
WT/TPR/G/341 • Tunisie
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importants pour combattre les menaces terroristes et garantir la sécurité intérieure, considérée
comme priorité majeure malgré les défis budgétaires significatifs.
2.5. Sur le plan interne, la Tunisie connait une nouvelle phase de son histoire contemporaine
caractérisée par une transformation qualitative de son économie imprimant sa trajectoire de
développement en réponse aux revendications de la révolution de la liberté et de la dignité qui a
traduit clairement la volonté de son peuple de rompre avec le passé caractérisé par l'exclusion, et
la magnitude des phénomènes de corruption, de la tyrannie de la discrimination et de la
marginalisation.
2.6. Depuis l’année 2011, le processus de la révolution a marqué le passage à un ordre politique
démocratique fondé sur le respect des droits de l'Homme et a permis de dégager un nouveau
projet sociétal pour la Tunisie qui repose sur un nouveau système de valeurs, la mise en place de
la bonne gouvernance, la réalisation de la prospérité économique et l’enracinement de la justice
sociale.
2.7. La dynamique du contexte économique dans lequel la Tunisie a évolué depuis 2011 dépasse
l’abstraite conception économique et fait ressortir des aspects sociologiques et politico-économique
particuliers qui ont constitué des facteurs de contraintes ayant entravé la durabilité et la rentabilité
des investissements et de la croissance. Les tensions sociales illustrées par les grèves, les
inégalités régionales et le chômage des jeunes ont accentué les défis et ont induit à un
fléchissement de l’activité économique.
2.8. Malgré ce contexte difficile, et les défis qui persistent, la Tunisie a fait preuve d'une grande
résilience et est parvenue à maintenir les grands équilibres macro-économiques.
2.9. De même, ces conditions exceptionnelles ont favorisé l’adoption de nouvelles approches de
dialogue, de gestion de conflits, et de méthodes capables de répondre aux exigences économiques
et sociales impliquant fortement la société civile. En effet, le dialogue national entrepris entre les
partis politiques, les syndicats (UGTT, UTICA) et la société civile a fait émergé en 2013 un
compromis salué par le monde entier et a été couronné par le prix Nobel de la paix en 2015 tant il
a permis d’apaiser la situation politique que traversait le pays.
2.10. Ce succès historique a jeté les bases de la stabilisation de l’environnement politique interne,
et la réussite du processus de transition politique a été baptisée par la promulgation d’une
nouvelle constitution, qui fonde un système démocratique républicain et pluraliste ainsi qu’un Etat
civil régi par la loi et la souveraineté du peuple.
2.11. Ceci a permis l’élection du Président de la République et des membres de l’Assemblée des
Représentants du Peuple pour un mandat de 5 ans et l’investiture d’un gouvernement de coalition,
bénéficiant d’un large consensus pour la mise en place des institutions constitutionnelles.
2.12. Ainsi, la réussite de la transition politique a permis au pays de créer un environnement
propice à l’activité et à la croissance économiques ouvrant la voie de la réussite de la transition
économique et sociale et d’un sentier de développement durable à travers la mise en place des
grandes réformes.
3 NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT
3.1 L’économie tunisienne avant 2011: croissance à potentiel appréciable mais non
inclusive
3.1. L’économie tunisienne a pu croitre à un rythme appréciable pendant les deux dernières
décennies. La crise économique et financière du milieu des années 1980 avait conduit à l’adoption
du plan d’ajustement structurel qui s’est traduit par des réformes de libéralisation et de
privatisation. La croissance a atteint le niveau de 5.2% durant la période 1990-2010 avec un taux
de croissance moyen de 4,5% pendant la période 1984-2010. Cependant, C’est au niveau de la
qualité de la croissance que les limites du modèle économique tunisien ont été décelées faisant
valoir les faiblesses inhérentes du modèle de développement du pays : de nombreuses fragilités
ont caractérisé la croissance conduisant à son incapacité à parvenir à une répartition équitable des
richesses entre les régions, et sa mise à profit pour toutes les catégories sociales et son inaptitude