s n s o i t e a d c i Livre mun com "De l'utilité clinique des nouvelles techniques d'imagerie" e r i a m m so JOURNÉE SIGU, JEUDI 19 MARS 2009 • Un problème courant en gynécologie : les métrorragies . . . . . . . . . . p 5 • Les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragies . . . . . . p 15 JOURNÉES SOFMIS, VENDREDI 20 ET SAMEDI 21 MARS 2009 2 du 19 au 21 mars 2009 • Mammographie numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 25 • Nouveautés pour le radiologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 37 • Sénologie interventionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 49 • IRM mammaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 63 Chapitre 2 : les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragie 3 JOURNÉE SIGU Un probleme courant en gynecologie : les metrorragies du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 1 : Un un problème courant en gynécologie : les métrorragies 5 Imagerie et métrorragies Qu’attend le clinicien du radiologue ? Dr Monelle LECLERCQ - Lille I - Quel est le rôle du clinicien ? - Il est face à un symptôme qui est la manifestation subjective d’une maladie ou d’un processus pathologique exprimé par le patient. - Il doit interpréter les signes cliniques au contact direct d’une personne malade. - Il doit réaliser comme un policier une enquête face à la symptomatologie décrite pour affirmer le diagnostic avec un interrogatoire et un examen clinique. - Il doit user de moyens complémentaires pour l’aider au diagnostic. II - Définition des ménométrorragies Première cause de consultation entre 30 et 50 ans, leur définition s’avère difficile car différente selon les auteurs et leur nationalité. Toutefois, on distinguera : - les métrorragies qui sont des saignements entre les menstruations, - les ménorragies qui sont des saignements à intervalle normal mais d’abondance supérieure à 80 ml ou de durée supérieure à 7 jours, - les hyperménorrhées ou perte sanguine menstruelle supérieure à 80ml, - les polyménorrhées qui sont des menstruations avec intervalle de moins de 21 jours. La prévalence des ménométrorragies est estimée de 11,4% à 13,2% dans la population et augmente avec l’âge. III - Épidémiologie des ménométrorragies Les ménométrorragies organiques où l’imagerie est essentielle : - Pendant la grossesse, - les ménométrorragies organiques, - les coagulopathies, les maladies systémiques, les hémorragies fonctionnelles, les métrorragies iatrogènes. IV - Les ménométrorragies organiques - l’adénomyose, - les myomes utérins, - les polypes endométriaux, - les hyperplasies endométriales, - le cancer de l’endomètre, - l’infection génitale haute, - les tumeurs secrétantes de l’ovaire et des trompes, - les malformations artério-veineuses. V - Prévalence des étiologies organiques C - Les hémorragies fonctionnelles - anovulatoires de l’adolescence et dans les SOPK, - ovulatoires ou hémorragies idiopathiques. X - L’échographie pelvienne et endovaginale XV - Conclusion Permet une mesure fiable de l’endomètre (à la recherche d’une atrophie ou d’une hypertrophie). Permet de mettre en évidence des lésions organiques de l’endomètre (polypes, myome sous-muqueux, cancer de l’endomètre). Avec des niveaux d’information différents selon la période du cycle (plutôt début de cycle pour les polypes et 2ème partie de cycle pour les myomes sous-muqueux). Le doppler couleur en complément peut être utilisé pour visualiser le pédicule vasculaire d’un polype ou l’hypervascularisation d’une tumeur. Permet en plus d’étudier les annexes et le reste de la cavité pelvienne. Un des écueils de la prise en charge des ménométrorragies est le risque de méconnaître une situation du fait de l’association ou l’intrication de processus morbides : - cancer du col de l’utérus et polype intra-cavitaire, - thrombopénie et pathologie myométriale, - maladie de willebrandt et kyste de l’ovaire. XI - L’hystérosonographie et l’hystérographie D - Les métrorragies iatrogènes Sous OP, progestatifs, implanon, dispositif intra-utérin, sous THM, sous anticoagulants. VII - Que faire devant une patiente présentant des ménométrorragies ? A - L’hystérosonograhie - apparaît actuellement comme une technique fiable de seconde intention pour optimiser la caractérisation des anomalies de l’endomètre, - à réaliser au mieux en première partie de cycle après avoir éliminer un risque de grossesse ou d’infection, - intéressante en particulier dans les suspicions de myomes sous-muqueux. Un interrogatoire Un examen clinique général Un examen gynécologique A - L’interrogatoire Il permet : - de définir la durée, la chronologie des règles, leur fréquence et leur abondance, de préciser la date des dernières règles, - de différencier les métrorragies et les ménorragies, - de mettre en évidence des signes d’anémie, - de connaître les antécédents personnels et familiaux. Il recherche : - des signes associés : dysménorrhée, algies pelviennes ou abdominales, pertes blanches abondantes, dyspareunie, - des épisodes hémorragiques d’autre localisation (gingivorragies, épistaxis), - la présence d’une contraception orale ou mécanique, d’un THM ou d’un traitement anticoagulant. Seul un interrogatoire minutieux, fonction de l’âge et du terrain, permettra d’appréhender au mieux le diagnostic qui sera optimisé par l’imagerie. Les ménométrorragies représentent un nombre considérable de consultations et entraînent donc un coût. Face au développement des techniques d’exploration, il est indispensable que cliniciens et radiologues s’associent pour une meilleure stratégie diagnostique et étiologique avec un bon rapport efficacité/coût pour une prise en charge thérapeutique la meilleure possible pour le patient. La rentabilité de cette association sera d’autant plus performante que le problème aura été bien posé au début par un examen clinique complet. B - L’hystérographie - apparaît maintenant inadaptée dans le cadre des explorations des ménométrorragies. XII - L’IRM Variable dans la prise en charge selon l’étiologie suspectée. Dans la grande majorité des cas n’est pas indiquée sauf en 2ème intention après une échographie non contributive ou qui retrouve une masse ovarienne ou paraovarienne d’étiologie indéterminée ou qui suspecte une adénomyose. Indiquée notamment chez les femmes ménopausées qui présente des métrorragies inexpliquées avec une sténose du col. Technique par contre de référence dans le bilan d’extension des cancers de l’endomètre. XIII -Valeur diagnostique de l’image B - L’examen clinique L’examen clinique général : - à la recherche de signes d’hypovolémie, - pour détecter une défense abdominale. A - Pathologie endométriale - L’atrophie et l’hypertrophie et le polype utérin sont facilement détectés par échographie. - Le cancer de l’endomètre est suspecté par échographie. L’examen gynécologique : - Avec un examen au spéculum : qui permet d’apprécier l’abondance du saignement et d’éliminer l’origine vaginale ou cervicale de l’hémorragie génitale, qui permettra la réalisation d’un frottis dans le cadre du dépistage du cancer du col. - Avec un toucher vaginal pour déterminer le volume utérin et rechercher une masse pelvienne mais toutefois peu performant pour l’évaluation de la pathologie endocavitaire. VIII - Hiérarchisation de la stratégie de prise en charge diagnostique et étiologique B - Pathologie myométriale - Le léiomyome est facilement détecté par échographie. - L’adénomyose et les malformations artério-veineuses sont suspectés par échographie. C - Pathologie annexielle - Le syndrome des ovaires polykystiques et les tumeurs de l’ovaire sont facilement détectés par échographie. - La G.E.U, la salpingite aiguë et le cancer de la trompe sont suspectés par échographie. XIV - Arbre décisionnel VI - Les ménométrorragies non organiques A - Les coagulopathies Ou la prévalence de la maladie de willebrandt est estimée de 5.3% à 24%. B - Les maladies systémiques - l’hypothyroïdie avec une prévalence de 13 à 22%, - le lupus erythémateux disséminé, - l’insuffisance rénale chronique, - l’insuffisance hépatique. 6 IX - Quelle imagerie dans les ménométrorragies ? - L’échographie endovaginale : imagerie de première intention. - L’hystérosonosalpingographie et l’hystérographie : technique complémentaire de 2éme intention. - L’IRM : non systématique. du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 1 : Un un problème courant en gynécologie : les métrorragies 7 Ménométrorragies. Stratégie diagnostique en échographie : quand a-t-on besoin du doppler, de l’échographie 3D, de l’hystérosonographie ? Les pathologies du myomètre responsables de métrorragies. Apport de l’échographie. Quand proposer une IRM ? Séquences minimales, nouvelles séquences. Dr Yann ROBERT - Lille Dr Marc BAZOT - Paris(1), Dr Edouard PONCELET - Lille(2), Dr Sébastien NOVELLAS - Nice(3) Les ménométrorragies représentent un motif fréquent de consultations chez les femmes en période d’activité génitale. Ces symptômes peuvent être secondaires à des anomalies fonctionnelles de l’endomètre (atrophie, hyperplasie de l’endomètre) ou non (cycles anovulatoires), de lésions organiques de l’endomètre (polype, cancer de l’endomètre) ou de voisinage (léiomyome, adénomyose, voire cancer tubaire). Elles justifient la réalisation d’investigations complémentaires, pour en rechercher la cause. Face au développement des techniques d’exploration qui représentent un complément de l’examen clinique, l’échographie pelvienne endovaginale représente l’imagerie de première intention, même si d’autres méthodes d’imagerie, notamment l’IRM pourront éventuellement être utilisées. L’échographie pelvienne est l’examen fondamental. Il doit être optimal, s’appuyant sur un échographe récent, bien réglé (sondes et réglages machines), qui doit permettre si besoin une analyse Doppler couleur, énergie et pulsé. Avant tout examen, l’interrogatoire de l’échographiste doit préciser l’âge, la date des dernières règles, les antécédents médico-chirurgicaux, rechercher une contraception orale ou intra-utérine ou la prise de progestatifs ou de tout autre traitement hormonal. L’exploration échographique débute par une étude sus-pubienne avec une vessie en faible réplétion, afin de ne pas méconnaître une pathologie pelvienne à développement abdominal et d’étudier la vessie. La voie endovaginale est la technique de référence, permettant une étude globale de l’utérus (myomètre et endomètre). Elle permet une mesure précise et reproductible de la muqueuse endométrial. La mesure de l’endomètre prend en compte la totalité de l’endomètre de part et d’autre de la ligne cavitaire sur une coupe sagittale médiane stricte. En présence d’une lame d’épanchement intracavitaire, la mesure indépendante de chaque feuillet doit être réalisée. La période du cycle à laquelle est effectué l’examen peut faire varier le niveau d’informations fournies. Une exploration en première partie de cycle est particulièrement adaptée pour la recherche d’un polype, la seconde partie de cycle pour étudier les rapports d’un myome sous- muqueux avec la cavité utérine. Ne sachant pas à l’avance quelle pathologie est responsable des ménométrorragies, un compromis pourrait se situer aux alentours du 10e jour du cycle, mais cela n’est pas réellement applicable en pratique quotidienne. Les critères de mesure permettant de définir la limite entre physiologique et pathologique sont bien entendu dépendants de l’âge et de la période du cycle de la patiente. Cette mesure doit être concordante avec les données cliniques enregistrées initialement. Chez la femme ménopausée, il existe désormais un consensus pour définir une muqueuse endométriale normale comme strictement inférieure à 5 mm. En dessous de ce seuil, le risque de cancer de l’endomètre chez une femme ménopausée présentant des métrorragies est inférieur à 1 %. En cas d’anomalie identifiée ou suspectée en mode B ou pour conforter la négativité de l’examen, le Doppler couleur ou énergie peut être utilisé pour améliorer les performances diagnostiques de l’échographie. Elle peut visualiser le pédicule vasculaire d’un polype ou l’hypervascularisation d’une tumeur endométriale, évaluer la vascularisation périphérique circonférentielle d’un léiomyome ou radiaire d’une adénomyose suspectée. En Doppler pulsé, deux types d’analyse sont possibles portant sur les artères utérines ou celles des vaisseaux myométriaux ou endométriaux. Si la première est pratiquement toujours réalisable reflétant une pathologie globale, la seconde n’est pas toujours possible mais plus sensible et spécifique d’une pathologie. L’étude Doppler pulsé repose sur le calcul de divers index (index de résistivité, pulsatilité, vitesse systolique maximale…). Cependant, quelles que soient les diverses pathologies suspectées (cancer de l’endomètre, pathologies trophoblastiques…), le chevauchement des valeurs des divers index ne permet pas de définir clairement des valeurs seuils et de se passer de contrôles histologiques. L’échographie pelvienne permet de plus d’étudier secondairement les annexes et le reste de la cavité pelvienne, trompes, Douglas. I - Hystérosonosalpingographie Cet examen complète éventuellement l’exploration échographique de l’appareil génital féminin. Afin d’optimiser au mieux la sensibilité de cette technique, il est recommandé de réaliser celle-ci en période folliculaire. Outre le matériel autorisant la visualisation et préparation du col utérin (spéculum, hystéromètre, pince…), deux éléments particuliers à la technique hystérosonographique sont nécessaires pour sa réalisation pratique : un cathéter (cathéter spécialement conçu pour l’hystérosonographie de calibre 5F ou 7F, flexible à trou distal, muni ou non d’un ballonnet ; sonde de Folley pédiatrique ; cathéter à insémination artificielle) et un produit de contraste, en général du sérum physiologique. Une fois la sonde en place, le produit de contraste peut alors être instillé dans la cavité utérine sous contrôle échographique, en évitant toute distension excessive et douloureuse. On réalise alors un balayage de droite à gauche selon le plan sagittal, et de bas en haut selon le plan transversal de l’ensemble de la cavité utérine. L’analyse de la partie basse de la cavité utérine peut être obtenue par mobilisation du ballonnet vers le fond cavitaire ou lors du retrait de la sonde. L’étude du canal cervical s’effectue en fin d’examen, au cours de l’évacuation du produit de contraste. L’hystérosonographie est un examen utile et efficace pour l’évaluation de la cavité endométriale chez les patientes pré et postménopausiques présentant des ménométrorragies, permettant de confirmer une lésion focale endocavitaire, de différencier devant une hypertrophie endométriale d’un volumineux polype, d’évaluer les rapports d’un myome sous-muqueux avec la cavité utérine. L’Échographie 3D, qui peut être couplée au Doppler ou à une hystérosonographie, a été principalement utilisée dans l’évaluation des malformations utérines. Elle peut également aider à visualiser la topographie d’une lésion endocavitaire et pour l’évaluation de la composante intracavitaire des myomes sous-muqueux ou préciser les rapports d’un fibromyome avec la cavité utérine. En effet elle permet de pouvoir étudier dans tous les plans les rapports d’un fibromyome sous muqueux et d’évaluer le pourcentage de son développement endocavitaire. Couplée à l’hystérosonographie, elle présente une bonne concordance avec les données de l’hystéroscopie. Elle peut également permettre d’adjoindre à la mesure de l’épaisseur de l’endomètre une évaluation de son volume, et d’évaluer l’importance de sa vascularisation. En cas de cancer endométrial, elle a récemment été proposée pour évaluer la profondeur de l’extension au myomètre. II - Conclusion L’échographie endovaginale constitue l’examen d’imagerie de première intention pour rechercher l’étiologie des ménométrorragies. Cet examen permet une mesure fiable de l’endomètre et de dépister des lésions endocavitaires ou des anomalies myométriales susceptibles d’être à l’origine de la symptomatologie. Le Doppler couleur ou puissance procure des informations importantes pour la caractérisation des lésions endométriales, mais il n’existe aucun index de Doppler pulsé permettant une caractérisation optimale des diverses pathologies endométriales. L’échographie 3D en mode B, à laquelle peut être associé le Doppler, peut aider à la visualisation de lésions au sein ou à la périphérie de la cavité utérine. L’hystérosonographie est un moyen complémentaire de seconde intention, qui peut être couplé à l’échographie 3D, pour optimiser la caractérisation des anomalies de l’endomètre avec des résultats proches de ceux obtenus par l’hystéroscopie. I - Résumé La survenue de ménométrorragies est une circonstance fréquente de consultation. Après un examen clinique qui authentifie l’origine utérine du saignement et exclue une cause cervicale ou vulvo-vaginale, l’échographie endovaginale est indiquée en première intention. Elle permet d’éliminer une origine endométriale et de rattacher celles-ci à une pathologie myométriale (léiomyome, adénomyose, anomalies vasculaires). Le Doppler permet d’optimiser les performances diagnostiques de l’échographie. L’IRM est réservée aux échecs de caractérisation de l’échographie. Ces techniques permettent d’orienter la stratégie diagnostique et thérapeutique ultérieure. Mots clés : échographie ; utérus ; myomètre ; IRM Les ménométrorragies représentent un nombre considérable de consultations chez les femmes en période d’activité génitale(1). Elles justifient la réalisation d’investigations complémentaires, pour en rechercher la cause. Face au développement des techniques d’exploration qui représentent un complément de l’examen clinique, l’échographie pelvienne endovaginale représente l’imagerie de première intention. Celle-ci permet d’éliminer la présence d’anomalies endométriales et de rattacher ces saignements à une origine myométriale (léiomyome, adénomyose, voire cause vasculaire). Parmi les autres méthodes d’imagerie disponibles (hystérosalpingographie, échographie 3D, scanner et IRM), seul le rôle complémentaire éventuel de l’IRM sera discuté ici. II - Techniques A - L’échographie pelvienne est un examen fondamental devant répondre à des critères de qualité optimale quant à l’échographe utilisé, aux conditions techniques de réalisation et au niveau d’expertise de l’examinateur. L’exploration échographique débute par une étude sus-pubienne avec une vessie en faible réplétion, afin de ne pas méconnaître une pathologie pelvienne à développement abdominal et d’étudier la vessie. La voie endovaginale est la technique de référence, permettant une étude globale de l’utérus (myomètre et endomètre). En cas d’anomalie identifiée ou suspectée en mode B ou pour conforter la négativité de l’examen, le Doppler couleur ou énergie peut être utilisée pour améliorer les performances diagnostiques de l’échographie. Elle peut visualiser la vascularisation périphérique circonférentielle d’un léiomyome ou radiaire d’une adénomyose suspectée (2). B - L’hystérosonographie complète éventuellement l’exploration échographique de l’appareil génital féminin (3). Après l’étude complète de la cavité pelvienne par voie sus-pubienne et endovaginale, qui permet d’éliminer une dilatation tubaire contre-indiquant l’examen, la réalisation d’une hystérosonographie est en tout point similaire à celle d’une hystérographie. Comme pour l’hystérographie, l’examen est au mieux réalisé en première partie de cycle en dehors des saignements si cela est possible, et en respectant les contre-indications que sont l’infection et la grossesse. Après mise en place du spéculum, le col cervical est nettoyé et le cathéter est introduit dans le canal cervical et mis en place dans la cavité utérine. Si l’on utilise une sonde munie d’un ballonnet, celui-ci est gonflé dans la cavité utérine, de façon progressive et en interrogeant la patiente pour éviter toute douleur lors de son remplissage à l’eau. Le ballonnet est ensuite placé au contact de l’orifice interne du canal cervical, pour prévenir toute fuite de produit de contraste. Le produit de contraste (sérum physiologique) peut alors être instillé dans la cavité utérine sous contrôle échographique, en évitant toute distension excessive et douloureuse. On réalise alors un balayage de droite à gauche selon le plan sagittal, et de bas en haut selon le plan transversal de l’ensemble de la cavité utérine. L’analyse de la partie basse de la cavité utérine, peut être obtenue par mobilisation du ballonnet vers le fond cavitaire ou lors du retrait de la sonde. L’étude du canal cervical s’effectue en fin d’examen, au cours de l’évacuation du produit de contraste. L’hystérosonographie simple ou 3D semble un examen utile et efficace pour l’évaluation de la de la composante intra-cavitaire des myomes sous-muqueux(4). La place de l’IRM pour la prise en charge de ménométrorragies est variable selon l’étiologie suspectée. Dans la très grande majorité des cas, elle n’apparaît pas indiquée sauf en seconde intention en complément d’une échographie partiellement ou non contributive (e.g. adénomyose, utérus polymyomateux) (5-7). L’examen doit comporter des séquences pondérées T2 dans le plan sagittal et axiales strictes abdomino-pelviennes complétées par des coupes transversales fines T2 perpendiculaires à l’axe du corps utérin. La réalisation d’une IRM de perfusion (séquence dynamique injectée en écho de gradient T1) permet d’étudier la cinétique de la prise de contraste du myomètre. L’imagerie de diffusion évalue les mouvements microscopiques des protons de l’eau au sein des tissus. La séquence de diffusion est une séquence T2 écho de spin avec une acquisition rapide en écho planar auquel on ajoute des gradients d’intensité variable et croissants. Cette séquence permet de différentier les protons mobiles des protons immobiles. Les séquences de diffusion peuvent être utiles à la recherche d’un hypersignal «suspect» et au calcul des coefficients apparents de diffusion (ADC) des processus tumoraux. La mise en évidence de l’hypersignal doit être effectuée avec un facteur de diffusion b élevé (entre 800 et 1000) pour s’affranchir de l’effet T2 des séquences d’écho planar utilisée. Les travaux préliminaires semblent suggérer l’utilité des coefficients d’ADC pour différentier des lésions myométriales malignes et bénignes (8). En effet les lésions tumorales malignes présentent des valeurs d’ADC <1.10-3 mm2/s alors que l’endomètre normal et les lésions bénignes ont des valeurs d’ADC franchement > 1.10-3 mm2/s(8). III - Pathologies myométriales responsables de métrorragies A - Le léiomyome utérin (ou myome ou fibromyome) est composé de cellules musculaires lisses associées à une quantité variable de tissu conjonctif constitue la tumeur bénigne la plus fréquente chez la femme en âge de procréer, puisqu’ils sont retrouvés classiquement chez 20-30% des femmes de plus de 30 ans, avec une prédominance chez les patientes de race noire (9). De plus, ces tumeurs sont fréquemment retrouvées par pathologies pelviennes. La présentation clinique des myomes dépend de leur taille, de leur localisation et de leur nombre. Ils peuvent être asymptomatiques et ne nécessiter aucun traitement, mais les léiomyomes sous-muqueux ou interstitiels proches de la cavité utérine sont volontiers révélés par des ménométrorragies, qui sont en règle rattachées à l’hypervascularisation engendrée par la présence des léiomyomes. Les myomes sont en règle facilement identifiés en échographie devant une masse bien limitée, hypoéchogène, plus ou moins homogène, volontiers atténuantes, parfois calcifiée. En Doppler, ils sont vascularisés avec une couronne périphérique et une vascularisation centrale plus ou moins importante. Il peut aider à distinguer un myome d’une zone focale d’adénomyose devant une zone d’hétérogénéité myométriale mal délimitée. L’encorbellement et l’hypervascularisation des myomes en Doppler couleur s’opposent à la vascularisation centripète plus modérée de l’adénomyose (10). L’hystérosonographie peut aider si besoin au diagnostic différentiel entre myome sous-muqueux et polype endométrial, mais son rôle est surtout d’évaluer le pourcentage de la composante endocavitaire et de préciser si besoin ses dimensions, afin de guider au mieux le traitement (11). L’IRM apparaît comme la technique la plus pertinente pour détecter, localiser et dénombrer facilement les léiomyomes utérins mais du fait de son coût ne peut être proposé que comme une technique de seconde intention (12 , 13, 14). L’examen repose principalement sur les séquences pondérées T2, l’injection permettant d’évaluer l’importance de la vascularisation. Le léiomyome utérin “typique” présente un isosignal T1 et un hyposignal T2, comparativement au signal du myomètre sain adjacent. La présence d’un œdème ou de remaniements sont responsables d’une baisse du signal en T1 et d’un hypersignal en T2. Une 1 Service de radiologie, Hôpital Tenon – 4 rue de la Chine - 75970 Paris 2 Service de radiologie, Hôpital Jeanne de Flandres – 59000 Lille 3 Service de radiologie, Hôpital Archet - 154 rue Ginestière - 06202 Nice 8 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 1 : Un un problème courant en gynécologie : les métrorragies 9 accentuation de la cellularité peut également se traduire par une élévation du signal en T2, ces léiomyomes étant volontiers hypervascularisés. Certains léiomyomes remaniés présentent une composante hémorragique avec un hypersignal en T1, qui doit être distingué d’un éventuel contingent graisseux en s’aidant de séquence avec suppression de graisse. L’IRM peut être aussi utile pour certaines indications spécifiques pour déterminer la meilleure option thérapeutique. Distinction d’utérus polymyomateux simples d’utérus adénomyosiques avec ou sans myomes associés ; myomes volumineux transmuraux pour déterminer leur caractère résécable ou non par voie vaginale ; bilan systématique avent embolisation utérine ou réalisation d’un traitement par ultrasons focalisés sous contrôle IRM. B - L'adénomyose C’est une pathologie gynécologique fréquente, caractérisée par la présence de muqueuse endométriale hétérotopique au sein du myomètre, responsable d’une hypertrophie et une hyperplasie musculaire réactionnelle. Elle peut être diffuse ou focale avec formation d’un adénomyome. La prévalence de cette affection sur les pièces d’hystérectomie, est excessivement difficile à préciser pouvant aller de 7 à 77% (15). Compte tenu de prévalence élevée des léiomyomes et de l’adénomyose, leur association est fréquente. Deux tiers des patientes sont symptomatiques, présentant des ménométrorragies et des douleurs pelviennes, ou une dysménorrhée. Cette symptomatologie est non-spécifique pouvant être retrouvé dans les saignements d'origine fonctionnelle, et surtout dans les léiomyomes. L’intérêt de l’échographie et de l’IRM pour diagnostiquer l’adénomyose sera abordé de façon successive. L'échographie sus-pubienne retrouve classiquement un gros utérus régulier hétérogène, présentant un aspect en “rayon de miel” avec de petites images kystiques de 5 à 7 mm faisant très fortement évoquer le diagnostic (16). Ce critère présente une médiocre sensibilité de 30-63% mais une spécificité élevée de 97% (16). Dans le cadre d’une pathologie myométriale indéterminée suspectée, la réalisation d’une échographie sus-pubienne initiale est donc souhaitable pour rechercher une adénomyose (6, 16). Beaucoup d’utérus volumineux “grossièrement hétérogènes” sont encore aujourd’hui à tort comme décrits comme “myomateux” alors qu’il s’agit d’adénomyose caricaturale. Dans ce cadre, l’échographie endovaginale est même souvent non contributive car manquant de pouvoir de pénétration en profondeur, problème similaire rencontré lors de l’étude des volumineux utérus polymyomateux. L'échographie endovaginale a permis de définir des signes échographiques d'adénomyose beaucoup plus précis : volumineux utérus non expliqué par la présence de léiomyomes, asymétrie des parois antérieure ou postérieure myométriales, zone hétérogène mal limitée éventuellement associée à une absence d'effet de masse sur la muqueuse endométriale, ou au contraire la présence d'une zone d'hyperéchogénicité du muscle utérin. Parmi ces critères, l’hétérogénéité myométriale est utilisée par la plupart des auteurs comme le meilleur critère diagnostique d’adénomyose (5, 16). L’hétérogénéité myométriale exclusive, définie par la présence de plages myométriales mal limitées hypo ou hyperéchogènes permet d’obtenir une bonne sensibilité au détriment d’une médiocre spécificité(6). Le critère formel échographique essentiel, comme l’avait proposé auparavant Fedele, doit être la recherche attentive de lacunes anéchogènes ou kystes intra-myométriaux de taille variable (17). De nouveaux signes ont été décrits et validés par une étude radio-anatomique effectuée par Atri et coll. {Atri, 2000 #4639}. Ainsi, la présence de nodules hyperéchogènes, de stries linéaires hyperéchogènes juxta-endométriales et l’aspect nodulaire de la jonction endomyométriale semblent des critères significativement reliés au diagnostic d’adénomyose. L’échographie endovaginale a été évaluée à ce jour par de nombreux auteurs pour le diagnostic de l’adénomyose avec des résultats quelques peu contradictoires (16, 18-20). Ces contradictions peuvent être rapportées aux critères histologiques, cliniques et échographiques et la méthodologie d’analyse pratiquée. Les résultats obtenus en termes de sensibilité, spécificité et surtout valeurs prédictives positive et négative sont excessivement dépendant des critères d’inclusion et d’exclusion des patientes donc de la prévalence de la maladie, ainsi que des critères échographiques principaux choisis. Dans les diverses séries publiées, la prévalence de la maladie s’échelonne de 8.6 à 85 % pour les chiffres extrêmes avec une valeur moyenne proche des 30%. En pratique quotidienne, le diagnostic différentiel principal posé en échographie est représenté par les léiomyomes utérins, qu’ils soient isolés ou associés à l’adénomyose. Lorsqu’il existe un doute diagnostique après l’échographie, adénomyose isolée ou associée à une autre pathologie, la réalisation d’une IRM doit être proposée pour optimiser la prise en charge thérapeutique (6 , 7, 21). Tout comme pour les léiomyomes, l’utilisation de l’IRM doit être réalisée en seconde intention, dés qu’un doute échographique diagnostique existe. Ainsi a été définie sur les séquences pondérées T2, la notion “d’épaississement de la zone jonctionnelle”, reliée à une adénomyose diffuse et la présence de zone focale hypointense mal limitée engendrée par une adénomyose focale. La visualisation d’une 10 ZJ >= à 12 mm permet de suggérer le diagnostic avec des sensibilités et spécificités de 67-93% et 86 -93%, respectivement (5, 6, 21). La visualisation de petits spots hyperintenses juxta-endométriaux au sein de l’hyposignal en pondération T1 ou surtout T2 conforte le diagnostic avec une spécificité proche de 100% mais malheureusement une sensibilité proche de 50% (5, 6, 21). Des séquences hyper-rapides en apnée pour le diagnostic d’adénomyose ont été proposées (22). Ces séquences apparaissent de plus utiles pour diminuer la variabilité inter observateur pour le diagnostic d’adénomyose en IRM. De plus elles sont utiles pour différentier de possibles contractions utérines physiologiques de plages d’adénomyose focale. Les contractions myométriales peuvent en effet créer des zones localisées hypointenses intramyométriales en pondération T2 (23, 24). Elles seront facilement différentiées de léiomyomes ou de plage d’adénomyose focale par leur forme souvent discrètement triangulaire et surtout par leur disparition après répétition des séquences. C - Les malformations artério-veineuses Il s’agit d’une pathologie rare pouvant être à l’origine de métrorragies cataclysmiques, la forme la moins rare est constituée par les malformations vasculaires développées au sein du myomètre ou anévrysmes cirsoïdes. L’échographie-Doppler constitue l’examen de référence pour suggérer le diagnostic (AP)(25). Elle retrouve des lésions hypoéchogènes intra-myométriales serpigineuses raccordées entre-elles. Le Doppler couleur est déterminant retrouvant des shunts artério-veineux avec vitesses circulatoires élevées et aliasing. L’IRM n’est utile qu’en seconde intention pour confirmer le diagnostic mais surtout permettre d’établir une cartographie vasculaire avec angio-architecture des vaisseaux anormaux. Ceci permet de planifier au mieux une embolisation à visée thérapeutique. du 19 au 21 mars 2009 IV - Bibliographie 1. Spencer CP, Whitehead MI. Endometrial assessment re-visited. Br J Obstet Gynaecol 1999;106(7):623-32. 2. Timmerman D, Verguts J, Konstantinovic ML, Moerman P, Van Schoubroeck D, Deprest J, et al. The pedicle artery sign based on sonography with color Doppler imaging can replace second-stage tests in women with abnormal vaginal bleeding. Ultrasound Obstet Gynecol 2003;22(2):166-71. 3. Dubinsky TJ, Parvey HR, Gormaz G, Curtis M, Maklad N. Transvaginal hysterosonography: comparison with biopsy in the evaluation of postmenopausal bleeding. J Ultrasound Med 1995;14(12):887-93. 4. Lee SI. An imaging algorithm for evaluation of abnormal uterine bleeding: does sonohysterography play a role? 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Color Doppler imaging is a valuable tool for the diagnosis and management of uterine vascular malformations. Ultrasound Obstet Gynecol 2003;21(6):570-7 Chapitre 1 : un problème courant en gynécologie : les métrorragies 11 Impact sur la fertilité des traitements conservateurs d’un utérus fibromateux : traitements chirurgicaux et non chirurgicaux. Dr Jean-Pierre LUCOT - Lille(1), Dr N. COUTTY(1), Dr Christophe LIONS - Lille(2) Ce chapitre a pour objectif de faire une synthèse des connaissances actuelles sur l’impact sur la fertilité des différents traitements des fibromes. Nous n’aborderons pas la question du retentissement des myomes sur la fertilité. I - Traitements chirurgicaux La question prépondérante chez les patientes en âge de procréer avec un utérus fibromateux est de savoir si la chirurgie permettra de préserver leur fertilité voire d’augmenter leur chance de grossesse. Aucune étude ne permet de répondre de façon formelle à cette question. La thérapie à choisir varie selon l’âge, la fertilité ainsi que la localisation, le nombre et la taille des fibromes. Les techniques chirurgicales conservatrices utilisées sont l’hystéroscopie pour les fibromes sous-muqueux et la myomectomie par coelioscopie ou laparotomie pour les fibromes intramuraux et sous-séreux. D’autres alternatives telles que l’occlusion temporaire ou définitive des artères utérines ont été décrites. A - Hystéroscopie Dans leur localisation sous muqueuse, les fibromes peuvent être traités par résection hystéroscopique. Cette technique permet de traiter les fibromes intra cavitaires, les fibromes intra muraux à dôme sous muqueux de type 1 et 2. Dans les années 1990, de petites séries ont été publiées sur cette technique avec des résultats encourageants mais disparates chez des patientes infertiles. Les taux de grossesse après résection hystéroscopique des fibromes variaient entre 16,7 et 67% et les taux d’accouchement entre 10 et 67%. Fernandez [1] montre dans une étude chez des patientes infertiles que la résection hystéroscopique a une efficacité limitée sur le taux de grossesse spontanée. 27 % des patientes ont mis en route une grossesse et seulement 10% ont accouché à terme. Le taux de grossesse était nettement meilleur lorsque le myome mesurait plus de 50 mm (57,1%) et qu’il était l’unique cause d’infertilité (41,6%). En effet, la multiplication des facteurs d’infertilité pondère l’efficacité de la résection des myomes sous muqueux sur l’obtention d’une grossesse. Lorsqu’un facteur se surajoute, le taux de grossesse passe à 26,3% et avec deux facteurs ou plus, il passe à 6,3%. Makris [2] confirme ces données avec un taux de grossesse de 54,16% après résection hystéroscopique d’un myome unique et de taille supérieure ou égale à 25 mm, sans autres facteurs. D’autre part, il est recommandé aux patients de concevoir rapidement après l’exérèse du fibrome puisque le taux de grossesse est le meilleur dans l’année qui suit. Le nombre de fibromes sous muqueux et leur position influencent aussi le taux de grossesse. En effet, d’après Bernard [3], la présence de fibromes intramuraux et des fibromes sous-muqueux supérieurs ou égaux à 2 diminue les chances d’obtenir une grossesse après résection hystéroscopique. La résection de fibromes sous-muqueux par laparotomie est possible avec des résultats de taux de grossesse de l’ordre de 60 %. Ces études sont peu nombreuses et comportent un petit nombre de patientes [4,5]. La résection hystéroscopique offre une morbidité moindre avec une hospitalisation courte et un coût inférieur. Tout geste endo utérin expose à la survenue de synéchies pouvant être une cause d’infertilité. Le risque de synéchie après résection hystéroscopique et estimé aux alentours de 25 %. Diverses méthodes ont été proposées pour essayer d’en réduire l’incidence. La prescription d’œstrogènes, la mise en place d’un dispositif intra utérin ou d’une sonde de Foley n’ont pas fait la preuve de leur efficacité et ne sont pas recommandés. L’application intra utérine de gel d’acide hyaluronique semble prometteuse à partir de deux études randomisées de petite taille, mais n’a pas été confirmée dans une étude cas-témoin plus large et l’évaluation n’a pas porté sur les taux de grossesse. En résumé, la candidate idéale à la résection hystéroscopique d’un fibrome semble être la patiente avec un fibrome unique sans autre facteur d’infertilité et de moins de 35 ans avec une conception rapide après la chirurgie. B - Myomectomie par laparotomie ou laparoscopie Les fibromes interstitiels et sous-séreux peuvent être traités chirurgicalement par laparotomie ou par coelioscopie. Les résultats en terme de fertilité sont comparables dans la littérature [6, 7]. Chaque fois que l’indication le permet, la cœlioscopie doit être préférée à la laparotomie. La morbidité est moindre et la convalescence plus rapide. Le taux d’adhérences post-opératoires peut affecter la fertilité des patientes, provoquer des algies pelviennes et augmenter le risque de grossesse ectopique. Il est très variable dans la littérature, proche de 100% après laparotomie [11] et entre 33 et 67% [12, 13] après laparoscopie. La réalisation d’une coelioscopie de contrôle à distance de la myomectomie permettrait de diminuer les complications liées aux adhérences [13]. La prévention des adhérences est donc fondamentale. Elle repose sur une technique opératoire rigoureuse, une hémostase soigneuse, des manipulations douces, une irrigation régulière, l’absence d’utilisation de corps étranger. L’utilisation de plusieurs produits anti adhérentiels a été évaluée. On note une diminution des scores d’adhérences, mais aucun bénéfice n’a pu être démontré en terme de fertilité. L’ouverture de la cavité utérine lors de la myomectomie expose à un risque de synéchie, qui est cependant mal évalué dans la littérature. Le risque de rupture utérine pendant la grossesse chez des patientes ayant bénéficié d’une myomectomie par coelioscopie est aux alentours de 1% [8]. Il n’existe pas d’étude comparant le taux de rupture selon la technique de myomectomie. Des cas de rupture utérine sont décrits aussi bien après résection hystéroscopique qu’après myomectomie par laparotomie. Le taux de césariennes est compris entre 23 et 50% [9, 10] dans les études avec un taux plus élevé après laparotomie. L’indication de myomectomie pour améliorer la fertilité des patientes dépend de plusieurs facteurs. La localisation des fibromes fait partie des facteurs pronostiques. Campo [10] montre que la probabilité de concevoir est supérieure après résection de fibromes intramuraux, de taille moyenne de 58 mm par coelioscopie. Les facteurs péjoratifs pour l’obtention d’une grossesse spontanée dans l’étude de Fauconnier [14] sont l’exérèse d’un fibrome intramural ou postérieur, et l’association de facteurs d’infertilité masculine, d’une pathologie tubaire ou ovarienne. Les fibromes déformant la cavité utérine ne semblent pas avoir d’influence sur la fertilité dans cette étude. Par contre, la résection de myome responsable de méno métrorragies améliore la fertilité. L’âge maternel serait un facteur influençant de façon significative la fertilité [15], faisant passer la fertilité de 74% pour les femmes ≤ 35 ans à 30% à ≥ 36 ans. Dans le cadre de la prise en charge en AMP, la myomectomie, lorsque les fibromes sont sous-séreux ou intra-muraux sans déformer la cavité utérine, est à discuter au cas par cas. Les fibromes sous-séreux et/ou intramuraux de moins de 4 cm ne nécessitent pas de myomectomie [16]. Lorsqu’ils font plus de 7 cm, la myomectomie doit être proposée [17]. Pour les fibromes déformant la cavité utérine, une myomectomie parait licite [18]. C – Occlusion artérielle L’occlusion artérielle définitive est réalisée le plus souvent par cœlioscopie. Peu d’études existent, et seules deux se sont intéressées à la fertilité ultérieure. Dans l’étude de Chen [19], 41% des femmes ont été enceintes après l’occlusion, mais seules 5% ont accouché à terme et le taux d’avortement spontané est de 41%. La série de Holub [20] est plus rassurante pour cette technique avec 10% d’avortement spontané, un taux de grossesse de 47% et l’absence de complication obstétricale particulière. Les données sont donc encore insuffisantes pour recommander cette technique chez les femmes ayant un désir de grossesse. Des travaux ont montré qu’après ischémie utérine temporaire, il existait une reperméabilisation du myomètre alors qu’il n’y avait pas de reperfusion des myomes. Des techniques d’occlusion temporaire des artères utérines ont donc été proposées, entre autres par application d’un clamp par voie vaginale. Le recul est insuffisant pour apprécier l’efficacité de ces nouvelles techniques qui ne sont pas proposées en cas de désir de grossesse. II - Traitements non chirurgicaux Différentes techniques sont proposées dans la littérature. Il s’agit de l’embolisation artérielle (EFU), des ultrasons focalisés ou de la radiofréquence. Cette dernière en est au stade de la démonstration de sa faisabilité, et aucune évaluation en terme de fertilité n’est disponible. L’utilisation d’ultrasons focalisés, plus ancienne et plus développée, n’est actuellement pas recommandée en cas de désir de grossesse. Il n’y a pas de donnée publiée sur la fertilité ultérieure et le pronostic obstétrical. Quelques cas de grossesses après ultrasons focalisés sont rapportés, ne permettant pas une analyse scientifique. Nous nous intéresserons donc plus particulièrement à l’embolisation artérielle de fibromes. Décrite en 1995, cette technique n’était proposée que chez les femmes n’ayant plus de désir de grossesse. Cependant, de nombreux auteurs ont depuis décrit des cas puis des séries de patientes ayant été enceintes après EFU, avec plus de 180 cas rapportés. L’absence (ou la rareté) de registre ou de travail prospectif sur le pronostic de la fertilité des femmes après EFU limite nos connaissances à l’interprétation de séries ou de cas cliniques. La diffusion de cette technique a permis d’en préciser les indications et contre indications, en particulier afin de limiter les complications. L’EFU n’est donc pas indiquée en cas de myome intra cavitaire ou sous muqueux, de myome sous séreux pédiculé, d’antécédent d’infection génitale. En respectant ces contre indications, les taux de complications sévères sont faibles ; en particulier, le risque d’hystérectomie secondaire (hors échecs de l’EFU) est probablement identique à celui après myomectomie chirurgicale. Les taux de succès de l’EFU semblent plus modestes lorsque le fibrome mesure plus d’une certaine taille (environ 10 cm). L’EFU présente certains avantages théoriques dont le caractère mini invasif et l’effet «ciblé» sur le(s) myome(s) (absence de cicatrice utérine, effet localisé sans atteinte du myomètre ou de l’endomètre), particulièrement intéressants en termes de fertilité. A - Impact sur le pelvis En effet, l’absence d’ouverture de l’abdomen et de cicatrice utérine permet d’espérer l’absence de survenue d’adhérences post opératoires, dont on sait qu’elles peuvent être facteur ultérieur d’infertilité. Toutefois, Agdi [21] a rapporté un taux d’adhérences post opératoires de 20% (contre 1,4% dans un groupe avec myomes non embolisés), et plusieurs auteurs ont décrits des cas d’occlusion digestive sur bride après EFU. B - Impact sur la fonction ovarienne Depuis l’utilisation de particules de gros diamètre (> 500 u), le taux d’aménorrhée transitoire est de 5 à 10%, le taux d’aménorrhée définitive est situé entre 0 et 3% avant 45 ans, et de 7 à 14 % au-delà. C- Impact sur l’utérus L’EFU est de plus en plus sélective, ayant pour but de dévasculariser essentiellement les fibromes. Cependant, les particules peuvent être retrouvées dans l’endomètre ou le myomètre. Parmi les incidents les plus fréquemment rapportés, on note l’expulsion secondaire du myome nécrosé. Si cette complication est classique pour les myomes intra cavitaires ou sous muqueux, elle est cependant tout à fait possible pour des myomes interstitiels. Ces expulsions peuvent être considérées comme une façon de guérir du myome en restaurant une anatomie utérine normale. Cependant, le contexte septique souvent associé peut faire craindre la survenue de synéchies, mais il n’existe pas de données à ce sujet. Mara [22] a retrouvé 37% de protrusion intra cavitaire de myome après EFU pour des myomes interstitiels lors de contrôles hystéroscopiques. Dans cette étude, seules 37% des patientes avaient une cavité endométriale normale, et il existait 28% de zones de nécrose endométriale, 14% de synéchies à des degrés variables et 10% de communication entre le myome et la cavité endométriale. La survenue d’une fistulisation du myome dans la cavité utérine nous semble particulièrement inquiétante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sa fréquence de survenue est assez imprécise, mais était retrouvée dans 4% des cas dans une des plus importantes séries publiées (Walker et Pelage [23]). Les auteurs insistaient sur la probable sous estimation dans la littérature car le symptôme principal (leucorrhées) est peu spécifique et rarement rapporté spontanément par les patientes. Le processus physiopathologique de survenue est peu clair. Mais surtout, il n’y a pas de facteur de risque précis retrouvé, et cette évolution ne peut donc être éliminée avant l’EFU. Plusieurs auteurs ont rapporté des cas identiques, ce qui pose beaucoup de questions sur les possibilités ultérieures de reproduction : quid de la fertilité ? En cas d’implantation de la grossesse dans cette cavité ? Quelle est la résistance du myomètre en cas de contractions utérines ? On peut argumenter que ces complications ont été décrites dans des séries «anciennes», après des EFU «agressives» qui n’ont plus cours aujourd’hui. Mais il faut alors reconnaître que nous n’avons pas de recul concernant les nouvelles façons d’emboliser en terme de fertilité. Dans notre unité, nous avons d’ailleurs observé ce type de complication récemment… Ces observations nous semblent devoir imposer la plus grande réserve sur les indications d’EFU chez des femmes ayant un éventuel désir de grossesse ultérieur. Toutefois, de nombreuses séries de grossesses après EFU sont rapportées, et leurs résultats permettent de répondre à certaines questions. Aucune étude sur l’EFU spécifiquement en cas d’infertilité n’a été publiée à l’heure actuelle. D - Séries «Obstétricales» Peu de registres ont été mis en place pour étudier la fertilité des femmes après EFU, et l’évaluation du désir de grossesse mais surtout du nombre réel de femmes ayant cherché activement à concevoir sont très imprécis. Les chiffres publiés vont ainsi de 9 à 50%. De même, le taux d’avortements spontanés est extrêmement difficile à préciser, ceux ci pouvant être très précoces et méconnus, ou non rapportés par les patientes. Il semble que ces taux soient élevés (20 à 40%). Il faut cependant tenir compte du fait que les patientes bénéficiant d’une EFU sont souvent plus âgées que la population générale. Les taux de prématurité rapportés varient de 10 à 29%. Le taux de retard de croissance intra utérin varie de 7 à 25%. Là aussi, de nombreux facteurs de confusion peuvent intervenir, tels que l’hypertension artérielle qui peut être liée à l’âge des patientes. Le risque de dystocie lors de l’accouchement est augmenté (probablement du fait du volume du myome résiduel), associé à un taux élevé de césarienne (50 à 90%). De même, l’âge, les antécédents de myomectomies influent sur les résultats ; on peut aussi penser qu’une césarienne n’est pas une «mauvaise» indication en cas de grossesse tardive chez une femme ayant été traitée pour plusieurs myomes, et que cela peut ne pas être considéré comme un inconvénient. Les complications les plus sévères de ces grossesses ne sont peut-être finalement pas celles que l’on pouvait craindre. Il semble qu’il existe une augmentation importante du risque d’hémorragie à l’accouchement (20% dans la série de Carpenter [24], 12% dans le registre de l’Ontario [25]). En particulier, le risque de placenta prævia serait multiplié par 10, et l’étude de Pron [25] rapporte un cas de placenta accreta chez une patiente n’ayant pas d’antécédent de myomectomie et pour laquelle une hystérectomie per césarienne a dû être réalisée dans un contexte d’hémorragie maternelle avec mise en jeu du pronostic vital. Plusieurs études comparant la myomectomie et l’EFU ont été publiées mais une seule avait pour objectif l’évaluation de la fertilité ultérieure. Il s’agit d’une étude randomisée comparant 58 EFU à 63 myomectomies [26]. Le recul moyen est de 18 mois pour l’EFU et 13 mois dans le bras chirurgical. Seules 26 femmes ont essayé de concevoir après EFU contre 40 après myomectomie, ce qui constitue un biais important. A ce stade de l’étude, les taux de grossesse après EFU et myomectomie sont respectivement de 50% et 78 % (p<0,05), d’accouchement de 19% et 48 % (p<0,05), d’avortement spontané de 64% et 23% (p<0,05). Le risque relatif pour une femme après EFU de ne pas être enceinte est de 2,22 (95% CI : 1,11–4,44), de ne pas accoucher de 1,54 (95% CI : 1,08-2,18), d’avoir un avortement spontané de 2,79 (95% CI : 1,25-6,22). L’ensemble de ces données n’est pas en faveur de l’EFU. On peut argumenter que c’est la seule étude disponible, que le recul est très court et que toutes les femmes n’ont pas essayé de concevoir. III - Conclusion La prise en charge d’une femme ayant un fibrome et un désir de grossesse reste sujet à controverse. Les myomes intra cavitaires et sous muqueux relèvent d’une résection hystéroscopique qui améliore la fertilité ultérieure mais pour laquelle il faudra s’assurer de l’absence de synéchie intra utérine. Dans les autres situations, la discussion relève d’une décision pluri disciplinaire prenant en compte le nombre, la taille et la topographie du (des) myomes, mais aussi l’âge de la patiente, l’existence d’autres facteurs d’infertilité. L’indication sera posée en tenant compte des avantages et inconvénients de chaque technique. Concernant les nouvelles techniques (occlusions, ultrasons focalisés), les données sont insuffisantes pour les pratiquer en première intention et elles relèvent de protocoles de recherche. L’EFU n’est pas recommandée en première intention, mais peut constituer une alternative intéressante en cas d’utérus polymyomateux ou en cas de récidive post chirurgicale. 1 : Pôle de Gynécologie, Hôpital Jeanne de Flandre, CHU de Lille 2 : Pôle d’Imagerie Cardiovasculaire, Hôpital Cardiologique, CHU de Lille. 12 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 1 : un problème courant en gynécologie : les métrorragies 13 IV - Bibliographie JOURNÉE SIGU 1. 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A - L'échographie vaginale L’excellente résolution des sondes vaginales de haute fréquence permet une étude morphologique fiable et non invasive de la muqueuse utérine, il faut toutefois disposer de sondes à secteur suffisamment large pour étudier l’endomètre en totalité. L’épaisseur totale de l’endomètre sera mesurée de préférence en coupe sagittale et toujours perpendiculairement à la ligne cavitaire (fig 1). Si la cavité est distendue par du liquide, on additionnera l’épaisseur des deux muqueuses mesurées séparément. B - L’échographie tridimensionnelle 3D Très démonstrative en échographie foetale, cette technique a rapidement trouvé des applications en gynécologie. La sonde 3 D permet, en quelques secondes d'un balayage automatique, l'acquisition d'un volume d'échos dont le traitement informatique va extraire tous les plans de coupes souhaités, y compris des plans "impossibles" perpendiculaires à l'axe du faisceau. Ainsi le mode 3D permet de réaliser des coupes frontales vraies de la cavité utérine en vue hystérographique, ce qui est rarement possible par voie vaginale (fig 2). Elle permet en outre d’obtenir des reconstructions tridimensionnelles de la cavité utérine, il est possible de calculer le volume cavitaire, d’en préciser sa forme et de l’explorer, réalisant ainsi une véritable hystéroscopie virtuelle. C - Le Doppler couleur et pulsé Le Doppler couleur permet d’apprécier la vascularisation utérine grâce : Au mode couleur et plus encore le Doppler énergie qui permet de réaliser une cartographie vasculaire très fine de l'utérus (mapping). Les systèmes Doppler actuels permettent de visualiser les vaisseaux arqués et les artères sub-endométriales, cette cartographie myométriale normale entoure de façon harmonieuse l'endomètre qui à l'état normal apparaît vide de signal, les artères spiralées n'étant pas couramment visibles (fig 3) ; ainsi tout foyer d'hypervascularisation intra-endométrial sera suspect de pathologie, Au mode pulsé : l'enregistrement Doppler réalisé au niveau de la crosse de l'artère utérine est le reflet de l'imprégnation estrogénique. En effet, l'estradiol (E2) est un puissant vasodilatateur artériel et agit tout particulièrement sur l'artère utérine. Ce vaisseau va donc subir de profondes modifications physiologiques en fonction de l'âge et du terrain hormonal ; on peut ainsi, de façon caricaturale opposer le flux à haute résistance de la ménopause au flux à basse résistance de la grossesse. II - L’endomètre au cours du cycle menstruel Au cours du cycle menstruel, sous l'influence de l'oestradiol (E2) puis de la progestérone, la muqueuse utérine va subir des modifications visant à la préparer à une éventuelle implantation ovulaire. On décrit schématiquement deux phases, la phase proliférative d’imprégnation estrogénique et la phase sécrétoire d’imprégnation progestative. Au cours d'un cycle fécondant, la capacité nidatoire de l'oeuf est directement liée à la qualité du "lit endomètrial" et à sa vascularisation. A - Échographie 1) En période menstruelle (j1 à j4) : l’endomètre abrasé est à peine visible et l’on peut observer un léger dédoublement de la ligne cavitaire ainsi que des caillots ou des débris de muqueuse échogènes qui ne doivent pas être confondus avec des polypes (fig 4). Ces images se mobilisent à l'appui de la sonde, elles n'ont pas de base d'implantation cavitaire et ne présentent aucun flux en Doppler couleur ; en cas de doute on proposera un contrôle en milieu de cycle. 1 : 73 rue Jacquemars Giélée - Cabinet de Radiologie 59800 Lille 16 2) Phase proliférative : après la fin des menstruations la ligne cavitaire redevient linéaire et l'endomètre en régénération réapparaît progressivement sous forme de deux bandes hypoéchogènes de part et d’autre de la ligne cavitaire. L’épaisseur de l’endomètre varie de 4 à 6 mm à J 8 pour atteindre environ 8 à 10 mm à J 12. 3) En période ovulatoire : l’endomètre prend un aspect caractéristique en cible ou anneau périovulatoire comportant la ligne cavitaire centrale et l’endomètre hypoéchogène souligné par une ligne basale hyperéchogène (fig 5). En phase pré-ovulatoire, et surtout en cas d'hyperoestrogénie (stimulation ovarienne), la glaire cervicale (fig 6) dessine une petite cavité cervicale anéchogène de 1 ou 2 mm d'épaisseur. Entourée par la muqueuse endo-cervicale habituellement très fine (1 à 4 mm), elle disparaît rapidement après l’ovulation. L'hypo-échogénicité de la muqueuse en première partie de cycle s'explique par la rectitude des glandes utérines qui sont peu réfléchissantes lorsqu'elles sont abordées dans leur grand axe. 4) Phase sécrétoire : en deuxième partie de cycle, l’endomètre continue à s’épaissir (12-14 mm) et devient progressivement hyperéchogène, ce phénomène est lié à l’aspect tortueux des glandes utérines dont le contenu se charge en glycogène et en mucus. Cette hyperéchogénicité évolue de façon centripète à partir de la couche basale pour gagner tout l’endomètre vers le 21e jour du cycle, période propice à l’implantation. C'est ainsi que l'on peut décrire une phase sécrétoire précoce (fig 7a) où le centre de la muqueuse reste hypo-échogène et une phase sécrétoire tardive où la muqueuse présente une hyperéchogénicité diffuse (fig 7b). Enfin juste avant les règles, on peut voir apparaître du sang dans la cavité utérine entouré par la muqueuse sécrétoire donnant un aspect de pseudo-sac. endomètre décidualisé (épais et hyperéchogène) témoigne qu'une grossesse est possible, a fortiori si l'on individualise un corps jaune. A l'inverse, un endomètre quasi-absent ou surtout une muqueuse hypo-échogène (œstrogénique pure) rendent peu probable l'hypothèse d'une grossesse. devant un kyste ovarien, la présence d’un endomètre sécrétoire est très en faveur de sa nature fonctionnelle : lutéinique (fig 9). 2) De bien cibler la période idéale pour réaliser l’échographie Les variations physiologiques de l'endomètre offrent ainsi un contraste naturel qui doit être mis à profit pour rechercher des anomalies muqueuses : les polypes muqueux hyperéchogènes seront visualisés au mieux vers le 12è jour du cycle, car l'hypoéchogènicité de l'endomètre assure un bon contraste (fig 10a). En 2ème partie de cycle par contre leur visualisation est beaucoup plus difficile car ils sont noyés dans la muqueuse de même tonalité (fig 10b). les fibromes sous muqueux hypoéchogènes (fig 11) et surtout les malformations utérines seront étudiés de préférence en fin de cycle car l'aspect hyperéchogène et épais de la muqueuse favorise le diagnostic, à l'inverse un endomètre hypotrophique de début de cycle rend le diagnostic de malformation beaucoup plus difficile Le Doppler couleur est également utile dans la recherche des anomalies muqueuses, le polype muqueux est généralement relié à la paroi utérine par un pédicule vasculaire fin et unique (fig 12), contrairement au myome sous muqueux qui refoule les vaisseaux en périphérie. L'hystérosonographie permet de différencier clairement les polypes de simples épaississements muqueux et de bien délimiter leur base d’implantation.(fig 13a). Elle peut être couplée au mode 3D pour vue frontale de la cavité et au Doppler couleur qui permet de visualiser le pédicule vasculaire reliant les polypes à la paroi utérine (fig 13b). 3) Infertilité et réceptivité endométriale La structure de l’endomètre et la vascularisation utérine jouent un rôle très important dans la réceptivité endomètriale au moment de la nidation, certaines causes d'infertilité pouvant altérer la perfusion utérine. En effet, il existe un certain nombre d'infertilités inexpliquées, pouvant être en rapport avec des échecs nidatoires par hypovascularisation utérine, celles-ci pourraient être dorénavant qualifiées de stérilités vasculaires (fig 14). Dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation (AMP), l’étude écho-Doppler de l’endomètre est souvent négligée, pourtant elle est aussi importante que celle du suivi de la maturation folliculaire. Dans le suivi des cycles en induction de l’ovulation (insémination et Fécondation in vitro), l’appréciation échographique de la réceptivité endomètriale repose sur l’épaisseur et l’aspect de la muqueuse utérine : - l’endomètre doit être d’épaisseur suffisante : toutes les études s'accordent à définir une épaisseur minimale en dessous de laquelle les chances de grossesse sont quasiment nulles celle-ci est en moyenne de 8 mm et entre 6 et 8 mm, on n'observe généralement que des grossesses biochimiques. - l’endomètre doit être homogène et concordant avec le cycle. Si la muqueuse est volontiers plus épaisse dans les cycles stimulés notamment en FIV, il est essentiel qu'elle garde un aspect physiologique, équivalent au cycle spontané ; en particulier avant l’ovulation, l'endomètre doit présenter un aspect prolifératif en cible. L’hyperéchogénicité précoce que l'on observe parfois avant le déclenchement est généralement de mauvais pronostic. En stimulation mono folliculaire elle peut s’observer sous Clomifène du fait de son effet anti-estrogène (fig. 15), en FIV elle témoigne soit d'une élévation prématurée de la progestérone soit d'un effet délétère des androgènes libérés par la stimulation ovarienne. De même le caractère hétérogène de l'endomètre ou l'existence d'une pathologie muqueuse : myome sous muqueux, adénomyose, polypes sont des facteurs défavorables qui peuvent entraver la bonne implantation ovulaire. IV - Conclusion L'échographie vaginale fournit une excellente approche fonctionnelle et morphologique de l’endomètre. Les variations physiologiques de l’endomètre au cours du cycle sont importantes à connaître ; elles sont directement liées à l’imprégnation oestro-progestative et permettent de situer le contexte hormonal au cours de tout examen échographique. Dans le cadre de l’infertilité, l’échographie couplée au Doppler est un bon marqueur de la réceptivité endométriale. On admet qu’au moment de la nidation, les chances d'une grossesse sont quasiment nulles pour une épaisseur d'endomètre < 8 mm et /ou un index de pulsatilité utérin > 3. B - En Doppler pulsé : variations physiologiques du flux utérin Le flux utérin est un excellent reflet de l'imprégnation estrogénique. Tout au long de la vie génitale, l'artère utérine va en effet subir des modifications physiologiques très importantes en fonction de l'âge et du terrain hormonal (fig 8) : Au cours du cycle menstruel, l'artère utérine présente un flux à moyenne résistance caractérisé par un flux diastolique modèré (< 50 % de systole) et l'existence d'une incisure proto-diastolique (Notch) qui témoigne de l'élasticité de la paroi du vaisseau. L'index de pulsatilité varie de 1,5 à 3 et reste relativement stable à l'exception d'une petite baisse en deuxième partie de cycle qui serait un peu plus marquée du coté de l'ovulation (fig 8a). Au cours de la grossesse, du fait de l'inflation hormonale la résistance de l'artère utérine baisse de façon importante, le vaisseau colonisé par le trophoblaste doit perdre son élasticité. Après 22 semaines d'aménorrhée, c'est à dire au cours de l'échographie de morphologie fœtale, on doit normalement observer une disparition du Notch protodiastolique, un diastole élevée (≥ 50 % de systole) et des résistances basses : IR < O, 7 (fig 8b). A la ménopause ou en cas d'hypo-estrogénie prolongée, on observera à l'inverse une atrophie progressive de l'endomètre et parallèlement une augmentation des résistances utérines : diastole faible ou nulle, IP3. (fig 8c). Le flux diastolique réapparaît habituellement sous THS (fig 8d). Fig 1. Mesure de l'épaisseur de l'endomètre Bonne visualisation de l’utérus et de l’ensemble de la cavité grâce au large secteur de la sonde vaginale (200°). On mesure de l'épaisseur totale en coupe sagittale perpendiculairement à la ligne cavitaire. Fig 2. Échographie 3 D coupe frontale de la cavité utérine qui présente un aspect échancré (cliché JM Levaillant). Fig 3. Doppler couleur : cartographie vasculaire entourant l’endomètre vide de signal. Fig 4. Cavité en période menstruelle endomètre atrophique et caillots intracavitaires (-> ). Fig 5. Phase préovulatoire : l'endomètre hypoéchogène mesure 10 mm, il s'entoure d'un fin liseré hyperéchogène et la portion fondique commence à s'arrondir (-> ). Fig 6. Glaire cervicale pré-ovulatoire (->) et endomètre prolifératif en cible. III Applications pratiques Une parfaite connaissance des variations physiologiques de l'endomètre est fondamentale et permet : 1) de situer le contexte hormonal au cours de toute échographie Un endomètre hypoéchogène de type prolifératif témoigne d'une imprégnation oestrogénique pure, une muqueuse hyperéchogène de type sécrétoire d'une imprégnation oestro-progestative. En caricaturant, on pourrait admettre que l'on dispose sous la sonde vaginale d'un véritable dosage plasmatique des Oestrogènes et de la Progestérone. Cette notion est particulièrement utile : en cas de suspicion de GEU, lorsque le résultat d'HCG ß n'est pas connu, ce qui n'est pas rare dans un contexte d'urgence. La constatation d'un du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 2 : les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragie 17 18 Fig 7a. Endomètre en phase sécrétoire : J 17 phase sécrétoire précoce bourrelet hyperéchogène périphérique évoluant de façon centripète. Fig 7b. J 22 hyperéchogénicité diffuse de la muqueuse utérine dont l’épaisseur est maximale (13 mm). Fig 8a. Doppler utérin, variations du flux en fonction du statut hormonal : Cycle menstruel, flux à moyenne résistance avec Notch (-> ) et flux. Fig 8b. Grossesse, flux à basse résistance avec disparition du Notch et augmentation du flux en diastole. Fig 8c. Ménopause non traitée, flux à haute résistance avec disparition du flux en diastole. Fig 8d. Après 1 an de THS (même patiente que 7c) réapparition d’un flux en diastole. Fig 9. Kyste lutéal ovarien gauche, présence d’un endomètre sécrétoire par imprégnation œstroprogestative. Fig 10a. Polypes muqueux, choix de la période du cycle : choix judicieux J 13, le polype est bien visible en coupe sagittale (->) grâce à l'endomètre prolifératif hypoéchogène. Fig 10b. J 23 choix inopportun : en phase sécrétoire, le polype hyperéchogène (->) est noyé dans l'endomètre de même tonalité. Fig 11. Myome sous muqueux hypoéchogène refoulant l’endomètre sécrétoire (-> ). Fig 12. Gros polype muqueux, bonne visualisation de son pédicule vasculaire (->) en Doppler couleur. Fig 13a. Hystérosonographie, Après injection intracavitaire de sérum, le polype muqueux est entouré de liquide, sa base d’implantation fondique est parfaitement visible (->). du 19 au 21 mars 2009 Fig 13b. En mode 3 D : gros polype visible en vue frontale de la cavité utérine (->). (cliché JM Levaillant) Fig 14. Doppler utérin et infertilité Infertilité de 3 ans, écho-Doppler à J 21 : malgré un endomètre concordant mesuré à 11mm, le Doppler est très mauvais avec reverse-flow (->) et diastole nulle : Index de pulsatilité : 4. Fig 15. Induction de l’ovulation par Clomifène, transformation sécrétoire précoce de l’endomètre malgré la présence d’un follicule pré-ovulatoire. Chapitre 2 : les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragie 19 Valeurs, limites et fiabilité des prélèvements endomètriaux. B - Carcinome endométrioide : type et grade Les carcinomes endométrioides sont séparés en 2 types : type 1dont le prototype est le carcinome endométrioide et type 2 dont le prototype est le carcinome séreux. Il est important de préciser le type dès le prélèvement biopsique car le geste chirurgical n’est pas toujours identique, de même pour un carcinome endométrioide de grade 3. Les différences morphologiques inhérentes à ces différents types ou grade sont quelquefois d’appréciation difficile en raison de la petite taille des prélèvements et des foyers lésionnels examinés même si l’immunohistochimie peut aider à différencier les types 1 et 2 (14). Dr Marie-Christine BARANZELLI – Lille(1) Les biopsies d’endomètre et les curetages sont parmi les prélèvements les plus fréquemment reçus par un laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologique. Cependant les variations morphologiques, liées aux influences hormonales, physiologiques ou non, la fréquence des artefacts liés aux modalités des prélèvements et le caractère le plus souvent aveugle du geste font souvent de ces examens un challenge diagnostique. L’indication essentielle des prélèvements d’endomètre, au moins dans notre domaine, est la survenue de saignements anormaux. Le rôle du pathologiste est d’éliminer une pathologie néoplasique ou précancéreuse, ou de mettre en évidence une éventuelle pathologie bénigne, polype ou endométrite. Seront envisagés successivement : • les modalités des prélèvements, quantité et adéquation, • les artefacts lies aux prélèvements, • les polypes et les endométrites, • les hyperplasies et les rapports avec l’adénocarcinome de bas grade, • les autres pathologies tumorales. I - Les modalités des prélèvements, quantité et adéquation Les prélèvements endométriaux peuvent se pratiquer : - en consultation avec une pipelle de Cornier (2 mm diamètre interne) ou une canule de Novack (2 à 3mm diamètre interne), - sous anesthésie avec dilatation cervicale, à l’aveugle, curetage ou sous contrôle visuel hystéroscopie-curetage. La plupart des prélèvements sont obtenus en ambulatoire par pipelle ou canule et sont de petite taille et superficiels. Or, la capacité de faire un diagnostic et sa fiabilité dépendent de la quantité voire de l’existence même du tissu endométrial prélevé. Les renseignements cliniques sont primordiaux : - l’endomètre atrophique d’une patiente ménopausée donnera des prélèvements très peu abondants voire insuffisants pour le pathologiste ce qui sera une conclusion rassurante pour le gynécologue qui a les mêmes observations à l’échographie, - certains traitements hormonaux ou certains stérilets avec imprégnation hormonale peuvent induire des aspect polypoides de l’endomètre et des modifications morphologiques incluant des atypies réactionnelles glandulaires (1). Mc Cluggage (2) a proposé un algorythme sur l’adéquation des prélèvements à un diagnotic histopathologique. Trois niveaux de coupes sériées sont habituellement réalisés sur ces prélèvements inclus en totalité(3). II - Les artefacts histopathologiques dans les prélèvements Ils existent et doivent être connus car ils peuvent prêter à confusion avec l’hyperplasie, voire le carcinome (4). La fragmentation du tissu lié à des causes mécaniques induit un clivage des glandes du stroma et leur disposition anarchique ; parfois elles sont tassées sans interposition de stroma (hyperplasie). Le télescopage des glandes donne une image de «glande dans une glande» ou intussusception à ne pas confondre avec une hyperplasie atypique voire un carcinome. Les prélèvements endométriaux peuvent contenir des tissus d’origine cervicale, fragments d’épithélium mucineux ou malpighien, ou de la mucine extracellulaire contenant des éléments inflammatoires sans signification en l’absence de pathologie inflammatoire du stroma endométrial; une hyperplasie microglandulaire ou une métaplasie malpighienne des glandes endocervicales peut être troublante. Néanmoins des fragments de tissu adipeux avec des adipocytes nettement individualisés dans une biopsie d’endomètre signent presque toujours une perforation utérine. III - Les polypes et les endométrites A - Les endométrites Le critère diagnostique est la présence de plasmocytes même en minorité dans le stroma endométrial, mêlés à d’autres éléments inflammatoires (4). Ils sont souvent repérés au voisinage de la surface des glandes. S’y associent des perturbations de la maturation de l’endomètre, un œdème du stroma avec un aspect fusiforme des cellules stromales autour des glandes ; des atypies cytologiques et une complexité architecturale des glandes peuvent apparaître dans les zones les plus inflammatoires (hyperplasie, carcinome). B - Les polypes C’est une pathologie fréquente. Le gynécologue peut évoquer un polype qui en fait correspond à un endomètre sécrétoire d’aspect polypoide. Sinon les fragments d’un éventuel polype sont mêlés aux fragments d’endomètre. Le diagnostic repose sur l’aspect des vaisseaux, la présence de fragments d’endomètre de morphologie différente : les glandes situées dans un polypes d’une patiente même ménopausée ont une certaine activité proliférative à différencier d’une hyperplasie. Un polype peut être le siège d’un carcinome endométrioide mais il est bien sûr impossible de préciser sur un fragment biopsique s’il s’agit d’un cancer prenant naissance dans le polype ou étendu au polype. Les carcinomes séreux et le carcinome intra épithélial (lésion précurseur) surviennent assez régulièrement sur des polypes et doivent toujours être recherchés d’autant que l’épithélium est atrophique (5). L’adénomyome polypoide atypique est rare ; il survient chez des patientes préménopausique souvent nullipares ; il atteint préférentiellement la partie inférieure de l’endomètre (6). IV - Les hyperplasies et l’adénocarcinome endométrioide de bas grade Les hyperplasies de l’endomètre sont séparées en : - hyperplasies non atypiques simple ou complexe, - hyperplasies atypiques, le plus souvent d’architecture complexe. Le problème essentiel est celui de l’hyperplasie atypique et du carcinome endométrial. Le diagnostic d’hyperplasie atypique repose principalement sur les atypies nucléaires ; ce critère est très subjectif et il existe une variabilité interobservateur même parmi les pathologistes rompus à cette pathologie (7). Ce sont les lésions les plus souvent surdiagnostiquées (8). Bien que toutes les hyperplasies s’accompagnent d’un risque accru de développer un adénocarcinome endométrioide de l’endomètre, les taux de risque sont très différents selon le caractère atypique ou non de l’hyperplasie : - 1 et 3% pour l’hyperplasie non atypique simple ou complexe (9) - 25 à 40% pour l’hyperplasie atypique simple ou complexe. Cependant l’appréciation exacte reste difficile car beaucoup de patientes ont une hystérectomie dès ce diagnostic posé (2). A - Hyperplasie atypique et adénocarcinome endométrioide Ces 2 lésions appartiennent à un même spectre lésionnel et le diagnostic différentiel entre ces 2 lésions est toujours difficile voire impossible sur des prélèvements biopsiques de très petite taille. Pour de nombreuses patientes un adénocarcinome endométrioide est retrouvé sur la pièce d’hystérectomie réalisée pour hyperplasie atypique (45 à 50 %), (10, 11). Les critères de diagnostic différentiel, aspect cribriforme et/ ou envahissement du stroma endométrial (12) sont d’appréciation difficile sur des fragments biopsiques mesurant généralement 1.5 à 2 mm. Afin de pallier certaines de ces difficultés, Mutter (13) a proposé un concept de «neoplasie intra-épithéliale endométriale» basé sur des études morphométriques et moléculaires ou immunohistochimiques. Cette classification semble cependant difficile à appliquer dans la pratique courante sur des prélèvements biopsiques et ne résout pas le problème des adénocarcinomes associés Dans la mesure où l’IRM peut mettre en évidence et apprécier l’infiltration éventuelle du myomètre et, où la prise en charge de l’hyperplasie atypique est chirurgicale sauf cas particulier, le problème du diagnostic différentiel avec l’adénocarcinome de grade 1 est moins aigü. V - Les autres pathologies tumorales L’adénosarcome et l’adénofibrome Ce sont des tumeurs mullériennes mixtes associant un contingent glandulaire bénin et un contingent mésenchymateux, malin dans l’adénosarcome . Ce sont des lésions polypoides pour lesquelles à moins d’un contingent sarcomateux de haut grade, l’hystérectomie est la thérapeutique. Les adénosarcomes de bas grade sont souvent de diagnostic difficile et habituellement le diagnostic est réalisé après plusieurs récidives de lésions polypoides (2, 15). VI - Conclusion L’interprétation des prélèvements d’endomètres est difficile et contient de nombreux pièges. Les renseignements cliniques avec les indications des thérapeutiques en cours sont primordiaux. Les pathologistes sont conscients de leurs limites et de leurs devoirs et notamment de typer les carcinomes même sur des prélèvements biopsiques exgüs. VII - Bibliographie 1. Philips V et al. The effects of the levonorgestrel intrauterin system on endometrial morphology . J Clin Pathol 2003; 56 : 305-7 2. McCluggage WG. My approach to the interpretation of endometrial biopsies and curettings. J Clin Pathol 2006 ; 59 : 810-812 3. Silverberg SG. The endometrium pathologic principles and pitfalls. Arch Pathol Lab Med. 2007 ; 131 : 372-382 4. Mazur T, Kurman RJ. Diagnosis of endometrial biopsies and curettings. A practical approach. Second edition. Springer. 2004 5. McCluggage. Uterine sereus carcinoma and endometrial intraepithelial carcinoma arising in endometrial polyps : report of 5 cases, including 2 associated with tamoxifen therapy Human Pathology 2003,34 : 939-943 6. Mazur MT. Atypical polypoid adenomyomas of the endometrium. Am J Surg Pathol 1981 ; 5 : 473-82 7. Bergeron et al. Multicentric Eurropean Study testing the reproductibility of WHO classification of endometrial hyperplasia with a proposal of a simplified working classification for biopsy and curettage specimens. AM J Surg Pathol 1999 ; 23 : 1102-8 8. Sylverberg SG. Problems in the differential diagnosis of endometrial hyperplasia and carcinoma. Modern Pathology 2000 ; 13 : 309-327 9. Kurman RJ et all. Along-term study of «untreated hyperplasia» in 170 patients. Cancer 1985 ; 46 : 403-12 10. Widra et all. Endometrial hyperplasia and the risk of carcinoma. Int J Gynecol Cancer 1995 ; 5 : 233-35 11. Shutter J et all. Prevalence of underlying adenocarcinoma in women with atypical endometrial hyperplasia. Int J Gynecol Pathol. 2005; 313-18 12. Penault-Llorca F. Bulletin de la Division française de l’AIP. 2003 ; 34 : 50-57 13. Mutter GL and the Endometrial Collaborative Group. Endometrial intraepithelial neoplasia (EIN): will it bring order to chaos? Gynecol Oncol 2000; 76 : 287-90 14. Alkushi A et all. Interpretation of p 53 immunoreactivity in endometrial carcinoma : establishing a biologically relevant cut-off level. Int J Gynecol Pathol .2004;23: 129-37) 15. McCluggage WG In : Tavassoli FA, DEVILEE P (ed). Tumours of the breast and female genitale organs. World Health Organization Classification of tumours. Pathology&Genetics. IARC Press (LYON, France). 2003) 1 : Centre Oscar Lambret - 3 rue Frédéric Combemale - 59000 Lille 20 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 2 : les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragie 21 IRM de l’endomètre avant les résultats de l’histologie : du bilan d’un cancer à la gestion des incidentalomes. Dr Muriel VIALA-TRENTINI - Nîmes(1), Dr A. MAUBON - Limoges(2), Dr JP. ROUANET - Montpellier(1). I - Introduction Les lésions organiques de l’endomètre (polype, cancer) et les perturbations fonctionnelles associées à des anomalies de l’endomètre (atrophie, hyperplasie) se révèlent le plus souvent par des hémorragies génitales hautes à type de méno-métrorragies. Rarement, ces lésions sont asymptomatiques et de découverte fortuite. II - Échographie pelvienne en 1° intention Cette symptomatologie bénéficie en 1° intention d’une échographie endo vaginale réalisée si possible en 1° partie de cycle. L’IRM n’a pas de place en 1° intention pour le diagnostic positif de la pathologie fonctionnelle ou organique de l’endomètre. Un épaississement endométrial >5mm devra bénéficier d’une hystéroscopie pour biopsies et/ou traitement. Un endomètre fin sera soumis à une surveillance clinique (1). III - IRM avant les résultats de l’histologie : quand ? comment ? quels résultats ? A - Quand ? Dans un contexte clinique particulier (patiente agée, risque anesthésique, sténose du col), ou lorsque l’échographie objective des critères de malignité (épaisseur>15mm, endomètre échogène hétérogène, ligne cavitaire irrégulière, interface myomètre/endomètre irrégulière, hypervascularisation endométriale ou sous endométriale, pas d’atrophie, pas de lésion bénigne identifiable), dans le cadre d’une atrophie kystique sous tamoxifène l’IRM pourrait trouver sa place en deuxième intention (2). Egalement, la découverte d’une anomalie endométriale en IRM peut être fortuite à l’occasion de l’exploration d’une autre pathologie pelvienne. Pour ces raisons, la connaissance des aspects IRM observés dans les pathologies tumorales ou fonctionnelles de l’endomètre est donc indispensable. Nous rappelons que, classiquement, le rôle de l’IRM n’est pas de faire le diagnostic de cancer de l’endomètre mais de réaliser un bilan d’extension le plus précis possible à but pronostique et thérapeutique (3). B - Comment ? L’acquisition en IRM pour exploration de l’endomètre est au mieux réalisée avec antenne de surface en réseau phasé. Des coupes pondérées T2 sans saturation de graisse ainsi qu’une acquisition dynamique de coupes pondérées T1 avec saturation de graisse et après injection de Gadolinium sont indispensables (4). Le choix du plan de coupes perpendiculaire à l’axe du corps utérin est fondamental. Une séquence en diffusion sur la lésion et sur l’ensemble de cavité abdomino-pelvienne peut aider à la caractérisation et au bilan d’extension ganglionnaire. C - Quels résultats ? Lésion organique de l’endomètre Différentiation bénin/malin Concernant la pathologie tumorale de l’endomètre la découverte d’un épaississement endométrial impose une analyse histologique. L’IRM peut apporter des arguments pour distinguer polype de carcinome endométrial. Cette analyse morphologique ne permet pas de se passer de l’analyse histologique. Une masse centrocavitaire en hyposignal T2, des microkystes centraux ont une bonne valeur prédictive positive pour un polype (Fig 1). Une infiltration du myomètre, des plages de nécrose avec rehaussement hétérogène ont une bonne valeur prédictive positive pour un cancer. Le signal en T2 du polype serait supérieur à celui du cancer (5). La cinétique de rehaussement de la lésion peut permettre une orientation. En effet, un rehaussement précoce avec intensité du pic maximale à 1 minute est évocateur de malignité à l’exception du sarcome (6). La mesure de l’ADC permet d’obtenir des informations sur la nature bénigne ou maligne d’une lésion (7). (1) CMC beau soleil Montpellier (2) CHU Limoges 22 Diagnostic du cancer Sauf cas particulier, l’IRM n’a pas de valeur diagnostique du cancer de l’endomètre. Toutefois, la connaissance des aspects observés est indispensable lors du bilan d’extension. Sur les séquences pondérées T2, le cancer est en relatif hypersignal, inférieur à l’endomètre sain. Après injection de Gadolinium, la prise de contraste tumorale est en général inférieure au myomètre à la phase précoce et tend à augmenter tardivement. Le signal de la tumeur peut parfois se rapprocher de celui de l’endomètre. La tumeur peut être difficile à distinguer et ce d’autant qu’elle est de petite taille. Après curetage d’une lésion de petite taille, aucun résidu n’est parfois décelable au sein de la cavité. Une étude préliminaire indique que la diffusion permettrait une approche du grade histologique de la tumeur. La valeur de l’ADC pour le grade 1 est supérieure à celle du grade 3. BILAN D’EXTENSION Dans le cadre du bilan d’extension pré-thérapeutique du cancer de l’endomètre, l’IRM permet d’évaluer 3 des 4 facteurs pronostiques de la lésion à savoir la profondeur d’invasion du myomètre, le degré d’infiltration cervicale, la présence de métastases ganglionnaires, le grade tumoral étant une donnée histologique. Elle permet également de planifier le traitement en déterminant la voie d’abord chirurgicale (coelioscopie, voie abdominale, voie basse), définir l’extension de la lymphadénectomie, planifier les traitements adjuvants (volume irradié, chimiothérapie) et détecter les patientes inopérables. Sa fiabilité est supérieure aux données de l’examen clinique, de l’échographie et du scanner. Le degré d’extension locorégional est décrit par la classification FIGO. L’efficacité de l’IRM reste modeste notamment chez les patientes ménopausées chez qui la zone jonctionnelle est mal visible et en cas de pathologies associées. Elle est améliorée par l’injection dynamique de gadolinium. Au stade IA, la tumeur ne concerne que la muqueuse sans envahir le myomètre. En pondération T2, elle respecte le myomètre et n’interrompt pas le rehaussement sous endométrial (Fig 2). En cas de curetage, il peut être impossible de détecter la lésion primitive. Le stade IB définit un envahissement de moins de 50% du muscle utérin et le stade IC définit un envahissement >50% (Fig 3). Ce seuil a une valeur pronostique puisqu’il est à risque accru de métastases ganglionnaires et implique une chirurgie plus agressive avec curage lomboaortique. Le stade II est constitué par un envahissement du col utérin par la tumeur. La stadification se superpose à celle du col. Le stade IIA correspond à un envahissement de la muqueuse avec respect du stroma cervical visible en T2 et aidée par l’injection dynamique. Le stade IIB est une invasion du stroma par la tumeur dont la mise en évidence implique le choix d’une hystérectomie élargie de type Wertheim (Fig 4). Le stade IIIA se caractérise par une interruption de la séreuse de l’utérus sur les coupes en pondération T2. Il inclut également l’existence de masses annexielles et/ou de cellules cancéreuses dans le liquide d’ascite. L’existence d’un envahissement vaginal par continuité ou métastatique signe le stade IIIB. Le stade IIIC est diagnostiqué devant la présence d’adénopathies locorégionales (Fig 5). Le stade IV se divise en stade IVA lorsqu’il existe une interruption de la séreuse rectale ou vésicale et en stade IVB en cas d’extension métastatique à distance. L’efficacité diagnostique de l’IRM pour le bilan d’extension au myomètre est évaluée à 89%. Le degré d’extension myométrial est parfois difficile à distinguer notamment chez les patientes âgées en ménopause avec perte de l’anatomie zonale, en cas de volumineuse tumeur qui refoule et écrase le myomètre. La présence de fibrome ou adénomyose peut fausser l’évaluation de l’envahissement au myomètre. L’efficacité de l’IRM pour le bilan d’extension cervicale est évaluée à 92%. On relève des cas de faux positifs en cas de tumeur accouchée par le col sans atteinte muqueuse. Des cas de faux négatifs sont possibles en cas d’atteinte microscopique ou de greffe muqueuse à distance du processus tumoral (8). Concernant le bilan d’extension ganglionnaire, les sites de drainage lymphatique du cancer de l’endomètre sont les ganglions honteux, iliaques internes, iliaques extenes, pré-sacrés, iliaques communs et lombo-aortiques. Un petit axe supérieur à 9mm est le critère le plus fréquemment utilisé. Si on ajoute à ce critère de taille des critères morphologiques (bords spiculés, prise de contraste hétérogène) on n’augmente pas la sensibilité (34%) et la valeur prédicitve du 19 au 21 mars 2009 positive (57%) de l’IRM (9). L’efficacité du scanner est identique à celle de l’IRM. Le Pet-scan est supérieur à l’IRM en pré-thérapeutique. Les études préliminaires concernant les USPIO (ultrasmall particle iron oxide) sont prometteuses permettant à l’IRM d’obtenir une efficacité supérieure à celle du Pet-scan notamment pour la détection de micrométastases inférieures à 5mm (10). Egalement, les séquences en diffusion peuvent être d’une aide précieuse pour la détection ganglionnaire, pour la détection de carcinose ainsi que pour le suivi postthérapeutique. IV - Anomalies endométriales d’origine fonctionnelle Patientes sous Tamoxifene Les patientes traitées par Tamoxifène présentent un risque accru de cancer de l’endomètre. Ce traitement présente un effet anti-oestrogène responsable de l’atrophie alors que son action oestrogène-like peut induire une prolifération polypoïde glandulo-kystique, une hyperplasie, des polypes, des cancers de l’endomètre. La fiabilité de l’échographie endo-vaginale, de l’hystérosonographie et de la biopsie de l’endomètre pour le dépistage du cancer de l’endomètre est faible. Il est également possible d’observer un aspect pseudo-hypertrophique glandulokystique qui se traduit en échographie par un épaississement de l’endomètre constitué de multiples kystes bordés par un fin liseré échogène (6), correspondant en histologie à une muqueuse atrophique contenant des glandes endométriales dilatées et kystiques au sein d’un stroma riche en collagène et contenant de multiples zones oedématiées (11, 12). Dans ce contexte, chez des patientes symptomatiques, la crainte de méconnaître une autre pathologie peut conduire à réaliser d’autres explorations : hystéroscopie, IRM. L’apport de l’IRM chez les patientes symptomatiques avec échographie endo-vaginale anormale a été étudié en 2003 (13). Cette étude a permis d’établir une classification en 3 groupes en adéquation avec les lésions histologiques et la probabilité de l’existence d’atypies cellulaires ou de néoplasies. TYPE 1: endomètre hypersignal homogène T2, cavité vide de signal après contraste atrophie endométriale hyperplasie polypoïde glandulokystique TYPE 2: signal hétérogène, multikystique en pondération T2 avec aspect de treillis endocavitaire sur les séquences avec injection (7) atrophie, hyperplasie polypoïde glandulokystique, polype sans hyperplasie. TYPE 3: signal hétérogène en pondération T2 avec présence de nodules ou masses intracavitaires en hyposignal, carcinomes de l ’endomètre, polype avec hyperplasie, hyperplasie polypoide glandulokystique. Il en résulte une stratégie d’exploration, l’IRM améliorant la spécificité de l’identification de lésions qui relèvent de l’exploration chirurgicale (Type 3) et celles qui relèvent d’une simple surveillance (Type 1 et 2). d’extension pré-thérapeutique du cancer de l’endomètre. La connaissance aussi bien des aspects IRM de ces différentes pathologies que des limites de cette technique pour le diagnostic lésionnel est donc indispensable. VII - Bibliographie 3- Frei KA, Kinkel K. Staging endometrial cancer: role of magnetic resonance imaging. JMRI 2001 Jun;13(6):850-5. 10- Rockall at al. Diagnostic performance of nanoparticle-enhanced magnetic resonance imaging in the diagnostic of lymph node metastases in patients with endometrial and cervical cancer. J Clin Oncol 2005;23:2813-21. 11- Hann LE et al. Endometrial thickness in tamoxifen-treated patients. AJR March 97. 12- Varras M. Effects of tamoxifen on the human female genital tract: review of the literature. Eur J Gynecol oncol 2003. 1- Y Robert, M Bazot. Imagerie des méno métrorragies. J Radiol 2008;89:115-33. 2- Hulka CA, Hall DA, Mc Carthy K. Endometrial polyps, hyperplasia and carcinoma in post menopausal women: differentiation with endovaginal sonography. Radiology 1994;191:755-8. 4- Nasi F, Torricelli P. MRI evaluation of myometrial invasion by endometrial carcinoma. Comparison between FSE T2W and coronal FMPSPGR Gadolinium Dota enhanced sequences. Radiol. Med. 2005. 5- Grasel RP, Outwater EK, Siegelman ES. Endometrial polyps: MR imaging features and distinction from endometrial carcinoma. Radiology 2000;214:47-52. 6- Park BK, Kim B, Park JM. Differentiation of the various lesions causing an abnormaliy of the endometrial cavity using MR imaging: emphasis on enhancement patterns on dynamic studies and late contrast-enhanced T1-weighted images. Eur Radiol 2006 Jul; 16(7):1591-8. 7-Fujii S, Matsusue E, Kigawa J. Diagnostic accuracy of the apparent diffusion coefficient (ADC) in differentiating benign from malignant uterine endometrial cavity lesions: initial results. Eur Radiol 2008 Feb;18(2):384-9. 8- Manfredi R. Local-Regional staging of endometrial carcinoma: role of MR Imaging in surgical planning. Radiology 2004;231:372-378. 9- Choi HJ, Kim SH, Seo SS. MRI for pretreatment lymph node staging in uterine cervical cancer. AJR 2006;187:W538-43. 10- Rockall at al. Diagnostic performance of nanoparticle-enhanced magnetic resonance imaging in the diagnostic of lymph node metastases in patients with endometrial and cervical cancer. J Clin Oncol 2005;23:2813-21. 11- Hann LE et al. Endometrial thickness in tamoxifen-treated patients. AJR March 97. 12- Varras M. Effects of tamoxifen on the human female genital tract: review of the literature. Eur J Gynecol oncol 2003. 13- Taïeb S, Ceugnart L, Chevalier A. Apport de l ’IRM chez les patientes symptomatiques traitées par Tamoxifène. J Radiol 2003;84:33-9. 14- Imaoka I, Sugimura K, Masui T. Abnormal uterine cavity: differential diagnosis with MR imaging. Magn Reson Imaging 1999;17:1445-55. V - Hypertrophie L’hyperplasie n’est pas toujours synonyme d’hypertrophie. L’hyperplasie de l’endomètre correspond à un développement exagéré en nombre et en densité des cellules glandulaires endométriales allant de l’hyperplasie simple à l’hyperplasie complexe atypique. Elle est découverte le plus souvent dans un contexte de méno-métrorragies post-ménopausiques. L’échographie est souvent l’examen demandé en première intention montrant un endomètre anormalement épais, hyperéchogène homogène ou siège de petites formations kystiques. L’IRM n’a a priori aucune indication dans cette pathologie bénigne. Certaines situations cliniques peuvent conduire à rechercher des éléments rassurants supplémentaires pour éviter un geste invasif supplémentaire. Un épaississement en hypersignal homogène ou associé à des kystes avec des contours nets et réguliers sont en faveur d’une hypertrophie simple. Devant une muqueuse présentant des zones en hyposignal, on ne peut distinguer une hypertrohie d’un adénocarcinome de l’endomètre stade 1A. L’absence de prise de contraste est un élément supplémentaire en faveur d’un cancer (14). VI - Conclusion Les pathologies organiques ou fonctionnelles de l’endomètre sont généralement symptomatiques, explorées en première intention par l’échographie pelvienne endo-vaginale. Un épaississement de l’endomètre devrait bénéficier d’une analyse histologique. Toutefois dans un contexte clinique particulier, lorsque l’échographie objective des critères de malignité, chez les patientes sous Tamoxifène ou lorsque la réponse de l’échographie est insuffisante pour le diagnostic lésionnel, l’IRM est l’examen d’imagerie le plus souvent utilisé et préconisé avant l’histologie. En outre, l’IRM est l’examen de choix pour le bilan Chapitre 2 : les pathologies de l’endomètre responsables de métrorragie 23 JOURNÉES SOFMIS Carcinome endométrial STADE IA Patiente sous Tamoxifene Mammographie Numerique Carcinome endométrial STADE IC type 2 pondération T2 Pondération T1 injectée Carcinome endométrial STADE IIB Carcinome endométrial STADE IIIC 24 du 19 au 21 mars 2009 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 3 : mammographie numérique 25 Lecture sur film ou console : vers un protocole de lecture. A-t-on besoin du CAD ? Pr. Bruno BOYER, O. GRANAT, C. PHARABOZ(1) Le parc de mammographes est en pleine mutation puisque les systèmes numériques, qui ne représentaient aux Etats-Unis en 2005 que 7% du parc, s’élevaient en 2008 à 38% des mammographes. En France, on estimait en 2008 le parc à 300 mammographes numériques pour 2500 appareils analogiques. Le passage au numérique va conduire à modifier les modes d’interprétation et nous aborderons les différences entre l’interprétation sur film et sur console puis nous discuterons l’opportunité d’équiper sa console en systèmes d’aide à la détection. I - L’interprétation sur console A - Modes d’interprétation en mammographie numérique Les constructeurs proposent en complément des détecteurs numériques des consoles de visualisation pour l’interprétation des mammographies. Ces consoles ne permettent cependant pas pour l’instant de s’affranchir du film, parce que celui-ci reste le support le plus commode pour transmettre l’information aux correspondants mais également parce qu’en dépistage la deuxième lecture n’est autorisée que sur film. Le premier lecteur a le choix d’interpréter ses mammographies sur film ou sur console. S’il a acquis récemment son système numérique, le lecteur aura naturellement tendance à interpréter sur film puisque les anciens dossiers seront sous forme de films. L’interprétation comparative sur négatoscope sera à la fois plus aisée et plus rapide. Ce n’est qu’à la «deuxième vague» de dépistage lorsqu’il pourra remonter ses mammographies archivées et comparer sur console les dossiers qu’il pourra abandonner l’interprétation sur film. A condition bien sûr d’avoir été prévoyant et d’avoir investi à l’achat de son mammographe numérique dans une console mais également dans un système d’archivage, ce qui ne semble pas être la majorité des cas actuellement. L’achat des systèmes d’archivage a pourtant fait l’objet de mesures incitatives afin d’accélérer la suppression progressive du film. Deux études comparant l’interprétation sur film et sur console montrent que cette dernière est nettement moins rapide. Dans l’étude de Berns (1), le temps de lecture sur console était en moyenne de 2,3 minutes par dossier contre 1,4 minutes sur film. Pour Haygood (2), le temps d’interprétation sur console était deux fois plus long (4 minutes) que sur film. L’étude ne précise pas si les lecteurs bénéficiaient de scénarios de lecture des images. Cependant, si l’interprétation est plus longue, elle est compensée par un temps d’acquisition plus court. Par ailleurs, il n’y a pas de différence de performance entre interprétation sur console et sur film. B - Règles d’interprétation sur console L’interprétation sur console doit obéir à certaines règles pour exploiter toute l’information de l’image. Rappelons que les consoles fournies par les constructeurs disposent de deux moniteurs dont la résolution est de 5 millions de pixels, c'est-à-dire que chacun est capable d’afficher 2500 pixels par colonne et 2000 pixels par rangée. Le poids des images est différent d’un constructeur à l’autre car la résolution spatiale liée à la taille du pixel à l’acquisition peut varier en fonction du détecteur entre 40 et 100 microns. Si la résolution à l’acquisition est de 100 microns et si le champ d’acquisition est inférieur ou égal à 25x20 cm, l’image acquise contiendra au maximum 5 millions de pixels qui pourront être restitués en totalité sur le moniteur qui montrera l’ensemble du champ d’acquisition en pleine résolution. Par contre, si le champ d’acquisition augmente ou si la taille du pixel à l’acquisition est inférieure à 100 microns, le nombre de pixels contenus dans l’image devient supérieur à 5 millions. Il faudra alors choisir entre la restitution de la pleine résolution et la visualisation de l’ensemble de l’image. Si l’on veut disposer de l’image en pleine résolution, une partie seulement du champ d’acquisition sera restituée. Par exemple, si la résolution à l’acquisition est de 50 microns, en pleine résolution, un quart seulement du champ d’acquisition sera restitué sur le moniteur. Si l’on veut visualiser l’ensemble de l’image, il faudra par moyennage réduire le nombre de pixels inclus dans l’image acquise, donc réduire la résolution et le moniteur affichera l’ensemble de l’image acquise en résolution réduite. Il sera donc judicieux de programmer un scénario de visualisation offrant les deux «versions» de l’image : le scénario comprendra d’abord l’ensemble de l’image en résolution réduite puis l’image en pleine résolution par exemple quadrant par quadrant. II - Doit-on équiper sa console d’un système CAD ? Un des avantages de la mammographie numérique et de l’interprétation sur console est de pouvoir disposer de logiciels d’aide au diagnostic (computeraided detection ou CAD) qui vont analyser les données brutes. Les zones suspectes détectées par le CAD seront affichées sur la console pratiquement en temps réel, permettant d’éventuelles incidences complémentaires alors que la patiente est encore présente. Ces systèmes représentent un investissement non négligeable même si leur coût diminue. Pour évaluer l’utilité d’un CAD, il faut apprécier ses performances en fonction du type de présentation des cancers mais surtout l’impact du CAD sur le lecteur en situation de dépistage. A - Les performances du CAD Elles ont été évaluées dans des enquêtes rétrospectives qui ont soumis au CAD des cancers prouvés, d’abord sur des mammographies analogiques secondairement numérisées, puis plus récemment directement sur des mammographies numériques. Lorsque le cancer se manifeste par l’association d’une masse et de microcalcifications, le CAD détecte 100% des cancers (3) (4). Lorsqu’il s’agit de foyers de microcalcifications isolés, la sensibilité du CAD est évaluée entre 93 et 100% . Pour les masses, la sensibilité est estimée de 89 à 92% (3) (4) mais diminue à 60% dans les seins denses de type IV (4). Une seule étude a évalué le CAD dans les cancers se manifestant sous forme d’une distorsion architecturale : le CAD ne détecte alors plus qu’un cancer sur deux (5). Si la sensibilité du CAD est globalement élevée, c’est l’influence du CAD sur le lecteur, autrement dit l’attitude du lecteur devant les marques affichées par le CAD qui est importante à évaluer pour juger de son utilité en pratique quotidienne. B - L’impact du CAD sur le lecteur lors de l’interprétation Les études prospectives qui ont évalué l’impact du CAD sur le premier lecteur en situation de dépistage montrent que le CAD permet de détecter de 7 à 20% de cancers non vus par le premier lecteur, en majorité des cancers canalaires in situ. Une métaanalyse réalisée en 2008 a montré que sur 100 000 femmes dépistées, le CAD avait permis de révéler 50 cancers supplémentaires (6), soit pour un taux de détection de 5‰, 10% de cancers supplémentaires. Une enquête publiée en avril 2007 dans le NEJM (7) a jeté le trouble, puisqu’elle allait à l’encontre des études précédentes, concluant que l’utilisation du CAD affaiblissait les performances des lecteurs en termes de spécificité sans augmenter de façon significative leur sensibilité. La faible spécificité du CAD : elle est bien mise en lumière dans l’étude, liée au trop grand nombre de marques affichées par le CAD : cela expose le lecteur à une double erreur : en suivant le CAD, le lecteur va augmenter le nombre biopsies inutiles demandées. en ne suivant pas le CAD du fait du trop grand nombre de marques, il s’expose à ne pas retenir une marque montrant réellement un cancer. en fait le CAD attire l’attention du lecteur sur des zones suspectes, visant à diminuer les erreurs de détection mais la décision finale reste au lecteur, ce qui ne le prémunit pas contre les erreurs d’interprétation. cette spécificité s’améliore cependant avec les nouvelles versions du CAD et notamment celles qui analysent conjointement la face et le profil. Certains CAD proposent une classification BIRADS des anomalies marquées permettant d’aider le lecteur dans sa décision. La spécificité s’améliore aussi en mammographie numérique qui dispose des versions les plus récentes du CAD : en effet, le CAD n’affiche plus qu’1,8 à 2,2 marques par mammographie normale (faux-positifs) contre 2,8 à 5,2 sur les enquêtes analogiques(4). La sensibilité : si l’étude de Fenton(7) juge globalement non significative l’augmentation de cancers liée à l’utilisation du CAD, elle montre néanmoins que l’utilisation du CAD a permis de détecter 34% de cancers in situ supplémentaires. Cette étude confirme donc la très bonne sensibilité du CAD dans la détection des carcinomes in situ qui se présentent le plus souvent sous forme de microcalcifications. C - L’impact ressenti par le lecteur L’impact positif du CAD sur le lecteur est en pratique difficile à ressentir. En effet, un lecteur qui lirait 1000 mammographies par an et qui dépisterait donc en moyenne 5 nouveaux cancers par an, l’impact du CAD évalué entre 10 et 20% de cancers non vus par le lecteur se chiffrerait à moins d’un cancer supplémentaire par an. A l’inverse, le CAD afficherait 2000 marques dont seulement 5 correspondraient à un cancer. Ce faible taux de cancers «rattrapés» par le CAD au prix de nombreux faux-positifs peut inciter le lecteur à délaisser son utilisation alors que son bénéfice réel reste statistiquement significatif, même s’il est naturellement plus faible pour des lecteurs entraînés (8). D - Les performances du CAD en situation de deuxième lecteur Puisque le CAD permet de détecter des cancers non vus par le premier lecteur, et sachant les coûts d’organisation de la deuxième lecture, il était intéressant de comparer les performances du CAD à celle du deuxième lecteur. Une première enquête britannique prospective (9) portant sur 6111 mammographies de dépistage a comparé les performances d’une simple lecture assistée par le CAD et d’une double lecture (36). Le taux de cancers détecté était de 1% (61 cancers). En prenant comme référence la double lecture + CAD, la sensibilité du premier lecteur seul était de 90,2%. La double lecture classique augmentait le taux de cancers détectés par le premier lecteur de 8,2% permettant d’obtenir une sensibilité de 98,4%. L’augmentation de sensibilité liée à l’utilisation du CAD était limitée à 1,3%, nettement inférieure à celle de la double lecture. En effet, 7 cancers sur 9 non vus par le premier lecteur mais marqués par le CAD n’ont pas été retenus par le premier lecteur alors qu’ils avaient été détectés en double lecture. On retiendra que l’utilisation du CAD n’empêche pas les erreurs d’interprétation puisque le lecteur peut rejeter des marques affichées sur de véritables cancers qui sont détectés par d’autres lecteurs. Plus récemment, une enquête, britannique également, publiée dans le NEJM (10) portant sur 10 fois plus de patientes (61 057 patientes) arrivait à des résultats différents puisqu’elle montrait des performances identiques de la double lecture et de l’association lecteur + CAD. 227 cancers ont été détectés soit un taux de 8/‰ dont 199 uniquement par la lecture avec CAD et 198 uniquement par la double lecture. Le taux de rappel était de 3,9% pour la lecture avec CAD et de 3,4% pour la double lecture. Le taux de détection était respectivement de 7,02 pour lecture avec CAD et 7,06 pour double lecture. Sur le plan histologique, parmi les 28 cancers détectés uniquement par la lecture avec CAD, 9 étaient des in situ. Et parmi les 29 cancers détectés uniquement par la double lecture, 6 étaient des in situ (différence non significative). Si cette enquête était confirmée, elle permettrait d’envisager à long terme de remplacer la double lecture par l’utilisation du CAD. 2. Haygood TM, Wang J, Atkinson EN, et al. Timed efficiency of interpretation of digital and film-screen screening mammograms. AJR Am J Roentgenol 2009; 192:216-220. 3. Yang SK, Moon WK, Cho N, et al. Screening mammography-detected cancers: sensitivity of a computer-aided detection system applied to full-field digital mammograms. Radiology 2007; 244:104-111. 4. The JS, Schilling KJ, Hoffmeister JW, Friedmann E, McGinnis R, Holcomb RG. Detection of breast cancer with full-field digital mammography and computer-aided detection. AJR Am J Roentgenol 2009; 192:337-340. 5. Baker JA, Rosen EL, Lo JY, Gimenez EI, Walsh R, Soo MS. Computer-aided detection (CAD) in screening mammography: sensitivity of commercial CAD systems for detecting architectural distortion. AJR Am J Roentgenol 2003; 181:1083-1088. 6. Noble M, Bruening W, Uhl S, Schoelles K. Computer-aided detection mammography for breast cancer screening: systematic review and meta-analysis. Arch Gynecol Obstet 2008. 7. Fenton JJ, Taplin SH, Carney PA, et al. Influence of computer-aided detection on performance of screening mammography. N Engl J Med 2007; 356:1399-1409. 8. Gur D, Stalder JS, Hardesty LA, et al. Computer-aided detection performance in mammographic examination of masses: assessment. Radiology 2004; 233:418-423. 9. Khoo LA, Taylor P, Given-Wilson RM. Computer-aided detection in the United Kingdom National Breast Screening Programme: prospective study. Radiology 2005; 237:444-449. 10. Gilbert FJ, Astley SM, Gillan MG, et al. Single reading with computeraided detection for screening mammography. N Engl J Med 2008; 359:16751684. E - Synthèse Le CAD dispose d’une sensibilité élevée, lui permettant de détecter environ 10% de cancers non vus par le premier lecteur et d’afficher des performances équivalentes à celle d’un deuxième lecteur. On peut penser que lorsque le numérique aura totalement remplacé l’analogique, le deuxième lecteur sera remplacé par le CAD. L’achat d’un CAD, même si son apport clinique est difficile à ressentir au quotidien est statistiquement significatif. L’investissement doit cependant inclure les évolutions car ses performances s’améliorent régulièrement avec les nouvelles versions proposées. III - Conclusion L’interprétation sur console pose des problèmes pratiques les deux premières années de l’acquisition d’un système numérique car la comparaison indispensable avec le dossier antérieur sous forme de films est plus aisée sur négatoscope. Néanmoins, si l’archivage a été prévu dès l’installation, lors de la deuxième vague, le lecteur pourra s’affranchir du film. L’interprétation sur console doit se faire selon des scénarios programmés pour profiter de la pleine résolution de l’image. Elle est optimisée par l’utilisation du CAD qui dispose d’une sensibilité élevée lui conférant une fonction de garde-fou et donc apportant au lecteur une sécurité en terme de détection même s’il ne le protège pas contre les erreurs d’interprétation. IV - Bibliographie 1. Berns EA, Hendrick RE, Solari M, et al. Digital and screen-film mammography: comparison of image acquisition and interpretation times. AJR Am J Roentgenol 2006; 187:38-41. 1 : Cabinet de radiologie CIMI. 6, place d’Italie - 75013 Paris Email : b [email protected] 26 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 3 : mammographie numérique 27 Y-a-t-il encore des seins denses en mammographie numérique ? Implications dans la pratique quotidienne actuelle et future. (échographie – tomosynthèse – élastosonographie) Dr. Anne TARDIVON(1) I - Introduction A la question posée, la réponse est oui. Cependant, l’évaluation de la densité mammaire dépend de nombreux paramètres que nous allons revoir et auxquels on peut ajouter la technique mammographique utilisée, analogique versus numérique, du fait d’une réponse différente à l’exposition. De plus, la difficulté qu’éprouve le radiologue à analyser des zones denses peut influencer son classement global de densité de manière subjective (même pourcentage de zones denses mais répartitions différentes dans les seins). L’échographie dans un contexte de seins denses où l’on sait la perte de sensibilité de la mammographie permet de s’assurer de l’absence de lésion suspecte (du moins évidente) mais cette dernière n’est pas exhaustive et peut être également mise en difficulté en cas de sein hyper-échogène hétérogène. Les nouveaux outils en évaluation tels que la tomosynthèse et l’élastographie pourront peut-être apporter des solutions et ce dans des populations ciblées dans un premier temps. II - Évaluation de la densite mammaire De nombreuses classifications ont été proposées pour évaluer la densité mammaire. Actuellement, celle qui est utilisée en routine provient du lexique BI-RADS de l’American College of Radiology (ACR) et consiste à apprécier visuellement le pourcentage de tissu radio- opaque sur une incidence mammographique [1]. Quatre types sont ainsi décrits : - Type1 : le sein est presque entièrement graisseux (<25% de glande); - Type 2: il y a des opacités fibro-glandulaires éparses (approximativement de 25 à 50% de glande); - Type 3: le tissu mammaire est dense et hétérogène ce qui peut rendre difficile la détection de petites masses (approximativement 51 à 75% de glande); - Type 4: le tissu mammaire est très dense. Ceci peut diminuer la sensibilité de la mammographie (> 75% de glande). Cette appréciation de la densité doit apparaître dans le compte-rendu traduisant la facilité ou non à détecter une anomalie infra-clinique ; la notion de densité homogène ou hétérogène est également précisée. III - Paramètres influant sur la densite mammaire L’image mammographique est une image 2D d’un sein comprimé. Ainsi, elle résulte de la superposition des différents constituants du sein : tissu graisseux, tissu de soutien plus ou moins hydraté et tissu glandulaire qui ne sont pas individualisables et se traduisent par des plages radio-opaques denses. Différents paramètres vont influer sur l’appréciation de la densité : - positionnement et compression du sein (un sein mal tiré et peu comprimé apparaîtra plus dense qu’un sein bien tiré et comprimé efficacement), - paramètres d’acquisition (Kv et mAs). Ceci est valable pour la technique analogique : un cliché sous-exposé majorera la densité (cliché «blanc») alors qu’un cliché sur-exposé minorera la densité (cliché «noir»). Ces effets des facteurs d’exposition sur le contraste n’influent pas en numérique du fait d’une réponse linéaire du détecteur à la dose. Un cliché sous exposé se traduira par du bruit électronique (cliché «granité») alors qu’une dose élevée ne changera pas la perception de la densité : le noircissement n’est plus le reflet de la dose comme en analogique. On pourrait ainsi se dire que le numérique est moins influencé que l’analogique et que l’évaluation de la densité est plus facile (meilleur contraste) (Fig.1). Cependant, l’échelle de gris est plus étalée et rend moins dense les seins qu’en analogique. Le radiologue étant ainsi moins gêné par les zones denses pourra être faussement réassuré (cas des seins denses homogènes). - Répartition du tissu fibro-glandulaire dans le volume mammaire comprimé. Un tissu dense qui encorbelle en périphérie le sein alors que la zone centrale est graisseuse majorera l’appréciation du pourcentage de sein dense. Un sein de même type mais où le tissu fibro-glandulaire est focalisé dans un seul quadrant mammaire donnera une impression de moindre densité (analyse en 2D). 1 : Service de Radiologie, Institut Curie, Paris Correspondance : Dr Anne Tardivon - Service de Radiologie Institut Curie, 26 rue D’Ulm - 75248 Paris Cedex 05 Tel : 01-44-32-42-00 - Fax : 01-44-32-40-15 E mail : [email protected] 28 - Développement (films analogiques) - Conditions de lecture : ambiance lumineuse et négatoscope pour les films (analogiques ou laser pour le numérique) ou lors de la lecture sur console en numérique (fenêtrage des images). IV - Fréquence des seins denses dans le depistage organise Du fait de l’introduction récente (début 2008) de la mammographie numérique dans le dépistage organisé, nous ne disposons pas de chiffres permettant d’évaluer les modifications de densité qui seraient liées à la technique mammographique utilisée (sachant qu’en 2 ans la densité peut varier sur d’autres facteurs : âge, variations de poids, prise ou arrêt d’un traitement hormonal substitutif...). Le classement de densité selon l’ACR a été introduit dans les fiches d’interprétation en 2003. En 2005 : 87.3% des mammographies de dépistage organisées en France étaient classées en densité (10% densité inconnue): 17.5% de type 1, 49.7% de type 2, 18.4% de type 3 et 1.6% de type 4. La densité mammaire diminuait avec l’âge des femmes (Fig.2). Le taux de mammographies anormales en première lecture augmentait avec la densité : 4.9% en cas de densité type 1, 9.1% type 2, 14.7% type 3 et 18.1% en cas de type 4 ; ces taux ne variaient pas significativement entre les classes d’âge et pour une même densité mammaire. Après bilan diagnostique, les taux de mammographies confirmées positives étaient plus importants en cas de seins clairs (types 1 et 2, 48.4% et 43.8% respectivement) que les taux pour les seins denses (types 3 et 4, 39.7% et 34.9% respectivement). Si on s’intéresse aux taux de cancer (infiltrants ou in situ) en fonction de la densité : 7.1 cancers pour 1000 en cas de densité type 4 versus 6.5 en cas de densité type 2., le différentiel étant le plus important dans la tranche d’âge 50-54 ans. Dans les Bouches-duRhône, entre 2002 et 2007, le taux de seins denses (technique analogique) est passé de 26 à 19% que les femmes soient sans ou avec un traitement hormonal substitutif alors que pour les années 2004-2005 ce pourcentage est stable sur la France. Est-ce que cette diminution est liée à la qualité des films analogiques (plus contrastés), à une évaluation plus objective de la densité (lexique BI-RADS ?). VI - Autres techniques d’imagerie VIII - Remerciements L’IRM n’est pas recommandée sur la seule indication de seins denses d’analyse difficile en mammographie et/ou échographie [5]. Cependant, si on considère la littérature, une forte densité (type 4) serait à elle seule un facteur de risque indépendant et significatif avec un RR de 4.64 ce qui met le RA cumulé à une valeur où l’IRM de dépistage se discute [6]. Cependant, il faut savoir que toutes les études ayant évalué la densité et le risque de cancer du sein ont pris comme référence la catégorie densité < 5%. Ainsi une femme qui a une densité mammaire de moins de 25% a déjà un RR de 1.77. Si on remet à 1 cette densité de base (type 1) ; le RR dans la densité maximale (>75%) passe à 2.6 ce qui semble plus réaliste. Si on se projette dans l’avenir, l’IRM pourrait devenir un outil idéal pour le dépistage (performances indépendantes de la densité, pas d’irradiation) si elle devient facile d’accès (environ 140 000 femmes avec des seins denses à dépister dans la tranche [50-74 ans] soit l’occupation de 280 IRM par an en France), plus rapide et pas chère ; on peut rêver... Concernant la tomosynthèse (Fig. 4), technique déjà distribuée par un constructeur, on en est encore aux prémices, soit de répondre aux questions : comment (une incidence, 2 incidences, combinée avec les incidences standards) chez qui ? quand ? Si on se place côté dépistage, la problématique réside surtout dans l’élaboration d’un protocole performant et systématisé de lecture : comment lire plusieurs dizaines de coupes dans un temps raisonnable[7]. Par contre l’angio-mammographie s’avère prometteuse si l’on prouve que son seuil de détection est équivalent à celui de l’IRM [8]. Concernant l’élastographie, si cette dernière améliore la caractérisation lésionnelle d’une anomalie détectée en échographie mode B (outil utile pour minimiser les faux positifs), on n’a aucune idée pour l’instant de ses performances en relation avec des anomalies cliniques par exemple ou en termes de dépistage [9-10]. À Brigitte Séradour et à l’équipe de l’INVs en charge de VII - Conclusion Les seins denses existent toujours même si la technique numérique nous les rend souvent plus sympathiques. Il faut donc conserver le même protocole rigoureux de lecture : en miroir, 1/3 par 1/3, analyse des zones claires, du pourtour glandulaire, du tissu dense lui même. En France, environ 20-25% de seins sont de densité types 3 et 4 dans la tranche [50-74 ans] (données du dépistage organisé). Ceci rend compte du taux attendu d’échographies complémentaires qui permettra de détecter 0,3% de cancers surnuméraires. La formation continue est un point-clé pour améliorer l’usage de l’échographie afin de diminuer le taux de suivis rapprochés ou de gestes interventionnels pour des lésions bénignes ; l’élastographie pourrait aider à atteindre cet objectif. L’IRM n’est pas recommandée dans un contexte isolé d’une forte densité. Les techniques de tomosynthèse, l’angio- mammographie sont toujours en évaluation (études de caractérisation). l’évaluation du programme de dépistage organisé du cancer du sein (data sur seins denses et échographie). IX- Bibliographie 1) ACR BI-RADS -Mammographie. Deuxième édition Française basée sur la 4ère édition américaine, 2004. American College of Radiology (ACR). ACRBI-RADS- Mammography. In : ACR Breast imaging reporting and data system, Breast Imaging Atlas. Reston, Va: American College of Radiology, 2003 2) Berg WA. Beyond standard mammographic screening: mammography at age extremes, ultrasound, and MR imaging. Radiol Clin N Am 2007; 45: 895906 3) Berg WA, Blume JD, Cormack JB et al. Combined screening with ultrasound and mammography vs mammography alone in women at elevated risk of breast cancer. JAMA 2008; 299:2151-63 4) Corsetti V, Houssami N, Ferrari A et al. Breast screening with ultrasound in women with mammography-negative dense breasts: evidence on incremental cancer detection and false positives, and associated cost. Eur J Cancer 2008; 44: 539-44 5) Saslow D, Boetes C, Burke W, et al. American Cancer Society guidelines for breast cancer screening with MRI as an adjunct to mammography. CA Cancer J Clin 2007; 57: 75-89 6) Mc Cormack VA, dos Santos Silva I. Breast density and parenchymal patterns as markers of breast cancer risk: a meta-analysis. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2006; 15: 1159- 69 7) Park JM, Franken EA Jr, Garg M, Fajardo LL, Niklason LT. Breast tomosynthesis: present considerations and future applications. Radiographics. 2007; 27 Suppl 1:S231-40 8) Lewin JM, Niklason L. Advanced applications of digital mammography: tomosynthesis and contrast-enhanced digital mammography. Semin Roentgenol. 2007 Oct;42(4):243-52 9) Tardivon A, El Khoury C, Thibault F, Wyler A, Barreau B, Neuenschwander S. Elastography of the breast: a prospective study of 122 lesions. J Radiol. 2007; 88: 657-62 10) Zhi H, Ou B, Luo BM, Feng X, Wen YL, Yang HY. Comparison of ultrasound elastography, mammography, and sonography in the diagnosis of solid breast lesions. J Ultrasound Med. 2007 ; 26: 807-15 V - Rôle de l’echographie dans les seins denses L’apport de l’échographie complémentaire dans les seins denses, hétérogènes ou non a été évalué dans la littérature. Le taux moyen de cancers détectés par l’échographie seule est de 0.36% (cancers invasifs dans 94%, ≤1cm, et sans envahissement ganglionnaire dans 86%) sachant que ce taux se rapporte à une phase prévalente pour la quasi-totalité des études et que ces dernières ont inclus des sous-groupes de patientes présentant d’autres facteurs de risque associés (Fig. 3) [2]. Des prélèvements ont été effectués suite à l’échographie chez 3% en moyenne des patientes pour une valeur prédictive positive de cancer de 11%; et un suivi rapproché a été recommandé pour 6% d’entre elles. Dans l’étude ACRIN 6666 évaluant l’échographie de dépistage (indépendante/mammographie) chez des femmes à risque (seins denses + risque absolu cumulé sur la vie > 25% selon le modèle de Gail, 2809 inclusions, 3 ans de suivi), les résultats à 1 an (phase prévalente) montrent un gain par l’échographie de 1.1 cancer pour 1000 femmes dépistées (12 cancers détectés par l’échographie seule, 92% de moins de 10 mm et 8/9 N-, 0.43%). le taux de recommandations de suivi rapproché est multiplié par 2 en échographie (12.2% versus 6.7% en mammographie) ; la valeur prédictive positive est de 11.2% [3]. Une étude récente ayant inclus 5227 femmes asymptomatiques (dépistage) avec des seins denses et une mammographie normale retrouve un taux de détection de l’échographie de seulement 0.03% avec 4.9% de tests additionnels générés par cette exploration [4]. En France, en prenant les chiffres énoncés avec prudence (qualité de remplissage des fiches de lecture) ; il est possible d’avoir une idée du taux d’échographies effectuées en cas de seins denses normaux en mammographie. Ces taux sont très variables selon les départements et selon les radiologues allant de moins de 5% (pas assez...) à quasi 100% (trop dans cette tranche d’âge de 50-74 ans où le pourcentage de seins de type 3 et 4 est de l’ordre de 20%)... Le taux de cancers détectés par l’échographie seule est de 0.03 – 0.04 pour 1000 femmes dépistées et représente 0.4 à 0.5% de tous les cancers détectés (années 2004 et 2005). du 19 au 21 mars 2009 A B Figure 1 : Mammographie analogique versus numérique chez une même patiente. A) Clichés analogiques (incidence oblique externe). B) Clichés numériques (incidence oblique externe). Les seins apparaissent moins denses avec la technique numérique. Chapitre 3 : mammographie numérique 29 Densité mammaire par type (classification de l'ACR) et par classe d'âge 100% 80% 60% 40% 20% 0% 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans N=416 410 N=381 144 N=275 840 N=257 095 N=240 375 Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Figure 2 : Répartition de la densité mammaire (selon le lexique BI-RADS) par tranches d’âge dans le dépistage organisé (France). A B Figure 4 : Tomosynthèse. A) Incidence standard oblique externe. B) Coupe millimétrique (Tomosynthèse, GEMS, Buc- France). Les contours de la masse perceptible en technique standard ne sont pas analysables. En tomosynthèse, les contours sont visibles, irréguliers permettant de classer la lésion en ACR4. Figure 3 : Echographie dans les seins denses. A et B) Mammographie gauche (Face et Oblique externe). Sein de densité homogène type 4. Pas d’anomalie perceptible (classée ACR 1). C) Echographie du sein gauche. Détection d’une masse solide hypoéchogène, de grand axe non parallèle au plan cutané et de contour irrégulier, classée ACR 5. D) Histologie (microbiopsies 14-G) : carcinome lobulaire infiltrant, grade II, RO-, RP+, Cerb2 –. A C 30 B D du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 3 : mammographie numérique 31 Prothèses mammaires : mammographie numérique, échographie ou IRM en fonction des situations cliniques. Dr. Philippe SEBAG I - Introduction Le nombre d’implants mammaires posés en France est en constante augmentation : près de 62 000 implants ont été posés en 2004. La pose d’implants vient au 3ème rang des interventions de chirurgie esthétique ; entre 1995 et 2004 le nombre d’implants vendus a connu une croissance exponentielle de 343%. Ces implants sont en général mis pour plus de 50% pour des raisons esthétiques et dans les autres cas, dans le cadre de reconstruction mammaire après cancer. Ceci amène les radiologues (certes avec des disparités géographiques) à examiner de plus en plus de patientes porteuses d’implants, il est donc important de connaître la séméiologie des différentes techniques d’imagerie appliquée aux implants mammaires. La mammographie numérique a constitué un tournant décisif dans l’exploration des prothèses mammaires et du reste de la glande. Les progrès de l’échographie et l’appoint de l’IRM permettent d’optimiser l’approche diagnostique et la détection de lésions ou d’éventuelles anomalies prothétiques. II - Historique L’histoire de l’augmentation mammaire remonte à la fin du XIXème siècle avec une tentative de comblement d’une dépression mammaire par CZERNY qui utilise après l’ablation d’un adénome, un lipome prélevé dans la région fessière pour combler le défect mammaire. Par la suite au cours du XXème siècle, différentes techniques d’augmentation mammaire se sont succédées avec des injections intra ou rétro mammaires, la mise en place de transplants graisseux ou dermograisseux, précédant les premiers implants prothétiques. Parmi les techniques d’injections intra mammaires, certaines ont été utilisées entre les années 1956 et 1976, notamment en Extrême-Orient avec des injections d’huile et de gel de silicone qui ont été responsables par la suite, de petites bulles calcifiées disséminées sur l’ensemble des deux seins et donc extrêmement gênantes pour le suivi échographique et mammographique (Fig. 1) Les greffons cutanés ont été rapidement abandonnés avec de nombreux échecs et une gêne pour l’examen radiologique. Les premiers implants prothétiques sont arrivés dans les années 1950 ; différentes prothèses se sont succédées par la suite (Yvalon ®, Polyuréthane, Hétéron ®, Dacron ®). La mammographie était alors très peu performante dans l’examen de ces prothèses et c’est la technique de xérographie qui était utilisée et qui permettait de donner de meilleures images en pénétrant mieux la prothèse. Il aura fallu attendre les années 1970 pour voir apparaître les premiers traitements de reconstruction mammaire après cancer avec mise en place d’implants prothétiques. A ce jour, près de 10.000.000 d’implants mammaires ont été posés dans le monde. III - Diagnostic A - situation de dépistage 1) Examen clinique Lors d’un examen de dépistage chez une patiente non porteuse d’une lésion connue, le but de l’ensemble des examens est d’examiner la glande mammaire comme si la prothèse n’existait pas. L’examen clinique va se trouver facilité, la glande étant étirée entre la prothèse et la peau ; l’étirement de la glande sera d’autant plus important que le volume de la prothèse occupera la presque totalité de l’enveloppe cutanée. La littérature montre que 79% des tumeurs de moins de 2 cm seraient palpables chez des patientes porteuses d’implants contre 51% chez les femmes qui n’auraient pas d’implant. 2) Mammographie La mammographie numérique a considérablement amélioré la sensibilité de l’examen, à la fois de la prothèse et de la glande grâce aux variations de contraste possible. Néanmoins, le volume occupé par la prothèse est responsable d’une baisse de sensibilité de l’examen qui est partiellement corrigé par l’application de la technique d’Eklund qui permet de luxer la prothèse en dehors du champ radiologique et de n’examiner que la glande mammaire (Fig. 2). Certaines auteurs considèrent que 44% de la surface mammaire peut être masquée par les prothèses lorsqu’elles sont rétro glandulaire si l’implant est comprimé lors de la mammographie ; cette surface se réduit à 36% quand l’incidence d’Eklund est utilisée. Avec des implants rétro musculaire ce qui 32 est le cas le plus souvent rencontré actuellement, la surface masquée par la prothèse passerait de 25 à 15% lorsque l’on utilise la technique d’Eklund. L’incidence d’Eklund permet donc de dégager la glande et en situation normale, de détecter la présence de cancer (Fig.3). L’examen des microcalcifications se fait également par la même technique ; il est parfois plus difficile quand il s’agit de microcalcifications poussiéreuses et que la glande mammaire se trouve très étirée par la présence de la prothèse. Des microcalcifications particulières sont parfois visibles chez des patientes porteuses d’implants : elles sont de petite taille avec un centre clair. Les différentes incidences permettent de voir qu’elles sont superficielles voisines des cicatrices péri aréolaires et correspondent à des microcalcifications sébacées post opératoires. 3) Échographie L’échographie mammaire est un examen très opérateur dépendant ; néanmoins, dans des mains entraînées, le dépistage des cancers est équivalent à celle de la mammographie. Elle a le double avantage de réaliser un examen précis de la glande mammaire sur des seins qui sont le plus souvent denses, (l’âge moyen des femmes porteuses d’implants mammaires étant inférieur à 50 ans) et de tenter de compenser la perte de sensibilité rencontrée en mammographie. La séméiologie échographique reste la même pour l’étude de la glande mammaire qu’en l’absence de prothèse. 4) IRM L’IRM permet l’examen de la glande mammaire avec la même séméiologie qu’en l’absence de prothèse. Elle permet une autre approche du tissu fibro-glandulaire quand la glande est très étirée par la présence de la prothèse et qu’il existe une baisse de sensibilité du couple mammo-échographique. B - Situation particulière liée aux prothèses L’augmentation croissante du nombre de patientes porteuses d’implants rend nécessaire la connaissance de la séméiologie des prothèses en fonction des différentes techniques d’imagerie. Lors de la mise d’un implant, un phénomène réactionnel va apparaître et va conditionner une partie des manifestations observées cliniquement ou lors de la réalisation d’examens d’imagerie : la capsule péri prothétique. La capsule péri prothétique est un processus de défense normal inévitable et non définitif induite par le placement de l’implant mammaire dans la loge rétro glandulaire ou rétro pectorale générant une couche fibreuse de cellules fibroblastique ou myofibroblastique. Cette capsule peut épaissir, durcir et même se calcifier formant une véritable coque péri prothétique qui aura une traduction clinique et radiologique. En pratique, on parle de coque lorsque l’épaississement capsulaire dépasse 1 mm ou lorsqu’il devient irrégulier. L’uniformisation des prothèses posées actuellement (prothèses en gel de silicone) texturée ou non texturée permet une simplification de l’examen. Les coques seraient moins fréquentes ; les fuites de silicone extra capsulaire sont également moins fréquentes en pratique quotidienne et appartiennent à des images anciennes, qu’il faut néanmoins savoir reconnaître quand on examine des patientes qui ont d’anciennes prothèses. 1) Les ruptures prothétiques L’examen des prothèses permet la détection de la complication principale qui est la rupture de l’implant. Les ruptures intra capsulaires représentent 77 à 89% des cas. La rupture de l’enveloppe prothétique entraîne une fuite du gel en dehors de l’enveloppe, mais le silicone reste contenu dans la capsule ; cela s’accompagne d’un affaissement de l’enveloppe dans le gel. Les ruptures extra capsulaires représentent 11 à 23% des cas. Le passage du gel au travers de la capsule prothétique est en général associé à une hyperpression externe importante. Le groupe d’experts de la FDA parle de 4 à 6% de rupture prothétique chez des femmes asymptomatiques. La plupart des ruptures n’ont pas de cause spécifique identifiable. Les principales causes de rupture identifiables sont traumatiques : une capsulotomie fermée (manœuvre manuelle destinée à rompre une capsule douloureuse), les accidents de voiture, la mise en place de drains pleuraux, une plaie par balle ; les ruptures attribuées à une compression mammaire lors d’une mammographie ont été décrites mais n’ont jamais été prouvées. du 19 au 21 mars 2009 Le facteur le plus important de la rupture est l’âge de la prothèse. Le nombre de patientes ayant des implants intacts serait de : 89% après 8 ans, 51% après 12 ans, 5% après 20 ans. a°) Mammographie L’imagerie numérique permet grâce aux variations de contraste possibles d’étudier essentiellement les contours prothétiques. Les prothèses texturées présentent à l’état normal un contour régulier avec des bords très discrètement irréguliers observé en mammographie. Les différents signes de rupture intra capsulaire vont d’un simple aspect feuilleté, dédoublé, d’une partie ou de la totalité de la prothèse, à un aspect de double contour liquidien péri prothétique (Fig. 4) évoquant une rupture intracapsulaire avec affaissement des parois de l’implant et extravasation de silicone extra prothétique mais intra capsulaire. Les ruptures extra capsulaires sont moins fréquentes actuellement mais peuvent s’observer encore chez des patientes ayant des prothèses anciennes jamais remplacées (15 – 20 ans). Elles sont facilement visibles en mammographie par l’évidence des signes accompagnateurs ; le cortège de signes va de la fuite de silicone en dehors de la capsule (siliconome) à la présence de ganglions réactionnels ayant capté le silicone (Fig. 5) Certains auteurs ont montré sur une série de 350 patientes asymptomatiques qui avaient une rupture, qu’on observait une coque dans 73% des cas, des calcifications péri prothétiques dans 26% des cas et une petite hernie prothétique ou une déformation d’une partie de la prothèse dans 17% des cas. Ces petites hernies traduiraient une faiblesse locale de l’enveloppe prothétique parfois sur une prothèse non rompue. b°) Echographie L’échographie montre un affaissement de l’enveloppe prothétique se caractérisant par une série de lignes échogènes parallèles appelée ‘le signe de l’escabeau’ ou ‘stepladder sign’(Fig 6) La rupture prothétique sur le ou les sites de rupture associée à un aspect en « tempête de neige » évoquant le passage de silicone, il peut également être associé à du liquide pré prothétique en regard. Certains auteurs trouvent une sensibilité et une spécificité de l’échographie de respectivement 50 et 55%, mais certaines ruptures intra capsulaires sont muettes à l’imagerie dans 41 à 55% des cas (la prothèse n’est pas collabée). c°) L’IRM Elle a une sensibilité de 95 à 98% pour détecter les ruptures, elle est donc utile quand il persiste un doute mammo échographique. L’aspect normal d’un implant examiné en séquence haute résolution pondéré en T2 montre le contenu prothétique hyper intense bordé par un liseré hypo intense correspondant à l’enveloppe et à la capsule. Les lignes hypo intenses courbes se raccordant aux contours prothétiques correspondent à des plis radiaires et ne doivent pas être confondus avec une rupture. Les petites ruptures intra capsulaires vont entraîner un passage de gel au travers de l’enveloppe piégé dans les plis prothétiques donnant un aspect en «larme inversée» en «trou de serrure» ou en «forme de nez». Si la fuite augmente, va apparaître un passage de gel en situation sous capsulaire donnant une ligne hypo intense sous capsulaire traduisant un minime affaissement de l’enveloppe prothétique. Dans les ruptures plus importantes la fuite de silicone va se traduire par un affaissement de l’enveloppe prothétique en strates successives correspondant à des lignes hypo intenses superposées dans le contenu dit, «linguine sign» signe la rupture intra capsulaire (Fig. 7). Les ruptures extra capsulaires sont mieux visualisées sur des séquences d’inversion récupération avec extinction du signal de l’eau et de la graisse ne laissant apparaître que le signal du silicone mieux visible en situation extra capsulaire. quand cela est possible procéder lors de l’anesthésie locale à une hydro dissection qui permet d’isoler la lésion dans un environnement liquide, de la mettre suffisamment à distance de la prothèse pour pouvoir réaliser le geste interventionnel. IV - Conclusion Devant la croissance exponentielle des femmes porteuses d’implants mammaires les différentes techniques d’imagerie actuelle permettent une étude appropriée de la prothèse et de l’environnement glandulaire adjacent. Le plus souvent la mammographie numérique couplée à l’échographie est suffisante pour l’étude des prothèses. L’IRM mammaire est un examen complémentaire en cas de doute sur les deux premières techniques d’imagerie. Concernant l’étude de la glande mammaire, l’IRM sera le plus souvent utile dans la recherche de récidive sur le sein traité. La présence d’implants mammaires rend plus difficile les techniques de sénologie interventionnelle mais ne les contre-indique absolument pas. V - Bibliographie Shons AR. Breast cancer and augmentation mammaplasty : the pre-operative consultation. Plast Reconstr Surg 2002 ; 109 :383-5 (editorial). Clarck III CP, O’Brien KM. Cancer in the augmented breast. Diagnosis and Prognosis. Cancer 1993 ;72 :2170-4. Miglioretti DL, Rutter CM, Geller BM, Cutter G, Barlow WE, Rosenberg R, et al. Effect of breast augmatnation on the accuracy of mammography and cancer characteristics. JAMA 2004 ;291(4) :442-50. 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Volume 50, Issue 5, October 2005, pages 685-693. Dr Benadiba. Histoire des prothèses mammaires. Copyright 2004 (centre René Huguenin). A. Meunier, H. Tristant, R Sinna, E. Delay. Implants mammaires et cancer du sein. Mammary implants and breast cancer. Annales de chirurgie plastique esthétique 50 (2005) 595-604. Elizabeth A. Morris, Laura Liberman. Breast MRI. Diagnosis and intervention. Springer 2005 2) Les épanchements péri prothétiques Il existe des situations où l’on visualise une collection péri prothétique sans rupture visible ; il s’agit d’un épanchement inflammatoire en général accompagné d’un cortège clinique associant une douleur vive, un sein très tendu sans coque palpable, pouvant survenir en post opératoire ou des mois après l’intervention. Ils régressent le plus souvent sous traitement symptomatique, l’échographie suffit le plus souvent à confirmer le diagnostic. 3) Sénologie interventionnelle La présence d’implants mammaires surtout quand ils sont rétropectoraux, ce qui est le cas le plus fréquent, ne contre-indique pas la réalisation de microbiopsie voire de macrobiopsie sous guidage stéréotaxique ou sous guidage échographique. L’abord lésionnel devra toujours être parallèle au plan prothétique de façon à éviter de léser l’enveloppe de l’implant. Dans le cas de prothèses rétro glandulaire et pré pectorale la réalisation des gestes interventionnels s’avère nettement plus délicate si la lésion se situe au contact de la prothèse, car il n’y a pas le muscle pectoral pour protéger l’implant. Il faut Chapitre 3 : mammographie numérique 33 Surveillance des seins traités. Place et résultats de la mammographie numérique et des autres modalités en fonction du type d’image. Dr. Béatrice BARREAU(1) Fig 1 : Patiente d’origine asiatique ayant eu une injection intra mammaire d’huile de silicone il y a une trentaine d’années. Fig 2 : Représentation shématique de la technique d’Eklund permettant de luxer la prothèse. (H. Tristant. Flammarion) Fig 3 : Mammographie réalisée selon la technique d’Eklund permettant la mise en évidence d’une opacité spiculée de 5 mm de diamètre infra clinique chez une patiente de 57 ans sous traitement hormonal substitutif (CCI grade I). Fig 4 : patiente porteuse d’implants mammaires depuis 12 ans présentant un aspect plus ferme du sein gauche. Mammographie montrant une rupture intra capsulaire de la prothèse gauche avec un très net aspect en double contour de la paroi prothétique. La surveillance mammaire est nécessaire après traitement d’un cancer du sein car le risque relatif de récidive ou de découverte d’un autre cancer est augmenté. Le suivi doit être standardisé et des référentiels sont disponibles. Un groupe d’experts — dans le cadre des cours Francophones Supérieurs sur le cancer du sein de Saint Paul de Vence organisés par le Pr Namer — a travaillé sur les « Principes et modalités de la Surveillance des Cancers du Sein ». Les conclusions sont basées sur les niveaux de preuve des différents essais réalisés et sur la revue de la littérature. Ils sont présentés lors du 11e cours Francophone Supérieur sur le cancer du sein de Nice-Saint Paul (14-17 janvier 2009) et validés par un jury d’experts internationaux. Il y a peu de modifications depuis les Standards Options Recommandations de la FNCLCC de 2001 et les recommandations du dernier ASCO Breast de Washington en septembre 2008. Tous les textes disponibles confirment l’article de synthèse de la Cochrane de 2000 : la surveillance est basée sur l’examen clinique biannuel et la mammographie +/- l’échographie annuelle sans limitation de durée. Aucune autre modalité de surveillance n’a fait actuellement la preuve d’un bénéfice par rapport à ces données pour les cas sporadiques à la différence des patientes porteuses d’une mutation BRCA1/2 et traitées pour un cancer du sein localisé non métastatique (1). En pratique, la réalité des faits peut être différente car les médecins qui prennent en charge des femmes ayant eu un cancer du sein doivent répondre quotidiennement aux demandes de leurs patientes. Keating montre que l’état des pratiques présente des discordances par rapport aux recommandations (2). Après chirurgie d'un cancer du sein localisé, 14% des patientes seraient surveillées de façon adéquate, ce taux serait meilleur (85%) dans une région ou un thesaurus et un réseau de soins sont organisés. I - But de la surveillance mammaire Fig 5 : patiente porteuse d’implants mammaires depuis 15 ans. Rupture extra capsulaire de prothèse. Mammographie et échographie ; noter sur la mammographie l’aspect très irrégulier des contours prothétiques ; l’aspect moins dense de la partie antérieure de la paroi prothétique traduisant un affaissement de l’enveloppe et une extravasation de silicone en périphérie de la capsule prothétique. Fig 6 : rupture de la prothèse droite chez une patiente asymptomatique ayant des implants mammaires depuis 4 ans. Observer l’échographie du sein gauche qui montre une prothèse normale avec quelques échos intra prothétiques. Observer le côté droit qui montre un aspect en «tempête de neige» avec un effet de superposition de l’enveloppe prothétique «stepladder sign» L’histoire naturelle des cancers du sein démontre que le risque de récidive locale, de cancer controlatéral et de métastase évolue avec le temps et qu’après les pics de récidive à 2 ans et à 5 ans, des «événements» continuent d’apparaître de façon régulière au rythme de 1-2% par an, de façon cumulative et sans limite de durée. Le but légitime de toute surveillance est de faire vivre le plus longtemps les patientes avec la meilleure qualité de vie possible. Compte tenu des résultats du dépistage et du bon sens, la surveillance vise à diagnostiquer les récidives locales, locorégionales, controlatérales ou métastatiques le plus précocement dans l’espoir qu’un traitement efficace prolongera la vie des patientes. Le taux de récidives locales après traitement conservateur varie de 7 à 19% à 10 ans, avec une incidence annuelle de 1%. Le risque de cancer du sein controlatéral est 2.5 fois plus élevé que dans la population générale et l’incidence annuelle est également de 1% (1). L’objectif de la surveillance mammaire est donc de détecter une récidive locale, locorégionale, controlatérale le plus tôt possible. Il paraît logique d’intensifier la surveillance sur les patientes à «haut risque» de développer un événement, rechute locale, controlatérale, métastase osseuse et/ou viscérale et dans certains sites particuliers. Actuellement, aucune étude n’a cependant prouvé l’intérêt d’une telle surveillance et son éventuel bénéfice sur la survie. II - Surveillance clinique L’examen clinique et la recherche d’une éventuelle symptomatologie a une place fondamentale dans la surveillance que ce soit au niveau du sein traité ou controlatéral, du creux axillaire, de la découverte des métastases ou d’un éventuel autre cancer. L’examen clinique mammaire doit être très rigoureux. Il inclut une inspection statique et dynamique, la palpation du sein traité ou de la cicatrice de mastectomie, un examen du sein controlatéral et un examen bilatéral des aires ganglionnaires axillaires et sus-claviculaires ainsi que de la paroi thoracique. L’examen clinique est réalisé en station verticale et en décubitus. Il est fondamental de mentionner clairement les constatations cliniques pour les comparer d’une consultation à l’autre. Cette surveillance est semestrielle pendant 5 ans puis annuelle sans limitation de durée. Fig 7 : IRM mammaire. Rupture intra capsulaire caractérisée par la présence du «linguine sign» replis et affaissement de l’enveloppe prothétique avec extravasation de gel de silicone en péri prothétique. 34 1 : Centre Futura, Axular Radiologie – 62 avenue de Bayonne - 64600 Anglet. du 19 au 21 mars 2009 III - Surveillance en imagerie :recommandations générales A - Mammographie Les recommandations préconisent une surveillance mammographique annuelle sans limitation de durée. Après un traitement conservateur, une mammographie du sein traité est effectuée 6 mois après la fin de la radiothérapie afin de disposer d’un examen de référence post-thérapeutique. S’il y a un doute quant à l’exérèse complète ou incomplète de calcifications, une mammographie est effectuée après l’intervention chirurgicale pour une éventuelle reprise. Deux clichés par sein sont réalisés : face et oblique externe. La mammographie analogique et la mammographie numérique ont une efficacité comparable (3). Nonobstant, dans les sous-groupes de femmes de moins de 40 ans, en péri-ménopause ou pré-ménopause ou ayant des seins denses (type 3 et 4 de densité selon le BI-RADS), la mammographie numérique est plus efficace pour la détection des cancers, par contre il n’y a actuellement pas eu d’étude d’impact sur la mortalité (4). La lecture sur console ou la lecture sur film laser serait équivalente (5). L’avantage de la mammographie numérique est incontestable pour la transmission des images et leur stockage (PACS). Il est important de disposer de l’ensemble du dossier et notamment des clichés avant et juste après l’intervention afin de s’assurer que la modification éventuellement observée correspond à la cicatrice. Les signes post-thérapeutiques sont généralement maximaux 6 mois après le traitement et diminuent entre 6 mois et 2 ans. Les cicatrices donnent des distorsions de l’architecture, en théorie, elles se modifient en fonction des incidences. Ces effets de convergence ont des contours flous puis progressivement les traits deviennent plus fins. La présence d’un centre dense fait suspecter une récidive. Ces images sont parfois très ténues et seule l’analyse de l’ensemble des mammographies montre une progression dans le temps. L’apparition de calcifications au niveau du site de tumorectomie peut être le témoin d’une cytostéatonécrose (CTN) ou d’une récidive. Après réalisation d’agrandissement face/ profil, ces calcifications sont classées (BI-RADS de l’ACR). Si elles sont suspectes, une macrobiospie par aspiration par le vide sur table dédiée est effectuée. Si elles ne sont pas pathognomoniques de CTN, une surveillance à 6 mois est instaurée. Lors de la surveillance serrée, si elles se complètent et s’organisent de manière à évoquer une CTN calcifiée, la surveillance redevient annuelle. Par contre, si elles ne sont pas significatives de CTN, une macrobiospie stéréotaxique sur table dédiée doit être réalisée afin d’affirmer ou d’infirmer le diagnostic de CCIS (carcinome canalaire in situ). Toute masse, d’apparition récente, sera explorée par une échographie. B - Échographie L’association d’une échographie à la mammographie est effectuée lors d’une difficulté d’analyse (cicatrice d’analyse difficile, zone hétérogène, seins denses type 3 et type 4 de densité). Elle permet également l’étude des aires ganglionnaires axillaires et de la paroi thoracique. Une étude réalisée chez 2725 femmes à risque élevé (dont 1443 on eu un cancer du sein) montre que l’échographie augmente la sensibilité de détection des cancers mais majore le risque de faux positif (6). Nonobstant, les cancers détectés à l’échographie dans cette cohorte sont des cancers infiltrants de petite taille et sans atteinte ganglionnaire. Toute masse récente, même ronde ou ovale avec des contours circonscrits (BI-RADS 3 de l’ACR) fera l’objet d’un prélèvement. L’apparition de kystes étant tout à fait exceptionnelle dans un sein irradié, une cytoponction avec une aiguille de 18G ou 21G est effectuée si l’image n’est pas caractéristique de kyste typique. La corrélation mammographie/échographie en fonction du type de l’image et de sa localisation est indispensable. La mammographie permet souvent d’affirmer le diagnostic de cytostéatonécrose (image claire bien circonscrite), alors que l’échographie pourrait montrer une image hétérogène avec des zones liquidiennes et hyper-échogènes. Si l’anomalie est tissulaire, une microbiopsie est effectuée (14G, 3 prélèvements et vérification du bon ciblage: anomalie transfixiée dans les deux orthogonaux).Lorsque la suspicion de récidive est élevée (BI-RADS 4 et 5 de l’ACR) et si la lésion est accessible, une microbiospie échoguidée est réalisée d’emblée. Dans les autres cas, une IRM complètera le bilan : suspicion faible, lésion mal systématisée en échographie. Chapitre 3 : mammographie numérique 35 C - IRM Il n’y a pas de preuve dans la littérature pour recommander une IRM de surveillance de manière systématique. L’étude REMAGUS, réalisée dans les CRLCC (Institut Curie, IGR, René Huguenin), pourrait permettre de répondre à cette problématique (inclusion actuellement terminée). Cet examen est proposé aux patientes lorsqu’il existe un doute diagnostique à la mammographie ou à l’échographie entre cicatrice et récidive. L’IRM a une sensibilité, dans cette indication, qui est supérieure à 90% et qui serait de 100% pour certaines équipes. La spécificité de l’IRM dans ce diagnostic est aussi élevée et supérieure à 90%. Elle est de 90% pour le diagnostic homolatéral et de 92% pour le diagnostic de récidive localisé dans le site de tumorectomie. Les rehaussements bénins sont diminués après radiothérapie. Les rares faux positifs sont dus à des lésions de fibrose post-opératoire ou à des cytostéatonécroses (fig. 7). L’IRM mammaire est toujours bilatérale afin de rechercher d’éventuelles lésions controlatérales. Si la lésion n’est pas accessible ou non vue en échographie (échographie ciblée de second-look), le prélèvement sera guidé sous IRM. Dans le cadre des carcinomes canalaires in situ (CCIS) opérés, les performances de l’IRM, sont très inférieures en terme de sensibilité (les récidives se faisant dans 2/3 des cas sous la même forme). Des sous groupes de femmes doivent bénéficier de cet examen lorsqu’il existe des risques-génétiques : mutation BRCA1 ou 2, patiente non testée apparentée au premier degré avec une mutation BRCA, risque cumulé au cours de la vie supérieur à 20-25%. Ces indications correspondent aux recommandations formulées par l’American Cancer Society. Les autres indications de réalisation d’IRM mammaire sont à discuter au «cas par cas» lors de Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) et notamment lorsque le risque de récidive locale est élevé. Lorsque le cancer initial est non détecté par la mammographie, chez les femmes jeunes (moins de 35/40 ans), dans les seins denses (classe 4 de densité), une IRM mammaire est légitime puisque la sensibilité de cet examen est élevée (fig. 8, 9, 10). L’impact sur la mortalité n’est pas encore connu. D - Surveillance du lambeau après reconstruction mammaire Les études effectuées concernant la réalisation systématique de mammographie du lambeau après mastectomie reconstruction sont peu nombreuses. Nous citerons l’étude rétrospective de Lee car il a une série de 265 TRAM (fig.11). Une revue de la littérature réalisée par Barnsley démontre que les arguments sont actuellement faibles pour proposer une mammographie systématique du lambeau (fig.12). Aucune recommandation ne peut donc être proposée. E - Surveillance de la prothèse après mastectomie reconstruction S’il existe une suspicion de rupture, cette surveillance est comparable à l’exploration réalisée lors de la mise en place de prothèse à visée esthétique (profil costal numérisé, échographie, IRM). Notons toutefois l’importance de l’examen clinique non seulement pour le classement clinique de la prothèse (Classification de Baker) mais pour la recherche de récidive ou de nodule de perméation. IV - Conclusion La surveillance des seins traités est clinique et mammographique (± échographique). L’imagerie est annuelle sans limitation de durée et ces patientes ne sont pas à inclure dans le dépistage organisé des cancers du sein puisque le risque de récidive, de découverte d’un autre cancer du sein est accru. L’ensemble des clichés doit être disponible et notamment les clichés pré-thérapeutiques. Dans les sous-groupes de femmes de moins de 40 ans, en péri-ménopause ou pré-ménopause ou ayant des seins denses, la mammographie numérique est plus efficace pour la détection des cancers. L’avantage incontestable de la mammographie numérique est la transmission des images. L’échographie est réalisée dès qu’une image doit être explicitée et lorsque les seins sont denses ou d’analyse difficile. Les populations à risque (précitées) font l’objet d’une investigation IRM mammaire puisque cet examen est très sensible. Dans ce cadre, il est nécessaire de pouvoir réaliser des micro-biopsies guidées sous IRM ou de disposer d’une équipe référente afin adresser ces patientes. Les autres indications sont à discuter en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire. Un essai clinique ayant pour but de définir une surveillance mieux adaptée en fonction des niveaux de risque de la patiente permettrait d’intensifier ou non cette prise en charge en fonction des résultats de l’essai (fig.1). Ces examens d’imagerie augmentent le stress perçu des patientes. Il est donc important, d’expliquer avec empathie notre démarche diagnostique lorsque nous réalisons des examens complémentaires. Dès que les examens sont réalisés, la patiente ne doit pas attendre longtemps le médecin radiologue. Celui-ci, doit pouvoir s’organiser afin de consacrer suffisamment de temps à sa patiente, pour lui expliquer les résultats (fig. 13). 36 JOURNÉES SOFMIS Il doit le faire en accord avec ses correspondants oncologues et savoir « passer la main » s’il pense ne pas être capable de faire face à une situation d’annonce difficile ou s’il ne connaît pas suffisamment la patiente. Le médecin référent et le médecin gynécologue de la patiente doivent être informés des résultats du suivi. V - Bibliographique 1. Aymard L, Barreau B, Burnel S, Dohollou N, Ettore F, Facchini T, Ray-Coquard I, Romieu G, Salmon RJ, Villet R. Principes et modalités de la surveillance des cancers du sein. 11e cours Francophone Supérieur sur le cancer du sein de Nice-Saint Paul (14-17 janvier 2009) 2. Keating NL, Landrum MB, Guadagnoli E, Winen EP, Avanian JE. Surveillance testing among survivors of early-stage breast cancer. J Clin Oncol 2007 : 25 : 1074-81. 3. 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SALMON, R.VILLET. du 19 au 21 mars 2009 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 37 Angiogenèse et tumeurs : application au développement des thérapies anti-angiogéniques dans le traitement des cancers. Dr. Claudine SORIA(1), J SORIA(2), JY PILLÉ(1), U JOIMEL(1), L CAZIN(1), H LU(1), H LI(1) Le rôle de l’angiogenèse tumorale a été souligné dès 1971 par Judah Folkman. A partir de 2 mm3, une tumeur ne peut proliférer sans vaisseaux. En effet, les vaisseaux sont indispensables à l’apport des facteurs de croissance pour les cellules tumorales. En outre, les vaisseaux dans une tumeur sont nécessaires pour que la dissémination métastatique par voie hématogène, car elle représente une des voies majeures de transfert des cellules cancéreuses de la tumeur primitive aux foyers métastatiques. Cette voie de dissémination a été étayée par l’observation que le nombre des cellules cancéreuses dans le sang est un facteur prédictif de l’agressivité des cancers. Dès lors, Folkman développa le concept de thérapie anti angiogénique dans les tumeurs. En effet, le blocage de la formation des néovaisseaux dans la tumeur induit un véritable embargo d’une part en empêchant l’arrivée des substances nutritives, on affame la tumeur qui ne peut plus se développer et d’autre part on bloque la dissémination métastatique par voie sanguine. L’angiogenèse correspond à la formation de néovaisseaux par bourgeonnement de vaisseaux préexistants sous l’influence de facteurs angiogéniques. Elle implique la dégradation de la membrane basale, la prolifération des cellules endothéliales, leur migration et leur organisation en tubes capillaires. (fig.1) I - L’induction de la vascularisation tumorale : le rôle des facteurs angiogéniques La vascularisation des tumeurs dépend de la sécrétion de facteurs angiogéniques par la tumeur elle-même. Ces facteurs vont déclencher la conversion du phénotype quiescent des cellules endothéliales en cellules actives dites «angiogéniques». - La tumeur peut sécréter plusieurs facteurs angiogéniques. Les cellules cancéreuses elle-mêmes sont impliquées dans cette sécrétion directement ou après coopération avec les cellules stromales, surtout en présence d’un conteste inflammatoire. Cette sécrétion permet le «switch angogénique». - Parmi les différents facteurs angiogéniques sécrétés par la tumeur, le VEGF aurait un rôle essentiel. A - Différents arguments soulignent ce rôle : - Le VEGF est augmenté dans un très grand nombre de cancers. - Le taux de VEGF diminue après la résection tumorale et augmente en cas de rechute. - Corrélation entre le taux de VEGF et les métastases à distance et la survie globale. B - Dans les cellules cancéreuses et le stroma tumoral. La production de VEGF est régulée par des facteurs environnementaux et des cytokines (hypoxie, EGF, PDGF...) des cytokines de l’inflammation et des oncogènes. Cette sécrétion se fait via des voies de signalisations intracellulaires (Src, HIF, Akt...) (fig. 2). L’hypoxie dans les tumeurs est un facteur essentiel à la sécrétion de VEGF par le facteur de trancription HIF (Hypoxia-inducible factor). En effet, en situation de normoxie, la sous-unité alpha de la protéine HIF est hydroxylée par les prolines et asparagines hydroxylases. L’hydoxyl-HIF alpha s’associe à l’ubiquitine grâce à la protéine VHL. La formation de ce complexe aboutit à la destruction de HIF alpha par le protéasome. En situation d'hypoxie, l'hydroxylation ne se fait plus et la sous-unité alpha n’étant plus dégradable s'associe à la sous unité. La translocation nucléaire du complexe formé de ces 2 sous unités de l’HIF permet son interaction avec des promoteurs de gène codant pour les facteurs pro-angiogéniques tels VEGF ou PDGF. C - Il existe plusieurs VEGF mais celui qui semble essentiel est le VEGF A. Le VEGF A présente, lui-même, différentes isoformes de poids moléculaire différent. Le VEGF 165 représente la forme majeure (fig. 3). D - Le VEGF agit en se fixant sur ces récepteurs spécifiques VEGFR1, VEGFR2 et VEGFR3 (fig. 4). Ces récepteurs sont variablement exprimés par les cellules endothéliales, vasculaires, lymphatiques et les précurseurs myéloïdes. Le VEGFR2, majoritaire sur les cellules endothéliales angiogéniques, est fonctionnellement le plus important pour l’angiogenèse car il permet la prolifération, l'invasion, la migration la survie et l'activation de ces cellules ainsi que l'augmentation de la perméabilité des vaisseaux. C’est un récepteur de type tyrosine kinase qui est activé lors de la fixation du VEGF. Le VEGF participe à différentes voies de signalisation impliquées dans ces différentes fonctions (fig. 5). Notre groupe défend la stratégie d’une inhibition de l’angiogenèse quel que soit le facteur angiogénique. En effet, la tumeur maligne a plusieurs armes pour développer l’angiogenèse. Nous avons montré que la petite GTPase RhoA était activée par tous les facteurs angigogéniques que nous avons utilisés et que son blocage permettait d’inhiber l’angiogenèse de manière très efficace quel que soit le facteur angiogénique en inhibant simultanément la prolifération, la migration des cellules endothéliales stimulées et la formation des tubes capillaires. Cette inhibition s’accompagne d’une absence de prolifération tumorale . Toutefois, cet effet est aussi expliqué par une action directe sur les cellules cancéreuses de ce même inhibiteur. Par contre on ne note pas d’action toxique sur les coupes histologiques et sur les marqueurs biologiques (Fig. 7 et 8). IV - Les «vascular disrupting agents» (VDA) 1) sur la VE-cadherine, une protéine de jonction entre les cellules endothéliales, et qui est importante pour la survie des cellules 2) sur et le système de signalisation béta-catenine-AKT 3) se comporte comme un agent de dépolymérisation de la tubuline. Si ces agents peuvent être très actifs, leur action secondaire doit être évaluée sur les vaisseaux statiques, ce qui aurait pour conséquence des accidents thrombotiques. V - Conclusion Il apparaît que la physiopathologie de l’angiogenèse tumorale a permis de faire des progrès en thérapeutique. Ce n’est qu’un bon début et il faut espérer développer des thérapies encore plus actives en limitant les effets secondaires. Contrairement aux inhibiteurs de l’angiogenèse qui empêchent la formation de néovaisseaux, les VDA attaquent les vaisseaux déjà établis et entraînent donc rapidement la nécrose des vaisseaux. Un des agents de ce type est la «combretastatine» qui agit à la fois : Détachement des péricytes et dégradation de la membrane basale Migration des cellules endothéliales Prolifération des cellules endothéliales Et organisation en tubes capillaires E - Toutefois le VEGF n’est pas le seul facteur impliqué. Il se peut même que si le VEGF était initialement le facteur angiogénique majeur, si on inhibe le VEGF, après une phase d’inhibition de l’angiogenèse tumorale, la tumeur pourrait s’adapter et des facteurs de l’angiogenèse qui étaient secondaires initialement, peuvent devenir essentiels pour «faire repartir la tumeur» . II - Les caractéristiques de l’angiogenèse tumorale - Une des caractéristiques des vaisseaux intratumoraux est l’acquisition d’un phénotype artériel, comme l’indique la présence de marqueurs connus pour induire une spécificité artérielle, comme le notch-1, l’éphrine B2 et la neuropiline 1 (Hainaud P, et al). - L’autre caractéristique des vaisseaux intratumoraux est leur profond remaniement comme l’a montré Jain et col : il s’agit de vaisseaux tortueux, plus ou moins dilatés. Ces vaisseaux entraînent des modifications de flux, induisant des fuites avec une augmentation de la pression interstitielle au sein de la tumeur. Les traitements par les inhibiteurs de VEGF entraînent la normalisation des néo vaisseaux qui apparaissent plus matures moins tortueux et moins dilatés. Cette normalisation favorise une meilleure diffusion de la chimiothérapie. Cette observation permet d’expliquer le paradoxe de la plus grande efficacité de la chimiothérapie quand elle st associée aux inhibiteurs de VEGF (fig. 6). III - Les inhibiteurs de l’angiogenèse tumorale en cancérologie A - Différents inhibiteurs du VEGF ont été décrits : - Le bevacizumab est un anticorps monoclonal dirigé contre le VEGF. Il a reçu l’AMM dans de nombreux types de cancers et a permis de prolonger la durée de vie des patients ou de prolonger le temps sans progression. - Plusieurs inhibiteurs chimiques de tyrosine Kinase ont été décrits, mais leur activité est variable selon les types de cancers. - Le VEGF trap qui correspond au récepteur soluble VEGFR-1 qui permet le détournement du VEGF qui ne peut plus se lier au VEGFR-2 exprimé par les cellules endothéliales activées. Fig 1 : Angiogenèse : principales étapes Poids moléculaire en Kd l’ B - D’autres stratégies d’inhibition spécifiques ont été proposées : Il faut citer les inhibiteurs de la cyclooxygénase de type 2, les inhibiteurs du récepteur de l’EGF, la thalidomide, le 2 méthyl-oestradiol, et les antagonistes de l’intégrine alpha V béta 3. Fig 2 : Sécrétion de VEGF par les cellules tumorales Fig 3 : Les différentes isoformes du VEGF A * Laboratoire MERCI, Faculté de médecine et de Pharmacie de Rouen ** Laboratoire d’Oncologie de l’Hôtel Dieu de Paris et UMRS 872, CRC, Faculté de Médecine Paris VI.° INSERM Unité 728, Hôpital Saint Louis, Paris 38 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 39 Trois parties : Extracellulaire Transmembranaire • Intracellulaire • • Fig 4 : Les VEGFR : des récepteurs à activité tyrosine kinase Fig 7 : Inhibition de l’angiogénèse tumorale par le blocage de la petite GTPase RhoA Évolution de la taille tumorale au cours du temps, dans un modèle de xénogreffe tumorale chez la souris Fig 5 : Voies de signalisation médiées par le VEGF et impliquées dans l’angiogenèse Fig 8 : Conséquence de l’inhibition de Rho A sur la croissance tumorale - CONTROL SIRNA RhoA 1500 ug/kg Fig 6 : Structure chaotique et dilatation des vaisseaux tumoraux. Normalisation de la morphologie vasculaire par le bevacizumab 40 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 41 Angiogenèse tumorale : applications radiologiques en pathologie mammaire. Dr. Cédric DE BAZELAIRE I - Introduction Les caractéristiques morphologiques en pathologie mammaire sont la base de l’interprétation des images. Une forme irrégulière, des spicules, des microcalcifications vermiculaires ou un aspect évolutif sont autant de signes suspects. Néanmoins, ces critères morphologiques sont inconstants, réduisant la sensibilité et la spécificité des examens. De nouvelles modalités d’imagerie se basant sur des critères fonctionnels ont donc été développées pour améliorer les performances diagnostiques. Le développement des cancers se base entre autre sur la production de facteurs de croissance qui stimulent la néoangiogénèse tumorale. Les examens qui analysent le rehaussement après injection de produit de contraste permettent d’appréhender cette microcirculation tumorale. Ils complètent l’analyse morphologique par des données fonctionnelles qui améliorent la sensibilité et la spécificité. II - Théorie L’imagerie de la microcirculation tumorale utilise le produit de contraste comme un traceur circulant dans le sang. Sa présence dans une lésion est responsable d’un rehaussement dont l’intensité dépend de la quantité de traceur qui est parvenue jusqu’à la lésion. Contrairement à l’analyse morphologique où l’on observe les lésions à un temps unique après injection, l’imagerie fonctionnelle analyse la cinétique du rehaussement mesurée pendant quelques minutes après injection (Fig. 1). L’arrivée du produit de contraste jusqu'à la tumeur dépend du débit sanguin dans les vaisseaux. Ainsi plus la perfusion est élevée, plus le produit de contraste arrive rapidement dans la tumeur et plus le rehaussement est rapide. De même, plus les vaisseaux sont nombreux, plus la quantité de produit de contraste intratumoral est élevée et plus le rehaussement est intense. L’intensité reflète alors le volume sanguin (Fig. 2). Les microvaisseaux tumoraux sont anormalement perméables et laissent passer le produit de contraste vers l’interstitium. Il en résulte qu’une part du rehaussement tumoral est due à la présence de produit de contraste dans l’interstitium. La vitesse des échanges entre le plasma et l’interstitium dépend de la perméabilité capillaire, l’amplitude du rehaussement reflète le volume de dilution dans interstitium (Fig. 2). L’arrivée du produit de contraste dans les capillaires tumoraux précède le passage vers l’interstitium. Ainsi, on peut distinguer différentes phases sur les courbes de rehaussement : une phase initiale rapide qui reflète la perfusion et le volume sanguin, une phase un peu plus tardive qui montre la perméabilité capillaire et le volume interstitiel. L’étude de la phase initiale rapide nécessite une cadence d’image très élevée lors de l’acquisition (résolution temporelle de l’ordre d’une image par seconde). En revanche, l’analyse de la perméabilité est techniquement plus simple se basant sur une résolution temporelle d’une image toute les 15 à 20 secondes (Fig. 2). L’utilisation de modèles mathématiques tels que ceux décrits par Tofts [1] ou Lawrence [2] permettent de mesurer à partir des courbes de rehaussement, les paramètres qui caractérisent l’angiogénèse tumorale : la perfusion, la perméabilité capillaire, le volume sanguin et le volume interstitiel. Le nombre de paramètres mesurables dépend de la résolution temporelle. III - Applications cliniques L’imagerie fonctionnelle de la microcirculation peut être utile à toutes les étapes de la prise en charge des patientes : au moment du diagnostic en améliorant la caractérisation tissulaire, pendant le traitement en détectant précocement les mauvais répondeurs ou en fin de traitement en améliorant la prédiction de la réponse histologique avant la chirurgie en reconnaissant les répondeurs complets qui pourrait bénéficier de traitements conservateurs. IV - Caractérisation tissulaire L’IRM mammaire bénéficie d’une excellente sensibilité >95%. En revanche la spécificité reste médiocre variant entre 30 et 80%. L’analyse de la microcirculation pourrait permettre d’améliorer la spécificité. Les lésions malignes sont caractérisées par une augmentation de la perfusion et de la perméables. Il en résulte des courbes de rehaussement caractéristiques avec une phase de croissance initiale rapide et intense (perfusion) suivie d’un 42 washout (perméabilité). En revanche, dans les lésions bénignes, les vaisseaux sont normaux. Les courbes de rehaussement sont donc progressives et de faible amplitudes (Fig. 3). Les paramètres pharmacocinétiques ont également été utilisés pour caractériser les lésions mammaires. En utilisant des agents de contraste macromoléculaires chez 63 patientes opérées de lésions du sein, Darldrup et al. ont démontré que la perméabilité pouvait servir à distinguer les lésions bénignes des lésions malignes[3]. En effet, seuls les capillaires tumoraux qui présentent une perméabilité anormalement élevée laissent passer les produits de contraste macromoléculaires. Ainsi, la persistance d’une perméabilité mesurable a permis de distinguer des lésions bénignes et les lésions malignes avec une sensibilité de 0,73 ; une spécificité de 0,73 ; une valeur prédictive positive de 0,79 et une valeur prédictive négative de 0,66. Le grade de malignité et les anomalies de perméabilité sont corrélés chez l’animal (0,82)[4]. En revanche en clinique, Darldrup ne montrait qu’une tendance non significative entre le grade SBR et les paramètres fonctionnels (0,43, P=0,001). L’une des principales limites de l’imagerie fonctionnelle de l’angiogénèse pour la caractérisation tumorale réside dans notre ignorance des valeurs physiologiques de perméabilité, de perfusion, de volumes interstitiels ou sanguins. Ainsi les microvaisseaux pathologiques sont reconnus à partir de valeurs limites arbitrairement fixées. Il en résulte des performances diagnostiques modestes à l’heure actuelle, qui ne peuvent être utilisées en routine clinique. V - Evaluation des traitements néoadjuvants Evaluation précoce de la réponse sous traitement. Les chimiothérapies néoadjuvantes ont un effet cytotoxique sur les cancers mais agissent également sur la microcirculation tumorale. Les taxanes ont ainsi un effet antiangiogénique[5]. Cet effet sur la microcirculation est visible lorsque le traitement est efficace car il modifie la forme des courbes de rehaussement : les vaisseaux tumoraux sont remplacés par des vaisseaux normaux, peu perméables et moins nombreux. Il en résulte des courbes de rehaussement de type «bénin» progressives et de faible amplitude (Figure 4). VI - Etude des modifications des paramètres pharmacocinétiques Plusieurs études montrent l’intérêt de l’imagerie fonctionnelle de la microcirculation dans la détection précoce des patients non répondeurs au traitement afin de proposer une alternative thérapeutique[6-8]. L’une des principales séries publiée récemment par l’équipe de Padhani dans Clinical Cancer Research [8] porte sur 28 patientes traitées par chimiothérapie néoadjuvante (5-fluorouracyl, Epirubicyne, Cyclofosphamide) pour des cancers du sein localement avancés. Ils évaluent la réponse après 2 cures de chimiothérapie (6 semaines de traitement) en mesurant les variations des paramètres «fonctionnels» : perméabilité capillaire (Ktrans), perfusion (F), volume sanguin (Vp). Dans cette étude, les auteurs montrent que la microcirculation tumorale commence à se normaliser dès la 6ème semaine de traitement chez les patients présentant une bonne réponse histologique après la chirurgie. Ils observent ainsi une diminution de tous les paramètres chez les répondeurs (Ktrans -52%; Vp -61%; F -63%). A l’inverse, chez les patients non répondeurs les paramètres tendent à augmenter (Ktrans 17%; Vp -2%; F -4%). En revanche, les modifications de taille enregistrées en IRM à la 6ème semaine ne permettent pas de distinguer les patients répondeurs des patients non répondeurs. Les auteurs retrouvent une discordance entre l’évaluation clinique (19 répondeurs et 9 non répondeurs) et l’histologie finale (11 répondeurs et 17 non répondeurs). La perméabilité serait le meilleur paramètre fonctionnel pour prédire une mauvaise réponse (sensibilité 94%, spécificité 80%). Les performances diagnostiques des modifications morphologiques après deux cycles étaient moins bonnes (sensibilité 71%, spécificité 73%). circulation se base souvent sur des valeurs moyennes calculées dans des régions d’intérêt qui englobent toute la lésion. Cette méthodologie masque les valeurs extrêmes qui correspondent aux vaisseaux pathologiques ! Ainsi, certains auteurs ont proposé d’utiliser des histogrammes pour représenter la distribution des valeurs des paramètres pharmacocinétiques[9]. Ils montrent une normalisation des microvaisseaux intra tumoraux chez des patientes atteintes de cancers du sein localement avancés et traitées par chimiothérapie néoadjuvante. Chez les répondeurs, les histogrammes montrent que les vaisseaux anormaux sont remplacés par des vaisseaux normaux : le nombre de pixels présentant de fortes valeurs de perméabilités objectivés avant traitement diminue sous chimiothérapie alors le nombre de pixels correspondants à des valeurs normales de perméabilité augmente (Fig. 5 et Fig. 6). B - Prédiction de la réponse histologique finale Les études actuelles de chimiothérapies néoadjuvantes rapportent une réduction de taille tumorale compatible avec un traitement conservateur chez 30% des patientes. L’IRM morphologique est reconnue comme la meilleure technique d’évaluation des traitements néoadjuvants mais sous-estime le volume tumoral résiduel dans 30% des cas et peut donc conduire à une indication erronée de traitement conservateur et à la nécessité d’une mastectomie seconde chez 10% des patientes. L’IRM fonctionnelle de la microcirculation pourrait trouver également sa place pour optimiser l’évaluation du volume tumoral résiduel en fin de traitement. Nous avons réalisé une étude rétrospective portant sur 35 patientes suivies pour un cancer du sein localement avancé traité par chimiothérapie néo adjuvante. Pour chaque patiente nous disposions des IRM pré et post-thérapeutiques ainsi que de la réponse au traitement évaluée par analyse histologique de la pièce opératoire. Les modifications de perméabilité capillaire et de fraction volumique interstitielle étaient différentes entre les patientes en réponse complètes, les patientes en réponse partielle et les patientes sans réponse (Kruskal-Wallis, P=0.0317 pour Ktrans and P=0.0220 pour Ve). L’analyse morphologique était souvent prise en défaut comme en témoigne les exemples de mauvaise réponse et de bonne réponse ci-dessous (Fig. 5 et Fig. 6). L’analyse du volume interstitiel a permis de montrer qu’il existait une diminution plus importante du volume interstitiel chez les patientes en réponse complète (-89%) que chez les autres patientes (-72%). Cette différence était significative (-72%±63; Mann-Whitney test, P=0.0349). En revanche la perméabilité ne permettait pas de repérer les réponses complètes. Les performances de l’analyse du volume interstitiel (Ve) pour repérer les réponses complètes montaient qu’une réduction d’au-moins 95% de Ve après traitement permettait d’éliminer tous les patientes sans réponse complète (sensibilité 100%). Cette étude a été menée sans modification du protocole d’imagerie utilisée en routine clinique avec une résolution temporelle de l’ordre d’une minute (au lieu de 15 secondes normalement utilisées dans la littérature). L’analyse des performances diagnostic pour distinguer les répondeurs des non-répondeurs en fin de traitement montrait que les paramètres ainsi obtenus étaient aussi performants. Ainsi, une diminution de 90% pour Ktrans permettait de distinguer les non-répondeurs avec une sensibilité et une spécificité de 91% et 61% respectivement. Une diminution de Ve permettait de reconnaître les non-répondeurs avec une sensibilité 90% et une spécificité médiocre de 54%. Ces faibles valeurs de spécificité pourraient être améliorées en utilisant des protocoles d’imagerie plus performants avec notamment des résolutions temporelles plus élevées. VIII - Références 1. P. S. Tofts (1997) Modeling tracer kinetics in dynamic Gd-DTPA MR imaging. J Magn Reson Imaging 7:91-101 2. K. S. St Lawrence and T. Y. Lee (1998) An adiabatic approximation to the tissue homogeneity model for water exchange in the brain: II. Experimental validation. J Cereb Blood Flow Metab 18:1378-1385 3. H. E. Daldrup-Link, J. Rydland, T. H. Helbich, et al. (2003) Quantification of breast tumor microvascular permeability with feruglose-enhanced MR imaging: initial phase II multicenter trial. Radiology 229:885-892 4. K. Turetschek, S. Huber, E. Floyd, et al. (2001) MR imaging characterization of microvessels in experimental breast tumors by using a particulate contrast agent with histopathologic correlation. Radiology 218:562-569 5. C. K. Kuhl (2007) Current status of breast MR imaging. Part 2. Clinical applications. Radiology 244:672-691 6. A. R. Padhani, C. Hayes, L. Assersohn, et al. (2006) Prediction of clinicopathologic response of breast cancer to primary chemotherapy at contrast-enhanced MR imaging: initial clinical results. Radiology 239: 361-374 7. T. E. Yankeelov, M. Lepage, A. Chakravarthy, et al. (2007) Integration of quantitative DCE-MRI and ADC mapping to monitor treatment response in human breast cancer: initial results. Magn Reson Imaging 25:1-13 8. M. L. Ah-See, A. Makris, N. J. Taylor, et al. (2008) Early changes in functional dynamic magnetic resonance imaging predict for pathologic response to neoadjuvant chemotherapy in primary breast cancer. Clin Cancer Res 14:6580-6589 9. K. L. Li, L. J. Wilmes, R. G. Henry, et al. (2005) Heterogeneity in the angiogenic response of a BT474 human breast cancer to a novel vascular endothelial growth factor-receptor tyrosine kinase inhibitor: assessment by voxel analysis of dynamic contrast-enhanced MRI. J Magn Reson Imaging 22:511-519 VII - Conclusion L’imagerie de l’angiogénèse permet d’améliorer les performances de l’IRM et notamment sa spécificité. Cependant, les applications cliniques restent encore limitées. L’analyse de l’hétérogénéité et l’utilisation de données complémentaires telles que l’évolution du volume tumoral devraient améliorer les performances de l‘imagerie fonctionnelle qui restent actuellement modestes. La simplification des protocoles est également une étape importante. L’arrivée de nouvelles antennes multicanaux devrait accélérer les acquisitions pour permettre au cours du même examen l’exploration simultanée de la morphologie et de la microcirculation et d’éviter la multiplication des rendez-vous d’IRM. A - Etude de l’hétérogénéité fonctionnelle Les volumineuses tumeurs du sein sont souvent hétérogènes avec un centre moins vascularisé que la périphérie. Ces disparités de vascularisation avec des zones hyper-, des plages hypo- et des portions normalement perfusées sont bien visibles sur les images morphologiques. En revanche l’analyse de la micro- du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 43 Les signatures Moléculaire. Le point de vue du pathologiste. Dr. Frédérique PENAULT-LLORCA(1) Fig 1 : Mesure des courbes de rehaussement. Plusieurs acquisitions couvrant tout le sein sont réalisées à différent temps après injection de produit de contraste en intraveineuse. Une région d’intérêt est sélectionnée sur la lésion à chaque temps permettant de mesurer les intensités de signal et de tracer une courbe de rehaussement. Fig 2 : Courbe de rehaussement intratumoral. La phase initiale du rehaussement correspond à l’arrivée du produit de contraste dans les capillaires tumoraux et reflète la perfusion (F). Sont amplitude reflète le volume sanguin (Vp). L’observation de cette première phase nécessite une résolution temporelle élevée (1 image / seconde) et reste réservée à la recherche. La seconde phase de rehaussement correspond aux échanges de produit de contraste entre le plasma et l’interstitium. L’analyse de cette seconde partie de la courbe ne nécessite pas de modification franche des protocoles d’IRM appliqués en clinique avec des résolutions temporelles basses (1 image / 30 secondes). De nombreux nouveaux outils moléculaires sont actuellement disponibles en cancérologie mammaire, certains à visée taxonomique (classification de Perou et Sorlie) [1], d’autres à visée pronostique (signature à 70 gènes : mammaprint® [2], grade génomique : MapQuant Dx® [3]) ou prédictifs (signature à 21 gènes: Oncotype Dx® [4]), pour ne citer que les plus utilisés. Ils présentent l’attrait de la nouveauté, le côté rassurant de la technologie moléculaire de pointe, par rapport à des approches classiques, dont on connaît la valeur mais aussi les limites. Ils suscitent donc un certain engouement, et beaucoup, pathologistes y compris, y voient la mort programmée de l’examen histopathologique classique. Depuis des décennies, les pathologistes réalisent le diagnostic des tumeurs mammaires et déterminent les facteurs pronostiques (taille tumorale, grade SBR modifié par Elston et Ellis, présence ou absence d’emboles vasculaires ou lymphatiques, statut ganglionnaire) et prédictifs (récepteurs hormonaux, HER2, prolifération). Les données du compte-rendu permettent la prise en charge standard du cancer du sein, associée aux données de la patiente comme l’âge et les comorbidités, selon les recommandations nationales ou internationales revisitées dans les référentiels nationaux. Que peuvent apporter de plus ces nouveaux outils ? Vont-ils remplacer l’examen histopathologique ? Sont-ils plus fiables que nos techniques ? Sont-ils complémentaires ? Allons-nous devoir nous recycler ? Nous connaissons tous les limites des paramètres classiques de prise en charge du cancer du sein. Nous n’identifions pas correctement les catégories pronostiques : par exemple, 30% des patientes de bon pronostic vont rechuter. En termes prédictifs, nous identifions les populations de patientes éligibles pour des traitements ciblés, mais nous ne sommes pas capables encore d’identifier celles qui vont bien répondre. Différentes études ont montré les limitations actuelles des tests immunohistochimiques, et ce malgré un important effort d’assurance qualité de la part des pathologistes [5-10]. Ainsi, des patientes seront surtraitées, et d’autres non traitées parce que non détectées. Fig 3 : Comparaison entre des cinétiques de rehaussement typiquement bénignes et malignes. Patiente prise en charge pour un Carcinome canalaire infiltrant de 3 cm (D, E et F). L’IRM est réalisée avant la chimiothérapie néoadjuvante. La patient présente également un adénofibrome (A,B et C). L’adénofibrome présente une courbe de rehaussement progressive et peu intense indiquant une microvascularisation normale. L’imagerie morphologique (B, T1 injecté) est peu contributive montrant une masse ronde à contours nets (bord interne) et masqués (bord externe) classée ACR 4. La séquence de diffusion (C, b=600) montre une cellularité «normale». Le cancer présente une courbe de rehaussement rapidement progressive et intense suivie d’un washout, indiquant une augmentation de la perfusion, du volume sanguin et de la perméabilité. L’analyse morphologique (E, T1 injecté) est caractéristique avec une masse de forme irrégulière et un rehaussement périphérique classée ACR 5. La séquence de diffusion (F, b=600) est en faveur d’une hypercellularité (hypersignal). Fig 4 : Evolution des cinétiques de rehaussement après 2 cycles de chimiothérapie néoadjuvante. Même patiente que la Figure 3. L’adénofibrome conserve le même aspect. Dans le cancer, la courbe de rehaussement s’est modifiée présentant une forme progressive et moins intense en faveur d’une normalisation des vaisseaux (baisse de la perfusion et de la perméabilité). L’analyse morphologique confirme la bonne réponse au traitement avec une diminution de plus de 50% de la taille de la lésion (E, T1 injecté). La séquence de diffusion (F, b=600) montre une diminution de l’hypercellularité (isosignal). Fig 5 : Evolution de la fraction volumique interstitielle chez une patiente de 47 ans, traitée pour un carcinome lobulaire infiltrant du sein gauche, sans réponse histologique après chimiothérapie néoadjuvante. Après traitement, les diminutions de Ve étaient modérées quelque soit la fonction d’entrée utilisée : mesurée en B et E (-59%), calculée en C et F (- 50%) et contrastaient avec la réponse complète observée en IRM morphologique. Les histogrammes (G après traitement, H avant traitement) montrent la disparition des pixels présentant des valeurs extrêmes de perméabilité, mais la persistance des pixels arborant des valeurs moyennes. I - Classification de Perou et Sorlie Cette classification identifie des catégories de tumeurs mammaires (de type canalaire essentiellement), par l’expression différentielle des cDNA. Quatre grandes catégories sont ainsi déterminées : tumeurs luminales A et B, tumeurs HER2+ et les tumeurs basal-like [1]. Ces catégories ont une valeur pronostique (les deux dernières étant de mauvais pronostic) et prédictive. De nombreuses études ont montré que l’on pouvait reproduire cette classification issue de DNA microarrays, par l’utilisation de tests immunohistochimiques simples comme les récepteurs hormonaux, HER2, l’expression de cytokératines basales (de haut poids moléculaire) comme CK5-6, CK14 ou CK17 [10]. Au sein des tumeurs luminales, les A bénéficient vraiment du traitement hormonal alors que les B semblent bénéficier en outre d’une chimiothérapie. Les tumeurs luminales A se différencient sur le plan morphologique et immunohistochimique des luminales B, par un grade bas, une faible prolifération, des taux de récepteurs hormonaux élevés et homogènes et généralement la négativité de p53. Les tumeurs de phénotype basal se retrouvent dans une catégorie particulière dite triple négative (RE, RP et HER négatifs) et expriment les cytokératines de haut poids moléculaire et/ou EGFR et/ou c-Kit [1]. Dans la série de Pérou et Sorlie (essentiellement issue de carcinomes canalaires infiltrants), elles représentent avec les tumeurs HER2 positives, un des groupes de mauvais pronostic. Or, il s’agit d’un groupe hétérogène de tumeurs. Certaines tumeurs basales sont d’excellent pronostic. Il s’agit de types histopathologiques particuliers comme les carcinomes adénoïdes kystiques, certains carcinomes apocrines, les carcinomes médullaires. Il faut donc ne pas assimiler toutes les tumeurs de phénotype basal a des tumeurs agressives. La morphologie prend ici toute sa place[5, 11] . Avec cette classification moléculaire de Perou et Sorlie, le pathologiste a un rôle important à jouer car il peut, à moindre coût, mieux classer les tumeurs mammaires, en vue de futurs essais thérapeutiques adaptés à ces différentes catégories biologiques et pronostiques. De plus, l’analyse morphologique (type histopathologique, grade, index mitotique) reste très importante. II - Grade moléculaire MapQuant Dx®[3] Plus de la moitié des carcinomes mammaires sont de grade II SBR. Comme toutes les catégories intermédiaires dans des systèmes de grading ou de classification à trois classes, la catégorie du milieu, le grade II, reste la plus délicate, d’une part, à diagnostiquer correctement (la reproductibilité y est la plus faible), et d’autre part, à prendre en charge (risque de sur ou de sous traitement). Viviane Ledoussal et coll avaient en 1989 proposé de stratifier les grades II en forts ou faibles par l’addition du grade mSBR (m pour «modifié») [12 ] . Il s’agissait de grader les tumeurs en utilisant les deux derniers paramètres du grade soit l ‘anisocaryose et l’index mitotique. Les grades II se rangeaient alors dans deux catégories pronostiques différentes. Certaines équipes et certains référentiels ont utilisé cette information pour la prise en charge des tumeurs de grade II chez des femmes sans envahissement ganglionnaire. Cristos Sotiriou et son groupe, ont repris cette hypothèse en réalisant une approche moléculaire par DNA arrays des grades II. De façon inattendue les grades II se sont répartis en deux catégories correspondants aux profils d'expression des grades I et III. Bien sûr, une approche moléculaire du grade est beaucoup plus sexy [3]! Cette signature comprend principalement des gènes de prolifération et elle sépare les grades II en bas ou hauts grades. Les tumeurs mammaires se retrouvent ainsi classées en deux catégories. Elle est commercialisée et indiquée pour les tumeurs de grade II avec réceptivité hormonale (pour les tumeurs sans réceptivité hormonales de grade II, une chimiothérapie est en général indiquée). Il serait très intéressant d’avoir, dans les différentes études qui ont montré l’intérêt du grade moléculaire, ce que donne l’analyse histopathologique et en particulier le mSBR et la prolifération évaluée par le compte des mitoses et le Ki67. Donnés qui ne sont malheureusement pas disponibles ! Cette approche du grade moléculaire nous permet, en fait, de revisiter la prolifération comme paramètre pronostique et prédictif majeur dans les carcinomes mammaires [13]. Reste à savoir si les données de l’examen histopathologique bien exploitées ne donneraient pas les mêmes résultats. III - Mammaprint® et oncotype Dx® [1,4, 14, 15] Ces deux tests moléculaires sont très différents dans leur conception (l’un est un DNA microarray de 70 gènes, l’autre un test de Q-RT-PCR de 21 gènes), s’adressent à des populations différentes (tout type de cancer du sein, N0 et N jusqu’à 3 pour le premier, population RH positive, sans envahissement ganglionnaire pour le second) et requièrent pour mammaprint® du tissu frais et pour Oncotype Dx® du tissu fixé et inclus en paraffine [16]. Pour le pathologiste, ils peuvent représenter la même «menace». Cependant, nous devons les voir comme des tests complémentaires de l’examen histopathologique classique et, surtout, nous les approprier dans nos structures de pathologie. Là aussi, nous manquons de données concernant leurs résultats en comparaison aux données du grade et de la prolifération. Nous devons rester vigilants et améliorer nos tests d’assurance qualité sur la détermination des récepteurs hormonaux et de HER2, si nous ne voulons pas qu’un jour le test oncotypeDx®, propose l’évaluation de ces marqueurs à la place de nos tests classiques. IV - Le futur Nous manquons de tests moléculaires prédictifs pour déterminer au sein des populations traitées par des chimiothérapies classiques ou bien chez les HER2 positives, celles qui vont bien répondre au traitement classique ou ciblé. Ceci représente un challenge important dans l’avenir et permettra un traitement adapté et efficace. Une évolution possible de ces tests est, qu’à terme, trois ou quatre paramètres combinés apparaissent comme prépondérants pour stratifier les patientes et puissent être évalués par immunohistochimie ou hybridation in situ. Le pathologiste reste plus que jamais le gardien des tissus des patientes atteintes de cancer du sein. Il lui incombe la tache de préserver correctement les tumeurs afin que les tests classiques immunohistochimiques et moléculaires puissent être réalisés et avec fiabilité. Il devra vérifier la fiabilité des prélèvements envoyés pour analyse centralisée comme pour les signatures moléculaires commerciales. Enfin son examen histopathologique reste la pierre d’angle de la prise en charge adaptée des patientes atteintes de cancer du sein. 1 : Centre Jean Perrin - Clermont-Ferrand 44 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 45 A l’aide de paramètres simples, à condition d’être rigoureux dans les techniques, la prise en charge standard est très fiable. Les tests moléculaires apporteront des données complémentaires pour certaines catégories de patientes (grade II, RH positives, faible envahissement ganglionnaire). Nous devons encore en évaluer l’intérêt clinique et économique. V - Références 1. Sorlie T, Perou CM, Tibshirani R, Aas T, Geisler S, Johnsen H, Hastie T, Eisen MB, van de Rijn M, Jeffrey SS, Thorsen T, Quist H, Matese JC, Brown PO, Botstein D, Eystein Lønning P, Børresen-Dale AL. Gene expression patterns of breast carcinomas distinguish tumor subclasses with clinical implications. Proc Natl Acad Sci U S A. 2001 Sep 11;98(19):10869-74. 2. van de Vijver MJ, He YD, van't Veer LJ, Dai H, Hart AA, Voskuil DW, Schreiber GJ, Peterse JL, Roberts C, Marton MJ, Parrish M, Atsma D, Witteveen A, Glas A, Delahaye L, van der Velde T, Bartelink H, Rodenhuis S, Rutgers ET, Friend SH, Bernards R. A gene-expression signature as a predictor of survival in breast cancer. N Engl J Med. 2002 Dec 19;347(25):1999-2009. 3. Sotiriou C, Wirapati P, Loi S, Harris A, Fox S, Smeds J, Nordgren H, Farmer P, Praz V, Haibe-Kains B, Desmedt C, Larsimont D, Cardoso F, Peterse H, Nuyten D, Buyse M, Van de Vijver MJ, Bergh J, Piccart M, Delorenzi M. Gene expression profiling in breast cancer: understanding the molecular basis of histologic grade to improve prognosis. J Natl Cancer Inst. 2006 Feb 15;98(4):262-72. 4. Paik S, Shak S, Tang G, Kim C, Baker J, Cronin M, Baehner FL, Walker MG, Watson D, Park T, Hiller W, Fisher ER, Wickerham DL, Bryant J, Wolmark N. A multigene assay to predict recurrence of tamoxifen-treated, node-negative breast cancer. N Engl J Med. 2004 Dec 30;351(27):2817-26. 5. Viale G. Pathology: is it still necessary? Ann Oncol. 2008 Jul;19 Suppl 5:v111-2. 6. Viale G, Regan MM, Maiorano E, Mastropasqua MG, Golouh R, Perin T, Brown RW, Kovács A, Pillay K, Ohlschlegel C, Braye S, Grigolato P, Rusca T, Gelber RD, Castiglione-Gertsch M, Price KN, Goldhirsch A, Gusterson BA, Coates AS. Chemoendocrine compared with endocrine adjuvant therapies for node-negative breast cancer: predictive value of centrally reviewed expression of oestrogen and progesterone receptors--International Breast Cancer Study Group. J Clin Oncol. 2008 Mar 20;26(9):1404-10. 7. Viale G, Giobbie-Hurder A, Regan MM, Coates AS, Mastropasqua MG, Dell'Orto P, Maiorano E, MacGrogan G, Braye SG, Ohlschlegel C, Neven P, Orosz Z, Olszewski WP, Knox F, Thürlimann B, Price KN, Castiglione-Gertsch M, Gelber RD, Gusterson BA, Goldhirsch A; Breast International Group Trial 1-98. Prognostic and predictive value of centrally reviewed Ki-67 labeling index in postmenopausal women with endocrine-responsive breast cancer: results from Breast International Group Trial 1-98 comparing adjuvant tamoxifen with letrozole. J Clin Oncol. 2008 Dec 1;26(34):5569-75. Epub 2008 Nov 3. 8. Perez EA, Suman VJ, Davidson NE, Martino S, Kaufman PA, Lingle WL, Flynn PJ, Ingle JN, Visscher D, Jenkins RB. HER2 testing by local, central, and reference laboratories in specimens from the North Central Cancer Treatment Group N9831 intergroup adjuvant trial.J Clin Oncol. 2006 Jul 1;24(19):3032-8 9. Gown AM. Current issues in ER and HER2 testing by IHC in breast cancer. Mod Pathol. 2008 May;21 Suppl 2:S8-S15. 10. Perou CM, Sørlie T, Eisen MB, van de Rijn M, Jeffrey SS, Rees CA, Pollack JR, Ross DT, Johnsen H, Akslen LA, Fluge O, Pergamenschikov A, Williams C, Zhu SX,Lønning PE, Børresen-Dale AL, Brown PO, Botstein D. Molecular portraits of human breast tumours.Nature. 2000 Aug 17;406(6797):747-52. 11. Weigelt B, Horlings HM, Kreike B, Hayes MM, Hauptmann M, Wessels LF, de Jong D, Van de Vijver MJ, Van't Veer LJ, Peterse JL. Refinement of breast cancer classification by molecular characterization of histological special types. J Pathol. 2008 Oct;216(2):141-50. 12. Le Doussal V, Tubiana-Hulin M, Friedman S, Hacene K, Spyratos F, Brunet M. Prognostic value of histologic grade nuclear components of Scarff-Bloom-Richardson (SBR). 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Development of the 21-gene assay and its application in clinical practice and linical trials. J Clin Oncol. 2008 Feb 10;26(5):721-8 Les nouvelles entités histologiques et biologiques : implications cliniques pour le radiologue. Dr Carine VAN DE MERCKT(1) L’imagerie sénologique a bénéficié, depuis les années 80, d’une importante évolution tant dans la qualité et la diversité de ses performances que dans son rôle qui est passé de la mise au point d’une anomalie clinique au dépistage des lésions frontières. Mammographie Prédiction histologique VPP L’approche diagnostique est basée sur des critères morphologiques : opacités, modifications architecturales, microcalcifications, asymétrie de densité. Masse spiculée sans calcifications Carcinome invasif 95 (143/150) Ces paramètres morphologiques permettent au radiologue de faire un pari histologique et parfois pronostique. Calcifications amorphes DCIS 88 (14/16) Calcifications pléiomorphes DCIS 62 (26/42) Calcifications branchées DCIS ou invasif grade 3 90 (19/21) Une opacité spiculée (fig.1) évoque un carcinome canalaire invasif de meilleur pronostic qu’une masse aux contours flous (fig.2). (7, 8) Des microcalcifications nombreuses vermiculaires orientent vers un carcinome canalaire in situ de haut grade (fig.3) alors que de fines microcalcifications irrégulières peuvent être un signe d’appel d’une lésion frontière de type hyperplasie épithéliale atypique (HEA) ou d’un carcinome in situ de bas grade (fig.4) (tableau 1 et 1a) (10). Tableau 1 : Prédiction de diagnostic histologique des cancers infracliniques sur base de la mammographie. Les nouvelles entités histologiques évoluent vers une classification biologique basée sur des marqueurs moléculaires : le profil luminal (type A/B), le profil HER2, le profil basal. Ces profils protéiques obtenus par micro-array donne une meilleure information pronostique et en terme de stratégie thérapeutique. (11, 12, 13, 14) Des études récentes (4,5,6) ont montré une corrélation radiologique (Rx) avec les classes moléculaires des cancers invasifs identifiés par cette analyse d’expression génétique. Les tumeurs luminales – récepteurs hormonaux positifs - sont plus souvent associées à des lésions spiculées (de meilleur pronostic), les tumeurs plus agressives comme le profil HER2 ou basal-like se présentent le plus souvent comme une masse arrondie d’allure bénigne ou une asymétrie de densité (tableau 2). La majorité des carcinomes survenant chez les patientes porteuses du gène BRCA1 ont des caractéristiques immunophénotypiques et morphologiques des tumeurs de type basal-like (85%) (1,2). Tableau 1a : Fréquence de distribution par catégorie d’images et mortalité spécifique au cancer. L’IRM proposée en dépistage chez ces femmes à haut risque confirme un taux élevé (23%) de cancers infiltrants de forme arrondie et d’aspect bénin (fig 5) et cela dans 80% en cas de mutation BRCA1(3). L’implication clinique de ces nouvelles entités histologiques est d’informer le radiologue de ces facteurs pronostiques et, dans l’état actuel, est par exemple de sensibiliser à la présentation de type «fibro-adénome like» de certaines tumeurs agressives en particuliers chez les femmes porteuses de BCRA1. D’autres voies de réflexions pourraient être explorées comme la recherche de l’identification par certains types de microcalcifications, d’un DCIS de type phénotype basal, précurseur possible mais non obligatoire du carcinome invasif de même type. Mais cela sont des hypothèses de travail non encore utilisables en pratique clinique. Luminal / RH positif HER 2a/b et groupe basal Masse spiculée 24 (12%) 29 (14%) Masse contours flous 44 (22%) 110 (52%) Tableau 2 : Distribution de masse spiculée et non spiculée dans les différents groupes. 1 : Bruxelles – Institut Bordet 46 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 4 : nouveautés pour le radiologue 47 Références 1. Vincent – Salomon A. : aspects morphologiques phénotypiques et génotypiques des carcinomes mammaires survenant chez des femmes prédisposées. La lettre du sénologue, n° 42 – octobre-novembre-décembre 2008. 2. Thibault F. : quelle prise en charge pour les femmes génétiquement prédisposées au cancer du sein ? Rôle de l’imagerie. La lettre du sénologue, n° 42 – octobre-novembre-décembre 2008. 3. Schrading S., Kuhl CK. : mammographic, us and MR imaging phenotypes of familial breast cancer. Radiology 2008 ; 246 : 58-70 4. Taneja S., Evans A.J., et al : The mammographic correlations of a new immunohistochemical classication of invasive breast cancer. Clinical Radiology (2008) 63, 1228-1235 5. Luck A., Evans A, et al : Breast carcinoma with basal phenotype : mammographic findings. AJR2008 ; 191 : 346-351 6. Sihto H., Lundin J, et al : Molecular subtypes of breast cancers detected in mammography screening and outside of screening. Clin. Cancer Res 2008 ; 14(13) Jumy 1, 2008 : 4104-4110 7. Alexander M.C., Yankaskas B.C., Biesemier K.W. : Association of stellate mammographic pattern with survival in small invasive breast tumors. AJR : 187, july 2006 : 29-37 8. Evans A.J., Pinder S.E., et al : Is mammographic spiculation an independent, good pronostic factor in screening-detected invasive breast cancer ? AJR : 187, november 2006 : 1377-1380 9. Badra F.A., Karamouzis M.V., et al : Non-palpable breast carcinomas : correlation of mammographically detected malignant-appearing microcalcifications and epidermal growth factor receptor (EGFR) family expression. Cancers letters 244 (2006) 34-41. 10. Thurfjell M.G. : Nonpalpable breast cancer : mammographic appearance as predictor of histologic type. Radiology 2002 ; 165-170 11.Soerjomataram I., Louwman M.,et al : An overview of prognostic factors for long-terms survivors of breast cancer. Breast Cancer Res Treat (2008) 107 : 309-330 12. Sotiriou C., Piccart M. : Taking gene-expression profiling to the clinic : when will molecular signatures become relevant to patient care ? Nature Review Cancer, volume 7, july 2007 : 545-553 13. Dihn P., Sotiriou C. : Treatment tailoring based on molecular characterizations. Annals of Oncology 19 (supp 7) : vii46-vii50, 2008 14. Nielsen T.O., Hsu F.D. : Immunohistochemical and clinical characterization of the basal-like subtype of invasive breast carcinoma. Clin. C. Research. Vol. 10, 5367-5374, 2004 Fig 1 Fig 2 Fig 3 Fig 4 JOURNÉES SOFMIS senologie interventionnelle Fig 5 48 du 19 au 21 mars 2009 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 49 Prise en charge des lésions histologiques à risque. Doit on encore toutes les opérer et quelle surveillance proposer ? Dr. Jean-Marc GUINEBRETIÈRE(1), Dr. Emmanuelle MENET(1), Dr. Catherine BÉLICHARD(2), Dr. Pascal CHÉREL(3) Les biopsies guidées constituent aujourd’hui la première technique diagnostique des lésions mammaires, qu’elles soient palpables ou non. Ceci transfère au radiologue une part importante de la responsabilité de la prise en charge de ces lésions comme de la surveillance lorsqu’elles sont bénignes. Deux éléments accentuent la complexité de cette étape diagnostique : - le développement du dépistage organisé à une échelle nationale qui assure une augmentation croissante de l’incidence de ces lésions détectées et plus particulièrement de la frange des lésions à risque. - la facilité et la précision des techniques biopsiques grâce aux nombreux développements technologiques, ce qui conduit à réaliser des prélèvements pour des lésions de taille réduite qui autrefois étaient seulement surveillées et d’accéder ainsi à des lésions histologiques inhabituelles ou débutantes dont la signification reste pour certaines comme les atypies planes (métaplasie cylindrique atypique) encore à définir. I - Quelles sont les lésions à risque ? Le risque correspond au risque relatif, c'est-à-dire la probabilité de développer ultérieurement un cancer du sein. Le risque encouru par les lésions bénignes est connu de longue date. Black l’a ainsi rattaché à certaines caractéristiques des noyaux des cellules épithéliales (1). Mais il a été parfaitement défini grâce aux travaux de Dupont et Page, publiés aux débuts des années 1980 (2) grâce à une méthodologie rigoureuse. Aujourd’hui les lésions sont classées en fonction de leur risque relatif (tableau 1) qui est régulièrement actualisé (consensus). Absence de risque Adénose Ectasie canalaire • Fibrose • Mastites • Hyperplasie épithéliale faible sans atypie • Kystes simples • Métaplasie apocrine • Métaplasie épidermoïde Lésion à faible risque (x1,5 à 2) Fibroadénome complexe Hyperplasie épithéliale floride sans atypie Papillome • Fibro-adénose • Cicatrice radiaire (jacobs 1999) • • • • Lésion à risque modéré (x4 à 5) Hyperplasie lobulaire atypique Hyperplasie canalaire atypique • Papillome atypique (lewis 2006) Lésion à risque élevé (x8 à 10) Carcinome canalaire in situ Carcinome lobulaire in situ • Papillomatose avec atypie (lewis 2006) • • • • Tableau 1 : Classement des lésions histologiques élémentaires selon leur niveau de risque relatif de cancer du sein d’après (3) lewis 2006. • Quelques caractéristiques de certaines de ces entités - L’hyperplasie canalaire est définie comme la multiplication des cellules épithéliales du revêtement du canal galactophore. Elle est classée d’abord selon le degré d’intensité qui s’évalue en déterminant le nombre de couche de cellules qui tapissent la paroi : jusqu’à 2 couches le revêtement est considéré comme normal, de 2 à 4 l’hyperplasie est dite simple, de 4 à 10 elle est modérée et au delà de 10 couches de cellules, l’hyperplasie est floride (fig.1). Puis l’analyse est qualitative, à la recherche d’atypies cytologiques et architecturales. L’hyperplasie atypique (fig. 2) est une lésion qui comporte certaines mais pas toutes les caractéristiques cytologiques et architecturales des carcinomes in situ. Cette définition a toutefois été étendue aux lésions de carcinome in situ mais dont la taille additive des canaux tumoraux n’excède pas 2mm (Tavassoli) ou touchant moins de 3 canaux (Page). 1 : Service de pathologie - Saint-Cloud 2 : Service de chirurgie 3 : Service de radiologie - Centre René-Huguenin, 35, rue Dailly, 92210 Saint-Cloud 50 - Les néoplasies lobulaires se caractérisent par la présence d’une prolifération épithéliale faite de cellules identiques entre elles, de petite taille, à noyaux réguliers, à cytoplasme abondant parfois vacuolisé. Elles se développent dans la lumière des acini des lobules qu’elles distendent plus ou moins et peuvent également coloniser les canaux galactophores selon un mode pagétoïde. Deux principales entités sont distinguées, l’hyperplasie atypique (hla) et le carcinome lobulaire in situ (clis). Pour le carcinome in situ, la distension est complète, sans lumière résiduelle (fig. 3) alors que pour l’hyperplasie, elle est plus modérée ou concerne moins de la moitié des acini du lobule (OMS2003). Une troisième lésion a été récemment ajoutée, le carcinome lobulaire in situ dit pléomorphe (fig. 4) car comportant soit des cellules très atypiques, soit des foyers de nécrose ou une distension majeure des lobules. Ces trois caractéristiques sont volontiers intriquées. Plus rare, il est également plus agressif, se propageant de proche en proche et s’accompagnant dans 20 à 40% des cas de foyers infiltrants ou microinfiltrants (4). Le traitement que lui applique la plus part des équipes est analogue à celui d’un carcinome intra canalaire. - Les lésions cylindriques. Elles sont d’individualisation récente (5) et constituent un ensemble de lésions ayant en commun un aspect cytologique identique, des cellules cylindriques hautes, à noyau ovalaire situé au pôle basal. Comme cet aspect cytologique s’observe aussi bien dans des lésions, bénignes, atypiques mais également malignes in situ et infiltrant, il pourrait ainsi être un des éléments du continuum lésionnel. Ceci justifie leur individualisation, entérinée par l’OMS, dans le but de mieux en évaluer l’évolution et le niveau de risque associé. Le terme cylindrique remplace ou vient en complément des dénominations précédemment utilisées. Les lésions concernées sont nombreuses, kystes de petite taille (métaplasie cylindrique simple), les lésions de fibro-adénose (adénose cylindrique), les hyperplasies régulières (métaplasie avec hyperplasie) et les foyers d’hyperplasie canalaire atypique (hyperplasie cylindrique atypique). Une nouvelle catégorie a été créée correspondant à l’atypie plane ou métaplasie cylindrique atypique. A l’origine (6), elle regroupait deux lésions, d’une part une métaplasie cylindrique avec irrégularité nucléaire, d’autre part les images autrefois classées comme «clinging carcinoma». A ce jour, il n’existe aucune donnée sur le niveau de risque associée à cette lésion pourtant dénommée «atypie plane». - La cicatrice radiaire (centre prolifératif d’Aschoff) dont l’aspect radiographique, macroscopique et également microscopique peut en imposer pour une lésion maligne mais qui s’en démarque par la présence de cellules myo-épithéliales dans chacun des canaux, absente dans le carcinome infiltrant. De plus elle est associée dans 30% des cas, à des lésions d’hyperplasie atypique, risque qui augmente avec la taille de la lésion. Leur diagnostic est difficile sur pièces de résection chirurgicale, mais plus délicat encore sur matériel de micro et macrobiopsies en raison de la fragmentation des images induites par le geste et au caractère souvent incomplet de l’analyse de la lésion. II - Identification de lésions à risque sur biopsies guidées ? Plusieurs éléments sont impliqués : - le premier tient à ce que la définition microscopique des lésions frontières est basée sur l’examen de l’ensemble de l’anomalie, avec pour les lésions atypiques un critère fondé sur le nombre d’images, alors qu’avec les biopsies les images sont fragmentées et incomplètes ce qui explique les difficultés diagnostiques des pathologistes. - le second tient à ce que l’examen ne concerne généralement qu’une partie des lésions, ce qui est à l’origine de discordances ou de sous estimation entre le diagnostic porté sur la biopsie guidée et celui sur la résection chirurgicale. Ce risque a été immédiatement identifié lors des premières études de microbiopsies par 14G, évalué entre 30 (7) et 60% (8) pour les hyperplasies atypiques. Il a sensiblement diminué, entre 10 (9) et 20% (10) avec l’utilisation de biopsies de plus gros calibre (11G, 10G, 8G) couplées à des systèmes d’aspiration qui permettent d’obtenir une plus grande quantité tissulaire. Le risque est plus faible lorsque l’image radiologique a été entièrement prélevée lors de la biopsie, sans image résiduelle sur les clichés de contrôle mais il ne du 19 au 21 mars 2009 disparaît totalement (11). Ceci tient à ce que les lésions les plus sévères ne sont pas forcément celles associées aux images radiologiques. De ces constations il a été préconisé en cas de lésions à risque identifiées sur biopsies guidées une exérèse chirurgicale de la zone dans le but de s’assurer de l’absence de lésion plus sévère de voisinage. Le diagnostic final est une synthèse des images de la biopsie et de la résection lui faisant suite. Toutefois, plusieurs éléments interfèrent : A - Importance de la confrontation radiohistologique Cette étape est essentielle et à pour à but de s’assurer de la représentativité du prélèvement biopsique. Elle est au mieux effectuée en RCP en présence d’au minimum les radiologues et pathologiste impliqués. Cette analyse poursuit deux buts, être certain que la biopsie a bien porté sur la lésion la plus sévère en imagerie et qu’elle en est représentative. D’autre part que le pathologiste soit certain qu’il a identifié les images microscopiques correspondantes aux images radiographiques suspectes. Avec les nouvelles techniques qui permettent d’enlever un nombre élevé de carottes de diamètre plus important fait que la lésion, souvent présente n’est pas forcément identifiée sur les premiers niveaux de coupe. En cas de microcalcifications, le pathologiste peut grâce à la radiographie des carottes connaître le nombre et la localisation des calcifications de chacune des carottes et ainsi faire pratiquer des niveaux additionnels si elles ne sont pas toutes observées initialement. Cette corrélation est plus difficile en cas de désorganisation ou de lésion échographique car, à l’exception des kystes et des tumeurs, il n’existe pas de substratum histologique spécifique de chaque signe échographique. Son importance est de plus en plus soulignée. Ainsi Jackman (12) a identifié parmi sa série de 1152 patientes biopsiées et suivies durant plus de 3 ans, 5 faux négatifs (bénins sans atypie) dont 2 liées à une discordance avérée. Ceci doit conduire en cas de concordance incomplète à la poursuite des investigations diagnostiques. B - Le type de lésions histologiques Le risque d’identifier une lésion maligne varie aussi selon la nature histologique de la lésion identifiée. Si l’indication d’une exérèse chirurgicale est généralement admise par tous pour des lésions d’hyperplasie canalaire atypique, elle est plus discutée pour d’autres lésions comme les néoplasies lobulaires et les atypies planes (métaplasie cylindrique atypique). Concernant les néoplasies lobulaires, le tableau ci-dessous détaille le risque de carcinome lors de la résection ou durant le suivi pour les publications les plus récentes qui disposent d’un suivi important et ont utilisé à majorité des macrobiopsies. Auteur Arpino 2004 (13) Foster 2004 (14) elsheikh 2005 (15;16) Mahoney 2006 (17) Margenthaler 2006 (18) Renshaw 2006 (19) Karabakhtsian 2007(20) Cangiarella 2008 (21) Londero 2008 (22) Brem 2008 (23) nbre HLA/ nbre cancer 17/1 14/2 5/20 10/1 19/3 40/1 65/5 18/1 1/14 17/67 nbre CLIS/nbre cancer 4/2 12/2 4/13 10/4 16/3 52/2 29/5 20/2 12/21 21/97 Tableau 2 : Incidence des carcinomes après diagnostic de néoplasie lobulaire par biopsie guidée carottes est faible, plus le taux de discordance diminue (9). Ces données sont certes parcellaires mais si elles étaient évaluées et confirmées par d’autres équipes, pourraient apporter des données quantitatives qui assureraient une meilleure sélection des indications opératoires. D - Quelle surveillance ? en cas de résection chirurgicale, le diagnostic sera une synthèse entre les lésions de la biopsie et celles de la résection chirurgicale complémentaire qui doit renfermer le site de la précédente biopsie. La surveillance sera ajustée aux lésions observées. En cas d’atypie, elles conduisent à un écartement du dépistage organisé et à une surveillance individuelle basée sur l’analyse des risques combinés, histologiques mais aussi familial, alimentaires etc. En l’absence de résection chirurgicale, la surveillance poursuit deux buts : - contrôler la zone biopsiée pour s’assurer qu’elle ne se modifie pas, ce qui pourrait traduire une lésion plus sévère non intéressée par la biopsie, - surveiller les deux seins pour détecter une lésion maligne dont le risque dépasse celui de la population générale. Certains algorithmes intégrant les lésions histologiques, les antécédents familiaux, la densité mammaire etc. permettent de mieux apprécier le niveau de risque. IV - Conclusion Devant une lésion à risque diagnostiquée sur biopsie, il faut pour discuter entre surveillance et exérèse de la totalité de la lésion : - s’assurer de la parfaite représentativité de la biopsie en RCP intégrant radiologue, pathologiste et chirurgien, - déterminer le type précis de la lésion histologique, son importance quantitative et qualitative ainsi que les caractéristiques de l’imagerie, - connaître les facteurs de risque associés. Si l’exérèse chirurgicale reste la référence, elle peut être discutée pour certaines entités comme la métaplasie cylindrique atypique ou les néoplasies lobulaires, décision qui doit être partagée avec la patiente dont on doit évaluer la compliance à une éventuelle surveillance. On peut espérer que dans l’avenir, des données comme la taille du foyer et le nombre de foyers à risque seront des critères qui nous aideront à mieux sélectionner les patientes. Fig 1 : Hyperplasie canalaire floride : comblement de la lumière du canal par une prolifération de cellules canalaires cohésives discrètement anisocaryotiques (HES x200) Le risque de carcinome canalaire in situ ou infitrant apparaît très variable d’une série à l’autre témoignant probablement de recrutement et d’indications différentes. Il serait plus faible pour l’HLA, situé entre 5 et 10% avec une moyenne de 8% alors qu’il dépasserait 10% pour le CLIS, moyenne de 13,5%. Peu de données existent pour les atypies planes en raison de son individualisation récente. Pour Martel il s’agirait d’une lésion à faible risque car sur les 55 patients diagnostiqués et suivant, 3 n’avaient aucune lésion carcinomateuse lors de la biopsie chirurgicale immédiate et durant le suivi 9 cancers ont été découverts. A l’inverse Kunju (15) trouve dans sa série de 14 atypies planes 3 avec un carcinome (21%) lors de la résection chirurgicale. C - Les caractéristiques du foyer de calcifications et des lésions histologiques Ces données n’ont été étudiées que par très peu d’équipes. Selon les données du Centre René-Huguenin, plus le foyer de microcalcifications serait de petite taille plus faible serait les discordances. La seconde, issue du MD Anderson montre que plus le nombre de foyers d’hyperplasie atypique identifié sur les Fig 2 : Hyperplasie canalaire atypique : prolifération de cellules peu anisocaryotiques, se disposant en «arche de pont» aux contours rigides (HES x200) Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 51 Deux entités particulières, cicatrices radiaires et papillomes : IRM ? Macrobiopsies ? Chirurgie ? Dr. Martine BOISSERIE-LACROIX(1, 2), F. VALENTIN(2), M. ASAD-SYED(2), G. HURTEVENT(2), N. LEBIEZ-MICHEL(1), S. FERRON(2) Cicatrice radiaire (CR) et papillome ont en commun d’être des lésions bénignes considérées comme augmentant le risque de cancer du sein (risque relatif multiplié par au moins 2). Elles peuvent être intriquées à des foyers cancéreux, ce qui complique leur prise en charge. La fiabilité de plus en plus grande des prélèvements interventionnels entraîne une remise en question du dogme : image évocatrice de cicatrice radiaire ou de papillome = exérèse chirurgicale d’emblée. I - Cicatrice radiaire Fig 3 : Carcinome lobulaire in situ : lobules dilatés par une prolifération de cellules de petite taille, monomorphes, peu cohésives (HES x400) V - Bibliographie (1) Black MM, Barclay TH, Cutler SJ, Hankey BF, Asire AJ. Association of atypical characteristics of benign breast lesions with subsequent risk of breast cancer. Cancer 1972; 29:338-343. (2) Dupont WD, Page DL. Risk factors for breast cancer in women with proliferative breast disease. N Engl J Med 1985; 312:146-151. (3) Fitzgibbons PL, Henson DE, Hutter RV. Benign breast changes and the risk for subsequent breast cancer: an update of the 1985 consensus statement. 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Fig 4 : Carcinome lobulaire in situ pléomorphe: colonisation partielle d’un lobule et le long de la paroi des canaux de cellules lobulaires pléomorphes présentant des atypies notables (HES x200) (16) Elsheikh TM, Silverman JF. Follow-up surgical excision is indicated when breast core needle biopsies show atypical lobular hyperplasia or lobular carcinoma in situ: a correlative study of 33 patients with review of the literature. Am J Surg Pathol 2005 Apr;29 (4):534 -43 2005; 29:534-543. (17) Mahoney MC, Robinson-Smith TM, Shaughnessy EA. Lobular neoplasia at 11-gauge vacuum-assisted stereotactic biopsy: correlation with surgical excisional biopsy and mammographic follow-up. AJR Am J Roentgenol 2006 Oct ;187 (4):949 -54 2006; 187:949-954. (18) Margenthaler JA, Duke D, Monsees BS, Barton PT, Clark C, Dietz JR. Correlation between core biopsy and excisional biopsy in breast high-risk lesions. Am J Surg 2006 Oct ;192 (4):534 -7 2006; 192:534-537. 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Soulignons que l’aspect échographique est souvent plus inquiétant, en montrant un centre dense qui peut faire classer la lésion ACR 4 mammographique en ACR 5 échographique. La traduction échographique n’est pas constante : 55 % de la série de Bouté qui s’échelonne de 1987 à 2000 (1). Les progrès des appareillages amènent à une meilleure sensibilité (68 % de la série de Lee étalée de 1995 à 2002) (2). C’est donc la mammographie qui fait évoquer ce diagnostic, l’échographie pour une fois ne permet pas une meilleure caractérisation ; son intérêt essentiel est de montrer si la lésion est accessible à un geste interventionnel (prélèvement biopsique ou pose d’un harpon de repérage pré-opératoire). B - Doit-on proposer une IRM devant une image évocatrice de cicatrice radiaire ? Il ne s’agit pas d’une indication validée. On trouve deux études dans la littérature, la plus récente étant celle de Pediconi en 2005 (3). Cet auteur a étudié 30 patientes ayant une image mammographique infraclinique suggérant une cicatrice radiaire (distorsion architecturale sur 10 à 30 mm, en moyenne 19 mm, sans microcalcifications), évaluées en IRM par un protocole classique pour exclure une pathologie associée. La lésion n’était pas visualisée en T1 ni en T2. On ne notait pas de prise de contraste chez 18 patientes sur 30. Chez 12 patientes était observé un rehaussement sous forme de masse irrégulière, présentant une courbe de rehaussement type 3 (précoce intense puis wash-out) chez 11 patientes et une courbe type 2 (rapide puis en plateau) chez une. A l’exérèse il a été trouvé : - 18 cicatrices bénignes sans atypie, correspondant à l’absence de rehaussement, expliqué par le noyau fibreux central et l’absence de néoangiogenèse, - 4 cicatrices avec carcinome intracanalaire (CIC) associé, correspondant aux masses qui se sont rehaussées avec une courbe type 3, - 8 tumeurs malignes dont 4 carcinomes canalaires infiltrants (CCI) et 3 CIC (masses de type 3), et 1 cancer mucineux (qui avait la courbe 2 en plateau). Les auteurs concluent à la nécessité de pratiquer l’IRM pour exclure des foyers malins associés à la cicatrice, même si certaines études, font-ils remarquer, ne trouvent pas une bonne sensibilité de l’IRM dans la détection des CIC. Cette dernière critique n’est sans doute plus justifiée depuis l’article de C Kulh dans le Lancet (2007), article abondamment commenté dans la presse. Alors, quel rôle pourrait-on envisager pour l’IRM si d’autres études vont dans le même sens ? On connaît son excellente valeur prédictive négative de malignité. Un examen négatif (absence de prise de contraste) permettrait-il de surseoir à un geste invasif et/ou une exérèse chirurgicale ? Mais alors, quel serait le rythme de surveillance par IRM ? Si on admet que la CR représente un modèle de cancérogenèse (lésion proliférative apparaissant avant 50 ans-atypie-cancer) on ne sait pas le temps nécessaire (plusieurs années) à la transformation néoplasique… C - Faut-il réaliser une microbiopsie sous échographie ? On est tenté d’avoir un diagnostic pré-opératoire, mais le problème ici est l’existence de petits foyers de CIC, ce qui justifient pour beaucoup de praticiens l’indication d’une exérèse chirurgicale d’emblée. Cependant des études récentes ont mis en évidence une bonne sensibilité de la microbiopsie sous échographie (needle core biopsy). Douglas-Jones (4) a repris 281 microbiopsies étiquetées «cicatrice radiaire» (collagène peu cellulaire, hyperplasie épithéliale avec ou sans atypies, microcalcifications), chez des patientes secondairement opérées. Chez ces patientes, le trajet de la biopsie pré-opératoire a bien été repéré sur la pièce opératoire. Dans 11 cas (3,9 %) de CR «bénignes» à la microbiopsie, une tumeur maligne a été mise en évidence sur la pièce opératoire. Ces presque 4% de faux-négatifs se répartissaient en : CIC de 2 à 25 mm de tous grades dans 6 cas, CIC et CCI de 2 à 16 mm dans 4 cas, CCI et cancer tubuleux de 8 mm dans 1 cas. Les auteurs font remarquer que les faux-négatifs étaient plus nombreux dans les études anciennes (jusqu’à 9%), et qu’il faut désormais prendre en compte l’amélioration de la performance des microbiopsies. Une difficulté réside dans la corrélation radio-histologique lorsque la microbiopsie n’a ramené que du tissu normal, quand on sait que les foyers de CIC sont répartis au hasard dans la cicatrice. Faut-il laisser la lésion en place ? L’échantillonner davantage ? L’enlever chirurgicalement ? Kirwan (5) n’a pas retrouvé d’augmentation de la sensibilité avec le nombre des échantillons pratiqués devant une image stellaire. D’autres études(6) ont suggéré qu’en l’absence d’hyperplasie atypique une CR correctement échantillonnée en 14 G pouvait être laissée en place. Il est important d’avoir fait des prélèvements en périphérie de la lésion, là où siègent plus volontiers les foyers de CIC(2). D’après Brenner (taux de faux-négatifs de 4% sur 157 CR), le seuil d’échantillonnage se situe à au moins 12 prélèvements (6). Il n’y a certes pas de consensus sur le nombre de prélèvements en 14 G, 2 à 5 en moyenne du moins pour les masses solides, mais 12 semble élevé (longueur du geste, risque d’hématome, difficultés à repérer la cible au fil des prélèvements…). Finalement, Douglas-Jones (4) conseille une excision complète pour ne pas manquer un petit foyer malin, proposant comme alternative la macrobiopsie des petites lésions. D - Les macrobiopsies sont-elles une alternative à la chirurgie ? - Macrobiopsies avec échantillonnage de la lésion Becker (7) a étudié de façon rétrospective 30 CR diagnostiquées sur des microbiopsies 14 G suivies de macrobiopsies 11G. 19,6 % étaient associées à des lésions malignes, 5 % des cancers ont été manqués en 14G (et aucun en 11G). La sous-estimation du cancer (pas de composante infiltrante observée) a été observée dans 25 % en 14G, dans 16,7 % en 11G. Les auteurs concluent qu’on ne peut s’en tenir à un diagnostic de CR en 14G, des prélèvements en 11G étant nécessaires. La bénignité des prélèvements en 11G autorise alors une surveillance (7). - Macrobiopsies avec exérèse de la lésion Tennant(8) a évalué l’exérèse de 42 CR par macrobiopsies sous aspiration avec des aiguilles de calibre 7, 8 ou 11 G (vacuum-assisted excision) justifiant le geste par la petite taille de la plupart des CR. Les patientes dont la microbiopsie sous échographie avait mis en évidence des «lésions de potentiel malin incertain» sans atypie ont eu le choix entre geste interventionnel ou exérèse chirurgicale. 18 CR ont été macrobiopsiées, deux des images correspondaient finalement à une adénose sclérosante ; aucune atypie ni lésion cancéreuse n’a été trouvée ; dans 2 cas avec «tissu normal», la CR – en fait manquée en macrobiopsie – a été enlevée chirurgicalement (CR sans atypie). La moitié des patientes ont été surveillées pendant 10 à 34 mois, sans survenue d’événement notable. A la mammographie dans 2 cas une distorsion architecturale cicatricielle a été décrite. Les auteurs soulignent la nécessité de discuter l’indication du geste en réunion multidisciplinaire, et considèrent la macrobiopsie comme une alternative à la chirurgie, du moins en l’absence d’atypie et lorsque la corrélation radio-histologique est fiable. Les recommandations de l’EUSOBI fixant le nombre de prélèvements à 10 à 12(10), Si la traduction échographique est trop discrète, il vaut mieux utiliser la stéréotaxie comme mode de guidage. Le rythme de surveillance mammographique ultérieur ne peut pour l’instant être précisé. 1 : Service de Radiologie Pr Trillaud, CHU Saint-André, 1 rue Jean Burguet 33075 Bordeaux 2 : Unité de Sénologie, Institut Bergonié, 229 cours de l’Argonne, 33 076 Bordeaux 52 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 53 E - Doit-on en rester à l’indication classique d’exérèse chirurgicale d’emblée ? Plusieurs auteurs justifient l’indication chirurgicale par l’association fréquente à des lésions cancéreuses(9). La taille lésionnelle n’est pas un critère de choix dans la décision. Dans l’étude de Manfrin(9) portant sur 117 patientes, le diamètre moyen des CR «pures» était inférieur à 1 cm, et le diamètre moyen des CR avec atypie ou cancer était supérieur à 1 cm ; mais la différence de taille n’était pas significativement différente. L’âge pourrait être un argument en faveur d’une exérèse chirurgicale, la même étude ayant montré une différence significative : 48,1 ans pour les CR «pures» ; 53,1 ans pour les CR avec atypies ; 55,5 ans pour les CR associées à des lésions cancéreuses. L’âge semble donc influencer le risque de cancer du sein lors de CR. II - Conclusion La CR fait partie de ces lésions bénignes dont l’incidence a significativement augmenté avec les programmes de dépistage organisés, et pour lesquelles il serait souhaitable d’éviter une biopsie chirurgicale. D’après les recommandations de Saint-Paul de Vence 2007 concernant la prise en charge des femmes à risque (http://cours-saint-paul.fr), il n’y a pas d’indication à une IRM mammaire en raison des faux positifs (accord d’expert). La Société Européenne d’Imagerie du Sein (EUSOBI) a émis des recommandations sur les gestes interventionnels. Devant une distorsion de l’architecture, si les macrobiopies ne sont pas disponibles, une microbiopsie doit être pratiquée initialement suivie d’une exérèse chirurgicale (10). Mais se pose le problème de la faisabilité du geste devant des images de traduction subtile. En pratique courante, force est de reconnaître que dans la plupart des centres, les images évocatrices de CR sont d’emblée opérées. III - Papillomes L’écoulement mamelonnaire se rencontre chez 3 à 10 % des femmes qui consultent pour une anomalie. La cause est le plus souvent bénigne (papillome). La probabilité de cancer augmente quand l’écoulement est clair, ou hématique, ou associé à une masse palpable. Les examens complémentaires vont avoir pour but d’affirmer l’existence d’une lésion et d’approcher sa nature. Les papillomes peuvent être associés à une cicatrice radiaire et à des foyers de CIC. A - Quand suspecte-t-on un papillome ? La mammographie est peu sensible dans la détection des papillomes qui sont souvent de très petite taille. L’échographie est évocatrice en montrant une masse échogène ou isoéchogène dans un canal dilaté (11). Il faut s’assurer que la masse est bien intraductale dans les deux plans de coupe. L’apparence est en fait variable avec la quantité de liquide autour. Lors de nécrose, hémorragie, hyalinisation, on observe une augmentation de l’échogénicité, une diminution du renforcement, et des calcifications. La mise en évidence d’un pédicule vasculaire permet le diagnostic différentiel avec des sécrétions ; le papillome est une des lésions les plus vascularisées, une tumeur de moins de 5mm a souvent un pédicule visible (11). Parfois il existe une extension intracanalaire dans plusieurs branches, que Stavros décrit comme le «lazy Y» ou «trou de serrure», et cet aspect signe un papillome dans 90 %. La jambe du Y représente l’extension antérograde vers le mamelon, et les bras l’extension rétrograde dans les branches de division. B - Doit-on proposer une IRM devant une image évocatrice de papillome ? L’IRM ne permet pas de caractériser une masse évocatrice de papillome, d’autant que ce sont des lésions parmi les plus vascularisées, se rehaussant fortement après injection de produit de contraste, et classées ACR 3 ou ACR 4. L’IRM a en revanche un rôle dans la détection d’un papillome devant un écoulement non physiologique, avec mammographie et échographie normales : il s’agit là d’une indication émergente. Faut-il réaliser une microbiopsie sous échographie ? Tseng (12) a revu rétrospectivement 1682 résultats de microbiopsies 14 G, dont 31 ayant conclu à des lésions papillaires. Trente et une patientes ont été opérées. Les 24 papillomes bénins sur la microbiopsie se sont révélés bénins à l’anatomopathologie définitive dans 17 cas et malins dans 7 cas (dont 2 de moins de 15 mm à l’échographie), soit une sous-estimation de 29 %. Les 7 lésions papillaires atypiques se sont révélées bénignes dans 1 cas, atypique dans 1 cas et malignes dans 5, soit une sous-estimation de 71 %. Les auteurs concluent à la nécessité d’une exérèse chirurgicale. Kil (13) a étudié rétrospectivement 68 cas de lésions papillaires échantillonnées en 14 G. Le taux de faux-négatifs avait été de 8,8 %. Cet auteur a cherché à identifier des sous-groupes que l’on pourrait surveiller et d’autres opérer : un papillome de plus de 15 mm ou de situation périphérique doit être enlevé chirurgicalement. La situation périphérique n’est cependant pas facile à repérer : Kil la définit au tiers postérieur à la mammographie, ou au tiers distal 54 depuis le mamelon à l’échographie. Kil reconnaît que l’arbre décisionnel qu’il propose nécessite d’être validé avec une série plus large. Les microbiopsies ont des limites. Les papillomes sont souvent hétérogènes, un foyer de CIC pouvant être manqué ; c’est pourquoi certains auteurs recommandent au moins 4 prélèvements. Mais dans la série de Tseng, 4 des cancers sous-estimés avaient pourtant bénéficié de plus de 3 prélèvements (12). Il y aussi des limites d’interprétation. La catégorisation exacte du papillome peut s’avérer problématique pour un pathologiste même expérimenté qui aura du mal à répondre aux questions : s’agit-il d’une lésion bénigne, atypique, maligne ? Et si la malignité est avérée peut-on en préciser la nature exacte : carcinome in situ et/ou invasif ? Une autre limite aux microbiopsies est que les papillomes sont des lésions friables et que parfois un peut observer un déplacement cellulaire difficile à différencier d’une invasion du stroma ou des lymphatiques. Certains auteurs, comme Liberman, ont initialement trouvé suffisant un diagnostic de papillome par microbiopsie, puis quelques années après ont relevé un taux trop important de faux-négatifs pour laisser la lésion en place. Les recommandations de l’EUSOBI vont dans ce sens (10). C - Les macrobiopsies sont-elles une alternative à la chirurgie ? L’avantage des macrobiopsies est bien sûr le volume et le nombre des échantillons supérieurs par rapport aux microbiopsies. Il est plus facile de repérer une zone atypique (qui occupe moins du quart du papillome quand elle y est associée). On peut analyser le tissu autour du papillome, siège fréquent d’atypies. Mais l’étude des bords de la résection est difficile car la lésion est fragmentée. - Macrobiopsies avec échantillonnage de la lésion Kim (14) a échantillonné 39 masses évoquant à l’échographie des papillomes, en 11G quand la lésion mesurait moins de 1,5 cm, et en 8G quand la lésion mesurait entre 1,5 et 3 cm. La taille moyenne était de 9 mm. Sur les 35 lésions bénignes et atypiques, aucune n’a été sous-estimée. Les auteurs concluent à la nécessité de plus larges séries pour valider leurs résultats. - Macrobiopsies avec exérèse de la lésion Bonaventure (15) a diagnostiqué 13 papillomes par microbiopsies, qui ont été prélevés en totalité par macrobiopsies. La taille moyenne était de 9,3 mm. Le calibre de l’aiguille était de 11 G ou de 8 G, et 8,5 échantillons ont été prélevés en moyenne. Le suivi a été de 57 mois au plus, au cours duquel 2 récidives ont été observées comportant une hyperplasie canalaire atypique en bordure, ayant conduit à une exérèse chirurgicale. Tennant (8), sur 13 lésions papillaires (dont 11 symptomatiques : nodule palpable, écoulement), a constaté une sous-estimation dans 2 cas. Dans le suivi ont été observés 2 cancers homolatéraux donc un CIC à un site différent du papillome, et un CIC sur papillomatose après exérèse initiale pourtant large (les auteurs ne précisent pas le nombre de prélèvements). Les macrobiopsies ont des limites. Techniquement, la situation sous-aréolaire des papillomes proximaux les rend difficiles d’accès avec un risque de saignement et de douleur par proximité de la plaque rétro-aréolaire. Le nombre d’échantillons nécessaires à une exérèse totale est élevé (10 à 12) et en pratique courante peut être un frein (difficultés à repérer la cible au fur et à mesure du geste, temps nécessaire,..). Une exérèse complète ne garantit pas l’excision d’un cancer, et la surveillance peut être insuffisante dans le temps. Le suivi est indispensable, mais le rythme de la surveillance n’est pas déterminé. Se pose aussi le problème de l’interprétation des images cicatricielles. D - Doit-on en rester à l’indication classique d’exérèse chirurgicale d’emblée ? Les gestes de macrobiopsies sont pratiqués par un petit nombre d’équipes en France, et nécessitent un apprentissage. Seule l’exérèse chirurgicale permet une bonne évaluation du tissu glandulaire de bordure. Rappelons qu’il ne faut pas pratiquer d’examen extemporané quand on suspecte un papillome. V - Bibliographies 1. Bouté V, Goyat I, Denoux Y, Lacroix J, Marie B, Michels JJ. Are the criteria of Tabar and Dean still relevant to radial scar ? Eur J Radiol 2006; 60: 243-9. 2. Lee E, Wylie E, Matcalf C. Ultrasound imaging features of radial scars of the breast. Australasian Radiology 2007; 51: 240-5. 3. 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Exérèse chirurgicale : papillome associé à une cicatrice radiaire. IV - Conclusion La prise en charge d’une image évocatrice de papillome se discute de façon multidisciplinaire et en fonction là aussi, du plateau technique dont on dispose. L’excision par macrobiopsie paraît une alternative acceptable à la chirurgie d’après les recommandations de l’EUSOBI(10) en l’absence d’atypie et lors de corrélation radio-histologique fiable. Mais les recommandations de Saint-Paul de Vence ne vont pas dans ce sens : «l’ensemble des auteurs confirment compte-tenu du risque de cancer associé la nécessité d’une exérèse chirurgicale complète». Au total, cicatrice radiaire et papillome n’ont donc pas de prise en charge consensuelle. Elles restent, pour les experts de Saint-Paul, «l’apanage des confrontations anatomo-radio-chirurgicales». Ces experts soulignent que l’exérèse chirurgicale permet de mieux quantifier le niveau réel de risque pour orienter la surveillance. du 19 au 21 mars 2009 Fig 3 : 52 ans, écoulement clair unipore. Mammographie normale. Echographie : masse de 8 mm rétro-aréolaire. IRM, coupe sagittale en forte pondération T2 : canal légèrement dilaté (hyperintense) avec masse endocanalaire (hypointense). Microbiopsie : papillome. Macrobiopsies avec exérèse du papillome. Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 55 Peut-on faire confiance a l’imagerie pour éviter les prélèvements à visée diagnostique ? Dr. Isabelle LECONTE(1), Latifa FELLAH Pour répondre à cette question, il faut s’intéresser aux lésions intermédiaires, classées initialement BI-RADS 3 (risque de cancer ≤ 2%) et BI-RADS 4 (risque de cancer entre 3% et 94%) selon la classification de l’ACR. En effet les lésions BI-RADS 1, 2 (risque de cancer = 0) ne nécessitent pas de prélèvement et pour les lésions BI-RADS 5 (risque de cancer ≥ 95%), le prélèvement va de soi. Les lésions BI-RADS 3 font théoriquement l’objet d’une surveillance rapprochée tous les 6 mois pendant 24 mois. Toutefois il n’est pas rare qu’une biopsie soit effectuée, à la demande du médecin référent ou de la patiente, en cas de facteurs de risque élevés, en cas de lésion palpable ou dans le cadre d’un bilan d’extension de cancer du sein. De plus, la surveillance rapprochée nécessite une compliance de la patiente. Pour traiter ce sujet, l’accent sera mis tout particulièrement sur l’échographie, la majorité des lésions (hors microcalcifications) étant prélevées sous échographie. De plus, les récents développements techniques de l’échographie permettent une amélioration de la classification des lésions. L’échographie est l’examen de première intention chez les femmes jeunes (< 30 ans), les femmes enceintes, allaitantes ou en cas de suspicion d’abcès. Elle complète la mammographie en cas d’anomalie palpable ou d’anomalie mammographique. La valeur prédictive négative de l’échographie est excellente, 99.5% en moyenne (1). Elle permet également de dépister environ 14% de lésions additionnelles malignes chez les femmes avec des seins denses lors des bilans pré-opératoires(2). Enfin de nombreuses études ont montré son intérêt dans l’évaluation des seins denses lors du dépistage. La plupart d’entre elles concernent cependant la mammographie analogique et une réévaluation avec la mammographie numérique est nécessaire. Le taux de détection de cancers infracliniques mammographiquement occultes était de 0.3% (3). L’inconvénient est la découverte de lésions échographiques non palpables ayant entrainé un taux élevé de biopsies inutiles puisque 3.35% (2.2%-5.5%) des femmes ont eu une biopsie avec un résultat positif dans 11.2% des cas seulement. I - Quels sont les faux-positifs de l’échographie ? Les faux-positifs les plus fréquemment rencontrés sont les lobules de graisse interprétés comme des fibroadénomes (FA) et plus rarement comme des cancers, les atténuations postérieures dues aux structures normales ou aux cicatrices interprétées comme cancer, les kystes à contenu épais pris pour des lésions solides et les canaux dilatés à contenu épais pris pour des lésions solides intracanalaires. II - Comment diminuer le taux de faux-positifs ? En améliorant la technique de réalisation de base L’échographie du sein nécessite une formation spécifique. Des lignes de conduite pour la réalisation de l’échographie qu’il est utile de respecter ont été mises au point par l’ACR (tableau 1). Un matériel performant est indispensable, avec une sonde d’une fréquence minimale de 10 MHz, une sonde à plus basse fréquence en cas de volume mammaire important, le Doppler, l’imagerie composée et l’imagerie harmonique. Le respect du positionnement de la patiente est capital, en décubitus latéral oblique pour l’exploration des quadrants externes et en décubitus dorsal pour l’exploration des quadrants internes ainsi que le balayage dans deux plans orthogonaux (longitudinal et transversal ou radiaire et anti-radiaire). Pour diminuer les faux-positifs sus-décrits plusieurs manœuvres sont possibles. Le changement de position de la patiente peut affirmer le diagnostic de kyste compliqué en montrant un mouvement du sédiment intrakystique. Une compression localisée peut aider à différencier lobule de graisse/fibroadénome, lobule de graisse/cancer, débris intracanalaires/lésion solide intracanalaire (Fig.1). La compression des tissus adjacents est aussi intéressante entrainant une déformation en cas de fibroadénome ou cancer et pas de déformation en cas de lobule de graisse. Enfin, la compression permet d’éliminer l’atténuation due aux structures fibreuses obliques normales (Fig. 2). 1 : Département d’imagerie médicale, Cliniques Universitaires St Luc, Av. Hippocrate 10 - 1200 Bruxelles - [email protected] 56 III - En utilisant les développements technologiques récents A - Imagerie composée (spatial compound (SC) et frequency compound (FC)) Le principe de l’imagerie composée est d’obtenir en temps réel soit une image qui résulte de la combinaison de multiples images tomographiques obtenues avec des angles d’émission différents (SC) ou bien une image qui résulte de la combinaison d’images obtenues avec des fréquences différentes (FC). En diminuant les artefacts, elle permet d’améliorer la caractérisation des lésions par une meilleure analyse de l’échostructure interne et des contours des lésions. Par contre, il existe une diminution des phénomènes postérieurs ce qui peut être un inconvénient pour le diagnostic des lésions kystiques (3). B - Imagerie harmonique (THI) Le principe est d’obtenir des images dérivées uniquement des fréquences les plus hautes. Le but est d’augmenter le rapport signal/bruit en réduisant les artefacts. L’imagerie harmonique augmente la résolution en contraste et la résolution latérale. Elle a tout son intérêt pour éviter les prélèvements diagnostiques en cas de nodule au contenu indéterminé. Elle permet en effet de renforcer les phénomènes postérieurs permettant le diagnostic de kyste à contenu épais (Fig. 3). En cas de doute entre un lobule de graisse et un FA isoéchogène à la graisse, elle permet d’augmenter le contraste. Le FA apparait plus hypoéchogène par rapport à la graisse adjacente (Fig. 4). Les limites de l’imagerie harmonique sont sa faible pénétration, ce qui la rend inutilisable dans les seins volumineux et l’augmentation des phénomènes postérieurs qui est à double tranchant car elle rend difficile l’exploration des régions profondes des seins fibreux et de la région rétroaréolaire (4). L’imagerie composée et l’imagerie harmonique peuvent être utilisées simultanément (Fig. 5). C - Les Doppler couleur, énergie et spectral Il repose sur la détection des vaisseaux péri et intratumoraux. La visualisation de ces vaisseaux et l’analyse de leur spectre nécessitent un matériel adapté, comprenant une sonde d’au-moins 10 Mhz et une technique rigoureuse (diminution du gain global, ajustement de la focale, diminution du volume d’échantillonnage, filtre au minimum pour l’analyse des basses fréquences, pression minimale pour éviter l’oblitération des petits vaisseaux). Plusieurs séries ont étudié la valeur du Doppler dans la distinction malin/bénin. La sensibilité varie de 70% à 97% et la spécificité de 60% à 100% avec persistance d’un chevauchement bénin/malin (5-8). Les Doppler couleur et énergie sont utiles en cas d’images intracanalaires en permettant de faire la différence entre un papillome très vascularisé et des débris intracanalaires. De même pour les kystes à contenu épais qui peuvent simuler des carcinomes médullaires, souvent très vascularisés. Les faux positifs du Doppler sont les lésions très cellulaires type fibroadénomes chez la femme jeune et papillomes. Les faux négatifs concernent les cancers squirrheux, peu vascularisés, les cancers de petite taille. D - Elastographie L’élastosonographie est une méthode d’imagerie qui évalue la propriété élastique des tissus. Elle mesure le rapport entre la contrainte exercée sur un tissu et la déformation élastique qui en résulte. Les nodules malins du sein, plus rigides, ont tendance à se déformer de façon moindre que le tissu normal ou les nodules bénins. Récemment, Scarperrotta et al. ont comparé l’élastographie versus l’échographie sur 293 nodules et ont revu la littérature (9). La sensibilité de l’élastographie varie de 80% à 86%, la spécificité de 87% à 93%, la valeur prédictive positive de 83% à 85% et la valeur prédictive négative de 86% à 90%. Dans leur article, Scarperrotta et al. concluent que l’élastographie n’améliore pas les performances de l’échographie, celle-ci ayant été réalisée par des radiologues expérimentés. Ils concluent que l’élastographie pourrait être une aide pour les radiologues moins expérimentés, surtout pour les lésions BI-RADS 3 où la spécificité de l’élastographie est plus élevée. D’autres études corroborent ce résultat, en démontrant la valeur ajoutée de l’élastographie pour reclasser les lésions BI-RADS 3 et 4a en BI-RADS 2. Dans notre série, sur 38 nodules classés BI-RADS 3 lors de l’échographie Mode B, 36 (95%) ont été reclassés BI-RADS 1 ou 2 (10) (Fig. 6). du 19 au 21 mars 2009 L’inconvénient de l’élastosonographie par compression manuelle est son caractère opérateur-dépendant. Pour pallier ce problème, l’élastosonographie par palpation supersonique a été développée tout récemment (11). Elle permet de calculer l’élasticité des tissus sans exercer de pression sur le sein. Les résultats préliminaires rapportent une différence significative de l’élasticité entre les lésions bénignes et malignes et une caractérisation correcte du contenu liquidien des kystes à contenu épais en mode B. E - Echographie 3D L’échographie 3D a pour avantage de visualiser une lésion en trois dimensions en un temps de balayage court avec une reconstruction immédiate. Des critères de bénignité et malignité des lésions ont été décrits (lésions bénignes entourées d’une capsule hyperéchogène, lésions malignes spiculées, entourées d’un anneau hyperéchogène discontinu dans un plan coronal) (12). L’échographie 3D permet aussi d’analyser l’effet de masse sur les tissus avoisinants. Une déformation régulière des tissus avoisinants est en faveur d’une lésion bénigne alors qu’une déformation stellaire plaide pour une lésion maligne invasive. D’autres technologies sont encore au stade de recherche avec quelques résultats préliminaires prometteurs, telle que l’échographie de contraste, le CAD et le Doppler énergie 3D. F - En améliorant la prise en charge Il est évident que l’interprétation des images échographiques doit être corrélée à l’examen clinique et la mammographie, le moindre critère péjoratif sur chacune de ces trois techniques entraînant la réalisation de biopsies. 1) Lésions kystiques Le kyste simple ou avec de fins septa ne pose pas de problème et une aspiration est effectuée en cas de symptômes. Pour les kystes compliqués (parois inflammatoires, sédiments intra-kystiques, niveaux), les manoeuvres dynamiques sont utiles ainsi que le Doppler. L’attitude pourrait être la même que pour les kystes simples. De même, la mise en évidence d’un kyste rétroaréolaire chez une adolescente ne doit pas faire l’objet d’un prélèvement. Pour les amas de microkystes sans composante solide, un suivi à court terme est proposé. Toutefois, la série de Berg et al. suggère qu’une surveillance annuelle pourrait être suffisante (13). Notre expérience clinique arrive à la même conclusion et nous ne faisons pas de surveillance rapprochée pour les amas de microkystes. Toutes les autres lésions kystiques complexes ayant une composante solide doivent être prélevées (23% malins dans la série de Berg et al.). 2) Lésions solides ou indéterminées Il faut tenir compte du contexte et de l’évolution si une comparaison est possible. - Chez les adolescentes, il a été rapporté que les lésions évocatrices de FA à l’échographie, palpables ou non, ne nécessitaient pas de microbiopsies (14). Le suivi ne fait pas l’objet d’un consensus mais il semble raisonnable de proposer une surveillance clinique en cas de lésion palpable et échographique en cas de lésion non-palpable, la fréquence des tumeurs phyllodes étant faible (0.3-1% des tumeurs fibroépithéliales). La fréquence du suivi échographique reste discutée, certaines équipes ne prônent aucune surveillance en cas de suspicion de fibroadénome (15). - Chez les femmes enceintes ou allaitantes, les modifications de taille ou d’aspect (dilatation canalaire) des fibroadénomes connus sont fréquents et sont souvent source d’inquiétude (Fig. 7). En l’absence de critères péjoratifs (irrégularité des contours, microcalcifocations etc…), un contrôle peut être proposé après la fin de l’allaitement. De même, des lésions caractéristiques d’adénome lactant (ovalaire, isoéchogène, bien limitée) peuvent être contrôlées après l’allaitement mais le plus souvent la régression est spontanée. - Par contre, la prudence est de mise chez les patientes ayant un cancer du sein. Kim et al. ont rapporté que 14% des lésions classées BI-RADS 3 étaient malignes, 21% d’entre elles étant dans le même quadrant que le cancer initial (16) (Fig. 8). - Lors de la recherche d’un foyer primitif en cas de métastase ganglionnaire axillaire d’origine mammaire, la découverte d’une lésion échographique d’aspect bénin apparue doit aussi faire l’objet d’un prélèvement (Fig. 9). -De même, on sera particulièrement prudent chez les patientes avec un antécédent de cancer du sein. En effet, l’interprétation d’un nodule au contenu indéterminé comme étant un kyste épais grâce à l’imagerie composée, au THI et au Doppler est plus évidente chez une patiente avec une polykystose d’autant plus qu’il y a plusieurs nodules de même aspect que chez une patiente ayant eu un traitement conservateur homolatéral. En cas d’apparition d’un nodule au contenu indéterminé chez une patiente avec un antécédent de cancer du sein, un prélèvement est préférable à un suivi. - Chez les patientes ayant une polyfibroadénomatose, le suivi des nodules peut être difficile si ceux-ci sont très nombreux. Une erreur courante en pratique clinique est de se contenter de retrouver les nodules décrits précédemment sans garder un œil critique et sans «réanalyser» les caractéristiques échogra- phiques du nodule. Un nodule augmentant de façon régulière et lente peut être considéré comme «globalement stable» alors qu’il s’agit d’un cancer. G - Et la cytoponction ? La cytoponction est un prélèvement à visée diagnostique. Toutefois, elle est moins invasive que la microbiopsie, rapide, avec un résultat disponible dans les heures qui suivent. Elle a fait l’objet de nombreuses critiques mais les résultats publiés prenaient en compte à la fois les ponctions sous stéréotaxie et sous échographie. Il apparaît clairement que la ponction sous stéréotaxie n’a plus sa place. Les résultats sous échographie sont variables en fonction de l’expérience du radiologue et du cytologiste. Pisano et al. ont rapporté une valeur prédictive négative de 96% pour la cytoponction échoguidée (17). Cette option de prélèvement est acceptable si on a la chance d’avoir un bon cytologiste. Dans notre institution, nous optons pour une cytoponction en cas de lésion BI-RADS 3. Si le prélèvement est contributif et le résultat concordant avec l’imagerie, une surveillance à un an est proposée au lieu de 6 mois. Cas particuliers Certaines lésions parfois classées BI-RADS 3 ou 4 à la mammographie ont un aspect caractéristique à l’échographie et ne nécessitent aucun prélèvement ou suivi. Il s’agit des siliconomes avec l’aspect pathognomonique en tempête de neige (Fig. 10), des lésions sous cutanées type kystes sébacés (à ne pas confondre avec les métastases cutanées des cancers du sein, vascularisées au Doppler), des granulomes au noir de carbone (post traitement conservateur après repérage au noir de carbone) qui apparaissent très denses sur la mammographie, hyperéchogènes et atténuants à l’échographie, des ganglions intra mammaires de localisation inhabituelle (en dehors du quadrant supéro-externe). H - IRM L’IRM peut être utile en cas de discordance et pour la mise au point de lésions difficiles à biopsier. En l’absence de rehaussement, elle peut permettre d’éviter la biopsie en cas de zone fibreuse atténuante prépectorale dans des seins très denses, en cas de suspicion de récidive sur un site de tumorectomie après traitement conservateur ou en cas de pathologies plus rares, type mastopathie diabétique où l’examen clinique, la mammographie et l’échographie sont très suspectes. IV - Conclusion La réponse à la question posée est oui … et non. Oui, on peut faire confiance à l’imagerie, notamment à l’échographie dans certaines conditions : lésions kystiques sans composante solide, nodules indéterminés non vascularisés qui deviennent anéchogènes avec un renforcement postérieur et donc kystiques avec l’imagerie composée et le THI, nodules dont la sémiologie échographique, améliorée par les techniques récentes, ne montre aucun des critères de malignité. Non, on ne peut pas faire confiance à l’échographie pour les lésions d’aspect bénin mais synchrones d’un cancer du sein ou lors d’une recherche de cancer primitif, pour lesquelles la prudence reste de mise en l’absence d’anciens documents. Il faut donc tenir compte du contexte dans lequel est fait l’examen, corréler avec l’examen clinique et la mammographie et effectuer si possible une comparaison avec les documents antérieurs. L’utilisation de l’élastographie notamment à distance pourra probablement permettre une reclassification des lésions intermédiaires, contribuant ainsi à la diminution du nombre de biopsies inutiles. De même, on peut espérer que l’échographie 3D, le CAD, l’échographie de contraste et le Doppler énergie 3D augmenteront aussi la spécificité de l’échographie. Enfin, il faut rappeler le rôle de l’IRM qui permet dans des situations précises de reclasser des lésions initialement BI-RADS 3 ou 4 en BI-RADS 2. Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 57 V - Références 1. 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Si une analyse volumétrique est nécessaire, des dimensions tridimensionnelles doivent être obtenues. > Les images doivent être annotées de façon à indiquer sein droit ou gauche, la localisation de la lésion (quadrant, rayon horaire et distance par rapport au mamelon, ou représentation graphique du sein), et l’orientation de la sonde > Une sonde linéaire de plus de 7MHz doit être utilisée > La distance focale doit être ajustée en fonction de la profondeur de la lésion > Le gain doit être ajusté de façon à permettre la différentiation entre lésion kystique et solide > La patiente doit être en décubitus dorsal pour l'évaluation des quadrants internes et en position oblique pour l'évaluation des quadrants externes (avec élévation de l'épaule homolatérale) > Les images doivent contenir l'information démographique suivante: prénom et nom, numéro de dossier et/ou date de naissance, nom et adresse du site d'imagerie, date d'examen, et identification de l'échographiste. 58 Fig 1 a, b : Lobule de graisse sans (a) et avec compression (b). Il n’existe plus de masse avec compression Fig. 2 a, b : Balayage sans (a) et avec compression (b). L’atténuation postérieure due aux structures fibreuses normales disparaît avec compression. Fig 6 a, b, c : Elastographie (a) et échographie conventionnelle (b). Le nodule est classé BI-RADS 3 en échographie conventionnelle. En élastographie, l’aspect caractéristique des 3 couches (bleu, vert, rouge) confirme la nature kystique de la lésion selon la classification de Ueno (c). Classification de Ueno en 6 catégories (c) : souple (1, 1*,2) dure (4), dure dans le nodule et autour (5). Le score 1* est typique d’un kyste. Fig 3 a, b, c : Kyste en métaplasie apocrine, ponctionné vidé: en échographie conventionnelle (a), avec SC (b) et THI+SC (c). Le caractère anéchogène est mieux visualisé avec le SC et le THI et le renforcement postérieur est mieux visualisé avec le THI. Fig 9 a, b : Recherche de lésion primitive chez une patiente de 47 ans avec métastase ganglionnaire de cancer du sein (a). Nodule homolatéral évoquant un nodule fibro-kystique (b). Il s’agissait d’un carcinome canalaire infiltrant à l’histologie. Fig 7 a, b : Fibroadénome pendant l’allaitement (a) et après l’allaitement (b) : Augmentation de taille du fibroadénome pendant l’allaitement avec élargissement des canaux. Fig 10 : Siliconome avec aspect caractéristique en « tempête de neige » Fig. 4 a, b : Fibroadénome avec SC (a) et THI (b) : la différence d’échogénécité avec la graisse environnante est mieux visualisée avec le THI Fig 5 a, b, c : Ganglion intramammaire : échographie conventionnelle (a), SC (b), THI (c). Les contours sont mieux visualisés avec le SC (b) et le contraste est augmenté avec le THI (c) du 19 au 21 mars 2009 Fig 8 a, b : Patiente de 65 ans avec carcinome lobulaire infiltrant supéro-interne gauche (a). Autre lésion dans le sein controlatéral (b) dont l’aspect est plutôt en faveur d’un nodule fibro-kystique : il s’agissait d’un carcinome lobulaire infiltrant. Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 59 Macrobiopsies des lésions mammaires : innovations. Dr. Jean-Yves SÉROR(1) , Dr. Jocelyne CHOPIER(2) I - Résumé Le dépistage du cancer du sein est à l’origine d’une augmentation du nombre d’anomalies à identifier. Cette dernière décade, l’imagerie interventionnelle diagnostique s’est très largement développée avec en particulier les macrobiopsies sous aspiration historiquement représentées par le Mammotome®. Cette technique est précise et bien tolérée. Outre le diagnostique histologique, elle permet en cas de malignité une prise en charge stratégique. Cependant certaines limites existent, en partie liées au mode fragmentaire de cette technique de prélèvement. Les principales évolutions des macrobiopsies sont représentées par : l’automatisation des systèmes de prélèvements, l’utilisation des macrobiopsies avec des sondes utilisables sous IRM et enfin des techniques de macrobiopsie monobloc. L’Intact system® est une technique de macrobiopsie récente, permettant une exérèse monobloc de l’anomalie. Cet élément devrait permettre d’améliorer les performances diagnostiques des macrobiopsies en particulier les sous-estimations histolologiques. Après une brève expérience, cette technique semble très bien tolérée, avec très peu de complications en particulier d’hématomes. Les indications sont les mêmes que les macrobiopsies avec aspiration, les principales limites semblent être techniques (limites de ciblage, topographie et volume mammaire). Les premiers résultats de la littérature et de notre expérience seront présentés. A - Sein , biopsie, Mammotome®, Intact system ® Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent et reste la première cause de mortalité par cancer chez la femme. En l’absence de tout moyen de prévention primaire, le diagnostic précoce des lésions de petites tailles au stade infra clinique est un des éléments les plus significatifs qui apporte un gain pronostique significatif et une réduction de mortalité par cancer. L’imagerie interventionnelle représente une étape importante pour le diagnostic du cancer du sein. Environ 1 femme sur 6 aura besoin d’une biopsie dans sa vie et l’amélioration des techniques d’imagerie va encore augmenter le nombre de biopsies. Cependant le nombre de biopsies chirurgicales reste relativement stable malgré l’augmentation du nombre de mammographie et de l’utilisation de biopsies mini-invasives. Les prélèvements percutanés permettent un diagnostic pré-thérapeutique et ont l’avantage d’éviter les interventions pour lésions bénignes (70 % des images mammographiques nécessitant une vérification histologique s’avèreront bénignes). En cas de malignité, la connaissance des résultats en pré-opératoire facilite l’annonce du diagnostic, du projet thérapeutique et permet d’optimiser la chirurgie ( programmation du geste ganglionnaire, réduction du temps d’extemporané, amélioration de la qualité d’exérèse) . Enfin sur le plan économique les biopsies permettent une réduction des coûts de prise en charge. La macrobiopsie avec aspiration est une technique utilisée en France depuis les années 1998-1999. De nombreuses équipes internationales et Françaises ont montré l’efficacité et la fiabilité de cette technique Mammotome® développée par Breast Care (Johnson and Johnson). D’autres techniques de macrobiopsie sont apparues Vacora® (BARD), Encor® (SenoRX), ATEC® (Suros Surgical System). Elles représentent une alternative à cette technique et surtout une amélioration de la procédure pour les deux dernières. Un système d'aspiration en continu permet de diminuer les saignements, ainsi que la circulation d'une solution saline permettant le lavage du site de biopsie. Une amélioration indiscutable est le recueil automatique des prélèvements dans une chambre de collection qui permet de raccourcir le temps de procédure. L'automatisation de la rotation de l'aiguille Encor® (SenoRX) diminue encore le temps d'examen et assure une immobilité totale qui est particulièrement utile lors de la réalisation de biopsies sous IRM. Cette dernière aiguille comporte également une pointe profilée très acérée permettant une progression aisée même dans les seins fibreux et se décline dans des calibres de 7 gauge optimisant le volume de biopsies obtenues. La technique de macrobiopsie avec aspiration a bénéficié au cours des années, de nombreuses améliorations portant sur les différents calibres d’aiguille (14, 11, 10, et 8 Gauge (différents constructeurs) et 7 Gauge pour Encor®), l’objectif étant d’augmenter le volume d’exérèse. Les procédures de biopsie sont réalisées sous guidage stéréotaxique, échographiques et plus récemment sous IRM. L’augmentation des examens d’IRM, sa haute sensibilité et spécificité variable abouti à la découverte de lésion visible uniquement en IRM pour lesquels un diagnostic histologique est souhaitable. 1. Centre de radiologie - Paris Duroc - 9 Ter Bvd du Montparnasse - 75006 Paris 2. Service de radiologie - Hôpital Tenon - 4 rue de Chine 75020 Paris 60 Les évolutions des technologiques en particulier celle des logiciels de ciblage et des matériels de macrobiopsie permettent actuellement des procédures fiables dans des temps d’examen plus acceptable qu’auparavant. Chez tous les constructeurs des progrès récents concernant les clips de repérage après biopsie ont été obtenus. Ils portent sur le matériel utilisé. La fiabilité de leur positionnement après largage diminue le risque de migration, des formes différentes permettent de repérer chaque site lorsque plusieurs biopsies sont réalisées dans le même sein et grâce à la présence de collagène le clip peut être vu en échographie lorsqu'un repérage préopératoire est nécessaire. Le dénominateur commun à toutes ces techniques de macrobiopsies par aspiration est la fragmentation des prélèvements. A la fin des années 90, des systèmes de biopsie exérèse stéréotaxique (Abbi® ou Site select®) sont apparus. Il s’agissait de procédures ambulatoires radiologiques et chirurgicales combinant le repérage stéréotaxique d'une lésion et son exérèse monobloc, sous forme d'un cylindre. L’utilisation de cette technique intéressante a été interrompue par la décision des industriels de stopper la fabrication des sondes. L'un de ses inconvénients majeurs était de générer une cicatrice cutanée d'un diamètre équivalent à la largeur de la sonde. La macrobiopsie BLES (Breast Lesion Excision System) par Intact System® est une nouvelle technique de macrobiopsie permettant une exérèse monobloc. Elle peut être utilisée pour les anomalies mammographiques sous contrôle stéréotaxique en particulier les foyers de microcalcifications ou sous contrôle échographique pour les nodules visibles en échographie. Cette technique n’est pas utilisable sous IRM. B - Principe générale de fonctionnement de l’Intact System® L’examen est réalisé en ambulatoire sous anesthésie locale. Ce temps d’anesthésie locale est très important : injection d’anesthésie tout autour de la cible pour le prélèvement et en sous cutané pour l’incision. Ceci représente environ 20 à 30 cc de produit d’anesthésie de type Xylocaine®. Après repérage de l’image, une incision cutanée de 6 à 8 mm selon le calibre de l’aiguille est pratiquée. Le principe de prélèvement est celui de la pince à sucre. La sonde Intact® est mise en place au contact de la cible grâce à une lame tranchante située à sa partie antérieure, permettant la découpe du tissu mammaire. Le démarrage électro-commandé de la procédure permet un déploiement d’un «panier» tout autour de la lésion, panier initialement replié dans la sonde. Ce panier est constitué par plusieurs anses métalliques reliées entre elles par un filament électrique permettant le passage d’un courant de radio-fréquence (RF) et ainsi la découpe du tissu mammaire. Il existe certaines contre-indications absolues à cette technique : Les patientes porteuses de matériels électroniques (pace maker,…). Un patch électrode d’isolation est collé sur le bas du dos opposé au sein exploré. Le calibre de la sonde est de 11 Gauge comme pour le Mammotome®. Le panier de réception situé à l’avant en situation déployée peut avoir plusieurs diamètres : 10 mm, 12 mm, 15 mm et 20 mm permettant un prélèvement de 0,8 à 3 grammes. Très récemment un panier de 30 mm vient de recevoir l’agrément FDA. Le prélèvement est emprisonné dans le panier et la sonde retirée du sein. Il existe un système d’aspiration intégré, uniquement utile pour aspirer un éventuel liquide ou débris de la zone de biopsie. Cet élément est très important pour un bon fonctionnement du courant RF. Les filaments sont ensuite découpés aux ciseaux. Le prélèvement monobloc est prêt à être traité pour radiographie en cas de microcalcifications et à être fixé dans du formol pour analyse histologique. Les prélèvements mesurent entre 20 et 25 mm de long sur 10 à 15 mm de diamètre. En fin de procédure une compression du site de biopsie est effectuée durant quelques minutes puis une fermeture de l’incision par stéri-strip®. Aucun point de suture n’est nécessaire pour la fermeture. Le temps de la procédure est court, 5 minutes pour l’anesthésie locale et 10 secondes pour le prélèvement. L’examen dure au total avec le ciblage et pansement environ 20 à 30 minutes. En fin de procédure, le positionnement d’un clip est possible sur le site de prélèvement pour des raisons de traçabilité ultérieure et de repérage préopératoire en cas de nécessité de reprise chirurgicale de la zone. Depuis le début de notre expérience (Janvier 2008) nous avons réalisé un peu plus de 100 procédures avec une expérience de macrobiopsies stéréotaxiques et échographiques par Mammotome® de 10 ans soit 6000 procédures. Notre première impression après cette courte expérience est très favorable et encourageante. Nous avons constaté une très bonne tolérance de la technique pour les patientes, avec ce qui était inattendu, à savoir une quasi absence de saignement immédiat. du 19 au 21 mars 2009 L’apport majeur de cette technique est l’exérèse monobloc de la lésion avec une absence de fragmentation du tissu prélevé et une cicatrice cutanée minime. C - Sous contrôle stéréotaxique L’examen est réalisé en ambulatoire sous anesthésie locale. L’évaluation de la faisabilité technique est une étape importante avant la réalisation d’une macrobiopsie. Celle-ci est effectuée au cours d’une consultation pré-biopsie (consultation de faisabilité) étudiant l’ensemble du dossier sénologique. Comme pour les macrobiopsies avec aspiration, les questions techniques (balistique, accessibilité, prise médicamenteuse), l’éligibilité (évaluation de l’indication) sont essentielles, le radiologue étant responsable de son acte technique. Les limites balistiques du sein sont plus sévères que celles exigées pour le Mammotome® concernant l’épaisseur du sein en compression (25mm) ainsi que les localisations trop profondes. Au cours de cette même consultation, les informations concernant les risques et les complications possibles de l’examen sont expliquées à la patiente. La technique de repérage balistique est identique à celle utilisée pour les autres techniques de stéréotaxique. La patiente est installée en décubitus ventral sur la table d’examen qui présente un orifice pour le passage du sein. Celui-ci est alors immobilisé pour la prise de clichés numérisés (scout view, clichés réalisés à ± 15°, selon le principe de la stéréotaxie). Après désinfection de la peau, une anesthésie locale est réalisée : une anesthésie superficielle avant l’incision cutanée est effectuée suivie par une anesthésie plus importante que celle effectuée pour une macrobiopsie avec aspiration. Le principe est une anesthésie de l’ensemble des tissus constituant la cible et tout autour de celle-ci y compris les tissus profonds postérieurs. Une incision cutanée de 6 à 8 mm est pratiquée à l’aide d’un bistouri. La sonde Intact® est introduite jusqu’à l’anomalie, guidée automatiquement selon les coordonnées calculées précédemment. Elle est ainsi placée au contact de la cible avec une précision millimétrique. Après repérage de la lésion sur l'écran, l'ordinateur en calcule les coordonnées spatiales. Ce ciblage balistique doit impérativement être répété immédiatement avant le prélèvement, des décalages, allant jusqu’à 10 mm, ayant été constatés par rapport au repérage avant anesthésie locale. Après contrôles balistiques répétés la procédure de prélèvement peut avoir lieu. Cette étape de ciblage est fondamentale pour la qualité du prélèvement car la technique elle-même est « one shoot ». Cette technique de prélèvement stéréotaxique demande pour l’opérateur une bonne expérience de la stéréotaxie. Le prélèvement est récupéré vers l’extérieur après retrait de la sonde. Le passage cutané du panier avec son prélèvement est parfois délicat. Il ne nécessite que très rarement un agrandissement de l’incision ou l’utilisation d’un écarteur. Dans les cas de foyers de microcalcifications, l’échantillon est radiographié afin de contrôler que les microcalcifications ont bien été prélevées. Si le signal de l’anomalie a été entièrement retiré, il est nécessaire de placer un clip afin de faciliter ultérieurement le repérage du site de la biopsie. Ce clip en titane peut rester in situ sans inconvénient et sans limite de temps. En fin de procédure, le sein est comprimé pendant quelques minutes. Aucune suture n’est nécessaire. Un simple pansement adhésif et compressif suffit. La prescription d’antalgiques n’est pas obligatoire. En cas de douleurs, du paracétamol peut être indiqué (pas d’aspirine pendant les 24 heures qui suivent la biopsie). La durée totale de l’examen est estimée à 20-30 minutes. Au cours de la consultation post biopsie à J8, un cliché mammographique de face et de profil est réalisé. Il permettra d’évaluer le résidu calcique et la position du clip. D - Guidage échographique La technique de Macrobiopsie par Intact System® est également utilisable pour les anomalies nodulaires échographiques. La patiente est positionnée en décubitus dorsal. Le principe général de la technique de prélèvement est le même que celui décrit en stéréotaxie. Les limites techniques par rapport aux macrobiopsies Mammotome EX® sont un peu plus importantes, avec des exigences d’épaisseur minimale (6mm) de tissu au dessus et au dessous de la cible. En dehors de ces limites, la technique semble être extrêmement intéressante en particulier pour un temps d’examen qui ne dure que quelques secondes une fois la sonde en position. Cet argument sous contrôle échographique est très important. Par contre comme en stéréotaxie le principe « one shoot » ne permet pas le droit à l’erreur du ciblage. Un clip peut-être positionné en fin de procédure. Comme pour le Mammotome Ex®, les macrobiopsies sous contrôle échographique sont des examens nécessitant une bonne maitrise de l’échographie mammaire et des prélèvements par macrobiopsies. E - Quels sont les avantages de l’exérèse monobloc ? La biopsie chirurgicale reste la référence : elle permet une exérèse monobloc complète de la lésion mammaire et du tissu environnant. Depuis les années 1995, la macrobiopsie avec aspiration a été introduite comme technique permettant l’exérèse d’un volume tissulaire et devenait, grâce à une précision diagnostique supérieure à 98%, une alternative à la biopsie chirurgicale diagnostique. Aujourd’hui, cette technique permet de diminuer de 50% le nombre de biopsies chirurgicales pour lésions bénignes et une meilleure prise en charge des lésions atypiques ou malignes. Après plus de 10 ans d’utilisation, nous constatons que les limites de cette technique sont liées à la fragmentation des prélèvements : 1. Difficultés d’évaluation de la taille précise de la lésion en cas de malignité. 2. Absence de possibilité d’évaluation des marges d’exérèse en cas de malignité. 3. Sous évaluation des lésions atypiques découvertes après macrobiopsie par rapport à la chirurgie (10 à 50% de sous évaluation), avec 2 sous groupes selon le calibres des aiguilles (11 G : 19% et 14 G : 39%). 4. Difficultés de diagnostic histologique de certaines lésions bénignes, malignes ou atypiques du fait de la destruction architecturale des prélèvements. Ainsi l’exérèse monobloc réalisée par l’Intact System® offre des avantages pour les différents acteurs de la prise en charge sénologique : • L’Anatomo-pathologiste : une exérèse monobloc, avec meilleure conservation de l’architecture ainsi qu’un temps d’examen de la pièce réduit. Quelques artefacts thermiques ont été signalés en limite de pièce de biopsie mais sans conséquence sur le diagnostic histologique définitif. • Le thérapeute : un diagnostic définitif plus fréquent avec une meilleure concordance biopsie-chirurgie ainsi qu’une évaluation plus précise de la taille de la lésion (plus de problème de fragmentation). La question de la maladie résiduelle après exérèse monobloc est légitimement posée. Les études les plus récentes sur de très courtes séries (n=14) montrent qu’avec une marge de 2 mm, l’exérèse de la lésion est complète . Des études beaucoup plus importantes sont attendues pour une conclusion fiable. L’introduction de sondes de 30 mm devrait à cet égard représenter un progrès. • Le radiologue : rapidité de l’examen avec un prélèvement monobloc en quelques secondes (<10s) avec un risque hémorragique faible. Cet élément est probablement lié à l’hémostase faite par le courant RF. Le suivi des patientes en imagerie ne semble pas être gêné par la cicatrice. Le clip est en titane et ne gêne pas la réalisation d’une IRM. • Le chirurgien : Sie, a comparé les sous-estimations des lésions histologiques des biopsies par Intact System® et Mammotome®: Sous estimation des hyperplasies atypiques en in situ ou invasives après chirurgie : 9,4% avec Intact® vs 36,7% pour le Mammotome® (p=0.01) et une sous-estimation des in situ vs une forme invasive : 5,2% pour l’Intact® vs 13,4% pour le Mammotome® (p=0.03). Killebrew6 dans une étude multicentrique de 1600 patientes retrouve une sous estimation des CIC de 3,2% pour l’Intact® avec diamètre 10 et 15mm et 19,4% en cas de Mammotome® 11 Gauge ( p=0,06) . • Le résidu après chirurgie des lésions de CIC était de 11,1% après biopsie Intact® et 38,7% avec le Mammotome® (p=0,01). Les biopsies par Mammotomes® nécessitaient au moins 10 prélèvements pour limiter les sous estimations . Par ailleurs le taux d’exérèse complète de l’HA est de 2/3 des cas après Intact System® et de 1/3 après Mammotome®. Ces résultats pourraient aboutir avec Intact System® à un taux moins fréquent de reprise chirurgicale pour hyperplasies atypiques. • Patiente : Acceptabilité +++ de la technique (douleurs, rapidité, …). L’aspect cosmétique de la cicatrice est excellent équivalent aux autres techniques de macrobiopsie. II - Quelles sont les premières difficultés et limites constatées avec l’Intact System® ? Nous pratiquons dans notre centre des macrobiopsies avec aspiration (Mammotome® depuis 1999). Nous utilisons l’Intact System @ depuis janvier 2008 avons réalisé 100 procédures entre janvier et octobre 2008, avec mise en évidence de certaines limites et difficultés. L’analyse complète des résultats sont en cours et seront publiés prochainement. La pratique d’environ 15-20 procédures semble correspondre au nombre d’examens d’apprentissage nécessaire pour un opérateur ayant déjà une expérience sérieuse de la stéréotaxie. La principale difficulté rencontrée est le déplacement de la cible après anesthésie. Ce déplacement, déjà signalé en stéréotaxie pour Mammotome®, est particulièrement important à évaluer en raison du caractère «one Shoot» de l’Intact System®. Nous avons eu un cas de rupture des filaments électriques obligeant à interrompre la procédure par Intact® et une reprise par Mammotome®. Cet incident a été décrit dans la littérature mais reste rare. La dernière difficulté rencontrée, surtout pour les premières procédures a été une incision insuffisante pour l’extraction du panier et du prélèvement. Nous avons eu très peu de saignement per opératoire ou à distance. Seul un hématome important à 48H a été constaté sur les 100 procédures sans chirurgie supplémentaire. Sur le plan tolérance, la douleur pendant la procédure était sensiblement inferieure à celle signalée pendant l’anesthésie locale. La principale limite de cette technique est une limite balistique, plus fréquente que pour le Mammotome® : 25 mm d’épaisseur en compression. Cette limite a été retrouvée dans plus de 50% des indications de macrobiopsies stéréotaxique et échographique. Quelles sont les indications de l’Intact System® par rapport à la macrobiopsie par aspiration ? Les indications médicales sont identiques à celles du Mammotome®, mais également des autres sondes proposées. Chapitre 5 : sénologie interventionnelle 61 En fonction du degré de suspicion de l’image. foyer ambigu (ACR4). Ce groupe représente l’indication majeure des macrobiopsies diagnostiques. forte suspicion de malignité (ACR5 ou ACR4 C). L’indication des macrobiopsies est diagnostique et stratégique. lésion probablement bénigne (ACR3 et ACR4 A), la macrobiopsie confirme ce diagnostic avec une fiabilité proche de la chirurgie. Cette procédure permet dans 90% des cas d’éliminer complètement le signal symptôme en cas de bénignité et d’éviter toute intervention chirurgicale. Si l’examen confirme la malignité, il permettra : de mieux planifier le geste chirurgical en effectuant une tumorectomie élargie, de réaliser pour les lésions infiltrantes ou micro infiltrantes, une exploration de creux axillaire d’emblée ou par méthode du ganglion sentinelle. de mieux préparer la patiente à une mammectomie avec ou sans reconstruction immédiate et réduire le nombre de temps opératoire, en cas de lésion étendue ou multifocale. au cours d’une surveillance d’une femme traitée, en cas de réapparition de microcalcifications douteuses, la macrobiopsie fera facilement le diagnostic de malignité ou de bénignité (le plus souvent cytostéatonécrose). III - En fonction du type d’image : L’indication majeure des macrobiopsies avec aspiration sous stéréotaxie est l’exploration des microcalcifications (97% dans notre expérience) en raison de l’absence d’examen extemporané. D’autres anomalies mammographiques telles que les lésions nodulaires ou les surdensités qui n’ont pas de traduction échographique peuvent également bénéficier de cette technique. Dans ces cas un clip de repérage est fréquemment positionné en fin de procédure pour valider le site de biopsie. Les images de convergence sans centre claire ou les images de désorganisation architecturales ne sont pas de très bonnes indications, car souvent difficile à repérer sur les incidences de stéréotaxie et délicates à analyser en raison de la fragmentation des prélèvements. Par contre le caractère monobloc de l’exérèse par Intact System® pourrait permettre de limiter les difficultés d’analyse histologique de ces lésions (cicatrice radiaire ou «radial scar», adénose sclérosante, carcinome très bien différenciés. IV - Macrobiopsie sous échographie Les champs d’application et d’utilisation des macrobiopsies ont été élargis aux anomalies visibles en échographie. En dehors de quelques situations particulières, pour le diagnostic histologique des nodules, la macrobiopsie sous aspiration ne semble pas plus pertinente que les microbiopsies sous échographie. Les indications essentielles sont les anomalies nodulaires après microbiopsies non contributives (complexité histologique ou limites de ciblage pour les lésions de petite taille <5mm, les discordances radio-histologiques, les lésions de fibroses ou lésions complexes pouvant sous estimer une lésion maligne). L’exérèse des lésions à risque (papillomes) est discutée mais le risque de sous estimation de ces lésions en cas d’atypie est d’autant plus faible que l’exérèse de l’image cible est complète . A coté de ces indications diagnostiques existent des indications thérapeutiques d’exérèse : les images nodulaires centimétriques (inférieures à 15 – 20 mm) d’aspect bénin dont l’exérèse est souhaitée (papillome solitaire, certains fibroadénomes…), contexte clinique qui demande une exérèse complète d’une anomalie bénigne par une technique non chirurgicale. Ainsi la qualité du diagnostic histologique des anomalies nodulaires par macrobiopsie est liée à la qualité volumique de l’exérèse. En raison du caractère monobloc de l’exérèse de nouvelles indications pourraient apparaître telle que l’exérèse thérapeutique ambulatoire d’une lésion de petite taille en cas de difficultés opératoires (femme très âgée). V - Conclusion Les techniques de macrobiopsies ont largement trouvées leur place dans l’arsenal de prise en charge des anomalies radiologiques. De nombreux progrès ont été obtenus en particulier sur les calibres des sondes, l’automatisation des prélèvements et les possibilités de guidage IRM. La principale limite de ces macrobiopsies sous aspiration reste la fragmentation des prélèvements. Les biopsies monobloc par Intact System® semblent être une technique très prometteuse avec une bonne acceptabilité par les patientes. L’analyse des résultats est en cours et seront présentés. En raison de tous les avantages liés au caractère monobloc de l’exérèse, nous proposons actuellement en première intention l’Intact system®, si celui-ci est techniquement possible. Dans les cas contraire nous pratiquons une macrobiopsie sous aspiration (Mammotome®). Cette nouvelle technique de biopsie semble après quelques mois de pratique très intéressante à ajouter à l’arsenal diagnostique de 62 lésions infra-cliniques mais reste à confirmer avec un plus grand nombre d’études, idéalement une étude multicentrique française. JOURNÉES SOFMIS VI - Références Golub RM, Bennett CL, Stinson T, et al. Cost minimization study of imageguided core biopsy versus surgical excisional biopsy for women with abnormal mammograms. J Clin Oncol. 2004; 22: 2430-7 Groenewoud JH, Pijnappel RM, van den Akker-Van Marle ME, et al.Costeffectiveness of stereotactic largecore needle biopsy for nonpalpable breast lesions compared to open-breast biopsy. Br J Cancer. 2004; 90: 383-92 Buijs-van der Woude T, Verkooijen HM, Pijnappel RM et al. Cost comparison between stereotactic large-coreneedle biopsy versus surgical excision biopsy in The Netherlands. Eur J Cancer. 2001; 37:1736-45 Ferzli Gs, Hurwitz Jb, Puza T et coll: Advanced brest biopsy instrumentation: a critique. J Am coll Surg 1997; 145 151 Sie A, Bryan DC, Gaines V, Killebrew LK, Kim CH, Morrison CC, Poller WR, RomillyAP, Schilling K, Sung JH. Multicenter evaluation of the breast lesion excision system, a percutaneous,vacuum-assisted, intact-specimen breast biopsy device. 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Le but de l’IRM mammaire est de déterminer le siège, la taille et la nature des lésions mammaires quelle que soit l’indication. Une comparaison des résultats d’IRM avec l’imagerie antérieure est cependant essentielle pour profiter des résultats complémentaires des ces examens et en particulier des biopsies guidées par l’imagerie. II - Séquences Minimales La séquence primordiale est celle réalisée en pondération T1, écho de gradient et de préférence 3D avec suppression de graisse. L’intérêt du 3D réside dans la plus grande couverture en coupes fines (1 à 2mm) des deux seins et des creux axillaires. La suppression de graisse inhérente à la séquence a l’avantage d’être interprétable même en cas de mouvement de la patiente durant l’acquisition. Ce type de séquence 3D avec suppression de graisse dans la plupart des programmes d’angiographie IRM. Cette séquence est acquise plusieurs fois sous forme d’une séquence dynamique : une fois avant et 2 à 3 fois après injection intraveineuse de produit de contraste afin d’obtenir des images soustraites à un temps précoce, autour de 1min30 et tardive autour de 7min30. Une résolution spatiale très poussée (taille maximale du pixel de 1mm dans le sens de la phase et de la fréquence) facilite la visualisation de petites lésions et l’identification de spicules ou d’irrégularité des contours. Les données morphologiques ont une importance capitale devant le pourcentage croissant de tumeurs qui se présentent avec une cinétique progressive, d’allure bénigne. Voici un exemple d’un schéma d’acquisition pour une séquence THRIVE dynamique (Philips) ou VIBE (Siemens) avec un temps total d’acquisition de 12 min. Elle consiste en 4 répétitions de la même séquence 3D de 3minutes permettant de réaliser des soustractions et des MIP : 1) Séquence avant contraste (3min) avec une pause après pour permettre de visualiser la reconstruction des images et vérifier la qualité de la suppression de la graisse. Si celle-ci est défectueuse (sein graisseux très volumineux ou patiente porteuse de certaines prothèses mammaires), on choisira la réalisation d’une autre séquence 3D sans suppression de graisse, en sachant que l’immobilité de la patiente est primordiale pour l’interprétation des images soustraites. 2) L’injection IV du produit de contraste se fait 45 secondes avant le départ de la première répétition pour que les premières images post-contraste 3D correspondent à 1min30 : pour une durée d’acquisition de 3 minutes qui aboutit à l’acquisition des informations relatives au contraste IV au quart de la durée de la séquence (profil de contraste de l’espace k), une injection simultanée au départ de la séquence conduirait à des images post-contraste à 45 sec (180 : 4), il faut donc injecter le contraste IV 45 secondes plus tôt pour arriver à un temps post-contraste de 90 secondes ou 1min30. La reconstruction des images est mise en pause et prévue à la fin de toutes les répétitions. 3) Départ immédiat de la seconde séquence «post-contraste moyen» permettant d’obtenir des images à 4min30 après injection (1min30+ 3min). 4) Départ de la dernière séquence post-contraste tardif à 7min30 (1min30+3min+3min). 5) Reconstruction des images des 3 répétitions post-contrastes. 6) Soustraction des images avant contraste des images des 3 séries post-contraste. 7) Obtention des Maximum Intensity Projections. Attention pour les utilisateurs d’une machine GE, l’injection doit se faire au moment du départ de la première répétition pour la séquence FSPGR pour laquelle les informations relatives au contraste IV (profil de contraste de l’espace k) sont acquises au milieu de la durée de la séquence, donc à 1min30 si la séquence 3D dure 3 min. La réalisation d’une séquence pondérée T2 n’est pas primordiale, mais facilite la comparaison d’images IRM avec l’imagerie mammographique et échographique si elle est réalisée sans suppression de graisse. Le signal T2 peut également aider la caractérisation de masses focales. L’utilisation de capsule de vitamine E, spontanément en hypersignal T1 et de signal intermédiaire T2, est un marqueur cutané qui peut se coller sur la peau en cas de lésion palpable ou de marqueur éventuel d’une cicatrice. 1 : Institut de Radiologie, Clinique des Grangettes, 7, chemin des Grangettes, CH 1224 Chêne-Bougeries, Suisse. [email protected] 64 A - La localisation précise dans le sein des lésions sur des images IRM se fait dans les trois plans de l’espace. En plus du quadrant et quadrant horaire dans le plan coronal et axial, elle sépare le tiers antérieur du tiers moyen et postérieur selon la position sur une image acquise ou reconstruite sagitallement. Elle s’apprécie le plus souvent grâce aux MIP. Cette localisation doit cependant tenir compte des différences de position de la patiente durant la réalisation de l’examen : en IRM la patiente est en procubitus, les bras le long du corps alors qu’en échographie les bras sont généralement relevés faisant remonter une lésion IRM du quadrant inféroexterne dans le quadrant supéro-externe. La position déclive du mamelon en IRM a souvent tendance à déplacer artificiellement vers l’intérieur la séparation entre quadrant interne et externe : une lésion supéro-interne en échographie peut devenir supéro-externe en IRM par la bascule du mamelon vers l’intérieur. Des programmes CAD donnent une distance par rapport au mamelon, à la peau et à la paroi thoracique. La précision de ces appréciations automatiques laisse souvent à désirer et nécessite un contrôle et parfois un ajustement manuel des valeurs. B - La taille des lésions a une incidence capitale pour le stade TNM des cancers du sein et les décisions de suivi en cas de lésion probablement bénigne. Elle est souvent supérieure à la taille échographique ou mammographique des lésions connues. La comparaison avec l’anatomopathologie a confirmé la supériorité de l’IRM dans la prédiction de la taille histologique de la lésion qui se limite le plus souvent au grand axe de la lésion. En IRM le volume peut être apprécié grâce aux mesures dans les trois dimensions. Les programmes CAD mesurent le volume en cm3 selon un seuil de rehaussement initial qui est modifiable par l’utilisateur et qui peut changer le volume du simple au triple. Attention aux portions nécrotiques ou sans rehaussement qui sont exclus du calcul du volume. Une étude comparative entre diamètre maximal et volume après chimiothérapie néoadjuvante a montré une meilleure corrélation avec l’intervalle de temps sans récidive pour la mesure tenant compte du volume résiduel que celle du diamètre maximal. La mesure du volume pourrait prendre de l’importance dans les décisions thérapeutiques futures. des images ci-dessous). Les temps minimums à montrer sur ce film représentatif de l’examen sont le temps natif, le premier et deuxième temps postcontraste et le dernier temps post-contraste. Ordre des images sur une planche de film : Niveau 1 T1 natif Niveau 1 T1 précoce Niveau 1 T1 moyen Niveau 1 T1 tardif Niveau 2 T1 natif Niveau 2 T1 précoce Niveau 2 T1 moyen Niveau 2 T1 tardif Niveau 3 T1 natif etc. Le but du film ou du CD est de permettre une relecture hors site lors d’une consultation multidisciplinaire. L’inconvénient majeur du CD est la difficulté d’afficher les images par localisation à tous les temps simultanés ce qui est le cas lors d’une lecture des images sur station de travail ou film. Les programmes de visualisation fournis selon le graveur de CD choisi ne permettent pas d’accéder à toutes les mêmes fonctions, en particulier l’affichage des différents temps à des fenêtres et contraste identiques ou la possibilité d’effectuer des mesures. L’absence de ce type de fonction sur les programmes de visualisation fournis sur le CD est cependant un handicap majeur dans la relecture de l’examen hors site. L’inclusion de courbe de cinétique ou la visualisation de temps, différent sur la planche de résumé, est utile quand l’information concerne la caractérisation de nouvelle lésion IRM pour laquelle une biopsie ou un suivi rapproché est désiré. En cas de demande de biopsie d’une lésion, l’image correspondante pondérée T2 sans suppression de graisse est d’une grande utilité pour rechercher la lésion en échographie. IV - Conclusion Le monde de l’IRM mammaire est caractérisé par une grande variabilité dans l’acquisition des images et des types de protocole d’examen. Le schéma proposé dans cet exposé tient compte des recommandations internationales et d’expériences personnelles, mais est loin de représenter la seule vérité. Peu d’information écrite existe sur la transmission d’information résultant d’une IRM mammaire. Les recommandations de l’ACR sur le compte-rendu d’IRM du sein sont relativement lourdes et peu suivies. Leur but était une prise de conscience des éléments intervenant dans la caractérisation des lésions, mais la majorité des informations techniques sont peu utiles au chirurgien ou sénologue confronté à la prise en charge d’une patiente avec une ou plusieurs lésions mammaires. Cet exposé propose un schéma de transmission d’information qui intègre visuellement et par écrit le minimum d’information utile d’un examen IRM. C - La caractérisation des lésions s’exprime comme en mammographie et en échographie par l’intermédiaire du BI-RADs IRM sous forme d’un chiffre variant de 0 à 6 en tenant compte des propriétés morphologiques et dynamiques des lésions. Le chiffre seul est accompagné d’une recommandation telle que «lésion suspecte, doit être recherchée en échographie, et en cas d’échographie négative une biopsie sous guidage IRM est recommandée». D - La comparaison avec l’imagerie antérieure et le site d’ancienne biopsie ou de chirurgie fait partie du compte-rendu IRM utile. Des petits vides de signaux, en particulier sur les séquences avant injection signalent de petites particules métalliques sur le trajet d’une biopsie. L’hématome post-biopsie est rarement visible lors d’un bilan d’extension IRM pour cancer du sein et n’empêche nullement la caractérisation des lésions. E - Le support de l’examen Les informations principales telle que siège et taille de la lésion peuvent être résumées sur une planche de résume sur film ou papier incluant les MIP dans les 3 plans de l’espace ainsi qu’une image agrandie de la lésion avec au moins sont diamètre maximal et idéalement son volume, ceci pour chaque lésion. Ce résumé visuel est accompagné soit du CD de la totalité de l’examen soit d’une présentation complète des images sur film, les images sont rangées par localisation en verticale et dans le temps en horizontale (cf. schéma de l’ordre du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 65 Limites histologiques des cancers du sein. IRM et délimination tumorale : fiabilité ? Dr. Daniel FAVERLY(1) Dr. Adriana LANGER, Dr. Pascal CHEREL(1) La mission du pathologiste en cancérologie sénologique pourrait se résumer à l’identification des lésions à devenir péjoratif et à la communication de toutes les informations nécessaires pour une prise en charge thérapeutique adéquate. Traditionnellement, ces lésions sont qualifiées de «malignes», leur découverte entrainant, dans la grande majorité des cas, un acte chirurgical. La grande diversité des anomalies actuellement découvertes dans le sillage de l’imagerie interventionnelle et des nombreuses options thérapeutiques offertes ont mis à mal le diagnostic différentiel conventionnel «malin versus bénin». Dans le contexte des prélèvements biopsiques à l’aiguille dirigés par l’imagerie, la classification ECWBSP (1) des résultats histologiques laisse entrevoir la complexité de ces lésions et l’impossibilité pour le pathologiste d’arrêter un diagnostic définitif dans tous les cas. Outre la classique catégorie «lésion suspecte de malignité» (B4) est apparu un sous groupe «lésion de pronostic incertain» (B3). Selon de récentes séries, cette dernière catégorie représente 5 à 7% des prélèvements biopsiques à l’aiguille (2,3). On y retrouve des entités a priori bénignes mais parfois associées à des lésions «malignes» (adénose sclérosante complexe, cicatrice radiaire,…), des lésions dont le diagnostic définitif ne peut être posé qu’après exérèse chirurgicale (tumeur ou prolifération papillaire, tumeur phyllode,….) ou des lésions de nature «pré-cancéreuse» (hyperplasie canalaire atypique, métaplasie cylindrique atypique,….). Les néoplasies lobulaires in situ se retrouvent également dans cette catégorie bien qu’elles soient d’avantage considérées comme un facteur de risque de développement d’un cancer du sein que d’une véritable lésion pré-cancéreuse (4). La classification OMS 2003 (5) entérine ce concept en rassemblant l’hyperplasie lobulaire atypique et le « carcinome» lobulaire in situ classique dans le groupe des LIN (lobular neoplasia in situ, respectivement groupe I & II). Une étude belgo-luxembourgeoise (6), impliquant 109 pathologistes qui avaient reçus une série de préparations histologiques à classer, a démontré le «malaise diagnostique» qu’engendre cette lésion. Seulement 32% des participants classent cette entité dans la catégorie «facteur de risque», les autres 68% la considèrant comme «maligne» alors que les recommandations leur avaient été précédemment communiquées. Le problème s’aggrave encore avec les lésions canalaires atypiques pour lesquelles les critères diagnostiques souffrent d’une nette imprécision entrainant de mauvaises performances de reproductibilité entre lecteurs (7,8). La crainte de laisser passer une lésion «à risque ou pré-cancéreuse» pousse les pathologistes à envisager ce diagnostic d’autant plus aisément qu’une sous-estimation du résultat de la biopsie à l’aiguille par rapport à la chirurgie consécutive s’élève à près de 20 à 30% dans les meilleures équipes (2,3,9). Les cas de transition directe entre des tumeurs invasives et de la métaplasie cylindrique atypique (flat epithelial atypia) sans carcinome canalaire in situ identifiable, pourtant rares (5,10), sont autant d’arguments qui font pencher la balance en faveur de la surconsommation diagnostique de cette entité avec pour corolaire une augmentation de la fréquence de résection chirurgicale pour des anomalies finalement bénignes. Dans ce domaine, il semble impératif de mettre sur pieds une politique d’enregistrement des résultats des biopsies par le biais d’un registre si possible national (registre des biopsies mammaires). Les carcinomes canalaires in situ ne devraient pas souffrir d’hésitation diagnostique et se retrouver dans la catégorie «maligne». Cependant, la potentialité d’évolution vers un cancer invasif, notamment des formes de bas grade (bien différencié, Groupe I selon Van Nuys), est loin d’être systématiquement prouvée sur base individuelle. C’est probablement la raison pour laquelle 13% des pathologistes de l’étude BeLux (6) n’ont pas qualifié «malins» des carcinomes canalaires in situ de bas grade et de petite taille mais les ont classés dans la catégorie «facteur de risque histologique». L’incidence élevée de lésions de ce type, découvertes à l’autopsie chez 9% des patientes décédées de cause non cancéreuse, semble indiquer qu’une part d’entre elles n’est pas cliniquement significative d’un point de vue oncologique (11). L’identification d’un marqueur d’évolutivité lors du diagnostic initial d’un carcinome canalaire in situ, applicable individuellement à chaque patiente, reste à découvrir. La mise au point sénologique secondaire, désignant les examens complémentaires d’imagerie réalisés après la découverte d’une lésion maligne afin d’évaluer son extension et son éventuelle multi-focalité-centricité, pose de nouvelles questions sur les limites du diagnostic histologique du cancer. L’IRM de seconde intention occupe une place de moins en moins controversée dans cette indication (12,13) mais induit fréquemment une nouvelle série de biopsie à l’aiguille dirigée vers des anomalies qu’elle a révélées. Les détracteurs de l’IRM questionnent la véritable potentialité maligne des localisations secondaires découvertes par ce biais. Il a été également prétendu qu’une part des foyers néoplasiques secondaires situés dans la même zone que la tumeur princeps auraient de toutes manières été réséqués lors de la chirurgie conservatrice et que leur découverte pré-opératoire avait donc peu d’impact thérapeutique. En collaboration avec l’université de Nimègue (Pays-Bas), notre étude a démontré, après simulation virtuelle de traitement conservateur sur des pièces de mammectomie, la présence de résidus tumoraux non décelables à la mammographie dans 13% des cas alors que la marge du spécimen de chirurgie conservatrice était saine sur 5 mm d’épaisseur (14). Pour une moitié des cas, du carcinome canalaire in situ de bas grade (groupe I de van Nuys) était retrouvé ; le reste étant constitué par des tumeurs invasives et du carcinome canalaire in situ de haut grade. En moyenne, ces foyers secondaires étaient retrouvés à 5 cm du bord de l’exérèse. De longs suivis cliniques seront nécessaires pour évaluer la place de l’IRM dans la mise au point sénologique secondaire et de son influence notamment sur les récidives locales après traitement conservateur. Références 1. Wells CA et al. Quality assurance guidelines for pathology in mammography screening. European Guidelines for Quality Assurance in Mammography Screening, 4th edition, Office for Official Publications of the European Communities, 2006 2. Dillon MF et al. Predictive value of breast lesions of uncertain malignant potential and suspicious for malignancy determined by needle core biopsy. Ann Surg Oncol, 15:2053-2054, 2008 3. El-Sayed ME et al. Predictive value of needle core biopsy diagnoses of lesions of uncertain malignant potential (B3) in abnormalities detected by mammography screening. Histopathology, 53:650-657, 2008. 4. Liebens F et al. Current management of lobular in situ neoplasia. JBR-BTR, 91:166-170, 2008 5. Tavassoli F, Devilee P. 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Van Goethem M et al. MR mammography in the pre-operative staging of breast cancer in patients with dense breast tissue. Eur Radiol 14:809-816, 2004 13. Mameri CS et al. Impact of breast MRI on surgical treatment for breast cancer. Breast J 14:236-244, 2008 14. Faverly D et al. Breast carcinomas of limited extent: frequency, radiologic-pathologic characteristics and surgical margin requirements. Cancer 91:647-659,2001 1 : Laboratoire d’Anatomie Pathologique CMP & CHIREC, Bruxelles Consultant CHU Tivoli, La Louvière et A. Paré, Mons EC Working Group for Breast Screening Pathology I - Introduction(1, 2, 3) L’IRM dans le bilan initial d’extension du cancer du sein permet, outre la recherche de lésions multifocales, multicentriques et controlatérales, la délimitation de la lésion princeps, c’est-à-dire la détermination de sa taille : c’est ce point qui sera étudié ici. Il s’agit d’un sujet complexe, sur lequel beaucoup d’études se sont penchées, mais, comme on le verra, avec des méthodologies souvent différentes, d’où une certaine hétérogénéité des résultats. La délimitation tumorale a toujours été un problème crucial dans la prise en charge du cancer du sein pour décider de la possibilité d’une chirurgie conservatrice. Les deux avantages escomptés sont : - obtenir des marges saines et ainsi éviter une reprise du lit tumoral (qui reste encore très fréquente, puisqu’elle a lieu en moyenne dans un tiers des cas). - diminuer le risque de récidive locale (classiquement de 10% à 10 ans après chirurgie conservatrice). On sait que la détermination clinique de la taille a une corrélation médiocre avec l’histologie, d’où l’importance de déterminer cette taille en imagerie. Il paraît logique de choisir pour cela l’outil le plus précis lorsqu’une chirurgie à visée curative est prévue. Or mammographie et échographie la sous-estiment très souvent. Il est essentiel d’établir le degré de fiabilité de l’IRM. Ainsi, par exemple, si la taille en IRM est plus grande que celle initialement établie, des modifications thérapeutiques importantes peuvent en résulter. Pour la tumeur le geste chirurgical peut être modifié (tumorectomie élargie, parfois quadrantectomie ou mastectomie) et/ou associé à un geste d’oncoplastie, ou on pourra préférer un traitement néo-adjuvant dans le but d’une réduction tumorale pour éviter une mastectomie. Néanmoins, pour décider d’une tumorectomie versus une mastectomie il faut tenir compte non seulement de la taille tumorale (> ou <2 ou 3cm selon les auteurs), mais aussi de la taille du sein et du siège de la lésion. Le geste axillaire peut également être modifié (curage axillaire d’emblée pour une lésion > 2 cm, au lieu d’un ganglion sentinelle). II - Définition de la taille tumorale (4, 5, 6) Dans la classification TNM la taille correspond uniquement à la composante invasive. Une éventuelle composante in situ associée ne modifiera pas le stade clinique, mais l’étendue de la chirurgie dépend des deux. La conférence de consensus internationale de 2005 (6) recommande de prendre en considération, et de déterminer avec la plus grande précision possible (en imagerie puis en anatomopathologie), deux tailles : La taille globale (lésion invasive + in situ) qui conditionne le risque de récidive locale, et la possibilité d’une chirurgie conservatrice avec résultats cosmétiques acceptables et marges saines. La taille de la composante invasive, dite taille pronostique, car elle détermine le stade TNM et le risque de dissémination métastatique. III - Concordance, surestimation, sous-estimation (4, 5, 7, 8) Méthodologie des différentes études. Deux remarques doivent être faites : L’histologie est toujours utilisée comme gold standard pour évaluer l’imagerie. Or ceci est discutable, car les résultats de l’anatomopathologie dépendent aussi de la technique utilisée, et la taille lésionnelle peut être sous ou surestimée également (5). Pour parler de concordance, sur ou sous-estimation il faut définir un seuil. Or celui-ci varie suivant les études. Ainsi, pour celles considérées ici, ce seuil est de : 2mm (7), 4mm (4), 5 et 10mm (dans l’étude 8 les résultats sont rapportés en fonction de ces deux seuils). Cette définition conditionne les résultats, mais il est difficile de dire quel seuil aura une signification d’un point de vue clinique. Résultats (2, 4, 5, 7, 8, 9, 10) - Imagerie standard La mammographie est limitée en cas de seins denses, de cancer canalaire in situ (CCIS) sans microcalcifications (10), de carcinome lobulaire infiltrant (CLI) (Fig. 1). L’échographie est plus précise que l’examen clinique et la mammographie pour la taille tumorale dans les seins denses, mais elle est limitée pour évaluer la composante intra-canalaire, en cas de seins hétérogènes (comme dans le cadre d’une pathologie fibrokystique étendue (2), et de très grosses tumeurs (champ limité). La sous-estimation moyenne de la taille tumorale en mammographie et en échographie est de l’ordre de 40% pour chacune des techniques prises séparément, mais aussi ensemble. Echevarria (4) distingue deux cas avec le couple mammo/écho (avec un seuil de 4 mm) : Dans des seins dont la densité est de type 1 ou 2 la concordance est de 70% et la sous-estimation de 24%, ce qui est tout à fait acceptable, et comparable aux performances de l’IRM. Dans des seins denses (types 3 et 4) la concordance chute à 40% et la sous-estimation atteint 52%. IV - IRM Concordance : avec un seuil de 4mm (4), elle est de 70% pour les seins de type 1 et 2 et de 68% pour les seins de type 3 et 4 (très supérieure donc au couple mammo/écho pour ces derniers). Avec un seuil de 5 mm la concordance est de 57% et avec un seuil de 10mm elle est de 79% (8), tous types de seins confondus. Sous-estimation : 13% avec un seuil de 2mm, 10% (seuil 4mm), 8% (seuil 5mm), 2% (seuil 10mm). Surestimation : 50% (seuil 2mm), 20% (seuil 4mm), 35% (seuil 5mm), 19% (seuil 10mm). Onesty (8) distingue le sous-groupe des tumeurs >2cm, pour lesquelles la surestimation est nettement plus fréquente : 49% avec un seuil de 5mm et 33% avec un seuil de 10mm. La surestimation moyenne de l’IRM est de 8mm (7), de 6,3mm (8), et elle atteint 10,6mm pour les lésions >2cm, qu’il s’agisse de carcinome canalaire infiltrant (CCI), CLI ou CCIS (8). Au total : La corrélation avec la taille histologique est meilleure pour l’IRM que pour la mammographie et l’échographie, surtout dans les seins denses, et l’IRM est supérieure aux deux pour montrer une possible extension intra-canalaire Il y a une tendance à la surestimation de la taille avec l’IRM, sachant que cette surestimation dépend du seuil que l’on se fixe (elle varie de 20 à 50% selon que le seuil est de 10 ou de 2mm), et de la taille tumorale (risque de surestimation majoré pour les lésions >2cm). L’IRM a permis de diminuer le taux de marges atteintes, et donc le nombre de reprises chirurgicales, dans plusieurs études (5,9). V - Rehaussement autour de la lésion princeps (1, 4,11, 12, 13, 14) La spécificité de l’IRM est d’autant plus élevée que le rehaussement est proche de la lésion princeps (1), elle diminue lorsque l’anomalie IRM s’en éloigne. Un tel rehaussement est fréquent, 34% des cas pour Van Goethem (11), et dans la grande majorité des cas, il s’agit d’une extension carcinomateuse : 68% des cas pour Echevarria (4) (23% infiltrants et 45% CCIS). 89% des cas pour Van Goethem (11) (24% infiltrants, 17% infiltrants et CCIS et 49% CCIS pur) 100% pour Mameri (1). Dans son étude, cette spécificité de 100% diminue lorsque l’anomalie IRM se situe plus loin de la lésion princeps (78% pour la multifocalité, 54% pour la multicentricité) et encore plus dans le sein controlatéral (43%). Il existe cependant des faux positifs (risque de surestimation de la taille) dus à du tissu fibroglandulaire ou à des lésions bénignes : pathologie fibrokystique, fibrose, adénose sclérosante ou hyperplasie épithéliale (4, 11, 12). L’aspect IRM en est similaire. Donc, dans les différentes études, le rehaussement autour de la lésion princeps correspond à du tissu carcinomateux dans 68 à 100% des cas (invasif et/ou intra-canalaire). Un rehaussement en contiguïté avec la lésion princeps doit être considéré suspect, quelles qu’en soit la taille et la morphologie (13) et son étude 1 : Service de Radiodiagnostic, Centre René Huguenin - Saint-Cloud 66 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 67 histologique est nécessaire. Dans nos compte-rendus, il faut préciser les deux tailles, lésion princeps seule et avec rehaussement péri-tumoral. VI- Cas particuliers A - Composante intra-canalaire étendue associée au CCI (13) Les lésions invasives avec composante intra-canalaire étendue ayant un fort taux de récidive locale, Berg (13) préconise de faire une IRM lorsqu’on suspecte une telle extension, c’est-à-dire devant les données biopsiques suivantes d’un CCI : ≥ 3 carottes contenant du CCIS de bas grade ou ≥ 2 contenant du CCIS de haut grade. La composante intra-canalaire étendue est le plus souvent en continuité avec la lésion invasive, et l’IRM a une excellente sensibilité et spécificité pour la diagnostiquer (81 et 93% respectivement). B - Extension au mamelon (12) Une prise de contraste précoce et intense (>100% à 1 minute) du mamelon a permis le diagnostic d’extension dans plusieurs cas non vus en mammographie. C - Extension au muscle pectoral dans les cancers du sein de siège profond(15) Cette région est particulièrement difficile à évaluer par l’examen clinique et la mammographie. L’échographie est souvent utile, mais c’est l’IRM qui permet un bilan précis de l’extension en profondeur (Fig. 2). Le diagnostic d’extension musculaire se fait en IRM sur un rehaussement anormal dans le muscle au contact de la tumeur (la disparition isolée du liseré graisseux entre les deux ne suffit pas). Ce rehaussement a la même dynamique que la tumeur adjacente, et peut être d’aspect infiltrant (sans modification du contour musculaire) ou focal (avec effet de masse et changement du contour musculaire). Le muscle normal présente un rehaussement faible, il s’agit de petits vaisseaux faciles à suivre sur les différentes coupes. L’impact thérapeutique d’une telle extension est important : - S’il y a une extension superficielle au muscle pectoral, une portion du muscle sera retirée pour avoir une marge postérieure négative ; si cette extension est étendue, une mastectomie radicale peut être nécessaire. Le stade TNM ne change pas. - S’il y a une atteinte de la paroi thoracique (côtes, muscles inter-costaux, muscle serratus antérieur), une chimiothérapie et/ou une radiothérapie préopératoire peuvent être nécessaires, parfois une résection pariétale. La tumeur passe à un stade T4, stade IIIB, son pronostic est beaucoup plus sombre que lorsque l’extension ne concerne que le pectoral. V - Conclusion L’IRM mammaire permet une meilleure délimitation tumorale surtout en cas de seins denses lorsqu’on la compare à l’examen clinique, la mammographie et l’échographie. Le risque de sous-estimation (fréquent avec l’imagerie standard) est nettement moindre avec l’IRM. Par contre le risque de surestimation n’est pas négligeable, surtout pour les tumeurs de plus de 2cm. L’IRM pourrait être recommandée, pour une délimitation tumorale précise, dans certaines circonstances : difficultés du bilan standard (lésions palpables non ou mal vues en imagerie standard, seins denses en mammographie, seins hétérogènes en échographie), carcinome lobulaire infiltrant, suspicion d’une composante intracanalaire étendue sur les données biopsiques, et lésions profondes afin de rechercher une extension musculaire. 68 VII - Bibliographie 1 Impact of breast MRI on surgical treatment, axillary approach, and systemic therapy for breast cancer. Mameri CS, Kemp C, Goldman SM, Sobral LA, Ajzen S. 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Fig 1 c Fig 1 d Fig 1 Fig 1 a et b Fig 1 : Patiente de 49 ans, masse du QSEG avec imagerie standard peu contributive : CLI très étendu 1 a et 1 b : Mammographie gauche (a face , b oblique) : discrète distorsion architecturale externe de face 1 c : Echographie : zone hétérogène un peu absorbante, mal limitée, non mesurable 1 d : IRM (soustraction à 2 min) : lésion étendue sur tous les quadrants, mesurant 80mm 7 MR mammography in the preoperative staging of breast cancer in patients with bdense breast tissue : comparison with mammography and ultrasound Van Goethem M, Schelfout K, Dijckmans L, Van Der Auwera J, Weyler J, Verslegers I, Biltjes I and De Schepper A. Eur Radiol 2004 14 : 809-816 8 Breast cancer tumor size : correlation between MRI and pathology measurements Onesty J, Mangus B, Helmer S, Osland J. AJS 2008 Dec; 196(6):844-48; discussion 849-50 9 The impact of preoperative MRI on breast-conserving surgery of invasive cancer: a comparative cohort study. Pengel KE, Loo CE, Teertstra HJ, et al. Breast Cancer Res Treat 2008 Sep 21 10 Extension of ductal carcinoma in situ: histopathological association with MR imaging and mammography Shiraishi A, Kurosaki Y, Maehara T, Suzuki M, Kurosumi M. Magn Reson Med Sci. 2003 Dec 31;2(4):159-63 11 Enhancing area surrounding breast carcinoma on MR mammography: comparison with pathological examination. Van Goethem M, Schelfout K, Kersschot E, et al Eur Radiol. 2004 Aug;14(8):1363-70. 12 Staging of symptomatic primary breast cancer with MRI Mumtaz H, Hall-Craggs M, Davidson T et al. AJR 1997;169: 417-424 13 Diagnostic accuracy of mammography, clinical examination, US and MR imaging in preoperative assessment of breast cancer W Berg, L Gutierrez, M Nessaiver, W Carter, M Bhargavan, R Lewis, O Ioffe Radiology 2004; 233:830-849 14 IRM du sein Taourel P, Prat X, Granier C, Suau A, Lesnik A, Boulet P Sauramps Médical, 2007 15 Evaluation of pectoralis major muscle in patients with posterior breast tumors on breast MR images: early experience. Morris EA, Schwartz LH, Drotman MB, Kim SJ, et al Radiology. 2000 Jan; 214(1):67-72 du 19 au 21 mars 2009 Fig 2 b Fig 2 c Fig 2 a Fig 2 : Patiente de 80 ans, masse de l’UQS G : CCI envahissant le muscle pectoral. 2 a : Mammographie : opacité spiculée dont la taille n’est pas mesurable en raison du siège profond ne permettant pas de voir sa limite postérieure. 2 b : Echographie : la lésion est mesurable, mais on ne peut la délimiter par rapport au plan musculaire. 2 c : IRM (séquence après injection, en suppression de graisse, à 2 min) : l’IRM visualise l’envahissement tumoral du muscle pectoral. Chapitre 6 : IRM mammaire 69 Unexpected enhancement on Mr Mammography : management in function of clinical situation : high risk women or loco regional staging of breast Cancer. I - Screening of high risk women Breast cancer is associated with or due to a genetic predisposition in 5-10% of the cases. Women with a strong family history of breast cancer are more likely to develop the disease at a young age, when breast density is higher. Mammography is less reliable, as sensitivity is lowered due to breast density. Additionally, the mean growth rate of a tumor slows down to half in each successive 10 years-older group. A high sensitive test that can be performed frequently is necessary in this group of patients. The conclusion of published reviews is that MRI may not be used for population screening but that it has a better sensitivity than mammography in screening high risk women. It can detect otherwise occult cancers (1-2). A large study of 1909 women performed in 6 centres (MRISK study) showed that cancers detected in high risk women are smaller than those in control groups and that reports. Less patients had involved lymph nodes. Of the 4169 MR examinations, 452 lesions were classified as BI-RADS 3 or higher, 32 were cancers. Of the 275 lesions that were classified as BI-RADS 3, 3 were carcinomas. The sensitivity of mammography and MR were respectively 33.3% and 79.5%, and specificity was 95.0% and 89.8% respectively (3). Another prospective multicentre cohort study of 649 women in 22 centres also learned that the sensitivity of MRI was significantly higher than for mammography, with an acceptable specificity (4). Kuhl reported a specificity of 97,2% in 529 asymptomatic women, with a 20% life time risk with 5,3 year annual FU (5). Liberman reported probably benign lesions in 24% of the patients, 7-10% turned out to be malignant (6). Ultrasound can best be performed after the MRI with knowledge of the MRI findings. If a corresponding lesion is seen, FU with ultrasound is possible, or core biopsy can easily be performed under ultrasound. When probably benign lesions are seen on MRI and not on ultrasound, MR has to be repeated after 6 months. All patients with suspect lesions on MRI must have a mammography and ultrasound with knowledge of the MRI, and imaging guided biopsy must be done. If there is no corresponding lesion, MRI guided biopsy must be performed. To reduce false positive enhancement, MRI mammography may only be performed between day 7 and 14 of the menstrual cycle. If enhancing lesions are seen and the patient is not sure that the MRI was performed in the right period, control MRI in another period must be done. II - Staging of tumor extent within the breast and exclusion of multifocality, multicentricity in the same or contralateral breast In the majority of breast cancer patients diagnosed today, disease-free and overall survival are similar after breast conserving therapy when compared to mastectomy. Breast cancer recurrence after breast conserving surgery is reported in 3 to 19% of patients and is mostly due to incomplete resection or multifocality. Furthermore, breast tumor recurrence is a risk factor for distant metastasis and mortality. Therefore, good preoperative staging before planning breast conserving surgery is important. Reports have demonstrated that MR detects multifocal/multicentric carcinoma in up to 37% of breast cancer patients. But also this indication is contro- 70 1 Irwig L, Houssami N, van Vliet C. New technologies in screening for breast cancer: a systematic review their accuracy. Br J Cancer. 2004;90(11):2118-22. 2 Warner E, Messersmith H, Causer P, Eisen A, Shumak R, Plewes D. Systematic review: using magnetic resonance imaging to screen women at high risk for breast cancer. Ann Intern Med. 2008 May 6;148(9):671-9. 3 Kriege M, Brekelmans CT, Boetes C, Besnard PE, Zonderland HM, Obdeijn IM, et al. Efficacy of MRI and mammography for breast-cancer screening in women a familial or genetic predisposition. N Engl J Med. 2004;351(5):427-37. Dr. Mireille Van GOETHEM - EOEGEM MR Mammography is superior in detection of breast cancer, but the problem with MR Mammography remains its lack of specificity. For this reason, Magnetic Resonance Imaging (MRI) may only be performed for the right indications. Two important indications are: screening high risk women with dense breast tissue and locoregional staging of patients with breast carcinoma. But also in these cases, enhancement of benign lesions remains a problem. Moreover, the use of the BI-RADS classification could make it possible to give unambiguous MR reports. But especially in the BI-RADS 3 group, the probably benign lesions, the positive predictive value will be low. III - Bibliography versial, because 20% false positive additional enhancing lesions are reported, which can lead to unnecessary wider excision or mastectomy. A literature search performed by the Blue Cross and Blue Shield Association Technology Evaluation Center (TEC)(7) identified studies using contrast-enhanced breast MRI in patients with localized breast cancer. They considered 18 studies (n=1401) confirming that MR has a better sensitivity for identifying multicentric breast tumors compared to conventional staging. Studies demonstrated sensitivity of 75-100% and specificity of 82-100% for multicentric tumor foci and a PPV of 50-100%, the 3 most representative studies had a PPV of 67-100%. Due to the moderate specificity and relatively low PPV, presurgical biopsy of additional lesions should be performed before changing conservative therapy to mastectomy. Approximately 2% to 15% of women who appear eligible for breast conserving therapy have multicentric disease, detected on MRI. The presence of multicentric disease appears somewhat higher in patients with ductal carcinoma in situ (DCIS) (20-28%) or infiltrating lobular carcinoma (ILC) (17-40%). The results of more recent clinical studies, performed to determine the role of MRI in preoperative staging, showed again the superior role of MRI to detect additional lesions occult on other imaging methods. A large prospective, multicenter trial involving 426 women with confirmed breast cancer was performed at 15 institutions in the US, Canada, and Germany (8). Women underwent mammography and MRI prior to biopsy of the suspicious index lesion. MRI had a significantly higher yield of confirmed cancer incidental lesions than mammography. They concluded that consideration needs to be given to the integration of breast MRI into the pretreatment evaluation of women seeking breast conservation therapy. Synchronous bilateral breast cancer accounts for 3-6% of breast cancers. The reported rates of MRI-demonstrated but mammographically and clinically occult contralateral breast cancer varies between 5.7-24%. 4 Leach MO, Boggis CR, Dixon AK, Easton DF, Eeles RA, Evans DG, et al. Screening with magnetic resonance imaging and mammography of a UK population at high familial risk of breast cancer: a prospective multicentre cohort study (MARIBS). Lancet. 2005;365(9473):176978. 5 Kuhl CK, Kuhn W, Schild H. Management of women at high risk for breast cancer: new imaging beyond mammography. Breast. 2005;14(6):480-6. 6 Liberman L. Breast cancer screening with MRI--what are the data for patients at risk? N Engl J Med. 2004;351(5):497-500. 7 Technology Evaluation Centre. Breast MRI for management of patients with locally advanced breast who are being referred for neoadjuvant chemotherapy. Asses Program Exec Summ. 2004;19(7):1-4. 8 Schnall MD, Blume J, Bluemke DA, Deangelis GA, Debruhl N, Harms S, et al. MRI detection of distinct incidental cancer in women with primary cancer studied in IBMC 6883. J Surg Oncol. 2005;92(1):32-8 9 Schelfout K, Van Goethem M, Kersschot E, et al. Preoperative breast MRI in patients with invasive lobular breast. Eur Radiol. 2004;14(7):1209-16. 10 Schelfout K, Van Goethem M, Kersschot E, et al Contrast-enhanced MR imaging of breast lesions and effect on treatment. Eur J Surg Oncol. 2004;30:501-7. 10 Van Goethem M, Schelfout K, Kersschot E, et al. Enhancing area surrounding breast carcinoma on MR mammography: comparison with pathological examination. Eur Radiol. 2004;14:1363-70. 11 LaTrenta LR, Menell JH, Morris EA, Abramson AF, Dershaw DD, Liberman L.Breast lesions detected with MR imaging: utility and histopathologic importance of identification with US. Radiology. 2003;227:856-61. Due to its growth pattern, invasive lobular carcinoma is often difficult to detect on clinical examination, mammography and US. Moreover, patients with invasive lobular carcinoma (ILC) are reported to have a relatively high frequency of multifocal, multicentric or bilateral breast cancer (14-31%) (9). Even if one ILC in a patient is detected, additional lesions may potentially be occult on the routine imaging examination. Several studies of the role of MRI in ILC are published, the number of patients varied between 20 and 32. The conclusion was that MRI is superior to mammography in determining the extent of ILC, including the presence of multifocal/multicentric disease (16-50%). In our study of 204 patients with a breast carcinoma, sixty five additional foci were considered malignant on MRI. Ten of these lesions corresponded with benign breast changes or normal breast parenchyma. Histopathological examination confirmed 45 additional invasive cancers and 10 additional pure DCIS foci in 33 patients (10 ). Of the benign lesions, 12 were considered BI-RADS 3, 12 BI-RADS 4 and none BI-RADS 5. Two lesions classified as BI-RADS 3 turned out to be malignant. In another study we performed, in 101 of 297 malignant lesions there was enhancement around or adjacent to the tumor. In 89,1% of these, this enhancement was due to invasive or in situ extension of the carcinoma (11). If on MRI additional enhancing lesions are detected, ultrasound has to be performed, with special attention for the additional enhancing lesions. If the lesion is detected on ultrasound also, the likelihood of carcinoma seems higher than for lesions without ultrasound correlate (12 ). Image guided biopsies must be done of all enhancing lesions that are probably malignant, before change in therapy is performed. If the diameter of an enhancing lesion is significantly larger than that measured on mammography or ultrasound, biopsies should be performed in the borders of the enhancing zone, to prevent unnecessary wider excision. du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 71 Que peut-on classer directement ACR 2 en IRM ? Dr. Bruno SALICRU - Grenoble La classification Birads repose sur l’analyse morphologique et cinétique des anomalies découvertes lors de la réalisation d’une IRM mammaire. Je renvoie mes lecteurs à un apprentissage de cette classification, véritable outil de communication intra et interdisciplinaire (1). Une description commune permet une réflexion commune. Or cette réflexion, qui consiste à déterminer la signification séméiologique de chaque signe IRM décrit en terme de valeur prédictive, est en cours au niveau international. De nombreuses publications sont disponibles : seules celles utilisant un langage standardisé sont utilisables. Ainsi, une importante étude multicentrique a été menée en 2006 (3) : elle sert de base à notre approche diagnostique quotidienne elle servira de fil conducteur à notre exposé. I - Signification du foyer de rehaussement (ou focus) A - Définition du focus Le focus est un minuscule spot de rehaussement isolé, de taille inférieure à 5mm, si petit qu’il ne peut pas être caractérisé autrement. A partir d’une définition commune, l’analyse d’un focus est évolutive, en fonction de l’évolution de la résolution spatiale de nos machines et de nos algorithmes de reconstruction, en particulier. Les foci en 2009 ne sont pas les foci d’il y a 5 ans : • la plupart de ces rehaussements n’étaient pas identifiables sur nos anciens protocoles, • l’analyse morphologique et cinétique des rehaussements en foyer est aujourd’hui plus fiable, donc devrait faire évoluer le raisonnement présenté ci-dessous. B - Signes d’alerte Lors de la découverte d’un focus, la présence, exceptionnelle mais à rechercher systématiquement, de signes associés orientant vers une pathologie maligne (rétraction du mamelon, envahissement du mamelon, épaississement cutané focal, envahissement cutané, œdème péri lésionnel (visible en pondération T2), adénopathie (de taille supérieure au centimètre, avec effacement du hile…), envahissement du pectoral, envahissement de la paroi thoracique), doivent déclencher une prise en charge immédiate diagnostique. La courbe de rehaussement peut être analysée mais n’intervient pas dans le classement ACR. Deux éléments apparaissent discriminants : • le nombre de foci et leur répartition, • le contexte clinique de découverte du rehaussement. II - Signification de la masse A - Description ACR des masses La masse est une lésion rehaussée occupant un volume. Son diamètre est supérieur à 5mm. La classification ACR pour les masses prévoit un certain nombre d’items qu’il convient de répertorier et d’expliciter sur nos comptes rendus. De nombreuses évaluations ont permis une approche en termes de VPP et VPN des différents items appartenant à la classification BIRADS-IRM (3, 6,9). Toujours avoir à l’esprit que le risque de lésion maligne est élevé en présence d’une masse : ce risque est variable en fonction du contexte clinique, évalué selon les séries de 17 à 44% (4). La classification ACR pour les masses comprend : • La forme, peu utile en pratique sauf, avec précautions, la forme ovale, évoquant un rehaussement ganglionnaire intramammaire banal. • Les contours apparaissent l’élément sémiologique le plus fiable (3, 4, 8) : le risque relatif (RR) de lésion maligne passe de 1 à 4 entre une masse de contours lisses et une masse de contours irréguliers, et à 18 pour une masse de contours spiculés. • Les caractéristiques du rehaussement interne : > Rehaussement annulaire : signe peu fréquent mais VPP = 84% (3); RR x3 > Septas internes non rehaussés : ce signe, rare et peu spécifique selon certains auteurs (3), s’avère de plus en plus perceptible grâce à l’évolution de la résolution spatiale en IRM. Il est très évocateur de bénignité • La présence ou l’absence de signes associés péjoratifs (cf. chapitre 1). D’autres caractéristiques morphologiques, encore absentes de la classification ACR, apparaissent cependant discriminantes : • La présence d’un rehaussement régional à la périphérie de la masse (VPP = 81% (3); RR x 2.6) est évocateur de malignité. • L’intensité du signal en T2 (séquences non saturées en graisse) : un T2 bas a 12x plus de risque d’être associé à un cancer qu’un T2 élevé. Enfin l’analyse qualitative du rehaussement est réalisée sur la zone la plus rehaussée : • L’intensité du rehaussement n’est pas fiable car variable en fonction des protocoles, donc sans étalonnage possible. • L’analyse qualitative du rehaussement permet une évaluation plus utile en pratique (lavage associé dans 76% des cas à un cancer (3), plateau associé dans 45% des cas à un cancer (3). Le risque relatif de cancer varie de 1 à 5 entre les courbes de rehaussement de type I et III (5). C - Quels foyers peut-on classer ACR2 ? En cas de multiples localisations, il sera possible de classer ACR2 ces rehaussements. L’évaluation de cette séméiologie dans la littérature internationale permet de proposer une ébauche de conduite à tenir (figure 1). En cas de focus unique, sans contexte clinique évocateur, ces rehaussements doivent être classés ACR3 et contrôlés (sur une phase du cycle menstruel différente, le cas échéant) sur le plan évolutif (4 à 6 mois). (Dossier n°1). Les signes évocateurs de malignité doivent être écartés par une analyse précise (forme irrégulière, contours irréguliers ou spiculés, rehaussement interne homogène, annulaire ou avec cloisons internes rehaussées, rehaussement rapide en phase initiale et plateau ou lavage en deuxième partie de courbe). En cas de focus unique, et seulement dans certaines situations cliniques très particulières (sein irradié, bilan préthérapeutique d’une lésion prouvée histologiquement, etc.), ces lésions doivent être contrôlées histologiquement. Comme elles n’ont, en général, aucune traduction sur le plan de l’imagerie standard, elles justifieront du recours au prélèvement histologique chirurgical après repérage IRM (dans un contexte préthérapeutique) ou par micro ou macrobiopsie guidée sous IRM. B - Quelles masses peut-on classer ACR2 ? Un certain nombre de signes sont évocateurs de bénignité : • la forme ovale, évoquant un rehaussement ganglionnaire intramammaire banal, • les contours lisses et réguliers, • la présence de cloisons internes hypointenses ne se rehaussant pas, • une courbe de rehaussement lente en phase initiale et progressive en phase tardive. Ces signes autorisent une classification ACR2 ou 3, après relecture soigneuse du bilan, voire d’un complément d’examen après IRM : • la présence d’une image retrouvée à postériori, conforme en imagerie standard autorise une classification ACR2, • l’absence d’image décelable à postériori incite à la prudence et à un classement ACR3. 72 du 19 au 21 mars 2009 III - Signification du rehaussement sans masse A - Description ACR des rehaussements sans masse Le rehaussement sans masse fait appel à une classification ACR spécifique assez bien documentée : • La distribution spatiale est peu reproductible. Ainsi une distribution canalaire a une VPP = 60% (selon 3); de 26% (selon 4); et de 84% (selon 6). Ces variations sont probablement liées à une terminologie ambiguë, qui doit encore être précisée (surtout après le crible de la traduction française). Ainsi, le caractère segmentaire ou régional de la distribution spatiale, clairement distingué par certains auteurs anglophones (avec respectivement une VPP de 78% et de 21% (3)), apparaît difficile à manier dans l’Hexagone car la sémantique de ces mots en français n’est pas tout à fait superposable à celle de leurs équivalents en langue anglaise. • Le rehaussement interne est pour les mêmes raisons de maniement difficile. On retiendra, en faveur de la bénignité, le caractère tacheté, ponctué (3), • La symétrie est, très clairement, en faveur de la bénignité. • La présence ou l’absence de signes péjoratifs (cf. chapitre 1), • Ces rehaussements sans masse sont souvent de très faible intensité et l’analyse des courbes de rehaussement inutile et non discriminante. Les signes évocateurs de malignité doivent être écartés (distribution focale, linéaire, canalaire ou segmentaire, rehaussement sans masse asymétrique, présence de signes associés). B - Quels rehaussements sans masse peut-on classer ACR2 ? Le rehaussement sans masse de type bénin est typiquement : • de caractère bilatéral, éventuellement symétrique, • de distribution diffuse, • avec rehaussement interne de type tacheté ou ponctué, micronodulaire, • sans signe associé péjoratif. Ces rehaussements peuvent être classés ACR2 et ne nécessitent pas de suivi particulier. Une approche sous forme de diagramme de la conduite à tenir devant un rehaussement sans masse est proposée figure 2. IV - Les scores Certains auteurs ont tenté l’élaboration de scores IRM. Ces scores reposent sur la classification ACR. Le score de Warren (7) affecte à chaque élément de la description une pondération : le cumul de ces valeurs permet une catégorisation ACR. L’utilisation pratique de ces scores reste à démontrer. V - Comment interpréter une IRM mammaire ? A - Pourquoi utiliser la classification ACR ? La classification ACR, malgré ses insuffisances et son impératif d’évoluer au fur et à mesure de l’évaluation de la séméiologie IRM, représente un outil incontournable pour les sénologues engagés dans une activité d’IRM mammaire. Elle permet le dialogue pluridisciplinaire autour d’un dossier. L’identification codifiée, sur nos compte rendus, des anomalies découvertes, permet à nos correspondants une compréhension claire de notre diagnostic et de la conduite à tenir suggérée, sans ambigüité liée au style. L’IRM devient, alors un outil diagnostique puissant dans des indications précises (diagnostic de récidive après traitement conservateur, bilan préthérapeutique des lésions histologiquement prouvées, dépistage des populations à risque génétique, etc.). La pertinence de l’indication intervient, indubitablement, dans la qualité de la réponse diagnostique apportée par l’IRM mammaire. Réaliser une IRM dans une indication erronée tend, à coup sûr, à complexifier un dossier sénologique qui ne le méritait pas. C - La découverte d’une prise de contraste inattendue reste un problème diagnostique difficile La séméiologie IRM progresse en même temps que la technique IRM et que les équipes les plus avancées nous font part de leur expérience. L’évaluation correcte de tous les items ACR, dans chaque catégorie d’image est en cours d’élaboration et demande à être finalisée : c’est une question de temps (et de travail). En tout état de cause, la découverte d’une prise de contraste inattendue n’est pas un drame. Nous avons tenté de définir les éléments permettant un classement ACR2 d’emblée des prises de contraste : ces prises de contraste correspondent fréquemment à des rehaussements glandulaires physiologiques et devraient bénéficier d’une classification ACR1, parfois à des lésions tumorales bénignes. En cas de doute, rien n’empêche la surveillance IRM d’un rehaussement, ces suivis pouvant être décidés, au cas par cas, en concertation avec le clinicien en charge de la patiente. Le bilan post-IRM est fondamental : il règle de nombreuses situations délicates à condition d’être réalisé par le sénologue qui a interprété l’IRM mammaire. Il permet une approche diagnostique ciblée et, si besoin, un prélèvement percutané facile. Le contrôle histologique d’une prise de contraste de découverte fortuite et sans support mamographique ou échographique est toujours possible (de préférence après vérification de la persistance du rehaussement à distance de l’IRM initiale) : • par chirurgie, après repérage préopératoire sous IRM (nous l’avons fait pendant des années pour nos « états d’âme mammographiques») : la technique est simple et ne nécessite aucun matériel spécifique (en dehors du harpon compatible). • par macrobiopsie percutanée sous aspiration et guidage RMN : cette technique se diffuse progressivement sur le territoire national grâce à l’opiniâtreté des imageurs qui croient à ces techniques d’avenir et malgré les obstacles du régime d’autorisation et de la nomenclature… Nous réaliserons demain des prélèvements guidés par IRM aussi facilement que nous réalisons aujourd’hui nos prélèvements sous stéréotaxie. «Une petite impatience ruine un grand projet» Confucius Au delà, l’utilisation d’un référentiel commun autorise des échanges d’expérience entre les équipes, les publications scientifiques et leur analyse critique : c’est la seule issue pour évaluer la séméiologie IRM et faire évoluer la classification ACR IRM. Elle permet l’élaboration et l’utilisation de scores, même si leur utilité pratique n’est pas encore démontrée. B - Importance du contexte et de l’indication dans la qualité de l’interprétation Le contexte radio-clinique est fondamental dans notre pratique quotidienne d’interprétation d’image. En IRM mammaire ce contexte devient crucial : comme l’a été, avant la découverte de la macrobiopsie stéréotaxique sous aspiration, le foyer de microcalcifications isolé en mammographie, la prise de contraste isolée en IRM mammaire est une difficulté quotidienne. Sa fréquence n’est, heureusement, pas si élevée, quoi qu’en pensent les détracteurs de la technique et survient dans un contexte radio-clinique qui permet dans la majorité des cas de proposer un diagnostic ou une conduite à tenir. Chapitre 6 : IRM mammaire 73 VI - Légende des dossiers Dossier n°1 : Evolution d’un focus. Patiente aux antécédents de mastectomie droite. Image 1 et 2 : découverte fortuite d’un focus central du sein gauche (pondération T1 et soustraction). Classification ACR2. m as s e Image 3 et 4 : nouveau contrôle IRM deux ans plus tard (pondération T1 et soustraction). Classification ACR4. Carcinome infiltrant. C rit è res sus pec ts A bs enc e de c rit ère s usp ec t F orm e, c ontours R e h. intern e C ourb e de reh aus se m e nt ACR4 C ourb e de reh aus s e m e nt ty pe b é nin ty pe s us pec t Dossier n°2 : Masse. Classification ACR Image 1 : pondération T1. masse en hyposignal en région médio-interne B ilan p os t -IR M B ilan p os t - IR M coh érent n orm al ACR4 Image 2 : Masse ovalaire médio-interne à contours réguliers, rehaussement hétérogène, de type lent et persistant. Classification ACR2. Hamartome. Image 3 : Masse stellaire supéro-externe à contours spiculés, rehaussement hétérogène, de type précoce avec lavage en deuxième partie de courbe. Classification ACR5. Carcinome invasif. ACR2 ACR3 ACR 2 ACR 3 Figure 1 : approche diagnostique des masses en IRM mammaire Le réhaussement sans masse Dossier 3 : Rehaussement sans masse ACR2 Image 1 et 2 : soustraction. Rehaussement sans masse diffus, ponctué, symétrique. Le rehaussement glandulaire moule les cavités kystiques. Classification ACR2. Bilatéral Symétrique Unilatéral Asymétrique Focal, linéaire, canalaire Segmentaire Régional Régional multiple Homogène ou hétérogène Micronodulaire Bilan standard normal Permettant suivi facile Régional Régional multiple Homogène ou hétérogène Micronodulaire Diffus, bilatéral, Tacheté, ponctué Contexte clinique ou radiologique ambigu ACR2 Figure 2 : approche diagnostique des rehaussements sans masse en IRM mammaire 74 du 19 au 21 mars 2009 VII - Bibliographie 1- Classification BI-RADS IRM version française 2- L’IRM du sein, Patrice Taourel et coll., Sauramps médical, 2007 3- Diagnostic architectural and dynamic features at breast MR imaging : multicenter study, M.D. Schnall and coll. ; Radiology : volume 238, n° 1, Jan 2006; 42-53 4- Probably Benign Lesions at Breast Magnetic-Resonance Imaging Preliminary Experience in High-Risk Women - Laura Liberman, M.D.- Cancer : July 2003 : 98; n° 2; 377-388 5- Dynamic breast MR imaging : are signal intensity course data useful for differential diagnostis of enhancing lesions, C.K. KUHL, Radiology : 1999; 211 : 101-110 6- Update of breast MR Imaging architectural interpretation model ; N.W.NUNES, Radiology : 2001; 219 : 484-494 7- Evaluation of a prospective scoring system designed for a multicenter breast MR imaging screening study, WARREN, Radiology 2006; 239 : 677-689 8- BI-RADS categorization as a predictor of malignancy; S.G. OREL; Radiology 1999; 211 : 845-850 9- Meta-analysis of MR imaging in the diagnosis of breast lesions; M.PETERS; Radiology : jan 2008; number 1; volume 246 : 116-124 Chapitre 6 : IRM mammaire 75 Médecine nucléaire et bilan initial du cancer du sein : quelle place en 2009 ? IRM mammaire : aide ou boulet ? Les conséquences pour le chirurgien. Dr. Hélène GAUTHIER, Dr. Philippe CARPENTIER - Lille Dr. S. GIARD(1) La médecine nucléaire peut intervenir à différents niveaux dans le cadre de la prise en charge initiale des cancers du sein, en proposant un panel de différents examens ; - Diagnostique •Mammoscintigraphie •TEP au FDG - Bilan d’extension •Scintigraphie osseuse •TEP au FDG, et nouveaux traceurs (FLT, FNa, …) - Bilan préopératoire/aide peropératoire •Ganglion sentinelle et détection isotopique peropératoire •FDG peropératoire ? I - La Mammoscintigraphie : des nouvelles caméras dédiées La mammoscintigraphie a été considérée dans les années 1990s comme un outil diagnostique prometteur pour le dépistage du cancer du sein. Cependant, pratiquée avec des gamma-caméras standards, la procédure n’autorise pas le dépistage fiable de lésions infra-centimétriques, et ne permet pas d’établir une corrélation directe avec les images de mammographies (1). Les progrès technologiques réalisés ont permis de développer des détecteurs anatomiquement spécifiques et dotés d’une meilleure sensibilité. La résolution de ces machines se situe autour de 3-4 mm, des tumeurs de 1 mm ayant pu être visualisées (2-3). Les sensibilité et valeur prédictive négative de l’examen deviennent ainsi performantes, et cet examen permettrait d’améliorer la prise en charge des tumeurs mammaires. Les conditions de réalisations et les indications ciblées de cet examen sont abordées. Le repérage des lésions scintigraphiques non palpables peut se faire à l’aide d’aguilles permettant des biopsies (4). II - La TEP au FDG La TEP-FDG n’est pas indiquée pour le diagnostic de malignité d’une lésion mammaire en raison du risque de faux négatifs dans les lésions infracentimétriques. Pour la même raison, elle n'est pas recommandée pour le bilan de l'invasion axillaire dans les petites tumeurs où elle ne peut pas remplacer la technique du ganglion sentinelle (6-8). La TEP-FDG est en revanche recommandée (6,7) pour le bilan d'extension complet des tumeurs invasives. La place de la TEP-FDG pour l'évaluation précoce de la chimiothérapie néoadjuvante est à confirmer dans le cadre de protocoles évalués. La TEP au FDG remplace-t-elle la scintigraphie osseuse ? Les résultats des études restent contradictoires sur ce point. La TEP au FDG est plus spécifique que la scintigraphie osseuse. Sa moins bonne sensibilité annoncée dans la littérature pourrait être due au fait que l’imagerie «corps entiers» est en réalité le plus souvent réduite à une acquisition «oreilles-pelvis», d’où l’absence de détection des lésions osseuses en regard du crâne ou des membres inférieurs(9). III - Les nouveaux traceurs TEP L’utilité de la 18F-fluorothymidine (FLT) dans l’évaluation de la réponse thérapeutique a été évoquée par plusieurs équipes. La FLT refléterait les modifications du taux de prolifération cellulaire à la première semaine de traitement. Les premiers résultats comparant les performances diagnostiques de la FLT à celles du FDG semblent montrer que la FLT serait plus spécifique. La FLT sera-t-elle demain le prochain traceur utilisé en routine (10)? L’imagerie des récepteurs estrogèniques peut être effectuée grâce à des analogues estrogèniques marqués au Fluor 18. Récemment, le Fluoro-estradiol (FES) a été évalué comme indice de l’état fonctionnel des récepteurs estrogéniques tant au niveau de la tumeur primitive que des métastases. Enfin, la commercialisation possible du fluorure de sodium, le FNa pour l’exploration osseuse pourrait remettre en cause le bilan d’extension classique par les diphosphonates technéciés. Les performances respectives des deux examens devront être évaluées de façon comparative. IV - Nouvelles indications du ganglion sentinelle La technique du ganglion sentinelle permet d’éviter le curage axillaire si le ganglion sentinelle est négatif, à condition d’utiliser de préférence une technique combinée (bleu + isotope) et de réaliser l’abord chirurgical de l’aisselle en premier, tumeur encore en place. La détection isotopique du ganglion sentinelle est devenue un standard (11) dans la situation suivante : Cancer invasif unifocal de moins de 2 cm, N0, sans traitement préalable. Des études sont en cours pour en étendre les indications : > Augmentation de la taille tumorale limite (12,13), > Tumeurs multifocales, > Après chimiothérapie néoadjuvante, > Après tumorectomie. V - Références 1. Schillaci A, Buscombe JR. Breast scintigraphy today: indications and limitations. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2004;31:S35-S45 2. Brem RF, Floerke AC, Rapelyea JA, et al. Breast specific gamma camera imaging as an adjunct imaging modality for the diagnosis of breast cancer. 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Impact of FDG PET on the preoperative staging of newly diagnosed breast cancer. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2008;35:475-83. 9. Shie P, Cardalli R, Brandon D, et al. Meta-analysis: comparison of F-18 fluorodeoxyglucose positron emission tomography and bone scintigraphy in the detection of metastases in patients with breast cancer. Clin nucl Med 2008;33:97-101 10. Couturier O, Leost F, Campone M, Carlier T, Chatal JF, Hustinx R. La 3’-déoxy-3’-[18F]fluorothymidine (18F-FLT) est-elle le prochain traceur utilise en routine pour la TEP après le 18F-FDG? Bull Cancer 2005 ;92 (9) : 789-98 11. Cancers du sein : Recommandations pour le pratique clinique de Saint Paul De Vence. Oncologie 2005 ;7 :342-79 12. Goyal A, Newcombe RG, Chhabra A, et al. Factors affecting failed localisation and false negative rates of sentinel node biopsy in breast cancer – results of the ALMANACH validation phase. Breast Cancer Res Treat 2006;99(2):203-8 13. Lelievre L, Houvenaeghel G, Buttarelli M, et al. Value of the sentinel lymph node procedure in patients with large size breast cancer. Ann Surg Oncol 2007 ;14(2):621-6. Face à un cancer du sein apparemment localisé récemment diagnostiqué, le chirurgien attend des examens d’imagerie qu’ils l’aident dans la planification de son geste d’exérèse, chirurgie conservatrice ou non, en précisant : - L’existence ou non de foyers lésionnels à distance de la tumeur principale, la multicentricité restant une indication de mastectomie totale. - L’extension locale de la tumeur pour déterminer le volume mammaire à réséquer. - L’état du sein controlatéral. Quel est l’apport de l’IRM, examen plus sensible que l’imagerie traditionnelle, pour obtenir cette exérèse «idéale» en berges saines, afin de minimiser à terme le risque de récidives locales ? I - IRM et tumeurs multiples La constatation préopératoire de tumeurs multiples (multicentricité ou multifocalité) est considérée classiquement comme une indication de mastectomie totale, car il existe très peu d’études de traitement conservateur dans ce cadre (études rétrospectives, à effectifs faibles, patientes très sélectionnées). Cependant lorsqu’une exérèse monobloc en berges saines est réalisable, le risque de récidive locale semble comparable aux cohortes appariées de patientes ayant une tumeur unifocale [1-4]. La première question «chirurgicale» est de savoir s’il existe des lésions à distance de la tumeur principale ne permettant pas un geste conservateur monobloc et non vues en imagerie traditionnelle. La constatation de telles lésions à distance est une indication actuelle de mastectomie totale puisqu’il n’existe actuellement aucune évaluation de la validité d’un traitement chirurgical par tumorectomies multiples. Un élément de réponse peut être envisagé : le taux de récidives locales après traitement conservateur (fait après un bilan d’imagerie traditionnelle) est de 10 à 15% à 10 ans, ces récidives surviennent dans 80% des cas dans le lit tumoral initial. Les 20% de récidives ou nouveaux cancers à distance sont dans la très grande majorité des cas tardives. Chez ces 2 à 3% de patientes qui auront une récidive ou une deuxième localisation intrammaire à distance, combien auront une image visible sur une IRM initiale alors que ces lésions ne se révéleront que tardivement ? Aucune réponse ne peut être actuellement apportée sur les études d’IRM publiées où ne sont pas distinguées les images multicentriques des images multifocales dans les lésions additionnelles décrites par la seule IRM. La deuxième question chirurgicale est celle de l’existence possible de lésions multifocales, au pourtour de la lésion index, non vues en imagerie traditionnelle et qui nécessiteraient, pour obtenir des berges saines, un geste conservateur plus large que celui motivé par la seule lésion index, voir sa transformation en mastectomie totale si le tissu mammaire restant n’est plus suffisant pour remodeler un sein esthétiquement correct. Cette question rejoint la problématique de l’extension locale de la tumeur index . II - Bilan d’extension locale chez une patiente candidate à une chirurgie conservatrice Le choix d’un traitement chirurgical conservateur doit répondre, pour le chirurgien à 2 impératifs : l’un oncologique, obtenir des berges d’exérèse saines pour minimiser le risque de récidives locales (multiplié par 2 en cas de berges non saines), l’autre esthétique, conserver suffisamment de tissu mammaire pour remodeler un sein «correct». Dans le premier cas, cela sous-entend une évaluation préopératoire aussi précise que possible des limites de la tumeur par rapport au tissu sain et/ou la connaissance d’éventuels foyers tumoraux autour de celle-ci (multifocalité ).La méconnaissance de cette extension par le bilan préopératoire classique (clinique, mammo- echographique) aboutit à un taux de berges non saines nécessitant une réintervention dans 10 à 20% des cas. L’IRM peut elle faire diminuer ce taux de réinterventions ? Dans une étude comparative de cohortes de patientes relevant d’un traitement conservateur après bilan classique, Pengel [5] trouve un taux de berges non saines de 19.4% (35/180) dans la cohorte sans IRM , alors qu’il est de 13.8% ( 22/159 , p= 0.17) dans la cohorte ayant eu une IRM, alors même que dans celle-ci 9% des patientes (16/175) avaient eu d’emblée une mastectomie totale. Dans cette étude, le taux de mastectomies totales réalisées en 1 ou 2 temps pour obtenir des berges saines est 2 fois plus élevés dans la cohorte avec IRM ( 11.4% vs 5%) . Dans l’essai randomisé COMICE [6] comparant le taux de réinterventions avec ou sans IRM chez des patientes relevant d’un traitement conservateur (n=1623), celui-ci est de 18.75% dans le bras avec IRM, de 19.33% dans le bras sans IRM (7.1% des patientes ayant eu d’emblée une mastectomie totale dans le bras RMI, pour 1.2% dans le bras sans RMI). Dans cet essai, la survie sans récidive avec un suivi médian de 3.1ans est de 93.9% dans le bras avec IRM , de 96.46% dans le bras sans IRM. Dans une étude rétrospective ( 756 traitements conservateurs, 215 après IRM, 541 sans), Solin[7] montre un taux de récidives locales à 8ans de 3% dans le groupe avec IRM, 4% dans le bras sans IRM ; il n’apparaissait pas non plus de différence sur la survie globale, la survie spécifique ou la survie sans récidive entre les 2 groupes. L’apport d’une IRM dans le bilan initial avant traitement conservateur n’a donc actuellement pas fait la preuve d’un bénéfice tant sur le plan de la qualité de l’exérèse initiale (chirurgie en un temps, qualité des berges), que sur le contrôle local, seul diffère le taux de mastectomies totales. Y a-t-il cependant des sous-groupes de patientes où l’IRM pourrait aider le chirurgien à faire une «meilleure» chirurgie conservatrice en un temps ? On sait qu’une histologie particulière (lobulaire invasif), l’existence d’un contingent in situ extensif, l’âge jeune (moins de 40 ou 35 ans) augmentent le risque d’avoir des berges non saines après un traitement conservateur. L’étude de Morrow [8], après ajustement sur la taille tumorale et l’âge ne montre pas de différence entre lobulaire et canalaire en termes d’échec du traitement conservateurs ou de nombre de réinterventions pour obtenir des berges saines. Dans l’étude de Pengel [5], l’IRM ne fait pas diminuer le taux de berges envahies par le contingent in situ. Quant au jeune âge , la constatation d’un taux de récidives locales élevées même après exérèse en berges saines fait poser la question, non pas de l’étendue de ou des lésions initiales mais d’une agressivité tumorale particulière de ces tumeurs à cet âge. S’il existe un apport de l’IRM pour améliorer la qualité de la chirurgie initiale, il semble limité et l’IRM doit être réservée aux rares cas de difficulté d’évaluation par le chirurgien de l’extension tumorale clinique (tumeur très mal limitée , se distinguant mal du tissu mammaire environnant), discordance entre l’évaluation clinique et radiologique ou pour les tumeurs infracliniques , discordance entre mammographie et échographie. III - L’évaluation du sein controlatéral Le taux de cancer controlatéral synchrone trouvé par Pengel[5] est de 1.7%. Il atteint 3% dans une étude de Lehman[9] portant sur 969 patientes. Dans cette étude, 135 images controlatérales (121 microbiopsiées) avaient été découvertes par l’IRM, 3/4 de celles-ci étaient bénignes. Sur les 30 cancers controlatéraux ainsi trouvés (T moyenne = 11mm), 40% étaient des carcinomes intracanalaires. Dans l’étude de Solin[7], le taux de cancers controlatéraux étaient identiques à 8ans (6%) dans les 2 groupes avec ou sans IRM. Deux phénomènes peuvent expliquer la discordance entre le taux de cancers controlatéraux trouvés par l’IRM et l’absence d’impact de cet examen dans l’étude de Solin : - l’impact des traitements systémiques sur la réduction du risque de cancer controlatéral constaté dans les essais cliniques : 50 à 60% de réduction par l’hormonothérapie, 20% par la chimiothérapie - le risque évolutif du cancer traité face au risque de développement du cancer controlatéral infra-radiologique. On peut s’interroger par exemple sur l’intérêt de trouver un carcinome intracanalaire de petite taille controlatéral chez une patiente que l’on prend en charge pour une tumeur avec envahissement ganglionnaire massif. 1 : Dpt de Sénologie, Centre O. Lambret - Lille 76 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 77 IRM mammaire et interventionnelle : recommandations, état des lieux en France. IV - Conclusion La finalité de la pratique médicale est d’améliorer la quantité et/ou la qualité de vie des individus malades ou susceptibles de l’être. L’ acte diagnostique n’est qu’un outil au service de cette finalité et se justifie, non pas s’il change la stratégie thérapeutique, mais si ce changement aboutit effectivement à une amélioration du devenir du patient. En l’état actuel des connaissances, l’IRM mammaire augmente le taux de mastectomies totales sans bénéfice prouvé pour les patientes, qu’il s’agisse de la qualité de la chirurgie conservatrice initiale (berges, ré-interventions) , du contrôle local, ou du taux de cancer contro-latéral. Le développement actuel d’une pratique «sauvage, tous azimuts» de l’IRM mammaire va à l’encontre d’une pratique médicale réfléchie. Cette réflexion sur la balance avantages-inconvénients AVANT la réalisation de toute IRM mammaire devrait être le fait du radiologue s’il a une connaissance de la pathologie mammaire au-delà de sa spécialité diagnostique, ou le fruit d’une discussion entre spécialistes pour anticiper effectivement les conséquences bonnes ou néfastes des résultats possibles de cette IRM sur le devenir de la patiente en cause. Dr. Anne TARDIVON(1), Dr. Luc CEUGNART(2) I - Introduction L’IRM en 5 ans a connu une extension significative de ses indications. Initialement utilisée dans la problématique des seins traités (récidive locale), des implants mammaires (rupture intra- capsulaire) et des bilans standards non résolus (anomalie non localisable), elle est devenue incontournable dans le dépistage des femmes à haut risque (mutations génétiques BRCA1 et 2 et contexte familial de cancers du sein et/ou ovaire), l’évaluation de la réponse aux traitements néo-adjuvants et est de plus en plus utilisée dans le bilan d’extension locale d’un cancer (en cas de traitement conservateur sur la base de l’examen clinique et de l’imagerie standard). L’élargissement des indications pose le problème de la prise en charge des anomalies IRM isolées et nous verrons que, dans les populations à haut risque et dans le cadre du bilan d’extension d’un cancer du sein, les recommandations émises par les sociétés savantes (American College of Radiology, European Society of Breast Imaging, National Comprehensive Cancer Network) s’accompagnent toutes de prérequis concernant le personnel et le matériel. La SOFMIS a répondu a un appel d ‘offre 2008 de l’HAS sur ce thème ; ce travail ne débutera en fait que fin 2009. Quant à l’état des lieux en France, les résultats de l’enquête sur les indications et la pratique de l’IRM en France seront présentés lors du congrès. A l’heure où j’écris (fin Janvier 2009), 257 sites ont déjà répondu à cette enquête soutenue par la Société Française de Radiologie (SFR). En attendant cet état des lieux, nous décrivons dans cet article les résultats d’une enquête conduite aux EtatsUnis en 2008. V - Bibliographie [1] Nos C, Bourgeois D, Darles C et al. Conservative treatment of multifocal breast cancer: a comparative study. Bull Cancer. 1999; 86: 184-8 [2] Cho LC, Senzer N, Peters GN. Conservative surgery and radiation therapy for macroscopically multiple ipsilateral invasive breast cancers. Am J Surg. 2002; 183: 650-4 [3] Kaplan J, Giron G, Tartter PI et al. Breast conservation in patients with multiple ipsilateral synchronous cancers. J Am Coll Surg. 2003; 197: 726-9 [4] Okumura S, Mitsumori M, Yamauchi C et al. Feasability of breastconserving therapy for macroscopically multiple ipsilateral breast cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2004; 59: 146-51 [5] Pengel KE, Loo CE, Teertstra SH, et al. The impact of preoperative MRI on breast-conserving surgery of invasive cancer: a comparative cohort study. Breats Cancer Res Treat 2008; DOI 10.1007/s10549-008-0182-3 [6] Drew PJ, Harvey I, Hanby A, et al. The UK NIHR multicentre randomised COMICE trial of MRI planning for breast conserving treatment for breast cancer. Abstract n°51 San Antonio 2008 [7] Solin LJ, Orel SG, Hwang W, et al.Relationship of breast magnetic resonance imaging to outcome after breast-conservation treatment with radiation for women with early-stage invasive breast carcinoma or ductal carcinoma in situ. J Clin Oncol 2008;3:3866391 [8] Morrow M, Keeney K, Scholtens D, et al. Selecting patients for breast-conserving therapy: the importance of lobular histology. Cancer 2006,106(12):2563-8 [9] Lehman CD, Gastsonis C, Kuhl CK, et al. MRI evaluation of the controlateral breast in women with recently diagnosed breast cancer. N Engl J Med 2007;356:1295-1303 II - Recommandations Le Tableau 1 synthétise les recommandations émises sur l’IRM du sein (techniques et indications) par l’American College of Radiology (ACR) version de 2004 amendée en 2006, et par l’European Society of Breast Imaging (EUSOBI) en 2008 [1-2]. Avant de les résumer, il est intéressant de détailler le préambule de l’ACR : notion d’expertise en imagerie du sein et en interventionnel, accès sur le site aux techniques standards (mammographie, échographie, gestes interventionnels sous échographie et stéréotaxie). Une demande écrite pour l’examen IRM reprenant la symptomatologie, les antécédents et le pourquoi de l’exploration IRM est nécessaire. Les 2 sociétés précisent de programmer l’examen entre le 5ème et le 12ème jour (EUSOBI) ou durant la 2ème semaine (ACR) du cycle menstruel chez les femmes non ménopausées. En résumé, côté technique, il est recommandé d’utiliser une machine de 1.5 Tesla au minimum ; l’utilisation d’une antenne sein bilatérale est obligatoire ; l’examen se doit d’être bilatéral. Seule l’EUSOBI détaille les séries anatomiques avant injection (T1 ou T2 sans précision sur l’utilisation d’une saturation de la graisse). La dose standard conseillée de sels de Gadolinium est au minimum de 0.1 mmole avec une injection en bolus. La résolution spatiale des images doit être suffisante pour une analyse morphologique optimale : au maximum de 2.5 mm dans le sens de codage de phase et de fréquence (EUSOBI, 2 mm pour l’ACR) avec une épaisseur de coupes de 3 mm au maximum. Pour l’aspect cinétique, une série avant injection doit être acquise. La durée d’acquisition après injection est de 5 à 7 min avec l’acquisition au minimum de 2 séries injectées (une précoce et une tardive). La soustraction d’images lorsqu’elle est utilisée de manière systématique peut permettre des acquisitions sans saturation de la graisse (EUSOBI). L’utilisation du lexique et des catégories du BI-RADS de l’ACR est conseillée [3]. Côté indications, elles sont identiques pour les 2 sociétés avec la formule côté ACR de « may be » (peut être indiqué) alors que l’EUSOBI est plus tranchée utilisant des termes tels que «recommandé» dans certaines indications (ex : IRM pré- opératoire dans les cancers lobulaires infiltrants). L’ACR détaille, dans le staging des cancers du sein, d’indiquer dans le compterendu : la taille des lésions (3D), de préciser leur distance / mamelon et la distance la plus proche /peau et la paroi thoracique, la distance des lésions entre elles. L’EUSOBI elle, rappelle les critères de l’évaluation de la réponse au traitement (critères RECIST) [4]. Dans le dépistage des femmes à haut risque, les 2 sociétés posent comme préalable à cette prise en charge une consultation spécialisée évaluant le risque ; l’EUSOBI calque ses indications de dépistage sur les recommandations de l’American Cancer Society publiées en 2007 [5] Concernant la problématique de la prise en charge des rehaussements isolés IRM de catégorie 4 ou 5 selon le BI- RADS, l’ACR précise que l’interventionnel sous IRM est un ajout «précieux» de l’IRM diagnostique. Quant à l’EUSOBI, elle indique que tout site pratiquant de l’IRM mammaire doit être capable de faire de l’interventionnel sous IRM sur site ou via un réseau extérieur clairement identifié qui le fera. Maintenant, intéressons nous aux recommandations émanant de groupes interdisciplinaires tel que le National Comprehensive Cancer Network (2008) ou l’ACR (chirurgiens, pathologistes et radiologues) sur l’indication de l’IRM pré- opératoire des cancers du sein (2006) [6-8]. Pour le NCCN, les principes sous-tendant l’IRM dans un tel contexte (cancers du sein) sont : notion d’expertise en imagerie mammaire et de participation à la prise en charge multi- disciplinaire, protocole optimal d’acquisition des images, accès sur le site à l’interventionnel sous IRM. L’intérêt de l’IRM pré- opératoire est gradé en niveau de preuve 2B (pas de data disponible sur l’impact sur la récidive locale ou la survie) ; est jugé potentiellement utile en cas de seins denses, dans les présentations N+ isolées ou de maladie de Paget du mamelon, et dans l’évaluation de la réponse au traitement néo-adjuvant. Le problème des faux positifs est rappelé. Pour l’ACR que ce soit dans la prise en charge d’un cancer invasif ou un cancer canalaire in situ (traitement conservateur), l’IRM est décrite comme utile dans les cancers invasifs en soulignant bien le problème de faux positifs et des difficultés à biopsier sous IRM, l’absence de données sur son impact à moyen et long termes. Pour les lésions in situ, la meilleure sensibilité de l’IRM versus mammographie est décrite avec nécessité d’analyse des rehaussements additionnels du fait d’une tendance à sur-estimer l’extension dans ce type de pathologie. Pour information, dans les auteurs, côté chirurgie, on retrouve le Dr Monika Morrow, célèbre pour sa remise en question de l’IRM dans cette indication. III - Pratique de l’IRM aux Etas-Unis En attendant nos résultats en France, voici ceux (les principaux) d’une enquête réalisée aux Etats –Unis auprès des 1696 membres de l’American Society of Breast Imaging (réponses par site) entre Septembre 2006 et Janvier 2007. Un total de 754 enquêtes a été analysé, sachant que certaines questions n’ont pas eu de réponses. L’IRM mammaire est réalisée par 75.5% des sites. Dans ceux ne la proposant pas, on note 5.6% de sites sans radiologues experts et 5.6% non intéressés. La majorité font jusqu’à 10 examens par semaine (67.6%), seuls 2% entre 35 et 50 examens et 0.9% plus de 50/semaine (553 réponses). La demande d’examen est considérée comme fréquemment justifiée (72.6%) voire toujours dans 10.6% et 83.2% des interrogés considèrent que les médecins référents suivent la recommandation d’un examen IRM. Cependant, 56.5% pensent que le médecin référent répond en fait au souhait des patientes d’avoir cet examen. Concernant les indications : les plus communes concernent le dépistage de populations à risque : mutation BRCA (90.4%), femmes avec un antécédent de cancer du sein au premier degré (mère ou soeur) survenu à un âge jeune (74.7%), antécédent personnel de cancer du sein (66.7 %) ou de lésions histologiques à risque (61.1%). Il est intéressant de noter qu’un seul antécédent familial de cancer du sein au 1er degré survenu après la ménopause constitue 23.2% d’indications. Vingt pour cent concerne le bilan pré-opératoire d’un cancer du sein. Sur 550 enquêtes, la majorité (96.9%) travaille avec une machine de 1.5 Tesla, réalise toujours une exploration bilatérale (90.3%), le plus souvent dans le plan axial (73%). L’interprétation des examens (549 réponses) est réalisée dans 69.2% par des radiologues certifiés en imagerie du sein (MQSA) interprétant des mammographies plus de 50% de leur temps de travail. A l’inverse, 18.7% sont des radiologues uniquement spécialisés en IRM mammaire. Pour cette interprétation (552 réponses), 47.3% travaillent sur console et sans système expert, 7.4% avec un CAD, et 2% sur films uniquement. Quarante six pour cent (n= 551) n’interprètent jamais ou rarement l’IRM sans corrélation avec l’imagerie standard. Concernant les gestes interventionnels sous IRM (repérages, biopsies), 393 sites en font (52.1 %), seuls 7.4% ne font que du repérage, 18.3% des biopsies et la majorité les deux. Soixante dix pour cent ne font pas d’interventionnel sans répéter l’examen IRM si ce dernier vient de l’extérieur ; 53.6% font une échographie ciblée. Ceci soulève des problèmes de remboursement des examens et la piste d’une organisation entre centres sans interventionnel et centres avec est soulevée. La relecture d’examens IRM venant de l’extérieur est pas ou rarement effectuée (77.4%). Les centres académiques se distinguent significativement des centres non académiques pour : l’accès 1 : Service de Radiologie, Institut Curie 26 rue D’Ulm 75248 Paris Cedex 05 Tél : 01 44 32 42 00 - Fax : 01 44 32 40 15 - E-mail : [email protected] 2 : Service de Radiologie, Centre Oscar Lambret, Lille 78 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 79 l’IRM mammaire, la relecture d’examens venant de l’extérieur, le dépistage, des radiologues experts avec une activité mammographique de plus de 50% et l’accès aux gestes interventionnels. La question de l’extension du MQSA incluant l’IRM est soulevée dans la conclusion de l’article. IV - Conclusion L’IRM arrive à maturité en ce qui concerne la technique. Ceci, accompagné de l’utilisation du lexique BI- RADS, devrait améliorer la comparaison entre des études issues de sites différents, faciliter les essais multicentriques et tout simplement la compréhension entre les radiologues et les autres spécialités en charge de la pathologie mammaire. Concernant les indications, elles convergent avec des degrés différents allant de « conseillé » à « recommandé ». En fait, on voit bien que l’extension des indications soulève le problème de l’accessibilité aux gestes interventionnels sous guidage IRM. Il paraît donc important de ne pas méconnaître ce problème en augmentant nos indications en particulier aux femmes porteuses d’un cancer du sein. Il est intéressant de voir dans enquête nord – américaine que plus d’un site sur 2 propose de l’interventionnel. En attendant des produits de contraste plus discriminants et de l’imagerie fonctionnelle fiable sur de petites lésions, il nous faut développer un tel réseau de prise en charge en France à l’échelon régional afin d’éviter des déplacements et des délais longs chez les patientes. Ceci nous rendrait également crédibles auprès de nos collègues chirurgiens : détecter des lésions surnuméraires « non étiquetées » chez une femme avec un cancer leur complique plus la prise en charge qu’elle ne l’aide. V - Références 1) ACR practice guideline for the performance of magnetic resonance imaging (MRI) of the breast. Site internet: www.acr.org 2) Mann RM, Kuhl CK, Kinkel K, Boetes C. Breast MRI: guidelines from the European Society of Breast Imaging. Eur Radiol 2008; 18: 1307-18 3) ACR BI-RADS -IRM. Première édition Française basée sur la 1ère édition américaine, 2004. American College of Radiology (ACR). ACR-BIRADS- Magnetic Resonance Imaging. In : ACR Breast imaging reporting and data system, Breast Imaging Atlas. Reston, Va: American College of Radiology, 2003 4) Therasse P, Arbuck SG, Eisenhauer EA et al. New guidelines to evaluate the response to treatment in solid tumors. J Natl Cancer Inst 2000; 92: 205-16 5) Saslow D, Boetes C, Burke W et al. American Cancer Society guidelines for breast screening with MRI as an adjunct to mammography. CA Cancer J Clin 2007; 57: 75-89 6) Practice guidelines in oncology: breast cancer (version 1. 2009). National Comprehensive Cancer Network. Site internet: www.nccn.org 7) ACR practice guideline for breast conservation therapy in the management of invasive carcinoma (revision 2006). Site internet: www.acr.org 8) ACR practice guideline for the management of ductal carcinoma in-situ of the breast (DCIS). (revision 2006). Site internet: www.acr.org 9) Bassett LW, Dhaliwal SG, Eradat J et al. National trends and practices in breast MRI. AJR 2008; 191: 332-9 ACR Technique Indications EUSOBI 1.5 Tesla, Antenne Sein Epaisseur de coupe ≤3 mm Résolution: 2.5 x2.5 mm Dose 0.1 mmole/kg, bolus 1 série dynamique avant injection 1ère série après injection ≤ 5 min Lexique BI-RADS IRM Accès à l’interventionnel 1.5 Tesla, Antenne Sein Epaisseur de coupe ≤ 2.5 mm Résolution: 2 x2 mm Dose 0.1 mmole/kg, bolus Séries standard : T1 ou T2 1 série dynamique avant injection Temps d’acq. de 1-2 min 2 séries après injection au minimum Temps d’analyse après injection : 5-7 min Lexique BI-RADS IRM Accès à l’interventionnel ACR0 Mammo/écho Traitement néo-adjuvant Bilan d’un cancer lobulaire invasif Bilan d’un cancer canalaire invasif Recherche d’un primitif (N+,M+) Récidive sur sein recosntruit Prothèses Invasion muscle pectoral, paroi Screening sein CL à un cancer Evaluation maladie résiduelle Dépistage femmes à haut risque Récidive locale (ttt conservateur) ACR0 Mammo/écho Bilan ACR5 ou 6 (denses, CLI, CLatéral) Recherche d’un primitif (N+,M+) Réponse au traitement néo-adjuvant Récidive locale ( ttt conservateur) Dépistage Prothèses mammaires Tableau 1 : Recommandations techniques et indications de l’IRM pour l’ACR et EUSOBI. [1-2] 80 du 19 au 21 mars 2009 Chapitre 6 : IRM mammaire 81 82 du 19 au 21 mars 2009 Notes 83