L’évaluation en arts visuels Les nombreuses recherches effectuées en sciences de l’éducation ont permis d’identifier le concept d’évaluation et de préciser son rôle dans la transmission des savoirs et l’acquisition des compétences. La notation Elle représente l’estimation chiffrée, plus ou moins subjective, du degré de conformité de la réponse donnée par rapport à un objectif à atteindre. La notation est un acte administratif. L’évaluation formative Elle est tournée vers l’élève : - Elle s’inscrit dans la durée d’un parcours pédagogique. - Elle est au service du dispositif d’apprentissages et accompagne le mouvement de progression en l’éclairant. - Elle se propose d’aider l’élève à repérer, analyser, comprendre les développements positifs ou négatifs de son parcours. Evaluer, c’est faire prendre conscience de ce qui est découvert et compris plutôt que le mesurer. « La fonction de l’évaluation n’est pas de récompenser ou de sanctionner » mais de faire émerger les potentialités cognitives d’une expérience. L’erreur n’est plus alors perçue comme l’antithèse de la réussite ; elle devient un élément inhérent au processus d’apprentissage et donc un engagement sur la voie de la connaissance. Evaluation formative et arts visuels Comme le précise Bernard-André GAILLOT : « Ce qu’il nous faut évaluer, c’est l’élève comme individu porteur de potentiel, en chemin vers l’autonomie, sur un terrain, celui des AP, qui ne tolère aucun modèle de référence. », dans « Arts plastiques, éléments d’une didactique-critique », puf – l’éducateur, 196 pages, p. 183. Pour chaque séance l’enseignant énonce ses attentes en termes de comportements, attitudes opératoires et postures face à l’identité du travail proposé. L’auto-évaluation est un outil didactique essentiel. «Etre capable de juger du résultat, c’est déjà comprendre ce qui était en jeu, c’est aussi avoir prise sur la démarche qui a conduit à ce résultat. Développer la faculté « métacognitive » est aujourd’hui désigné comme un objectif majeur de toute formation, donc de l’évaluation. » (id.) Que peut-on évaluer ? - Une production plastique Selon les cycles, les repères d’évaluation pourront être construits avec les élèves : Ma production est-elle une réponse valide à la demande ? Ai-je respecté les contraintes formelles ? Ma proposition est-elle singulière et personnelle ? en quoi ? Mon travail est-il cohérent, rigoureux ? Mon travail est-il lisible ? Ai-je effectué des choix plastiques précis et pertinents par rapport à mon intention ? Ai-je réalisé un objet riche plastiquement ? Cette liste n’est pas exhaustive et doit être adaptée, complétée selon les dispositifs. - Des attitudes spécifiques (savoir être) • • • • Attitude de recherche, prospectrice, exploratoire : ouverture d’esprit, curiosité. Investissement personnel, dynamisme, mobilisation de ses propres ressources (forces physiques, intellectuelles et forces de l’affect). Esprit d’initiative, capacité d’adaptation, opportunisme. Ecoute, attention, concentration. - Des compétences méthodologiques • • • • Elaborer un projet en établissant une chronologie des opérations à réaliser. Prendre la mesure des moyens dont on dispose, de ses propres capacités techniques et de l’objectif final. S’organiser matériellement pour obtenir le résultat escompté avec la plus grande efficacité. Gérer le temps et l’espace. Quand et comment évaluer ? Pendant la pratique L’évaluation peut être directement liée à l’attitude de l’enseignant pendant la séance. Attentif à la progression de chaque élève, il observe les différents parcours engagés (attitude constructive, créatrice et singulière ou attitude stérile, occupationnelle ; enfermements dans des problèmes techniques insolubles ou démesurés, perte de temps). Il mesure l’opportunité de son intervention afin d’aider l’élève à s’orienter dans ces temps d’apprentissages essentiels que sont les «paliers de décision » (mise en relation des choix techniques et plastiques et des enjeux artistiques). Il peut juger utile d’interrompre la séance pour mettre en évidence un événement particulier et en dégager un contenu d’enseignement, ou pour réorienter ou dynamiser le travail. Dans une situation de recherche active, l’élève est confronté en permanence à l’obligation d’avoir à effectuer des choix, c’est à dire à évaluer la pertinence de tel outil, tel support, tel geste, tel assemblage compte tenu du sens de son projet. Dans les temps de verbalisation ou de productions d’écrits En donnant la parole aux élèves sur leurs propres productions et celles de leurs camarades. En leur permettant d’énoncer leurs étonnements et en dépassant les jugements de valeur superficiels et stéréotypés (c’est beau, c’est pas beau, j’aime pas, ça ne représente rien, etc.) En leur permettant de confronter leurs points de vues à ceux des artistes. Cependant, en voulant faire de l’évaluation un outil d’apprentissage essentiel, l’enseignant ne doit pas transformer une attitude créatrice vivante, animée par le plaisir, le désir de faire et par la gratuité de l’acte, en exercice scolaire desséchant et stérile, vidé de sa dynamique interne. Nous rejoignons ici un des principes essentiels de la didactique des arts visuels : trouver un juste équilibre entre «affranchir et encadrer ».