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AA-05/ANNEXE 1 FR-04-2014 Angel ANGELIDIS «LE SIEGE DE SEBASTOPOL 1941-1942»
l'implantation d'un port, puisque formé de huit baies en eau profonde, dont celle de Balaklava.
La marine soviétique avait construit sur les défenses naturelles de la baie de Severnaïa de
lourdes défenses côtières, la base navale de Sébastopol constituant ainsi l'une des fortifications
les plus solides au monde, considérée par des chroniqueurs équivalente voire supérieure à
certains ouvrages de la «ligne Maginot».
Le port de Sébastopol était une cible stratégique de premier ordre pour les Allemands.
Son importance comme base navale et aérienne potentielle permettrait à l'Axe de mener des
opérations maritimes et aériennes contre des cibles soviétiques dans les montagnes, ainsi que
sur les ports du Caucase. En outre, la prise de Crimée éliminerait la menace d’attaques
aériennes menées de porte-avion en dur contre les puits de pétrole de Ploesti en Roumanie, si
nécessaires pour l’effort militaire du 3ème Reich. A noter que l'armée de l'air soviétique
utilisait déjà la Crimée comme base pour attaquer des cibles en Roumanie depuis juin 1941.
Ainsi, le 23 juillet 1941, Adolf Hitler a signé la Directive N° 33 qui appelle non seulement à la
conquête de la péninsule de Crimée, mais elle en fait de plus une priorité.
Le 30 octobre 1941 les forces germano-roumaines lancent un premier assaut pour
prendre Sébastopol, mais qui échoue marquant ainsi le début d’un long siège pendant lequel
des forces considérables, des armements impressionnants et des stratagèmes ingénieux seront
employés pour venir à bout des fortifications redoutables de Sébastopol et de la résistance
héroïque de ses défenseurs. En effet, pendant plus de huit mois, du 30.10.1941 au 04.07.1942,
Sébastopol tint tête à une puissante armée allemande, qui avait cependant compté prendre la
ville en une à deux semaines. Cette héroïque résistance contribua sensiblement au désastre que
la Wehrmacht devait subir l’hiver de 1942 à Stalingrad.
Les belligérants
A l’époque de l’offensive germano-roumaine, Sébastopol comptait environ 110.000
habitants, dont la plupart avaient travaillé pour la mise en place des trois lignes défensives de la
large de cinq à sept kilomètres au nord de la Crimée. La distance est, d'ouest en est de 326 km, du nord au sud de
205 km. La longueur totale des frontières terrestres et maritimes est de plus de 2.500 km. La Crimée monte la
garde au confluent de deux espaces stratégiques vitaux: l'accès aux vastes territoires de l’Europe du Nord, par la
mer Noire et le Dniepr, et à ceux de l'Asie, par la mer d'Azov. À l'est de la Crimée, la péninsule de Kertch fait face
à la péninsule de Taman. Entre ces deux péninsules, le détroit de Kertch, large de trois à treize kilomètres, relie la
mer Noire à la mer d'Azov. La Crimée est bordée, au sud et à l'ouest par la mer Noire, à l'est par la mer d'Azov et
au nord-est, le «Syvach» (côte occidentale de la mer d'Azov). Le «Syvach» est aussi dénommé «mer Putride», en
raison de ses vastes étendues de marais nauséabonds et de lagunes peu profondes. Les côtes de la Crimée sont
irrégulières et forment un grand nombre de baies. Les ports se trouvent sur la côte occidentale de l'isthme de
Perekop, dans la baie de Kalamita, qui abrite notamment les ports d’Eupatoria (en russe: Евпато́рия, Yevpatoriya;
en grec: Εὐπατορία), de Sébastopol et de Balaklava. La baie de Théodosie (en russe: Феодосия; en grec:
Θεοδοσία), avec le port du même nom, se trouve dans le sud-ouest. La côte sud-est est très montagneuse, avec une
série de montagnes parallèles, les monts de Crimée, assez élevés (point culminant à 1.545 m au mont Roman-
Koch). Ils descendent dans la mer Noire, en dessinant des plateaux intérieurs (500-600 m). Une grande partie de
ces montagnes ont des sommets assez abrupts avec une forte dénivellation par rapport à la mer toute proche (650 à
750 mètres), commençant à la pointe sud de la péninsule, appelée «cap Saritch». Dans la mythologie grecque, cette
pointe abritait le temple d'Artémis (Ἄρτεμις), où la prêtresse Iphigénie (Ἰφιγένεια) aurait officié. Une importante
partie du territoire de la Crimée est composée de prairies sèches ou semi-arides et de steppes qui longent par le
nord-ouest les pieds des monts de Crimée. Cependant du cap Saritch à Théodosie, les bandes étroites de la côte et
les pentes abruptes des montagnes forment un espace vert réputé pour les bienfaits de son climat et dénomme
«Riviera russe». On y trouve de nombreuses stations balnéaires (Yalta, Aloupka, Gourzouf, Soudak…).