Troubles sexuels chez les patients atteints de sclérose en plaques : à propos d’une population tunisienne Poster N°: 168 Alila Samar, Ghroubi Sameh ,Elleuch Mohamed Habib Service de médecine physique, rééducation et réadaptation fonctionnelle, CHU Habib Bourguiba, rue Majida Boulila, 3029 Sfax, Tunisie Unité de recherche de l’évaluation des pathologies de l’appareil locomoteur UR12ES18, université de Sfax, route de l’Aéroport 0,5 km, BP 1169, 3029 Sfax, Tunisie Introduction : Bien que les troubles génito-sexuels des patients atteints de sclérose en plaques soient d’une grande fréquence et qu’ils majorent le handicap déjà souvent important de la sclérose en plaques, ils ne sont pas souvent abordés dans la pratique courante aussi bien par le médecin que par le malade lui-même. L’objectif de notre travail est d’étudier les dysfonctions sexuelles (DS) chez les patients atteints de sclérose en plaques (SEP). Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude prospective concernant 49 patients atteints de sclérose en plaques interrogés sur leur vie sexuelle. Outre l’interrogatoire, nous avons utilisé 2 échelles de mesure de la fonction sexuelle : International Index of Erectile Function (IIEF15) chez les hommes et Female Sexual Function Index (FSFI) chez la femme. D’autres informations étaient collectées concernant la durée d’évolution de la sclérose en plaques, le degré du handicap, le retentissement sur la vie du couple et la qualité de vie. Résultats : La fréquence des dysfonctions sexuelles était de 46,9 % avec 70 % pour les hommes et 34 % pour les femmes. Chez l’homme, le symptôme le plus rencontré était un trouble de l’érection. Les femmes avaient surtout une diminution d’orgasme et une baisse de la libido (figure 1 et 2). La sclérose en plaques en elle-même a retenti sur tous les items de la SF-36 mais nous n’avons noté aucune corrélation entre les dysfonctions sexuelles et la qualité de vie. Nous n’avons pas trouvé un retentissement important sur la vie du couple. Nous avons noté une association entre la fréquence des dysfonctions sexuelles et le mariage. Aucune relation n’a pu être établie entre l’incidence des dysfonctions sexuelles et la sévérité du handicap, l’âge, le faible niveau d’éducation ou la durée d’évolution de la sclérose en plaques. Nous n’avons noté aucune corrélation significative entre la présence d’un trouble sexuel et l’existence d’un trouble vésico-sphinctérien ou ano rectal particulier. Les troubles vésico-sphinctériens chez nos patients n’étaient pas gênant dans leur vie sexuelle. Discussion: La fréquence de ces troubles dans notre étude (46,9 % avec 70 % pour les hommes et 34 % pour les femmes) était parmi les fréquences les plus basses de la littérature (1) : Ceci peut être aussi expliqué par le fait que dans notre société, les rapports sexuels ne sont permis que dans le cadre du mariage. Le symptôme le plus fréquemment rencontré est un trouble de l’érection et c’est le cas de notre étude. Cette symptomatologie peut aller d’une perte épisodique de la qualité et du maintien de l’érection jusqu’à l’existence d’une impuissance totale (2). Chez les femmes atteintes de SEP, les plaintes sexuelles les plus fréquemment observées sont une diminution, voire une perte de la libido et/ou de l’orgasme, une diminution de la lubrification vaginale, des troubles de la sensibilité vaginale ou de la région 14,04 15 10 5 2,73 2,3 2,7 1,28 2,08 3,02 0 Fig 1: Différents items du score FSFI chez les femmes avec dysfonction sexuelle 14 12 10 8 6 4 2 0 11,8 6 Fonction Fonction érectile orgasmique 6,2 Désir sexuel 7,6 4 Satisfaction Satisfaction des totale rapports Fig 2: Différents items du score IIEF15 chez les femmes avec dysfonction sexuelle génitale (diminution de la sensibilité, paresthésies ou dysesthésies locales) et une dyspareunie (2). Différentes études consacrées aux troubles sexuels au cours de la SEP n’ont pas permis d’établir une relation précise entre l’incidence des dysfonctions sexuelles, la sévérité du handicap, l’âge des patients et la durée d’évolution de la SEP (3) . Notre étude, outre ces résultats, a abouti à l’absence de corrélation entre les dysfonctions sexuelles et l’existence de syndrome pyramidal ou cérébelleux ce qui est concordant avec quelques résultats de la littérature. Nous avons pu conclure qu’il n’y avait pas de corrélation significative entre la présence d’un trouble sexuel et l’existence d’un trouble vésico-sphinctérien ou ano-rectal particulier. Cependant, nous n’avons pas pu étudier la corrélation entre ces troubles sexuels et les troubles vésicosphinctériens du fait que notre échantillon était constitué de patients dont le motif de consultation était les TVS. Cette corrélation était établie par les différentes études (1). CONCLUSION: La sclérose en plaques associe une multitude de désordres que les patients s’acharnent à prendre en charge. Cependant, ils ne parlent pas des dysfonctions sexuelles. Notre culture caractéristique était à l’origine de plusieurs différences entre notre travail et la littérature. D’autre part, ce problème de troubles sexuels demeure énorme puisque la formation de soignants est insuffisante et les réseaux de soins en sexologie sont quasi-inexistants pour les handicapés. 1.Sevène A, Akrour B, Galimard-Maisonneuve E, Kutneh M, Royer P, Sevène M. Sclérose en plaques et sexualité : un modèle complexe. J Sexol 2009;18:128—33. 2.. Scheiber-Nogueira MC. Les troubles sexuels dans la sclérose en plaques. la lettre du neurologue 2003;7:265—8. 3. La Croix P, Amarenco G. Les troubles vésico-sphinctériens et génitosexuels de la sclérose en plaque : troubles sexuels de l’homme atteint de sclérose en plaques. Paris: Elsevier; 1999. p. 115—26.