À la rencontre des héros

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SÉQ
U E NCE
Héros et Héroïsmes
p. 150–171
•À la rencontre des héros
OOPourquoi les écrivains imaginent-ils des héros ? Que révèle la diversité des figures
héroïques ?
Objectifs
• Découvrir des représentations diverses des héros et de
leurs actions.
• Comprendre le caractère d’exemplarité des héros et
l’intérêt qu’ils suscitent.
Présentation de la séquence
Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme :
« Agir sur le monde : Héros/héroïnes et héroïsmes ».
Les extraits qui servent de supports à la réflexion
des élèves proviennent de documents appartenant
à des genres différents (chants et récits épiques,
roman, bande dessinée, film, reproduction de
tableau) et s’échelonnent de l’Antiquité au xxie siècle
afin de proposer aux élèves un cadre très large
pour « s’interroger sur la diversité des figures de
héros et d’héroïnes et sur le sens et l’intérêt qu’elles
suscitent ». La confrontation entre des super-héros
qui leur sont familiers et des héros d’un passé très
ancien leur permettra à la fois de réfléchir à ce qu’il
y a de commun entre toutes ces figures et d’analyser
combien elles sont révélatrices de chacune des
civilisations dont elles incarnent les peurs et les rêves.
Bibliographie
• Dominique de Font-Réaulx, Frédérique Leseur, D’Hercule
à Dark Vador, Mythes fondateurs, Éditions courtes et
longues, Musée du Louvre éditions, 2015.
Un second ouvrage à l’attention des enfants, illustré par
Betty Bone et qui propose des activités ludiques autour
des œuvres de l’exposition.
Sites à consulter
• Le site de la BnF avec deux entrées très riches, le modèle
héroïque et la fabrique des héros. http://classes.bnf.fr/
heros/expo/salle1/index.htm
• Un lien vers la première exposition de la Petite Galerie
du musée du Louvre : « Mythes fondateurs, d’Hercule à
Dark Vador » présentée du 13 octobre 2015 au 4 juillet
2016. http://petitegalerie.louvre.fr/article/lexposition
• Une exposition sur Homère sur le site de la BnF.
http://expositions.bnf.fr/homere/index.htm
• Un site pour en savoir davantage sur l’art des aèdes.
https://www.reseau-canope.fr/tdc/tous-les-numeros/
homere/interview/article/la-lyre-des aedes.html
• Une exposition sur La Chanson de Roland sur le site de la
BnF. http://expositions.bnf.fr/livres/roland/
• Un dossier intéressant sur la construction de la bande
dessinée Sillage et une interview de son scénariste.
http://www.bdparadisio.com/intervw/sillage/intro.htm
• Joseph Campbell, Le Héros aux mille et un visages, éditions
Oxus, 2010.
À l’attention du professeur, cet essai montre que
quasiment tous les héros, de quelque époque ou culture
que ce soit, suivent dans les grandes lignes le même
schéma.
© Éditions Belin, 2016
• Dominique de Font-Réaulx, Frédérique Leseur, D’Hercule
à Dark Vador, Mythes fondateurs, Louvre éditions du Seuil,
2015.
Un premier ouvrage destiné aux adultes qui propose
une très belle iconographie et une mise en perspective
intéressante en lien avec l’exposition de la Petite Galerie du
musée du Louvre : « Mythes fondateurs, d’Hercule à Dark
Vador » présentée du 13 octobre 2015 au 4 juillet 2016.
8. À la rencontre des héros
91
p. 153
Les incarnations modernes des héros sont nombreuses
et très connues des élèves, c’est donc la porte d’entrée
idéale pour lancer la réflexion et les amener à interroger
la filiation entre les héros contemporains et les héros
célèbres de la littérature.
Plongez dans le monde des héros 1. Ce qui permet de reconnaître au premier coup d’œil qu’il
s’agit de héros et d’héroïnes, c’est surtout leur attitude :
à l’exception de Batman, ils sont en marche, l’arme à la
main, prêts à attaquer. Il se dégage de leurs regards une
détermination que l’on sent implacable. Quant à Batman,
en costume et armé lui aussi, un sentiment de puissance
émane de sa posture du fait qu’il nous est présenté en
contre-plongée dominant une cité en flammes.
2. Batman est reconnaissable à son costume et on devine,
grâce à l’arrière plan de l’image, qu’il agit dans une cité
moderne, Gotham City. Au-dessus de lui, on identifie un
héros de l’antiquité grâce à son armure et aux quelques
soldats qu’on aperçoit en arrière-plan. En effet, il s’agit
d’Achille joué par Brad Pitt dans le film La Guerre de Troie.
À sa droite, c’est également grâce à l’armure mais aussi au
cheval et à l’armée qui apparaît en arrière-plan qu’on peut
identifier un chevalier. Il s’agit d’Aragorn joué par Vigo
Mortensen dans le film Le Seigneur des anneaux. Quant à
l’héroïne sur l’image du bas à droite, elle avance, accompagnée d’un robot, dans un univers futuriste. On peut
apercevoir derrière elle deux vaisseaux spatiaux de guerre.
Il s’agit de Rey, héroïne du film Star Wars, Épisode vii.
3. On pourra aider les élèves à faire le choix parmi une
liste d’héros et d’héroïnes (de livres, de bandes dessinées,
de films ou encore de séries télévisées). Ce travail peut
également être fait par groupe de trois : un premier élève
fera la description du héros choisi, le deuxième racontera
un de ses exploits, le troisième décrira ou trouvera une
image pour le représenter.
Lecture 1
p. 154-155
Achille face aux dieux Objectifs
• Comprendre la force et les limites d’un héros.
• Découvrir un récit épique.
OOComment la force et les limites du héros se
manifestent-elles dans cette scène ?
Découvrir le texte
1. Le narrateur appelle le héros « le divin Achille » car il
a des origines divines. Achille est le fils de Pélée, roi des
Myrmidons (en Thessalie) et de la nymphe Thétis, fille du
dieu marin Nérée. Quand il était bébé, sa mère, Thétis l’a
trempé dans le fleuve des Enfers, le Styx, ce qui l’a rendu
invulnérable sauf au talon droit, par lequel sa mère l’a tenu
pendant qu’elle le plongeait dans le fleuve.
Analyser et interpréter le texte
Le courage du héros
2. Dans le premier paragraphe, la phrase qui insiste sur les
difficultés d’Achille se trouve ligne 6 : « le héros chancelait
sur ses pieds ». Le héros a des difficultés, il est en danger
face au fleuve et n’est pas rassuré, comme le montre la
phrase suivante, ligne 9 : « Achille sortant de l’eau, s’élança
dans la plaine, effrayé ».
3. La comparaison qui met en évidence les capacités
physiques d’Achille se trouve aux lignes 12 et 13 : « Le fils
de Pélée bondissait, aussi vif que l’aigle noir, l’aigle chasseur,
le plus fort et le plus rapide des oiseaux. » Cette comparaison
met en valeur la rapidité et la force d’Achille en les comparant à celles d’un aigle puissant.
4. La répétition de l’expression « chaque fois » nous montre
que le dieu fleuve ne laisse aucun répit à Achille. La ténacité
d’Achille est mise en avant, il ne cesse de lutter.
5. Les verbes d’action sont très nombreux et sont attribués
aux deux protagonistes : le dieu fleuve qui attaque et Achille
qui résiste. Le dieu fleuve : « se gonfla, soulevait, rejetait, se
levait, se pressait, s’élança, poursuivait, pressait, s’abattait,
dressait » ; Achille : « sauta, s’élança, bondissait, se dérobait,
repartait ». Ils traduisent ainsi l’évolution de la lutte entre
les deux adversaires.
La toute-puissance des dieux
6. La puissance du fleuve-dieu peut se lire dans les verbes
d’action qui lui sont attribués et qui indiquent que c’est
lui qui attaque inlassablement Achille. Cette puissance
est renforcée par les adjectifs qui le décrivent : « furieux,
tumultueux, terrible, puissant ». La comparaison ligne 3 :
« en mugissant comme un taureau » exprime également la
puissance du fleuve-dieu, le taureau étant un animal connu
92
© Éditions Belin, 2016
Entrer dans la séquence
pour sa force. Même si Achille est courageux, c’est le fleuvedieu qui est le plus fort car comme on peut le lire ligne 16 :
« les dieux sont plus forts que les hommes ».
7. Les verbes qu’Héra emploie lorsqu’elle s’adresse à
Héphaïstos sont au mode impératif « va, affronte, allume,
brûle, livre-le, ne cède, ne calme pas ». Nous pouvons en
déduire que le personnage d’Héra a de l’autorité. En effet,
dans la mythologie Héra est la femme de Zeus, dieu suprême,
et la mère d’Héphaïstos.
8. Achille ne pourrait s’en sortir sans l’intervention des dieux
car la violence du fleuve-dieu ne cesse de croître, lignes
22-23 : « la colère du Scamandre ne cessait de grandir ; il
dressait ses eaux contre le fils de Pélée. » La manière dont
Héra intervient montre bien que la situation était devenue
intenable pour Achille, lignes 24-25 : « Alors Héra poussa
un grand cri : elle craignait que le grand fleuve aux profonds
tourbillons n’engloutît Achille. »
S’exprimer à l’écrit
Rédiger la suite du texte
9. L’analyse des paroles d’Héra dans les dernières lignes
du texte donnera des indices aux élèves pour imaginer les
actions d’Héphaïstos. Les élèves seront invités à s’inspirer
de la structure du récit mais, cette-fois, c’est le fleuve-dieu
qui sera mis en difficulté et Achille, lui, reprendra la maîtrise
de la situation.
Cet exercice permettra aux élèves de réinvestir les procédés repérés lors de l’analyse du texte et, ainsi, de se les
approprier.
Bilan
Achille se comporte comme un héros dans cet extrait car,
malgré la violence croissante des attaques du fleuve-dieu
et le danger grandissant, il persévère en mobilisant toutes
ses forces.
L’HISTOIRE DES MOTS Les autres mots du dernier paragraphe qui appartiennent au
champ lexical de la chaleur sont : « allume, flammes, brûle, feu ».
Lecture 2
p. 156-157
Le courage des héros
Objectifs
• Étudier deux figures de héros complémentaires.
• Découvrir une chanson de geste.
OOComment exprimer les choix d’un héros ?
Découvrir le texte
1. La version originale de La Chanson de Roland est écrite en
ancien français, langue encore très marquée par la langue
latine dont elle est issue mais où certains mots sont très
faciles à reconnaître. Les élèves pourront citer : « Rollanz et
Olivers, est, sages, merveillus, vasselage, chevals, armes,
bataille ». D’autres mots sont plus éloignés du français
moderne mais sont néanmoins identifiables : « proz, unt,
sunt, pur, murir, n’eschiverunt ». En revanche, « ambedui »
nécessite d’être examiné de près pour reconnaître « deux »
en « dui » et en déduire que ce mot a donné naissance à
« tous les deux ».
On pourra mener les observations supplémentaires suivantes
avec les élèves.
Outre le fait que la plupart des mots sont aisément reconnaissables, la compréhension est facilitée par la syntaxe. L’ordre
des mots dans la phrase est le même qu’en français moderne,
la forme négative est marquée par la lettre « n ». On peut
reconnaître les verbes grâce à la présence d’une désinence qui
varie selon le sujet et le temps : est/unt, unt et erunt. Le « s »
final marque le pluriel des noms : « chevals, armes » sauf pour
les prénoms de Roland et Olivier où il s’agit de la survivance
du « s » latin qui indiquait le cas sujet comme dans dominus,
même explication pour le « s » de sages, adjectif qui s’accorde
avec le sujet du verbe être, Olivier.
Ces observations permettront d’éveiller la curiosité linguistique des élèves en leur faisant prendre conscience de la
dimension historique de l’orthographe française.
2. Ce passage correspond aux lignes 17 à 19 de l’extrait. On
remarque que la traduction en français moderne est en prose
alors que le texte original est en vers, les chansons de geste
étant destinées à être chantées ou psalmodiées.
© Éditions Belin, 2016
Analyser et interpréter le texte
Un portrait héroïque
3. Les mots de la laisse 85, « bataille, frapperai, coups,
sanglant, frapperont » correspondent au champ lexical
du combat. Les qualités héroïques mises en avant sont le
courage et la persévérance dans le combat comme le montre
la répétition du verbe « frapper » employé au futur.
4. Roland prévoit de frapper « mille et sept cents coups » ; ce
nombre est exagérément important, il s’agit d’une hyperbole.
8. À la rencontre des héros
93
Deux conceptions du courage
6. Roland refuse de sonner de l’olifant pour préserver l’honneur
de la France et ne pas connaître la honte, lignes 13-15 : « Ne
plaise au seigneur Dieu, ni à ses anges, que jamais la France
ne perde son honneur à cause de moi. Mieux vaut la mort que
la honte ! » La valeur la plus importante pour lui est l’honneur.
7. Olivier est sage car il fait preuve de réalisme. Il a dès le
départ été capable de mesurer que le rapport des forces en
présence ne leur laissait aucune chance de gagner ; c’est pourquoi il conseille à Roland de sonner de l’olifant dans les laisses
85 et 86. Dans la laisse 87, l’évolution de la situation confirme
sa sagesse : « Voyez un peu, Roland ; ils sont tout près et
Charles est trop loin ; vous n’avez pas daigné sonner de votre
olifant ; si le roi était là, nous aurions évité le désastre. » Sa
sagesse ne l’empêche pas de faire preuve de courage puisqu’il
poursuit malgré tout le combat au côté de Roland.
S’exprimer à l’oral
Mener un débat
8. Afin que les élèves puissent se construire un argumentaire, on commencera le débat collectif après avoir répondu
en binômes aux deux questions suivantes. Partagez-vous
plutôt la conception de Roland ou celle d’Olivier ? Selon vous,
un héros doit-il être exemplaire par sa sagesse ou par son
courage physique ?
Pour faire de ce temps de débat un temps d’apprentissage,
il est essentiel de définir les postures des uns et des autres
pendant la séance. Le débat doit donc être régulé et des
rôles attribués pour la durée du débat (de 5 à 40 minutes),
par exemple :
- le président du débat et son adjoint répartiront la parole et
veilleront à ce que tous les participants s’expriment ;
- les participants : assis dans deux camps opposés ;
- les secrétaires de séance ou reporters.
Une prise de recul collective à la fin du débat est indispensable pour permettre à chacun de mener une analyse
réflexive de sa prise de parole et de progresser.
Bilan
Olivier incarne la sagesse, qualité complémentaire à la
prouesse dont fait preuve Roland.
Le personnage d’Olivier fait ressortir les qualités et les
défauts de Roland. Sa prudence et sa sagesse s’opposent
94
à l´orgueil et la démesure du héros. Il apporte à Roland les
qualités qui lui manquent.
Lecture 3
p. 158-159
Une héroïne invincible
Objectifs
• Découvrir une héroïne de bande dessinée.
• Analyser le récit d’un combat en bande dessinée.
OOComment la mise en scène d’une bande dessinée
met-elle en valeur l’héroïne ?
Découvrir le texte
1. L’objectif de cette première activité est double : familiariser les élèves qui ne le seraient pas avec le vocabulaire
spécifique de la bande dessinée et, à travers ce premier
échange, découvrir une héroïne en actions. On pourra
demander, aux élèves de conclure leur échange par un
résumé de la scène.
Analyser et interpréter le texte
Le temps du combat
2. La vignette 1 donne un effet de mouvement au combat
dans la manière dont elle le met en scène. La vignette n’offre
pas un seul cadrage mais trois cadrages différents, avec
deux petites vignettes enchâssées dans l’angle gauche de
la vignette principale, elle insiste tout particulièrement sur
la vitesse à laquelle les actions de l’héroïne s’enchaînent.
Un premier adversaire est désarmé, puis blessé avant que
le deuxième adversaire ne soit désarmé à son tour. Les actes
successifs de l’héroïne sont cadrés différemment : un très
gros plan sur la main de l’héroïne pour la première action,
un plan rapproché sur la tête du monstre blessé pour la
seconde action, enfin un plan moyen pour la troisième. Ces
cadrages traduisent visuellement cette scène d’action et sa
rapidité d’exécution. La vitesse est également suggérée par
les traits blancs qui soulignent et prolongent les gestes des
personnages et le mouvement des armes. Enfin, la violence
du combat est rendue par les onomatopées qui traduisent
le bruit des différents chocs.
3. La vignette 2 montre tous les protagonistes cadrés en
plan moyen. La profondeur de champ met en évidence la
puissance de la tigresse représentée au premier plan en
contreplongée dans une posture de domination, l’angle de
prise de vue s’est déplacé depuis la vignette 1 où nous ne
pouvions voir que la patte de la tigresse écrasant la créature
verte dans l’angle gauche du bas de la vignette. À l’arrièreplan, les deux monstres apparaissent sous la domination
© Éditions Belin, 2016
5. Roland souhaite se battre bien que la situation soit très
nettement en faveur des ennemis, Olivier insiste aux lignes
9 à 11 sur la disproportion des forces en présence : « J’ai
vu les Sarrasins d’Espagne ; les vallées et les monts en sont
couverts, et les landes, et toutes les plaines. Grande est
l’armée de la gent étrangère ; nous n’avons, nous, qu’une
bien petite troupe. »
Quelle que soit la réponse des élèves à la deuxième partie
de la question, on insistera sur la nécessité d’y apporter une
justification.
de Nävis ; les petits traits au-dessus de la tête de chaque
monstre traduisent le désarroi de ces derniers qui s’exprime
également dans la bulle attribuée à l’un des deux : la façon
dont il s’exprime est très rudimentaire, plus proche de l’onomatopée que d’une langue véritable. Nävis les domine dans
sa posture et dans son langage (phrase injonctive exclamative ponctuée par deux points d’exclamation).
La vignette 3, avec un gros plan en contreplongée sur le
visage de Nävis et la tigresse, met particulièrement en
évidence la supériorité de ces dernières. C’est de cette
manière que les voient les deux ennemis… L’impression qui
se dégage de leurs visages est effrayante (regard incisif de
Nävis et gueule ouverte de la tigresse). Quant à la bulle,
elle traduit le sentiment de supériorité de l’héroïne qui se
permet de faire de l’humour dans la réponse qu’elle adresse
aux monstres qu’elle vient de vaincre (on peut observer une
litote).
4. Dans la vignette 1, les agresseurs sont cadrés en plan
moyen et leur force, leurs armes ainsi que leur caractère
monstrueux sont bien perceptibles. Ensuite, une fois que
Nävis a réussi à les désarmer, dans les vignettes 2, 4 et 5,
devenus inoffensifs, ils sont représentés par des dessins
de plus en plus petits, relégués à l’arrière-plan, prêts à
disparaître dans les flots à la vignette 5 où les autres personnages ne leur prêtent plus aucune attention. La forme de la
vignette 4, dont la hauteur correspond à la hauteur de deux
vignettes met en avant le mouvement de leur chute.
S’exprimer à l’oral
Sonoriser la planche
8. Cette activité permettra aux élèves de manifester leur
compréhension de la planche en proposant une adaptation
sonore. Ce sera aussi l’occasion de travailler la compétence
orale « percevoir et exploiter les ressources expressives et créatives de la parole » en utilisant les technologies numériques.
Bilan
Nävis est une super-héroïne car elle possède des qualités
et capacités extraordinaires. Elle parvient à maîtriser des
agresseurs monstrueux armés jusqu’aux dents. Elle met sa
force remarquable au service des plus faibles et elle intervient dans le cadre d’une mission (comme l’indique la bulle
de la vignette 5). Enfin, elle a conscience de sa supériorité
comme en témoigne sa décontraction et sa capacité à faire
de l’humour.
L’HISTOIRE DES MOTS Le mot « signoriane » crée le même effet que « occissaient ». On
pourra d’ailleurs attirer l’attention des élèves sur l’effet « moyenâgeux » produit par l’emploi des mots : « une tierce et trois
quartes, nenni » ainsi que par le langage désuet des deux personnages « mon mari vous narrera ce que bon vous semble tandis
que je mettrai à infuser quelque feuillage ». Ce langage est en
accord avec la manière dont sont dessinés les deux personnages.
© Éditions Belin, 2016
LECTURE DE L’IMAGE
Le temps de la rencontre
5. Dans la vignette 3 et la vignette 5, le cadrage est identique : gros-plan en contre plongée sur Nävis et sa tigresse.
En revanche, leur expression change. À la différence de la
vignette 3 où leur caractère agressif et violent est mis en
évidence, l’impression qui se dégage de la vignette 5 est
une impression de douceur : regard bienveillant de l’héroïne en train de caresser la tigresse qui ferme les yeux
de bien-être, tel un chat. Contrairement à la vignette 3, les
personnages sont vus dans la vignette 5 par les personnages
qu’elles viennent de sauver. Nous pouvons déduire de cette
comparaison une des caractéristiques de la personnalité de
l’héroïne : généreuse envers les faibles et sans pitié envers
les agresseurs.
6. Dans la vignette 8, Nävis emploie l’expression « ces
apprentis nageurs » pour nommer ses adversaires. Cette
façon ironique de les nommer manifeste le mépris, et donc
le sentiment de supériorité, dont Nävis fait preuve à leur
égard.
7. Dans la dernière vignette, le plan général en plongée
nous laisse apercevoir la maison où vient de se dérouler le
combat. Le paysage est verdoyant et se dégage une impression de quiétude renforcée par le contenu de la bulle. On
peut noter que la disposition des arbres dessine le sigle de
sillage, visible sur la première de couverture.
Les personnages représentés sur la couverture de l’album sont au
nombre de cinq : l’héroïne, sa tigresse, et trois étranges créatures.
Ils ont des apparences très différentes mais regardent tous dans la
même direction et brandissent tous une arme : ils sont dans une
attitude défensive. Ces personnages sont représentés en plongée
au centre de l’image (au centre du sigle de Sillage) et au premier
plan, on perçoit des armes et leurs ombres, ce qui nous permet de
déduire qu’ils se préparent à riposter à une attaque.
8. À la rencontre des héros
95
p. 160-161
Une héroïne invincible
Objectifs
• Comprendre la force morale d’une héroïne.
• Percevoir les enjeux du choix d’un point de vue narratif.
OODe quelle manière s’exprime la force morale
de l’héroïne ?
Découvrir le texte
1. Les ennemis de l’héroïne attendent en bas de l’arbre dans
lequel elle s’est réfugiée pour la tuer. Sa seule chance de
survie est de parvenir à scier une branche pour faire tomber
sur eux un nid de guêpes tueuses avant le lever du soleil.
2. À ce stade, on n’attendra pas des élèves qu’ils élaborent
un scénario précis. On en restera à des consignes d’adaptation qui permettront aux élèves répartis en groupes, à la fois
d’avancer dans leur interprétation de l’extrait en confrontant
leurs différentes propositions et de réinvestir les procédés
découverts dans l’analyse de la planche de la bande dessinée Sillage.
Analyser et interpréter le texte
Une héroïne qui inspire la compassion
3.
Avant
Pendant
Fin de
l’hymne l’hymne l’hymne « L’hymne tire
« je réalise « Le sceau
à sa fin, et la
du Capitole
que le
branche n’est
s’illumine
meilleur
sciée qu’aux
au-dessus
moment
trois quarts
pour scier de moi et
quand il
la branche l’hymne
retentit. C’est s’achève, que
sera
le ciel s’asmaintenant
pendant
l’hymne. » ou jamais, et sombrit et que
je m’attaque je suis forcée
(l. 15)
à la branche. » de m’interrompre. »
(l. 25-26)
(l. 33-35)
Après
l’hymne « Et à
présent ? »
(l. 36)
« Mieux
vaut
attendre
l’aube. »
(l. 42-43)
Le lecteur découvre les actions au même rythme que l’héroïne car elles sont racontées au présent de l’indicatif. Aussi,
les actions sont toujours précédées par les pensées de la
narratrice exprimées au futur, ce qui accentue l’effet de
simultanéité : « il va me falloir scier la branche au niveau du
tronc. » (l. 10). Enfin, chaque action est détaillée étape par
étape et renforce également l’effet produit : « des ampoules
crèvent sur ma main droite tandis que je fais aller la lame
d’avant en arrière. Une fois que j’ai pris le rythme, scier
devient plus facile ; par contre je manque plusieurs fois de
96
lâcher le couteau. Je serre les dents et je continue à scier… »
(l. 27-30).
4. Les actions sont racontées à la première personne, du
point de vue de l’héroïne. Cette narration engage le lecteur
à adopter ce point de vue et donc à être solidaire avec la
narratrice, d’autant que le récit des actions se fait au présent
et d’une façon extrêmement détaillée.
Une héroïne réfléchie
5. Le plan de l’héroïne est de neutraliser ses ennemis en
faisant tomber sur eux un nid de guêpes tueuses. Il sera intéressant de laisser les élèves exprimer leur point de vue en
exigeant de chacun d’eux qu’ils apportent une justification
à leur avis. On attendra des élèves qu’ils s’appuient sur les
éventuels obstacles évoqués par la narratrice.
6. Les élèves pourront relever les phrases interrogatives
suivantes : « Seulement mes mains tiendront-elles le coup ? » ;
« Les vibrations de la branche ne risquent-elles pas d’exciter
les guêpes ? » ; « Et si les carrières comprennent ce que je
suis en train de faire et lèvent le camp ? ».
Ces phrases interrogatives mettent en évidence la prudence
de l’héroïne qui n’entreprend aucune action avant de s’être
interrogée sur les conséquences de celle-ci.
7. Lorsque le narratrice pense à scier la branche pour exécuter son plan, elle se pose la question suivante : « Et si les
carrières comprennent ce que je suis en train de faire et
lèvent le camp ? » (l. 13-14). Cette question est suivie de la
conséquence que cette hypothèse entraînerait (avec l’emploi
du monde conditionnel) : « ça flanquerait tout mon plan par
terre. » (l. 14). Le fait d’envisager cette conséquence entraîne
une prise de décision immédiate avec cette fois un verbe au
futur de l’indicatif et non plus au conditionnel : « je réalise
que le meilleur moment pour scier la branche sera pendant
l’hymne. » (l. 15-16).
À la fin du texte, le même enchaînement a lieu : question
➜ conséquence hypothétique ➜ prise de décision. « Et à
présent ? Je pourrais continuer dans le noir… » (l. 36 ) ➜
« Si les guêpes sont trop engourdies, et que le nid se prend
dans une branche avant de toucher le sol, ça pourrait
bien compromettre ma fuite. » (l.38 – 42) ➜ « Mieux vaut
attendre l’aube… » (l. 42 – 43).
Cet enchaînement met en évidence la sagesse et la perspicacité de l’héroïne qui ne laisse rien au hasard dans ses
décisions et dans la planification de ses actions.
S’exprimer à l’écrit
8. Cette activité est en cohérence parfaite avec la situation
racontée dans le roman : les jeux sont suivis par les téléspectateurs qui peuvent s’impliquer en devenant les sponsors
du candidat de leur choix. De plus, elle amènera les élèves à
effectuer les transformations impliquées par le changement
de point de vue en travaillant leur capacité de synthèse du
fait de la contrainte des 140 caractères.
Cette activité contribuera, en outre, à amener les élèves
à s’interroger sur leurs pratiques personnelles des réseaux
© Éditions Belin, 2016
Lecture 4
sociaux, leurs usages d’Internet et à faire preuve d’esprit
critique devant des émissions de télévision basées sur la
réactivité des téléspectateurs.
Il est conseillé d’utiliser un réseau protégé à l’usage des
enseignants, « edmodo ».
https://www.edmodo.com/?language=fr
Bilan
Dans cet extrait l’héroïne fait preuve de persévérance et de
ténacité : elle ne se décourage pas malgré le peu de chances
qu’elle a de se sortir du piège dans lequel elle est tombée.
Mais sa plus grande qualité est la clairvoyance dont elle fait
preuve dans l’élaboration de son plan : chaque action est
mûrement envisagée avant d’être tentée. Elle ne surestime
pas ses capacités et évalue au plus juste toutes les données
de la situation pour en tirer le meilleur parti.
POUR BIEN ÉCRIRE
Trois homophones de « sceau » :
L’athlète a battu le record du saut à la perche.
Le jeune garçon a rempli son seau de sable.
Le corbeau est vraiment sot de ne pas avoir compris la ruse du
renard.
L’HISTOIRE DES MOTS Dans Hunger Games, « Panem » désigne le lieu du récit, une nation
née des cendres de l’Amérique du Nord. Le mot « panem » vient de
l’expression latine : « panem et circenses », mots latins signifiant
du pain et les jeux du cirque. Juvénal (Satires, X, 81) emploie cette
expression pour stigmatiser la conduite de la plèbe de Rome qui
n’avait plus d’autre ambition que des distributions de blé et des
spectacles gratuits.
Cinéma
p. 162-163
Le film de super-héros
Objectif
© Éditions Belin, 2016
• Analyser la représentation fondatrice d’un super-héros
au cinéma : Superman.
L’analyse d’un film permet d’ « exploiter une œuvre issue
d’un domaine artistique différent » comme le préconise le
programme afin d’ « établir constamment des ponts entre le
passé, le présent et les questions du monde de demain, en
dépassant les frontières artificielles, dans une perspective
culturelle ouverte et riche ».
Dans cette séquence mettant en perspective les héros fondateurs avec les super-héros, l’analyse d’un film de super-héros
s’imposait puisqu’ils abondent actuellement au cinéma. Le
film Superman de Richard Donner datant de 1978, fait figure
de classique dans le genre.
Une apparition spectaculaire
Un enfant extraordinaire
1. La découverte de l’enfant par le couple Kent se fait en deux
temps : d’abord la découverte de l’orphelin, puis la découverte
de ses pouvoirs extraordinaires. À chaque fois, les Kent ont
une réaction de surprise intense amplifiée par des gros plans
en contre-plongée sur leurs visages hagards. Dans le cas où on
pourra diffuser la séquence filmée (00 :24 :42 à 00 :26 :13), on
notera que la bande son intensifie cette impression. La musique
alterne en effet, des notes sombres lors des plans sur le visage
des Kent et des notes enjouées lors des plans sur l’enfant.
2. Les photogrammes 1 et 2 présentent la rencontre avec
l’enfant en champ - contrechamp : un plan sur les Kent stupéfaits en contreplongée, puis en plongée, la cause de leur
surprise, à savoir l’enfant qui surgit de la terre, nu dans un
halo de couleurs chaudes qui contraste avec les couleurs
grises de la terre et du ciel. Il peut être intéressant de proposer aux élèves de comparer le photogramme 2 avec des
représentations de Moïse sauvé des eaux. Enfin, dans le
photogramme 3, il est évident que l’enfant est doté d’une
force extraordinaire pour soulever ce camion.
Les faiblesses du héros
Un ennemi juré
3. Lors de cette séquence Superman tombe dans le piège
que lui tend Lex Luthor, personnage qui parvient à s’opposer
au héros grâce à des connaissances scientifiques et techniques très pointues. Dans le photogramme 4, le spectateur
peut voir derrière Lex Luthor en premier plan, des appareils
d’une technologie avancée.
C’est grâce à ses recherches sur la planète Krypton, d’où
vient Superman, que Lex Luthor a découvert le point faible
du héros : sa sensibilité à la kryptonite, roche responsable de
la disparition de Krypton. Cette faiblesse du personnage, qui
n’est pas sans rappeler le talon d’Achille, peut se lire dans le
regard et le geste de Superman, effrayé face à la kryptonite
brandie par Lex Luthor (photogramme 5).
Un héros au service des plus faibles
Une scène de sauvetage
4. Les deux angles de prise de vue des photogrammes 6
et 7 insistent tous les deux sur la hauteur impressionnante
de l’immeuble : dans le photogramme 6 la contre-plongée
en accentue la hauteur qui semble interminable et dans le
programme 7 la plongée sur l’avenue où les voitures apparaissent minuscules renforce cette sensation.
5. Dans le photogramme 8, la foule est représentée en plan
moyen, ce qui permet de distinguer l’expression de stupéfaction des visages qui sont tous tournés vers le haut, captivés
par l’intervention du héros sauveur.
6. Le caractère singulier et exemplaire du super-héros est
renforcé par la mise en scène de ces trois photogrammes : la
mise en valeur du danger renforce la prouesse du sauvetage
dont témoigne la foule médusée du photogramme 8.
8. À la rencontre des héros
97
Site à consulter
Un extrait de Umberto Eco, Le mythe de Superman, dans
communications « La bande dessinée et son discours »,
p. 24-40, 1976.
http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_
num_24_1_1364
L’Antiquité et nous
p. 164
Objectif
• Étudier un héros de l’Antiquité.
La découverte de Persée se fera à travers un texte extrait
des Métamorphoses d’Ovide adapté par Annie Collognat et
une reproduction du tableau de Charles Antoine Coypel de
1727, Persée délivrant Andromède.
Le choix d’appréhender le héros à travers un texte et une
image de deux époques différentes s’inscrit en cohérence
avec la séquence dont l’un des objectifs est de découvrir des
représentations diverses de la figure du héros.
Comprendre les documents
1. Persée doit combattre le monstre marin auquel Andromède va être livrée en pâture. Ce monstre a été envoyé
par Poséidon pour punir Cassiopée, mère d’Andromède, de
l’affront qu’elle a fait subir aux Néréides en prétendant que
sa fille leur était supérieure en beauté.
La description que le texte donne du monstre insiste sur
son caractère particulièrement impressionnant, hideux et
agressif : « taille gigantesque » (l.2), « gueule béante et avide
qui essaie de mordre » (l. 3), « dos couvert de coquillages »
(l.5), « le monstre vomit des flots de sang » (l.6).
On retrouve les mêmes caractéristiques dans le tableau :
corps écaillé, gueule béante armée de deux rangées de
dents tournée en direction de Persée. La vigueur du monstre
est mise en valeur par le tourbillon des flots. On notera le
contraste entre la représentation du monstre et celle de
Persée : la force sombre du monstre en bas du tableau s’oppose à la légèreté lumineuse de Persée dans le ciel.
2. Persée parviendra à tuer le monstre grâce à son épée et
surtout ses sandales ailées qui lui permettent de voler. Mises
98
en évidence dans le tableau, le texte mentionne également
les sandales mais le pouvoir de ces dernières a été neutralisé, ou du moins diminué par les vomissements de sang du
monstre : « ils arrosent les sandales ailées de Persée qui les
sent s’alourdir. » (l. 7-8).
« Les sandales constituent l’attribut le plus courant de
la panoplie de Persée. Elles sont présentes chez tous les
auteurs. Ces sandales ailées sont souvent source de confusions entre Persée et Hermès sur les représentations
figurées du héros et du dieu. […] Dans son De l’astronomie,
Hygin assure que c’est Hermès qui les a données à Persée
en personne et Artémidore reprend cette version en ajoutant qu’Hermès ne lui aurait donné qu’une seule de ses
sandales. » citation de Clo Magdeleine dans La panoplie de
Persée : fonctions de l’objet-attribut, http://www.persee.fr/doc/
gaia_1287-3349_2013_num_16_1_1598
3. La scène décrite par le texte se situe à la fin du combat
et l’extrait se termine par le triomphe de Persée. Dans le
tableau, Persée surgit du ciel, l’épée à la main et s’apprête à
terrasser le monstre. Un être ailé qu’on pourrait apparenter
au dieu de l’amour, Eros, semble apporter son soutien au
héros. Tandis, qu’Andromède occupe le centre du tableau,
enchaînée au rocher et tournée vers son sauveur.
À vous de créer
4. Pour enrichir le point de vue de ces deux personnages,
il est conseillé de faire des recherches sur les circonstances
qui ont amenées le père d’Andromède à donner sa fille en
pâture au monstre marin.
Prolongements possibles On pourra comparer la représentation de cet exploit avec
celle d’autres peintres :
- Rembrandt, Andromède enchaînée au rocher, 1631 ;
- Pierre Mignard, La délivrance d’Andromède, 1679 ;
- Carle Van Loo, Persée délivre Andromède, vers 1735-1740 ;
- Gustave Moreau, Persée et Andromède, 1870 ;
- Frederick Leighton, Andromède, 1891. Méthode
p. 165
Repérer les caractéristiques
d’un récit épique
Identifier les composantes du récit
1. Il s’agit du récit de la mort de Roland.
2. L’extrait est composé de deux parties qui correspondent
aux deux paragraphes. Paragraphe 1 : récit du combat des
© Éditions Belin, 2016
Atelier d’écriture
Cette activité permettra aux élèves de problématiser le rôle
des effets spéciaux au cinéma et la rédaction individuelle
du compte rendu des échanges qu’ils auront eu autour de
leurs observations sera l’occasion de s’entraîner à formuler
leur réception d’une œuvre par écrit et d’avancer dans la
maîtrise d’un écrit explicatif.
chevaliers de Charlemagne contre les païens. Paragraphe 2 :
récit de la catastrophe naturelle qui s’abat au même moment
sur la France.
3. C’est dans le deuxième paragraphe que sont donnés des
noms de lieux : « France » (l. 7), « de Saint-Michel-du-Péril
jusqu’aux Saints, de Besançon jusqu’au port de Wissant »
(l.9). Cependant, l’action principale se déroule dans un lieu
qui n’est pas précisé dans le premier paragraphe car il l’a été
dans les passages précédents : le combat se déroule dans la
vallée de Roncevaux, en territoire espagnol.
4. Dans cette scène de combat, « douze pairs français » s’opposent à une multitude de païens « par centaines et par
milliers » (l.3). Les pairs français sont « les meilleurs défenseurs » de Charlemagne avec, à leur tête, Olivier et Roland.
Repérer les marques du registre épique
5. La bataille est qualifiée de « merveilleuse et pesante» ;
l’adjectif « merveilleuse » donne à la bataille un caractère
quasi surnaturel. 6. L’abondance des pluriels et l’exagération des chiffres
(« plus de mille coups », les païens qui « meurent par
centaines et par milliers ») correspondent à des hyperboles.
Les précisions chiffrées exaltent le courage des chevaliers
français.
7. La catastrophe naturelle se manifeste « de Saint-Micheldu-Péril jusqu’aux Saints, de Besançon jusqu’au port de
Wissant », ces quatre points délimitent la France occidentale
de l’époque, ce qui met en évidence l’ampleur de la catastrophe et donc du deuil pour la mort de Roland qui affecte
l’ensemble du territoire.
Interpréter la visée du récit
© Éditions Belin, 2016
8. Le récit de la catastrophe naturel apporte un caractère
surnaturel à cette scène. On peut citer l’emploi de l’adjectif « merveilleux », « une merveilleuse tourmente » (l. 7), de
nombreuses hyperboles : « tempête de tonnerre et de vent,
pluie et grêle démesurément » (l. 7), « pas une maison dont
les murs ne crèvent » (l. 9-10), ainsi que de fortes oppositions : « en plein midi se produisent de grandes ténèbres »
(l. 10). Le récit de la catastrophe par son caractère hyperbolique donne à cette scène de combat une dimension
collective voire planétaire ; la mort de Roland est comparée
à la fin du monde.
9. On s’aperçoit, dans ce texte, qu’un héros peut aussi être
magnifié par sa mort. Ainsi, l’ampleur du deuil de Roland
fait de la mort du héros son plus grand triomphe et, de la
même façon, ce qui ressort du récit du combat, ce n’est
pas la défaite des chevaliers de Charlemagne, mais leur
bravoure qui fait finalement triompher leur cause par delà
la mort.
Vocabulaire
p. 166
Les exploits d’un héros
Objectif
• Décrire les exploits d'un héros.
Les textes du corpus nous ont montré différents héros en
action, il est donc tout naturel d’approfondir dans cette page
le vocabulaire de leurs exploits.
Présenter un héros
1.
Héros de la
guerre de Troie
Chevalier du
Moyen Âge
Super-héros du
futur
le bouclier,
l’épée, le casque
à crinière,
les flèches, l’arc,
l’égide, l’écu
le gonfanon,
le bouclier, l’épée,
le destrier, l’épieu,
le haubert, l’écu,
les flèches, l’arc,
le heaume
le perturbateur
ionique,
le sabre-laser,
le vaisseau spatial,
le robot
2.
Le héros
L’ennemi
Preux ➝ la prouesse
Courageux ➝ le courage
Vaillant ➝ la vaillance
Hardi ➝ la hardiesse
Endurant ➝ l’endurance
Téméraire ➝ la témérité
Généreux ➝ la générosité
Brave ➝ la bravoure
Peureux ➝ la peur
Traître ➝ la traîtrise
Faible ➝ la faiblesse
Lâche ➝ la lâcheté
Couard ➝ la couardise
Félon ➝ la félonie
Malveillant
➝ la malveillance
3. Gilgamesh dans l’œuvre éponyme ➝ courage et persévérance
Ulysse dans l’Odyssée ➝ intelligence et sagesse
Jean Valjean dans Les Misérables ➝ persévérance, force et
altruisme
Décrire les dangers à affronter
4.
Terrifiant
Colossal
Cruel
Affreux
effrayant,
effroyable
énorme,
immense,
gigantesque,
démesuré,
brutal,
implacable,
féroce,
redoutable,
terrible,
atroce
hideux,
repoussant,
abominable,
horrible,
difforme,
monstrueux,
épouvantable
8. À la rencontre des héros
99
5. Dans l’ordre : se ruent, se portent, explosent, sort,
pleuvent, se transforment.
Exprimez-vous !
6. Cette activité permettra aux élèves de réinvestir le vocabulaire des exercices tout en s’entraînant aux techniques
du récit oral.
Grammaire
p. 167
Le présent de l’indicatif
Objectifs
• Identifier les valeurs du présent de l'indicatif.
• Conjuguer et accorder des verbes au présent de l'indicatif.
L’emploi du présent de l’indicatif dans les récits épiques permet
de rendre l’action du héros plus vivante, plus proche du lecteur.
Cette page propose aux élèves d’approfondir leur connaissance.
Comprendre les emplois du présent
de l’indicatif
1.
Verbes relevés
Valeur des temps
Extrait 1
frappe, voit, semble,
se met
Présent de narration
Extrait 2
Présent d’énonciation vends, achète,
découvrent, désirent,
marche
Maîtriser les accords sujet/verbe
au présent de l’indicatif
2. – Je te touche et tu meurs, s’écria Tom. Pourquoi est-ce
que tu ne tombes pas ?
– Je ne tombe pas, c’est à toi de tomber, répliqua Joe. C’est
toi qui n’en peux plus.
– Eh bien quoi ? ça ne fait rien. Je ne peux pas tomber. Dans le
bouquin, il y a : « Alors, d’un coup de revers, il tua le pauvre Guy
de Guisborne. » Tu dois te retourner et je te touche dans le dos.
3. Les héros (sont) grands, forts. Beaux souvent, impressionnants toujours. Ils (combattent) les monstres. Ils
(détournent) les fleuves. Ils (soulèvent) des montagnes.
Ils nous (sauvent) de toutes les difficultés. Leurs exploits
100
nous (laissent) bouche bée, le cœur battant. Les mythes de
tous les temps (retentissent) de leurs aventures.
Il s’agit d’un présent de vérité générale.
4. Le héros (est) grand, fort. Beau souvent, impressionnant toujours. Il (combat) les monstres. Il (détourne) les
fleuves. Il (soulève) des montagnes. Il nous (sauve) de
toutes les difficultés. Ses exploits nous (laissent) bouche
bée, le cœur battant. Les mythes de tous les temps (retentissent) de ses aventures.
En gras, les verbes mais aussi tous les autres mots dont les
accords sont modifiés.
5. Dictée préparée
a. Énée brandit son arme fatale ; son regard a choisi le
moment favorable et, de loin, avec toute la vigueur de son
corps, il lance le trait. Jamais ne bruissent aussi fort les
pierres projetées par une baliste ; jamais la foudre n’éclate
avec un tel fracas. Le javelot vole comme un noir tourbillon
en portant la sinistre mort ; il perce le bord du bouclier aux
sept cuirs superposés, le bas de la cuirasse et traverse en
sifflant le milieu de la cuisse. Turnus, sous le coup, ploie le
jarret et tombe à terre, énorme.
Brandit : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet
« Énée ». • lance : 3e personne du singulier, s’accorde avec
le sujet « il ». • bruissent : 3e personne du pluriel, s’accorde
avec le groupe nominal sujet « les pierres projetées par une
baliste ». • éclate : 3e personne du singulier, s’accorde avec le
sujet « la foudre ». • vole : 3e personne du singulier, s’accorde
avec le sujet « le javelot ». • perce : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « il ». • traverse : 3e personne du
singulier, s’accorde avec le sujet « il ». • ploie : 3e personne
du singulier, s’accorde avec le sujet « le jarret ». • tombe :
3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « le jarret ».
Dictée préparée supplémentaire
a. Lisez attentivement le texte puis soulignez tous les
verbes conjugués au présent de l’indicatif.
b. Justifiez les terminaisons verbales en repérant le sujet
de chacun des verbes conjugués.
Le combat entre Bellérophon et la Chimère
[Bellérophon] ne doit qu’à son bouclier de n’être pas
brûlé vif. Il ne peut plus guère se défendre car les terribles
griffes l’assaillent à droite et à gauche. Va-t-il succomber ?
Non, il se raidit dans un dernier effort et profite de ce que
la Chimère a découvert sa poitrine pour lui enfoncer son
glaive dans le cœur.
Le monstre desserre son étreinte et tombe dans le vide.
Le vent de sa chute attise les flammes contenues dans son
sein. C’est une torche ardente qui tombe sur le sol.
Nathaniel Hawthorne, Le Premier Livre des Merveilles,
éditions Pocket, 1996.
© Éditions Belin, 2016
Raconter les actions du héros
Corrigé
Le combat entre Bellérophon et la Chimère
[Bellérophon] ne doit qu’à son bouclier de n’être pas brûlé
vif. Il ne peut plus guère se défendre car les terribles griffes
l’assaillent à droite et à gauche. Va-t-il succomber ? Non, il se
raidit dans un dernier effort et profite de ce que la Chimère
a découvert sa poitrine pour lui enfoncer son glaive dans
le cœur. Le monstre desserre son étreinte et tombe dans le
vide. Le vent de sa chute attise les flammes contenues dans
son sein. C’est une torche ardente qui tombe sur le sol.
Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments
suivants : la cohérence et clarté du récit, la mise en scène et
dramatisation du récit ; la clarté de la diction et la justesse
du ton, la maîtrise des outils informatiques et la capacité du
groupe à s’organiser avant et pendant la prestation.
Compétence
D1, 2, 3 • Exploiter les ressources expressives et créatives de
la parole
Nathaniel Hawthorne, Le Premier Livre des Merveilles,
éditions Pocket, 1996.
doit : verbe « devoir », 3e personne du singulier, sujet : « celuici ». • peut : verbe « pouvoir », 3e personne du singulier, sujet :
« il ». • assaillent : verbe « assaillir », 3e personne du pluriel,
sujet : « les terribles griffes ». • va : verbe « aller », 3e personne
du singulier, sujet : « il ». • se raidit : verbe « se raidir », 3e
personne du singulier, sujet : « il ». • profite : verbe « profiter », 3e personne du singulier, sujet : « il ». • desserre : verbe
« desserrer », 3e personne du singulier, sujet : « le monstre ». •
tombe : verbe « tomber», 3e personne du singulier, sujet : « le
monstre ». • attise : verbe « attiser», 3e personne du singulier, sujet : « Le vent de sa chute ». • est : verbe « être», 3e
personne du singulier, sujet : « c’ ». • tombe : verbe « tomber »,
3e personne du singulier, sujet : « qui» mis pour « une torche
ardente ».
S’exprimer à l’oral
p. 168
© Éditions Belin, 2016
Raconter les exploits
d’un héros
L’objectif de l’activité est de réinvestir les procédés du
registre épique découverts tout au long de la séquence mais
également, dans le cadre d’une expression orale, les compétences suivantes : produire une intervention orale continue
de cinq à dix minutes et s’exprimer de façon maîtrisée en
s’adressant à un auditoire. La constitution d’un dossier documentaire, à laquelle pourra
être associé le professeur documentaliste, contribuera à
faire acquérir aux élèves une méthode dans la recherche et
l’exploitation d’informations.
Le recours à la vidéo et l’intégration d’un accompagnement
musical permettra, en outre, d’approfondir l’usage des outils
numériques.
Enfin, le projet devant être réalisé en trinômes développera
nécessairement des compétences de coopération, la forme
de la présentation finale étant à l’initiative de chaque groupe.
S’exprimer à l’écrit
p. 169
Créer le scénario d’un film
de super-héros
L’objectif de cette activité est de permettre aux élèves de réinvestir l’ensemble de ce qu’ils ont découvert lors de l’analyse
des différents récits de héros de la séquence. Les consignes
données pour chaque étape du travail leur permettront de
créer un scénario cohérent et de manifester ainsi leur compréhension des fonctions de la figure du héros. Les critères de
réussite pourront s’appuyer sur les éléments suivants : une
situation initiale qui envisage un danger fondé et clairement présenté, un héros ou une héroïne avec des pouvoirs
particuliers et des péripéties avec une montée du danger finalement surmonté grâce aux pouvoirs du héros ou de l’héroïne.
Cette activité pourra déboucher sur la réalisation, en groupes,
d’une séquence de film à partir d’un scénario choisi par les
élèves ou tout au moins sur la réalisation d’un storyboard qui
permettra de réinvestir les éléments de lecture de l’image
abordés dans l’analyse du film Superman p.162-163.
Prolongement possible
Cette activité pourra aussi constituer le point de départ
d’un EPI, en établissant un lien avec les thèmes 2 et 3
du programme de géographie : « Des ressources limitées
à gérer et à renouveler », « Prévenir les risques, s’adapter au changement global » ainsi qu’avec le thème 1 du
programme des sciences de la vie et de la terre : « La
planète Terre, l’environnement et l’action humaine ». On
pourra amener les élèves à s’interroger sur les risques
du monde actuel et à envisager des solutions qui seront
incarnées par la figure de héros qu’ils imagineront.
Compétences
D1 • Pratiquer l'écriture d'invention.
D1 • Adopter des stratégies et des procédures d'écriture
efficaces.
8. À la rencontre des héros
101
p. 170-171
Évaluation
2. Lire et comprendre un récit épique
5. Les étapes du combat sont les suivantes : 1. Hector tire son
glaive. 2. Il prend son élan. 3. Il s’élance. 4. Achille bondit.
5. Il couvre sa poitrine de son écu. 6. Il brandit sa pique
acérée. 7. Il pousse sa javeline contre Hector. Tous ces verbes
sont conjugués au présent de l’indicatif. Il s’agit d’un présent
de narration qui rend le récit plus vivant et engage davantage le lecteur.
6. Hector est comparé à un aigle : « il prend son élan, tel
l’aigle de haut vol, qui s’en va vers la plaine, à travers les
nues ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un lièvre
qui se terre » (l. 3 à 5). Cette comparaison met en évidence
la force d’Hector en insistant sur la maîtrise de son geste :
du plus haut qu’il part l’aigle atteint toujours sa cible. Cette
comparaison a d’autant plus de force qu’elle est amplifiée
par la reprise de « tel » : « tel s’élance Hector agitant son
glaive ».
7. À la différence des armes d’Hector dont seul le glaive
est mentionné sans description « le glaive grand et fort »,
« glaive aigu », les armes d’Achille sont abondamment
décrites avec de nombreuses expansions du nom : « bel
écu ouvragé », « son casque étincelant à quatre bossettes,
où voltige la crinière d’or splendide ». On trouve même
une longue comparaison avec une structure répétitive et
un superlatif : « Comme l’étoile qui s’avance, entourée des
autres étoiles, au plein cœur de la nuit, comme l’Etoile du
soir, la plus belle qui ait sa place au firmament, ainsi luit la
pique acérée qu’Achille brandit ». Ces procédés font ressortir l’extrême beauté ainsi que la lumière qui se dégage de
ces armes. Cette supériorité vient du fait qu’Achille a des
origines divines, d’ailleurs ses armes ont été fabriquées par
le dieu Héphaïstos.
8. Achille triomphe grâce à son intelligence et son sens de
l’observation qui lui permettent de déduire le seul endroit où
Hector est vulnérable. Son habileté a également son importance puisqu’il parvient à atteindre cet endroit précis avec
son arme.
3. Lire une image représentant un héros
9. La force du héros émane de son regard fixe et assuré
ainsi que de la position de son corps (maintien ferme et
poing serré). La vitesse est exprimée par le mouvement de
la cape du héros, mais surtout par le flou des immeubles
qu’on devine à peine et qui disparaissent derrière les traits
de lumière blanche.
10. La profondeur de champ met en évidence la supériorité
du super-héros qui apparaît très net en premier plan, volant
au-dessus de l’univers.
102
Évaluation complémentaire
En complément de l’évaluation du manuel, on pourra proposer aux élèves, en lien avec la séquence, l’évaluation figurant
aux pages suivantes.
1. Lire et comprendre un récit épique
1. Étape 1, l’attaque des Espagnols et la panique des Maures
(vers 1 à 10). Les Espagnols : « Nous nous levons, poussons
(des cris), les nôtres répondent, paraissent armés, nous les
pressons, faisons courir des ruisseaux de leur sang » ; les
Maures : « se confondent, l’épouvante les prend, rencontrent
la guerre, avant qu’aucun résiste ».
Étape 2, le sursaut et le combat (vers 11 à 22) : « leurs
princes les rallient, leur courage renaît, leurs terreurs s’oublient, ils tirent leurs alfanges ».
Étape 3, le rôle décisif de Rodrigue (vers 23 à 26) : « encourager, faire avancer, soutenir, ranger, pousser ».
Étape 4, la fuite des Maures (vers 27 à 34) : « perd soudain
courage, gagnent leurs vaisseaux, poussent des cris, font
retraite ».
2. La plupart des verbes sont conjugués au présent de l’indicatif, il s’agit du présent de narration qui donne encore plus
de vie à un récit déjà très animé du fait de l’abondance des
verbes d’action.
3. De nombreux procédés exagèrent les actions des combattants dans ce récit. On peut noter l’expression du grand nombre
d’hommes, les deux camps sont désignés par des termes collectifs et des pluriels : « nous », « les nôtres », « notre sang » // « ils »,
« les Mores », « leur sang », « leurs princes », « Leur courage »,
« leurs terreurs », « leurs alfanges ».
La répétition « Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons
sur terre », et l’énumération (dont l’effet est accentué par la
répétition de « et ») « Et la terre, et le fleuve, et leur flotte,
et le port » met en valeur la position des nombreux hommes
de Rodrigue, encerclant l’ennemi et triomphant.
Des hyperboles sont utilisées tout au long du récit : « jusques
au ciel mille cris éclatants », « des ruisseaux de leur sang »,
« horribles mélanges », « champs de carnage où triomphe la
mort », « au milieu des ténèbres », « Poussent jusques aux
cieux des cris épouvantables ».
Nous pouvons également relever des métaphores : « des
ruisseaux de leur sang », « champs de carnage où triomphe
la mort », et des oppositions : « Ils couraient au pillage,
et rencontrent la guerre », « Leur courage renaît, et leurs
terreurs s’oublient ». Ces trois procédés mettent en valeur
le caractère épouvantable de cette bataille.
On peut également relever la phrase exclamative : « Ô
combien d’actions, combien d’exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres,
Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait,
Ne pouvait discerner où le sort inclinait ! » .
L’amplitude de cette phrase exclamative avec la répétition
de « combien » met en évidence le caractère innombrable
des actions héroïques.
© Éditions Belin, 2016
Faire le point
© Éditions Belin, 2016
Enfin, on peut noter que le registre épique est renforcé par
le rythme des alexandrins avec des effets d’amplification
comme dans les vers suivants :
« Et la ter/re, et le fleu/ve, et leur flot/te, et le port, (3/3/3/3)
Sont des champs de carnage/ où triomphe la mort. » (6/6)
4. Rodrigue est un héros et un chef de guerre hors du
commun. C’est tout d’abord grâce à sa ruse et au stratagème
qu’il a imaginé que ses hommes peuvent triompher d’un
ennemi dangereux. Ensuite, au plus fort du combat, il est
présent partout et encourage chacun de ses hommes comme
le montre bien le rythme binaire des alexandrins suivants :
« J’allais de tous côtés encourager les nôtres,
Faire avancer les uns, et soutenir les autres,
Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour ».
Il fait bien sûr preuve de courage face à la fureur des ennemis au combat. Enfin, il sait être humble et s’efface derrière
l’unité du groupe qu’il forme avec ses hommes, on peut le
voir grâce à l’emploi répété du pronom « nous ».
2. Retranscrire un exploit héroïque
Les élèves commenceront par repérer les étapes de l’action ainsi que les qualités héroïques mises en œuvre par
Rodrigue dans cette bataille.
Pour mieux comprendre la situation, on pourra proposer la
lecture de la tirade de Rodrigue dans son intégralité ainsi
que la scène 3 de l’acte IV.
Avant de se lancer dans la rédaction de leur article, les élèves
feront des recherches pour trouver un article de journal relatant les exploits d’un sportif afin d’observer les spécificités
de l’écriture journalistique.
Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments
suivants : le respect du genre journalistique, la conformité
des événements à ceux du récit de Rodrigue, le recours aux
procédés épiques (hyperboles, comparaisons, métaphores,
etc.).
8. À la rencontre des héros
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Nom :
Prénom :
Classe :
Évaluation
Le récit d'un triomphe
Ce texte est extrait de la longue tirade de Rodrigue dans laquelle le héros, reçu en triomphe à la cour, raconte au roi sa victoire
sur les Maures qui menaçaient la ville espagnole de Séville.
Les Maures arrivent, mais Rodrigue a organisé la riposte en dissimulant ses hommes.
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Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent ;
Ils paraissent armés, les Mores1 se confondent,
L’épouvante les prend à demi descendus ;
Avant que de combattre, ils s’estiment perdus.
Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre ;
Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre,
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,
Avant qu’aucun résiste ou reprenne son rang.
Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient ;
Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient :
La honte de mourir sans avoir combattu
Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu.
Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges2, De notre sang au leur font d’horribles mélanges ;
Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,
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Sont des champs de carnage où triomphe la mort
Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres,
Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait,
Ne pouvait discerner où le sort inclinait !
J’allais de tous côtés encourager les nôtres,
Faire avancer les uns, et soutenir les autres,
Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour,
Et ne l’ai pu savoir jusques au point du jour.
Mais enfin sa clarté montre notre avantage :
Le More voit sa perte, et perd soudain courage ;
Et voyant un renfort qui nous vient secourir,
L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir.
Ils gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles,
Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables,
Font retraite en tumulte, et sans considérer
Si leurs rois avec eux peuvent se retirer.
[…]
Corneille, Le Cid, Acte iv, Scène 3, 1637.
1. Mores : maures (population d’Afrique du nord).
2. Alfanges : cimeterres mauresques, sortes de sabres à lame courbée.
1. Lire et comprendre un récit épique
1. Retracez les étapes de la bataille en relevant les verbes d’action.
Étape 1 - l’attaque des Espagnols et la panique des Maures
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Étape 2 - le sursaut et le combat
Étape 3 - le rôle décisif de Rodrigue
Étape 4 - la fuite des Maures
2. À quel temps les verbes sont-ils conjugués ? Quel est l’emploi de ce temps et quel effet renforce-t-il ?
3. Relevez et nommez les différents procédés qui valorisent le courage des hommes dans le récit que fait
Rodrigue de la bataille.
4. Quelles sont les caractéristiques du héros, Rodrigue, dans ce récit épique ?
© Éditions Belin, 2016
2. Retranscrire un exploit héroïque
5. Vous êtes journaliste et vous devez écrire, à partir du récit de Rodrigue, un article relatant la victoire des
Espagnols. Votre récit sera à la 3e personne et vous respecterez les règles d’écriture d’un article de journal.
Votre article devra mettre en évidence l’exploit accompli par Rodrigue et ses hommes en reprenant les procédés
épiques repérés dans la tirade de Corneille.
Vous rédigerez votre article sur une feuille séparée.
8. À la rencontre des héros
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