International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 Vers une déduction automatique dans l’Islam: Cas de la zakat Mamouni Abdelaziz1, Marzak Abdelaziz2, Al Haddad Zayed3 Faculté des Sciences Ben M’sik, Département de Mathématiques et d’Informatique, Université Hassan II de Casablanca Cdt Driss El Harti, BP 7955 Sidi Othman Casablanca, Maroc Résumé— Les récents progrès technologiques ont permet le développement des nouveaux programmes informatiques de la Zakat en vue de calculer son montant, de gérer son fonds, etc. Cependant, ces programmes ne répondent pas à tous les interrogations relatives à la Zakat et ne garantissent pas la validité des jugements. En outre, au fil des ans, les savants musulmans utilisent la méthode de l’istinbat afin d’extraire les jugements à partir du coran et de la sunna, cependant cette méthode demande plus d’effort mental, une maîtrise approfondie de sciences du Coran, etc. Par conséquent, faire face aux divergences d’un jugement (Fatwa) est le plus grand défi pour ces types de programmes et ces savants. Les déductions humaines ne sont pas toujours valides en effet, le processus déductif peut être affecté par plusieurs facteurs sémantiques tels que le contenu du problème ou des croyances d’un raisonneur ce qui influence la validité d’un jugement. Dans cet article, nous proposons une méthodologie dans laquelle un système expert qui est basé sur les règles de la Zakat et utilise le raisonnement déductif est introduit. Ce système est capable de prendre des décisions semblables à celles d’un spécialiste de la Zakat et vise à éliminer ces divergences afin d’avoir un jugement valide et unifié d’une part, et de faciliter la tâche des savants musulmans et non-savants d’autre part. Mots-Clés— déduction, istinbat, moteur de règles, système expert, zakat. I. INTRODUCTION La Zakat est une obligation pour tout musulman possédant une richesse minimum appelée Nissab afin de soulager les difficultés économiques, d’éliminer les inégalités et d’atteindre la justice socioéconomique [1]. Les avantages individuels et sociaux de la Zakat, étant nombreux et immenses, à savoir, elle encourage l'utilisation de son capital pour des projets productifs, elle permet aux plus pauvres de répondre à leurs besoins, elle rallie le cœur de l'homme à Dieu, etc. Malgré ses avantages, l'obtention d'une fatwa valide et unifiée est limitée par certaines contraintes telles que les problèmes contemporains liés à la Zakat, les diverses sources d’une Fatwa, la difficulté d’inférer une Fatwa, ainsi que la difficulté de savoir si cette fatwa conforme aux sources de la législation islamique. Pour atténuer ces ISSN: 2231-2803 limitations, nous proposons à travers cet article, une solution informatique visant à automatiser la déduction dans l’islam, afin d’inférer des Fatwas d’une manière automatique, d’assurer la validité et l’unification d’une Fatwa, de faciliter la tâche des savants musulmans et de répondre aux questions les plus fréquemment posées sur la Zakat. Ce papier est organisé comme suit : La section II présente une étude détaillée sur le raisonnement déductif. La section III concerne la méthodologie de l’istinbat d’une Fatwa, elle est répartie en trois soussections. La première partie présente en bref les concepts de la Zakat, la deuxième partie décrit la notion, la position, la fonction, et les règles de la fatwa, et la troisième partie présente la méthodologie de l’istinbat. La section IV présente une méthodologie de développement d’un système expert. Notre contribution est traitée dans la section V. Dans la section VI, on termine cet article avec une conclusion. II. DEDUCTION Le raisonnement est un processus mental qui permet de tirer un nouveau jugement à partir de jugements donnés ou bien de vérifier la réalité d’un fait en faisant appel soit à différentes lois soit à des expériences. Selon [2], les logiciens distinguent trois moyens de construction de raisonnements, à savoir, déduction, induction et abduction et les considèrent comme des espèces nobles de raisonnement. Le raisonnement abductif est également souvent appelé, inférence à la meilleure explication [3], consiste à trouver la seule hypothèse raisonnable compte tenu de ce que l’on sait grâce aux faits, autrement dit, il consiste à observer un fait dont on connaît une cause possible, et à conclure à titre d'hypothèse que le fait est probablement dû à cette cause. D’après [4], la démarche adductive ne présente pas le confort d'un procès déductif, elle ne s'organise pas autour d'une règle centrale qui éclairerait les faits. Le raisonnement inductif est un élément fondamental de toutes les sciences empiriques [5], permettant de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers, sur une base probabiliste. Un raisonnement inductif ne garantit pas le transfert de vérité entre les prémisses et la conclusion, en effet les prémisses peuvent être vraies et la conclusion fausse. Une induction rend la http://www.ijcttjournal.org Page 29 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 conclusion probable au mieux, mais ne permet jamais d’assurer sa vérité, ainsi elle n’est pas aussi simple et certaine que déduction [6]. À l’inverse, un raisonnement déductif respecte certaines règles qui assurent de la vérité de sa conclusion. La structure de ce raisonnement permet de passer la vérité des prémisses à la conclusion, en effet si les prémisses sont vraies alors la conclusion l’est aussi et si l’une de ces prémisses était fausse, la conclusion serait fausse. La paternité de la méthode déductive revient au philosophe Descartes (1596-1650) qui est le promoteur du rationalisme moderne [7]. Pour Sherlock Holmes, la déduction consiste à partir de l’observation d’un fait général au particulier, comme l’indique la figure ci-dessous. Fig. 1 Les étapes de la démarche déductive Cette démarche consiste à appliquer une règle générale, admise par tous, à un cas particulier, afin d’en tirer une conclusion. Le raisonnement déductif peut se présenter schématiquement ainsi, en s'appuyant sur les notations classiques de la logique sous la forme: A, A→B donc B. Cette règle se lit ainsi: Si A est vrai, et si, si A est vrai alors B l'est aussi est vrai, alors B est vrai. C’est une règle qui se justifie elle-même en temps que règle [4]. Selon [5] La règle de la logique déductive affirme que si « X » et « Y », alors « X et Y » s’applique à n’importe quelle paire de propositions X et Y. On peut donc utiliser cette règle afin d’automatiser la déduction dans l’islam, en définissant les lois générales et on construit par un raisonnement rigoureux un système scientifique. III. METHODOLOGIE DE L’ISTINBAT D’UNE FATWA A. La Zakat en bref La Zakat, ou aumône obligatoire, signifie littéralement purification, est le troisième pilier de l’Islam après l'attestation de foi et la prière. C’est un culte financier qui purifie l’âme et hausse ses mérites, comme il purifie les biens et accroît la richesse [8]. En effet de multiples passages du Coran font allusion ISSN: 2231-2803 à la Zakat, en tant que purification des biens, bénédiction et solidarité. On distingue dans l’Islam deux types de la Zakat, à savoir : Zakat Al Fitr, ou aumône du mois de Ramadhan, versée à l'occasion de la fête marquant la fin du jeûne et qui consiste en un repas offert à un nécessiteux. Elle doit être acquittée avant l’accomplissement de la prière de la fête de la rupture du jeûne, sinon, elle sera considérée comme une simple aumône. Zakat Al Maal est l'aumône obligatoire que tout musulman verse annuellement aux ayants droits. Chaque année, tout musulman qui possède pendant une année lunaire la valeur du Nissab, doit s'acquitter de 2.5% du montant total de son capital. Ce Nissab est basé sur la valeur de l'or et est équivalent à la valeur de 85g d'or. Contrairement à la Zakat Al Fitr, il n'y a pas de date précise à laquelle les musulmans doivent payer la zakat al maal. La date est déterminée par le moment où le capital atteint le montant du Nissab et qu'il a été immobilisé pendant une année lunaire. D’après [9], Les biens soumis au paiement de la Zakat sont les deux métaux précieux (l'or et l'argent) et la monnaie, les biens commerciaux, les bêtes de cheptel et tout ce que sort de la terre comme les céréales et les fruits, à condition que ces biens soient susceptibles d’augmentation, car tout bien qui n’augmente pas est exempt de tout impôt, comme les habitations et les outils des artisans [8]. La zakat est destinée à huit catégories de personnes, à savoir, le pauvre, l'indigent, celui chargé de collecter et distribuer les aumônes (en tant que salaire), celui dont le cœur s'incline vers l'Islam, l'esclave (ou le prisonnier) musulman à affranchir, la personne endettée pour une cause juste, celui qui lutte pour la défense de l'Islam et enfin le voyageur à court de provision. B. La notion d’une Fatwa En islam, une fatwa est un avis juridique donné par un spécialiste de la loi islamique sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Linguistiquement, le mot «fatwa» provient de la racine du mot afta (donner opinion), ce qui signifie «explication» et «clarification» [10]. Un spécialiste pouvant donner des fatwas est appelé un mufti. Ces Fatwas sont subjectives et dépendent de l'identité de mufti qui les émet, en effet différents muftis peuvent émettre des fatwas contradictoires, par conséquence la fatwa pourra être confirmée, révisée, annulée, voire totalement ignorée par d’autres écoles d’interprétation. L’article [10], a démontré que l'étude sur la fatwa est vraiment nécessaire de nos jours, vu que la Fatwa a une place importante dans la loi islamique qu'elle est même considérée comme un instrument clé, qui aide à l'élaboration de ces lois. http://www.ijcttjournal.org Page 30 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 D’après [11], Ibn Al Qayyim dit, ni le Mufti, ni le juge ne pourront apporter une Fatwa et donner un vrai jugement tant qu’ils n’auront pas eu ces deux sortes de compréhension: Comprendre parfaitement le cas soulevé, déduire scientifiquement la réalité de ce qui s’est passé, se basant sur des critères et des signes afin de le maîtriser correctement. Comprendre ce qui est visé dans l’étude en question, autrement dit, donner le jugement d’Allah dans le Saint Coran ou par les propos du Prophète (Paix et Salut sur Lui) concernant cette question précise afin de pouvoir les appliquer. Selon [12], le Mufti suit deux voies pour formuler son avis juridique: Informer demandeur (mustafti) par une opinion juridique déjà mentionnée dans les livres de la jurisprudence et les recueils de la fatwa en se référant à une école juridique islamique. Donner un avis juridique en pratiquant l’Ijtihad. Si les textes (Coran et Sunna) ne sont pas claires, ou si la situation est nouvelle et qu’il n’existe aucun verset coranique ou parole prophétique pour élaborer une opinion juridique, alors la production d’une norme juridique oblige le juriste musulman à suivre la méthode de l’extraction juridique à la lumière des circonstances du contexte, des règles et des principes de la jurisprudence. Réfléchir sur une question juridique nouvelle en vue de l’étudier et de déterminer les jugements qui surviennent, intervient selon les règles méthodologiques suivantes [11]. 1) La conception : Celui qui veut apporter un jugement sur une question donnée est tenu de la concevoir correctement. Apporter un jugement sur une question dépend de sa conception. Concevoir un cas juridique est sans doute un préalable qui permet à celui qui veut faire de l’Ijtihad de déterminer du point de vue juridique. Le fait d’apporter un jugement sur un cas juridique sans une conception préalable de ce cas, est considéré comme un désastre. 2) L’imprégnation : classer le cas juridique sous sa rubrique selon la vision du Fiqh, autrement dit, classer la question juridique à l’une des bases fondamentales de la Shariaa. Classer le cas juridique nécessite la réalisation de deux choses, une chose ayant une relation directe avec le cas et une chose générale : La première exigence de celui qui étudie le cas doit avoir une compréhension et une imagination parfaite de la question soulevée. Pour la deuxième exigence, elle stipule que celui qui étudie le cas doit avoir une connaissance parfaite des dispositions et des règles de la Shariaa. Elle concerne la personne qui a réuni les conditions de l’Ijtihad, qui maîtrise des textes juridiques et connait les ISSN: 2231-2803 points de convergence et de divergence dans les raisonnements juridiques et connait également les significations des termes et les voies de déduction de sorte qu’il puisse avoir les moyens de trouver les jugements là où ils sont sensés d’être trouvés. 3) Application : Si l’on est persuadé que l’application du jugement sur le cas juridique nécessite la détermination des objectifs de la Shariaa, cela nous oblige à tenir compte des trois règles suivantes : Première règle : faire la balance entre les intérêts et les abus sur les personnes et les biens. Deuxième règle : tenir compte des situations de contrainte, et de calamités généralisés. Troisième règle : tenir compte des coutumes, des traditions et des situations et conditions spatiales et temporelles. C. L’istinbat dans l’Islam L’istinbat qu’on pourrait traduire par déduction [13], mot d’origine coranique, littéralement, désigne remonter l’eau d’un puits avec difficulté. C’est donc faire venir à la surface ce qui était caché au fond de la terre. Dans la pratique, cela consiste à extraire le sens caché du texte. D’après [14], l'istinbat est la déduction avec finesse du sens caché des versets. Il se diffère de l'exégèse qui est basé sur les hadiths et ne relève que du sens apparent du texte sacré, sans s'attacher aux interprétations ésotériques. Ainsi il se diffère de l’inférence, de l’Ijtihad et d’autres termes islamiques [15]. En effet, l’inférence peut se diviser à l’inférence du texte clair et l’inférence du texte caché, tandis que l’istinbat est basé uniquement sur le texte caché. L’Ijtihad est l’effort de réflexion personnelle basée sur les principes généraux de l'islam, elle ne se limite pas au texte (Coran et sunna), il peut être accompli par l’analogie, l’approbation ou toute autre méthode admise, à l’inverse de l’istinbat, qui est lié uniquement au texte (Coran et Sunna). Afin d’assimiler la notion de l’istinbat, nous avons conçu un schéma qui présente en détail ses concepts les plus importants, comme l’indique la figure ci-dessous. Fig. 2 Définition de l'Istinbat dans l'Islam http://www.ijcttjournal.org Page 31 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 L’istinbat se réfère à ceux qui possèdent la capacité de tirer des conclusions directement à partir du Coran et de la Sunna, et qui devraient avoir certaines conditions [15] telles que, la vraie croyance, connaitre l'exégèse correcte, maîtriser la langue arabe et enfin maîtriser les différentes méthodes de l’istinbat, à savoir, l’istinbat par la signification du signe, du conjonction, du texte et de la notion, en plus de l’istinbat coextensive (muttarid) [16] de style du Coran. Il est divisé en considérant l'apparition du texte extrait de celui-ci à l’istinbat de texte clair, et l’istinbat de texte caché, et il se divise d’autre part à l’istinbat d’un seul verset et l’istinbat en liant entre deux versets ou plus, comme il se divise selon sa validité à l’istinbat valide et l’istinbat invalide et il se divise selon son objet à dogmatique, jurisprudentiel, éducatif et autres. Selon [15], le sens inféré du Coran doit vérifier certaines conditions telles que, sa validité d’un opposant légal prépondérant, validité de sa liaison avec le texte et il doit être discutable. Malgré ces conditions la déviation dans l’istinbat reste un problème majeur qui conduit à la divergence d’une Fatwa dans l’islam, et cela revient à la déviation dans l’exégèse et dans le dogme, l'anticipation de l'esprit sur le Coran et la Sunna, la mauvaise compréhension de sens du Coran ainsi que la mauvaise interprétation des versets. IV. METHODOLOGIE DU DEVELOPPEMENT D’UN SYSTEME EXPERT A. Notion du système expert La notion du système expert est une notion assez ancienne qui est apparue dans les années 70 avec l'apparition du système expert célèbre MYCIN en 1972-73 [17]. Un système expert est un logiciel informatique qui exploite dans un domaine particulier des connaissances explicites et organisées, pouvant se substituer à un expert humain. D'une manière générale, un système expert est un outil capable de reproduire les mécanismes cognitifs d'un expert dans un domaine particulier. Il s'agit de l'une des voies tentant d'aboutir à l'intelligence artificielle. Cette dernière est une discipline scientifique qui concerne l’étude des mécanismes de l’intelligence humaine tels que, les connaissances, les raisonnements, les comportements et les prises de décisions, puis la programmation de ces mécanismes en langage informatique sur un ordinateur [18]. Un système expert encapsule de la connaissance sous forme de règles et de faits et dispose d'un mécanisme d'inférence lui permettant d'utiliser ces connaissances pour résoudre un problème [19]. B. Architecture et fonctionnement d’un système expert Un système expert est constitué de trois composantes essentielles et de diverses fonctionnalités [20]. Ces trois composantes fondamentales sont la base de règles, la base de faits et le moteur d’inférence. Parmi ISSN: 2231-2803 ses nombreuses fonctionnalités, on trouve un système d’acquisition de modification et de mise à jour, un système d’explication et l’interface avec l’utilisateur final. L’architecture générale d’un tel système peut être présentée sous forme de quatre éléments principaux comme l’indique la figure ci-dessous. Fig. 3 Architecture générale d’un système expert 1) La base de faits : la base de faits contient ce que l'on sait du cas examiné, la question posée par l’utilisateur, avant toute intervention du moteur d'inférence. Puis complétée par les faits déduits par le moteur ou demandés à l'utilisateur. Elle peut contenir aussi les solutions intermédiaires ou les conclusions partielles trouvées lors de l’inférence. Elle est modifiée au fur et à mesure de la progression du raisonnement et vidée lorsqu'un traitement se termine. 2) La base de règles : la base de règles est un ensemble des connaissances fournies par un spécialiste et représentées par des règles. Le formalisme le plus communément répandu pour représenter des connaissances, de façon à être facilement compréhensibles et modifiables, est celui des règles de production. Une règle de production est une expression de la forme: si <conjonction de conditions> alors <conjonction d’actions>. La partie Si s’appelle la partie prémisses de la règle et correspond à une conjonction des conditions qui doivent être vraies pour que la règle se déclenche. La partie Alors s’appelle la partie conclusion et correspond à une conjonction d’actions. Une base de règles est donc un ensemble de règles et sa signification logique et la conjonction de la signification logique de chacune des règles [21]. A l’inverse de la base de fait, la base de règles n'évolue pas au cours d'une session de travail. L’utilisation de certaines règles permet de déduire de nouveaux faits, qui à leur tour permettent, à travers d’autres règles, de produire d’autres faits, et ainsi de suite jusqu’à ce que des faits répondant aux questions posées soient obtenus ou qu’aucun fait nouveau ne puisse plus être produit [22]. Une règle de production est interprétée de la sorte : si les expressions booléennes, qui sont définies dans la partie conditions, http://www.ijcttjournal.org Page 32 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 sont évaluées à vraie alors exécuter les actions de manière séquentielle. Les règles de production sont élaborées sans se préoccuper de l'ordre d'exécution, qui est sous le contrôle du moteur d'inférence [23]. 3) Moteur d’inférence : un moteur d'inférence (du verbe "inférer" = déduire) est un logiciel correspondant à un algorithme de simulation des raisonnements déductifs [24]. Il permet, à partir d’une base de règles et d’une base de faits, de déduire de nouveaux faits. Le moteur d’inférence est caractérisé par sa stratégie de raisonnement, nommée chaînage, pour utiliser les connaissances. Il existe deux types de stratégies, à savoir, le chaînage avant et le chaînage arrière [25]. Le chaînage arrière signifie que le raisonnement est guidé par le but à atteindre tandis que le chaînage avant signifie que le raisonnement est guidé par les données. En chaînage avant, le moteur scrute toutes les règles à la recherche d'une règle qui possède une partie " SI" qui correspond aux faits, dès qu'une règle est trouvée, elle sera déclenchée et les nouveaux résultats seront rajoutés à la base de faits. Chaque fois qu'une règle est déclenchée, le moteur utilise les nouveaux faits obtenus pour activer d'autres règles. La procédure se répète périodiquement jusqu'à ce qu'il ne reste aucune règle qui correspond à ces faits, évidemment certaines stratégies sont appliquées afin d'éviter que les règles s'appliquent plusieurs fois ou l'apparition des boucles. Contrairement au chaînage avant, le chaînage arrière part de l'action vers la condition. Il consiste à chercher la partie Alors de la règle qui est considérée comme le but. La partie condition ou à la partie Si sera examinée pour tester si la condition est vérifiée, si c'est le cas le problème est résolu, dans le cas contraire les conditions non vérifiées seront considérées comme de nouveaux buts à rechercher, et ainsi le processus continue jusqu'à vérification des prémisses de la règle initialement considérée ou bien il ne reste plus de règle. Il existe un dernier mode de fonctionnement dit chaînage mixte qui combine les deux algorithmes de chaînages précédents. De prime abord, il fonctionne comme le chaînage avant avec pour but de déduire un fait donnée. Ensuite applique un chaînage arrière sur chaque fait trouvé afin de déterminer les paramètres les plus probables et les plus optimisés. Ce mécanisme permet l'ouverture sur de nouvelles combinaisons encore non envisagées par les règles d'inférence et de déterminer les facteurs discriminants lors de la recherche d'une solution. 4) Interfaces : le quatrième élément important d'un système expert contient des interfaces utilisateur. Les deux plus importantes sont celle grâce à laquelle les utilisateurs pourront obtenir une consultation du système expert, qui peut être un formulaire dans le cas d'un système fonctionnant en chaînage avant, ou un module de questions posées à l'utilisateur pour un système fonctionnant en chaînage arrière ou mixte et ISSN: 2231-2803 celle permettant l'acquisition des connaissances qui est utilisée par l'expert humain ou le cogniticien pour mettre à jour et vérifier les connaissances. Une particularité majeure dans l'architecture d'un système expert réside donc en une nette séparation entre la base de connaissances (la base de faits et la base de règles) et le moteur d'inférence. C. Cycle de développement d’un système expert Le développement d’un système expert passe par deux étapes principales, à savoir, l’acquisition des connaissances et la représentation de ces connaissances, comme l’indique la figure ci-dessous. Fig. 4 Etapes de développement d’un système expert 1) Acquisition de connaissances : le processus de la construction d'un système expert s'appelle ingénierie de connaissances et consiste en l'acquisition des connaissances auprès d'un spécialiste humain ou d'une autre source, et sa codification dans le système expert. Dans notre cas, cela consiste à procéder à une série d’entrevues entre les spécialistes de la Zakat et l’ingénieur de connaissances (cogniticien). 2) Représentation des connaissances : la représentation de connaissances signifie sa structuration, le développement d’une méthode de raisonnement permettant au système d’arriver à une réponse. La technique de représentation par règles de production est celle utilisée dans ce travail. La méthode d’inférence utilisée pour représenter le cheminement du raisonnement du spécialiste de la Zakat est celle du chaînage avant. D. Caractéristiques d’un système expert Un système expert doit présenter caractéristiques intéressantes suivantes : les 1) Haut rendement : le système doit avoir un niveau de compétence égal ou supérieur à celui d’un spécialiste de la Zakat. http://www.ijcttjournal.org Page 33 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 2) Connaissances: le système expert doit avoir des connaissances qui sont rarement trouvées dans des non experts. 3) Compréhensible : le système expert doit être capable d’expliquer son raisonnement, et aussi de s’adapter à des nouvelles connaissances. 4) Flexibilité : le système doit être plus flexibles et utilise différentes méthodes pour représenter des connaissances, comme les réseaux de neurones, etc. section IV. Dans ce système l’architecture à quatre composantes est fournie, à savoir, la base de faits, la base de règles, le moteur d’inférence et les interfaces d’utilisateur. V. CONTRIBUTION Au fil des ans, les savants musulmans utilisent la méthode de l’istinbat afin d’extraire les jugements relatives à la Zakat à partir du coran et de la sunna, cependant cette méthode demande un effort mental, une profonde compréhension des finalités des prescriptions islamiques, une maîtrise suffisante des différentes méthodes de l’istinbat, etc. Pour comprendre la complexité de l’istinbat voir la figure ci-dessous. Fig. 6 Architecture du système expert à base de règles de la Zakat Fig. 5 La complexité de l’istinbat On vise à automatiser le raisonnement déductif déjà explicité dans la section II, afin de fournir une solution alternative à l’istinbat qui est actuellement utilisé par la plupart des savants musulmans et d’inférer d’une manière automatique les jugements légaux relatifs à la Zakat, ce qui va permettre par la suite d’éliminer les divergences d’une Fatwa. Automatiser la déduction dans l’islam va simplifier la tâche effectuée par des savants musulmans (muftis), et au même temps des interrogateurs (mustaftis) peuvent répondre à ses interrogations sans avoir recours aux muftis. A. Architecture du système proposée L’architecture de notre système expert à base de règles de la Zakat, comme l’illustre la figure ci-après, est basée sur la méthodologie mentionnée dans la ISSN: 2231-2803 Dans un premier temps, l'ingénieur de connaissance (cogniticien) recueille des connaissances auprès des spécialistes de la Zakat. Ensuite, il codifie en collaboration avec l’expert système ces connaissances sous forme de règles de production [Si (conditions) Alors (actions)] dans la base de règles. Par la suite, l’expert système, à son tour, met en place la logique applicative du système qui intègre un moteur de règles. Ce dernier, est la composante de raisonnement de notre système qui contient l’algorithme de chaînage avant (raisonnement déductif) afin de chaîner les règles de la manière suivante : [SI P alors Q et SI Q alors R], et utilise la règle de déduction que nous avons décrit dans la section II, à savoir : [Si P (x) Alors Q (x) règle] [P (a) fait] [Inférence] [Q (a) déduire fait] afin de correspondre les faits P (a) et les prémisses P (x) pour déduire de nouveaux faits Q (a). Pour le moteur, cela consiste à essayer d’activer les règles en examinant leur condition et à appliquer celles-ci chaque fois que c’est possible. L’application d’une règle permet de déduire de nouveaux faits qui viennent enrichir la base de faits. Le moteur s’arrête dès qu’il ne trouve plus de règles activables. Enfin, il http://www.ijcttjournal.org Page 34 International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) – volume 24 Number 1 – June 2015 affiche les résultats obtenus via l’interface de l’application de la Zakat. Cette dernière est capable d’expliquer et justifier la solution proposée par le système et permet également aux utilisateurs finals du système de poser leurs questions. L’application de gestion de règles fournit une interface d’édition des règles utilisable simplement et directement par les spécialistes de la Zakat sans compétences informatiques particulières. Le système expert à base de règles de la Zakat (SEBRZ) est donc un outil informatique permettant de répondre à des interrogations des musulmans sans l'intermédiaire d’un savant (mufti). Il s'agit donc de donner à l'interrogateur (mustafti) une réponse unifiée, unique et exacte. Le musulman arrive presque toujours à trouver la bonne réponse par lui-même. [3] VI. CONCLUSIONS Istinbat d’une Fatwa relative à la Zakat est un sujet très important dans la religion islamique. Il permet à l’acte d’adoration qui est la Zakat d’être valable. Les savants musulmans ont donc faire un effort important pour inférer des fatwas, par souci de préserver la religion des musulmans. Il y a eu récemment une grande polémique à ce sujet. Face à cette polémique une masse importante des conditions de l’istinbat est produite à travers les différentes écoles islamiques. Dans cet article, nous avons essayé de décrire en détail la méthodologie de l’istinbat et celle de développement d’un système expert, on a proposé une solution permettant d’automatiser la déduction dans l’islam, ainsi on a définit les avantages et le cadre général de cette solution. Les perspectives de ce travail sont dans un premier temps de développer le système expert à base de règles de la Zakat que nous avons déjà décrit dans la section V, afin d’éliminer les divergences d’une Fatwa au sein d’une même école islamique, pour atteindre cet objectif, on va le développer, l’implémenter et évaluer notre solution. Dans un second temps, il est important de pousser plus loin notre réflexion. En effet, le sujet de la Zakat est très vague et très complexe surtout avec la multitude des écoles islamiques qui doit être prise en considération dans le processus d’inférence. Il est désormais intéressant de réfléchir à une extension de cette approche afin de fournir une solution capable de répondre aux spécifications de toutes ces écoles. Pour atteindre cet objectif, on va proposer un méta-modèle contenant un ensemble minimal de concepts dont l’instanciation permet de construire un modèle spécifique à chaque école. 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