Réseau santé bruxellois: 2015, l`année des MG

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Medi-sphere 472 18 mars 2015 www.medi-sphere.be
Le RSB a la même philosophie
que son pendant wallon (lire
ci-contre). Via un système infor-
matique sécurisé, un médecin uni à un
patient par un lien thérapeutique – un
médecin traitant, par exemple – peut
appeler à l’écran un répertoire de liens
conduisant aux documents publiés par
d’autres professionnels soignant ledit
patient et les consulter. Le Réseau san-
té bruxellois fait partie du projet fédéral
hub-métahub. Les médecins peuvent
donc visualiser tous les documents émis
aussi bien au Nord qu’au Sud du pays.
Evidemment, pour que ce Réseau ne
tourne pas à vide, il faut que s’y in scrivent
des patients et des praticiens. A l’heure
qu’il est, environ 150.000 patients sont
inscrits au RSB, une inscription qui s’est
opérée dans l’immense majorité des
cas en milieu hospitalier. «2014 aura été
‘l’année des hôpitaux’», conforte Cécile
Rochus, responsable communication
chez Abrumet. «Elle a été marquée par
la connexion des 12 établissements
bruxellois au RSB. Onze d’entre eux déjà
publient des documents» [rapports de
consultation, d’hospitalisation, résultats
d’examens, d’imageries… ndlr] (voir le
top 5 ci-contre).
Interface unique
Prochaines étapes du déploiement?
«2015 sera ‘l’année des MG’.» Selon Cé-
cile Rochus, la plus-value du RSB pour
ces derniers est plurielle. «Le médecin
traitant qui s’inscrit dispose tout d’abord
d’une vue globale sur l’historique santé
de ses patients. Tout peut se passer via
son DMI. Celui qui travaille avec plu-
sieurs hôpitaux ayant chacun ses pro-
cédures appréciera d’avoir une seule
interface. Cet aspect ‘porte d’entrée
unique’ évite de devoir se loguer sur les
différents serveurs des différents établis-
sements
Le DMI n’est pas le seul sésame d’accès.
«En consultation, à leur cabinet, les gé-
néralistes utiliseront plutôt le DMI, c’est
vrai. Mais ils peuvent aussi accéder aux
données de leur patient via l’application
disponible sur le site du RSB [www.re-
seausantebruxellois.be > Espace pro-
fessionnel, ndlr]. C’est donc un outil
mobile qu’ils peuvent exploiter en visite,
s’ils ont un portable, une connexion
internet et un lecteur de carte d’identité
électronique
Autres avantages du système: un gain
de temps pour avoir connaissance, par
exemple, de résultats d’imagerie ou
d’analyses de labo, et aussi, souligne
Cécile Rochus, la promesse d’une meil-
leure communication entre les lignes.
«Avec le Réseau, les échanges des
MG avec les autres acteurs des soins
peuvent passer à la vitesse supérieure.
Je pense que les médecins traitants ne
peuvent qu’être sensibles à cette pro-
gression, qui contribue à une médecine
collaborative. L’interdisciplinarité prend
tout son sens dans la gestion des pa-
thologies chroniques, par exemple.» Un
médecin de famille peut du reste ne pas
faire que consulter, mais aussi produire
du contenu pour ses confrères, en dépo-
sant des sumehrs. Encore un détail: inté-
grer le RSB est gratuit.
Il est difficile de s’inscrire en faux, sur
le plan théorique, contre les avantages
ci-dessus. En revanche, sur le plan pu-
rement pratique, la diversité des ins-
tallations informatiques des MG et de
leurs logiciels médicaux peut freiner le
mouvement, notamment au stade de
l’installation du certificat eHealth, préa-
lable fastidieux pour pénétrer l’univers
de la médecine en ligne (il n’y a en-
core parmi les MG de Bruxelles qu’un
demi-millier de certificats eHealth – lire
page suivante).
S’inscrire et amener
des patients
Ce prérequis rempli, le MG intéressé par
les fonctionnalités du RSB devra s’y ins-
crire via www.reseausantebruxellois.be,
ce qui implique de sortir son e-ID et de
se souvenir du code PIN. Pour le reste,
Abrumet a mis en ligne des explications
qui guident le visiteur pas à pas, à ren-
fort de captures d’écran. L’inscription
vaut acceptation de son règlement.
«Ensuite, le médecin doit se choisir un
‘garant’, soit un confrère qui peut témoi-
gner qu’il pratique bien dans le cadre
de la continuité des soins. Cette finali-
té est très importante. Le Réseau n’est
pas destiné aux médecins conseils, par
exemple, ni à ceux qui exercent en mé-
decine judiciaire, d’assurance ou du tra-
vail. Pour tous les généralistes relevant
de FAMGB, c’est bien simple, le garant
est le Dr Lawrence Cuvelier [du CA de la
FAMGB, ndlr] (**). Il valide l’inscription
très rapidement.»
Le MG inscrit a le choix de se connec-
ter au RSB via l’application du site (avec
e-ID, PIN et lecteur ad hoc) ou via son
DMI. «Attention de bien veiller à ce
que ce soit la dernière version, avec
les fonctionnalités les plus récentes, et
à avoir installé avec succès le certificat
eHealth.» Il peut commencer à répandre
la bonne parole du partage informatique
auprès de ses patients et les inscrire, en
consultation, via son DMI (leur e-ID est
requise mais pas leur code PIN) – ou en-
core les renvoyer sur le site du RSB pour
une inscription online. ❚
J.M.
(*) Vu la dimension fédérale du projet d’interconnexion des
dossiers, un MG inscrit au Réseau santé wallon a aussi, via
son DMI, accès aux documents publiés par les hôpitaux du
reste du pays, Bruxelles compris.
(**) Les MG du «rand» (la périphérie bruxelloise) qui tra-
vaillent régulièrement avec les hôpitaux de la capitale
peuvent prendre contact avec Cécile Rochus pour la déter-
mination de leur garant ([email protected]).
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Réseau santé bruxellois:
2015, l’année des MG
Depuis 2005, l’asbl de télématique médicale Abrumet
fédère les sphères hospitalière et généraliste de la capitale
derrière un projet clair: intensifier le partage informatique
de données patients. Elle rassemble tous les hôpitaux
(privés, publics et universitaires), la FAMGB et le cercle
néerlandophone BHAK. Leurs efforts conjugués ont conduit
au développement du «Réseau santé bruxellois» (RSB). Le
pari d’Abrumet pour 2015: faire flamber le nombre de MG
inscrits. On dénombre à ce jour +/- 1.400 médecins 001-
009 à être inscrits au RSB, bruxellois mais aussi flamands
et wallons (*).
ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Le RSB, c’est, en mars 2015:
150.255 patients belges inscrits
(contre 81.772 en mars 2014)
6.072 médecins belges
(et pas exclusivement
bruxellois) inscrits, dont
1.411 MG
2.216 sumehrs publiés
(avec 1.462 patients différents
à avoir au moins un sumehr
publié)
312.511 documents publiés par
les hôpitaux
- Avec comme «top 5» parmi
ceux-ci: UZ Brussel (132.106
documents publiés); Saint-
Jean (59.324); Saint-Luc
(39.969); Iris Sud (33.718);
Chirec (27.329).
- Toujours en mars 2015,
c’est ce dernier qui a le plus
consulté les documents
publiés.
En moyenne, 74 patients
par mois se connectent
au portail web
Quelques chiffres
tout frais
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«Le Réseau santé wallon sauve des vies»
Depuis 2006, le RSW ne cesse
d’évoluer. Après une longue
période de conception et de
production, le réseau entre dans la
phase de recrutement des utilisateurs.
«Du côté du corps médical, 61% des mé-
decins wallons sont actifs sur le réseau»,
souligne Philippe Olivier, président de
la Fratem (l’asbl qui développe et gère
le RSW) et de l’Association liégeoise
de télématique médicale (Altem). «La
plupart des hôpitaux généraux wallons
publient des documents sur le RSW.
Actuellement, 9 millions de documents
sont indexés. Ce qui représente, si on
ne compte qu’une page par document,
une pile d’un kilomètre de haut», s’en-
thousiasme Philippe Olivier. «280.000
patients wallons sont inscrits. Tous les
indicateurs montrent une croissance
exponentielle». Reste néanmoins à
convaincre 92% de la population wal-
lonne de s’inscrire. LAltem mène pour
l’instant (du 16 au 27 mars) une quin-
zaine de sensibilisation. Dans 17 sites
hospitaliers, un kiosque RSW a été amé-
nagé dans le hall d’entrée. Des hôtesses,
spécialement formées, proposent aux
usagers des hôpitaux de Liège-Huy-Wa-
remme de s’inscrire au RSW. Des vidéos
vont être diffusées (consultables sur
notre site internet). Pour rappel, cette
inscription gratuite peut se faire via un
service administratif de l’hôpital ou ce-
lui de la Fratem, un médecin généraliste
ou directement sur le site internet du ré-
seau (www.rsw.be). Il revient au patient
de donner volontairement son consente-
ment pour que les prestataires de soins,
qui ont une relation thérapeutique avec
lui, puissent consulter les documents
(protocoles, résultats de laboratoire et
d’imagerie…) qui le concernent. «Nous
préférons un système opt-in” dans le-
quel le patient doit donner son consen-
tement à un système (opt-out) qui se
passe du consentement du patient sauf
s’il refuse officiellement l’accès», ajoute
le Dr Olivier. «Lorsque le consentement
est recueilli, il l’est pour l’ensemble du
pays.» Ainsi, par exemple, un médecin
qui exerce à Ostende peut consulter via
un meta-hub (lire ci-contre) le RSW sans
devoir redemander le consentement du
patient wallon dont il s’occupe durant
son séjour à la mer du Nord.
712.794 accords
Au 1er mars, la plateforme e-health avait
déjà recueilli l’accord de 712.794 ci-
toyens favorables au partage d’un résu-
mé de leur dossier médical (le sumerh).
La ministre de la Santé publique et des
Affaires sociales va bientôt lancer une
grande campagne de sensibilisation
auprès des patients pour les pousser à
donner leur consentement au partage
de leurs données médicales entre pres-
tataires de soins.
Il va de soi que les accès aux documents
médicaux sont interdits en dehors du
contexte de soins. «Le patient reste
maître du jeu», souligne le Dr Olivier. «Il
peut limiter l’accès des documents aux
médecins de son choix. Il a le droit de
savoir qui les a consultés. Il peut se dés-
inscrire à tout moment. Il a accès aux
documents qui le concernent et peut en
filtrer l’accès.» Précisons que pour l’ins-
tant, l’accès se limite à la note que le
médecin titulaire du DMG peut rédiger
dans le dossier disponible sur le RSW et
aux notes du patient lui-même. Le pa-
tient ne peut actuellement pas consulter
les protocoles et résultats. Il peut juste
voir quand ils ont été envoyés à son
médecin traitant. Cette limitation réduit
évidemment l’intérêt pour le patient de
pouvoir accéder en ligne à son dossier.
Comme l’a souligné durant la confé-
rence de presse le Dr Jacques Strea, mé-
decin généraliste, l’accès aux données
est contrôlé par le médecin généraliste.
Il vaut en effet mieux présenter les ré-
sultats d’analyses ou d’examens impor-
tants lors d’une consultation que de les
mettre en consultation «libre» pour le
patient.
Un réseau salutaire
Les promoteurs du RSW estiment que
ce réseau, qui programme encore des
développements majeurs, va dans les
prochaines années devenir une sorte
de pierre angulaire du système de san-
té wallon. «Dans quelques années, on
dira qu’il y a eu un “avant” et un “après”
RSW», commente le Dr Olivier. Le RSW
est soutenu par le gouvernement wallon
et devrait bientôt recevoir un finance-
ment structurel de la Wallonie (jusqu’ici,
son développement été rendu possible
grâce aux asbl de télématique, aux hôpi-
taux et au bénévolat).
Outre l’interconnexion des prestataires
de soins autour du patient, le réseau
permet aussi de réaliser des économies
en évitant de répéter inutilement des
examens.
«Le Réseau santé wallon sauve des
vies», ajoute encore Philippe Olivier.
«Nous avons de nombreux exemples
de son utilité. Suite à une opération dé-
licate, un médecin avait indiqué dans le
dossier du patient que s’il y avait une
complication il fallait poser un acte bien
précis. Quelque temps après, ce patient
s’est retrouvé aux urgences d’un autre
hôpital. Il a pu signaler à l’urgentiste que
son chirurgien avait mis une note dans
son dossier. L’urgentiste a pu intervenir
à temps.»
Vincent Claes
Le Réseau santé wallon (RSW) lance une grande campagne
de recrutement de patients en terre liégeoise. Une
initiative locale qui pourrait – si l’initiative porte ses fruits
– être étendue à d’autres parties de la Wallonie. L’objectif
est d’augmenter significativement le nombre de patients
inscrits au RSW. Il s’élève actuellement à 8%.
MS9452CF
Quasi 9.000 certificats eHealth chez les MG
Quand un médecin veut accéder à cer-
tains services de base de la plateforme
eHealth ou à des services à valeur
ajoutée y recourant, en utilisant une
connexion de système à système, il doit
disposer d’un certificat eHealth.
Celui-ci permet d’identifier le partenaire
«système», tandis que l’eID authentifie
l’usager. Installer ce certificat est un pré-
requis pour employer son eHealthBox,
par exemple, ou Recip-e, mais aussi
entrer dans les Réseaux santé wallon et
bruxellois.
eHealth dénombre actuellement 8.952 cer-
tificats eHealth actifs pour les MG, dont
7.033 en Région flamande, 1.394 en Région
wallonne et 525 à Bruxelles. La plateforme
sait que l’étape du certificat est jugée dif-
ficile par le terrain, mais il n’est pas dans
ses missions de faire de l’installation, indi-
viduellement, auprès des MG utilisateurs
de l’un ou l’autre DMI.
L’écart nord-sud pourrait tenir à la guerre
commerciale en sol flamand entre
MediBridge et HealthConnect, firmes
proposant des solutions de messagerie
aux hôpitaux, la seconde ayant eu pour
stratégie de coupler à son logiciel pour
généralistes Hector une aide active pour
installer le certificat. L’Inami, pour sa part,
attribue le différentiel à la mise en place
au nord d’un accompagnement des MG
pour le démarrage de la connexion à
la plateforme eHealth, par «www.een-
lijn.be», projet pro-TIC soutenu par le
gouvernement flamand.
L’Inami annonce qu’il soutiendra finan-
cièrement la promotion des projets liés
la feuille de route 2013-2018 en général
et de l’utilisation des certificats eHealth
en particulier. Des formations ou un
soutien individuel sont envisagés, un
cahier des charges se prépare.
J.M.
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