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La science du théâtre
Christel Larrouy et Yohan Bret nous enseignent l'histoire de la science avec
un réalisme surprenant. Pour les culturophiles et les culturophobes, la surprise est la
même : du grand théâtre, comme on le voit si rarement de nos jours.
La scène se déroule à Paris dans les années 1890. Marie, une étudiante polonaise,
vient finir ses études de science en France et rencontre un scientifique, Pierre, avec
qui elle se marie. Ensemble, ils vont tenter de découvrir l'élément qui dégage la
radioactivité. Cependant la concurrence est rude, et d'autres chimistes travaillent sur
le même projet. Toutefois, les Curie peuvent compter sur l'aide de Bémont (joué par
Dorian Robine), un collègue de Pierre, et sur Petit, un garçon de laboratoire (joué
par Jacob Chetrit). Malgré ces soutiens, ils vont devoir faire face au manque
d'argent, au manque de place dans leur grange qui leur sert de laboratoire et au
manque de soutien du directeur de la faculté, Charles Lauth (joué par Gilles
Lacoste).
Le jeu des comédiens est très satisfaisant, en particulier celui de Christel Larrouy,
alias Marie Curie, qui vit pleinement son personnage et fait apparaître chez les spectateurs la question : «
n'est-ce pas vraiment elle ? ». Christel Larrouy, également auteur de cette pièce, donne vraiment le meilleur
d'elle-même et transmet beaucoup d'émotions aux spectateurs grâce à son personnage.
Le décor est lui aussi d'un réalisme impressionnant. Il replace parfaitement cette pièce dans son époque et
indique le manque de moyens et la difficulté qu'ont dû avoir les Curie pour arriver à leur découverte si
étonnante soit-elle. Les costumes sont aussi d'époque et aident le jeu des comédiens à être plus convaincants
qu'ils ne l'étaient déjà.
De surcroît, la pièce joue entre le théâtre et le cinéma car un double fond a été réalisé en images avec brio
par Romain Gaboriaud. Ainsi, nous pouvons voir arriver un personnage en image et devenir en un clin d'ceil
un personnage réel. Une idée aussi exceptionnelle qu'originale. Ces images servent aussi à voir le futur des
personnages (qui , pour nous, est le passé) avec des images d'archives très bien conservées et éclairantes
pour la suite de l'histoire.
Malgré l'acoustique malheureusement défectueuse au théâtre de Cambrai où l'on peut voir jouer cette pièce
étonnante, le texte est clair et audible grâce aux merveilleux comédiens qui composent la troupe du théâtre
de l'Extensible de Toulouse. Une troupe de comédiens très talentueux dont nous
suivrons sans aucun doute les prochains chefs-d'œuvre attendus avec impatience.
Cette pièce est exceptionnelle, mélangeant l'histoire, le cinéma, la chimie et le
théâtre. Une perle rare à voir.
Alexandre Duchemin
« Les Lueurs de la rue Cuvier », Yohan Bret, le 22 novembre 2011, Théâtre de Cambrai
Les lueurs de la rue Cuvier,
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Les lueurs de la rue Cuvier, on s'y croirait !
on s'y croirait !on s'y croirait !
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