ambiance indéterminée, chaque acteur, chaque catégorie d’acteurs de soins doit
consolider sa place, la justifier.
Dans ce contexte de compétition, un outil de gestion acquiert une place de plus en
plus prépondérante investissant de plus en plus le monde de la santé devenu peu ou
prou un secteur marchand comme un autre, je veux parler du marketing, de la
publicité autrefois appelée la réclame. Ainsi, l’industrie pharmaceutique parle de
produits éthiques et non éthiques, ce qui laisse à penser que ces derniers seraient
moins recommandables. Je ne sais pas quels sont les critères pour définir un produit
éthique. En fait, il s’agit d’une façon publicitaire de parler du médicament. Le para
médical devient ainsi « non-éthique » ! Ainsi, pour l’hôpital le comité d’éthique,
l’espace éthique pourraient jouer ce rôle de valorisation de l’image de marque de
l’hôpital apportant une assurance de sérieux, de probité, de professionnalisme. Le très
bref rappel historique du comité d’éthique fait en introduction laisserait penser que
nous sommes dans du marketing pur et dur. Comme toujours, je pense que la réalité
est beaucoup plus sérieuse, plus diverse et complexe car c’est avant tout une histoire
d’hommes, une histoire totalement incarnée, basée pour une large part sur le
volontariat.
Aujourd’hui, nous pouvons rencontrer de façon schématique deux types de structures
travaillant sur l’éthique au sein de l’hôpital universitaire français: le CCPPRB
(Comité Consultatif pour la Protection des Personnes en Recherche Biologique) et
l’espace ou comité d’éthique. Tous les CHU n’ont pas de telles structures par exemple
mon hôpital de plus de 800 lits n’en est pas pourvu. A l’inverse, Saint Louis, hôpital
internationalement connu pour son activité de spécialité a un CCPRB justifié par une
grosse activité de recherche et accueille l’Espace éthique de l’AP-HP qui a une
importante production intellectuelle et universitaire avec une implication certaine
dans les débats législatifs de bioéthique.
Le CCPRB a donc une fonction pratique immédiate, parfaitement comprise par tout le
monde, il valide les protocoles de recherche. Il donne son imprimatur éthique, sésame
pour que le protocole puisse avoir une vie. Cette activité est planifiable,
économiquement justifiée.
Le Comité d’Ethique hospitalier avait initialement dans l’esprit de ses premiers
animateurs pour fonction d’aider les équipes de soignants à prendre des décisions
devant bénéficier à tel ou tel patient, Le bénévolat restant la pierre d’angle de cet
engagement de la part des participants, certains hôpitaux universitaires ou non comme
celui de Béziers ont pu malgré tout préserver cette activité hautement symbolique.
Malgré la persistance de quelques bastions, nous pouvons dire que globalement cette
fonction très opérationnelle a fait long feu, faute de disponibilité, de membres actifs
suffisamment motivés et formés. Ainsi, la dénomination de comité se vide peu à peu
de son sens.
Et nous glissons du Comité vers l’Espace Ethique qui a une vocation intellectuelle
devant dispenser une formation, organiser des débats, produire des articles. Cette
vocation quand elle est réellement accomplie sur la durée peut générer une dynamique
de groupe positive, mais là aussi très personne dépendante. Exemple : Hôpital Necker,
club de rencontre. A contrario, le Centre d’Ethique Clinique de l’Hôpital Cochin, le
seul créé par la volonté du Ministère de la Santé, garde une activité conforme à sa
mission avec du personnel rémunéré et des bénévoles, produisant un travail de qualité,
largement diffusé et reconnu.