Si la Semper Vivus est entrée dans l’histoire de l’automobile, c’est également grâce aux deux
moteurs monocylindres à l’arrière du siège conducteur. Sans lien mécanique avec un essieu moteur,
ils ont pour seule fonction de produire de l’électricité pour les moteurs-roues via les alternateurs. Il
s’agit donc de la première voiture hybride de série jamais mise en œuvre. Les moteurs à
combustion, tous deux identiques, sont des moteurs DeDion-Bouton à quatre temps de 700 cm3 et
de 3,5 ch à 1 200 tr/min, identiques aux originaux. Le carter-moteur est en aluminium et les pistons
en fonte grise. Le refroidissement des moteurs est assuré par une chemise d’eau dont le contenu
est brassé par une pompe à eau. Sur le modèle original, cette dernière était située sur un essieu
avec le vilebrequin et conduisait le liquide de refroidissement vers les radiateurs à tubes à l’avant de
la voiture, tandis que le réservoir d’eau était situé sous le siège passager arrière. La réplique de la
Semper Vivus utilise pour les deux circuits de refroidissement de petites pompes électriques
alimentées par la batterie.
La préparation du mélange est assurée par des carburateurs à gicleurs dont le flux d’air peut être
régulé via un petit levier à main relié à une vanne papillon dans le carburateur. Le mélange passe
par une soupape d’admission d’air pour entrer latéralement dans la chambre de combustion,
laquelle s’ouvre à l’admission sous l’effet de la dépression et se referme avant le temps de
compression sous l’effet d’un ressort. La combustion du mélange comprimé est assurée par un
allumage à rupteur avec une bougie d’allumage disposée sur le côté entre le canal d’admission et le
canal d’échappement du cylindre à culasse intégrée d’un seul tenant. La bobine d’allumage, de la
taille d’une boîte de conserve, fonctionne avec une tension de 12 V, prélevée sur le sixième élément
de la batterie comme il était d’usage au début du XXe siècle. Aujourd’hui, cette tâche est assurée
par un transformateur de tension moderne alimenté par la batterie à gel. Les moteurs DeDion-
Bouton fonctionnent selon le principe des flux opposés, c’est pourquoi les gaz d’échappement
sortent de la chambre de combustion par une soupape latérale sous la soupape d’admission.
L’élément de vilebrequin avant (dans le sens de la marche) de chaque moteur à combustion
entraîne le rotor d’une génératrice shunt via un disque d’embrayage élastique. Dans cette
configuration, l’inducteur et l’induit sont montés électriquement en parallèle. Dans la mesure où
seule une partie du courant d’induit est requis pour la bobine d’induction, une génératrice shunt
fonctionne de façon homogène y compris en sollicitations alternées. De plus, la génératrice à
courant continu de ce type peut être utilisée aussi bien pour entraîner les moteurs-roues que pour
recharger la batterie avec la surtension nécessaire. Toutefois, la Semper Vivus ne peut pas
simultanément rouler avec le courant de la génératrice et recharger la batterie, cela dépassait les
possibilités technologiques de la voiture hybride originale. La réplique a donc été conçue pour que la
batterie ne puisse être rechargée que lorsque la voiture est à l’arrêt en raison de la tension de
charge qui doit être scrupuleusement respectée. Bien sûr, le courant de la génératrice peut être
remplacé par le courant du secteur via un chargeur. Cette solution était techniquement possible il y
a 110 ans déjà à partir des réseaux de courant continu à 110 V dans les villes, à l’aide de
résistances pour adapter la tension.
Chacune des deux génératrices affiche 140 kg sur la balance, soit un total d’environ 280 kg.
Chacune des deux génératrices assure en plus la fonction de démarreur pour son moteur à
combustion. La commande de démarreur à l’arrière du siège conducteur est actionnée depuis le
siège arrière, comme tous les autres éléments de commande des deux groupes combinés. Une fois
que le moteur à combustion a démarré, la génératrice passe en mode production de courant et
génère 20 A avec une tension de 90 V à un régime de 1 200 tr/min. Étant donné que les deux
génératrices sont montées en parallèle, la production totale délivre 3,6 kW.