LE LIBRE ECHANGE EST IL PROFITABLE A L`AFRIQUE ? PLAN

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LE LIBRE ECHANGE EST IL PROFITABLE A L’AFRIQUE ?
PLAN
INTRODUCTION
I- Le libre échange
A- Historique
B- Définition et objectifs
II- Avantages et inconvénients du Libre Echange
A- Avantages
B- Inconvénients
III- Le poids de l’Afrique dans les échanges internationaux
A- Etude Global
B- Etude par secteurs d’activités
IV- Les obstacles au développement de l’Afrique
A- Obstacles internes
B- Obstacles externes
V- Approches de solution
A- Solutions internes
B- Solutions externes
CONCLUSION
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LE LIBRE ECHANGE EST IL PROFITABLE A L’AFRIQUE ?
INTRODUCTION
Le libre échange est un enjeu majeur pour tous les pays du monde. Ce concept n’est pas
complètement nouveau en ce sens qu’aucun pays ne peut vivre en autarcie, c'est-à-dire
isolément. La libéralisation des échanges apparait donc nécessaire pour diverses raisons, à
savoir : l’inégale dotation en ressources naturelles, la nécessaire division internationale du
travail, la comparaison des coûts de production.
La mondialisation consacre ainsi l'avènement de produits universels qui sont consommés
partout de la même manière. Elle opère en même temps une mutation profonde qui se
manifeste dans tous les secteurs. Désormais tout est marchandisé, cela tant au niveau de la
production que de la circulation et de la distribution des biens et services. Les pays
africains à l'instar des autres pays développés ou non ont intérêt à participer aux échanges
internationaux. Mais cette insertion nécessite une participation active à l'élaboration des
politiques et aux négociations au sein des institutions. Malheureusement, la plupart pour
ne pas dire la totalité des pays africains jouent un rôle encore trop marginal dans ces
institutions, même lorsque des aspects déterminants de leur développement sont en jeu.
Cette marginalisation des pays africains au niveau de ces institutions reflète la faiblesse de
leur poids économique au niveau international. En effet, malgré les nombreux efforts des
dirigeants africains au lendemain des indépendances et les opportunités offertes par la
globalisation, l'Afrique n'a pas su tirer son épingle du jeu. La fin du colonialisme avait
libéré de nouvelles énergies et les dirigeants étaient résolus à ce que leurs pays rattrapent
le monde développé. C'est ainsi que tous les secteurs de l'économie ont connu une
révolution.
Cependant, en dépit des progrès réalisés, l'Afrique aborde le 21eme siècle dans la catégorie
des pays les moins avancés. Elle est le seul continent où la pauvreté est en hausse, plus de
200 millions de pauvres. Et, quoi qu'elle représente 10 % de la population mondiale,
l'Afrique ne génère que 1,5 % des échanges commerciaux mondiaux.
Face à ce constat, on se demande si l'Afrique se serait trompée de chemin? Le libre échange
est-il profitable à l’Afrique ? Dans le souci de répondre à ces interrogations, le présent
exposé se propose d’étudier d’abord le concept de libre échange, la part que détient
l'Afrique dans les échanges internationaux, puis les obstacles rencontrés par cette dernière
dans le cadre de son développement. Enfin, nous ne manquerons pas de proposer des
solutions.
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I-
LE LIBRE ECHANGE
A- Historique
Jusqu’au début du XVIIIe siècle le mercantilisme a été la doctrine sur les échanges
internationaux. Son principe était qu’il fallait réduire au minimum les importations et
accroître au maximum les exportations. Tout cela dans le but de concentrer dans le
pays le maximum de métaux précieux qui étaient considérés comme étant à la base de
la richesse nationale.
En 1760, les physiocrates Quesnay et Turgot préconisent le libre-échange. Mais son
premier théoricien est Adam Smith (1723 – 1790) qui publie en 1776 Recherche sur la
nature et les causes de la richesse des nations. Il est l’inventeur de la parabole de la
main invisible, selon laquelle chaque individu, en ne suivant que ses fins propres « est
conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’est nullement dans ses intentions
». Contrairement à ce que disent aujourd’hui les néolibéraux, Smith n’était pas partisan
du laisser-faire. Il allouait un rôle économique à l’Etat, qui outre ses fonctions
régaliennes devait prendre en charge les activités que les entrepreneurs ne pouvaient
assumer.
La première application de ses théories fut la signature du traité de commerce anglofrançais de 1786. Ce traité favorisait l’exportation des vins du bordelais mais ce fut une
catastrophe pour l’industrie française, moins développée que sa concurrente anglaise.
Ce fut probablement une des causes de la Révolution française. Le XVIIIe siècle se
termina par un retour au protectionnisme à cause des espoirs déçus du traité de 1786
ainsi que de la guerre.
David Ricardo (1772 – 1823) est le véritable théoricien du libre-échange avec la théorie
des « avantages comparatifs ». Il affirme que le commerce enrichit les deux partenaires,
car rapidement chacun fait ce pourquoi il est le plus doué.
B- Définition et Objectifs
Du latin liber, libre, et excambiare, échanger, troquer. Le libre échange est un système
de commerce international reposant sur l’absence de barrières tarifaires et non
tarifaires à la circulation des biens et des services. Cette politique économique s'oppose
au protectionnisme qui favorise la production industrielle ou agricole nationale par
l'intermédiaire de contingents d'importation ou d'autres réglementations qui font
obstacle à la circulation transfrontalière de marchandises.
Le libre-échange a 2 objectifs :

La croissance économique (PIB plus important) par l’insertion des pays dans le
commerce international.
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
II-
Faire bénéficier l’ensemble des pays qui participe au commerce international
(différent du logique mercantiliste).
AVANTAGES ET INCONVENIENTS DU LIBRE ECHANGE
A – Avantages
Parmi les avantages du libre échange, on peut citer entre autres :
-
La baisse des prix des biens et services : En ouvrant la porte aux produits
étrangers, le consommateur a plus de choix. Donc, les producteurs locaux
font face à une concurrence venue d’ailleurs ce qui les encourage à baisser
leurs prix.
-
Une plus grande efficacité économique : Le libre-échange encourage les pays
à se spécialiser dans des productions où ils sont les plus efficaces. Les
industries locales qui ne pourront pas faire face à la concurrence
internationale seront appelées à disparaitre ; seules les industries les plus
compétitives subsisteront.
-
Une augmentation dans la croissance économique : La baisse des prix
augmentera la demande. De plus, l’ouverture des marchés va encourager les
entreprises à produire plus.
B – Inconvénients
-
Pertes d’emplois dans les pays riches : La rude concurrence va forcer
certaines compagnies à mettre la clé sous la porte. Il y aura des pertes
d’emplois, énormes dans certains cas.
-
Risques de ralentissement de la croissance : Si les pertes d’emplois sont
significatives, la demande des produits et services baissera. Donc, la
croissance économique, qui en dépend, va baisser aussi.
-
Remise en cause des acquis sociaux des travailleurs : Si les acquis sociaux
comme salaire minimal ou les plans de santé augmentent le cout de la main
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d’œuvre (diminuant ainsi la compétitivité du pays), les entreprises vont les
réduire ou délocaliser leurs productions dans d’autres pays moins chers.
-
Le libre échange rend fragiles les économies des pays concernés car les pays
deviennent interdépendants et les déséquilibres conjoncturels se
transmettent d’un pays à un autre. La hausse du prix du pétrole en 1973 a
importé l’inflation en France.
-
La concurrence peut entrainer la fermeture des entreprises les moins
rentables : ces entreprises ne peuvent pas s’adapter à l’évolution de la
demande mondiale.
-
Pour les PED, la concurrence peut entraîner la ruine de leur économie
traditionnelle et entraver leur développement.
-
Pénétration sur le marché national de produits étrangers.
-
Le libre-échange favorise souvent les pays dominants (selon les Tiersmondistes)
 Le libre échange n’assure pas toujours le développement harmonieux
de tous ceux qui participent à ces échanges.
 Toutes les spécialisations ne se valent pas : la DIT n’est pas équilibré.
 La détérioration des termes de l’échange.
III-
LE POIDS DE L’AFRIQUE DANS LES ECHANGES INTERNATIONAUX
La détermination du poids que représente l'Afrique au niveau des échanges nécessite
une étude globale et une étude par secteurs.
A – Etude globale
L'étude globale de l'évolution de l'économie africaine va s'articuler autour de trois
points que sont : la part des exportations, celle des importations et la structure de la
balance commerciale.
1 – La part des exportations Africaines
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Au cours des années 60, le volume des exportations des pays africains avait augmenté
en moyenne de 6 % par an, cette croissance ayant intéressée presque tous les pays.
Cependant depuis 1973, ce volume au début stationnaire a nettement diminué dans la
plupart des pays en moyenne de n'est plus que de 1,7 % en 2001 dont la quasi-totalité
est relative à des produits de base et des matières premières. Cette perte de part de
marché est associée à la baisse de l'importance de ces produits dans le commerce
mondial. Et ce malgré l'évolution des conditions tarifaires qui sont devenus plus
favorables avec l'application des avantages tarifaires concédés par l'Union Européenne
en vertu de la convention de Lomé (1976-1981-1986-1990) et du système généralisé
des préférences sur les principaux marchés. La perte de ces parts de marché coûte 70
milliards de dollars par an à l'Afrique depuis la fin des années 60.
2 – L’évolution des importations
Pour la bonne marche de leur économie, la plupart des pays africain ont besoin
d'importer des marchandises qu'ils ne peuvent pas produire en quantité suffisante ou
pas du tout. L'Afrique importe ainsi des pays du Nord des technologies (biens
d'équipements, machines-outils etc.), des céréales de base et certains produits
alimentaires (lait, viande etc.). Les importations de céréales qui étaient très faible en
1960 (seulement un million de tonnes par an) ont atteint plus de 10 millions de tonnes
sur une consommation de 60 en 1997 millions de tonnes. La dépendance de l'Afrique vis
à vis de l'extérieur pour l'essentiel de sa nourriture s'est donc accrue très vite et de
façon inquiétante. La plupart des importations de produits énergétiques sont extraits
de l'Afrique, exportés puis réimportés après transformation à un prix beaucoup plus
élevé. Cependant les importations de l'Afrique se sont effondrées, les déficits
relativement importants de la Balance des paiements courants ne pouvant plus être
financés par des apports de capitaux.
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3 – La Balance commerciale
L'histoire économique récente montre que les pays qui se tournent vers l'extérieur pour
assurer leur développement obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui essaient de
vivre en autarcie. Elle confirme pleinement une théorie économique qui a été mise sur pied,
il y a déjà deux siècles par plusieurs grands économistes dont David Ricardo (1772-1823)
et qui a été résumé de façon simple et claire par Samuelson. Ce dernier démontre de façon
inattaquable et concrète qu'entre deux ou plusieurs pays qui ont des économies différentes,
et des prix de revient différents, les échanges apportent presque toujours des avantages à
toutes les parties. Cependant, cette ouverture aux échanges a eu pour effet de diminuer la
contribution de l'Afrique au commerce mondial. Cette diminution de la part des
exportations est cumulée, subordonnée à une perte de valeur des produits exportés. En
effet, plus le continent exporte en volume, moins cela lui rapporte en valeur. Depuis les
années 1980, hormis quelques rares exceptions, les prix des matières premières n'ont cessé
de baisser plus rapidement que les prix des produits manufacturés des pays du Nord. Il en
résulte que l'Afrique se voit condamnée par des fluctuations extérieures à vendre ses
matières premières sans valeur ajoutée. La valeur du panier des produits exportés par
l'Afrique a ainsi perdu la moitié de sa valeur face aux produits du Nord qu'elle importe. On
constate que même si le volume des exportations est supérieur à celui des importations, la
valeur des importations est plus importante ; les prix des produits exportés étant inférieurs
à celui des biens importés. La balance commerciale africaine connaît un déficit croissant.
Le déficit commercial inexistant au début des années 1980, passe de 600 millions de dollars
en 1990 à 11,5 milliards en 1996 soit presque vingt fois plus en 6 ans. L'Afrique se révèle
donc être une exception à cette règle puisque sa participation aux échanges mondiaux a eu
pour principal effet la baisse de ses parts de marché.
B – Etude par secteurs d’activités
Cette étude va concerner le secteur agricole, le secteur industriel et le secteur énergétique
et minier.
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1 – Le secteur agricole
L'agriculture africaine est marquée par des siècles de mauvaises politiques et d'échecs sur
le plan institutionnel, et elle porte un lourd passé d'extraction des ressources et
d'imposition dans les zones rurales. Les améliorations apportées aux politiques entre le
milieu des années 1950 et la fin des années 60 avaient entraîné une augmentation rapide
du volume des exportations des produits agricoles. Mais ces politiques n'ont pas eu d'effets
durables. Cette croissance s'est transformée, à peu près depuis 1970 en stagnation ou en
recul. On assiste à une diminution de la part de l'Afrique intertropicale dans la production
et l'exportation mondiale pour presque toutes les denrées.
Ces pertes de marché sont dues au fait que l'agriculture africaine à une faible productivité
et le prix de ses principaux produits d'exportation connaît une baisse depuis le début des
années 70. La part dans les échanges mondiaux de matières premières agricoles est passée
de 4% à 2,2% du total entre 1980 et 2002. Les pays africains connaissent de plus en plus de
difficultés face notamment aux pays développés soutient inconditionnels du libre-échange
et de la déréglementation de l'OMC. Ceci malgré leurs nombreux efforts afin d'appliquer les
recommandations de l'OMC quant au libre-échange et à l'ouverture les frontières.
2 – Le secteur industriel
Depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, le développement a été exclusivement associé
au processus d'industrialisation. Les pays africains, après l'indépendance ont mis en place
des structures industrielles pour promouvoir leur développement. Ces industries leur
permettaient d'exporter non seulement des matières transformées, mais aussi des produits
manufacturés. Cependant, malgré que les résultats fussent au début prometteurs, l'Afrique
n'a toujours pas trouvé sa place dans les échanges internationaux. Elle ne produit que des
biens de consommation et produit peu ou pas de biens d'équipements. Elle ne produit
encore qu'une faible part des articles industriels qu'elle consomme et perd des parts du
marché mondial. La croissance industrielle est passée de 8 % dans les années 60 à moins de
1 % dans les années 90.
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Des enquêtes portant sur 345 entreprises montrent que le continent devient un cimetière
d'usines. Car en quelques années, il ne restait plus que 195 qui fonctionnaient dans de
mauvaises conditions, 79 étant totalement arrêtés. On assiste alors à un processus de
désindustrialisation. La création de liens privilégiés entre la CEE et les pays ACP, visant à
ouvrir largement les frontières de la CEE aux produits industriels des pays ACP sans
limitation de quantité, et sans droits de douane (alors que les non ACP paient des droits de
douane de l'ordre de 10 à 20 %) n'a pas eu les effets escomptés. En effet, on constate que de
nombreux pays non ACP, notamment, ceux d'Asie et d'Amérique Latine concurrencent avec
succès les productions africaines. En 1987, la CEE a importé des textiles pour 62 milliards
d'écus, dont seulement 0,7 milliard en provenance des ACP.
Il y a un échec des entreprises publiques et privées, ainsi que des gouvernements africains
qui n'ont pas su créer un environnement favorable pour le développement des industries et
à l'accroissement de leur productivité. L'Afrique n'a pas su créer les conditions de la
productivité de ses entreprises. Dans la plupart des pays africains, hormis quelques
entreprises qui bénéficient d'une protection naturelle, l'industrie édifiée depuis 1960 et
même parfois celle édifiée avant 1960 se sont effondrées. De toute façon, avant
l'effondrement, l'industrie africaine n'avait jamais joué qu'un rôle très marginal sur les
marchés mondiaux. Elle y est maintenant presque inexistante. Non seulement trouver dans
un pays occidental un produit manufacturé africain est une gageure, mais trouver un
produit manufacturé africain en Afrique est entrain de le devenir, tant ce continent est
désormais envahi par des produits d'autres régions. Il n'y a pas de domaine où l'échec de
l'Afrique ait été plus visible que celui de l'industrie. Alors que les pays du nord et quelques
pays du sud sont engagés dans une compétition industrielle et commerciale sans merci,
l'Afrique au sud du Sahara paraît observer, étrangère, sur le bord de la route de l'histoire,
cette course qui n'appartient pas à son monde.
3 – Le secteur énergétique et minier
L'Afrique est riche en minerais et en énergie, y compris en pétrole. Cependant, la plupart
des pays d'Afrique commencent à peine à tirer parti de ces ressources. Les mines apportent
une contribution importante à l'économie de 14 pays subsahariens en fournissant 55 % des
exportations, 12 % du PIB et environ 20 % des recettes fiscales. Les exportations (à
l'exclusion du pétrole et du charbon) se sont élevées à 5 milliards de dollars par an entre
1980 et 1987, ce qui représente environ 30 % des exportations non pétrolières et environ
14 % du total des exportations de la région. En 1988, grâce à la hausse des cours des
minéraux, les exportations de produits miniers ont dépassé 8 milliards de dollars. L'activité
minière est devenue une destination privilégiée des investissements internationaux en
Afrique. Les investissements dans les mines africaines sont passés de 418 millions de dollars
en 1996 à 662 millions de dollars en 1997. La part de l'Afrique dans les investissements
miniers a nettement augmenté passant de 12 à 16 % durant la même période.
Parallèlement au développement des activités minières, l'Afrique connaît également un
accroissement sensible des activités dans le domaine énergétique. Dans le domaine
énergétique, par exemple les activités d'exploration et de développement se sont
intensifiées conduisant à la découverte de 12 nouveaux gisements en 1996. L'Afrique
subsaharienne possède d'abondantes ressources énergétiques naturelles : un taux de
croissance de la production d'énergie de 5 % ne consommerait qu'une petite partie des
ressources connues de pétrole, de gaz, de charbon et d'énergie hydroélectrique et
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géothermique. Les réserves connues de pétrole équivalent à 120 années
d'approvisionnements régionaux ; au rythme de consommation actuelle, les vastes
ressources hydroélectriques de l'Afrique ont un potentiel estimatif d'environ 300 Giga
Watt, dont moins de 4 % ont été mis en valeur. Les réserves connues de gaz naturel
équivalant à 250 Giga watt d'électricité, soit 20 fois la capacité hydroélectrique
actuellement installée et celle qu'on pourrait capter de façon économique dans les années
à venir.
Cependant, l'Afrique se heurte à d'énormes obstacles pour réaliser son potentiel et obtenir,
dans des conditions économiques, l'énergie totale dont elle a besoin pour soutenir sa
croissance et ses exportations. L'importance de ces ressources associée au faible coût
d'exploration et de production due à l'évolution technologique explique l'engouement des
investisseurs pour ce secteur. L'énergie et les mines sont le seul secteur où l'Afrique
parvient à trouver ses repères. Elles occupent une part non moins importante dans les
exportations mondiales.
Toutefois, l'Afrique accuse un retard considérable quant à son développement. Tous les
secteurs de l'économie sont en état de gestation hormis dans quelques pays comme les pays
d'Afrique du Nord et l'Afrique du Sud. Il se pose alors la question de savoir ce qui est à la
base de la croissance à l'état latent.
IV- LES OBSTACLES
INTERNATIONAUX
DE
L’AFRIQUE
DANS
LES
ECHANGES
A – Les obstacles internes
Le manque de compétitivité des produits africains est dû à de nombreux facteurs .Il
s'agit entre autres de : l'application de mauvaises politiques (les PAS), la faillite
industrielle, la crise agraire, le manque d'infrastructure, les problèmes financiers etc.
1 – L'application des politiques d'ajustement structurel (pas)
En théorie économique, le concept d'ajustement désigne le processus d'adaptation des
économies à une nouvelle situation à la suite d'une perturbation quelconque.
L'ajustement a été mis en place dans les pays en voie de développement dans un
contexte caractérisé par les échecs économiques enregistrés par bon nombre de pays,
voir la stagnation économique pour beaucoup dans les années 1970, l'éclatement de la
crise de la dette au début des années 1980. Ces PAS étaient focalisés sur la recherche de
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solutions aux problèmes soulevés par les importants déséquilibres externes et internes
de court terme. Elles imposaient :
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-
Une réduction drastique des dépenses publiques par la suppression des
subventions aux agriculteurs, par des politiques visant à encourager les
départs volontaires etc.
Réduction de l'intervention excessive du rôle de l'Etat dans la vie
économique ;
La libéralisation des échanges et des prix ;
La privatisation des entreprises ;
La dévaluation pour améliorer la balance des paiements courants ;
Etc.
Nombre d'économies africaines du Sud au Sahara ont été soumises, sous la pression des
bailleurs de fond (FMI et Banque Mondiale) à ces processus d'ajustement. Ceux qui
refusaient leur application étant victimes d'une discrimination. La carte économique de
l'Afrique subsaharienne offre, à l'aube des années 1990, une mosaïque d'échecs sur les
plans, économique, politique et social. En effet, après une application studieuse des PAS, du
FMI et de la Banque Mondiale, les résultats n'ont guère été brillants. Le désengagement de
l'Etat et la privatisation dans les secteurs-clefs de l'économie ont entraîné un déséquilibre
social d'une part, et une diminution globale de l'aide publique au développement sur le
plan international d'autre part. L'équilibre de grandes filières agricoles, essentielles pour
l'avenir du développement africain, comme la compétitivité d'industries encore précaires
et à la base limitée, se trouve fragilisée comme l'objectif de redressement ne prend pas en
compte leur situation particulière. Le retrait de l'Etat du secteur public a dans certains cas
découragé un mouvement important du secteur privé vers la distribution des engrais, alors
que les subventions aux intrants agricoles ont été supprimées. Beaucoup d'erreurs sont
intervenues au niveau de la privatisation de certaines entreprises. La réduction réelle et
généralisée des salaires a découragé les initiatives dans de nombreux pays, le résultat en
est la démoralisation des fonctionnaires, l'inefficacité accrue et la corruption généralisée.
Les PAS sont pour beaucoup dans les problèmes rencontrés par les pays africains. Elles ont
engendré des phénomènes de fuites devant les nombreuses contraintes de l'impôt,
l'extension du secteur informel, la baisse des rendements de recettes douanières à cause de
la prolifération de la fraude. Les états bénéficiaires sont devenus dépendants ce qui a
conduit à leur responsabilité politique. De plus, les secteurs-clefs de l'économie ont été
négligés au profit du rétablissement des finances publiques. D'où les nombreux problèmes
rencontrés par les secteurs industriels et agricoles.
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2 – La faillite industrielle
La faillite industrielle africaine peut être attribuée aux mauvaises politiques des états qui
ont freiné la compétitivité des entreprises. Les gouvernements africains ont conduit des
politiques très volontaristes d'industrialisation qui se sont avérées être des échecs. Les
causes immédiates de ces échecs sont définies comme étant :
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Les choix stratégiques faits par les Etats africains pour promouvoir euxmêmes une industrie moderne en procédant à des investissements publics.
La mise en œuvre de ces stratégies sans souci suffisant des marchés et plus
généralement sans souci des conditions locales a conduit à des entreprises
non viables ou extrêmement fragiles ;
La mauvaise gestion des entreprises publiques ou semi publiques liée aux
interférences de l'Etat et au mode de fonctionnement des sociétés africaines
(le jeu des solidarités en groupe, le poids du chef de groupes) ;
le refus ou l'incapacité des gouvernements à créer les conditions favorables à
l'émergence et au développement d'investissements privées par
l'établissement d'un « Etat de droit » qui assure un environnement stable ;
Les états ont adopté les politiques héritées du système colonial. Faute de
pouvoir créer des richesses nouvelles par une augmentation de la
productivité, jusqu'à présent impossible, les pouvoirs n'ont eu d'autres issues
que de s'approprier les rentes ;
Les investissements se sont révélés trop souvent inadéquats.
Surinvestissements et mal investissements caractérisent l'industrie
africaine ;
La sous capitalisation des entreprises qui a pour conséquence un recours
excessif à l'emprunt et souvent l'utilisation de crédits à court terme onéreux,
pour financer des actifs qui devraient l'être par d'autres ressources ;
Dans les entreprises privées, l'interventionnisme de multiples
administrations, le poids de la fiscalité officielle et de la parafiscalité grèvent
les comptes d'exploitation des entreprises. Celles-ci sont de plus en plus
vulnérables, d'où la tentation pour les petites entreprises de disparaître dans
l'informel et pour certaines plus grandes, de développer un secteur
souterrain à côté de leur activité officielle ;
Ces différentes défaillances et les réactions qu'elles suscitent sont source de noncompétitivité et de destruction du tissu industriel.
Qu'il s'agisse d'exportation ou de parts de marché local que les entreprises
africaines peuvent satisfaire, le problème de la compétitivité constitue le point
focal de toute analyse. Les causes en sont multiples :
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tous les facteurs de production sont, à des degrés divers, d'un coût supérieur
en Afrique à ceux de leurs concurrents, asiatiques notamment : main
d'œuvre, énergie, fret, crédit etc.
Les entreprises sont dotées d'une infrastructure matérielle insuffisante et de
ressources humaines limitées ayant un niveau d'instruction primaire et
secondaire peu élevé, elles manquent aussi de personnel qualifié
Au coût des facteurs de production s'ajoutent des coûts liés à
l'environnement politique et administratif, à la pauvreté de l'environnement
industriel et économique qui entraîne des coûts supplémentaires : nécessité
de constituer des stocks de précaution, de doubler les équipements, de
renforcer les effectifs dans certaines spécialités, de supporter les défaillances
de fonctionnement des télécommunications etc.
Au cours de la vague d'industrialisation qui a suivi les indépendances,
chaque pays s'est doté d'équipements industriels directement concurrents
entre eux ; on retrouve de ce fait les mêmes activités industrielles dans tous
les pays
La prolifération de la fraude fait partie des maux qui rongent l'industrie
africaine. Outre le manque à gagner considérable que représente la fraude
douanière pour les budgets de l'Etat, elle remet en cause la position
concurrentielle des industries fabriquant localement les produits et entraîne
la faillite de ces dernières
Les multiples problèmes rencontrés par le secteur industriel sont la cause de ses
pertes de marché au niveau mondial.
3 – La crise agraire
Des siècles de politiques inadéquates et d'échecs sur le plan institutionnel sont la cause
première du manque de capitaux et du peu de compétitivité qui caractérise l'agriculture
africaine. La déficience des ressources causée par l'extraction de ces dernières a entraîné
des effets tant directs qu'indirects, par son incidence sur les politiques. Les politiques
sectorielles conduites par les Etats tout autant que l'évolution du coût des facteurs
expliquent la dégradation actuelle. L'absence d'investissement public dans le secteur rural
et de soutien institutionnel a limité les opportunités pour les paysans et les agro-industries.
Le manque d'investissements dans ce secteur a entraîné la vieillesse des vergers, le déficit
de fertilité des sols des plantations, la déstructuration des filières. L'Afrique a ainsi du mal
à rester compétitive en face des producteurs des autres pays, les rendements des terres
étant très bas. Or dans la plupart des pays africains, les produits étrangers qui sont les
bases de la nourriture entrent sans taxe à l'importation, les paysans ne pouvant
absolument rien faire face à la concurrence de prix si bas. Les agro-industries sont parfois
obligées d'exporter à perte leurs surplus. Le secteur agricole africain est mal géré, ou géré
suivant des principes ignorant les réalités du marché mondial. La faible compétitivité
externe apparaît ainsi comme l'une des conséquences directes de l'inadaptation des
politiques à l'évolution du marché mondial.
L'environnement de l'agriculture africaine est illustré par :
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des coûts de revient élevé : les agro-industries africaines peuvent payer
jusqu'à 7 fois plus cher leur gasoil ou 3,8 fois plus cher, leur électricité que
leurs concurrents ;
la compétitivité d'une société agricole africaine peut être remis en cause à
tout instant par la lenteur des décisions de ses autorités de tutelle ou par la
concurrence d'intérêts particuliers ;
La gestion macro-économique des filières agro-industrielles africaines n'est
pas assurée ;
Les paysans vendent cher leurs produits agricoles, mais achètent très cher
tout ce qui est nécessaire à leur travail ;
Le commerce privé qui a parfois tendance à profiter du besoin de ressources
financières des paysans au moment de la récolte pour lui acheter des grains
à bas prix, et de la pénurie forte ou relative des mêmes denrées au moment
de la soudure pour les revendre à prix fort, surtout quant il y a peu de
concurrents ;
La faible productivité du travail des paysans dus à une mauvaise
alimentation ;
Etc.
Ces facteurs entravent directement le développement agricole en haussant le coût du
transport, en freinant l'adoption de nouvelles technologies, en élevant le coût des services
sociaux et agricoles. Les effets directs de la déficience du patrimoine naturel, et non
seulement ceux de politiques néfastes, seraient donc responsables au plan des institutions
et des marchés, de maintes défaillances qui maintiennent l'agriculture à la traîne. À cela
s'ajoute la suppression brutale des subventions aux engrais pourtant capital, sous la
pression du FMI et de la Banque mondiale sans laisser aux paysans et à tous les acteurs
économiques le temps de s'adapter à une situation nouvelle en diminuant les subventions
progressivement.
4 – L’absence d’infrastructures
L'Afrique, surtout si l'on exclut l'Afrique du Sud, est à la traîne du reste du monde sur
presque tous les plans du développement de l'infrastructure : qualité, quantité, coût et
égalité d'accès. En outre, au cours des dernières années, le fossé entre l'Afrique et le reste
du monde s'est creusé. Ceci explique la perte de parts de marché de l'Afrique au niveau
mondial. Dans bien des pays africains, c'est sur les routes que s'effectue une bonne partie
du transport de marchandises. Or, l'Afrique se trouve à la queue de liste lorsqu'il s'agit de
densité routière, la plupart des gens sont plus éloignés d'une route en Afrique qu'ailleurs.
En Ethiopie, 70 % de la population n'a aucun accès à des routes praticables en toute saison.
Le mauvais fonctionnement du réseau ferroviaire rend la distribution d'engrais coûteuse et
inefficace et retarde la croissance de la productivité agricole qui pourrait inciter les
consommateurs ruraux à dépenser d'avantage pour des produits industriels et créer des
relations verticales pour l'industrie. Le coût du transport aérien devrait être moins touché
par les frontières et les distances, pourtant ce coût pour l'intérieur du continent est de deux
à quatre fois plus élevé que pour la traversée de l'Atlantique. Il faut ajouter que dans de
nombreux pays d'Afrique occidentale, le fret aérien est tout simplement inexistant. Le
manque de moyens de transport et de communication explique environ 25 % du déclin de
la part africaine des exportations. En effet, des interruptions de production, des retards de
livraison ou l'incapacité de communiquer raisonnablement bien interdisent le
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développement de produits à forte valeur ajoutée, qui doivent absolument être livrés à
temps. Le coût du transport en Afrique est le plus élevé au monde, le fret pour les
importations coûte 70 % de plus en Afrique de l'Est et de l'Ouest que dans les pays
asiatiques en développement.
L'absence d'infrastructures est l'une des causes premières du manque de compétitivité.
Amjadi et Jeats concluaient en 1995, qu'en Afrique, le coût du transport est une barrière
commerciale plus élevée que les droits de douane. Or, le coût du transport dépend de la
qualité de l'infrastructure, selon des variables telles que, la densité du réseau routier, du
réseau des routes revêtues, du réseau ferroviaire, et du nombre de téléphones par habitant.
5 – Les problèmes financiers
L'Afrique est confrontée à un important déficit financier dû en partie à l'insuffisance de
l'épargne et de l'investissement et aux réticences du système bancaire. En Afrique, la
croissance industrielle dépend essentiellement de l'accroissement de la part des
investissements dans le produit national. Des investissements plus élevés permettent la
mise en œuvre de nouvelles technologies dans la production. Or, l'investissement est en
partie tributaire de l'épargne. L'investissement nécessaire à l'expansion industrielle
nécessite l'accroissement de l'épargne nationale. L'épargne provient des ménages, des
entreprises et des administrations publiques. L'épargne des ménages dépend fortement de
leur niveau de revenu, mais elle est limitée par l'accroissement de la pauvreté. Les 80 % de
la population active africaine n'ayant pas suffisamment accès au revenu monétaire car
vivant de la subsistance. La propension globale à épargner des ménages africains (urbains
et ruraux) dépasse rarement 3 à 5 % des revenus acquis à cause du manque de confiance
envers le système bancaire. L'épargne des entreprises est stimulée par des réductions
d'impôts sur les bénéfices. Mais les coûts élevés réduisent considérablement ces bénéfices.
L'épargne des administrations publiques connaît un déficit croissant. Ce déficit peut-être
alloué au non-paiement des impôts et taxes par les entreprises. En effet en Afrique, les
grandes entreprises appartiennent à des étrangers et ces derniers s'arrangent pour réduire
les bénéfices à déclarer pour payer moins. Il y a aussi la prolifération de micro-entreprises
qui hésitent à se développer pour réduire le risque d'être soumises à une réglementation
contraignante ou aux abus de l'Etat. Le volume de l'impôt collecté baisse entraînant celle
de l'épargne publique. L'épargne africaine est faible par rapport aux autres pays en
développement. Pendant les années 1990, sa part dans le PIB n'atteignait que la moitié de
celle de l'Asie. La part des investissements et de l'épargne dans le PIB pour l'ensemble de
l'Afrique est tombée depuis la fin des années 1970 et le début des années 80.
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La faiblesse de l'investissement est en partie due à celle de l'épargne. Mais elle dépend aussi
de la baisse de l'investissement public global et de l'investissement privé. L'investissement
public a diminué de moitié entre le début des années 1970 (12,6 % du PIB) et le début des
années 1990 (5,6 % du PIB).Les étrangers sont parfois réticents à investir. L'incertitude
politique est grande, et dans les services publics traditionnels, le coût en capital est élevé, la
durée prévue de l'investissement est longue et les bénéfices se présentent en monnaie locale
plutôt qu'en devises. L'investissement semble donc à risque et l'investisseur étranger qui est
disposé à investir peut exiger une prime de risque élevé. Le plus souvent, les capitaux
étrangers sont à la recherche de profit maximum et ne s'investissent que là où ils peuvent
tirer ce profit en un minimum de temps. C'est pourquoi les capitaux engagés ne s'orientent
que vers des activités qui permettent une récupération rapide du capital et qui ne
rapportent parfois rien aux pays. Les investissements étrangers sont faibles et même
lorsqu'ils existent n'apportent qu'un profit dérisoire aux pays. La faiblesse de l'épargne et
de l'investissement dans les pays africains est l'une des causes de la fragilité des
dynamiques de croissance et de la productivité.
Le développement est impossible sans un système financier efficace. Ce système devrait
pouvoir mobiliser les ressources nationales et étrangères en vue d'investissements à forts
rendements, servir d'intermédiaires entre les épargnants et les investisseurs pour réduire
et répartir les risques, et offrir un accès général aux services financiers sans oublier les
segments de la population qui vivent en marge de l'économie. La qualité, la quantité, le
coût et l'accessibilité des services financiers sont aussi importants pour le développement.
Cependant, le système bancaire pose de nombreux problèmes quant à l'accès au crédit ;
- Les banques attachent beaucoup d'importance à la garantie réelle qui freine l'élan de la
clientèle potentielle vers le crédit car celle-ci ne peut pas toujours y faire face. L'inexistence
ou l'insuffisance des garanties engendre le rejet de nombre de demande de crédits ;
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- Les banques exigent des entreprises d'avoir une certaine visibilité sur les emplois à
financer, visibilité qui présuppose les états financiers de l'investisseur et la description de
l'environnement devant accueillir l'investissement. Or beaucoup d'industries africaines
naviguent entre les secteurs formels et informels, et se trouvent généralement dans
l'impossibilité de mettre à disposition une information comptable et financière sur une
certaine période ;
- Les banques obligent les entreprises à constituer des dépôts importants en garantie
d'opérations de crédit documentaire, d'escompte commercial, de cautionnement etc.,
entamant dangereusement leur trésorerie. Cette pratique empêche les entreprises de
financer le reste des charges et de rembourser à bonne échéance les concours bancaires
accordés ;
- Il y a une certaine lenteur entre le moment du dépôt des dossiers et le moment de la
réponse, ce qui leur fait souvent rater des opportunités commerciales décisives pour leur
avenir.
- Elles offrent des crédits à court terme au détriment du financement de l'expansion et de
crédits appropriés pour les importations et les exportations ;
- Les taux d'intérêt appliqués sont très élevés (8,25% et 13,25%). Les entreprises
reprochent aux banques de ne pas appliquer des taux préférentiels. Les taux d'intérêt
exorbitants grèvent sérieusement le prix de revient compromettant ainsi leur compétitivité
;
Les banques en Afrique sont loin de remplir leur rôle, elles sont attirées avant tout par le
profit et ne financent que les entreprises qui ont une certaine assise financière, même si
celles-ci ont peu d'utilité sociale. Les paysans quant à eux ont une infirme possibilité pour
accéder aux crédits, les garanties imposées souvent inaccessibles pour eux.
B – Les obstacles externes
Les obstacles externes sont pour l'essentiel, le poids de la dette, la détérioration des termes
de l'échange, la politique protectionniste des pays développés et la structure du marché
mondial.
1 – Le poids de la dette
Pour bon nombre de pays africains, l'endettement est devenu un problème crucial, qui
risque d'entraver leur développement et même pour certains de les pousser vers le déclin.
Globalement l'endettement des pays en développement y compris ceux de l'Afrique a
fortement progressé au cours des années 1970 en raison des disponibilités bancaires
abondantes des pays créanciers et de taux d'intérêts relativement bas (10%). Les pays
africains estimaient donc pouvoir emprunter de grosses sommes, puisque les recettes des
produits d'exportation leur donnaient un gage pour le paiement des annuités futures.
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Mais à partir des années 1980, la hausse des taux d'intérêt qui a atteint 40% a augmenté le
poids de la dette. Dans la même période, les prix à l'exportation pour les principaux
produits ont baissé. L'Afrique qui était endettée est devenue sur endettée. De nombreux
pays africains sont alors dans une situation très grave. Ils sont incapables de payer
intégralement les annuités de la dette, les paiements partiels qu'ils font déséquilibrent leur
balance des paiements. Ce service de la dette à la hausse épuise les ressources financières
nécessaires au développement de ces pays où l'économie est stagnante. Le poids de la dette
des pays africains au sud du Sahara, déjà lourd en 1980, devient insupportable vers la fin
de la décennie 90. Le stock total de la dette représentait à cette date 340,8% des
exportations de biens et services contre 98,4% en 1980 et 106,1% du PNB contre 28,1% en
1980. La dette est théoriquement estimée à 231 milliards. Cette somme est minime
comparée à la dette de l'ensemble des pays du tiers monde, évaluée à 2200 milliards de
dollars. Mais la dette africaine est un terrible fardeau pour des économies africaines qui
comptent parmi les plus vulnérables du monde. Le service d'une telle dette est une véritable
hémorragie financière, qui hypothèque l'avenir du continent. Par exemple dans les années
1990, l'Afrique Subsaharienne a transféré plus de 105 milliards de dollars à ses créanciers
de l'OCDE, c'est à dire au club des pays les plus riches du monde.
Depuis 1988, plus de 65% de l'encours de la dette extérieure, presque les deux tiers, est
composé d'arriérés d'amortissement et d'intérêts capitalisés. Depuis cette date, seuls 21,4
milliards de dollars d'argent frais ont été octroyés au continent. En revanche, au cours de
la même période ,144 milliards en sont sortis, sous forme de service de la dette, soit près de
sept fois les nouveaux apports au titre de la dette. Il naît alors une perte de confiance en la
solvabilité de ces pays entraînant l'élévation du niveau de l'incertitude quant au
financement par les bailleurs de fond. Ces bailleurs sont aussi réticents à financer puis que
estimant que dans la plupart de ces pays les sommes énormes empruntées ont été mal
utilisé. Elles ont été employées pour des investissements non productifs qui ne sont pas
capables de créer des richesses suffisantes pour payer les annuités des emprunts. Cette
dette trop élevée à payer hypothèque l'avenir des pays africains emprunteurs en ce sens
qu'elle freine le développement et limite l'investissement des bailleurs. Elle est devenue
aussi la manifestation la plus visible de l'interdépendance entre pays industrialisés et pays
en développement, à travers le fonctionnement du système monétaire international.
Les pays africains ne pourront payer les annuités correspondant à leur dette que s'ils
parviennent à se donner une balance de paiement excédentaire, ce qui suppose le plus
souvent une Balance également excédentaire du commerce extérieur. Cela n'est pas rendu
facile par les politiques des pays développés. La dette est un instrument de recolonisation
pure et simple, comme le prouvent les programmes de privatisation, de libéralisation et
toutes les autres conditionnalités imposées par la Banque Mondiale et le FMI aux pays
africains, en réponse à la crise de la dette.
2 – La détérioration des termes de l’échange
Cette expression désigne la diminution du volume de marchandises industrielles qu'un pays
pauvre peu acheter avec une quantité donnée de ses produits agricoles ou miniers. Les
termes de l'échange se sont dégradés de façon croissante au file des décennies. Cette
dégradation entraîne une situation particulièrement dommageable à toute politique de
développement en rendant variable d'une année sur l'autre les ressources en devises
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disponibles pour l'investissement, en augmentant certaines années la sous-utilisation des
capacités de production existantes et en réduisant l'activité économique interne.
Les causes de la détérioration constatée pour certains pays et produits sont nombreuses.
Parmi celle-ci, les plus fréquemment citées sont :
- la réduction de la quantité de matières premières utilisée par unité de produits industriels
;
- l'inégalité des pouvoirs de négociation entre petits producteurs et filiales de grosses
sociétés ce qui ne permet pas aux premiers de bénéficier des gains de productivité qu'ils
sont susceptibles de réaliser ;
- La subvention des agriculteurs des pays développés : 70 % de la production mondiale
bénéficie de subventions directes à la production, mais l'Afrique n'a pas les moyens
financiers pour faire de même ;
- L'inélasticité relative de la demande de produits primaire par rapport à celle des produits
manufacturés ;
- L'utilisation de produits de synthèse (textile, caoutchouc etc.) ;
- La forte croissance de l'offre de certains produits primaires ;
- Les ventes de société - mère à leurs filiales font que, dans bon nombre de cas, les prix ne
sont pas déterminés par des marchés de type concurrentiel, mais sont administrés.
Cette détérioration des termes de l'échange illustre l'incapacité de l'OMC de faire respecter
les règles de base de l'organisation à savoir le libre échangisme. Les pertes attribuables aux
termes de l'échange pendant la période 1970-1997 ont représenté près de 120% du PIB.
3 – Le politique protectionniste des pays développés
Les produits africains font face de plus en plus aux restrictions des pays développés. Et il
semblerait que les organisations internationales ne plaident pas en leur faveur. En effet,
l'OMC comme elle le prétend est loin d'être au service de la concurrence loyale. Alors qu'on
développe dans les médias dominants un discours « contre la corruption », l'OMC veut
interdire aux pays africains le contrôle par leurs inspecteurs, des prix facturés par les
exportateurs occidentaux, un moyen idéal à la fois pour le transfert de capitaux et la
corruption. Les produits de base de l'exportation africaine comme les textiles, les produits
agricoles, les produits miniers etc. sont exclus de la gestion de l'OMC.
En outre c'est dans le cadre de ces organisations que les pays du nord imposent des
mesures phytosanitaires, des normes techniques, des barrières environnementales, des
règles d'origine etc. qui inhibent le potentiel compétitif des pays africains. Or les pays
africains n'ont pas l'infrastructure et les moyens pour certifier leur propre produit, et leur
certification peut ne pas être acceptée par les pays développés consommateurs.
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De plus, les tarifs imposés par le Nord sur les produits manufacturés importés du Sud
restent quatre fois plus élevés que pour ceux venant d'autres pays du Nord. Par conséquent,
les produits africains n'ont pas accès aux marchés protectionnistes du Nord tandis que la
mondialisation se limite aux pays du Nord.
4 – La structure du marché mondial
Le marché mondial est depuis longtemps, déséquilibré parce que composante et reflet de la
mondialisation qui, elle même, implique polarisation et marginalisation. Cette asymétrie
s'exprime, d'abord, par le fait que les différents mécanismes mis en place : les accords du
cycle de négociations d'Uruguay, les règles de jeu de l'OMC, les dispositions de la
convention de Lomé pour les ACP, etc. reflètent le déséquilibre des forces en présence,
notamment dans les négociations et pouvoirs de marchandage entre la coalition des pays
économiquement riches et puissants et ceux du tiers monde. La libéralisation et l'ouverture
des marchés sont quasi obligées pour ces derniers alors que les marchés des premiers
restent encore fermés aux pays du Sud, surtout dans les domaines où ils sont moins
compétitifs.
L'asymétrie relève d'un phénomène plus fondamental : le fonctionnement de la
mondialisation dont le marché n'est qu'un terrain d'expression. En effet, bien que censée
ouvrir des opportunités à tous la mondialisation fonctionne plutôt comme un processus de
polarisation, d'accumulation inégale de richesses et de marginalisation entre pays
industriels et pays pauvres du Sud. Cette asymétrie et cette polarisation montrent que la
concentration des richesses du Nord, particulièrement dans les pays industrialisés, fait que
l'essentiel de la demande sur le marché mondial provient de ces pays, et que les vraies
forces qui commandent l'économie et les marchés mondiaux y sont concentrées.
Il en résulte que les pays comme ceux de l'Afrique sont appelés à s'ajuster à ce processus, à
satisfaire la demande des pays industrialisés, si tant est qu'elle s'adresse à eux de manière
significative et accorde une certaine part de marché aux produits africains. On peut déjà
prendre la mesure des limites, pour l'Afrique, des stratégies de développement basées sur la
réponse à la demande du Nord.
Les causes de l'échec de l'Afrique au niveau des échanges mondiaux sont multiples. Cet
échec peut être attribué aux mauvaises politiques économiques, au manque de moyens
techniques et financiers, à l'insuffisance des investissements étrangers, aux restrictions des
pays industrialisés etc.
V - APPROCHES DE SOLUTION
L'Afrique malgré le grand découragement qu'elle suscite peut sortir de la crise. Elle dispose
pour cela de nombreuses possibilités.
A – Les solutions internes
- Rechercher une autonomie collective : l'unité africaine peut contribuer à abolir la
marginalisation politique et économique, à créer de nouvelles structures en dehors de
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l'héritage coloniale et à protéger les intérêts africains lors des négociations de nature
politique et économique ;
- Améliorer le rôle de l'état : les états doivent se doter de la capacité nécessaire pour qu’il y
ait réponse rapide, efficace, adéquate et diversifiée aux politiques mises en œuvre. Ils
doivent jouer un rôle important dans l'ouverture de l'économie soit par la subvention
directe des activités visant à l'internationalisation de ses effets externes, soit par le soutien
de regroupements institutionnels inventifs. Ils doivent donc se charger de la
transformation structurelle et aider à surmonter les imperfections du marché ;
- Restructurer l'industrie : l'industrialisation est un moyen de lutte contre le sous
développement car la croissance et le développement ne peuvent se concevoir autrement
que par l'ascension d'un pays dans la hiérarchie des pays industrialisés. En effet,
l'industrialisation accroît les débouchés et permet une meilleure utilisation de tous les
facteurs de production y compris des millions de bras qui chôment ;
- Développer les agro-industries : les secteurs agro-industriels de l'Afrique comprennent
une série d'industrie caractérisées par un avantage comparatif potentiel ;
- Accroître la part de marché des exportations agricoles : il faut promouvoir le
développement de certaines cultures d'exportation qui, d'après les critères internationaux
ont un rendement faible, investir dans l'exportation des produits de base pour augmenter
leur part de marché ou pour récupérer les parts perdues ;
- Encourager l'épargne et l'investissement : pour augmenter le taux de croissance
économique, il faut accroître l'épargne et l'investissement. Il faut donc une stabilité
macroéconomique pour stimuler l'épargne et l'investissement qui est un moyen
d'incorporer le progrès technique ;
- Un climat économique qui stimule l'épargne et l'investissement intérieurs attirera
probablement aussi l'investissement étranger. Encourager les micro entreprises et les PME
: la croissance de l'emploi suscitée par les micro entre prises servira à réduire la pauvreté
au niveau de la population
B – Les solutions externes
Les pays développés ont aussi un rôle à jouer dans la résolution de ces problèmes :
- L'allègement de la dette : pour réaliser les objectifs du développement international d'ici
2015, il faut empêcher l'augmentation du nombre de pauvres ce qui exige un taux de
croissance de 5% tandis que la réduction de moitié du nombre de pauvres de moitié d'ici
2015 exige un taux de croissance de 7% ou plus. Il est donc nécessaire qu'il y ait une
inversion de la fuite des capitaux (pays développés vers pays en voie de développement)
par la suppression ou l'allégement de la dette ce qui peut représenter un supplément de
ressources. Les pays développés doivent aider les pays emprunteurs en maintenant un
environnement économique sain, réduire les taux d'intérêts dans le monde et y maintenir
une croissance forte ;
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LE LIBRE ECHANGE EST IL PROFITABLE A L’AFRIQUE ?
- L'ouverture plus large des frontières aux exportations africaines : les pays riches qui
souhaitent se faire rembourser doivent en déduire qu'il leur faut ouvrir le plus possible
leurs frontières aux exportations africaines il est donc de l'intérêt commun que les
barrières économiques s'abaissent et que les négociations des organisations
internationales progressent favorablement ;
- Orienter l'aide au développement : il est vital pour l'avenir de l'Afrique que l'aide
apportée par les bailleurs de fonds contribue à lui permettre de prendre ses affaires en
main, et de résoudre elle même ses propres problèmes. Les programmes d'aide devraient
porter sur des réflexions portant sur la situation du pays considéré, ses sensibilités, ses
caractéristiques sociales et socioculturelles, les chances de développement de tel ou tel
secteur d'activité etc. Et même si les pays bénéficiaires n'ont pas les moyens d'effectuer de
tels études, pourquoi les pays donateurs ne le feraient ils pas ?
CONCLUSION
En somme, la situation de l’Afrique dans le commerce international est caractérisée par un
retard par rapport aux autres pays sous développés et par rapport à l’évolution du
commerce dans le monde. En effet même si les avantages de la mondialisation de
l'économie semblent de manière globale plus importants que les coûts qu'elle engendre, ces
gains masquent en fait certaines disparités parmi les acteurs, plus particulièrement dans
les pays en voie de développement. Les pertes estimées de la mondialisation ont surtout
touché les pays les moins avancés, et donc la majorité des pays d'Afrique Subsaharienne. Il
n'est donc pas possible de parler de bénéfice de l'expansion du commerce international
pour l’Afrique, les pertes subies étant plus importantes que les gains réalisés. Le processus
de mondialisation est donc fait de deux mondes, d'un coté ceux qui en bénéficient et qui
sont minoritaires et de l'autre ceux qui subissent les conséquences et qui sont majoritaires.
L'Afrique est le continent qui semble le plus intégré dans la mondialisation et qui en
dépend le plus. Des solutions doivent donc être trouvées pour qu'elle sorte de la crise qu'elle
traverse, solutions qui doivent venir aussi bien de l'Afrique elle-même que des pays
développés.
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BIBLIOGRAPHIE
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- L'Afrique subsaharienne, de la crise à une croissance durable :
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- Economie des Tiers Mondes : Michel Vernières
- Repenser Bretton Woods- : Réponses africaines sous la direction de Hakim Ben
Hammouda et Moustapha Kassé (éds), collection Bibliothèque du Codesria
- La France et l'Afrique. Vade mecum pour un nouveau voyage : sous la direction de
Serge Michailof
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- Echos finances : revue trimestrielle d'informations et d'analyse du Ministère de
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- Et si l'Afrique refusait le marché ?: Point de vue du Sud/centre tricontinental.
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- www.google.com
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