Mandchoukouo a lieu en 1932, et Puyi, ex-empereur de Chine, est placé à sa tête par les
Japonais en 1934. Le Japon quitte la SDN (Société des Nations) en mars 1933, puis dénonce
les accords de Washington, qui limitaient sa puissance navale. La guerre avec la Chine a lieu
en 1937. Mais lorsqu'en 1936 les ultra nationalistes encerclent le Parlement et assassinent le
ministre des Finances et le principal conseiller de l'empereur, ce dernier fait proclamer la loi
martiale. Le prince Konoe (un Fujiwara) est alors nommé Premier ministre, et le shintoïsme
devient la base du nationalisme. La concentration de l'appareil financier permet le
développement d'un complexe militaro-industriel. L'armement devient le moteur d'un
développement où la part de l'industrie lourde dans la valeur ajoutée industrielle double en dix
ans.
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Après la défaite de la France en août 1940, les troupes japonaises entrent en Indochine, mais
Washington tente de mettre un frein à cette expansion en imposant un embargo économique.
Cependant, après l'attaque surprise de Pearl Harbor en décembre 1941, le Japon, qui a adhéré
en septembre 1940 au Pacte tripartite avec l'Allemagne et l'Italie, s'empare des colonies de
l'Asie du sud-est. Toutefois, les Japonais, après plusieurs défaites aéronavales, perdront le
contrôle du Pacifique dès 1944. En août 1945, le Japon, après le largage de deux bombes
atomiques, sur Hiroshima et Nagasaki, capitule. (ref yahoo encyclopédie)
4.1.2) Le Japon depuis 1945
Le Japon sort de la guerre profondément traumatisé: vaincu pour la première fois de son
histoire, il se retrouve aux mains des Occidentaux, qui défèrent à la justice ses anciens
dirigeants. De surcroît, il doit réinsérer plus de 6 millions de Japonais d'outre-mer et
5 millions de soldats, alors que son PNB ne représente plus que les deux tiers de celui du
milieu des années 1930 et que sa capacité industrielle ne dépasse pas 60 % de ce qu'elle
représentait avant guerre. Le général MacArthur, commandant des forces d'occupation, veut
briser les structures qui ont sous-tendu le militarisme: l'empereur doit renier son ascendance
divine, la noblesse perd ses prérogatives, le shintoïsme n'est plus religion d'État et les
zaibatsu, ou conglomérats, doivent être démantelés. Une réforme agraire introduit la petite
propriété rurale. Le système éducatif reproduit le système américain. La Constitution de 1946
installe une démocratie parlementaire reposant sur le bicaméralisme.
Avec la guerre froide, les exigences américaines tombent, et dix-huit zaibatsu seulement sont
démantelés. La classe politique se reconstitue, avec deux courants, «progressiste» et
«modéré». En 1948, le modéré Yoshida devient Premier ministre, et, sous diverses
appellations, ce second courant conservera le pouvoir jusqu'à nos jours. Le plan Dodge
permet de stabiliser les prix au détriment de l'emploi. La guerre de Corée remet en marche la
machine économique, et, après la signature du pacte de sécurité nippo-américain, le Japon se
retrouve libre en 1952.
En parallèle, les zaibatsu se reconstituent, et la vie politique se stabilise. Les liens financiers
entre partis et entreprises deviennent caractéristiques du système socio-politique. En 1955,
grâce à l'intervention du puissant ministère de l'Économie (MITI), le Japon rattrapa son
niveau de production du milieu des années 1930.
En 1964, le Japon adhère au FMI, et les jeux Olympiques se déroulent à Tokyo. Huit ans plus
tard, il récupère Okinawa. En 1970, le PNB japonais arrive au troisième rang mondial, et
depuis 1955 le PNB par habitant a été multiplié par quatre. La stabilité politique, l'épargne et
la spécialisation des choix industriels sont à la base de la croissance. Les excédents
commerciaux se développent à partir de 1975, et le Japon peut multiplier les investissements à
l'étranger. À la mort de l'empereur Hirohito, en 1989, le Japon est devenu la deuxième
puissance économique mondiale, mais le parti libéral-démocrate, au pouvoir depuis quarante
ans, témoigne d'un certain essoufflement : mis en minorité aux élections de juillet 1993, il
cède le pouvoir à une coalition de sept partis conservateurs et socialistes. Le nouveau Premier
ministre, Morihiro Hosokawa, est vite remplacé par Tsutomu Hata, qui forme le
28 avril 1994, un gouvernement minoritaire dont les socialistes sont exclus. Cependant, le
29 juin, il doit lui-même s'effacer devant le socialiste Tomiichi Murayama, également à la tête
d'une coalition. Nommé Premier ministre en 1996, le libéral-démocrate Ryutaro Hashimoto
propose, en avril 1998, un plan de relance de l'économie japonaise, essentiellement basé sur
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une politique de relance des grands travaux et de réductions d'impôts. Cependant, l'incapacité
de son gouvernement à résoudre la grave crise économique que traverse le pays, se voit
rapidement sanctionnée par la défaite de son parti aux élections sénatoriales organisées le 12
juillet. Le 30, la chambre basse de la Diète charge l'ancien ministre des Affaires étrangères,
Kenzo Obuchi, de prendre la direction du gouvernement. Ce dernier procède à un
remaniement du gouvernement pour concrétiser la nouvelle alliance conclue entre sa
formation, le Parti libéral démocrate (PLD), le Parti libéral (PL) et le Nouveau Komeito,
émanation politique de la secte bouddhiste Soka Gakkaï. La nouvelle coalition de centre-droit
dispose de plus des deux tiers des votes à la Chambre des représentants et contrôle la majorité
au sénat. Sur le plan économique, la fin de l'année est marquée par la mise en œuvre d'une
restructuration du secteur financier, principalement illustrée par la fusion de trois des
principales banques nationales, constituant dès lors le premier établissement bancaire au
monde. Le 5 avril 2000, Mori Yoshiro est appelé à la direction du gouvernement en
remplacement de Keizo Obuchi, malade et qui décède peu de temps après. Actuellement, le
premier ministre japonais Junichiro Koizumi.
4.2) La politique industrielle japonaise après la seconde guerre
mondiale
4.2.1) Introduction
Avant tout, pour comprendre la politique industrielle au Japon, plusieurs faits essentiels
doivent être soulignés.
Premièrement, le Japon avait une grande envie de rebondir après l'humiliation subie
lors de la seconde guerre mondiale. Ce pays souhaitait, de ce fait, atteindre le plus rapidement
possible une croissance économique, seul moyen aux yeux des japonais de récupérer une
certaine fierté nationale. Il s'agissait carrément d'un véritable consensus national qui allait luimême mener à une politique favorisant explicitement la croissance au détriment de l'équité.
Ceci assura la domination ininterrompue du Parti Libéral Démocrate pendant les 30 années
qui suivirent.
Toutefois, le pouvoir politique de ce parti commença à s'éroder lorsque la période de
rapide croissance prit fin en 1973. Il faut néanmoins remarquer qu'une certaine performance
économique a été atteinte à travers notamment la croissance des industries de haute
technologie qui permettent au Japon de maintenir une certaine stabilité.
Deuxièmement, le Japon bénéficiait d'opportunités. En effet, ce pays, qui était suiveur,
empruntait facilement les technologies à l'Ouest et pouvait discerner, en observant les
industries occidentales, celles qui sortiraient vainqueurs dans le futur. Le Japon bénéficia
également du Pax Americana (système de protection commerciale et des infrastructures de
transport assurées par l’armée américaine qui se comporta comme une force d’occupation
après la guerre et en alliée par la suite quand le Japon s’est aligné sur les USA).
Troisièmement, les institutions japonaises ont joué un rôle crucial dans la
détermination des politiques à adopter.
Quatrièmement, les caractéristiques sociales et sociopsychologiques du Japon diffèrent
de celles occidentales. Mais il s'est avéré que les économistes, par facilité, n'ont pas tenu
compte de cela.
Finalement, le Japon a bien vécu, notamment grâce au fait que son offre de travail était
suffisante et a ainsi pu s'assurer que les salaires réels n'augmentent pas davantage que la
productivité. Il faut aussi souligner que les prix du pétrole étaient assez bas et que les guerres
du Vietnam et de Corée favorisèrent l'expansion de l'économie japonaise. Mais pas mal de ces
paramètres se sont modifiés au fil des ans et la politique industrielle japonaise en fut affectée.
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4.2.2) La période de croissance rapide
Le but principal des politiques de croissance était de fournir autant de capital que possible au
coût le plus faible aux firmes adoptant la nouvelle technologie et augmentant leurs capacités
de production. Pour y parvenir, ces politiques protégeaient ces firmes de la compétition avec
des produits importés jusqu'à ce que ces entreprises deviennent compétitives sur le plan
international. Derrière tout cela se cachait la volonté de faire du Japon un pays capable
d'exporter davantage, de générer une croissance rapide et d'augmenter le standard de vie de
ses citoyens.
Dans cette optique, le Ministère du Commerce International et de l'Industrie (MITI) et le
Ministère des Finances jouèrent un rôle important dans la mise en place de cette économie de
"supply-side". On promouvait donc une course à l'investissement afin de parvenir à des
technologies de production de masse plus efficaces et de réduire les coûts unitaires parmi les
firmes destinées à l'exportation.
a) Sources du pouvoir bureaucratique
La politique industrielle japonaise fut essentiellement menée par des bureaucrates qui
occupèrent une place importante dans le gouvernement. Une des politiques les plus
importantes fut menée par le Ministère des finances. Elle consistait en l'octroi de prêt en
capital du Ministère aux banques, qui à leur tour prêtaient aux firmes les plus innovantes. Le
Ministère contrôlait de la sorte toute la structure des taux et autorisait des taux de prêt très
avantageux pour les grandes firmes. La demande excédentaire de prêts, engendrée suite au
taux inférieur à celui du marché, permit au Ministère des Finances de s'engager dans un
rationnement de crédit, en ordonnant aux banques de ne permettre des prêts qu'à certaines
firmes. Il va sans dire qu'une telle politique était envisageable étant donné l'isolation du
marché japonais par rapport au marché monétaire international. Naturellement, une telle
politique, où l'on n'octroie des prêts qu'à certaines firmes, va déboucher sur la domination
dans chaque secteur de l'économie d'un petit groupe de grandes firmes.
Le Ministère du Commerce International et de l'Industrie joua aussi un rôle dans cette
politique. Ce Ministère avait en effet le pouvoir de restreindre les importations de biens qui
pourraient concurrencer les biens produits par les firmes japonaises. Ce même Ministère avait
également le pouvoir de gérer les importations vitales. C'est-à-dire que tout contrat portant sur
l'acquisition de savoir-faire étranger nécessitait l'accord du Ministère. Celui-ci était donc
capable d'influencer le timing, la composition et l'allocation de flux qui étaient nécessaires
aux firmes japonaises engagées dans la course à l'investissement.
b) Le modèle
La politique industrielle japonaise durant cette période consistait donc bien en un
protectionnisme marqué et en un oligopole des industries. En dépit de cette nature
anticompétitive, les firmes étaient encouragées à s'étendre et le marché protégé se transforma
en un marché avec un plafond pour les exportations afin d'éviter une expansion trop violente
des exportations.
Le protectionnisme mené par le Japon durant les années 50 et début 60 se caractérisait par des
tarifs élevés et des quotas aux importations.
Edward Lincoln résuma d'ailleurs
parfaitement la situation en disant ceci :" La politique commerciale, qui prenait la forme de
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barrières à l'importation sur les biens et le capital, fut l'élément majeur de la stratégie de
développement japonais durant la période qui suivit directement la 2ème guerre mondiale."
L'idée de promouvoir les exportations fut en fait une très bonne initiative. Elle permit en effet
de lutter contre la perte de vitalité compétitive des firmes, qui résultait du protectionnisme et
des cartels qui avaient vu le jour. Le Japon vivait donc entre compétition et collusion et ce
pays faisait face à ce qu'on nomme une courbe des coûts moyens à long terme décroissants c'est-à-dire que si on augmente les outputs, les coûts par unité décroissent et la production
devient plus efficace. De ce fait, chaque firme avait donc l'opportunité de mettre des
concurrents hors circuit en investissant et en produisant plus que les autres dans le secteur
concerné. Mais cette situation était instable et risquée. Elle pouvait être évitée à condition
qu'une force extérieure au marché intervienne. Et le Ministère du Commerce International et
de l'Industrie prit cela en charge en coordonnant la course à l'investissement afin que chaque
firme produise en proportion de la part de marché et qu'on évite ainsi des investissements trop
importants qui déstabiliseraient le marché. En effet, cette politique pouvait engendrer des
surinvestissements. De plus, en cas de baisse de la demande, les firmes auraient pu pratiquer
une guerre des prix, ce qui aurait limité leur rentabilité. Pour cela, le MITI encourageait la
formation de cartels des firmes engagées dans la course à l’investissement. En fait, les cartels
se formaient surtout lorsque les entreprises adoptaient des nouvelles technologies ou lorsque
la conjoncture économique nationale ou internationale déclinait. Cette politique courrait le
risque d’un cercle vicieux : au plus des cartels se formaient, au plus le MITI devait intervenir
pour limiter la collusion.
La clé du succès de cette politique se trouvait dans l’accroissement des exportations. Les
industries étaient mises sous pression d’augmenter la production afin de diminuer leurs coûts
et d’augmenter les profits (car les produits étaient vendus à un prix élevé sur le marché
domestique). Dons, même si les unités vendues sur le marché international n’étaient pas
profitables, le marché domestique permettait de compenser ces pertes.
On peut évidemment citer plusieurs exemples de secteurs qui connurent une rapide expansion
de leurs exportations tels que l'industrie chimique, de l'acier, l'automobile, les appareils
électriques notamment. Mais le cas le cas d’étude le plus intéressant pour montrer les effets de
la politique japonaise est le secteur des téléviseurs. Pour davantage d’informations, voyez K.
Yamamura, Caveat Emptor : The Industrial Policy of Japan, pages 178 à 185.
Après la crise du pétrole
A la fin des années 60, les hommes d'affaires se rendirent compte que tous ces
investissements pouvaient mener à un excès de capacité plutôt qu'à une efficacité croissante.
Et la récession commença d'ailleurs à frapper un grand nombre d'entreprises ; c'était le signe
de la fin de la période de rapide croissance. Et en 1973, la crise pétrolière fit comprendre
définitivement aux japonais la nouvelle dure réalité des choses. Pendant plusieurs années, le
pessimisme était de mise : le taux d'utilisation des capacités industrielle tombait en flèche.
Mais à la surprise générale et même des japonais, l'économie rebondit dès 1978 grâce à la
plus faible dépendance du Japon vis-à-vis des produits pétroliers. Toutefois, rebondir est un
bien grand mot et il est plus logique de dire que l'économie japonaise a retrouvé à cette
époque une croissance de faible niveau, qu'elle suit toujours aujourd’hui. L’économie était
fragile et a toujours dépendu de l’extérieur pour l’accès aux matières premières et aux
ressources naturelles. Les autorités craignaient que les investisseurs étrangers retirent leurs
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capitaux. Pour faire face à cette situation, le gouvernement adopta des politiques de soutien de
la demande et des mesures de libéralisation sous la pression des investisseurs étrangers.
Le parti au pouvoir faisait également face à un autre problème: bien qu'il doive financer les
programmes onéreux, les recettes, elles, n'augmentaient guère à cause de la récession
prolongée. Augmenter les taxes étant hors de question pour des raisons politiques et
économiques, il ne restait plus comme unique solution de mener une politique de deficit
spending. Ce qui se passait donc au Japon était relativement inhabituel pour ce pays, qui avait
eu l'habitude depuis la fin de la seconde guerre mondiale d'exploiter à merveille les avantages
d'être suiveur.
Toutefois, le Japon remarque en fait que le leader, les USA, partage désormais la même
incertitude quant au futur. Le nouveau système émergent diffère profondément de son
prédécesseur qui était basé essentiellement sur la hausse de consommation. Alors que le
nouveau se concentre sur la haute technologie qui nécessite notamment moins d'énergie mais
davantage de qualification.
Tous ces changements engendrèrent naturellement quelques problèmes. Ainsi, le Ministère
des Finances perd de la sorte du pouvoir et les outils pour suivre une politique industrielle à
cause de l'accumulation de la dette nationale et de la pression étrangère pour ouvrir le marché
financier japonais. Le Ministère devint dès lors contraint de payer les obligations de l'Etat aux
taux d'intérêt en vigueur sur le marché. Le Ministère perdait ainsi sa capacité à orienter les
flux comme il le souhaitait dans l'économie japonaise. Le Ministère vit aussi son pouvoir
s'amenuiser suite au fait que de nombreuses firmes japonaises sont devenues de classe
mondiale. Elles sont de ce fait capable de s'autofinancer et s'accommodent mieux au train
d'investissements à suivre. Ce Ministère garde toutefois un certain pouvoir quant à par
exemple l'interdiction de certains outils de financement ou de pratiques financières qui
pourraient causer une instabilité dans le marché monétaire.
Un autre problème auquel le Ministère du Commerce International et de l'Industrie dut faire
face, fut la grande vague de critique étrangère vis-à-vis de la politique commerciale japonaise.
La critique ne touchait plus seulement les quotas et autres tarifs mais également l'opacité des
conseils administratifs, les cartels légaux…De plus, le Ministère du Commerce International
et de l'Industrie réalisait aussi qu'il ne savait plus deviner les "vainqueurs de demain", comme
il le faisait précédemment en se basant sur l'expérience occidentale. Cette prise de conscience
est très importante afin de comprendre pourquoi le Ministère du Commerce International et de
l'Industrie commença à promouvoir l'industrie de haute technologie à partir du milieu des
années 70. Ces industries donnent à ce Ministère de nouveaux buts qui peuvent être justifiés
au nom du maintien de la performance économique japonaise.
Deux grands changements dans le décor japonais sont alors apparus. D'abord, suite au budget
national réduit, à la baisse de la puissance du parti en place et à l'érosion de la croissance,
l'élaboration des politiques à mener et leurs exécutions sont devenues davantage politisées.
Ensuite est venue s'ajouter une rivalité de plus en plus marquée entre les différents Ministères.
Pour n'en citer que trois : le Ministère du Commerce International et de l'Industrie et celui des
Finances se querelleront à propos du degré de libéralisation du marché des capitaux, le
Ministère du Commerce International et de l'Industrie et celui de l'Agriculture concernant les
importations de bœuf, d'oranges et autres produits agricoles ou encore et toujours le Ministère
du Commerce International et de l'Industrie avec la Commission de Commerce à propos cette
fois de certaines violations de l'Acte Anti-monopolistique par le Ministère.
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On remarque directement que ces différents concernent souvent le Ministère du Commerce
International et de l'Industrie qui est bien plus libéral que les autres Ministères. Ceci
s'explique tout simplement par le fait que ce Ministère tient à réduire les conflits avec
l'étranger et que les firmes qui sont sous sa juridiction sont tournées vers l'exportation.
Bref, tout ceci démontre plutôt que la capacité institutionnelle du gouvernement japonais à
formuler et administrer sa politique industrielle s'est fortement réduite en comparaison à celle
qui possédait durant les années 50 et 60.
4.2.4) Conclusions
La politique menée par le Japon a ses grands défenseurs et ses adversaires. Mais chaque camp
doit reconnaître des faiblesses à sa propre idée. Il sera donc logique de retrouver, lors de cette
conclusion la plus objective possible, des arguments des deux camps opposés, chaque camp
détenant une partie de la vérité. Car s'il est certain que la politique industrielle a mené à une
certaine efficacité, cela se traduisit quand même en une efficacité économique assez douteuse
et en une faiblesse politique importante.
Tout d'abord, la période de forte croissance, bien qu'aidée par un grand nombre de raisons
déjà évoquées, se serait de toute façon accomplie même sans politique industrielle. Toutefois
les économistes ont reconnu une certaine efficacité à cette politique. La croissance rapide
s’explique principalement par les disponibilités de technologies et d’épargne.
Il faut aussi se rappeler le rôle non négligeable joué par le Ministère du Commerce
International et de l'Industrie et celui des Finances pour encourager les investissements. Les
exportations et la productivité s'en trouvèrent améliorées mais il ne faut pas non plus oublier
le taux d'épargne élevé (dû aux politiques incitatives à l’épargne et programmes du
Gouvernement poussant les investissements en capitaux et négligeant les programmes de
bien-être social)
En fait, la politique japonaise fut bien plus efficace que ce que beaucoup d'économistes l'ont
dit. Tout simplement parce que les politiques menées pour affecter l'allocation des ressources
et le chemin de l'investissement prenaient place sans aller contre les forces du marché. Bien
sûr, le Japon avait la possibilité de faire davantage que valider simplement ce que le marché
dictait. Le Japon avait cette capacité suite au consensus pro-croissance, au Pax Americana…
Naturellement, exploiter ces possibilités ne s'effectuait pas sans frais. Et les coûts sociaux
augmentèrent au fur et à mesure de la croissance économique. Aux coûts déjà cités plus hauts,
il faut aussi rajouter ceux de la pollution de l'air et de l'eau.
Pour la période qui suit le choc de 1973, il semble clair que la politique industrielle japonaise
devient de moins en moins efficace. Ceci s'explique notamment par le déclin du nombre et de
l'efficacité des outils politiques suite à la libéralisation du commerce et l'internationalisation
du marché des capitaux. Les conditions requises pour maintenir un équilibre entre la
conformité aux valeurs du marché et l'efficacité d'intervention sur le marché de ces politiques,
n'existe plus au Japon. Car ce pays a cessé d'être un suiveur et est maintenant entré dans le
système du 21ème siècle caractérisé par l'incertitude économique et politique.
Le Japon, perspectives d’avenir :
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4.3) Exemples d’application
4.3.1) Le ciblage de l’acier (de 1960 jusqu’au début des années 1970)
L’acier fut reconnu comme prioritaire par les autorités dès 1950. De 1963 à 70, la production
tripla, ce qui est assez exceptionnel car comme nous l’avons déjà mentionné, le Japon devait
importer toutes les matières premières. Après la crise de l’énergie de 1973, le marché mondial
de l’acier était saturé, si bien que les entreprises japonaises avaient un avantage comparatif
indéniable vu leurs usines modernes et leurs coûts moins élevés que ceux de leurs
concurrents.
Ces constations soulèvent deux questions :
- La croissance de ce secteur est-elle due à la politique japonaise ?
- Cette politique fut-elle bonne pour l’économie japonaise ?
a) La croissance de ce secteur est-elle due à la politique japonaise ?
Répondre à la première question revient à savoir si cette politique se limitait à orienter
l’économie dans la même direction que celle prévue par le marché. Le Japon aurait sans doute
enregistré ces performances sans intervention gouvernementale. Nous avons déjà noté le haut
niveau du taux d’épargne qui permettait des investissements dans des secteurs intensifs en
capital, celui de l’acier par exemple. De plus, la diminution des coûts de transport et la
découverte de nouveaux gisements de minerais et de charbon relâchaient les contraintes de
localisation de cette industrie. Néanmoins, l’intervention des autorités a sans doute permis à
ce secteur à croître plus que dans un marché parfaitement concurrentiel. En effet, durant toute
cette période, le taux de rentabilité était nettement inférieur dans le secteur de l’acier par
rapport à celui observé ailleurs.
b) Cette politique fut-elle bonne pour l’économie japonaise ?
Quant à savoir si cette politique fut fructueuse, on peut sans doute répondre négativement. Le
taux de profit était inférieur à celui observé dans le secteur manufacturier. Un rendement du
capital supérieur ne peut donc justifier cette politique. Par conséquent, il faudrait avancer des
externalités positives pour la justifier. Or, les économistes ayant étudié cette question furent
incapables d’en trouver. L’acier n’est pas une entreprise de haute technologie et n’engendre
donc pas de bénéfices sociaux. De plus, cette politique n’a pas permis au Japon de s’accaparer
des profits auparavant réalisés par des entreprises étrangères. Enfin, le Japon connaissant le
plein emploi pendant cette période, cette politique ne pouvait donc renforcer l’économie
japonaise de cette manière.
On peut donc conclure de ce qui précède que le ciblage de l’acier par les japonais a détourné
des ressources dans un secteur où le rendement y était plus faible sans pour autant apporter de
bénéfices sociaux. Cette expérience doit nous rappeler que le succès d’une politique
industrielle ne se mesure pas simplement par la croissance des parts de marché.
4.3.2) Le ciblage des semis-conducteurs (de 1970 à aujourd’hui)
Comme nous l’avons déjà noté, cette période se caractérise par une perte d’influence des
autorités japonaises dans l’orientation de la politique industrielle. Face à cela, le
gouvernement décida de promouvoir les secteurs de haute technologie parmi lesquels celui
des semi-conducteurs (éléments entrant dans la fabrication de composants électroniques).
Jusqu’en 1970, ces secteurs étaient clairement dominés par les USA. Après 1970, on a assisté
à une percée phénoménale du Japon sur ce marché.
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L’ampleur de l’aide reçue par les entreprises japonaises soulève de nombreuses questions. Les
subsides ont été peu importants. Les protections tarifaires et les quotas furent supprimés dès le
milieu des années 1970. Néanmoins, certains notent d’autres formes d’aide plus subtiles qui
auraient été cruciales :
- Les projets communs de recherche mis en place auraient été interdits aux USA
conformément aux règles anti-trusts.
- Certains avancent également une politique tacite « acheter japonais » soutenue par le
gouvernement. La part très faible des entreprises américaines sur le marché japonais
semblerait prouver cette hypothèse.
On peut donc difficilement évaluer le caractère décisif de ces diverses formes d’aide.
Néanmoins, comme dans le secteur de l’acier, la question la plus pertinente est de savoir si
cette politique fut favorable à l’économie japonaise. Comme dans le cas de l’acier, le
rendement était inférieur à celui des autres secteurs. Pourtant, dès 1990, tout le monde croyait
que le Japon avait rencontré un succès important dans ce marché. Ceci était justifié par le fait
qu’il dominait le marché des puces à mémoire, secteur où les économies d’échelle sont
considérables et où le nombre de concurrents a chuté avec l’évolution technologique. D’autre
part, produire des puces à grande échelle était considéré comme un avantage crucial. Le
succès du Japon dans ce marché aurait donc dû se concrétiser par une domination totale du
marché des semi-conducteurs.
Pourtant, la part du marché du Japon a fortement chuté depuis le milieu des années 1990. Il
s’est avéré que les puces à mémoire pouvaient être produites dans des pays en développement
comme la Corée du Sud. De plus, la production de ces puces ne s’est pas révélée être une clé
d’accès indispensable. Le succès d’Intel qui, au départ, ne produisait pas ces puces, en atteste.
Intel a pu continuer à maintenir, voire à élargir son avantage technologique dans ce secteur.
Le cas des semi-conducteurs doit donc être une leçon d’humilité pour le Japon. Dans ce
secteur également, les externalités technologiques supposées n’ont pas été observées.
4.4) Le Japon, perspectives d’avenir
4.4.1) Introduction : un phénix fragilisé
Le Japon est le « phénix du vingtième siècle ». En 1945, le Japon vaincu par la bombe
atomique, brûlé sur l’autel de la guerre est puni et perd l’ensemble de ses prérogatives d’Etat.
Il est placé sous tutelle américaine. Aujourd’hui, le Japon est la deuxième économie du
monde. Il fait partie de la Triade (USA – Europe – Japon = 84% de la richesse mondiale) et
est devenu une des terres des industries de pointe avec un taux de chômage extrêmement
faible.
Si le Japon a su user au mieux de ses atouts pour imposer une puissance influente et construire
un empire économique de Tokyo à Manille ou Djakarta, il voit depuis 1997 une partie des
causes de son succès devenir des freins à sa marche en avant. Le pays et ses hommes sont
déstabilisés, fragilisés, contraints de changer certaines règles du jeu pour s’adapter à la
nouvelle conjoncture économique.
Aujourd’hui, le Japon semble lentement s’extirper d’une situation économique grave. Des
signes témoignent d’un pays en pleine mutation où plusieurs scénarios sont possibles :
 un changement radical avec l’adoption de nouvelles normes
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 le « déclin vénitien » : un pays riche mais assoupi sans ressort industriel, avec des
entreprises puissantes, hors des frontières ou
 l’émergence graduelle d’un nouveau Japon fruit d’une hybridation de différents
modèles.
4.4.2) Tendances de politique commerciale
L’économie japonaise est de plus en plus intégrée dans l’espace économique asiatique. Le
pays semble en période de réflexion sur la politique commerciale à adopter face à la
transformation de son économie et l’influence croissante des Américains et des Européens en
Asie depuis la crise de 97-98. La clé du redressement économique du Japon réside sans
conteste dans des réformes structurelles touchant le marché du travail, la sphère financière
et associée à des politiques macroéconomiques expansionnistes. Des réformes plus
audacieuses favorisant la concurrence constituent d’autres possibilités de bénéficier
rapidement d’un redressement économique durable.
Parmi les priorités du pays en matière de politique commerciale, il faut citer le renforcement
du système commercial multilatéral. Le Japon demeure déterminé à promouvoir la
déréglementation et l'amélioration de la transparence. Le Japon accorde au moins le
traitement NPF à tous les Membres de l'OMC et participe régulièrement aux activités de celleci.
Une tendance plus nouvelle est le intérêt croissant du Japon pour les accords de libreéchange régionaux, plus concrètement avec Singapour et la Corée mais sans viser un bloc
économique exclusif coupé du reste du monde. Ainsi des accords avec le Mexique, voire
même le Chili sont aussi d’actualité. Tout en continuant d’ouvrir son marché au niveau
multilatéral, le Japon semble participer de plus en plus à des arrangements régionaux
notamment l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation) sur laquelle nous reviendrons plus
tard, et tisse des liens avec le groupement formé de l’ASEAN, de la Chine et de la Corée.
A la synthèse des déclarations japonaises relatives à leur politique commerciale, il est possible
d’identifier quelques lignes directrices majeures :
- Renforcer le système commercial multilatéral et réglementé qu’incarne l’OMC.
-Susciter le lancement d’un nouveau cycle de négociations au sein de l’OMC.
- Générer une plus grande libéralisation et un grand développement des échanges, ce
qui devrait permettre d’améliorer la croissance, la concurrence et l’emploi et de
répartir plus équitablement les avantages de la mondialisation.
- Renforcer les règles et disciplines actuelles dans des domaines tels que l’antidumping, la clarification des liens entre le commerce et l’environnement,…
- Tenir compte des pays en développement
- Concilier davantage politique commerciale et développement durable.
- Augmenter la transparence.
4.4.3) De nouveaux accords régionaux
A l’aube des défis posés par le 21ème siècle, afin de relever ceux-ci en répondant aux besoins
d’une économie mondialisée et en assurant un développement économique juste et équilibré,
le Japon est en train de modifier sa politique commerciale pour accorder une plus large
place au bilatéralisme et au régionalisme économique. L’enjeu est clair : accélérer et
approfondir l’intégration économique de l’Asie de l’est, s’affirmer comme centre de gravité
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de cette région tout en évitant la formation d’un bloc économique exclusif (Singapour –
Corée), et, par l'intermédiaire du Mexique et du Chili, voire éventuellement du Canada, établir
des ponts avec la future zone de libre-échange des Amériques.
Le Japon cherche en fait à contrebalancer l'influence grandissante des Occidentaux dans la
région depuis la crise financière de 1997-98 et à s’imposer comme leader discret mais plus
formel d’une région asiatique ambitieuse. De plus, il s’agit pour le pays d’éviter le
phénomène d’éviction et de se placer comme l’Union Européenne, en partenaire obligés
avant que ne soient complétées les négociations commerciales panaméricaines. Le Japon
devrait donc intensifier les négociations en cours avec ces différents pays afin d’établir deux
têtes de pont : l’une avec l’ALENA, et l’autre avec la future ZLEA.
L’analyse des stratégies potentielles à venir du Japon avec certains partenaires (Mexique,
Corée, Singapour), issue du travail d’Eric Boulanger, sur la nouvelle stratégie commerciale du
Japon, se résume en trois points :
1Premièrement, on constate que le Japon engrange avec ces trois pays un
surplus commercial important ce qui indique que des ALE seraient à son
avantage, avec peu d’effets négatifs à prévoir sur son économie. Par de tels
accords, le Japon faciliterait son accès à trois marchés stratégiques. Ses
entreprises auraient accès à un carrefour économique important de
l’ALENA et de la future ZLEA. A Singapour, elles renforceraient leur
position dans ce qu'elles considèrent déjà comme le centre névralgique de
leurs activités en Asie du sud-est. Avec la Corée, les entreprises
s’offriraient un marché important en terme de population et une possible
fructueuse collaboration avec des firmes locales.
2Deuxièmement, les ALE avec Singapour et la Corée ouvriraient la porte à
un type de régionalisme fondé sur des accords bilatéraux, lesquels ont
d'ailleurs le potentiel de servir d'axe de fondation à une véritable politique
commerciale asiatique en vue du prochain cycle de négociations
multilatérales au sein de l'OMC. Ces ALE représenteraient un premier pas
vers le développement d’une stratégie asiatique en matière de commerce
international.
3Enfin, envisager les ALE du Japon implique de se pencher sur les
conséquences en terme de désindustrialisation. Cette variable est
déterminante sur les conséquences économiques de ces ALE dans la mesure
où les entreprises japonaises auront le choix entre un pays qui maintient des
tarifs élevés ou une zone de libre-échange qui leur permettra de transférer
des composantes, des produits, des services et éventuellement du personnel,
sans ou avec peu, d'entraves commerciales. D'où, probablement, l'intérêt de
plusieurs pays comme l'Australie et le Canada de s’engager également dans
un ALE avec le Japon.
Ces trois stratégies avec des pays aux caractéristiques économiques, politiques et
socioculturelles très différentes relèvent clairement d’initiatives régionales et bilatérales.
Elles soulignent encore l’intérêt croissant du Japon pour ce type d’accord, lui qui jusqu’ici
reste l’un des très rares pays à ne pas être membre d’une union douanière, d’une zone de libre
échange ou d’accords régionaux préférentiels.
Si un ALE voyait le jour, ce serait un revirement complet de la position japonaise et un signe
de reconnaissance que la mondialisation ne peut plus être contrôlée ou gérée sur base
strictement national. Mais les autorités insistent déjà sur le fait que quoiqu’il advienne de leur
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nouvelle politique commerciale, il est hors de question de remettre en question le
multilatéralisme et que les ALE devront respecter les règles de l’OMC en matière de
commerce international.
Quelques soient les engagements futurs du Japon, ils n’affaibliront pas son engagement en
faveur du système commercial multilatéral. Par contre, il s’agira davantage de donner un
signal fort et de signifier à la communauté internationale, et aux Etats-Unis en particulier, que
la deuxième puissance économique mondiale est résolue à défendre ses intérêts commerciaux,
en Asie comme dans les Amériques, par des moyens parfois plus efficaces que ceux offerts
par le multilatéralisme.
4.4.4) Le Japon et l’APEC
L’intérêt du Japon au développement de l’APEC est intimement lié à sa politique
commerciale et à celle des Etats-Unis.
Le Japon a trois intérêts stratégiques dans l'APEC:
 L'enchâssement de la politique commerciale américaine à l'égard de l'Asie dans un
cadre multilatéral.
 La stabilité économique et politique de la région.
 L'intégration des économies asiatiques à l'économie japonaise.
Aujourd’hui, les tendances politiques de ce dernier ne laisse que peu de place au processus de
libéralisation de l’APEC. Les ALE bilatéraux semblent être davantage la voie à suivre.
L’APEC est vue aujourd’hui comme un forum économique dans lequel le dialogue permet à
long terme l’ouverture des marchés et la stabilisation de la région sans pour autant forcer
légalement les membres à un quelconque agenda. « Pour le Japon, l'APEC représente donc
plus une «synthèse Est-Ouest» du néo-libéralisme américain et de la voie asiatique dans
laquelle l'Asie peut accomplir sa modernisation sans se refermer sur elle-même, qu'une
organisation formelle et légaliste avec des objectifs précis. »
L’avenir de l’APEC demeure donc incertain même si un nouveau rôle pourrait se définir, qui
serait de faire en sorte que ces accords régionaux et bilatéraux qui pourraient se multiplier
soient conformes à l’esprit de l’OMC et ouverts à chacun.
4.4.5) Conclusion : un pays à la croisée des chemins
Dresser le tableaux des perspectives japonaises fait donc apparaître un pays proche de la
croisée des chemins. Sur le point de modifier sa politique commerciale pour accorder une
plus large place au bilatéralisme et au régionalisme, le Japon risque bien d’accélérer
l’intégration économique en Asie tout en se tournant vers le monde (ALENA – ZLEA - …). Il
n’empêche qu’il s’agira pour celui-ci de rester prudent face à une région sur laquelle il n’a pas
toujours l’influence politique nécessaire. Le Japon se doit aussi de ne pas perdre le contrôle
d’un parc technologique qui pourrait s’avérer dans l’avenir une source de valeur ajoutée
importante. Car le challenge auquel font face les autorités nippones s’ancre dans une nécessité
de faire repartir la croissance et de trouver la parade à la crise de confiance que traverse leur
pays. Le Japon se doit de retrouver la santé financière en investissant dans des régions sûres
(USA, Europe, …), d’engager la course aux très hautes technologies afin de pouvoir
abandonner les secteurs mis en difficultés par la concurrence des NPI et de revoir ses relations
avec le reste du monde en s’ouvrant au commerce étranger sans léser ses producteurs
nationaux.
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