des règles de bon sens qui consistent à éviter d’installer
des parois vitrées au sud, ou des auvents en prise directe
avec le mistral. En ce qui concerne l’eau, il ne s’agit pas,
ici, de faire une économie substantielle, même si c’est
le cas, mais d’être attentifs à la gestion de ce territoire
soumis à certains excès climatiques.
Pourquoi la porte d’entrée est-elle si majestueuse ?
L.D. : La porte d’entrée est imposante afin de marquer la
présence du premier établissement public dans ce mor-
ceau de ville en devenir ; il était donc impératif de lui
donner un fronton lisible et repérable tel un signal. Cette
volonté n’est pas étrangère au fait que les seuls bâti-
ments visibles depuis l’autoroute sont ceux du complexe
Odysseum et des entrepôts Ikea, autrement dit, il nous
fallait trouver une autre échelle d’intervention.
Le fronton est d’un blanc immaculé, quelle en est la
raison ?
N.C. : Montpellier est une ville du Moyen-Âge dont les
hôtels particuliers ont été construits dans des blocs
de pierre blanche, ce matériau spécifique présent
depuis l’époque romaine en Languedoc-Roussillon (la
Narbonnaise) et sa couleur appartiennent au patrimoine
architectural du Sud. Ce contexte pris en compte, notre
parti pris de travailler avec un béton autoplaçant à l’as-
pect de marbre poli devait trouver sa légitimité. Nous
avions vérifié la pertinence de ce choix en le testant sur
un gymnase construit à Nîmes en 2002 que nous avions
traité en panneaux de béton poli. Cette première expé-
rience étant concluante, nous avons poursuivi avec la
construction du lycée lui-même, en décidant de couler
les panneaux sur place. C’est un point sur lequel nous
ne voulions pas lâcher. La réalisation du portique s’est
avérée assez complexe mais nous avons eu la chance
d’opérer avec l’entreprise Dumez/Eiffage qui a relevé ce
défi en apportant des solutions techniques innovantes,
notamment des poutres inspirées des ouvrages d’art, et
des calepinages très précis afin de couler le béton en
pente, pour concevoir des voiles de 12 mètres de hauteur
et le dévers en porte-à-faux sur 8 mètres, lesquels ont
été réalisés en une seule fois afin d’éviter la différence
de texture et de couleur. Ce fut de l’expérimentation pure,
mais quelle satisfaction !
Les délais qui vous ont été accordés ne vous ont-ils pas
mis une pression constante ?
L.D. : En effet, il s’est passé trois ans pour boucler les étu-
des et le chantier, ce qui est peu pour réaliser un lycée de
29 000 m² composé de sept bâtiments. Par conséquent,
aucun frein ne devait ralentir le déroulement des travaux.
La Région, maître d’ouvrage, avait choisi de traiter en
entreprise générale pour se prémunir de l’éventuelle
défaillance qui peut exister dans les marchés en corps
d’état séparés ; de fait, ce choix implique de bons rap-
ports humains, sinon personne n’arrive au bout en temps
et en heure. La confiance fut acquise à partir du moment
où la constructibilité était réglée. Certes, notre conduite
du chantier a beaucoup compté dans l’exécution des tra-
vaux, car c’était la première fois que l’entreprise mettait
en place ce béton autoplaçant. Ce moment-là s’est révélé
un élément important de cohésion sur le chantier.
Le patio semble avoir gouverné le dispositif spatial. Est-ce
lui qui a conditionné votre réflexion ?
N.C. : Ce n’est pas un patio, mais un espace formel ins-
piré du cloître. L’élément déterminant qui a participé à
cette écriture spatiale tient au mail existant très ordon-
nancé. Cette collection d’arbres en alignement, non seu-
lement nous l’avons gardée mais nous l’avons magnifiée,
et, à partir de là, nous « tenions » une articulation entre
les deux grands bâtiments principaux qui se font face. De
fait, le vide occasionné se trouve dans le prolongement
du portique de manière à ce que l’on arrive dans le lycée
par ce jardin offert comme une promenade. Il est dessiné
en creux et à son extrémité un plan en croix distribue,