8 I ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE Réseau santé bruxellois: 2015, l’année des MG Depuis 2005, l’asbl de télématique médicale Abrumet fédère les sphères hospitalière et généraliste de la capitale derrière un projet clair: intensifier le partage informatique de données patients. Elle rassemble tous les hôpitaux (privés, publics et universitaires), la FAMGB et le cercle néerlandophone BHAK. Leurs efforts conjugués ont conduit au développement du «Réseau santé bruxellois» (RSB). Le pari d’Abrumet pour 2015: faire flamber le nombre de MG inscrits. On dénombre à ce jour +/- 1.400 médecins 001009 à être inscrits au RSB, bruxellois mais aussi flamands et wallons (*). L e RSB a la même philosophie que son pendant wallon (lire ci-contre). Via un système informatique sécurisé, un médecin uni à un patient par un lien thérapeutique – un médecin traitant, par exemple – peut appeler à l’écran un répertoire de liens conduisant aux documents publiés par d’autres professionnels soignant ledit patient et les consulter. Le Réseau santé bruxellois fait partie du projet fédéral hub-métahub. Les médecins peuvent donc visualiser tous les documents émis aussi bien au Nord qu’au Sud du pays. Evidemment, pour que ce Réseau ne tourne pas à vide, il faut que s’y inscrivent des patients et des praticiens. A l’heure qu’il est, environ 150.000 patients sont inscrits au RSB, une inscription qui s’est opérée dans l’immense majorité des cas en milieu hospitalier. «2014 aura été ‘l’année des hôpitaux’», conforte Cécile Rochus, responsable communication chez Abrumet. «Elle a été marquée par la connexion des 12 établissements bruxellois au RSB. Onze d’entre eux déjà publient des documents» [rapports de consultation, d’hospitalisation, résultats d’examens, d’imageries… ndlr] (voir le top 5 ci-contre). MS9452F Interface unique Prochaines étapes du déploiement? «2015 sera ‘l’année des MG’.» Selon Cécile Rochus, la plus-value du RSB pour ces derniers est plurielle. «Le médecin traitant qui s’inscrit dispose tout d’abord d’une vue globale sur l’historique santé de ses patients. Tout peut se passer via son DMI. Celui qui travaille avec plusieurs hôpitaux ayant chacun ses procédures appréciera d’avoir une seule interface. Cet aspect ‘porte d’entrée unique’ évite de devoir se loguer sur les Medi-sphere 472 ❚ 18 mars 2015 différents serveurs des différents établissements.» Le DMI n’est pas le seul sésame d’accès. «En consultation, à leur cabinet, les généralistes utiliseront plutôt le DMI, c’est vrai. Mais ils peuvent aussi accéder aux données de leur patient via l’application disponible sur le site du RSB [www.reseausantebruxellois.be > Espace professionnel, ndlr]. C’est donc un outil mobile qu’ils peuvent exploiter en visite, s’ils ont un portable, une connexion internet et un lecteur de carte d’identité électronique.» Autres avantages du système: un gain de temps pour avoir connaissance, par exemple, de résultats d’imagerie ou d’analyses de labo, et aussi, souligne Cécile Rochus, la promesse d’une meilleure communication entre les lignes. «Avec le Réseau, les échanges des MG avec les autres acteurs des soins peuvent passer à la vitesse supérieure. Je pense que les médecins traitants ne peuvent qu’être sensibles à cette progression, qui contribue à une médecine collaborative. L’interdisciplinarité prend tout son sens dans la gestion des pathologies chroniques, par exemple.» Un médecin de famille peut du reste ne pas faire que consulter, mais aussi produire du contenu pour ses confrères, en déposant des sumehrs. Encore un détail: intégrer le RSB est gratuit. Il est difficile de s’inscrire en faux, sur le plan théorique, contre les avantages ci-dessus. En revanche, sur le plan purement pratique, la diversité des installations informatiques des MG et de leurs logiciels médicaux peut freiner le mouvement, notamment au stade de l’installation du certificat eHealth, préalable fastidieux pour pénétrer l’univers de la médecine en ligne (il n’y a encore parmi les MG de Bruxelles qu’un demi-millier de certificats eHealth – lire page suivante). Quelques chiffres tout frais S’inscrire et amener des patients Le RSB, c’est, en mars 2015: Ce prérequis rempli, le MG intéressé par les fonctionnalités du RSB devra s’y inscrire via www.reseausantebruxellois.be, ce qui implique de sortir son e-ID et de se souvenir du code PIN. Pour le reste, Abrumet a mis en ligne des explications qui guident le visiteur pas à pas, à renfort de captures d’écran. L’inscription vaut acceptation de son règlement. • «Ensuite, le médecin doit se choisir un ‘garant’, soit un confrère qui peut témoigner qu’il pratique bien dans le cadre de la continuité des soins. Cette finalité est très importante. Le Réseau n’est pas destiné aux médecins conseils, par exemple, ni à ceux qui exercent en médecine judiciaire, d’assurance ou du travail. Pour tous les généralistes relevant de FAMGB, c’est bien simple, le garant est le Dr Lawrence Cuvelier [du CA de la FAMGB, ndlr] (**). Il valide l’inscription très rapidement.» • Le MG inscrit a le choix de se connecter au RSB via l’application du site (avec e-ID, PIN et lecteur ad hoc) ou via son DMI. «Attention de bien veiller à ce que ce soit la dernière version, avec les fonctionnalités les plus récentes, et à avoir installé avec succès le certificat eHealth.» Il peut commencer à répandre la bonne parole du partage informatique auprès de ses patients et les inscrire, en consultation, via son DMI (leur e-ID est requise mais pas leur code PIN) – ou encore les renvoyer sur le site du RSB pour une inscription online. ❚ • • • 150.255 patients belges inscrits (contre 81.772 en mars 2014) 6.072 médecins belges (et pas exclusivement bruxellois) inscrits, dont 1.411 MG 2.216 sumehrs publiés (avec 1.462 patients différents à avoir au moins un sumehr publié) 312.511 documents publiés par les hôpitaux - Avec comme «top 5» parmi ceux-ci: UZ Brussel (132.106 documents publiés); SaintJean (59.324); Saint-Luc (39.969); Iris Sud (33.718); Chirec (27.329). - Toujours en mars 2015, c’est ce dernier qui a le plus consulté les documents publiés. En moyenne, 74 patients par mois se connectent au portail web J.M. (*) Vu la dimension fédérale du projet d’interconnexion des dossiers, un MG inscrit au Réseau santé wallon a aussi, via son DMI, accès aux documents publiés par les hôpitaux du reste du pays, Bruxelles compris. (**) Les MG du «rand» (la périphérie bruxelloise) qui travaillent régulièrement avec les hôpitaux de la capitale peuvent prendre contact avec Cécile Rochus pour la détermination de leur garant ([email protected]). www.medi-sphere.be I9 «Le Réseau santé wallon sauve des vies» Le Réseau santé wallon (RSW) lance une grande campagne de recrutement de patients en terre liégeoise. Une initiative locale qui pourrait – si l’initiative porte ses fruits – être étendue à d’autres parties de la Wallonie. L’objectif est d’augmenter significativement le nombre de patients inscrits au RSW. Il s’élève actuellement à 8%. MS9452BF D epuis 2006, le RSW ne cesse d’évoluer. Après une longue période de conception et de production, le réseau entre dans la phase de recrutement des utilisateurs. «Du côté du corps médical, 61% des médecins wallons sont actifs sur le réseau», souligne Philippe Olivier, président de la Fratem (l’asbl qui développe et gère le RSW) et de l’Association liégeoise de télématique médicale (Altem). «La plupart des hôpitaux généraux wallons publient des documents sur le RSW. Actuellement, 9 millions de documents sont indexés. Ce qui représente, si on ne compte qu’une page par document, une pile d’un kilomètre de haut», s’enthousiasme Philippe Olivier. «280.000 patients wallons sont inscrits. Tous les indicateurs montrent une croissance exponentielle». Reste néanmoins à convaincre 92% de la population wallonne de s’inscrire. L’Altem mène pour l’instant (du 16 au 27 mars) une quinzaine de sensibilisation. Dans 17 sites hospitaliers, un kiosque RSW a été aménagé dans le hall d’entrée. Des hôtesses, spécialement formées, proposent aux usagers des hôpitaux de Liège-Huy-Waremme de s’inscrire au RSW. Des vidéos vont être diffusées (consultables sur notre site internet). Pour rappel, cette inscription gratuite peut se faire via un service administratif de l’hôpital ou celui de la Fratem, un médecin généraliste ou directement sur le site internet du réseau (www.rsw.be). Il revient au patient de donner volontairement son consentement pour que les prestataires de soins, qui ont une relation thérapeutique avec lui, puissent consulter les documents (protocoles, résultats de laboratoire et d’imagerie…) qui le concernent. «Nous préférons un système “opt-in” dans lequel le patient doit donner son consentement à un système (opt-out) qui se passe du consentement du patient sauf s’il refuse officiellement l’accès», ajoute le Dr Olivier. «Lorsque le consentement est recueilli, il l’est pour l’ensemble du pays.» Ainsi, par exemple, un médecin qui exerce à Ostende peut consulter via un meta-hub (lire ci-contre) le RSW sans devoir redemander le consentement du patient wallon dont il s’occupe durant son séjour à la mer du Nord. 712.794 accords Au 1er mars, la plateforme e-health avait déjà recueilli l’accord de 712.794 ci- toyens favorables au partage d’un résumé de leur dossier médical (le sumerh). La ministre de la Santé publique et des Affaires sociales va bientôt lancer une grande campagne de sensibilisation auprès des patients pour les pousser à donner leur consentement au partage de leurs données médicales entre prestataires de soins. Il va de soi que les accès aux documents médicaux sont interdits en dehors du contexte de soins. «Le patient reste maître du jeu», souligne le Dr Olivier. «Il peut limiter l’accès des documents aux médecins de son choix. Il a le droit de savoir qui les a consultés. Il peut se désinscrire à tout moment. Il a accès aux documents qui le concernent et peut en filtrer l’accès.» Précisons que pour l’instant, l’accès se limite à la note que le médecin titulaire du DMG peut rédiger dans le dossier disponible sur le RSW et aux notes du patient lui-même. Le patient ne peut actuellement pas consulter les protocoles et résultats. Il peut juste voir quand ils ont été envoyés à son médecin traitant. Cette limitation réduit évidemment l’intérêt pour le patient de pouvoir accéder en ligne à son dossier. Comme l’a souligné durant la conférence de presse le Dr Jacques Strea, médecin généraliste, l’accès aux données est contrôlé par le médecin généraliste. Il vaut en effet mieux présenter les résultats d’analyses ou d’examens importants lors d’une consultation que de les mettre en consultation «libre» pour le patient. Un réseau salutaire Les promoteurs du RSW estiment que ce réseau, qui programme encore des développements majeurs, va dans les prochaines années devenir une sorte de pierre angulaire du système de santé wallon. «Dans quelques années, on dira qu’il y a eu un “avant” et un “après” RSW», commente le Dr Olivier. Le RSW est soutenu par le gouvernement wallon et devrait bientôt recevoir un financement structurel de la Wallonie (jusqu’ici, son développement été rendu possible grâce aux asbl de télématique, aux hôpitaux et au bénévolat). Outre l’interconnexion des prestataires de soins autour du patient, le réseau permet aussi de réaliser des économies en évitant de répéter inutilement des examens. «Le Réseau santé wallon sauve des vies», ajoute encore Philippe Olivier. «Nous avons de nombreux exemples de son utilité. Suite à une opération délicate, un médecin avait indiqué dans le dossier du patient que s’il y avait une complication il fallait poser un acte bien précis. Quelque temps après, ce patient s’est retrouvé aux urgences d’un autre hôpital. Il a pu signaler à l’urgentiste que son chirurgien avait mis une note dans son dossier. L’urgentiste a pu intervenir à temps.» ❚ Vincent Claes Quasi 9.000 certificats eHealth chez les MG MS9452CF Quand un médecin veut accéder à certains services de base de la plateforme eHealth ou à des services à valeur ajoutée y recourant, en utilisant une connexion de système à système, il doit disposer d’un certificat eHealth. Celui-ci permet d’identifier le partenaire «système», tandis que l’eID authentifie l’usager. Installer ce certificat est un prérequis pour employer son eHealthBox, par exemple, ou Recip-e, mais aussi www.medi-sphere.be entrer dans les Réseaux santé wallon et bruxellois. eHealth dénombre actuellement 8.952 certificats eHealth actifs pour les MG, dont 7.033 en Région flamande, 1.394 en Région wallonne et 525 à Bruxelles. La plateforme sait que l’étape du certificat est jugée difficile par le terrain, mais il n’est pas dans ses missions de faire de l’installation, individuellement, auprès des MG utilisateurs de l’un ou l’autre DMI. L’écart nord-sud pourrait tenir à la guerre commerciale en sol flamand entre MediBridge et HealthConnect, firmes proposant des solutions de messagerie aux hôpitaux, la seconde ayant eu pour stratégie de coupler à son logiciel pour généralistes Hector une aide active pour installer le certificat. L’Inami, pour sa part, attribue le différentiel à la mise en place au nord d’un accompagnement des MG pour le démarrage de la connexion à la plateforme eHealth, par «www.een- lijn.be», projet pro-TIC soutenu par le gouvernement flamand. L’Inami annonce qu’il soutiendra financièrement la promotion des projets liés la feuille de route 2013-2018 en général et de l’utilisation des certificats eHealth en particulier. Des formations ou un soutien individuel sont envisagés, un cahier des charges se prépare. ❚ J.M. Medi-Shere 472 ❚ 18 mars 2015