Maison du Nord et maison du Suda − Juste au nord, elles se différencient par
leurs éléments décoratifs relevant respectivement de la Haute et Basse-Égypte
− les chapiteaux papyriformes sont typiques du nord. Au-dessus de l’entrée
de la première on voit une frise khekeérou figurant des faisceaux de végétaux
noués utilisés dans l ’architec ture en bois pour fixer des p arois. Détail : les colon-
nes protodoriques, actuellement hautes de 3 m, mesuraient près de 12 m. À
l’intérieur, des graffitis en hiératique ont été tracés par des « touristes » de la
XXVIII
e
dynastie ; ils comportent la première mention, à Saqqara, de Netjery-Khet
sous le nom de Djéser.
Dans la maison du Sud, Imhotep fait apparaître pour la première fois dans l’archi-
tecture de son pays trois types de corniche décorative : le tore (moulure pleine
arrondie), la gorge égyptienne (en creux et en forme de feuille) et le rouleau (une
natte enroulée).
Serdaba − Au Musée égyptien du Caire se trouve la plus ancienne sculpture
égyptienne en grandeur réelle, celle du roi Djéser, assis dans une attitude de
souveraine aisance. La statue regardait en direction du nord pour pouvoir voir
les étoiles situées au nord de la voûte céleste, car l’Ancien Empire y localisait
le monde de l’au-delà, donc la vie éternelle. Cette statueaa fut découverte
dans le serdab situé à l’ouest de la maison du Nord. En regardant par les trous
percés dans la façade, on y voit une copie en plâtre. Par cette statue, le roi
pouvait voir et recevoir des offrandes. En considérant qu’elle a été exécutée
vingt-sept siècles av. J.-C., on mesure toute la maîtrise artistique atteinte par
la III
e
dynastie qui marquait le début d’une ère nouvelle, aussi dans le domaine
de l’architecture.
Temple funéraire − Au pied de la face nord de la pyramide se trouvent les
ruines de ce temple, premier du genre. L’entrée de la pyramide était située
dans le dallage.
Pyramide à degrés de Djéseraaa
La pyramide a d’abord été fouillée en 1821 par le Prussien von Minutoli et l’Italien
Segato. Perring, Vyse et Mariette, puis Firth et Lauer leur succédèrent.
188
le caire et ses environs
L’homme − On ne sa it pas grand-chose
du deuxième pharaon de la III
e
dy-
nastie. Son nom, Djéser (ou Djoser),
n’apparaît que sous la XII
e
dy nast ie.
Sous son règne, il est désigné par le
nom d’Horus Netjery-Khet. Il a engagé
des expéditions dans le Sinaï ; la stèle
dite « de la famine », sur l’île Sehel à
Assouan, lui at tribue la conquête de la
Basse-N ubie. Compte tenu de la muta-
tion architecturale qui s’est opérée à
travers Imhotep (voir ci- dessous), il est
à supposer que ce roi fut un formida-
ble meneur d’hommes.
La pyramide − Ne se visite plus à cause
des risques d’effondrement. Telle qu’on
la découvre aujourd’hui, l’aïeule des
pyramides ég yptiennes ne se présente
plus exactement comme lors de son
achèvement. Les plaques de calcaire
qui la recouvrai ent ont disparu. Elle ne
constituait pas encore une pyramide
véritable : d’une part elle n’est pas
de plan carré (123 m pour les côtés
est nord et ouest sud, 107 m pou r
les deux autres), d’autre part elle est
formée de la superposition de six
mastabas et ne relève donc pas d’un
plan régulier du type de la pyramide
rouge (ou septentrionale) de Dachour, premier exemple parfait. En outre, son
sommet, qui culminait à 60 m, n’était pas couronné par un pyramidion mais
par une terrasse.
On peut parler d e superposition de mastabas pu isque Imhotep a conçu l’ensemble
à partir d’un mastaba initial agrandi successivement de deux autres et de trois
gradins qui en repre naient la forme. Même si les structures de ces édifices su cces-
sifs diffèrent légèrement entre elles, le résultat est totalement cohérent avec sa
forme d’escalier facilitant l’ascension de l’âme du roi vers le ciel. Fruit des calculs
d’Imhotep, cet te pyramide à six degrés n’est rien moins qu’un des mon uments les
plus anciens du monde.
L’intérieur de l’édifice, dont l’entrée se situait au nord, cache un véritable dédale
d’appartement s souterrains rayonnant autour d e la chambre sépulcrale bâti e en granit.
Un bloc de 3 t bouchait l’entrée de ce monde enfoui. Bien que pillés, les galeries et
les appartem ents ont néanmoins livré des millie rs de vases et de récipients de to utes
matières, ainsi que deux sarcophages en albâtre. Quant à la dépouille de Djéser, Lauer
n’en aurait retrouvé qu’un minuscule bout de pied momifié.
Le trou ouvert juste au sud de la pyramide correspond à une gal erie creusée sous la
XXVI
e
dynastie. On ne sait s’il était alors question de fouiller le monument ou de le
piller. On sait toutefois que près de 1 000 m
3
de matériaux furent dégagés.
Visiter
Y Bon à savoir – Il se peut que certains monuments soient fermés lors de votre
passage. Si vous souhaitez visiter l’ensemble ou ne fût-ce qu’une grande partie,
songez à empor ter avec vous des bouteilles d’eau.
À l’est dU complexe FUnÉraire de djÉser
Musée Imhotep
8h-17h - 30 £ - photos autorisées.
Ce musée inauguré en 20 06 présente le site de Djéser, son histoire ainsi qu e le travail
des archéolog ues qui ont effectué des rec herches autour du complexe funé raire. Une
salle est consacrée à l’archéologue Jean-Philippe Lauer qui a voué sa vie au site de
Saqqara et qui es t à l’initiative de l’ouverture de ce m usée. Les autres salles exp osent
de nombreuses tomb es et momies découvertes dans la rég ion, ainsi que des stèles,
statuettes, sarcophages mis au jour lors des fouilles de la nécropole.
saqqara
Imhotep, l’aube du génie
« Le chancelier du ro i de Basse-Égypte,
administrateur du grand palais, noble
héréditaire, grand-prêtre d’Héliopolis,
Imhotep, le constr ucteur, le sculpteur, le
fabricant de vas es de pierre. » Cette ins-
cription trouvée à Saqqara sur le socle
d’une statue de Dj éser fit sortir Imh otep
de la légende. En élevant la première
du genre, le vizir de ce roi inventa la
pyramide, don nant ainsi naissance à l’ar-
chitecture monumentale. L’imagination
créatrice d’Imhotep sortit la pierre de
son rôle de matériau d’appoint en uti-
lisant des blo cs de pierre taillé s et en les
disposant en assise. Il construisit donc
avec un matériau durable, comme s’il
voulait pétrifier à tout jamais la demeure
funéraire de s on pharaon.
Sous la XX VI
e
dynastie, la r enommée de
cet homme poly valent (vizir, architec te,
écrivain et médecin) devint telle qu’il
fut adoré comme un dieu guérisseur,
son culte se rép andant le long de la val-
lée du Nil, depuis l’île de Phiae jusqu’à
Saqqara. Même les Grecs s’en emparè-
rent en faisant d e lui le fils d’Héphaïsto s
et en le nommant Im outhès.
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