L`Islam et les chrétiens. Un certain nombre de religions non

L’Islam et les chrétiens.
Un certain nombre de religions non chrétiennes existent : l'hindouisme, le taoïsme, le
bouddhisme par exemple et bien d'autres. L'Islam est l'une de ces religions.
Or nous jetons d'ordinaire un regard extrêmement sommaire sur une religion qui
réunit un milliard de fidèles et dont plusieurs millions vivent en Europe. Il faut avouer
que l'actualité géopolitique actuelle, l'intolérance des uns et des autres, les divers
intégrismes religieux et politiques, les intérêts économiques, pour ne citer que ces
paramètres, ne facilitent pas les choses.
Pourtant l'Islam concerne au premier chef ls chrétiens puisqu'il affirme être un retour
à la véritable religion prêchée par Abraham, Moïse et Jésus. Mais ce n'est pas la
seule religion qui affirme revenir à la véritable forme primitive du christianisme : les
Mormons, les Témoins de Jéhovah ou d'autres sectes le font également.
Nous pouvons donc valablement nous poser deux questions :
1 -- quelle est la position de l'Islam en face de la Vérité ?
2 -- quelle est la nature de la relation qui unit un musulman à son Dieu ?
Ont ne peut échapper à la première question qui est une question de vérité de
doctrine. L'Islam affirme que le christianisme a été corrompu et que c'est lui, l'Islam,
qui a pour mission de rappeler, et d'établir pour certains, l'unique vraie et éternelle
religion. En revanche le christianisme continue d'affirmer sa doctrine traditionnelle du
Credo des conciles de Nicée et de Constantinople.
Cette question de vérité de doctrine se posera toujours. Il y a des vérités que les
musulmans et les chrétiens partagent, mais il en est d'autres sur lesquelles ils
s'opposent. Une démarche intelligente est d'envisager en premier lieu ce qui unit ces
deux religions, pour n'envisager que secondairement ce qui les oppose. Est-il
possible de discuter des différences de façon à entraîner des conséquences
positives ?
Il faut avouer que ces deux religions sont actuellement en compétition, et se disent
l'une et l'autre la véritable religion universelle et c'est dans le domaine de leur
expansion que se manifestent les premières difficultés. Le problème n'est pas facile
car il s'agit de la déontologie missionnaire de ces deux religions. En matière de
religion dans quelle mesure une certaine propagande est-elle légitime ? Ni les uns ni
les autres n'ont eu jusqu'ici le courage de regarder ce problème en face. Lorsque
deux ou trois musulmans deviennent ouvertement chrétiens, en terre d'islam, les
chrétiens d'Orient voient une foule de personnes se dresser contre eux ; si on veut
éviter ces manifestations il faut que l'affaire soit clandestine, et les chrétiens sont
convaincus d'être les victimes d'une injustice. En revanche les passages de chrétiens
à l'Islam sont célébrés par les musulmans au vu et au su des autorités locales ; c'est
la fête.
À l'inverse, les musulmans protestent lorsqu'ils voient les efforts des missions
chrétiennes et il les accuse de profiter de l'état d'infériorité culturelle de la population
locale pour pouvoir s'imposer. En outre certains mouvements fondamentalistes
musulmans semblent ignorer la déclaration des Nations unies sur les droits de
l'homme en ce qui concerne le droit de choisir sa religion. Il est certain qu'un certain
nombre de musulmans ont évolué dans leur manière de considérer leur
appartenance à leur propre religion. Mais d'autres, moins nombreux très
certainement mais un raisonnant d'une façon intégriste, continuent d'appliquer une loi
intolérante en la matière. Par exemple si quelqu'un s'est converti à l'Islam, l'Islam lui
refuse le droit de revenir en arrière et jusqu'au début du siècle dernier cette
éventualité entraînait la mise à mort. La tradition musulmane dit en effet que la vie
d'un musulman est intouchable sauf dans trois cas : l'assassinat, l'adultère et
l'apostasie. En fait, seul l'aveu de l'adultère peut entraîner la mise à mort car ce
jugement est soumis à une condition préalable (quatre témoins doivent avoir vu le
crime à son moment le plus important…). Quant à l'apostasie, la loi islamique n’a été
appliquée jusqu'au siècle dernier.
2 -- Quant à la question de savoir quelle est la nature de la relation d'un musulman à
son Dieu, elle a été longuement débattue à travers les siècles.
Pour les chrétiens la Grâce n'est pas liée uniquement aux sacrements. En effet les
théologiens chrétiens admettent que le salut des hommes peut passer par une autre
voie que celle des sacrements. Le fait qu'un certain nombre de millions d'humains
ignorent le christianisme modifie les données du problème. C'est en entendant parler
de Dieu dans sa propre religion non chrétienne, en la pratiquant et en vivant dans
l'esprit de ses propres livres sacrés, que les membres de cette religion vont vers
Dieu. Le salut consiste donc à dire oui, parfois implicitement, à la grâce que Dieu
offre à l'homme. Encore faut-il que l'homme réponde à la proposition de Dieu.
Les musulmans reconnaissent un Dieu unique et créateur, ils reconnaissent
également sa toute-puissance et sa bonté ainsi que son pardon. Le désir de lui obéir,
de se soumettre à sa loi, la conscience de sa présence et de sa louange, la prière, le
jeûne, et l'aumône correspondent aux valeurs essentielles de toutes les religions
monothéistes ouvertes à la grâce. Il y a donc une relation personnelle entre le
musulman et le créateur de l'univers et il faut bien être conscient ceci. Mais la
soumission à Dieu est une attitude qui peut aller très loin dans la mesure elle
accepte implicitement la grâce de Dieu. Pour le chrétien il s'agit du mystère de
l'action du Saint Esprit en dehors de ce qui est visible.
Que ce soit pour un chrétien ou pour un non chrétien, la reconnaissance d'une telle
situation devrait être l'occasion d'un examen de conscience pour s'ouvrir aux
véritables valeurs dont se réclament les religions monothéistes mais que souvent la
faiblesse de l'homme empêche de vivre.
Nous venons de voir les points qui sont censés rapprocher l'Islam du Christianisme.
Mais la façon même dont l'Islam se présente comme la véritable religion et son
apologétique doivent maintenant être examinés.
L'islam affirme être une religion claire et facile à comprendre, et aux moments de
doute l'homme qui se penche vers lui est normalement attiré par ce qui se présente
comme une vérité. Le dogme musulman en effet est très simple : le monde a un
créateur, ce créateur est infiniment puissant et bon, il envoie des prophètes et des
Livres. Le Coran, dernier de ces livres révélés, contient toutes les règles nécessaires
à l'homme pour être heureux dans ce monde et dans le monde à venir. Après la
résurrection Dieu jugera ceux qui iront pour l'éternité au ciel ou ceux qui iront en
enfer.
Mais il se trouve que, dans toute religion, la présentation qui est faite de ses dogmes
entraîne une attitude sociologique et politique. Si l'on présente des affirmations
simples on peut arriver à faire oublier que la réalité est complexe. Or le Coran est le
résultat des discussions entre les premiers musulmans : il contient des arguments et
des affirmations. Il est plein de constatations évidentes auquel on ne peut que
souscrire. Il met en avant la faiblesse de l'homme, son ignorance de l'avenir, et ces
certitudes déteignent sur d'autres affirmations qui, elles, le sont beaucoup moins. La
conclusion de tout cela est que l'Islam, pour un musulman est aussi évident que le
fait de pédaler pour un cycliste.
Il nous faut maintenant considérer la possibilité ou non d'une étude critique. Or cette
étude critique est difficile parce que, pour le musulman, la vérité du Coran est
prouvée a priori. L'origine divine du livre prouve que ce qu'il dit possède une valeur
absolue. Le fait que l'on n'ait jamais pu produire un texte semblable à celui du Coran,
ou de l'une des sourates, ne prouve nullement son origine divine. C'est pourtant ce
que pense un certain nombre de musulmans. Ils sont élevés dans cette atmosphère
et beaucoup d'entre eux sont devenus incapables de goûter d’autres formes de style
littéraire, ce qui est peu grave, mais surtout ont-ils abdiqué leur esprit critique, ce qui
est beaucoup plus important. La plupart des musulmans intégristes de pensée ne
parlent qu'à travers le modèle coranique, et si un fait est contraire à une affirmation
du Coran, il n'existe pas tout simplement. Ceux d'entre nous qui ont pu écouter les
réactions populaires dans une mosquée, peuvent imaginer l'ampleur du phénomène
de persuasion collective qui y existe.
Il faut savoir aussi que l'islam rejette toute écriture révélée autre que le Coran. C'est
pourquoi les juifs et les chrétiens ont été accusés d'avoir manipulé et transformé la
Torah et l'Évangile. C'est aussi pourquoi lorsqu'un musulman dit suivre et respecter
la rationalité, cela signifie qu'il respecte la rationalité du Coran car elle est prouvée et
donc aucun autre fait ne tient devant elle.
Selon les tenants des autres religions monothéistes, cet état d'esprit est le principal
obstacle à un dialogue sérieux. Une preuve en est donné par l'utilisation de l'Évangile
dit « de Barna» par les musulmans. Ce texte a été rédigé au plus tôt au XIVe
siècle et plus probablement au XVIe : c'est une apologie de l'islam mise dans la
bouche de sus Christ. L'original italien, actuellement à Vienne, a été publié en
1907 avec une étude critique sérieuse. Une traduction arabe a é faite en 1908,
mais pas une seule étude critique n'a été publiée par des musulmans.
Particulièrement en matière d'études religieuses, l'intelligence est prise dans un
système la sensibilité, les émotions et les sentiments sont prédominants. Les a
priori ne manquent pas de part et d'autre. Mais lorsque ces a priori sont effacés, la
raison fonctionne normalement et le dialogue peut débuter, mais cela n'est pas facile.
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