Qu'est-ce que le fascisme ?
C'est ce point de vue que je veux exposer aujourd'hui à mes lecteurs de « Kaizo », afin de les mettre au courant des
conditions particulières dans lesquelles se poursuit en Europe la guerre de classes.
Sans doute, n'ayant pas assisté personnellement à la tragique soirée du 23 avril, je ne pouvais déposer sur les faits
concrets et précis de ce drame.
Et tout en déplorant profondément la mort violente de plusieurs jeunes gens, je ne pouvais, en ce qui concerne la
matérialité de l'événement, qu'émettre cette opinion objective : en tout état de cause, ce sont les fascistes qui en se
rendant en nombre et en rang, dans les conditions où ils l'ont fait, rue Damrémont, ont provoqué le malheur, et en
portent toute la responsabilité.
Puis je me suis empressé de déclarer aux jurés que si l'on voulait pénétrer et comprendre ce drame, il fallait pénétrer
dans le drame plus grand et plus meurtrier qui le domine et qui l'explique, et qui est celui du fascisme international.
Le fascisme étant un grand fait de l'histoire contemporaine, en envisageant ce fait, on ne sortait pas de la cause qui
était à juger, mais au contraire on y entrait en plein. On ne peut pas parler avec précision, ni même avec loyauté,
d'un épisode de guerre civile, si on ne parle pas de cette guerre civile elle-même et du caractère qu'elle a pris.
Or, en ce moment, le fascisme enserre le monde entier ou se prépare à le faire. Cette prise en possession signifie et
annonce bien des menaces et bien des catastrophes futures, et c'est, en vérité, un cri d'alarme, un cri d'angoisse,
que doivent pousser ceux qui ont le sens des réalités.
Qu'est-ce exactement que le fascisme ? La création et l'évolution du fascisme résultent de l'état de malaise et
d'incertitude, des difficultés grandissantes de la vie, des menaces économiques et autres, qui surgissent de toutes
parts, en un mot de la situa-tion précaire où se débattent actuellement dans presque tous les pays toutes les
couches moyennes de la population.
Le vrai moteur du fascisme, ce sont les pouvoirs d'argent, qui ont su et qui ont pu, grâce aux moyens gigantesques
de publicité, de propagande et d'action dont disposent ceux qui disposent des richesses, attacher à leur politique la
petite et la moyenne bourgeoisie en canalisant dans le sens de la conservation et de la réaction sociale son
mécon-tentement, ses appréhensions et ses souffrances.
Nul ne peut contester que de nos jours, et dans les institutions actuelles, tout ce qui est fait d'essentiel est plus ou
moins conduit par les grands détenteurs du capital.
Si le capitalisme, c'est à dire la main mise de l'oligarchie de l'argent sur les choses sociales, a toujours plus ou moins
conduit les affaires humaines, cette emprise et arrivée aujourd'hui à toute sa plénitude.
Ce ne sont pas seulement les capitalistes américains qui l'affirment (et ils ont l'autorité de le faire), ce sont tous les
économistes et tous les observateurs, à quelque opinion ou à quelque caste qu'ils appartiennent.
Or, partout le capitaliste a suscité le fascisme. Il l'a mis sur pied et lui a donné l'élan. Et ce n'est un secret pour
personne que le fascisme italien et tous les autres fascismes nationaux sans exception se sont accrus grâce à
l'appui financier de la grande bourgeoisie riche, de la grande industrie et des banques.
Le fascisme sort du capitalisme. Il en est la résultante logique, le produit organique.
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