Vers une déduction automatique dans l`Islam: Cas de la zakat

International Journal of Computer Trends and Technology (IJCTT) volume 24 Number 1 June 2015
ISSN: 2231-2803 http://www.ijcttjournal.org Page 29
Vers une déduction automatique dans l’Islam:
Cas de la zakat
Mamouni Abdelaziz1, Marzak Abdelaziz2, Al Haddad Zayed3
Faculté des Sciences Ben M’sik, partement de Mathématiques et d’Informatique, Université Hassan II de
Casablanca
Cdt Driss El Harti, BP 7955 Sidi Othman Casablanca, Maroc
Résumé Les récents progrès technologiques ont permet
le développement des nouveaux programmes informatiques
de la Zakat en vue de calculer son montant, de gérer son
fonds, etc. Cependant, ces programmes ne répondent pas à
tous les interrogations relatives à la Zakat et ne
garantissent pas la validité des jugements. En outre, au fil
des ans, les savants musulmans utilisent la méthode de
l’istinbat afin d’extraire les jugements à partir du coran et
de la sunna, cependant cette méthode demande plus d’effort
mental, une maîtrise approfondie de sciences du Coran,
etc. Par conséquent, faire face aux divergences d’un
jugement (Fatwa) est le plus grand défi pour ces types de
programmes et ces savants. Les déductions humaines ne
sont pas toujours valides en effet, le processus déductif peut
être affecté par plusieurs facteurs sémantiques tels que le
contenu du problème ou des croyances d’un raisonneur ce
qui influence la validité d’un jugement. Dans cet article,
nous proposons une méthodologie dans laquelle un système
expert qui est basé sur les règles de la Zakat et utilise le
raisonnement déductif est introduit. Ce système est capable
de prendre des décisions semblables à celles d’un
spécialiste de la Zakat et vise à éliminer ces divergences
afin d’avoir un jugement valide et unifié d’une part, et de
faciliter la tâche des savants musulmans et non-savants
d’autre part.
Mots-Clés déduction, istinbat, moteur de règles,
système expert, zakat.
I. INTRODUCTION
La Zakat est une obligation pour tout musulman
possédant une richesse minimum appelée Nissab afin
de soulager les difficultés économiques, d’éliminer
les inégalités et d’atteindre la justice socio-
économique [1]. Les avantages individuels et sociaux
de la Zakat, étant nombreux et immenses, à savoir,
elle encourage l'utilisation de son capital pour des
projets productifs, elle permet aux plus pauvres de
répondre à leurs besoins, elle rallie le cœur de
l'homme à Dieu, etc. Malgré ses avantages,
l'obtention d'une fatwa valide et unifiée est limitée
par certaines contraintes telles que les problèmes
contemporains liés à la Zakat, les diverses sources
d’une Fatwa, la difficulté d’inférer une Fatwa, ainsi
que la difficulté de savoir si cette fatwa conforme aux
sources de la législation islamique. Pour atténuer ces
limitations, nous proposons à travers cet article, une
solution informatique visant à automatiser la
déduction dans l’islam, afin d’inférer des Fatwas
d’une manière automatique, d’assurer la validité et
l’unification d’une Fatwa, de faciliter la tâche des
savants musulmans et de répondre aux questions les
plus fréquemment posées sur la Zakat.
Ce papier est organisé comme suit : La section II
présente une étude détaillée sur le raisonnement
déductif. La section III concerne la méthodologie de
l’istinbat d’une Fatwa, elle est répartie en trois sous-
sections. La première partie présente en bref les
concepts de la Zakat, la deuxième partie décrit la
notion, la position, la fonction, et les règles de la
fatwa, et la troisième partie présente la méthodologie
de l’istinbat. La section IV présente une
méthodologie de développement d’un système expert.
Notre contribution est traitée dans la section V. Dans
la section VI, on termine cet article avec une
conclusion.
II. DEDUCTION
Le raisonnement est un processus mental qui
permet de tirer un nouveau jugement à partir de
jugements donnés ou bien de vérifier la réalité d’un
fait en faisant appel soit à différentes lois soit à des
expériences. Selon [2], les logiciens distinguent trois
moyens de construction de raisonnements, à savoir,
déduction, induction et abduction et les considèrent
comme des espèces nobles de raisonnement.
Le raisonnement abductif est également souvent
appelé, inférence à la meilleure explication [3],
consiste à trouver la seule hypothèse raisonnable
compte tenu de ce que l’on sait grâce aux faits,
autrement dit, il consiste à observer un fait dont on
connaît une cause possible, et à conclure à titre
d'hypothèse que le fait est probablement à cette
cause. D’après [4], la démarche adductive ne présente
pas le confort d'un procès déductif, elle ne s'organise
pas autour d'une règle centrale qui éclairerait les faits.
Le raisonnement inductif est un élément
fondamental de toutes les sciences empiriques [5],
permettant de chercher des lois générales à partir de
l'observation de faits particuliers, sur une
base probabiliste. Un raisonnement inductif ne
garantit pas le transfert de vérité entre les prémisses
et la conclusion, en effet les prémisses peuvent être
vraies et la conclusion fausse. Une induction rend la
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conclusion probable au mieux, mais ne permet jamais
d’assurer sa vérité, ainsi elle n’est pas aussi simple et
certaine que déduction [6].
À l’inverse, un raisonnement déductif respecte
certaines règles qui assurent de la vérité de sa
conclusion. La structure de ce raisonnement permet
de passer la vérité des prémisses à la conclusion, en
effet si les prémisses sont vraies alors la conclusion
l’est aussi et si l’une de ces prémisses était fausse, la
conclusion serait fausse.
La paternité de la méthode déductive revient au
philosophe Descartes (1596-1650) qui est le
promoteur du rationalisme moderne [7]. Pour
Sherlock Holmes, la déduction consiste à partir de
l’observation d’un fait général au particulier, comme
l’indique la figure ci-dessous.
Fig. 1 Les étapes de la démarche déductive
Cette marche consiste à appliquer une règle
générale, admise par tous, à un cas particulier, afin
d’en tirer une conclusion. Le raisonnement déductif
peut se présenter schématiquement ainsi, en
s'appuyant sur les notations classiques de la logique
sous la forme: A, A→B donc B. Cette règle se lit
ainsi: Si A est vrai, et si, si A est vrai alors B l'est
aussi est vrai, alors B est vrai. C’est une règle qui se
justifie elle-même en temps que règle [4]. Selon [5]
La règle de la logique déductive affirme que si « X »
et « Y », alors « X et Y » s’applique à n’importe
quelle paire de propositions X et Y. On peut donc
utiliser cette règle afin d’automatiser la déduction
dans l’islam, en finissant les lois générales et on
construit par un raisonnement rigoureux un système
scientifique.
III. METHODOLOGIE DE LISTINBAT DUNE FATWA
A. La Zakat en bref
La Zakat, ou aumône obligatoire, signifie
littéralement purification, est le troisième pilier de
l’Islam après l'attestation de foi et la prière. C’est un
culte financier qui purifie l’âme et hausse ses mérites,
comme il purifie les biens et accroît la richesse [8].
En effet de multiples passages du Coran font allusion
à la Zakat, en tant que purification des biens,
bénédiction et solidarité. On distingue dans l’Islam
deux types de la Zakat, à savoir :
Zakat Al Fitr, ou aumône du mois de
Ramadhan, versée à l'occasion de la fête
marquant la fin du jeûne et qui consiste en un
repas offert à un nécessiteux. Elle doit être
acquittée avant l’accomplissement de la prière
de la fête de la rupture du jeûne, sinon, elle sera
considérée comme une simple aumône.
Zakat Al Maal est l'aumône obligatoire que
tout musulman verse annuellement aux ayants
droits. Chaque année, tout musulman qui
possède pendant une année lunaire la valeur du
Nissab, doit s'acquitter de 2.5% du montant
total de son capital. Ce Nissab est basé sur la
valeur de l'or et est équivalent à la valeur de
85g d'or. Contrairement à la Zakat Al Fitr, il
n'y a pas de date précise à laquelle les
musulmans doivent payer la zakat al maal. La
date est déterminée par le moment le capital
atteint le montant du Nissab et qu'il a été
immobilisé pendant une année lunaire.
D’après [9], Les biens soumis au paiement de la
Zakat sont les deux métaux précieux (l'or et l'argent)
et la monnaie, les biens commerciaux, les bêtes de
cheptel et tout ce que sort de la terre comme les
céréales et les fruits, à condition que ces biens soient
susceptibles d’augmentation, car tout bien qui
n’augmente pas est exempt de tout impôt, comme les
habitations et les outils des artisans [8].
La zakat est destinée à huit catégories de
personnes, à savoir, le pauvre, l'indigent, celui chargé
de collecter et distribuer les aumônes (en tant que
salaire), celui dont le cœur s'incline vers l'Islam,
l'esclave (ou le prisonnier) musulman à affranchir, la
personne endettée pour une cause juste, celui qui lutte
pour la défense de l'Islam et enfin le voyageur à court
de provision.
B. La notion d’une Fatwa
En islam, une fatwa est un avis juridique donné par
un spécialiste de la loi islamique sur une question
particulière. En règle générale, une fatwa est émise à
la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un
problème la jurisprudence islamique n'est pas
claire. Linguistiquement, le mot «fatwa» provient de
la racine du mot afta (donner opinion), ce qui signifie
«explication» et «clarification» [10]. Un spécialiste
pouvant donner des fatwas est appelé un mufti. Ces
Fatwas sont subjectives et dépendent de l'identité de
mufti qui les émet, en effet différents muftis peuvent
émettre des fatwas contradictoires, par conséquence
la fatwa pourra être confirmée, révisée, annulée, voire
totalement ignorée par d’autres écoles
d’interprétation. L’article [10], a démontré que l'étude
sur la fatwa est vraiment nécessaire de nos jours, vu
que la Fatwa a une place importante dans la loi
islamique qu'elle est même considérée comme un
instrument clé, qui aide à l'élaboration de ces lois.
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D’après [11], Ibn Al Qayyim dit, ni le Mufti, ni le
juge ne pourront apporter une Fatwa et donner un vrai
jugement tant qu’ils n’auront pas eu ces deux sortes
de compréhension:
Comprendre parfaitement le cas soulevé,
déduire scientifiquement la réalité de ce qui
s’est passé, se basant sur des critères et des
signes afin de le maîtriser correctement.
Comprendre ce qui est visé dans l’étude en
question, autrement dit, donner le jugement
d’Allah dans le Saint Coran ou par les propos
du Prophète (Paix et Salut sur Lui) concernant
cette question précise afin de pouvoir les
appliquer.
Selon [12], le Mufti suit deux voies pour formuler
son avis juridique:
Informer demandeur (mustafti) par une opinion
juridique déjà mentionnée dans les livres de la
jurisprudence et les recueils de la fatwa en se
référant à une école juridique islamique.
Donner un avis juridique en pratiquant l’Ijtihad.
Si les textes (Coran et Sunna) ne sont pas
claires, ou si la situation est nouvelle et qu’il
n’existe aucun verset coranique ou parole
prophétique pour élaborer une opinion
juridique, alors la production d’une norme
juridique oblige le juriste musulman à suivre la
méthode de l’extraction juridique à la lumière
des circonstances du contexte, des règles et des
principes de la jurisprudence.
Réfléchir sur une question juridique nouvelle en
vue de l’étudier et de déterminer les jugements qui
surviennent, intervient selon les règles
méthodologiques suivantes [11].
1) La conception : Celui qui veut apporter un
jugement sur une question donnée est tenu de la
concevoir correctement. Apporter un jugement sur
une question dépend de sa conception. Concevoir un
cas juridique est sans doute un préalable qui permet à
celui qui veut faire de l’Ijtihad de déterminer du point
de vue juridique. Le fait d’apporter un jugement sur
un cas juridique sans une conception préalable de ce
cas, est considéré comme un désastre.
2) L’imprégnation : classer le cas juridique sous
sa rubrique selon la vision du Fiqh, autrement dit,
classer la question juridique à l’une des bases
fondamentales de la Shariaa. Classer le cas juridique
nécessite la réalisation de deux choses, une chose
ayant une relation directe avec le cas et une chose
générale :
La première exigence de celui qui étudie le cas
doit avoir une compréhension et une
imagination parfaite de la question soulevée.
Pour la deuxième exigence, elle stipule que
celui qui étudie le cas doit avoir une
connaissance parfaite des dispositions et des
règles de la Shariaa. Elle concerne la personne
qui a réuni les conditions de l’Ijtihad, qui
maîtrise des textes juridiques et connait les
points de convergence et de divergence dans
les raisonnements juridiques et connait
également les significations des termes et les
voies de déduction de sorte qu’il puisse avoir
les moyens de trouver les jugements ils
sont sensés d’être trouvés.
3) Application : Si l’on est persuadé que
l’application du jugement sur le cas juridique
nécessite la détermination des objectifs de la Shariaa,
cela nous oblige à tenir compte des trois règles
suivantes :
Première règle : faire la balance entre les
intérêts et les abus sur les personnes et les biens.
Deuxième règle : tenir compte des situations de
contrainte, et de calamités généralisés.
Troisième règle : tenir compte des coutumes,
des traditions et des situations et conditions
spatiales et temporelles.
C. L’istinbat dans l’Islam
L’istinbat qu’on pourrait traduire par déduction
[13], mot d’origine coranique, littéralement, désigne
remonter l’eau d’un puits avec difficulté. C’est donc
faire venir à la surface ce qui était caché au fond de la
terre. Dans la pratique, cela consiste à extraire le sens
caché du texte. D’après [14], l'istinbat est la
déduction avec finesse du sens caché des versets. Il se
diffère de l'exégèse qui est basé sur les hadiths et ne
relève que du sens apparent du texte sacré, sans
s'attacher aux interprétations ésotériques. Ainsi il se
diffère de l’inférence, de l’Ijtihad et d’autres termes
islamiques [15]. En effet, l’inférence peut se diviser à
l’inférence du texte clair et l’inférence du texte caché,
tandis que l’istinbat est basé uniquement sur le texte
caché. L’Ijtihad est l’effort de réflexion personnelle
basée sur les principes généraux de l'islam, elle ne se
limite pas au texte (Coran et sunna), il peut être
accompli par l’analogie, l’approbation ou toute autre
méthode admise, à l’inverse de l’istinbat, qui est lié
uniquement au texte (Coran et Sunna). Afin
d’assimiler la notion de l’istinbat, nous avons conçu
un schéma qui présente en détail ses concepts les plus
importants, comme l’indique la figure ci-dessous.
Fig. 2 Définition de l'Istinbat dans l'Islam
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L’istinbat se réfère à ceux qui possèdent la
capacité de tirer des conclusions directement à partir
du Coran et de la Sunna, et qui devraient avoir
certaines conditions [15] telles que, la vraie croyance,
connaitre l'exégèse correcte, maîtriser la langue arabe
et enfin maîtriser les différentes méthodes de
l’istinbat, à savoir, l’istinbat par la signification du
signe, du conjonction, du texte et de la notion, en plus
de l’istinbat coextensive (muttarid) [16] de style du
Coran. Il est divisé en considérant l'apparition du
texte extrait de celui-ci à l’istinbat de texte clair, et
l’istinbat de texte caché, et il se divise d’autre part à
l’istinbat d’un seul verset et l’istinbat en liant entre
deux versets ou plus, comme il se divise selon sa
validité à l’istinbat valide et l’istinbat invalide et il se
divise selon son objet à dogmatique, jurisprudentiel,
éducatif et autres. Selon [15], le sens inféré du Coran
doit vérifier certaines conditions telles que, sa validité
d’un opposant légal prépondérant, validité de sa
liaison avec le texte et il doit être discutable.
Malgré ces conditions la déviation dans l’istinbat
reste un problème majeur qui conduit à la divergence
d’une Fatwa dans l’islam, et cela revient à la
déviation dans l’exégèse et dans le dogme,
l'anticipation de l'esprit sur le Coran et la Sunna, la
mauvaise compréhension de sens du Coran ainsi que
la mauvaise interprétation des versets.
IV. METHODOLOGIE DU DEVELOPPEMENT DUN
SYSTEME EXPERT
A. Notion du système expert
La notion du système expert est une notion assez
ancienne qui est apparue dans les années 70 avec
l'apparition du système expert célèbre MYCIN en
1972-73 [17]. Un système expert est un logiciel
informatique qui exploite dans un domaine particulier
des connaissances explicites et organisées, pouvant se
substituer à un expert humain. D'une manière
générale, un système expert est un outil capable de
reproduire les mécanismes cognitifs d'un expert dans
un domaine particulier. Il s'agit de l'une des voies
tentant d'aboutir à l'intelligence artificielle. Cette
dernière est une discipline scientifique qui concerne
l’étude des mécanismes de l’intelligence humaine tels
que, les connaissances, les raisonnements, les
comportements et les prises de décisions, puis la
programmation de ces mécanismes en langage
informatique sur un ordinateur [18]. Un système
expert encapsule de la connaissance sous forme de
règles et de faits et dispose d'un mécanisme
d'inférence lui permettant d'utiliser ces connaissances
pour résoudre un problème [19].
B. Architecture et fonctionnement d’un système
expert
Un système expert est constitué de trois
composantes essentielles et de diverses
fonctionnalités [20]. Ces trois composantes
fondamentales sont la base de règles, la base de faits
et le moteur d’inférence. Parmi
ses nombreuses fonctionnalités, on trouve un système
d’acquisition de modification et de mise à jour, un
système d’explication et l’interface avec l’utilisateur
final. L’architecture générale d’un tel système peut
être présentée sous forme de quatre éléments
principaux comme l’indique la figure ci-dessous.
Fig. 3 Architecture générale d’un système expert
1) La base de faits : la base de faits contient ce que
l'on sait du cas examiné, la question posée par
l’utilisateur, avant toute intervention du moteur
d'inférence. Puis complétée par les faits déduits par le
moteur ou demandés à l'utilisateur. Elle peut contenir
aussi les solutions intermédiaires ou les conclusions
partielles trouvées lors de l’inférence. Elle est
modifiée au fur et à mesure de la progression du
raisonnement et vidée lorsqu'un traitement se termine.
2) La base de règles : la base de règles est un
ensemble des connaissances fournies par un
spécialiste et représentées par des règles. Le
formalisme le plus communément répandu pour
représenter des connaissances, de façon à être
facilement compréhensibles et modifiables, est celui
des règles de production. Une règle de production est
une expression de la forme: si <conjonction de
conditions> alors <conjonction d’actions>. La partie
Si s’appelle la partie prémisses de la règle et
correspond à une conjonction des conditions qui
doivent être vraies pour que la règle se déclenche. La
partie Alors s’appelle la partie conclusion et
correspond à une conjonction d’actions. Une base de
règles est donc un ensemble de règles et sa
signification logique et la conjonction de la
signification logique de chacune des règles [21].
A l’inverse de la base de fait, la base de règles
n'évolue pas au cours d'une session de travail.
L’utilisation de certaines règles permet de déduire de
nouveaux faits, qui à leur tour permettent, à travers
d’autres règles, de produire d’autres faits, et ainsi de
suite jusqu’à ce que des faits répondant aux questions
posées soient obtenus ou qu’aucun fait nouveau ne
puisse plus être produit [22]. Une règle de production
est interprétée de la sorte : si les expressions
booléennes, qui sont définies dans la partie conditions,
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sont évaluées à vraie alors exécuter les actions de
manière séquentielle. Les règles de production sont
élaborées sans se préoccuper de l'ordre d'exécution,
qui est sous le contrôle du moteur d'inférence [23].
3) Moteur d’inférence : un moteur d'inférence (du
verbe "inférer" = déduire) est un logiciel
correspondant à un algorithme de simulation des
raisonnements déductifs [24]. Il permet, à partir d’une
base de règles et d’une base de faits, de déduire de
nouveaux faits. Le moteur d’inférence est caractérisé
par sa stratégie de raisonnement, nommée chaînage,
pour utiliser les connaissances. Il existe deux types de
stratégies, à savoir, le chaînage avant et le chaînage
arrière [25]. Le chaînage arrière signifie que le
raisonnement est guidé par le but à atteindre tandis
que le chaînage avant signifie que le raisonnement est
guidé par les données.
En chaînage avant, le moteur scrute toutes les
règles à la recherche d'une règle qui possède une
partie " SI" qui correspond aux faits, dès qu'une règle
est trouvée, elle sera déclenchée et les nouveaux
résultats seront rajoutés à la base de faits. Chaque fois
qu'une règle est déclenchée, le moteur utilise les
nouveaux faits obtenus pour activer d'autres règles.
La procédure se répète périodiquement jusqu ce
qu'il ne reste aucune règle qui correspond à ces faits,
évidemment certaines stratégies sont appliquées afin
d'éviter que les règles s'appliquent plusieurs fois ou
l'apparition des boucles.
Contrairement au chaînage avant, le chaînage
arrière part de l'action vers la condition. Il consiste à
chercher la partie Alors de la règle qui est considérée
comme le but. La partie condition ou à la partie Si
sera examinée pour tester si la condition est vérifiée,
si c'est le cas le problème est résolu, dans le cas
contraire les conditions non vérifiées seront
considérées comme de nouveaux buts à rechercher, et
ainsi le processus continue jusqu'à vérification des
prémisses de la règle initialement considérée ou bien
il ne reste plus de règle.
Il existe un dernier mode de fonctionnement
dit chaînage mixte qui combine les deux algorithmes
de chaînages précédents. De prime abord, il
fonctionne comme le chaînage avant avec pour but de
déduire un fait donnée. Ensuite applique un chaînage
arrière sur chaque fait trouvé afin de déterminer les
paramètres les plus probables et les plus optimisés.
Ce mécanisme permet l'ouverture sur de nouvelles
combinaisons encore non envisagées par les règles
d'inférence et de déterminer les facteurs discriminants
lors de la recherche d'une solution.
4) Interfaces : le quatrième élément important d'un
système expert contient des interfaces utilisateur. Les
deux plus importantes sont celle grâce à laquelle les
utilisateurs pourront obtenir une consultation du
système expert, qui peut être un formulaire dans le
cas d'un système fonctionnant en chaînage avant, ou
un module de questions posées à l'utilisateur pour un
système fonctionnant en chaînage arrière ou mixte et
celle permettant l'acquisition des connaissances qui
est utilisée par l'expert humain ou le cogniticien pour
mettre à jour et vérifier les connaissances.
Une particularité majeure dans l'architecture d'un
système expert réside donc en une nette séparation
entre la base de connaissances (la base de faits et la
base de règles) et le moteur d'inférence.
C. Cycle de développement d’un système expert
Le développement d’un système expert passe par
deux étapes principales, à savoir, l’acquisition des
connaissances et la représentation de ces
connaissances, comme l’indique la figure ci-dessous.
Fig. 4 Etapes de développement d’un système expert
1) Acquisition de connaissances : le processus de
la construction d'un système expert s'appelle
ingénierie de connaissances et consiste en
l'acquisition des connaissances auprès d'un
spécialiste humain ou d'une autre source, et sa
codification dans le système expert. Dans
notre cas, cela consiste à procéder à une série
d’entrevues entre les spécialistes de la Zakat et
l’ingénieur de connaissances (cogniticien).
2) Représentation des connaissances : la
représentation de connaissances signifie sa
structuration, le développement d’une
méthode de raisonnement permettant au
système d’arriver à une réponse. La technique
de représentation par règles de production est
celle utilisée dans ce travail. La méthode
d’inférence utilisée pour représenter le
cheminement du raisonnement du spécialiste
de la Zakat est celle du chaînage avant.
D. Caractéristiques d’un système expert
Un système expert doit présenter les
caractéristiques intéressantes suivantes :
1) Haut rendement : le système doit avoir un
niveau de compétence égal ou supérieur à
celui d’un spécialiste de la Zakat.
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