Paediatr Child Health Vol 3 No 4 July/August 1998 263
GUIDE DE
PRATIQUE
CLINIQUE DE
LA SOCIÉTÉ
CANADIENNE
DE PÉDIATRIE Le dépistage des troubles
de la vue chez les nourrissons
et les enfants
Le dépistage périodique des troubles de la vue a toujours été orienté vers les enfants d‘âge
préscolaire afin favoriser une détection précoce de l‘amblyopie (une réduction de la qualité
de l’acuité visuelle centrale corrigée résultant d’une défaillance de la formation de l’image réti-
nienne) (1). Les deux causes les plus courantes de cette perte d’acuité visuelle sont le strabisme
et l’inégalité du pouvoir réfractif. L’amblyopie, dont la prévalence est d’environ 1%à5%,estla
principale cause de perte d’acuité visuelle unilatérale chez les personnes de 20 à 70 ans.
Il semble que les inconvénients de ce trouble justifient un dépistage universel, mais des étu-
des récentes et approfondies de la documentation scientifique fondée sur des faits ont permis
de soulever des questions importantes quant à la validité et à la fiabilité des tests de dépistage
actuels (2,3). De plus, on ne connaît pas encore toutes les répercussions de la détection précoce
de l’amblyopie sur l’issue du traitement.
L’émergence du dépistage photographique à l’aide de méthodes photographiques ou infor-
matiques et vidéos constitue une innovation remarquable des techniques de dépistage. Le po-
tentiel de cette technique pour déceler les cas de strabisme, d’inégalité du pouvoir réfractif et
d’amblyopie est à la fois intéressant et très encourageant. Cependant, il n’existe pas assez d’étu-
des de cohortes bien conçues et d’essais aléatoires et contrôlés pour faire de cette technique la
modalité d’élection du dépistage des troubles de la vue.
Malgré ces restrictions, tous les enfants devraient subir un examen à l’âge préscolaire afin de
déceler les cas d’amblyopie ou ses facteurs de risque, de même que les maladies oculaires aux
conséquences graves, comme le rétinoblastome et les cataractes. Le pédiatre est bien placé
pour procéder à un examen périodique des yeux de l’enfant afin de détecter les pathologies,
sans compter qu’il participe au dépistage des facteurs de risque périnatals ou génétiques, mais
de nombreux intervenants des secteurs publics et privés se partagent la responsabilité du dé-
pistage des troubles de la vue. Afin de porter au maximum la sensibilité et la spécificité des ta-
bleaux optométriques servant au dépistage, il est essentiel que le responsable de l’examen soit
formé pour faire passer un test donné avec efficacité. C’est au pédiatre de l’enfant de s’assurer
que ces tests sont exécutés par le personnel le plus compétent.
On peut énoncer des recommandations fondées sur les connaissances en l’ophtalmologie du
développement pédiatrique (4-6) et les données épidémiologiques actuelles (2,3,7,8). La fré-
quence des examens préconisée dans ce guide tient compte de la période critique de détection
de l’amblyopie et permet d’accroître les possibilités de dépistage chez l’enfant.
LE DÉPISTAGE DES TROUBLES DE LA VUE EN PÉDIATRIE*
A. De la naissance à trois mois
·Un examen complet des structures cutanées et des structures externes de l’œil ainsi que
de la conjonctive, de la cornée, de l’iris et des pupilles fait partie intégrante de l’examen
physique de tous les nouveau-nés.
·On vérifie le reflet rétinien en cas d’opacité du cristallin (cataractes) et de signes de
maladie de l’œil postérieur (rétinoblastome).
·L’absence de reflet rétinien ou des anomalies de ce reflet justifient une consultation avec
un ophtalmologiste.
·On vérifie le réflexe cornéen pour déceler les cas de désalignement oculaire.
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B. De six à douze mois
·On procède aux examens précédents.
·On vérifie de nouveau l’alignement oculaire afin de
déceler les cas de strabisme. Le réflexe cornéen doit
être symétrique et le test de l’écran, normal.
·On observe la fixation et la poursuite.
C. De trois à quatre ans
·On procède aux examens précédents.
·On effectue un examen de l’acuité visuelle au moyen
d’un optotype (tableau optométrique ou planches
d’Allen).
·Un enfant dont l’acuité visuelle est inférieure à 20/30
devrait être adressé à un ophtalmologiste.
D. Cinq ans
·On procède aux examens précédents.
E. De six à dix-huit ans
·On réévalue l’acuité visuelle tous les deux ans jusqu’à
l’âge de dix ans, puis tous les trois ans par la suite (à
l’aide des planches de Snellen, par exemple).
*Adapté des recommandations du Preschool Vision
Screening Program de l’American Academy of Pediatrics,
1992.
RÉFÉRENCES
1. Friendly DS. Amblyopia: Definition, classification, diagnosis, and
management considerations for pediatricians, family physicians, and
general practitioners. Pediatr Clin North Am 1987;34:1389-401.
2. Simons K. Preschool vision screening: Rationale, methodology and
outcome. Surv Ophthalmol 1996;41:3-30.
3. Feightner JW. Routine preschool screening for visual and hearing
problems. Canadian guide to clinical preventive health care. The
Canadian Task Force on the Periodic Health Examination. Ottawa:
Public Works and Government Services Canada 1994.
4. Wasserman RC, Croft CA, Brotherton SE. Preschool vision screening
in pediatric practice: A study from the Pediatric Research in Office
Settings (PROS) Network. Pediatrics 1992;89:834-8.
5. Reinecke RD. Ophthalmic examination of infants and children by the
pediatrician. Pediatr Clin North Am 1983;30:995-1002.
6. Friendly DS. Development of vision in infants and young children.
Pediatr Clin North Am 1993;40:693-703.
7. Fulton A. Screening preschool children to detect visual and ocular
disorders. Arch Ophthalmol 1992;110:1553-4. (Edit)
8. Catalano RA, Nelson LB. Pediatric Ophthalmology. A Text Atlas.
Norwalk: Appleton and Lange, 1994.
COMITÉ DE LA PÉDIATRIE COMMUNAUTAIRE
Membres : Docteurs Fabian P Gorodzinsky, London (Ontario); Nasirmohamed Jetha, Vancouver (Colombie-Britannique); Denis Leduc,
Montréal (Québec) (président, auteur principal); Paul Munk, Toronto (Ontario) (administrateur responsable); Peter G Noonan, Charlottetown
(Île-du-Prince-Édouard); Sandra Woods, Val-d’Or (Québec)
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Guide de pratique clinique de la SCP: MS 98-01
Les recommandations du présent guide de pratique clinique ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement ex-
clusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes.
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