Jeudi 26 Février 2009

publicité
PANORAMA DE PRESSE
26/02/2009
CGT
Sommaire
Syndicalisme
(2 Documents)
Le Figaro Economie (matin) - 26/02/2009 - Des syndicats toujours puissants (108
mots)
Les grèves tournantes et les grèves de 59 minutes sont toujours possibles. Les conflits d'un
mois à Paris-Saint-Lazare et de cinquante jours à Nice ont montré que les grévistes pouvaient
toujours bl...
Echos d'Ancenis et du Vignoble - 26/02/2009 La CGT tire la sonnette d'alarme
(571 mots)
Pour la CGT, d'ici l'été, le Pays-d'Ancenis pourrait perdre jusqu'à 2 400 emplois en un
an. Le syndicat conteste des actions engagées dans certaines entreprises. La CGT n'a pas
hésité à fa...
Mouvements sociaux
(2 Documents)
L'Humanité - 26/02/2009 - Fin de conflit chez Plastic Omnium (321 mots)
Automobile . Après quinze jours de lutte, les salariés ont obtenu les indemnités de départs
qu'ils demandaient.
Libération - 26/02/2009 - Eurostyle en grève, le secteur bloqué (536 mots)
C'est un moyen de pression qui risque de faire des petits chez les sous-traitants automobiles.
Depuis lundi, les salariés de l'entreprise Eurostyle de Châteauroux (Indre) bloquent leur usine.
Hier, l...
Actualité sociale
(10 Documents)
La Tribune - 26/02/2009 - Hausse dramatique du chômage en janvier (645 mots)
Voilà un triste record dont Nicolas Sarkozy, en chute libre dans les sondages, se serait
bien passé ! Avec 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires en janvier, le chef de l'État
doit assumer ...
Les Echos - 26/02/2009 - Chômage : un nouveau record est atteint en janvier (762
mots)
En janvier, 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été inscrits à Pôle emploi (+ 4,3
%), selon les chiffres diffusés hier. Un record historique. Laurent Wauquiez s'attend à des
chiffres de cette ampleur « pendant plusieurs mois ».
Challenges - 26/02/2009 - La vérité sur... l'évaporation du 1% logement (1312 mots)
Gestion laxiste, surfacturations... Selon la Cour des comptes, les administrateurs dévoient le
système d'aides.
Challenges - 26/02/2009 - Les efforts pour l'emploi doivent être réorientés (536
mots)
Le marché a été rigidifié par les réglementations des années 1970. Plutôt que de financer des
secteurs condamnés et des mesures de court terme, il faut s'attaquer à la formation et aux bas
salaires.
L'Express - 26/02/2009 - Pôle emploi - Le baptême du feu (724 mots)
L'ANPE et les Assedic ont fusionné pour simplifier la vie des chômeurs. Dont l'afflux, avec la
crise, complique l'opération. Rodage acrobatique à Reims.
Le Nouvel Economiste - 26/02/2009 «La première règle, créer la confiance
avec les syndicats et l'ensemble des salariés»
(4595 mots)
PDG d'Air France durant 11 ans, il fait de la paix sociale, un des facteurs clés de la réussite de
la compagnie.
Le Nouvel Observateur - 26/02/2009 - Les nouveaux déclassés par Camille Peugny
(1630 mots)
En France, les jeunes générations vivent moins bien que celle de leurs parents. La crise sociale
les frappe de plein fouet. Analyse d'un sociologue
Le Point - 26/02/2009 Mesures sociales: qui va payer?
(184 mots)
Prime de 500 euros pour les jeunes n'ayant travaillé que deux mois, indemnisation du
chômage partiel à hauteur de 75%: ces deux mesures seront financées par le fonds
d'investissement social, dont la ...
20 Minutes - 25/02/2009 - Faire des économies sans rogner sur la masse salariale
(261 mots)
Edition de Marseille - Avis de gros temps dans le secteur santé. Les syndicats des personnels
hospitaliers appellent à une journée nationale d'action jeudi prochain pour protester contre le
projet...
Libération - 26/02/2009 - Abus de pouvoir en série (1089 mots)
L'hyper président, qui vient, dans l'affaire Pérol, de passer par-dessus une commission de
déontologie, n'épargne pas grand-monde. Parlement, ministres, CSA ou encore syndicats ont
fait les frais des...
Protection sociale
(3 Documents)
Télérama - 28/02/2009 - La Sécu aurait-elle vécu ? (347 mots)
Isabelle Giordano démarre aujourd’hui, à raison d’un par mois, une série de débats en direct et
en public avec les auditeurs. Alors que l’on annonce un trou de 15 milliards d’euros pour 2009,
la jour...
Aujourdhui en France - 26/02/2009 - Claude Frémont reste au chevet de la Sécu
(346 mots)
RAPPEL DES FAITS. Directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie de Nantes, Claude
Frémont claque la porte de la Sécurité sociale en octobre 2006. Connu pour son opiniâtreté
dans la lutte contre...
Les Echos - 26/02/2009 - Les évolutions familiales obligent à repenser le mode de
calcul des retraites (673 mots)
Les pensions de retraite des femmes représentent 48 % de celles des hommes en France. Face
à ces inégalités, une étude de l'Ined fait le point sur les instruments correctifs mis en place
dans plusieurs pays européens.
Syndicalisme
Jeudi 26 Février 2009
Enquête
Des syndicats toujours puissants
Les grèves tournantes et les grèves de
59 minutes sont toujours possibles.
Les conflits d'un mois à Paris-SaintLazare et de cinquante jours à Nice
ont montré que les grévistes
pouvaient toujours bloquer la SNCF.
Le syndicat SUD a provoqué en
janvier la fermeture de la gare SaintLazare. Sa percée lors des élections
professionnelles
fin
mars
compliquerait la tâche de Guillaume
Pepy.
Didier Le Reste, le premier secrétaire
de la CGT qui représente plus de
Tous droits réservés : Le Figaro Economie (matin)
1A9DB34C8EA06203A57D1E50A20A117E4992883099656E50AE2743F
40 % des voix de cheminots, est
l'homme clé du dialogue social. Rien
n'est possible sans son accord.
Diff. 342 445 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Actualité
un an
D'ici l'été, elle estime que 1 400 à 2 400 emplois auront disparu en
La CGT tire la sonnette d'alarme
Pour la CGT, d'ici l'été, le Pays-d'Ancenis pourrait perdre jusqu'à 2 400 emplois en
un an. Le syndicat conteste des actions engagées dans certaines entreprises.La CGT
n'a pas hésité à faire chauffer les calculettes, après avoir pris acte des mauvaises nouvelles qui
s'accumulent dans les entreprises du Paysd'Ancenis. Selon les syndicalistes, les comptes ne
sont pas bons : « De sources sûres, entre 175 et 476 emplois directs devraient être supprimés
dans les semaines ou les mois à venir, déclare Claude Gaudin, secrétaire de l'Union locale.
Lorsque nous savons qu'avec un emploi direct, ce sont trois à cinq emplois induits qui
disparaissent, nous pouvons affi rmer que d'ici l'été, ce sont entre 1 400 et 2 400 emplois qui
auront disparu en un an dans le bassin d'emploi d'Ancenis, soit 15,45 % des emplois. » Au
delà des chiffres, la CGT dénonce un manque de transparence de certaines entreprises, qui «
violent indéfi ni-ment les droits collectifs et individuels des salariés ». Le syndicat s'est par
exemple opposé au plan de départs volontaires chez Manitou -accepté pourtant par FO et la
CFE-CGC -, en dénonçant notamment l'absence de perspectives économiques pour le justifi er.
Les délégués CGT veulent rester vigilants face aux actions engagées par
certaines entreprises.
La dent dure contre Bomex
Même position pour le sous-traitant Manuli Otim*, qui aurait lancé la semaine dernière une
procédure pour licencier neuf salariés. « Quand on a demandé des chiffres, on n'a rien eu,
dénonce le délégué Yannick Pellerin. Le directeur nous a juste dit que l'entreprise faisait face à
un "tsunami économique". » La CGT a également la dent dure contre Bomex. A la fi n 2008, le
transporteur basé à Saint-Géréon avait annoncé un plan de sauvegarde de l'emploi touchant
67 salariés. « Il a été refusé par l'Inspection du travail, car elle ne pouvait pas vérifi er
l'activité réelle des salariés », selon Bernard Bondu, secrétaire général du syndicat régional des
transports, qui parle de « travail dissimulé et d'heures non payées. Aujourd'hui, la direction
contourne le plan social en licenciant pour de petites bêtises. » La CGT évoque ainsi six
licenciements « abusifs » avec des actions aux prud'hommes en cours et 20 départs anticipés
en pré-retraite. Des éléments que conteste la direction de Bomex.
« Un discours excessif »
Ce discours est excessif, le plan de licenciement est juste suspendu car l'Inspection du travail
nous a demandé d'envisager d'abord d'autres alternatives, répond Sandra Allard, responsable
des ressources humaines. Nous avons donc incité une vingtaine de salariés au départ en
retraite, mais ils ont toujours la liberté de refuser. Et concernant les autres cas, il y a toujours
eu des poursuites disciplinaires engagées quand cela se justifiait. Nous ne faisons pas un plan
de sauvegarde déguisé. D'ailleurs, nous ne ressentons pas de relations confl ictuelles avec les
délégués représentants le personnel au sein du comité d'entreprise. » * N'ayant pu être joint
par téléphone, le directeur de Manuli Otim n'a pas confi rmé cette information.
Mathieu Cloteau
Tous droits réservés : Echos d'Ancenis et du Vignoble
679D438588207C07C54D1450520C217344F22338D9D26D83FE4842A
Retour Sommaire
Mouvements sociaux
Edition de HUMANITE-QUOTIDIEN
Jeudi 26 Février 2009
social - économie
Fin de conflit chez Plastic Omnium
Automobile . Après quinze jours de lutte, les salariés ont obtenu les indemnités de départs qu'ils demandaient.
Après seize jours de blocage, les
syndicats et la direction de l'usine
Plastic Omnium de Saint-Romain-deColbosc
(Seine-Maritime)
sont
parvenus mardi soir à un accord sur
le contenu du plan social. En
décembre dernier, la direction de ce
sous-traitant, qui fabrique des parechocs pour le site Renault de
Sandouville, avait annoncé la
fermeture de l'usine à l'horizon de
juin 2009. Face à la faiblesse des
propositions de la direction, les
salariés avaient entamé, le 9 février
dernier, une grève reconductible.
« Un rapport de forces qui a porté ses
fruits », se félicite Ludovic Mius, le
délégué CGT. « Nous sommes
satisfaits des négociations car, à
quelques euros près, nous avons
obtenu ce que nous demandions. Au
départ, la direction proposait une
prime de 30 000 euros tout inclus,
alors que nous demandions 20 000
euros de prime de départ supra-légale
et 1 500 euros par salarié par année
de
présence
»,
rappelle
le
syndicaliste. Au final, les salariés ont
obtenu une prime de 18 000 euros à
laquelle s'ajoutent 1 600 euros par
année. Pour un salarié affichant seize
ans d'ancienneté - ce qui constitue la
moyenne dans cette usine - cette
prime représentera une somme de 51
000 euros, et tout de même plus de
Tous droits réservés : L'Humanité
5991E3548EE0210685631770400E413E4F121237B9C36B8E1E9A7CE
40 000 euros pour un salarié ayant
onze ans d'ancienneté.
« Vu la moyenne d'âge - quarante ans
- et la situation de l'emploi dans le
secteur qui n'est pas brillant, cette
somme permettra aux salariés de se
retourner un peu », espère Olivier
Mius, précisant que les salariés
toucheront 90 % de leur salaire
pendant six ou sept mois, selon leur
âge, avant de basculer dans le
système classique d'indemnisation de
chômage s'ils n'ont pas retrouvé
d'emploi.
Alexandra Chaignon
Diff. 55 629 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Eco-Terre
Eurostyle en grève, le secteur bloqué
Auto. . L'équipementier est en redressement judiciaire.
C'est un moyen de pression qui
risque de faire des petits chez les
sous-traitants automobiles. Depuis
lundi, les salariés de l'entreprise
Eurostyle de Châteauroux (Indre)
bloquent leur usine. Hier, leurs
collègues du site de Lieu-SaintAmand (Nord) les ont rejoints, ainsi
que les ouvriers de Saint-Clément
(Yonne) et de Falaise (Calvados), qui
verrouillent toutes les expéditions en
partance
de
leurs
usines.
L'équipementier Eurostyle fournit les
constructeurs Renault, PSA, Toyota
et Renault Trucks en garnitures
plastique de voiture. «On a au moins
une pièce qui va dans tous les
véhicules montés en France»,
souligne Claude Lledo, de la CGT.
De quoi gêner sérieusement leurs
clients.
«L'objectif,
c'est
de
provoquer des pannes chez les
constructeurs, c'est le seul moyen de
pression», reconnaît Lledo.
Meilleurs prix.Eurostyle est en
redressement
judiciaire
depuis
octobre. Deux groupes seraient
candidats à la reprise : GMD, qui
garderait la moitié des quelque 1
000 salariés, et Simoldes, qui
procéderait à des coupes plus
franches. Le tribunal d'Evry devrait
rendre une décision le 16 mars. Mais
les salariés d'Eurostyle veulent
s'assurer de la pérennité de leur firme
et des conditions de départ
«décentes» pour les victimes du plan
social.
Ils s'adressent donc directement aux
donneurs d'ordres : les constructeurs.
Ils leur demandent de s'engager sur
des volumes de commandes et sur de
meilleurs prix d'achat des pièces. Et
relaient ainsi une exigence de GMD,
qui a fait de l'amélioration des prix notamment pour le contrat sur la
nouvelle Renault Scénic, dont la
production démarre à Douai (Nord) une condition sine qua none de sa
reprise. Ils souhaitent enfin que les
constructeurs débloquent du cash
pour améliorer les indemnités de
licenciement. «S'ils veulent sortir
leurs voitures, ils vont être obligés de
cracher», résume Lledo. D'après la
CGT, d'ici la fin de la semaine, les
chaînes de production Peugeot du
coupé 407, de la 308cc, de la 207
devraient être impactées, voire
bloquées. Comme celles des Renault
Scenic, de l'Espace et de la Kangoo.
Côté constructeurs, on reste discret.
Tous droits réservés : Libération
7E9123EB8020F60F65991F80A00941E842322C3DA9F66A4771E5D3F
Renault reconnaît que la production
de Sandouville est assurée jusqu'à la
fin de semaine... PSA affirme
«discuter avec les repreneurs
possibles» afin de «favoriser des
solutions pérennes».
Embarras. Les choses pourraient se
débloquer. Mardi soir, les salariés de
l'usine de Plastic Omnium de SaintRomain-de-Colbosc
(SeineMaritime) - qui doit fermer en juin ont obtenu, après seize jours de
blocage, la hausse de leurs
indemnités de départs. Leur grève
avait provoqué des journées de
chômage supplémentaires à Renault
Sandouville - leur seul client -, et la
production d'un millier de voitures
sans pare-chocs. Le constructeur nie
être intervenu dans les négociations
entre la direction de Plastic Omnium
et les syndicats. Mais nul doute que
son embarras a dû peser dans la
résolution du conflit.
(Lire aussi page 19)
JULIA PASCUAL
Diff. 144 054 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Actualité sociale
Jeudi 26 Février 2009
Evenement
Hausse dramatique du chômage en janvier
Voilà un triste record dont Nicolas
Sarkozy, en chute libre dans les
sondages, se serait bien passé ! Avec
90.200 demandeurs
d'emploi
supplémentaires en janvier, le chef de
l'État doit assumer la plus forte
hausse mensuelle du chômage depuis
la création des statistiques. Et cette
mauvaise nouvelle, dévoilée hier,
vient en point d'orgue d'une série peu
brillante. Le nombre d'inscrits à Pôle
emploi
en
catégorie 1
(immédiatement disponibles, à la
recherche d'un emploi à plein temps)
avait déjà progressé de 64.000 en
novembre et de 45.800 en décembre.
Soit 3.000 chômeurs de plus chaque
jour, et 280.000 en six mois, soit
presque l'équivalent de la hausse de
l'ensemble de 1993. Au total on
compte aujourd'hui 2,2 millions de
chômeurs.« Cette hausse du chômage
en janvier est la conséquence du repli
de
l'activité
enregistrée
au
4e trimestre 2008 »,
commentait
sobrement Christine Lagarde dans un
communiqué hier. Mais, dans
l'opinion publique, ce chiffre risque
fort d'être la démonstration que les
mesures prises par le gouvernement
Sarkozy ne sont pas à la hauteur de
l'ampleur de la crise. Déjà, les
syndicats, qui préparent leur journée
d'action du 19 mars, n'ont pas
manqué de rappeler les manques de
l'exécutif : « Plus que jamais, le
décalage est criant entre la gravité de
la situation et les réponses apportées
par le chef de l'État et son
gouvernement », relève la CGT dans
un communiqué. « Les réponses à la
crise actuelle doivent revêtir une
dimension sociale forte », renchérit la
CFDT.Les syndicats ont d'autant plus
d'arguments à faire valoir que la
progression de 4,3 % en janvier
(15,4 %
sur
un an)
touche
essentiellement les publics les plus
fragiles. Tout d'abord, les jeunes. Le
nombre d'inscrits de moins de 25 ans
a augmenté de 5,1 % en un mois et
bondi de 23,1 % sur un an, soit un
rythme deux fois plus rapide que
pour les autres générations (+ 13,9 %
pour les 25 à 49 ans et + 12,8 % pour
les plus de 50 ans). Autre catégorie
touchée de plein fouet, les précaires.
Avec 104.100 inscrits, les fins de
CDD représentent plus d'un quart des
entrées à Pôle emploi. Auxquelles
viennent s'ajouter les fins de missions
d'intérim (42.900 inscrits). Et la
situation risque de perdurer : « Les
mauvais chiffres publiés récemment
sur les mises en chantier de logement
ne sont pas de bon augure. D'autant
Tous droits réservés : La Tribune
409C63818600240DC5331BE03008A1424112663599A06279E539B10
que le commerce de détail qui a été
un grand pourvoyeur d'emplois
commence à détruire des postes »,
souligne Alexander Law, chef
économiste chez Xerfi.Le bond du
mois de janvier est d'autant plus
inquiétant qu'il montre que le marché
de
l'emploi
se
bloque
progressivement. Le nombre d'offres
d'emploi recueillies par Pôle emploi a
chuté de 15,4 % sur un mois et de
29,3 % sur un an. Conséquence, les
sorties pour « reprise d'emploi » se
rétractent de 18,6 % et le nombre de
chômeurs de longue durée, inscrits
depuis plus d'un an, enfle de 8,6 %
sur un an. Pour le chef de l'État, le
calendrier s'accélère. Il y a une
semaine, il décidait de dédier
2,6 milliards d'euros à des mesures
sociales pour les victimes de la crise.
Des annonces déjà effacées par
l'avalanche de mauvaises nouvelles
d'hier. n3.000 chômeurs de plus
chaque jour, et 280.000 en six mois
l'équivalent de la hausse de
l'ensemble de 1993.
Agnès Laurent
Diff. 89 866 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
France
Chômage : un nouveau record est atteint en janvier
En janvier, 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été inscrits à Pôle emploi (+ 4,3 %), selon les
chiffres diffusés hier. Un record historique. Laurent Wauquiez s'attend à des chiffres de cette ampleur « pendant
plusieurs mois ».
C'est un nouveau cap dans
l'accélération de la crise. En janvier,
90.200
demandeurs
d'emploi
supplémentaires se sont inscrits sur
les listes de Pôle emploi, soit une
hausse historique de 4,3 % en un
mois, selon les chiffres diffusés hier.
La hausse mensuelle bat le bond de
novembre (+ 64.000), qui avait
pourtant mis fin à un record de
quinze ans. Le nombre de
demandeurs d'emploi inscrits en
catégorie
1
(immédiatement
disponibles, à la recherche d'un CDI
en temps plein et ayant travaillé
moins d'un mi-temps dans le mois)
franchit ainsi la barre des 2,2
millions. En quatre mois, le nombre
de chômeurs s'est accru de près de
250.000.
La hausse du nombre de chômeurs
est liée à celle du nombre
d'inscriptions mais aussi à la baisse
du nombre de sorties, notamment
pour reprise d'emploi. Tous les
motifs d'entrée à Pôle emploi (fin de
CDD, fin d'intérim, licenciement
économique...) progressent (lire cidessous). La hausse traduit à la fois
les défaillances des entreprises, qui
ont concerné plus de 220.000 salariés
ces douze derniers mois et continuent
de s'accélérer, et leur attentisme,
compte tenu d'anticipations d'activité
très dégradées. Elle est à mettre en
parallèle avec les destructions
d'emploi : au quatrième trimestre,
89.000 emplois salariés ont encore
été détruits. La hausse de janvier ne
tient pas compte, en revanche, des
milliers de salariés en chômage
partiel, qui, puisqu'ils conservent leur
contrat de travail, ne sont pas
considérés
d'emploi.
comme
demandeurs
Prévisions enfoncées
Les prévisions de l'assurancechômage, pourtant régulièrement
révisées ces derniers mois, sont
enfoncées (lire ci-contre). Le taux de
chômage, prévu à 8 % à l'horizon de
juin par l'Insee, devrait remonter plus
rapidement. Il restera loin, toutefois,
des records de 1997 où le taux de
chômage avait frôlé les 11 %. Mais la
multiplication des plans sociaux ou
de départs volontaires dans les
entreprises ces dernières semaines
(lire ci-dessous) laisse présager, le
temps des consultations formelles et
des procédures de départ, un
prolongement de la tendance ces
prochains mois. Le secrétaire d'Etat à
l'Emploi, Laurent Wauquiez, a
indiqué hier s'attendre à « plusieurs
mois » sur ce rythme.
Officiellement,
pourtant,
le
gouvernement ne dévie pas de sa
grille d'analyse. La hausse, expliquet-on dans l'entourage de la ministre
de l'Economie, est « dans la droite
ligne du repli du PIB au quatrième
trimestre » (- 1,2 %). « Les
entreprises s'ajustent là où elles
peuvent : sur les stocks et sur
l'emploi flexible. » De multiples
outils de politique de l'emploi ont, de
fait, été ouverts depuis l'été dernier :
relance
des
contrats
aidés,
amélioration du recours et de
l'indemnisation du chômage partiel,
extension des conventions de
reclassement
personnalisé,
exonération
de
charges
supplémentaires pour les très petites
entreprises, coup de pouce aux
salariés ayant insuffisamment cotisé,
etc.
Mesures mal ciblées
« On ne manque pas de mesures. On
met en oeuvre ce que nous avons
déjà annoncé et cela fait beaucoup »,
réagit l'entourage de Christine
Lagarde. Dans un communiqué
publié hier, celle-ci a d'ailleurs
rappelé
les
«
mesures
d'accompagnement
social
»
annoncées à l'issue du sommet social.
En l'absence de précisions sur les 800
millions d'euros qui doivent être
apportés par l'Etat au Fonds
d'investissement social (« Les Echos
» du 20 février), les 1,1 milliard
d'euros (sur 2,6 milliards) consacrés
à la baisse de l'impôt sur le revenu
des ménages modestes risquent
toutefois de paraître, aujourd'hui,
anachroniques et mal ciblés. La
prime pour les précaires ayant
insuffisamment cotisé ne représente
ainsi, en comparaison, que 117
millions d'euros.
La CFDT a d'ailleurs rappelé, hier,
que la réponse apportée par le
gouvernement via le fonds social
était « très insuffisante, tant dans son
montant que dans la source du
financement », tandis que la CGT a
critiqué « un décalage criant entre la
gravité de la situation et les réponses
apportées ». La confédération
demande aussi l'embauche de salariés
à Pôle emploi pour améliorer
l'accompagnement des chômeurs.
Les projections de l'UnédicLe 11
février,
l'Unédic,
l'organisme
d'assurance-chômage, a révisé en
hausse, à 282.000, le nombre de
demandeurs
d'emploi
supplémentaires attendu cette année.
Compte tenu de la hausse de 90.200
sur le seul mois de janvier, cette
prévision paraît donc déjà obsolète.
Signe de la brutalité de la
Tous droits réservés : Les Echos
0E9573568380AA00350A15D09200B1B244725531B901615FCEBC4E4
dégradation de l'activité, l'Unédic
anticipait, mi-octobre, seulement
41.000 chômeurs supplémentaires
cette année.
VÉRONIQUE LE BILLON
Diff. 140 313 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Coulisses
La vérité sur... l'évaporation du 1% logement
Gestion laxiste, surfacturations... Selon la Cour des comptes, les administrateurs dévoient le système d'aides.
C'est un monde où l'argent coule à
flots. Quatre milliards d'euros par an
y circulent. Quatre milliards qui
tombent chaque année dans les
caisses du «1% logement» grâce aux
cotisations
versées
par
toute
entreprise de plus de 20 personnes
afin d'aider les salariés à se loger (1,6
milliard) et aux revenus générés par
les intérêts des prêts attribués (2,3
milliards).
A l'heure où la France manque de
800 000 logements - et d'argent pour
en construire -, ces fonds attisent les
convoitises d'autant qu'ils ne
semblent pas gérés avec une grande
efficacité. Et c'est un euphémisme.
Depuis des années, comme pour la
formation professionnelle à une autre
échelle (27 milliards d'euros), on
dénonce un univers très opaque,
constitué de réseaux soupçonnés de
couvrir de véritables fraudes.
L'argent du 1% provient des collectes
auprès des entreprises de plus de
vingt salariés, qui versent 0,45% de
leur masse salariale, et des retours
sur prêts.
Nombreuses dérives
La Cour des comptes met d'ailleurs la
dernière main à plusieurs rapports sur
la gestion du 1% logement. Et si les
rapports définitifs sont du même
tonneau que les rapports provisoires,
la charge sera sévère.
Les magistrats n'ont certes pas réussi
à déceler un circuit de financement
occulte, mais ils ont tout de même
mis le doigt sur de nombreuses
dérives: absence d'appels d'offres,
surfacturation, conflits d'intérêts,
contrôles
complaisants...
Sans
compter les frais de fonctionnement
des divers gestionnaires du 1%
logement, qui représentent le tiers du
budget: voitures de fonction,
généreuses notes de frais, luxueuses
chambres d'hôtel, salaires de rêve.
Déjà, en 2006, la Cour dénonçait
«l'effacement de l'Etat», «des lacunes
de pilotage du réseau», «des coûts de
gestion excessifs»...
Cent
onze
comités
interprofessionnels du logement
(CIL) sont habilités à collecter ces
fonds. Ils ont un statut d'association
de loi 1901 et sont donc censés être à
but non lucratif. Via des filiales, ils
contrôlent des sociétés anonymes de
HLM et détiennent plus de 22
milliards d'euros d'actifs.
Tout salarié, tout chômeur peut avoir
accès aux prêts avantageux proposés.
En revanche, seuls les salariés des
entreprises contributrices peuvent
bénéficier des logements sociaux. En
2008, 65 000 logements ont ainsi été
alloués par le «1%», sur les 450 000
HLM attribuées par an. Enfin, depuis
2002, le 1% a pour mission de
construire des logements sociaux, via
l'association Foncière Logement. Or,
sur une durée de sept ans, cette
dernière a construit ou investi dans
25 000 logements, un chiffre très en
deçà des objectifs initiaux de 10 000
à 15 000 par an.
Officiellement, le 1%, créé en 1953,
doit être géré de façon paritaire. En
réalité, c'est le patronat, allié aux
CIL, qui détient le pouvoir. C'est lui
qui préside l'UESL, l'organe de
pilotage, et qui est à la tête de
l'Anpeec, l'organisme de contrôle.
Vice-président
de
l'UESL
et
représentant de la CFDT, Jean-Luc
Behro reconnaît qu' «il s'agit d'un
faux paritarisme. A l'UESL, comme
dans les CIL, les syndicats ne
représentent qu'un tiers des voix.
Nous pouvons témoigner, mais nous
ne sommes pas aux affaires.»
Rémunérations de rêve
Si le paritarisme est biaisé, en
revanche les représentants des
syndicats et du patronat sont tous
bien soignés... financièrement. Plus
de la moitié des frais de
fonctionnement de l'UESL, soit 8
millions d'euros sur 15, leur sont
versés, selon la Cour. Sans être
illégale, la proportion est énorme.
«Attention, nous formons aussi les
administrateurs des CIL et de 109
sociétés de HLM» , rétorque JeanLuc Behro. Des administrateurs qui
se font largement rémunérer: à
Foncière Logement en 2008, les trois
dirigeants, Alain Sionneau (Medef),
Etienne Guéna (Medef), qui présidait
aussi l'organe de contrôle, et
Christian Chevé (CGT) percevaient,
chacun, un salaire brut mensuel de 8
319 euros. Tout cela, sans compter
les notes de frais rocambolesques,
comme celles de ce représentant de la
CFTC au collecteur Aliance, 84 ans,
dont les indemnités de déplacement
atteignaient 1 500 kilomètres par
mois. Un octogénaire toujours vert...
Aliance, justement, le quatrième plus
gros CIL de France, est dans le
collimateur de la Cour des comptes.
Et notamment, sa directrice générale:
«Entre
2001
et
2006,
la
rémunération de Françoise Pionneau
a progressé de 140%» , de 8 228 à 19
703 euros brut par mois. La Cour
s'étonne aussi de la taille et du coût
des locaux parisiens (900 000 euros
par an pour 1 900 mètres carrés),
dans le XVIarrondissement. Elle
relève surtout les surfacturations d'un
cabinet d'experts-comptables, DLA,
géré par un certain Didier Lamy (lire
encadré) . L'Anpeec, critiquée par les
magistrats pour sa complaisance, a
diligenté une enquête, mais n'a pas,
pour l'instant, «d'élément probant
pour un retrait d'agrément» , selon
son
directeur,
François-Didier
Lemoine.
D'autres collecteurs sont dans le
collimateur de la Cour: Solendi,
Cilgere, Cilova et Bien se loger. A
l'initiative d'Aliance, ils ont formé un
groupement d'intérêt économique
(GIE) pour acquérir en 2005 le droit
exclusif d'utilisation d'un site
Internet, spécialisé dans l'accès aux
prêts: Aidologement.com. Sur deux
ans, le GIE lui a versé 3,4 millions
d'euros, et, depuis 2007, la
maintenance est facturée 700 000
euros par an. A comparer, selon la
Cour, avec les coûts de deux sites du
même type: 40 000 et 50 000 euros.
Les locaux parisiens d'Aliance. Le
quatrième organisme collecteur du
1% fait l'objet d'une enquête.
Embrouilles patronales
Dans ce climat de suspicion, l'heure
des règlements de comptes a sonné
au
Medef.
La
création
de
l'association Entreprise et Logement
a servi de prétexte. «Elle devait
devenir une fédération du Medef, lui
permettre d'associer un réseau de
sociétés privées de HLM et d'influer
Tous droits réservés : Challenges
D994536484E04B01B5601730250A41734F52B33099B26C70AD1C471
sur la politique locale» , explique un
de ses créateurs. En 2008, 2 millions
d'euros de l'UESL lui ont été versés.
De façon illégale, pointe la Cour. En
pleine crise de l'UIMM, en juillet
2008, le président de l'UESL, Daniel
Dewavrin, a démissionné. Etienne
Guéna, délégué au logement social, a
été licencié en août. Et l'association
dissoute. Laurence Parisot soutient
n'avoir pas été informée du
financement de l'association. Ce que
conteste
l'ex-directeur
général,
Jacques Creyssel, licencié en juillet.
Le 26 janvier dernier, Jérôme Bédier
, le nouveau président de l'UESL,
issu du Medef, a annoncé des
réformes: diminution du nombre de
CIL, audit de Foncière Logement...
De son côté, l'Etat a commencé à
s'emparer de cette manne et va
ponctionner 1 milliard d'euros par an
pour sa politique de l'habitat. Enfin,
la loi Boutin, qui doit être adoptée fin
février, redéfinit la gouvernance du
système et renforce encore le
contrôle de l'Etat. Cela suffira-t-il à
sauver le 1%?
Dominique Perrin
Diff. 259 181 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Analyse
L'ECONOMISTE
Les efforts pour l'emploi doivent être réorientés
Le marché a été rigidifié par les réglementations des années 1970. Plutôt que de financer des secteurs condamnés
et des mesures de court terme, il faut s'attaquer à la formation et aux bas salaires.
PIERRE CAHUC PROFESSEUR
A
L'ECOLE
POLYTECHNIQUEAvec
la
contagion de la crise financière à
l'économie réelle, l'emploi est devenu
la principale préoccupation de nos
gouvernants. La hausse du chômage
est pourtant modérée en France au
regard de la situation américaine ou
espagnole. Le drame français vient
du fait que l'on part d'un taux de
chômage déjà élevé. Un déséquilibre
structurel
qui
provient
des
réglementations des années 1970. Le
développement des préretraites dans
la métallurgie s'est ainsi étendu à
d'autres secteurs, aboutissant au
faible taux d'emploi des seniors. De
cette période date aussi la législation
sur le contrôle des licenciements
économiques, qui a fortement
contribué à rigidifier le marché du
travail. De même, l'Etat a amélioré la
générosité de l'assurance-chômage
sans se montrer assez exigeant sur les
devoirs du demandeur d'emploi.
Les pays scandinaves ont certes
adopté la même attitude que la
France au moment de la récession de
1974, mais ils ont entrepris par la
suite les réformes nécessaires et mis
en place la flexi-sécurité, qui leur a
assuré un taux de chômage moins
élevé que le nôtre (voir graphique) .
C'est pourquoi le gouvernement
français ne doit pas répéter les
mêmes erreurs, et veiller à ne pas
prendre des mesures de relance dont
on risque de payer le prix plus tard.
D'abord, l'Etat ne devrait pas
concentrer ses efforts sur les secteurs
en déclin. L'automobile ressemble à
la sidérurgie d'il y a trente ans, et le
plan de soutien à ce secteur ne
semble pas pertinent en matière
d'emploi. Pour éviter les plans
sociaux qu'ils se sont engagés à ne
pas mettre en place, les constructeurs
risquent de multiplier les préretraites.
Il vaudrait mieux cibler la politique
de l'emploi sur les bas salaires en
réduisant encore le coût du travail
autour du smic, quel que soit le
secteur.
Cela
éviterait
la
multiplication des pressions d'autres
lobbys.
explique la meilleure performance
des pays scandinaves en termes
d'emploi.Il convient également de ne
pas tomber dans le piège des emplois
aidés, qui font baisser le nombre de
chômeurs à court terme, mais
diminuent l'employabilité des salariés
concernés. De même, augmenter la
durée d'indemnisation du chômage
provoque
généralement
un
allongement de sa durée, à moins
d'un accompagnement très serré des
demandeurs d'emploi. Cela coûte
cher et prend du temps: la fusion de
l'ANPE et de l'Unédic est loin d'avoir
débouché sur un service de l'emploi
digne de ce nom.
Il faut donc poursuivre les réformes
structurelles. En particulier, l'Etat
doit reprendre la main sur la
formation
professionnelle,
car
l'accord signé par les partenaires
sociaux ne change rien. Ces derniers
gardent la main sur un système
inefficace. Il faudrait nationaliser son
financement et créer un véritable
marché de la formation, avec des
organismes privés et publics certifiés.
La mise en place de la flexisécurité
Tous droits réservés : Challenges
8592330F8DB05902A5301CE0540FA1B84A126D3E09AC6CCE514AA57
Diff. 259 181 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
France
Social
Pôle emploi - Le baptême du feu
L'ANPE et les Assedic ont fusionné pour simplifier la vie des chômeurs. Dont l'afflux, avec la crise, complique
l'opération. Rodage acrobatique à Reims.
Il garde ses mains dans les poches et
observe le téléphone accroché au
mur. La dame brune de l'accueil vient
de lui dire d'appeler le 3949 pour
prendre rendez-vous avec un
conseiller. A 50 ans, Francis, sans
diplôme, regard délavé comme son
jean, ne comprend rien au mode
d'emploi affiché sur la cabine. « Je
viens à l'ANPE pour téléphoner à
l'ANPE, c'est un comble ! » lâche-til. Le moustachu repart sans s'être
inscrit.
La file d'attente s'allonge à l'accueil.
Une femme, titulaire du RMI, ne «
partira pas d'ici » avant d'avoir été
reçue. Ici, c'est le Pôle emploi, le
guichet unique de Clairmarais, dans
le centre de Reims (Marne), où
s'inscrivent les chômeurs, plutôt les
clients, comme on les appelle depuis
la fusion. Il figure parmi les sites
expérimentaux où a démarré, il y a
quatre mois, le regroupement ANPEAssedic, alors qu'il n'est généralisé
que depuis janvier (voir ci-contre).
Les bureaux s'alignent du n° 1 au n°
16 dans le grand hall lumineux. Entre
les box, des fenêtres permettent aux
agents de se parler. Au total, ils sont
37 - 30 ex-ANPE et 7 ex-Assedic - à
suivre plus de 200 chômeurs les jours
de pic. Et, avec la crise, le pic, c'est
presque tous les jours.
A Reims, on travaille chez ArcelorMittal, dans les hypermarchés Cora,
le laboratoire Boehringer... En un an,
le nombre de demandeurs d'emploi a
augmenté de 13,5 %, atteignant 10
792 personnes indemnisées sur le
bassin à la fin de 2008. Un baptême
du feu pour le site de Clairmarais qui
doit absorber un flot d'intérimaires :
« Cela n'était pas prévu, mais nous
n'avons pas le droit de dire aux gens :
"Désolé, nous sommes en rodage",
explique le directeur de ce Pôle
emploi, Philippe Amelot. Il faut faire
le job. »
« On travaille sans filet »
Un peu nerveuse, Jenny, 26 ans,
tripote ses bagues. La jeune
secrétaire vient d'être licenciée d'un
cabinet en gestion du patrimoine.
Une conseillère la reçoit pour son
indemnisation. Puis Jenny passe
discuter à côté de son CV. Oui, elle a
une voiture, oui, elle accepte le Smic.
« Je ne fais pas la difficile », dit-elle
à la conseillère attentive. Pour
l'instant, faute de formation, chaque
agent garde sa spécialité : l'Assedic
indemnise, l'ANPE s'occupe du
placement. L'objectif qui promet au
chômeur plus d'efficacité - un seul
référent s'occupant à la fois des deux
missions - ne sera atteint qu'après
plusieurs mois de travail en commun.
Pas facile de s'approprier le métier de
l'autre en si peu de temps. « Les
chiffres, ce n'est pas mon truc,
précise Nadia Delville, seize ans
d'ANPE. Je n'ai jamais fait de
comptabilité. Il faut tout digérer très
vite ! » La formation - de trois à sept
jours - se déroule jusqu'en juin. En
attendant, on se débrouille entre
Tous droits réservés : L'Express
B490F3888C00270ED59011303309E1F448420B3C699D6FBDAE7AE84
collègues. « On travaille sans filet »,
gronde Gilles Thépenier, agent
Assedic et élu FO.
Face au flux de nouveaux chômeurs,
le secrétaire d'Etat chargé de
l'Emploi, Laurent Wauquiez, a
promis de recruter des CDD pour
renforcer le Pôle emploi. A
Clairmarais, les agents suivent
jusqu'à 150 dossiers par mois. La
réforme
prévoit
que
chaque
portefeuille ne dépasse pas à terme la
soixantaine.
Une grande blonde, Valérie, 42 ans,
attend son tour avec son fils vêtu d'un
anorak Spiderman. Elle l'élève seule
avec 510 euros par mois. Le Pôle
emploi ? C'est plus pratique : « Plus
besoin de courir à deux endroits »,
dit-elle. Mais la fusion, Valérie s'en «
fiche un peu » : elle veut juste du
boulot.
Objectifs 2009
Le déploiement du Pôle emploi
continue partout en France : dans les
prochaines semaines, 30 % des
agences ANPE ou Assedic auront été
transformées en sites mixtes, sur le
modèle de Reims. Notamment
Meaux, Saint-Lô et Nice Nord.
L'objectif final - 950 sites mixtes devrait être atteint d'ici à septembre
2009.
Diff. 547 041 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Vu d'en haut
«La première règle, créer la confiance avec les syndicats et
l'ensemble des salariés»
PDG d'Air France durant 11 ans, il fait de la paix sociale, un des facteurs clés de la réussite de la compagnie.
Durant 11 ans, son bureau lui a offert
une vue imprenable sur les pistes de
Roissy et la légende dit qu'au plus
fort des grèves, les pilotes stoppaient
leur avion juste en face des fenêtres
de la présidence, dans une sorte de
défi. Aujourd'hui, l'ex- PDG d'Air
France/KLM, qui vient de laisser la
présidence à son numéro deux,
Pierre-Henri Gourgeon , s'est installé
dans la fonction de président du
conseil d'administration et ... dans les
bureaux parisiens d'Air France qui
furent jadis une gare. Après la fusion
réussie avec KLM, il tire sa
révérence
sur
une
opération
fraîchement accomplie: la prise de
participation de 25% dans le capital
de la compagnie italienne Alitalia.
C'est en revanche son successeur qui
doit gérer les effets de la crise: 1 000
suppressions
d'emploi
et
des
décalages de livraisons d'avions.
Bien que détaché des questions
opérationnelles, Jean Cyril Spinetta
continue à avoir la dent dure envers
certains avantages accordés aux
compagnies low cost. Mais passionné
avant tout par les problématiques
sociales il a érigé en principes
fondateurs la confiance et l'écoute
des salariés. Patron en son temps le
plus mal payé du CAC 40, il
réaffirme son hostilité, à titre
personnel, aux stock options.
Question de culture d'entreprise.
Il a érigé en principes fondateurs la
confiance et l'écoute des salariés
Notre taux de remplissage baisse,
nous le mesurons chaque jour,chaque
semaine. L'impact le plus violent
concerne l'activité cargo, car il y a un
ralentissement
considérable
du
commerce mondial. Pour le trafic
passagers, la baisse se situe entre -3
et -5% et sans doute un peu plus en
classe affaires. Ce qui se passe est
parfaitement connu dans un métier
comme le nôtre. Personnellement, j'ai
vécu des situations similaires en 9192 et aussi en 2001, après le 11
septembre. Dans les entreprises, les
directeurs financiers et les présidents
disent: «Il faut faire des économies».
Le premier poste touché, est la
publicité. Puis, ce sont les missions et
les déplacements. Dans un grand
nombre d'entreprises, en ce moment,
les décisions internes consistent à ne
plus voyager en classe affaires, ou à
moins voyager tout court. Ce n'est
donc pas une surprise. Il y a, à
chaque fois, des débats pour se
demander, si ensuite, le trafic
reviendra. Or, on observe, depuis 20
ans, la chose suivante: normalement,
la courbe de croissance de la
demande transport aérien est de 6%
par an. Quand il y a des crises, des
ruptures se manifestent soit par des
plateaux, soit même, comme c'est le
cas en ce moment, par un
décrochage. Et derrière, il y a un
rebond
extraordinaire.
Ensuite,
lorsqu'on fait la moyenne sur six ans
ou sept ans, on retrouve bien une
croissance de 6%. On a constaté le
déroulement de ce scénario en 2001,
en 91- 92 et en 75, au moment du
premier choc pétrolier. Lorsque le
cycle est négatif, nous en payons
lourdement
les
conséquences.
Lorsqu'il redevient positif, en
revanche, le transport aérien s'envole,
avec des croissances de la demande
extrêmement dynamiques. Il nous
faut nous préparer à être en forme au
moment où le cycle redémarrera.
«Il nous faut nous préparer à être en
forme au moment où le cycle
redémarrera»
Nouvelles technologies
Les systèmes de visio-conférence
sont bien entendu utilisés aujourd'hui
et j'en ai d'ailleurs un dans mon
bureau. Je ne pense pas que cette
technologie joue comme un frein aux
rencontres, mais plutôt comme un
accélérateur à des besoins de
rencontre. Il y a en ce moment un
débat, en France et aux Etats-Unis,
sur les politiques de grands travaux
qui concernent, au premier chef, les
infrastructures. Or il ne faut pas
perdre de vue qu'un système
d'infrastructures de déplacement,
qu'il s'agisse du secteur routier ou
aérien, est un des éléments majeurs
de la croissance économique. A
chaque fois qu'on élargit, à travers
des modes de transport plus
efficaces, la possibilité pour les
hommes de se rencontrer, on observe
un impact positif sur la croissance
économique.
Les
acteurs
économiques auront toujours besoin
de se rencontrer, de se parler et je
pense que ce besoin-là demeurera,
parce qu'il est inhérent à la nature
humaine.
Pour ce qui est des déplacements
personnels, je suis frappé par le désir
de voyage, de découverte d'évasion
qui existe chez tout un chacun.
Lorsqu'on interroge le bénéficiaire
d'un gain inattendu, une fois sur
deux, il exprime un désir de voyage.
Enfin, je pense que ce désir d'évasion
est accentué par la mondialisation.
«Je ne pense pas que la visioconférence joue comme un frein mais
plutôt comme un accélérateur à des
besoins de rencontre»
Le défi environnemental
Au transport aérien de démontrer, à
travers des actes assez concrets, qu'il
prend en charge cette préoccupation
et qu'il fait tous les efforts pour y
répondre.
Il y a des marges de progrès
considérables, notamment, dans le
domaine technique. L'oxyde d'azote
généré par les moteurs d'avion, c'est
un sujet, qui, aujourd'hui, d'un point
de vue technologique, est réglé. Il
faut maintenant intégrer le résultat
des recherches sur les nouvelles
générations de moteur, pour arriver à
des diminutions d'émission de
80%.Pour ce qui est du CO, il existe
des programmes européens qui ont
pour objectif, la réduction de 50%
des émissions d'ici à 20 ans.
L'opinion publique n'a peut-être pas
encore suffisamment intégré qu'il
existe des marges de progrès
considérables, qui ne permettront pas
de régler définitivement ce type de
problème, mais d'en diminuer
l'impact négatif.
«L'opinion publique n'a peut-être
pas encore suffisamment intégré qu'il
existe des marges de progrès
considérables»
Alitalia
C'est une réelle satisfaction. Mon
premier déplacement, en tant que
président d'Air France, après ma
nomination, en 1997, avait été à
Rome et concernait déjà le dossier
Alitalia. A l'époque, la compagnie
nationale italienne cherchait une
alliance et avait lancé un appel
d'offres
au
niveau
européen.
Finalement, c'est KLM qui l'a
remporté. Je me souviens avoir dit, à
ce moment là, aux Italiens, que
lorsqu'on regardait le paysage aérien
européen, la seule alliance qui avait
réellement un sens, à la fois sur le
plan de la complémentarité des
réseaux, des marchés mais aussi sur
le plan culturel, d'affinité entre les
pays, c'était Air France/Alitalia. Et,
depuis, je n'ai pas changé d'avis.
Entre temps, il y a eu beaucoup
d'épisodes et notamment le divorce
entre Alitalia et KLM. Air
France/Alitalia est une alliance
presque évidente et nécessaire, dans
le monde du transport aérien
européen. Le grand marché unique, à
l'évidence, porte à la construction de
leaders européens. Ils se construiront
à partir de compagnies nationales.
Air France/KLM, en est une forme.
Alitalia
s'inscrit
dans
cette
dimension-là en donnant aux Italiens,
grâce
à
l'adossement
Air
France/KLM, des possibilités de
développement et de rentabilité
renforcée. Au fond, il a fallu attendre
dix ans entre la constitution du plus
grand marché unique et le premier
regroupement européen qui a été Air
France/KLM.
recul, en permanence.
«La seule alliance qui avait
réellement un sens, à la fois sur le
plan de la complémentarité, mais
aussi sur le plan culturel»
CHIFFRES CLES
Air France-KLM est la deuxième
compagnie aérienne mondiale.
Effectifs :104 000 personnes
Chiffre d'affaires:25 Mds Euros en
2008
Il se répartit à 80%sur les personnes
transportées, à 12%sur le transport
de frêt, à 4,5%dans la restauration et
à 4%sur des prestations de
maintenance.
Résultat
opérationnel:1,3
Ms
Euros
Capitalisation boursière:2,4 Mds
Euros
Actionnariat:flottant 82,5%, Etat
15,7%, auto-contrôle 1,8%.
Les atermoiements italiens
Les atermoiements, je n'ai pas à en
juger. Ils sont ceux de la complexité
de tout Etat dès lors qu'il est question
de sujets aussi symboliques et
d'acteurs économiques qui portent le
nom de leur pays, le drapeau, une
partie de l'Histoire nationale. Il est
assez logique qu'il y ait des réactions
nationalistes,
patriotiques
qui
s'expriment. En outre, lorsqu'il s'agit
d'entreprises publiques, ce sont des
dossiers qui ne sont pas simples à
gérer pour les autorités politiques, ni
en Italie, ni en France, ni en
Allemagne, ni en Espagne. Lorsque
nous avons fusionné avec KLM, j'ai
vu les premières réactions de
l'opinion publique néerlandaise, sur
une opération qui avait pourtant été
choisie de manière très concertée.
On voit bien que ce sont des
entreprises qui occupent, dans
l'espace
national,
une
place
symbolique parfois déconnectée de
leur rentabilité ou de leur poids
économique. Il n'est donc pas très
surprenant
que
les
pouvoirs
politiques successifs aient quelques
difficultés à gérer ces dossiers. J'ai
essayé dans ce dossier de mettre
beaucoup de conviction mais jamais
de
pression
ou
d'affectivité.
D'ailleurs, dans les affaires, il faut
essayer de ne pas mettre d'affectivité.
Enfin, il faut essayer et donc, de
considérer tout ça, non pas avec
détachement, mais avec un peu de
Enfin il ne faut pas oublier que nous
avions démarré sur le sujet avec un
prix du pétrole à 80 dollars, au mois
de janvier 2008. Nous nous sommes
ensuite retrouvés en négociation avec
un pétrole à 120 ou 130 dollars le
baril et avec une dynamique
économique
qui
n'était
plus
réellement au rendez-vous.
«Ce sont des entreprises qui
occupent, dans l'espace national, une
place
symbolique
parfois
déconnectée de leur rentabilité ou de
leur poids économique»
Les compagnies «low-cost»
Le phénomène «low-cost» est aussi
vieux que l'activité économique.
Dans les métiers du commerce, il y a
toujours eu des porteurs d'idées
nouvelles pour réduire les coûts,
améliorer la productivité. C'est pour
cette raison que le modèle «lowcost» a toujours existé, pas dans le
transport aérien, mais ailleurs. On
peut constater, avec le recul, que si
ce modèle est adossé à une rationalité
forte, il perdure. Ce n'est pas un
phénomène fugitif ou provisoire.
C'est un phénomène durable. Dans le
transport aérien il a commencé il y a
plus de 30 ans, aux Etats-Unis avec
la compagnie South West Airlines.
Lorsque j'étais à la tête d'Air Inter, en
1990, nous avions une démarche low
cost hormis, peut- être, sur la partie
salariale des coûts de personnel et
notamment des pilotes. Nous
développions alors, un marché qui
n'existait pas, face à un opérateur, la
SNCF, doté d'une solide présence
dans les villes françaises. Pour entrer
sur ce marché, il fallait définir un
modèle permettant d'avoir des coûts
très bas. D'où la densification des
appareils et l'absence d'attribution de
siège. J'ai la conviction que ce
modèle durera en Europe, mais il y a
aura beaucoup de faillites, beaucoup
de regroupements et l'émergence de
quelques grands acteurs.
«Si le modèle low cost est adossé à
une rationalité forte, il perdure»
La régulation
Les compagnies «low-cost» reposent
sur un modèle économique qui
répond à des règles précises. Elles
n'ont pas besoin de bénéficier de
subventions directes comme celles
accordées par les chambres de
commerce
et
d'industrie.
La
commission
européenne
s'est
exprimée sur le sujet et a défini les
limites de ce qui pouvait être fait. Il y
a également des subventions
indirectes
avec
ce
concept,
absolument invraisemblables, des
aérogares
«low-cost»
où
les
redevances par passagers sont très
faibles. Or nous avons obtenu
satisfaction devant les tribunaux
français, car il n'est pas justifié
qu'une compagnie paye 10 et une
autre 1, parce qu'il y a une aérogare
«low-cost» d'un côté et une aérogare
classique de l'autre. Il faut justifier
cela
par
des
raisonnements
convenables, les écarts de redevances
auxquels on procède. J'ai un peu de
mal à comprendre pourquoi les
autorités de régulation, en dehors de
la justice, n'ont pas elles-mêmes
pensé à fixer les règles. Il est vrai que
le consommateur trouve sympathique
d'avoir des prix bas, mais ce même
consommateur
est
également
conscient du fait que, pour financer
ces tarifs, on sollicite le contribuable.
«Pourquoi
les
autorités
de
régulation, en dehors de la justice,
n'ont pas elles-mêmes pensé à fixer
les règles»
Benchmark
Le low-cost est un modèle
économique simple. Nous avons
d'ailleurs créée une filiale Transavia.
On est exactement, en ter- mes de
coûts, au siège/kilomètre sur nos
objectifs et au centime d'euro près.
La vraie difficulté pour les
compagnies traditionnelles comme
Air France/KLM est le problème
social. C'est la seule difficulté. Il n'y
en a pas d'autres. Comment à
l'intérieur d'un groupe avec ses
traditions,
ses
usages,
ses
conventions en matière sociale, en
matière salariale, faire accepter les
règles différentes et les règles
nouvelles? Sur quelle partie du
périmètre? De quelle manière?
Comment? Il est difficile de trouver
cet ajustement, cet accord social qui
permet dans telle filiale de faire
différemment de ce qu'on fait dans le
reste du groupe.
«La vraie difficulté pour les
compagnies traditionnelles est le
problème social»
La succession
Il y a mille et une raisons, plus peutêtre celles que je ne connais pas, à
mon départ du poste de PDG. Je
siège dans quelques conseils
d'administration et récemment, en
rencontrant un chef d'entreprise,
nettement plus jeune que moi et qui a
plutôt bien réussi, je lui ai demandé
les raisons de son départ. Il m'a
répondu: parce que lorsqu'on
commence soi-même, à dire: «mon
entreprise» en parlant de l'entreprise,
il est sans doute temps de partir. Ce
ne sont pas nos entreprises, il faut
qu'elles soient là, après nous. Ensuite
il y a une question d'honnêteté
personnelle. J'ai le sentiment de faire
le plus beau métier du monde mais
c'est tout de même un métier assez
dur, exigeant, dans lequel il y a un
opérationnel dévorant. Il peut y avoir
en permanence des crises, ce qui est
moins vrai dans d'autres métiers où,
en tout cas, moins visible. Dans le
transport aérien, c'est tout de suite le
20 h de TF1 et je ne parle pas, là, des
accidents. Enfin la dernière raison et
la plus importante tient à la fusion
avec KLM qui est une réussite dans
tous les domaines et qui repose sur
des principes de fonctionnement
vraiment très spécifiques. Le modèle
que nous avons créé n'existe pas dans
les livres. Et je pense qu'il ne peut
continuer à bien fonctionner que si
ceux qui en ont la responsabilité ont
suivi le projet depuis ses origines.
Cette notion de continuité, d'absence
de fracture, est essentielle à mes
yeux.Je crois que c'était le bon
moment pour passer le relais à
Pierre-Henri Gourgeon. Il a trois ans
de moins que moi. Plus tard, cela
aurait été impossible.
«Lorsqu'on commence soi-même, à
dire: «mon entreprise», il est sans
doute temps de partir»
«Nous avons pris un soin extrême à
ce que les entreprises continuent à
exister»
La fusion Air France/KLM
Nous avons, avec le président de
KLM,Léo Vanwild, créé un modèle
respectueux des différences de
chaque compagnie avec, en même
temps, une instance de coordination
très forte, le «strategic management
comitee» (SMC).Y siègent quatre
représentants d'Air France et quatre
représentants de KLM avec une voix
prépondérante pour le président que
je n'ai jamais formellement utilisé.
Cette instance est compétente pour
tout ce qui touche aux alliances, aux
achats. En revanche, j'ai tenu à ce
qu'il y ait une étanchéité pour tout ce
qui relève des opérations aériennes et
du social. Roissy c'est Roissy et
Schipol (siège de KLM) c'est
Schipol. Pour les syndicats des deux
entreprises, c'est extrêmement clair.
Le comité exécutif qui se réunit tous
les quinze jours ne comporte que les
responsables
des
fonctions
transversales telles que les finances,
les achats, le fret ou encore
l'informatique. Nous sommes dans un
métier que les Américains appellent
«people business» et nous avons pris
un soin extrême à ce que les
entreprises continuent à exister. Il y a
bien une holding au dessus, mais elle
n'est que financière et ne compte
aucun salarié.
L'usage de la grève
Je n'ai sincèrement pas vu arriver la
dernière grève dure des personnels
navigants commerciaux (PNC).C'est
une faute de management que
j'endosse. Sur le plan social, j'ai
essayé d'apporter à Air France des
principes simples, aussi bien du côté
syndical que de la direction. Le
premier de ces principes est celui du
respect de ce que l'on a signé et cela
vaut d'abord pour la direction. J'ai vu,
cinquante fois, des cadres, croyant
bien faire, essayer de revenir sur un
accord signé, au nom de la crise par
exemple. Je leur répondais: dans ce
cas, vous dénoncez l'accord dans les
formes légales et vous le renégociez.
Sinon il n'y a pas de jeu contractuel.
Ceci n'est cependant pas valable pour
les syndicats. Une organisation
professionnelle peut signer un accord
et, le lendemain matin, décider qu'il
n'est plus valable et lancer un
mouvement
de
grève.
Cette
possibilité n'existe toutefois qu'en
France et dans aucun autre Etat
européen où le contrat signé est un
contrat qui engage la partie patronale
et la partie syndicale de manière
définitive. Pour en revenir à la grève,
j'avais avec les hôtesses et stewards
un accord à durée déterminée de 5
ans qu'ils ne pouvaient dénoncer.
L'accord expirait en janvier 2008.
Nous avons ouvert des négociations.
J'avais la certitude que les signataires
ne feraient pas la grève avant la fin
de cet accord. Or ils ont trouvé que
les négociations n'allaient pas assez
vite et qu'on ne mettait pas assez de
choses sur la table. C'était leur droit.
Mais j'avais alors une forme d'intime
conviction que les responsables
syndicaux, que je connaissais,
respecteraient non pas un principe
juridique mais une forme de pratique
sociale que j'avais instaurée et que,
de mon coté, je respectais depuis 10
ans. Cela n'a pas été le cas et je l'ai
mal pris. Nous nous en sommes
expliqués
de
manière
assez
vigoureuse. Dans tout pays européen,
sauf la France et peut-être l'Italie, ce
type
de
grève
aurait
été
immédiatement déclarée illégale par
un juge des référés et les PNC
renvoyés à l'expiration du contrat.
«J'ai essayé d'apporter des principes
simples, aussi bien du côté syndical
que de la direction. Le premier de
ces principes est celui du respect de
ce que l'on a signé»
Les relations sociales
Je pense à ce livre de Gordon
Béthune qui a été un grand manager
du transport aérien (PDG de
Continental Airlines) «From worst to
first» dans lequel il dit: «Dans la vie,
on peut mentir à tout le monde sauf à
des salariés» . Si l'on a promis aux
hôtesses et aux stewards qu'ils
descendraient dans un hôtel quatre
étoiles durant leurs es- cales, il faut
leur réserver un quatre étoiles, ou
alors réunir les syndicats et négocier
un avenant prévoyant que, durant une
période déterminée, et compte tenu
des
circonstances,
nous
leur
demandons d'accepter un trois
étoiles.
La première règle, en matière de
relations sociales, est de créer la
confiance avec toutes les parties
prenantes: les syndicats et l'ensemble
des salariés. La deuxième repose sur
le respect et l'écoute. Il est rare que
les interlocuteurs qui vous sollicitent
n'aient pas des choses intéressantes à
vous dire. C'est l'une des raisons qui
font que j'ai du mal à tenir mon
agenda. Si un rendez-vous est
programmé pour une demi heure et
qu'il faut une heure, je ne vais pas me
lever au bout de trente minutes. Au
fond, pour ne pas être trop mauvais
en matière de relations sociales, il
faut savoir s'intéresser aux autres.
Il n'y a rien de plus jouissif que d'être
confronté à une question qui paraît
ingérable et puis, à travers la
rencontre, la discussion, le dialogue,
trouver le chemin, qui permet
d'aboutir
à
un
accord.
Intellectuellement, je déteste l'idée du
management par le stress et par la
terreur. Non seulement ça me déplaît
m
ais
ça
me
choque
intellectuellement. Le patron est celui
qui doit créer une ambiance de
sérénité avec ses collaborateurs, afin
qu'ils travaillent dans la confiance.
«Le patron est celui qui doit créer
une ambiance de sérénité avec ses
collaborateurs, afin qu'ils travaillent
dans la confiance»
L'information
J'ai commencé ma carrière à la
direction budgétaire au ministère de
l'Education nationale et je m'élevais à
l'époque contre la non maîtrise des
dépenses jusqu'au jour où, on l'on
m'a proposé de venir exposer mes
vues en réunion et ça a été un
désastre. J'en ai conclu que lorsqu'on
a une idée, il faut la faire partager et
expliquer pourquoi on prend telle ou
telle direction. C'est une des raisons
pour laquelle j'ai considérablement
élargi le comité exécutif en arrivant à
Air France. Dans une entreprise,
chacun a toujours le sentiment que
c'est son métier qui est difficile parce
qu'il le connaît et en mesure les
contraintes. il faut partager très,
largement l'information au sein du
groupe,
notamment
avec
les
syndicats, sauf ce qui est couvert par
le secret des affaires, par des secrets
commerciaux. Ma philosophie a
toujours
été
d'informer
les
administrateurs salarié en les
prévenant
des
notons
de
confidentialité et leur indiquant,
qu'en cas de fuite, je serais contraint
d'organiser
deux
conseils
d'administration.
«Lorsqu'on a une idée, il faut la
faire partager et expliquer pourquoi
on prend telle ou telle direction»
Le Bonheur
Je pense que nous sommes tous
pareils. Nous recherchons tous
l'équilibre entre vie personnelle et
ambition professionnelle...
J'ai quatre enfants et trouver le bon
partage a été, pour moi, un problème
permanent. On peut voir le résultat
final après. C'est savoir si les enfants
sont heureux, s'ils ont l'air épanoui.
«Nous recherchons tous l'équilibre
entre vie personnelle et ambition
professionnelle»
L'argent
Comme beaucoup, je trouve que c'est
bien agréable. Woody Allen a dit: «Il
vaut mieux être riche que pauvre, ne
serait-ce que pour des questions
d'argent» . L'aisance matérielle
donne une forme de liberté, de
confort, de sécurité pour soi et pour
ses
proches
qui
est
plus
qu'appréciable.
En revanche, je déteste cette idée
anglo-saxonne qui veut que l'exercice
performant des responsabilités passe
forcément par le rapport monétaire.
C'est une idée, au fond, obscène.
«Je déteste cette idée anglo-saxonne
qui veut que l'exercice performant
des responsabilités passe forcément
par le rapport monétaire»
Les stock-options
J'ai rencontré des investisseurs
américains qui étaient choqués que je
n'ai pas de stock-options et qui me
demandaient:
«Mais,
comment
pouvez-vous bien gérer votre boîte si
vous n'en avez pas?» J'ai travaillé
dans la haute fonction publique. J'ai
vu tellement de femmes et d'hommes
qui avaient un traitement modeste
pour un engagement total...
Je ne suis, cependant pas hostile, au
principe des stock-options. Elles sont
un
formidable
moyen
de
dynamisation de l'économie. Un
jeune de 25 ans, diplômé de Centrale
ou HEC, mais dépourvu d'expérience
et de carnet d'adresses de relation,
arrivera à créer une entreprise
d'autant plus performante, qu'elle
pourra, dès l'origine, agréger des
gens de qualité. Ce mode de
rémunération différé peut être un
formidable
moyen,
pour
des
entreprises qui démarrent, d'avoir
accès au plus hautes compétences du
marché du travail en ne les payant
pas immédiatement mais de manière
différée. Tuer cette idée ne me paraît
pas une bonne chose. En revanche, il
faut tout de même que le patronat
s'interroge sur le niveau de refus et
d'incompréhension que suscite cette
forme de rémunération.
«Tuer cette idée ne me paraît pas
une bonne chose»
La Corse
Quand j'y suis, j'y suis heureux,
toujours. D'ailleurs, je ne sais pas ce
qui fait qu'on a des liens avec un
territoire. L'histoire, les souvenir , les
odeurs, les couleurs. En Corse, je me
sens bien, je suis chez moi. Dons j'y
suis
heureux.
Participer
au
Tous droits réservés : Le Nouvel Economiste
339CE3DC8790E10945091DD0FE0431FA4A82EF39F9706027B721692
développement économique de la
Corse et m'y impliquer? Je ne l'ai pas
fait jusqu'à maintenant. Pourquoi pas,
si l'occasion se présente, je le ferai
volontiers. Mais il y a du travail à
faire. Cela étant, je n'ai aucune - mais
alors aucune! - espèce d'ambition
élective, ni en Corse ni ailleurs. Non
pas que je méprise ce métier, qui est
l'un des plus beaux du monde, mais
parce que le temps est passé.
«Je ne sais pas ce qui fait qu'on a
des liens avec un territoire.
L'histoire, les souvenir, les odeurs,
les couleurs»
Jean-Cyril Spinetta,
Président
du
conseil
d'administration Air France/KLM
Franck Bouaziz , Julien Tarby
Diff. 30 510 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Les débats de l'Obs
Les nouveaux déclassés par Camille Peugny
En France, les jeunes générations vivent moins bien que celle de leurs parents. La crise sociale les frappe de plein
fouet. Analyse d'un sociologue
Le
Nouvel
Observateur.
Aujourd'hui, une génération entière,
même bardée de diplômes, est
menacée de «déclassement» social et
pense qu'elle vivra moins bien que la
génération de ses parents. Quel peut
être l'avenir de cette génération
«stagiaire» alors que la crise va
accentuer la précarité et le
chômage?
Camille Peugny.- D'un point de vue
économique, cette génération vit
objectivement moins bien que celle
de ses parents. Elle est certes en
moyenne plus éduquée, mais elle doit
s'insérer sur le marché du travail dans
un contexte économique dégradé. Au
lendemain de la guerre, les premiersnés du baby-boom, majoritairement
issus de familles paysannes ou
ouvrières, ont bénéficié de la
diffusion rapide du salariat moyen et
supérieur qui accompagne les Trente
Glorieuses pour s'élever massivement
au-dessus de la condition de leurs
parents. Les générations nées vingt
ans plus tard font face au chômage de
masse et à une catégorie d'emplois
moins valorisants. Stages «gratuits»,
petits boulots précaires, chômage
deviennent autant de points de
passage obligés avant de pouvoir
décrocher, à presque 30 ans en
moyenne, un premier contrat à durée
indéterminée. Par rapport aux
générations précédentes, ce sont
autant d'années perdues qui ne seront
jamais rattrapées, tant l'état de
l'économie lors des premières années
d'activité est déterminant pour
l'ensemble de la carrière. Pis, avec la
crise, ce retard pourrait même encore
se creuser, les accidents de carrière
risquant de se multiplier.
N. O.- Vous faites remonter dans
votre
essai
l'accélération
du
déclassement au lendemain des
Trente Glorieuses. Pourquoi les
générations post-baby-boom sontelles selon vous des «générations
sacrifiées»? .
C Peugny.- Les perspectives de
mobilité sociale sont maximales pour
ceux qui sont nés au milieu des
années 1940, puis elles se détériorent
progressivement jusqu'à atteindre un
seuil plancher pour les générations
nées au tournant des années 1960.
Cette détérioration est généralisée.
Elle concerne les fils et les filles de
toutes les origines sociales: pour les
enfants d'ouvriers, les trajectoires
vers les emplois d'encadrement sont
plus rares; et pour les enfants de
cadres, les trajectoires descendantes
sont de plus en plus nombreuses.
Dans la France des années 2000, un
fils de cadres sur quatre (et une fille
sur trois!) occupe à 40 ans un fouet.
Analyse d'un sociologue
déclassés ugny emploi d'ouvrier ou
d'employé. Si une génération peut
pré tendre au titre peu enviable de
génération sacrifiée, c'est bien celle
du début des années 1960. Lorsque
les premiers-nés du baby-boom
quittent la vie active, elle est
quadragénaire et déjà trop âgée: dans
les entreprises, on lui préfère celle
des jeunes diplômés fraîchement
sortis des études. Du moins jusqu'à
une période récente, car avec la crise
les jeunes diplômés sont à leur tour
frappés de plein fouet.
Camille Peugnyest sociologue et
enseignant
à
l'Université
de
Bourgogne. Ses travaux portent sur la
mobilité sociale et
sur les
conséquences
politiques
des
inégalités entre générations. Il vient
de publier chez Grasset «le
Déclassement».
N. O.- Avec les déclassés, alors qu
on a assisté à une diffusion toujours
plus large des diplômes, la
méritocratie est-elle remise en
question? Est-il responsable de
continuer à encourager un tel fossé
entre la formation et l'emploi?
C. Peugny.- Plus d'éducation, moins
de mobilité sociale: ces deux
évolutions
sont
totalement
contradictoires, a fortiori dans un
pays comme le nôtre où le «mérite
républicain» a longtemps cimenté la
cohésion sociale. La France de 2009
n'est pas plus méritocratique que la
France des années 1950 ou 1960.
Certes, le lien entre l'origine sociale
et le diplôme obtenu s'est distendu au
cours du temps, ce qui va dans le
sens d'une plus grande méritocratie.
Mais parallèlement le lien entre le
diplôme et la position sociale atteinte
s'étiole pour les générations les plus
récentes. L'accès à l'école est moins
inégalitaire, mais le diplôme perd de
son caractère déterminant. Que faire
de ce constat? Le décalage entre la
formation et l'emploi est un prétexte
agité par certains pour remettre en
cause les politiques de massification.
Puisqu'il n'y a pas de place pour tous,
il faudrait éviter de donner de faux
espoirs. Ce raisonnement est en
réalité dangereux. Certes, donner des
objectifs chiffrés (80% au bac, puis
désormais 50% d'une classe d'âge au
niveau licence) n'a guère de sens.
Mais si des politiques visant à rendre
plus difficile l'accès à l'enseignement
supérieur étaient décidées, les
victimes en sont connues à l'avance:
les enfants des classes populaires.
Améliorons plutôt le fonctionnement
de l'enseignement supérieur, par
exemple en repensant la coexistence
des deux filières que sont les grandes
écoles d'un côté et l'université de
l'autre (une exception française!).
Alors même que les grandes écoles
recrutent les meilleurs étudiants
quasiment exclusivement issus des
milieux favorisés (moins de 1% des
enfants d'ouvriers accèdent à une
grande école, contre 21% de ceux
dont le père exerce une profession
libé- rale!), un étudiant de ces
grandes écoles coûte à l'Etat deux
fois plus qu'un étudiant à l'université.
Il est crucial de réduire ce fossé, en
développant les diplômes communs
notamment. Sinon les efforts
nécessaires se traduiront par un
système plus que jamais à deux
vitesses,
les
grandes
écoles
reproduisant une élite qui trouverait
naturellement sa place au sommet de
la pyramide des emplois, et
l'université s'efforçant seule de
s'adapter à la réalité du marché du
travail.
Manifestation de jeunes stagiaires
en entreprise, le 1er novembre
2005 à Paris. Ils dénoncent les abus
dont ils sont victimes et réclament
une réforme de leur statut. N.O.Quelles sont les conséquences
politiques de la frustration sociale
des déclassés? .
C Peugny.- Les déclassés sont
ouvriers ou employés et vivent avec
un sentiment aigu de précarité. Ils
sont donc attachés au rôle protecteur
de l'Etat et hostiles au libéralisme
économique. Mais, dans le même
temps, ils travaillent et tiennent à
l'encontre des chômeurs ou des
bénéficiaires de l'aide sociale un
discours d'une rare violence: oui à un
Etat protecteur, mais pour ceux qui
travaillent.
La
montée
du
déclassement
n'est
donc
pas
étrangère
à
une
certaine
«droitisation» de la société française.
N.
O.Voyez-vous
avec
l'accentuation de la crise la montée
d'un mouvement de rébellion des
déclassés ou sont-ils condamnés à la
résignation?
C. Peugny.- Personne n'est jamais
préparé à l'échec, a fortiori lorsqu'on
a joué le jeu: les déclassés ont fait
des études supérieures, d'une durée
non négligeable, et sont pourtant
incapables de maintenir la position
sociale de leurs parents, bien qu'ils
soient très souvent plus diplômés
qu'eux. Face à cette intense
frustration, certains déclassés se
rebellent, tiennent un discours très
revendicatif
et
réclament
un
changement des règles du jeu.
D'autres, au contraire, choisissent le
retrait plutôt que la rébellion. Nos
sociétés occidentales individualisent
le succès: quand on veut, on peut;
donc nous sommes nécessairement
les seuls responsables de nos succès.
Revers de la médaille, l'échec est
également individualisé, et il devient
très difficile pour les individus
d'inscrire leur histoire personnelle
dans un récit collectif qui les
soulagerait d'un lourd sentiment
d'échec. Sans doute tient-on là une
des explications à l'absence de
véritable mobilisation collective.
Tous droits réservés : Le Nouvel Observateur
2B9AF3668BA0CF08A5051370930F41FE42C22C36C9B56C4C65726FF
Mais la crise actuelle, dramatique,
peut faire basculer bon nombre de
déclassés de la résignation vers la
rébellion. La présence de nombreux
salariés peu habitués des cortèges
dans les manifestations du 29 janvier
en est peut-être le premier signe
tangible.
N. O.- Quels nouveaux types de
solidarité intergénérationnelle, en
dehors de celle de la famille, sont
désormais envisageables?
C. Peugny.- La solidarité de la
famille, sauf quelques exceptions, ne
peut qu'être provisoire: lorsque la
génération
des
enfants
aura
consommé le patrimoine de la
génération des parents pour faire face
aux difficultés économiques, que
restera- t-il à la génération des petitsenfants? La famille ne pourra pas
indéfiniment remplacer l'Etat, et la
solution passe par une vraie politique
de redistribution des richesses.
Comment accepter que le sommet de
la distribution des revenus (le centile
le plus riche) voie sa richesse
exploser, grâce au bouclier fiscal
notamment? Il est urgent d'en
terminer
avec
ces
mesures
idéologiques et clientélistes et de
rétablir une vraie progressivité de
l'impôt Ce qui, au passage, permettra
de faire en sorte que le poids de la
redistribution pèse un peu moins
lourdement sur les épaules des
classes moyennes. C'est notamment
un vrai défi pour la gauche: il est là,
pour elle, le sillon à creuser. Juste
socialement,
et
probablement
efficace électoralement...
FRANCOIS ARMANET , GILLES
ANQUETIL
Diff. 542 529 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Le point de la semaine Emploi-management
Mesures sociales: qui va payer?
Prime de 500 euros pour les jeunes
n'ayant travaillé que deux mois,
indemnisation du chômage partiel à
hauteur de 75%: ces deux mesures
seront financées par le fonds
d'investissement social, dont la
création a été annoncée la semaine
dernière par Nicolas Sarkozy. Son
financement (2,5 à 3 milliards
d'euros) laisse les partenaires sociaux
dubitatifs. L'Etat promet de mettre la
moitié au pot: 500 millions issus du
volet emploi du plan de relance et
800 millions d'argent frais qui
doivent être votés par le Parlement.
L'Unedic et les fonds de la formation
professionnelle
apporteraient
le
complément. Or syndicats et patronat
sont loin d'être convaincus de
l'efficacité du nouveau dispositif. La
CFDT espérait une dote initiale de 6
milliards d'euros. La CGT redoute un
Tous droits réservés : Le Point
D298530D89A0A006050414D0700E716244B22A34B97E6A5906DA51D
grand «fourre-tout» où l'Etat
reprendrait la main sur des fonds
gérés jusqu'ici par les partenaires
sociaux. Enfin, le Medef dénonce
une nouvelle «usine à gaz» aux
missions tous azimuts...
Aurore Gorius
Diff. 396 633 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Mercredi 25 Février 2009
Faire des économies sans rogner sur la masse salariale
Edition de Marseille - Avis de gros temps dans le secteur santé. Les syndicatsdes
personnels hospitaliers appellent à une journée nationale d'action jeudi prochain pour protester
contre le projet de loi Bachelot « Hôpital, santé, territoires ». Le texte prévoit de réorganiser le
secteur hospitalier pour faire des économies. Son application serait un enjeu supplémentaire
pour l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), qui, de fait, se réorganise déjà pour
tenter de revenir à l'équilibre financier.
Après un déficit de 57 millions d'euros en 2008, l'objectif est d'atteindre 5% d'économie
par an, d'économiser 14 millions dès 2009 et d'atteindre l'équilibre en 2014. La CGT craint « 1
500 suppressions de postes » parmi les 14 000 agents de l'AP-HM. « Près de 70 % du budget
est consacré aux salaires. Je ne vois pas comment on peut économiser sans essayer de réduire
le personnel », estime Yves Castino (CGT).
La direction dément : « Il n'est pas question de faire baisser le nombre d'agents, assure Pierre
Pinzelli. Nous en avons besoin pour développer l'activité de nos services, qui est notre source
de financement. » Parallèlement aux problèmes des personnels statutaires, les syndicats
dénoncent la non-titularisation de personnels en contrats aidés, notamment des coursiers. Une
réunion sur le sujet pourrait avoir lieu cette semaine avec la direction. ■F. L.
dans 20 Minutes du 25/02/2009
Tous droits réservés : 20 Minutes
979E935488906A0055F61680300881C04792C13A29606546E2C2CBB
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
Evénement
Abus de pouvoir en série
L'urgence revendiquée par Sarkozy sert d'alibi pour contourner les contrôles démocratiques.
L'hyper président, qui vient, dans
l'affaire Pérol, de passer par-dessus
une commission de déontologie,
n'épargne
pas
grand-monde.
Parlement, ministres, CSA ou encore
syndicats ont fait les frais des petits
arrangements sarkozystes avec les
garde-fous démocratiques. Exemples.
LE PARLEMENT court-circuité
Tout à sa volonté de réformer à
marche forcée, l'Elysée a depuis
juin 2007 imposé un rythme d'enfer
aux législateurs. Quitte à bousculer
les us en vigueur et bâcler le travail.
La procédure dite «d'urgence» qui
permet
l'adoption
des
textes
gouvernementaux au terme d'une
seule lecture par chambre est ainsi
devenue la règle: la moitié des
projets de loi examinés depuis
juin 2007 et la quasi-totalité des
textes d'envergure (réforme de
l'université, de la justice, de l'hôpital,
de l'audiovisuel public, loi de
modernisation de l'économie et du
marché du travail, Grenelle de
l'environnement...) y ont été soumis.
«L'urgence, c'est devenu le régime de
croisière. C'est une mauvaise
habitude, un vrai problème» ,
confirme un ponte UMP de
l'Assemblée nationale.
L'interventionnisme
élyséen
ne
s'arrête pas là. «C'est une pratique
courante et agaçante de voir
débouler
des
amendements
gouvernementaux en toute fin de
discussion des textes» , confirme-t-on
dans les coulisses du Palais Bourbon.
«C'est d'autant plus exaspérant que
ces dispositions souvent mal ficelées
sont ensuite recalées par le Conseil
constitutionnel.» Ce qui n'a pas
empêché
Sarkozy,
en
pleine
polémique sur le projet de loi OGM,
de se coller en personne à la
rédaction de l'amendement censé
apaiser
sa
majorité...
Cette
prédisposition élyséenne à réduire le
Parlement
à
une
chambre
d'enregistrement a atteint son
paroxysme le 7 janvier : ce jour-là, le
Sénat fut appelé à débattre d'un
projet de loi audiovisuelle dont la
disposition phare, la suppression de
la publicité sur France Télévision,
était effective depuis deux jours...
le président.» Début février, il
remettait ça: «Nous passons d'un
système d'hypocrisie totale à un
système de transparence totale.» Bel
exercice de transparence : plutôt que
de réformer un CSA sous influence
(et aujourd'hui entièrement nommé
par la droite), le président de la
République tient l'audiovisuel public
par la télécommande (lire aussi page
29).
Les responsables UMP se veulent
plus optimistes pour l'avenir : l'entrée
en vigueur le 1er mars de la révision
constitutionnelle
devrait
ainsi
contraindre l'exécutif à plus de
mesure: «Au moins, le gouvernement
sera obligé de déposer ses textes six
semaines à l'avance!»
Le président se substitue volontiers à
ses ministres, voire à son Premier
ministre. Et les humilie à l'occasion.
Rachida Dati ou Yves Jego en savent
quelque chose. Mais le cas de
Christine Albanel est emblématique.
L'an dernier, la ministre de la Culture
et de la Communication apprenait
qu'elle aurait à défendre une réforme
de l'audiovisuel qui avait été élaborée
sans elle et, mieux encore, à son insu.
Rebelote
cette
année
avec
l'installation par Nicolas Sarkozy
d'un «Conseil de la création
artistique» , une grande gifle infligée
au ministère de la Culture, sans doute
pour mieux fêter ses cinquante ans.
Ce conseil dirigé par Marin Karmitz
doit impulser un «changement de
culture» après des décennies de
«mauvaises habitudes» . Sarkozy l'a
dit sans détours : l'Etat n'arrive pas
«à faire des choix et à assumer ses
responsabilités» en matière d'aide à
la création artistique, donc l'Elysée
va s'en charger lui-même . Traduit
dans le langage de la CGT spectacle,
cela donne : on va«confier le rôle et
la
mission
d'une
institution
républicaine à un Conseil privé
présidé par Nicolas Sarkozy lui-
LE CSA télécommandé
«J'suis cocu, mais content.» Sur la
playlist du Conseil supérieur de
l'audiovisuel (CSA), Serge Lama
tourne en boucle depuis que Nicolas
Sarkozy a confisqué au gendarme du
PAF sa prérogative la plus
importante : la nomination des
présidents de l'audiovisuel public. Ce
qui n'a pas empêché Michel Boyon,
patron
de
cette
«instance
administrative indépendante» qu'est
le CSA de qualifier la loi sur
l'audiovisuel, qui lui coupe pourtant
le kiki, de «très bon projet» . C'est le
25 juin dernier que le PDG de la
France a annoncé la nouvelle: «Les
choses doivent être claires, il y a un
actionnaire, cet actionnaire nomme
LES MINISTRES bafoués
même» .
LES SYNDICATS trompés
Côté social, la grande trahison date
de mai 2008, quand Nicoals Sarkozy
présente au Parlement son projet de
loi sur «la rénovation de la
démocratie sociale» et «la réforme du
temps de travail», que Xavier
Bertrand passe en force pour pouvoir
clamer «Nous sortons enfin des 35
heures», signant le forfait. De fait,
pour les syndicats et le patronat, il
n'était jusque-là question que de
modernisation du dialogue social.
Aiguillonnés par l'Elysée dès
mai 2007, la CGT, la CFDT, le
Medef et la CGPME avaient fini par
accoucher d'une «position commune»
- au grand dam des plus «petits»
syndicats - sur la représentativité, qui
profite essentiellement aux «gros».
Ils étaient même d'accord pour
augmenter par accord majoritaire le
contingent d'heures supplémentaires.
Mais dans le projet de loi qu'il
présente aux parlementaires, Xavier
Bertrand travestit la «position
commune» : il y ajoute 5 articles
permettant aux entreprises de ne pas
appliquer la réglementation des 35
heures. La CFDT et la CGT sont
furieuses. «On ne peut pas avoir
Tous droits réservés : Libération
589B13528620320AA5E61570D704610A4D82EA31498F61B24E8643A
confiance dans un gouvernement qui
ment», déclare François Chérèque.
Le Medef de Parisot aussi : «Nous
avons été pris en traître.» FO se
marre, comme l'aile plus radicale de
la CGT qui reprochait à Thibault
d'avoir signé au côté du Medef, sur
l'air du «On vous l'avait bien dit» .
Bon gars, François Fillon a par la
suite proposé aux syndicats «une
charte du dialogue social» et «un
code mutuel de bonne pratiques» .
Tentative d'adoucir syndicats et
patronat ou ultime provocation ?
N.R., R.G., I.R., E.La. et S.F.
Diff. 144 054 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Protection sociale
Samedi 28 Février 2009
Radio
La Sécu aurait-elle vécu ?
Isabelle Giordano. Sécurité sociale. Service Public.
Isabelle
Giordano
démarre
aujourd’hui, à raison d’un par mois,
une série de débats en direct et en
public avec les auditeurs. Alors que
l’on annonce un trou de 15 milliards
d’euros pour 2009, la journaliste
s’interroge : est-ce la fin de la Sécu ?
Il lui faudra une bonne dose de sangfroid, d’autant qu’elle accueille les
militants de l’UFC-Que choisir, qui
sont très attachés aux principes de
solidarité sur lesquels fonctionne la
Sécu, depuis sa création, en 1945.
Grand défenseur de l’assurance
santé, Nicolas Pomiès (1) dénonce,
sur le site de l’Union des familles
laïques, les manœuvres du frère aîné
du Président, Guillaume Sarkozy, et
de Jean-Louis de Mourgues, grands
patrons UMP du monde de
l’assurance. Le premier est délégué
général de Malakoff Médéric
(protection complémentaire), le
second est un ex de AG2R (retraite,
prévoyance,
épargne...),
deux
groupes qui espèrent prendre le relais
de la Sécu, si celle-ci disparaît.
Car il s’agit bien de cela : les
assureurs privés convoitent depuis
longtemps le marché de la santé,
évalué à 200 milliards d’euros par an.
Dans Il risque de pleuvoir (2), un
roman sorti il y a un an sur la mort
annoncée de cette belle particularité
française, Emmanuelle Heidsieck
dénonce les compagnies d’assurances
« qui complotent pour faire main
basse sur les données médicales
confidentielles. » Certes, il y a des
abus et la population vieillit. Mais à
qui la faute si le déficit grandit ? Les
militants de l’Union fédérale des
consommateurs accusent les labos
pharmaceutiques et les médecins. Ils
Tous droits réservés : Télérama
CA99535C8800DE0245671E80290C412840425A37892063AE14476FC
vont le dire chez Isabelle Giordano :
les mauvaises prescriptions auraient
coûté l’an passé plus de 650 millions
d’euros à la collectivité.
Anne-Marie Gustave
(1) Directeur, notamment, de
l’Avenir mutualiste et de la Mutuelle
solidaire d’aide à la personne.
(2) Ed. du Seuil.
Jeudi 10.05 - Service Public - France
Inter
Diff. 654 400 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
ECO
Claude Frémont reste au chevet de la Sécu
RAPPEL DES FAITS. Directeur de
la Caisse primaire d’assurance
maladie de Nantes, Claude Frémont
claque la porte de la Sécurité sociale
en octobre 2006. Connu pour son
opiniâtreté dans la lutte contre la
fraude il avait démissionné pour
dénoncer les dysfonctionnements de
l’assurance maladie.
«ADIEU SÉCU » devait être son
livre testament.
Un ouvrage de 212 pages pour régler
ses comptes avec l’assurance maladie
et puis s’en va. Mais aujourd’hui,
trois ans après cette publication,
Claude Frémont n’a toujours pas
tourné la page de ses années Sécu.
Alors, à 65 ans, il reprend la plume.
Son nouvel opus devrait sortir fin
2009 ou début 2010. Son titre
(provisoire) ? « Et la santé bordel ! »
Il y passera au crible les récentes
réformes de l’assurance maladie.
Dernière en date et en cours
d’examen à l’Assemblée nationale, la
loi dite Bachelot : « C’est une
réforme antisociale qui poursuivra le
démantèlement du service public de
l’assurance maladie », fulmine-t-il.
Adepte du parler vrai, Claude
Frémont a chèrement acquis cette
liberté de ton. Ses divergences de vue
sur l’orientation de l’assurance
maladie ont été à l’origine de son
départ de la caisse primaire de
Nantes. Avec lui, la Sécurité sociale
a perdu un fort en bouche. Mais aussi
un précurseur sur le plan de la lutte
contre les fraudes. En 1994, la
découverte
d’une
gigantesque
Tous droits réservés : Aujourdhui en France
269033B086C09C0D75DC1CF0400531084EB2603369526924C2D68A5
escroquerie de la part d’un
kinésithérapeute lui met la puce à
l’oreille. Il fonde une cellule
d’enquêteurs. Les affaires tombent
les unes après les autres. Le Nantais
gagne, peu à peu, des surnoms tels
que le Chevalier blanc, Lucky Luke
ou encore Zorro. Dernier gros coup
en tant que directeur d’une caisse de
Sécurité sociale, Claude Frémont
obtient le remboursement des frais
occasionnés par la blessure d’un
joueur du FC Nantes, victime d’un
tacle
d’un
footballeur
de
l’Olympique de Marseille. Bref,
Claude Frémont est du genre « droit
au but ».
Boris Cassel
Diff. 161 408 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Jeudi 26 Février 2009
France
Les évolutions familiales obligent à repenser le mode de calcul
des retraites
Les pensions de retraite des femmes représentent 48 % de celles des hommes en France. Face à ces inégalités,
une étude de l'Ined fait le point sur les instruments correctifs mis en place dans plusieurs pays européens.
Augmentation
des
divorces,
multiplication des unions hors
mariage : l'évolution des rapports
sociaux au sein du couple a un
impact significatif sur le niveau des
retraites
des
femmes.
Traditionnellement, ces dernières
bénéficiaient pendant leur période de
retraite des pensions versées à leurs
maris, puis d'une pension de
réversion une fois devenues veuves.
Un modèle familial qui devient
moins fréquent et qui pose la
question d'une évolution des régimes
de retraites vers l'acquisition de
droits individuels par les femmes.
Plusieurs pays européens sont
concernés par cette mutation, comme
le montre une étude de l'Ined parue
aujourd'hui (1). Dans chacun d'entre
eux, le constat de départ est clair : les
écarts de pension entre hommes et
femmes
sont
systématiquement
défavorables aux femmes. Parmi les
5 pays étudiés (Allemagne, France,
Italie, Suède et Royaume-Uni), la
France est le pays où l'écart est le
plus important : la pension de retraite
de droit propre des femmes
représente seulement 48 % de celles
des hommes (contre 68 % en Suède).
Des écarts qui s'expliquent en grande
partie par une fréquence accrue du
temps partiel pour les femmes
(environ 40 % des femmes en emploi
sont à temps partiel, une proportion
qui croît avec le niveau d'activité des
femmes) et des niveaux de
rémunération
plus
faibles
en
moyenne.
Face à ce constat, plusieurs logiques
coexistent pour rétablir une égalité
entre les sexes. Pour les uns, il s'agit
de rendre moins étroit le lien entre
cotisations et prestations. C'est le cas
des minima de pension (pension
forfaitaire
au
Royaume-Uni,
minimum contributif en France) qui
rehaussent le niveau des retraites
sous certaines conditions mais ne
font que limiter les écarts, sans les
supprimer. Les règles de calcul de la
pension peuvent aussi être adaptées
pour ne pas désavantager les
carrières courtes ou accidentées (en
faisant par exemple un calcul sur la
base des meilleures années), mais les
récentes réformes intervenues dans
les pays européens ont plutôt
tendance à lier étroitement les
pensions aux cotisations versées.
Corriger l'impact des enfants
Les défenseurs d'une parité stricte
considèrent que le problème doit être
traité avant la retraite et pendant le
déroulement de carrière par des
politiques d'égalité salariale et de
soutien à la conciliation vie privéevie professionnelle. Un modèle qui
tend à supprimer progressivement les
dispositifs de compensation dont
peuvent bénéficier les femmes.
matrimoniales, une autre piste a été
explorée : celle du partage des droits
à la retraite au sein du couple, apparu
en Allemagne puis au Royaume-Uni.
La méthode consiste à faire la somme
des droits à la retraite acquis par le
mari et la femme au cours de leur
union et à les partager également
entre eux deux. Ce partage permet
d'individualiser les droits acquis au
sein du couple, notamment en cas de
divorce.
Le recours aux droits familiaux reste
cependant le plus fréquent dans les
pays
européens
étudiés.
Ils
permettent de compenser l'impact des
enfants sur les carrières. Cet octroi de
droits, sans supplément de cotisation
pour
l'assurée,
existe
depuis
longtemps en France et prend des
formes variées (majoration de la
durée d'assurance de deux ans par
enfant, majoration de la pension de
10 % à partir du 3e enfant), mais
pose un problème de discrimination à
l'égard des hommes récemment
souligné par la Halde (2). C'est
d'ailleurs un sujet sur lequel se
penche actuellement le Conseil
d'orientation des retraites. En Italie,
en Allemagne ou encore en Suède, le
couple peut choisir lequel de ses
deux membres bénéficiera de ce
droit, de manière à inciter à un
partage de l'éducation des enfants
plus équilibré entre mari et femme.
MARIE BELLAN
Pour tenir compte des évolutions
Tous droits réservés : Les Echos
E19CA3B58150AF0B754F1420E00831994B829931B9326A3C5979644
Diff. 140 313 ex. (source OJD 2005)
Retour Sommaire
Téléchargement