Paris-Saclay (FR) - Sou Fujimoto Architects
«Amphithéâtres spontanés»
Sou Fujimoto Architects a été désigné lauréat du concours d’architecture organisé pour la conception d’un bâtiment
d’enseignements mutualisés à Paris-Saclay sous maitrise d’ouvrage de l’École polytechnique. Lopération a pour objectif
la construction d’un bâtiment unique au sein duquel seront hébergés des programmes pédagogiques mutualisés entre
les établissements d’enseignement supérieur et de recherche de l’École polytechnique, de l’Institut Mines-Télécom,
d’AgroParisTech, de l’ENSTA ParisTech, de l’ENSAE ParisTech et de l’Institut d’Optique (IOGS).
l l l
A l’issue du premier jury, quatre
candidats étaient nalistes : Sou
Fujimoto Architects, Atelier 2/3/4,
Babin + Renaud, Chartier Dalix
Architectes. Le projet de Sou
Fujimoto a séduit par son ouverture
sur le quartier, sa grande transpa-
rence et sa porosité avec un jeu sur
les limites grâce à la présence de
la toiture en débord, d’une grande
façade vitrée et de végétation
intérieure.
Symbole du rapprochement de six
établissements d’enseignement
supérieur, tous membres de l’Uni-
versité Paris-Saclay, il est un point
de convergence, pensé comme un
prolongement des qualités du pro-
jet paysager qui l’entoure.
Le bâtiment, d’une surface d’envi-
ron 10000 m² pour un budget de
32,5M €, hébergera 150 personnels
et accueillera 2000 étudiants au sein
de ses locaux à la typologie variée.
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mensuel - 20ème année - mai/juin 2015 - P505192 - bureau de dépôt Bruxelles X - ISSN 1374-5360 - ne paraît pas en juillet
Editeur responsable: P.C. Maters, Chaussée d'Alsemberg 842, 1180 Bruxelles - www.lejournaldelarchitecte.be
jda
journal de
larchitecte.be
lPag 4: Dietmar Feichtinger
lPag 6 : PERIPHERIQUES/Architectes
lPag 10: Manuelle Gautrand
293/294
Paris-Saclay (FR) - Sou Fujimoto Architects
de nombreuses salles de classe,
des espaces dédiés à la pédago-
gie innovante seront ouverts. Des
salles de télé-enseignement, de
visioconférence et des espaces
de travail collaboratifs tel que
des boxes de travail ou des salles
projets permettront d’optimiser
l’environnement pour une offre
pédagogique centrée sur l’inte-
ractivité et les outils numériques.
Le bâtiment accueillera égale-
ment une cafétéria et des espaces
de détentes favorisant la serendi-
pité, elle-même encouragée par
la proximité immédiate des labo-
ratoires de recherche de l’École
polytechnique.
Fort de sa silhouette singulière,
le bâtiment se laisse envahir par
la nature du parc linéaire voisin.
Un large espace abrite une végé-
tation légère et un jeu de passe-
relles et d’escaliers qui sont autant
d’espaces informels permettant
aux enseignants, aux étudiants
et aux visiteurs de se retrouver
ou de travailler. Ces plateformes,
« amphithéâtres spontanés » et
salles de classes sont réunies sous
un même toit offrant promiscui-
té et intimité, dans une relation
privilégiée avec la nature. On se
croise ainsi non plus dans des
couloirs mais dans des lieux de
vie, au milieu d’un espace baigné
de lumière douce aux vues surpre-
nantes et changeantes. Sa large
façade transparente ouvrira à
l’Est sur le « green », vaste espace
public couvert de pelouses et par-
tiellement boisé. Le bâtiment se lit
comme un espace ouvert dévoi-
lant les activités se déroulant en
son cœur et se veut un emblème
architectural et académique du
futur quartier.
Le bâtiment d’enseignements
mutualisés qui s’implante au
cœur de la zone d’aménagement
concerté de l’École polytechnique
est représentatif de l’évolution du
campus urbain de Paris-Saclay qui
est entré en phase opérationnelle.
Le campus desservi par la future
ligne 18 du Grand Paris Express
totalisera une programmation
d’1,740 million de m².
Checkpoint curry, ou la dégénérescence non programmée
" Il paraissait complètement superciel et hasardeux de prendre un modèle, de dire qu'il est parfait, et de reconstruire
la ville sur cette base en ignorant la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre Froide et tout le reste" Rem Koolhaas,
Conversations with students, 1996.
La destruction de l’œuvre doit-
elle être prise en compte lors de
la conception ? En 1971, Rem
Koolhaas, encore étudiant, rédige
une étude durant un semestre d’été
qu’il appelle « The Berlin Wall as
architecture ». Ce travail sera pour
lui le déclencheur d’une série de
réexions urbaines comme « Die
Stadt in der Stadt », « La stratégie
du vide » et « Exodus ». Le jeune
Néerlandais renverse les valeurs
dramatiques et morbides du mur de
Berlin pour les transposer de manière
positive à Londres. Koolhaas com-
pare le mur à un scénario qui trans-
gure l’échelle urbaine. “Le mur se
confronte à toutes les conditions
de Berlin, incluant les lacs, les forêts,
la périphérie; les parties d’une aire
intensément métropolitaine ou
suburbaine.
En 1987, The Oce for Metropolitan
Architecture (OMA)”, dirigé par
Rem Koolhaas et Elia Zenghelis
est invité par l’IBA (Internationale
Bauausstellung Berlin) à remettre
une proposition pour un immeuble
d’appartements réservé aux ociels
des douanes et des forces alliées.
Le bâtiment est situé en face du
Musée Checkpoint Charlie de Peter
Eisenman, un autre projet IBA.
La structure proposée et nalement
retenue dénit la partie est du bloc,
située sur Friedrichstrasse, dans une
conception qui revisite l’agencement
historique du plan urbain au sein d’un
ensemble en proposant une mixité
des usages, logements et travail.
Les objectifs du projet ont été formu-
lés par l'IBA lors du concours, incluant
la restauration de l'espace vers la rue,
et en particulier la dénition urbaine
du rez-de-chaussée. Au nal, le bâti-
ment se compose de 7 étages et
comprend 31 appartements. Il est
repérable par son auvent de toiture
troué et sa façade partiellement en
mur rideau. Le rez-de-chaussée inclut
un poste d'inspection frontalier conçu
sur deux niveaux.
Quelques mois après son inaugura-
tion, tout ce dispositif de contrôle
perd sa raison d’être, pour se trans-
former peu à peu en attraction
touristique de la ville réuniée. Le
rez-de-chaussée ludique et expan-
sif de l’OMA est peu à peu détruit et
transformé, et l’on n’y retrouve bien-
tôt plus qu un fatras de chaines de
restauration rapide qui ne conserve
plus aucun lien avec la composition
originale. D’ailleurs en 1995, lors de
la rédaction de S,M,L,XL, l’architecte
décide de retirer le bâtiment de sa
liste de projet.
Temps et destruction
L'identité de l'œuvre architecturale
tient largement à ce qu'elle est pré-
sumée respecter dèlement le plan
qui la dénit. Pourtant, si « l’architec-
ture est mobile » ( Auguste Perret), sa
mise en forme renvoie, par nature, à
la question très pratique de la des-
truction. La destruction est un pro-
cessus lent qui se développe dans le
temps, et l’obsession de la destruc-
tion reste étonnamment prégnante
dans l’imaginaire des architectes et
des critiques contemporains. Car
souvent un bâtiment, comme à
peu près toutes les réalités sociales,
échappe peu à peu à son concep-
teur : sa physionomie dépend lar-
gement des multiples interventions
qui, tout au long de son histoire,
émanent de diérents acteurs de la
société. Restauré, rénové, recyclé, il
cesse petit à petit d'être lui-même.
75% du bâti a été construit au XXe
siècle. Les constats d’obsolescence
prématurée de l’architecture pro-
duite après 1945 s’amplient et sont
aujourd’hui identiés comme un
problème urbain de premier ordre.
« Revampée » ou même totalement
reconstruite après quelques décen-
nies, l'architecture devient provisoire,
temporaire. Cette compression du
temps de l'évolution est consentie.
La précarité temporelle « structure
» même l'architecture, en y incluant
une potentialité de recréation, d’ac-
tualisation et d’expansion.
Les inadéquations croissantes entre
vitesse d’évolution de nos cultures
et vitesse d’évolution de nos espaces
de vie creusent la tendance à l’ob-
solescence des espaces urbains, à
tel point que les phénomènes d’ob-
solescence architecturale consti-
tuent aujourd’hui une des causes
essentielles du renouvellement
urbain. Les insertions d’éléments
d’architecture contemporaine sur
des bâtiments anciens contribuent
au développement de la ville et
font désormais partie de la praxis
actuelle. Le bâti (pré)existant devient
un projet dynamique, constituant
un genre architectural particulier.
L'obsolescence est fondamentale-
ment l'expression renouvelée d'une
critique du présent, un frottement
contre les conservatismes, et ne
doit pas être un argument supplé-
mentaire pour promoteur. Le rôle
de l’architecte doit plus que jamais
être transversal : sociétal, technolo-
gique et intégratif. Les contraintes
liées au vieillissement de la ville, à
son inadaptation aux exigences et
préoccupations actuelles envers la
nécessité de frugalité de nos modes
de vie pourraient devenir des atouts
pour inventer une ville transformée,
recyclée, repensée pour l'avenir.
Nicolas Houyoux
Buttery bridge, Copenhague (DK) - Architecte: Dietmar Feichtinger
1m0 2,5m 5m
SECTION 1/50
DFA | DIETMAR FEICHTINGER ARCHITECTES - BUTTERFLY BRIDGE
1m0 2,5m 5m
SECTION 1/250
DFA | DIETMAR FEICHTINGER ARCHITECTES - BUTTERFLY BRIDGE
Buttery bridge à Copenhague
«La situation très spécique exige une forme originale pour cette passerelle : Trois tabliers relient les diérentes rives. Fixé sur
une plateforme commune, un tablier est xe et les deux autres sont ouvrants pour faire passer les voiliers. Lorsque les deux
battants sont ouverts simultanément, ils forment un papillon, une belle gure, qui est spectaculaire par ses dimensions»,
explique Dietmar Feichtinger au sujet de la passerelle inaugurée à Copenhague le 15 janvier 2015.
Les ponts sont des lieux qui orent
de nouvelles perspectives sur la ville,
des points de vue spectaculaires sur
l’eau qui permettent de découvrir le
paysage urbain. Les ponts sont des
éléments qui s’inscrivent dans ce
paysage d’une manière naturelle.
Par leurs simplicités, ils forment un
contraste avec le caractère monu-
mental des bâtiments. Les ponts
qui sont destinés aux piétons et aux
cyclistes orent un maximum de
transparence et de légèreté.
Pour cette passerelle à Copenhague,
le lien entre Christianshavns Kanal
et Trangraven est réalisé grâce à
trois travées de pont linéaires, don-
nant la forme d'une étoile au-dessus
de la surface de l'eau. La conception
du pont-canal est adapté pour le
scénario de canal individuel.
Deux tabliers peuvent être ouverts
indépendamment l'un de l'autre.
Lorsque les travées mobiles sont
en place, elles servent de barrières
signiant que le pont fonctionne
toujours vers les îles Plads.
La structure principale de ce pont
métallique est constituée d'une
nappe unique, une poutre en T
continue. L'âme de la poutre, qui
s'étend sur l'ensemble du pont, est
de forme trapézoïdale. Le tablier du
pont se compose d'une construc-
tion en tôle orthogonale anisotrope.
La superstructure mobile est formée
de deux tabliers de ponts individuels.
Un contrepoids pour soutenir le
processus de mouvement n'est pas
prévu. La largeur d'ouverture est de
15m, la longueur du point pivotant à
l’extrémité du clapet est de 23,3m. La
largeur de la section transversale du
pont est de 7,8m et la hauteur de la
coupe transversale varie en haut du
pont de 0,5m à 1,7m à la jonction du
cylindre avec la superstructure.
La poutre longitudinale s'élargit
depuis l'axe de rotation à partir de
40cm vers le haut pour atteindre
la hauteur structurelle eective de
1,7m au-dessus du point du vérin
hydraulique de xation. En direction
de la pointe du clapet, la hauteur
de construction diminue à nouveau
pour passer à la section standard.
Le point d'ancrage du vérin hydrau-
lique est d'environ 5m à partir de
l'axe de rotation. Ce dernier, ainsi
que son support, font partie du
socle central. Les vérins hydrau-
liques sont stockés sur le bouchon
de pile du palier central. Lorsqu'il est
fermé, la pointe du clapet repose sur
le pont opposé côté quai.
Le système structurel des clapets de
pont correspond à l'état fermé d'une
poutre à travée unique avec une
structure de soutien qui est rete-
nue sur un côté (côté plateforme) et
épinglée et soutenue de l'autre côté
(rampe au rivage). A l'état ouvert, le
clapet du pont correspond à un can-
tilever serré. Les épaisseurs de tôle
sont évaluées selon les besoins de
la structure.
Le pont est soutenu par des roule-
ments en élastomère et est amené
dans la position correcte par un
élément de centrage au coeur du
processus de déplacement. Lors de
la fermeture du pont, deux amortis-
seurs Oleo sont prévus, en sus des
roulements en élastomère. Les rou-
lements en élastomère, l'élément
de centrage et les amortisseurs sont
montés sur un cantilever, au niveau
de la partie xe de la passerelle.
L'ensemble de la liaison terrestre
est une structure très légère et
amovible, de sorte que, en cas
d'une remise en état des murs de
soutènement existants et d'un élar-
gissement de la route sur la digue
à côté de la culée nord, la rampe
pourra être facilement retirée et
modiée.
Les ponts sont des éléments
qui sinscrivent dans le paysage
d’une manière naturelle.
Centre de Documentation et d’Information (MA) - Architecte: Myriam Soussan-Laurent Moulin - Photos: Nicolas Houyoux
Centre de Documentation et d'Information
Cest le cabinet d’architecture Myriam Soussan-Laurent Moulin qui a réalisé ce projet bioclimatique, innovant au Maroc,
permettant d’orir un confort thermique sans recourir à des installations de climatisation ou de chauage
La particularité du site en surplomb
par rapport à la cour, le talus et la
pente existante ainsi que la volonté
du maitre d’ouvrage d’avoir un bâti-
ment bioclimatique ont poussé les
architectes à opter pour une archi-
tecture semi-enterrée et furtive.
C’est une approche minimaliste et
presque land-art qui répond à un
foisonnement volumétrique envi-
ronnant et un style caractéristique
du bâti existant. L’idée étant de libé-
rer des perspectives et de provo-
quer la confrontation entre paysage
et architecture.
L’approche bioclimatique est ici
globale ; ayant déterminé le choix
d’une architecture enterrée, cette
solution ore un rapport coûts/
performances extrêmement favo-
rable, sans prouesses techniques.
Des matériaux locaux disponibles
localement ont été choisis, mis en
œuvre selon des techniques de
construction usuelles au Maroc.
Cette dimension a été fondamentale
pour jeter les bases d’une approche
bioclimatique qui saurait se sure
du niveau de technicité existant,
pour créer un projet pertinent du
point de vue du confort thermique.
Le choix des murs Trombe et des
verrières à volets pivotants va dans
ce sens, car il s’agit de procédés de
« moyenne technologie », parfai-
tement réalisables localement, de
coût modéré, et surtout d’entretien
facile.
L’isolant utilisé est le liège noir
expansé, imputrescible, insensible
à l’eau et aux attaques des insectes
et des champignons, produit locale-
ment. Le choix d’une toiture plantée
en couche mince (15 cm de terre)
pour une végétalisation exten-
sive type sébums, plantes grasses
ou graminées, participe de cette
approche très réaliste et de faible
coût.
Au-delà de l’intérêt bioclimatique
de cette solution, l’embellissement
de la 5ème façade nest pas son
moindre avantage, surtout dans ce
cas, la toiture étant continuellement
visible depuis les étages des salles
de cours du bâtiment principal en
R+2 et depuis le bâtiment de la salle
des professeurs.
Des matériaux disponibles
localement ont été choisis
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