8 SÉQ U E NCE Héros et Héroïsmes p. 150–171 •À la rencontre des héros OOPourquoi les écrivains imaginent-ils des héros ? Que révèle la diversité des figures héroïques ? Objectifs • Découvrir des représentations diverses des héros et de leurs actions. • Comprendre le caractère d’exemplarité des héros et l’intérêt qu’ils suscitent. Présentation de la séquence Cette séquence s’inscrit dans l’entrée du programme : « Agir sur le monde : Héros/héroïnes et héroïsmes ». Les extraits qui servent de supports à la réflexion des élèves proviennent de documents appartenant à des genres différents (chants et récits épiques, roman, bande dessinée, film, reproduction de tableau) et s’échelonnent de l’Antiquité au xxie siècle afin de proposer aux élèves un cadre très large pour « s’interroger sur la diversité des figures de héros et d’héroïnes et sur le sens et l’intérêt qu’elles suscitent ». La confrontation entre des super-héros qui leur sont familiers et des héros d’un passé très ancien leur permettra à la fois de réfléchir à ce qu’il y a de commun entre toutes ces figures et d’analyser combien elles sont révélatrices de chacune des civilisations dont elles incarnent les peurs et les rêves. Bibliographie • Dominique de Font-Réaulx, Frédérique Leseur, D’Hercule à Dark Vador, Mythes fondateurs, Éditions courtes et longues, Musée du Louvre éditions, 2015. Un second ouvrage à l’attention des enfants, illustré par Betty Bone et qui propose des activités ludiques autour des œuvres de l’exposition. Sites à consulter • Le site de la BnF avec deux entrées très riches, le modèle héroïque et la fabrique des héros. http://classes.bnf.fr/ heros/expo/salle1/index.htm • Un lien vers la première exposition de la Petite Galerie du musée du Louvre : « Mythes fondateurs, d’Hercule à Dark Vador » présentée du 13 octobre 2015 au 4 juillet 2016. http://petitegalerie.louvre.fr/article/lexposition • Une exposition sur Homère sur le site de la BnF. http://expositions.bnf.fr/homere/index.htm • Un site pour en savoir davantage sur l’art des aèdes. https://www.reseau-canope.fr/tdc/tous-les-numeros/ homere/interview/article/la-lyre-des aedes.html • Une exposition sur La Chanson de Roland sur le site de la BnF. http://expositions.bnf.fr/livres/roland/ • Un dossier intéressant sur la construction de la bande dessinée Sillage et une interview de son scénariste. http://www.bdparadisio.com/intervw/sillage/intro.htm • Joseph Campbell, Le Héros aux mille et un visages, éditions Oxus, 2010. À l’attention du professeur, cet essai montre que quasiment tous les héros, de quelque époque ou culture que ce soit, suivent dans les grandes lignes le même schéma. © Éditions Belin, 2016 • Dominique de Font-Réaulx, Frédérique Leseur, D’Hercule à Dark Vador, Mythes fondateurs, Louvre éditions du Seuil, 2015. Un premier ouvrage destiné aux adultes qui propose une très belle iconographie et une mise en perspective intéressante en lien avec l’exposition de la Petite Galerie du musée du Louvre : « Mythes fondateurs, d’Hercule à Dark Vador » présentée du 13 octobre 2015 au 4 juillet 2016. 8. À la rencontre des héros 91 p. 153 Les incarnations modernes des héros sont nombreuses et très connues des élèves, c’est donc la porte d’entrée idéale pour lancer la réflexion et les amener à interroger la filiation entre les héros contemporains et les héros célèbres de la littérature. Plongez dans le monde des héros 1. Ce qui permet de reconnaître au premier coup d’œil qu’il s’agit de héros et d’héroïnes, c’est surtout leur attitude : à l’exception de Batman, ils sont en marche, l’arme à la main, prêts à attaquer. Il se dégage de leurs regards une détermination que l’on sent implacable. Quant à Batman, en costume et armé lui aussi, un sentiment de puissance émane de sa posture du fait qu’il nous est présenté en contre-plongée dominant une cité en flammes. 2. Batman est reconnaissable à son costume et on devine, grâce à l’arrière plan de l’image, qu’il agit dans une cité moderne, Gotham City. Au-dessus de lui, on identifie un héros de l’antiquité grâce à son armure et aux quelques soldats qu’on aperçoit en arrière-plan. En effet, il s’agit d’Achille joué par Brad Pitt dans le film La Guerre de Troie. À sa droite, c’est également grâce à l’armure mais aussi au cheval et à l’armée qui apparaît en arrière-plan qu’on peut identifier un chevalier. Il s’agit d’Aragorn joué par Vigo Mortensen dans le film Le Seigneur des anneaux. Quant à l’héroïne sur l’image du bas à droite, elle avance, accompagnée d’un robot, dans un univers futuriste. On peut apercevoir derrière elle deux vaisseaux spatiaux de guerre. Il s’agit de Rey, héroïne du film Star Wars, Épisode vii. 3. On pourra aider les élèves à faire le choix parmi une liste d’héros et d’héroïnes (de livres, de bandes dessinées, de films ou encore de séries télévisées). Ce travail peut également être fait par groupe de trois : un premier élève fera la description du héros choisi, le deuxième racontera un de ses exploits, le troisième décrira ou trouvera une image pour le représenter. Lecture 1 p. 154-155 Achille face aux dieux Objectifs • Comprendre la force et les limites d’un héros. • Découvrir un récit épique. OOComment la force et les limites du héros se manifestent-elles dans cette scène ? Découvrir le texte 1. Le narrateur appelle le héros « le divin Achille » car il a des origines divines. Achille est le fils de Pélée, roi des Myrmidons (en Thessalie) et de la nymphe Thétis, fille du dieu marin Nérée. Quand il était bébé, sa mère, Thétis l’a trempé dans le fleuve des Enfers, le Styx, ce qui l’a rendu invulnérable sauf au talon droit, par lequel sa mère l’a tenu pendant qu’elle le plongeait dans le fleuve. Analyser et interpréter le texte Le courage du héros 2. Dans le premier paragraphe, la phrase qui insiste sur les difficultés d’Achille se trouve ligne 6 : « le héros chancelait sur ses pieds ». Le héros a des difficultés, il est en danger face au fleuve et n’est pas rassuré, comme le montre la phrase suivante, ligne 9 : « Achille sortant de l’eau, s’élança dans la plaine, effrayé ». 3. La comparaison qui met en évidence les capacités physiques d’Achille se trouve aux lignes 12 et 13 : « Le fils de Pélée bondissait, aussi vif que l’aigle noir, l’aigle chasseur, le plus fort et le plus rapide des oiseaux. » Cette comparaison met en valeur la rapidité et la force d’Achille en les comparant à celles d’un aigle puissant. 4. La répétition de l’expression « chaque fois » nous montre que le dieu fleuve ne laisse aucun répit à Achille. La ténacité d’Achille est mise en avant, il ne cesse de lutter. 5. Les verbes d’action sont très nombreux et sont attribués aux deux protagonistes : le dieu fleuve qui attaque et Achille qui résiste. Le dieu fleuve : « se gonfla, soulevait, rejetait, se levait, se pressait, s’élança, poursuivait, pressait, s’abattait, dressait » ; Achille : « sauta, s’élança, bondissait, se dérobait, repartait ». Ils traduisent ainsi l’évolution de la lutte entre les deux adversaires. La toute-puissance des dieux 6. La puissance du fleuve-dieu peut se lire dans les verbes d’action qui lui sont attribués et qui indiquent que c’est lui qui attaque inlassablement Achille. Cette puissance est renforcée par les adjectifs qui le décrivent : « furieux, tumultueux, terrible, puissant ». La comparaison ligne 3 : « en mugissant comme un taureau » exprime également la puissance du fleuve-dieu, le taureau étant un animal connu 92 © Éditions Belin, 2016 Entrer dans la séquence pour sa force. Même si Achille est courageux, c’est le fleuvedieu qui est le plus fort car comme on peut le lire ligne 16 : « les dieux sont plus forts que les hommes ». 7. Les verbes qu’Héra emploie lorsqu’elle s’adresse à Héphaïstos sont au mode impératif « va, affronte, allume, brûle, livre-le, ne cède, ne calme pas ». Nous pouvons en déduire que le personnage d’Héra a de l’autorité. En effet, dans la mythologie Héra est la femme de Zeus, dieu suprême, et la mère d’Héphaïstos. 8. Achille ne pourrait s’en sortir sans l’intervention des dieux car la violence du fleuve-dieu ne cesse de croître, lignes 22-23 : « la colère du Scamandre ne cessait de grandir ; il dressait ses eaux contre le fils de Pélée. » La manière dont Héra intervient montre bien que la situation était devenue intenable pour Achille, lignes 24-25 : « Alors Héra poussa un grand cri : elle craignait que le grand fleuve aux profonds tourbillons n’engloutît Achille. » S’exprimer à l’écrit Rédiger la suite du texte 9. L’analyse des paroles d’Héra dans les dernières lignes du texte donnera des indices aux élèves pour imaginer les actions d’Héphaïstos. Les élèves seront invités à s’inspirer de la structure du récit mais, cette-fois, c’est le fleuve-dieu qui sera mis en difficulté et Achille, lui, reprendra la maîtrise de la situation. Cet exercice permettra aux élèves de réinvestir les procédés repérés lors de l’analyse du texte et, ainsi, de se les approprier. Bilan Achille se comporte comme un héros dans cet extrait car, malgré la violence croissante des attaques du fleuve-dieu et le danger grandissant, il persévère en mobilisant toutes ses forces. L’HISTOIRE DES MOTS Les autres mots du dernier paragraphe qui appartiennent au champ lexical de la chaleur sont : « allume, flammes, brûle, feu ». Lecture 2 p. 156-157 Le courage des héros Objectifs • Étudier deux figures de héros complémentaires. • Découvrir une chanson de geste. OOComment exprimer les choix d’un héros ? Découvrir le texte 1. La version originale de La Chanson de Roland est écrite en ancien français, langue encore très marquée par la langue latine dont elle est issue mais où certains mots sont très faciles à reconnaître. Les élèves pourront citer : « Rollanz et Olivers, est, sages, merveillus, vasselage, chevals, armes, bataille ». D’autres mots sont plus éloignés du français moderne mais sont néanmoins identifiables : « proz, unt, sunt, pur, murir, n’eschiverunt ». En revanche, « ambedui » nécessite d’être examiné de près pour reconnaître « deux » en « dui » et en déduire que ce mot a donné naissance à « tous les deux ». On pourra mener les observations supplémentaires suivantes avec les élèves. Outre le fait que la plupart des mots sont aisément reconnaissables, la compréhension est facilitée par la syntaxe. L’ordre des mots dans la phrase est le même qu’en français moderne, la forme négative est marquée par la lettre « n ». On peut reconnaître les verbes grâce à la présence d’une désinence qui varie selon le sujet et le temps : est/unt, unt et erunt. Le « s » final marque le pluriel des noms : « chevals, armes » sauf pour les prénoms de Roland et Olivier où il s’agit de la survivance du « s » latin qui indiquait le cas sujet comme dans dominus, même explication pour le « s » de sages, adjectif qui s’accorde avec le sujet du verbe être, Olivier. Ces observations permettront d’éveiller la curiosité linguistique des élèves en leur faisant prendre conscience de la dimension historique de l’orthographe française. 2. Ce passage correspond aux lignes 17 à 19 de l’extrait. On remarque que la traduction en français moderne est en prose alors que le texte original est en vers, les chansons de geste étant destinées à être chantées ou psalmodiées. © Éditions Belin, 2016 Analyser et interpréter le texte Un portrait héroïque 3. Les mots de la laisse 85, « bataille, frapperai, coups, sanglant, frapperont » correspondent au champ lexical du combat. Les qualités héroïques mises en avant sont le courage et la persévérance dans le combat comme le montre la répétition du verbe « frapper » employé au futur. 4. Roland prévoit de frapper « mille et sept cents coups » ; ce nombre est exagérément important, il s’agit d’une hyperbole. 8. À la rencontre des héros 93 Deux conceptions du courage 6. Roland refuse de sonner de l’olifant pour préserver l’honneur de la France et ne pas connaître la honte, lignes 13-15 : « Ne plaise au seigneur Dieu, ni à ses anges, que jamais la France ne perde son honneur à cause de moi. Mieux vaut la mort que la honte ! » La valeur la plus importante pour lui est l’honneur. 7. Olivier est sage car il fait preuve de réalisme. Il a dès le départ été capable de mesurer que le rapport des forces en présence ne leur laissait aucune chance de gagner ; c’est pourquoi il conseille à Roland de sonner de l’olifant dans les laisses 85 et 86. Dans la laisse 87, l’évolution de la situation confirme sa sagesse : « Voyez un peu, Roland ; ils sont tout près et Charles est trop loin ; vous n’avez pas daigné sonner de votre olifant ; si le roi était là, nous aurions évité le désastre. » Sa sagesse ne l’empêche pas de faire preuve de courage puisqu’il poursuit malgré tout le combat au côté de Roland. S’exprimer à l’oral Mener un débat 8. Afin que les élèves puissent se construire un argumentaire, on commencera le débat collectif après avoir répondu en binômes aux deux questions suivantes. Partagez-vous plutôt la conception de Roland ou celle d’Olivier ? Selon vous, un héros doit-il être exemplaire par sa sagesse ou par son courage physique ? Pour faire de ce temps de débat un temps d’apprentissage, il est essentiel de définir les postures des uns et des autres pendant la séance. Le débat doit donc être régulé et des rôles attribués pour la durée du débat (de 5 à 40 minutes), par exemple : - le président du débat et son adjoint répartiront la parole et veilleront à ce que tous les participants s’expriment ; - les participants : assis dans deux camps opposés ; - les secrétaires de séance ou reporters. Une prise de recul collective à la fin du débat est indispensable pour permettre à chacun de mener une analyse réflexive de sa prise de parole et de progresser. Bilan Olivier incarne la sagesse, qualité complémentaire à la prouesse dont fait preuve Roland. Le personnage d’Olivier fait ressortir les qualités et les défauts de Roland. Sa prudence et sa sagesse s’opposent 94 à l´orgueil et la démesure du héros. Il apporte à Roland les qualités qui lui manquent. Lecture 3 p. 158-159 Une héroïne invincible Objectifs • Découvrir une héroïne de bande dessinée. • Analyser le récit d’un combat en bande dessinée. OOComment la mise en scène d’une bande dessinée met-elle en valeur l’héroïne ? Découvrir le texte 1. L’objectif de cette première activité est double : familiariser les élèves qui ne le seraient pas avec le vocabulaire spécifique de la bande dessinée et, à travers ce premier échange, découvrir une héroïne en actions. On pourra demander, aux élèves de conclure leur échange par un résumé de la scène. Analyser et interpréter le texte Le temps du combat 2. La vignette 1 donne un effet de mouvement au combat dans la manière dont elle le met en scène. La vignette n’offre pas un seul cadrage mais trois cadrages différents, avec deux petites vignettes enchâssées dans l’angle gauche de la vignette principale, elle insiste tout particulièrement sur la vitesse à laquelle les actions de l’héroïne s’enchaînent. Un premier adversaire est désarmé, puis blessé avant que le deuxième adversaire ne soit désarmé à son tour. Les actes successifs de l’héroïne sont cadrés différemment : un très gros plan sur la main de l’héroïne pour la première action, un plan rapproché sur la tête du monstre blessé pour la seconde action, enfin un plan moyen pour la troisième. Ces cadrages traduisent visuellement cette scène d’action et sa rapidité d’exécution. La vitesse est également suggérée par les traits blancs qui soulignent et prolongent les gestes des personnages et le mouvement des armes. Enfin, la violence du combat est rendue par les onomatopées qui traduisent le bruit des différents chocs. 3. La vignette 2 montre tous les protagonistes cadrés en plan moyen. La profondeur de champ met en évidence la puissance de la tigresse représentée au premier plan en contreplongée dans une posture de domination, l’angle de prise de vue s’est déplacé depuis la vignette 1 où nous ne pouvions voir que la patte de la tigresse écrasant la créature verte dans l’angle gauche du bas de la vignette. À l’arrièreplan, les deux monstres apparaissent sous la domination © Éditions Belin, 2016 5. Roland souhaite se battre bien que la situation soit très nettement en faveur des ennemis, Olivier insiste aux lignes 9 à 11 sur la disproportion des forces en présence : « J’ai vu les Sarrasins d’Espagne ; les vallées et les monts en sont couverts, et les landes, et toutes les plaines. Grande est l’armée de la gent étrangère ; nous n’avons, nous, qu’une bien petite troupe. » Quelle que soit la réponse des élèves à la deuxième partie de la question, on insistera sur la nécessité d’y apporter une justification. de Nävis ; les petits traits au-dessus de la tête de chaque monstre traduisent le désarroi de ces derniers qui s’exprime également dans la bulle attribuée à l’un des deux : la façon dont il s’exprime est très rudimentaire, plus proche de l’onomatopée que d’une langue véritable. Nävis les domine dans sa posture et dans son langage (phrase injonctive exclamative ponctuée par deux points d’exclamation). La vignette 3, avec un gros plan en contreplongée sur le visage de Nävis et la tigresse, met particulièrement en évidence la supériorité de ces dernières. C’est de cette manière que les voient les deux ennemis… L’impression qui se dégage de leurs visages est effrayante (regard incisif de Nävis et gueule ouverte de la tigresse). Quant à la bulle, elle traduit le sentiment de supériorité de l’héroïne qui se permet de faire de l’humour dans la réponse qu’elle adresse aux monstres qu’elle vient de vaincre (on peut observer une litote). 4. Dans la vignette 1, les agresseurs sont cadrés en plan moyen et leur force, leurs armes ainsi que leur caractère monstrueux sont bien perceptibles. Ensuite, une fois que Nävis a réussi à les désarmer, dans les vignettes 2, 4 et 5, devenus inoffensifs, ils sont représentés par des dessins de plus en plus petits, relégués à l’arrière-plan, prêts à disparaître dans les flots à la vignette 5 où les autres personnages ne leur prêtent plus aucune attention. La forme de la vignette 4, dont la hauteur correspond à la hauteur de deux vignettes met en avant le mouvement de leur chute. S’exprimer à l’oral Sonoriser la planche 8. Cette activité permettra aux élèves de manifester leur compréhension de la planche en proposant une adaptation sonore. Ce sera aussi l’occasion de travailler la compétence orale « percevoir et exploiter les ressources expressives et créatives de la parole » en utilisant les technologies numériques. Bilan Nävis est une super-héroïne car elle possède des qualités et capacités extraordinaires. Elle parvient à maîtriser des agresseurs monstrueux armés jusqu’aux dents. Elle met sa force remarquable au service des plus faibles et elle intervient dans le cadre d’une mission (comme l’indique la bulle de la vignette 5). Enfin, elle a conscience de sa supériorité comme en témoigne sa décontraction et sa capacité à faire de l’humour. L’HISTOIRE DES MOTS Le mot « signoriane » crée le même effet que « occissaient ». On pourra d’ailleurs attirer l’attention des élèves sur l’effet « moyenâgeux » produit par l’emploi des mots : « une tierce et trois quartes, nenni » ainsi que par le langage désuet des deux personnages « mon mari vous narrera ce que bon vous semble tandis que je mettrai à infuser quelque feuillage ». Ce langage est en accord avec la manière dont sont dessinés les deux personnages. © Éditions Belin, 2016 LECTURE DE L’IMAGE Le temps de la rencontre 5. Dans la vignette 3 et la vignette 5, le cadrage est identique : gros-plan en contre plongée sur Nävis et sa tigresse. En revanche, leur expression change. À la différence de la vignette 3 où leur caractère agressif et violent est mis en évidence, l’impression qui se dégage de la vignette 5 est une impression de douceur : regard bienveillant de l’héroïne en train de caresser la tigresse qui ferme les yeux de bien-être, tel un chat. Contrairement à la vignette 3, les personnages sont vus dans la vignette 5 par les personnages qu’elles viennent de sauver. Nous pouvons déduire de cette comparaison une des caractéristiques de la personnalité de l’héroïne : généreuse envers les faibles et sans pitié envers les agresseurs. 6. Dans la vignette 8, Nävis emploie l’expression « ces apprentis nageurs » pour nommer ses adversaires. Cette façon ironique de les nommer manifeste le mépris, et donc le sentiment de supériorité, dont Nävis fait preuve à leur égard. 7. Dans la dernière vignette, le plan général en plongée nous laisse apercevoir la maison où vient de se dérouler le combat. Le paysage est verdoyant et se dégage une impression de quiétude renforcée par le contenu de la bulle. On peut noter que la disposition des arbres dessine le sigle de sillage, visible sur la première de couverture. Les personnages représentés sur la couverture de l’album sont au nombre de cinq : l’héroïne, sa tigresse, et trois étranges créatures. Ils ont des apparences très différentes mais regardent tous dans la même direction et brandissent tous une arme : ils sont dans une attitude défensive. Ces personnages sont représentés en plongée au centre de l’image (au centre du sigle de Sillage) et au premier plan, on perçoit des armes et leurs ombres, ce qui nous permet de déduire qu’ils se préparent à riposter à une attaque. 8. À la rencontre des héros 95 p. 160-161 Une héroïne invincible Objectifs • Comprendre la force morale d’une héroïne. • Percevoir les enjeux du choix d’un point de vue narratif. OODe quelle manière s’exprime la force morale de l’héroïne ? Découvrir le texte 1. Les ennemis de l’héroïne attendent en bas de l’arbre dans lequel elle s’est réfugiée pour la tuer. Sa seule chance de survie est de parvenir à scier une branche pour faire tomber sur eux un nid de guêpes tueuses avant le lever du soleil. 2. À ce stade, on n’attendra pas des élèves qu’ils élaborent un scénario précis. On en restera à des consignes d’adaptation qui permettront aux élèves répartis en groupes, à la fois d’avancer dans leur interprétation de l’extrait en confrontant leurs différentes propositions et de réinvestir les procédés découverts dans l’analyse de la planche de la bande dessinée Sillage. Analyser et interpréter le texte Une héroïne qui inspire la compassion 3. Avant Pendant Fin de l’hymne l’hymne l’hymne « L’hymne tire « je réalise « Le sceau à sa fin, et la du Capitole que le branche n’est s’illumine meilleur sciée qu’aux au-dessus moment trois quarts pour scier de moi et quand il la branche l’hymne retentit. C’est s’achève, que sera le ciel s’asmaintenant pendant l’hymne. » ou jamais, et sombrit et que je m’attaque je suis forcée (l. 15) à la branche. » de m’interrompre. » (l. 25-26) (l. 33-35) Après l’hymne « Et à présent ? » (l. 36) « Mieux vaut attendre l’aube. » (l. 42-43) Le lecteur découvre les actions au même rythme que l’héroïne car elles sont racontées au présent de l’indicatif. Aussi, les actions sont toujours précédées par les pensées de la narratrice exprimées au futur, ce qui accentue l’effet de simultanéité : « il va me falloir scier la branche au niveau du tronc. » (l. 10). Enfin, chaque action est détaillée étape par étape et renforce également l’effet produit : « des ampoules crèvent sur ma main droite tandis que je fais aller la lame d’avant en arrière. Une fois que j’ai pris le rythme, scier devient plus facile ; par contre je manque plusieurs fois de 96 lâcher le couteau. Je serre les dents et je continue à scier… » (l. 27-30). 4. Les actions sont racontées à la première personne, du point de vue de l’héroïne. Cette narration engage le lecteur à adopter ce point de vue et donc à être solidaire avec la narratrice, d’autant que le récit des actions se fait au présent et d’une façon extrêmement détaillée. Une héroïne réfléchie 5. Le plan de l’héroïne est de neutraliser ses ennemis en faisant tomber sur eux un nid de guêpes tueuses. Il sera intéressant de laisser les élèves exprimer leur point de vue en exigeant de chacun d’eux qu’ils apportent une justification à leur avis. On attendra des élèves qu’ils s’appuient sur les éventuels obstacles évoqués par la narratrice. 6. Les élèves pourront relever les phrases interrogatives suivantes : « Seulement mes mains tiendront-elles le coup ? » ; « Les vibrations de la branche ne risquent-elles pas d’exciter les guêpes ? » ; « Et si les carrières comprennent ce que je suis en train de faire et lèvent le camp ? ». Ces phrases interrogatives mettent en évidence la prudence de l’héroïne qui n’entreprend aucune action avant de s’être interrogée sur les conséquences de celle-ci. 7. Lorsque le narratrice pense à scier la branche pour exécuter son plan, elle se pose la question suivante : « Et si les carrières comprennent ce que je suis en train de faire et lèvent le camp ? » (l. 13-14). Cette question est suivie de la conséquence que cette hypothèse entraînerait (avec l’emploi du monde conditionnel) : « ça flanquerait tout mon plan par terre. » (l. 14). Le fait d’envisager cette conséquence entraîne une prise de décision immédiate avec cette fois un verbe au futur de l’indicatif et non plus au conditionnel : « je réalise que le meilleur moment pour scier la branche sera pendant l’hymne. » (l. 15-16). À la fin du texte, le même enchaînement a lieu : question ➜ conséquence hypothétique ➜ prise de décision. « Et à présent ? Je pourrais continuer dans le noir… » (l. 36 ) ➜ « Si les guêpes sont trop engourdies, et que le nid se prend dans une branche avant de toucher le sol, ça pourrait bien compromettre ma fuite. » (l.38 – 42) ➜ « Mieux vaut attendre l’aube… » (l. 42 – 43). Cet enchaînement met en évidence la sagesse et la perspicacité de l’héroïne qui ne laisse rien au hasard dans ses décisions et dans la planification de ses actions. S’exprimer à l’écrit 8. Cette activité est en cohérence parfaite avec la situation racontée dans le roman : les jeux sont suivis par les téléspectateurs qui peuvent s’impliquer en devenant les sponsors du candidat de leur choix. De plus, elle amènera les élèves à effectuer les transformations impliquées par le changement de point de vue en travaillant leur capacité de synthèse du fait de la contrainte des 140 caractères. Cette activité contribuera, en outre, à amener les élèves à s’interroger sur leurs pratiques personnelles des réseaux © Éditions Belin, 2016 Lecture 4 sociaux, leurs usages d’Internet et à faire preuve d’esprit critique devant des émissions de télévision basées sur la réactivité des téléspectateurs. Il est conseillé d’utiliser un réseau protégé à l’usage des enseignants, « edmodo ». https://www.edmodo.com/?language=fr Bilan Dans cet extrait l’héroïne fait preuve de persévérance et de ténacité : elle ne se décourage pas malgré le peu de chances qu’elle a de se sortir du piège dans lequel elle est tombée. Mais sa plus grande qualité est la clairvoyance dont elle fait preuve dans l’élaboration de son plan : chaque action est mûrement envisagée avant d’être tentée. Elle ne surestime pas ses capacités et évalue au plus juste toutes les données de la situation pour en tirer le meilleur parti. POUR BIEN ÉCRIRE Trois homophones de « sceau » : L’athlète a battu le record du saut à la perche. Le jeune garçon a rempli son seau de sable. Le corbeau est vraiment sot de ne pas avoir compris la ruse du renard. L’HISTOIRE DES MOTS Dans Hunger Games, « Panem » désigne le lieu du récit, une nation née des cendres de l’Amérique du Nord. Le mot « panem » vient de l’expression latine : « panem et circenses », mots latins signifiant du pain et les jeux du cirque. Juvénal (Satires, X, 81) emploie cette expression pour stigmatiser la conduite de la plèbe de Rome qui n’avait plus d’autre ambition que des distributions de blé et des spectacles gratuits. Cinéma p. 162-163 Le film de super-héros Objectif © Éditions Belin, 2016 • Analyser la représentation fondatrice d’un super-héros au cinéma : Superman. L’analyse d’un film permet d’ « exploiter une œuvre issue d’un domaine artistique différent » comme le préconise le programme afin d’ « établir constamment des ponts entre le passé, le présent et les questions du monde de demain, en dépassant les frontières artificielles, dans une perspective culturelle ouverte et riche ». Dans cette séquence mettant en perspective les héros fondateurs avec les super-héros, l’analyse d’un film de super-héros s’imposait puisqu’ils abondent actuellement au cinéma. Le film Superman de Richard Donner datant de 1978, fait figure de classique dans le genre. Une apparition spectaculaire Un enfant extraordinaire 1. La découverte de l’enfant par le couple Kent se fait en deux temps : d’abord la découverte de l’orphelin, puis la découverte de ses pouvoirs extraordinaires. À chaque fois, les Kent ont une réaction de surprise intense amplifiée par des gros plans en contre-plongée sur leurs visages hagards. Dans le cas où on pourra diffuser la séquence filmée (00 :24 :42 à 00 :26 :13), on notera que la bande son intensifie cette impression. La musique alterne en effet, des notes sombres lors des plans sur le visage des Kent et des notes enjouées lors des plans sur l’enfant. 2. Les photogrammes 1 et 2 présentent la rencontre avec l’enfant en champ - contrechamp : un plan sur les Kent stupéfaits en contreplongée, puis en plongée, la cause de leur surprise, à savoir l’enfant qui surgit de la terre, nu dans un halo de couleurs chaudes qui contraste avec les couleurs grises de la terre et du ciel. Il peut être intéressant de proposer aux élèves de comparer le photogramme 2 avec des représentations de Moïse sauvé des eaux. Enfin, dans le photogramme 3, il est évident que l’enfant est doté d’une force extraordinaire pour soulever ce camion. Les faiblesses du héros Un ennemi juré 3. Lors de cette séquence Superman tombe dans le piège que lui tend Lex Luthor, personnage qui parvient à s’opposer au héros grâce à des connaissances scientifiques et techniques très pointues. Dans le photogramme 4, le spectateur peut voir derrière Lex Luthor en premier plan, des appareils d’une technologie avancée. C’est grâce à ses recherches sur la planète Krypton, d’où vient Superman, que Lex Luthor a découvert le point faible du héros : sa sensibilité à la kryptonite, roche responsable de la disparition de Krypton. Cette faiblesse du personnage, qui n’est pas sans rappeler le talon d’Achille, peut se lire dans le regard et le geste de Superman, effrayé face à la kryptonite brandie par Lex Luthor (photogramme 5). Un héros au service des plus faibles Une scène de sauvetage 4. Les deux angles de prise de vue des photogrammes 6 et 7 insistent tous les deux sur la hauteur impressionnante de l’immeuble : dans le photogramme 6 la contre-plongée en accentue la hauteur qui semble interminable et dans le programme 7 la plongée sur l’avenue où les voitures apparaissent minuscules renforce cette sensation. 5. Dans le photogramme 8, la foule est représentée en plan moyen, ce qui permet de distinguer l’expression de stupéfaction des visages qui sont tous tournés vers le haut, captivés par l’intervention du héros sauveur. 6. Le caractère singulier et exemplaire du super-héros est renforcé par la mise en scène de ces trois photogrammes : la mise en valeur du danger renforce la prouesse du sauvetage dont témoigne la foule médusée du photogramme 8. 8. À la rencontre des héros 97 Site à consulter Un extrait de Umberto Eco, Le mythe de Superman, dans communications « La bande dessinée et son discours », p. 24-40, 1976. http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1976_ num_24_1_1364 L’Antiquité et nous p. 164 Objectif • Étudier un héros de l’Antiquité. La découverte de Persée se fera à travers un texte extrait des Métamorphoses d’Ovide adapté par Annie Collognat et une reproduction du tableau de Charles Antoine Coypel de 1727, Persée délivrant Andromède. Le choix d’appréhender le héros à travers un texte et une image de deux époques différentes s’inscrit en cohérence avec la séquence dont l’un des objectifs est de découvrir des représentations diverses de la figure du héros. Comprendre les documents 1. Persée doit combattre le monstre marin auquel Andromède va être livrée en pâture. Ce monstre a été envoyé par Poséidon pour punir Cassiopée, mère d’Andromède, de l’affront qu’elle a fait subir aux Néréides en prétendant que sa fille leur était supérieure en beauté. La description que le texte donne du monstre insiste sur son caractère particulièrement impressionnant, hideux et agressif : « taille gigantesque » (l.2), « gueule béante et avide qui essaie de mordre » (l. 3), « dos couvert de coquillages » (l.5), « le monstre vomit des flots de sang » (l.6). On retrouve les mêmes caractéristiques dans le tableau : corps écaillé, gueule béante armée de deux rangées de dents tournée en direction de Persée. La vigueur du monstre est mise en valeur par le tourbillon des flots. On notera le contraste entre la représentation du monstre et celle de Persée : la force sombre du monstre en bas du tableau s’oppose à la légèreté lumineuse de Persée dans le ciel. 2. Persée parviendra à tuer le monstre grâce à son épée et surtout ses sandales ailées qui lui permettent de voler. Mises 98 en évidence dans le tableau, le texte mentionne également les sandales mais le pouvoir de ces dernières a été neutralisé, ou du moins diminué par les vomissements de sang du monstre : « ils arrosent les sandales ailées de Persée qui les sent s’alourdir. » (l. 7-8). « Les sandales constituent l’attribut le plus courant de la panoplie de Persée. Elles sont présentes chez tous les auteurs. Ces sandales ailées sont souvent source de confusions entre Persée et Hermès sur les représentations figurées du héros et du dieu. […] Dans son De l’astronomie, Hygin assure que c’est Hermès qui les a données à Persée en personne et Artémidore reprend cette version en ajoutant qu’Hermès ne lui aurait donné qu’une seule de ses sandales. » citation de Clo Magdeleine dans La panoplie de Persée : fonctions de l’objet-attribut, http://www.persee.fr/doc/ gaia_1287-3349_2013_num_16_1_1598 3. La scène décrite par le texte se situe à la fin du combat et l’extrait se termine par le triomphe de Persée. Dans le tableau, Persée surgit du ciel, l’épée à la main et s’apprête à terrasser le monstre. Un être ailé qu’on pourrait apparenter au dieu de l’amour, Eros, semble apporter son soutien au héros. Tandis, qu’Andromède occupe le centre du tableau, enchaînée au rocher et tournée vers son sauveur. À vous de créer 4. Pour enrichir le point de vue de ces deux personnages, il est conseillé de faire des recherches sur les circonstances qui ont amenées le père d’Andromède à donner sa fille en pâture au monstre marin. Prolongements possibles On pourra comparer la représentation de cet exploit avec celle d’autres peintres : - Rembrandt, Andromède enchaînée au rocher, 1631 ; - Pierre Mignard, La délivrance d’Andromède, 1679 ; - Carle Van Loo, Persée délivre Andromède, vers 1735-1740 ; - Gustave Moreau, Persée et Andromède, 1870 ; - Frederick Leighton, Andromède, 1891. Méthode p. 165 Repérer les caractéristiques d’un récit épique Identifier les composantes du récit 1. Il s’agit du récit de la mort de Roland. 2. L’extrait est composé de deux parties qui correspondent aux deux paragraphes. Paragraphe 1 : récit du combat des © Éditions Belin, 2016 Atelier d’écriture Cette activité permettra aux élèves de problématiser le rôle des effets spéciaux au cinéma et la rédaction individuelle du compte rendu des échanges qu’ils auront eu autour de leurs observations sera l’occasion de s’entraîner à formuler leur réception d’une œuvre par écrit et d’avancer dans la maîtrise d’un écrit explicatif. chevaliers de Charlemagne contre les païens. Paragraphe 2 : récit de la catastrophe naturelle qui s’abat au même moment sur la France. 3. C’est dans le deuxième paragraphe que sont donnés des noms de lieux : « France » (l. 7), « de Saint-Michel-du-Péril jusqu’aux Saints, de Besançon jusqu’au port de Wissant » (l.9). Cependant, l’action principale se déroule dans un lieu qui n’est pas précisé dans le premier paragraphe car il l’a été dans les passages précédents : le combat se déroule dans la vallée de Roncevaux, en territoire espagnol. 4. Dans cette scène de combat, « douze pairs français » s’opposent à une multitude de païens « par centaines et par milliers » (l.3). Les pairs français sont « les meilleurs défenseurs » de Charlemagne avec, à leur tête, Olivier et Roland. Repérer les marques du registre épique 5. La bataille est qualifiée de « merveilleuse et pesante» ; l’adjectif « merveilleuse » donne à la bataille un caractère quasi surnaturel. 6. L’abondance des pluriels et l’exagération des chiffres (« plus de mille coups », les païens qui « meurent par centaines et par milliers ») correspondent à des hyperboles. Les précisions chiffrées exaltent le courage des chevaliers français. 7. La catastrophe naturelle se manifeste « de Saint-Micheldu-Péril jusqu’aux Saints, de Besançon jusqu’au port de Wissant », ces quatre points délimitent la France occidentale de l’époque, ce qui met en évidence l’ampleur de la catastrophe et donc du deuil pour la mort de Roland qui affecte l’ensemble du territoire. Interpréter la visée du récit © Éditions Belin, 2016 8. Le récit de la catastrophe naturel apporte un caractère surnaturel à cette scène. On peut citer l’emploi de l’adjectif « merveilleux », « une merveilleuse tourmente » (l. 7), de nombreuses hyperboles : « tempête de tonnerre et de vent, pluie et grêle démesurément » (l. 7), « pas une maison dont les murs ne crèvent » (l. 9-10), ainsi que de fortes oppositions : « en plein midi se produisent de grandes ténèbres » (l. 10). Le récit de la catastrophe par son caractère hyperbolique donne à cette scène de combat une dimension collective voire planétaire ; la mort de Roland est comparée à la fin du monde. 9. On s’aperçoit, dans ce texte, qu’un héros peut aussi être magnifié par sa mort. Ainsi, l’ampleur du deuil de Roland fait de la mort du héros son plus grand triomphe et, de la même façon, ce qui ressort du récit du combat, ce n’est pas la défaite des chevaliers de Charlemagne, mais leur bravoure qui fait finalement triompher leur cause par delà la mort. Vocabulaire p. 166 Les exploits d’un héros Objectif • Décrire les exploits d'un héros. Les textes du corpus nous ont montré différents héros en action, il est donc tout naturel d’approfondir dans cette page le vocabulaire de leurs exploits. Présenter un héros 1. Héros de la guerre de Troie Chevalier du Moyen Âge Super-héros du futur le bouclier, l’épée, le casque à crinière, les flèches, l’arc, l’égide, l’écu le gonfanon, le bouclier, l’épée, le destrier, l’épieu, le haubert, l’écu, les flèches, l’arc, le heaume le perturbateur ionique, le sabre-laser, le vaisseau spatial, le robot 2. Le héros L’ennemi Preux ➝ la prouesse Courageux ➝ le courage Vaillant ➝ la vaillance Hardi ➝ la hardiesse Endurant ➝ l’endurance Téméraire ➝ la témérité Généreux ➝ la générosité Brave ➝ la bravoure Peureux ➝ la peur Traître ➝ la traîtrise Faible ➝ la faiblesse Lâche ➝ la lâcheté Couard ➝ la couardise Félon ➝ la félonie Malveillant ➝ la malveillance 3. Gilgamesh dans l’œuvre éponyme ➝ courage et persévérance Ulysse dans l’Odyssée ➝ intelligence et sagesse Jean Valjean dans Les Misérables ➝ persévérance, force et altruisme Décrire les dangers à affronter 4. Terrifiant Colossal Cruel Affreux effrayant, effroyable énorme, immense, gigantesque, démesuré, brutal, implacable, féroce, redoutable, terrible, atroce hideux, repoussant, abominable, horrible, difforme, monstrueux, épouvantable 8. À la rencontre des héros 99 5. Dans l’ordre : se ruent, se portent, explosent, sort, pleuvent, se transforment. Exprimez-vous ! 6. Cette activité permettra aux élèves de réinvestir le vocabulaire des exercices tout en s’entraînant aux techniques du récit oral. Grammaire p. 167 Le présent de l’indicatif Objectifs • Identifier les valeurs du présent de l'indicatif. • Conjuguer et accorder des verbes au présent de l'indicatif. L’emploi du présent de l’indicatif dans les récits épiques permet de rendre l’action du héros plus vivante, plus proche du lecteur. Cette page propose aux élèves d’approfondir leur connaissance. Comprendre les emplois du présent de l’indicatif 1. Verbes relevés Valeur des temps Extrait 1 frappe, voit, semble, se met Présent de narration Extrait 2 Présent d’énonciation vends, achète, découvrent, désirent, marche Maîtriser les accords sujet/verbe au présent de l’indicatif 2. – Je te touche et tu meurs, s’écria Tom. Pourquoi est-ce que tu ne tombes pas ? – Je ne tombe pas, c’est à toi de tomber, répliqua Joe. C’est toi qui n’en peux plus. – Eh bien quoi ? ça ne fait rien. Je ne peux pas tomber. Dans le bouquin, il y a : « Alors, d’un coup de revers, il tua le pauvre Guy de Guisborne. » Tu dois te retourner et je te touche dans le dos. 3. Les héros (sont) grands, forts. Beaux souvent, impressionnants toujours. Ils (combattent) les monstres. Ils (détournent) les fleuves. Ils (soulèvent) des montagnes. Ils nous (sauvent) de toutes les difficultés. Leurs exploits 100 nous (laissent) bouche bée, le cœur battant. Les mythes de tous les temps (retentissent) de leurs aventures. Il s’agit d’un présent de vérité générale. 4. Le héros (est) grand, fort. Beau souvent, impressionnant toujours. Il (combat) les monstres. Il (détourne) les fleuves. Il (soulève) des montagnes. Il nous (sauve) de toutes les difficultés. Ses exploits nous (laissent) bouche bée, le cœur battant. Les mythes de tous les temps (retentissent) de ses aventures. En gras, les verbes mais aussi tous les autres mots dont les accords sont modifiés. 5. Dictée préparée a. Énée brandit son arme fatale ; son regard a choisi le moment favorable et, de loin, avec toute la vigueur de son corps, il lance le trait. Jamais ne bruissent aussi fort les pierres projetées par une baliste ; jamais la foudre n’éclate avec un tel fracas. Le javelot vole comme un noir tourbillon en portant la sinistre mort ; il perce le bord du bouclier aux sept cuirs superposés, le bas de la cuirasse et traverse en sifflant le milieu de la cuisse. Turnus, sous le coup, ploie le jarret et tombe à terre, énorme. Brandit : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « Énée ». • lance : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « il ». • bruissent : 3e personne du pluriel, s’accorde avec le groupe nominal sujet « les pierres projetées par une baliste ». • éclate : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « la foudre ». • vole : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « le javelot ». • perce : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « il ». • traverse : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « il ». • ploie : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « le jarret ». • tombe : 3e personne du singulier, s’accorde avec le sujet « le jarret ». Dictée préparée supplémentaire a. Lisez attentivement le texte puis soulignez tous les verbes conjugués au présent de l’indicatif. b. Justifiez les terminaisons verbales en repérant le sujet de chacun des verbes conjugués. Le combat entre Bellérophon et la Chimère [Bellérophon] ne doit qu’à son bouclier de n’être pas brûlé vif. Il ne peut plus guère se défendre car les terribles griffes l’assaillent à droite et à gauche. Va-t-il succomber ? Non, il se raidit dans un dernier effort et profite de ce que la Chimère a découvert sa poitrine pour lui enfoncer son glaive dans le cœur. Le monstre desserre son étreinte et tombe dans le vide. Le vent de sa chute attise les flammes contenues dans son sein. C’est une torche ardente qui tombe sur le sol. Nathaniel Hawthorne, Le Premier Livre des Merveilles, éditions Pocket, 1996. © Éditions Belin, 2016 Raconter les actions du héros Corrigé Le combat entre Bellérophon et la Chimère [Bellérophon] ne doit qu’à son bouclier de n’être pas brûlé vif. Il ne peut plus guère se défendre car les terribles griffes l’assaillent à droite et à gauche. Va-t-il succomber ? Non, il se raidit dans un dernier effort et profite de ce que la Chimère a découvert sa poitrine pour lui enfoncer son glaive dans le cœur. Le monstre desserre son étreinte et tombe dans le vide. Le vent de sa chute attise les flammes contenues dans son sein. C’est une torche ardente qui tombe sur le sol. Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments suivants : la cohérence et clarté du récit, la mise en scène et dramatisation du récit ; la clarté de la diction et la justesse du ton, la maîtrise des outils informatiques et la capacité du groupe à s’organiser avant et pendant la prestation. Compétence D1, 2, 3 • Exploiter les ressources expressives et créatives de la parole Nathaniel Hawthorne, Le Premier Livre des Merveilles, éditions Pocket, 1996. doit : verbe « devoir », 3e personne du singulier, sujet : « celuici ». • peut : verbe « pouvoir », 3e personne du singulier, sujet : « il ». • assaillent : verbe « assaillir », 3e personne du pluriel, sujet : « les terribles griffes ». • va : verbe « aller », 3e personne du singulier, sujet : « il ». • se raidit : verbe « se raidir », 3e personne du singulier, sujet : « il ». • profite : verbe « profiter », 3e personne du singulier, sujet : « il ». • desserre : verbe « desserrer », 3e personne du singulier, sujet : « le monstre ». • tombe : verbe « tomber», 3e personne du singulier, sujet : « le monstre ». • attise : verbe « attiser», 3e personne du singulier, sujet : « Le vent de sa chute ». • est : verbe « être», 3e personne du singulier, sujet : « c’ ». • tombe : verbe « tomber », 3e personne du singulier, sujet : « qui» mis pour « une torche ardente ». S’exprimer à l’oral p. 168 © Éditions Belin, 2016 Raconter les exploits d’un héros L’objectif de l’activité est de réinvestir les procédés du registre épique découverts tout au long de la séquence mais également, dans le cadre d’une expression orale, les compétences suivantes : produire une intervention orale continue de cinq à dix minutes et s’exprimer de façon maîtrisée en s’adressant à un auditoire. La constitution d’un dossier documentaire, à laquelle pourra être associé le professeur documentaliste, contribuera à faire acquérir aux élèves une méthode dans la recherche et l’exploitation d’informations. Le recours à la vidéo et l’intégration d’un accompagnement musical permettra, en outre, d’approfondir l’usage des outils numériques. Enfin, le projet devant être réalisé en trinômes développera nécessairement des compétences de coopération, la forme de la présentation finale étant à l’initiative de chaque groupe. S’exprimer à l’écrit p. 169 Créer le scénario d’un film de super-héros L’objectif de cette activité est de permettre aux élèves de réinvestir l’ensemble de ce qu’ils ont découvert lors de l’analyse des différents récits de héros de la séquence. Les consignes données pour chaque étape du travail leur permettront de créer un scénario cohérent et de manifester ainsi leur compréhension des fonctions de la figure du héros. Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments suivants : une situation initiale qui envisage un danger fondé et clairement présenté, un héros ou une héroïne avec des pouvoirs particuliers et des péripéties avec une montée du danger finalement surmonté grâce aux pouvoirs du héros ou de l’héroïne. Cette activité pourra déboucher sur la réalisation, en groupes, d’une séquence de film à partir d’un scénario choisi par les élèves ou tout au moins sur la réalisation d’un storyboard qui permettra de réinvestir les éléments de lecture de l’image abordés dans l’analyse du film Superman p.162-163. Prolongement possible Cette activité pourra aussi constituer le point de départ d’un EPI, en établissant un lien avec les thèmes 2 et 3 du programme de géographie : « Des ressources limitées à gérer et à renouveler », « Prévenir les risques, s’adapter au changement global » ainsi qu’avec le thème 1 du programme des sciences de la vie et de la terre : « La planète Terre, l’environnement et l’action humaine ». On pourra amener les élèves à s’interroger sur les risques du monde actuel et à envisager des solutions qui seront incarnées par la figure de héros qu’ils imagineront. Compétences D1 • Pratiquer l'écriture d'invention. D1 • Adopter des stratégies et des procédures d'écriture efficaces. 8. À la rencontre des héros 101 p. 170-171 Évaluation 2. Lire et comprendre un récit épique 5. Les étapes du combat sont les suivantes : 1. Hector tire son glaive. 2. Il prend son élan. 3. Il s’élance. 4. Achille bondit. 5. Il couvre sa poitrine de son écu. 6. Il brandit sa pique acérée. 7. Il pousse sa javeline contre Hector. Tous ces verbes sont conjugués au présent de l’indicatif. Il s’agit d’un présent de narration qui rend le récit plus vivant et engage davantage le lecteur. 6. Hector est comparé à un aigle : « il prend son élan, tel l’aigle de haut vol, qui s’en va vers la plaine, à travers les nues ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un lièvre qui se terre » (l. 3 à 5). Cette comparaison met en évidence la force d’Hector en insistant sur la maîtrise de son geste : du plus haut qu’il part l’aigle atteint toujours sa cible. Cette comparaison a d’autant plus de force qu’elle est amplifiée par la reprise de « tel » : « tel s’élance Hector agitant son glaive ». 7. À la différence des armes d’Hector dont seul le glaive est mentionné sans description « le glaive grand et fort », « glaive aigu », les armes d’Achille sont abondamment décrites avec de nombreuses expansions du nom : « bel écu ouvragé », « son casque étincelant à quatre bossettes, où voltige la crinière d’or splendide ». On trouve même une longue comparaison avec une structure répétitive et un superlatif : « Comme l’étoile qui s’avance, entourée des autres étoiles, au plein cœur de la nuit, comme l’Etoile du soir, la plus belle qui ait sa place au firmament, ainsi luit la pique acérée qu’Achille brandit ». Ces procédés font ressortir l’extrême beauté ainsi que la lumière qui se dégage de ces armes. Cette supériorité vient du fait qu’Achille a des origines divines, d’ailleurs ses armes ont été fabriquées par le dieu Héphaïstos. 8. Achille triomphe grâce à son intelligence et son sens de l’observation qui lui permettent de déduire le seul endroit où Hector est vulnérable. Son habileté a également son importance puisqu’il parvient à atteindre cet endroit précis avec son arme. 3. Lire une image représentant un héros 9. La force du héros émane de son regard fixe et assuré ainsi que de la position de son corps (maintien ferme et poing serré). La vitesse est exprimée par le mouvement de la cape du héros, mais surtout par le flou des immeubles qu’on devine à peine et qui disparaissent derrière les traits de lumière blanche. 10. La profondeur de champ met en évidence la supériorité du super-héros qui apparaît très net en premier plan, volant au-dessus de l’univers. 102 Évaluation complémentaire En complément de l’évaluation du manuel, on pourra proposer aux élèves, en lien avec la séquence, l’évaluation figurant aux pages suivantes. 1. Lire et comprendre un récit épique 1. Étape 1, l’attaque des Espagnols et la panique des Maures (vers 1 à 10). Les Espagnols : « Nous nous levons, poussons (des cris), les nôtres répondent, paraissent armés, nous les pressons, faisons courir des ruisseaux de leur sang » ; les Maures : « se confondent, l’épouvante les prend, rencontrent la guerre, avant qu’aucun résiste ». Étape 2, le sursaut et le combat (vers 11 à 22) : « leurs princes les rallient, leur courage renaît, leurs terreurs s’oublient, ils tirent leurs alfanges ». Étape 3, le rôle décisif de Rodrigue (vers 23 à 26) : « encourager, faire avancer, soutenir, ranger, pousser ». Étape 4, la fuite des Maures (vers 27 à 34) : « perd soudain courage, gagnent leurs vaisseaux, poussent des cris, font retraite ». 2. La plupart des verbes sont conjugués au présent de l’indicatif, il s’agit du présent de narration qui donne encore plus de vie à un récit déjà très animé du fait de l’abondance des verbes d’action. 3. De nombreux procédés exagèrent les actions des combattants dans ce récit. On peut noter l’expression du grand nombre d’hommes, les deux camps sont désignés par des termes collectifs et des pluriels : « nous », « les nôtres », « notre sang » // « ils », « les Mores », « leur sang », « leurs princes », « Leur courage », « leurs terreurs », « leurs alfanges ». La répétition « Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre », et l’énumération (dont l’effet est accentué par la répétition de « et ») « Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port » met en valeur la position des nombreux hommes de Rodrigue, encerclant l’ennemi et triomphant. Des hyperboles sont utilisées tout au long du récit : « jusques au ciel mille cris éclatants », « des ruisseaux de leur sang », « horribles mélanges », « champs de carnage où triomphe la mort », « au milieu des ténèbres », « Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables ». Nous pouvons également relever des métaphores : « des ruisseaux de leur sang », « champs de carnage où triomphe la mort », et des oppositions : « Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre », « Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient ». Ces trois procédés mettent en valeur le caractère épouvantable de cette bataille. On peut également relever la phrase exclamative : « Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres, Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait ! » . L’amplitude de cette phrase exclamative avec la répétition de « combien » met en évidence le caractère innombrable des actions héroïques. © Éditions Belin, 2016 Faire le point © Éditions Belin, 2016 Enfin, on peut noter que le registre épique est renforcé par le rythme des alexandrins avec des effets d’amplification comme dans les vers suivants : « Et la ter/re, et le fleu/ve, et leur flot/te, et le port, (3/3/3/3) Sont des champs de carnage/ où triomphe la mort. » (6/6) 4. Rodrigue est un héros et un chef de guerre hors du commun. C’est tout d’abord grâce à sa ruse et au stratagème qu’il a imaginé que ses hommes peuvent triompher d’un ennemi dangereux. Ensuite, au plus fort du combat, il est présent partout et encourage chacun de ses hommes comme le montre bien le rythme binaire des alexandrins suivants : « J’allais de tous côtés encourager les nôtres, Faire avancer les uns, et soutenir les autres, Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour ». Il fait bien sûr preuve de courage face à la fureur des ennemis au combat. Enfin, il sait être humble et s’efface derrière l’unité du groupe qu’il forme avec ses hommes, on peut le voir grâce à l’emploi répété du pronom « nous ». 2. Retranscrire un exploit héroïque Les élèves commenceront par repérer les étapes de l’action ainsi que les qualités héroïques mises en œuvre par Rodrigue dans cette bataille. Pour mieux comprendre la situation, on pourra proposer la lecture de la tirade de Rodrigue dans son intégralité ainsi que la scène 3 de l’acte IV. Avant de se lancer dans la rédaction de leur article, les élèves feront des recherches pour trouver un article de journal relatant les exploits d’un sportif afin d’observer les spécificités de l’écriture journalistique. Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments suivants : le respect du genre journalistique, la conformité des événements à ceux du récit de Rodrigue, le recours aux procédés épiques (hyperboles, comparaisons, métaphores, etc.). 8. À la rencontre des héros 103 Nom : Prénom : Classe : Évaluation Le récit d'un triomphe Ce texte est extrait de la longue tirade de Rodrigue dans laquelle le héros, reçu en triomphe à la cour, raconte au roi sa victoire sur les Maures qui menaçaient la ville espagnole de Séville. Les Maures arrivent, mais Rodrigue a organisé la riposte en dissimulant ses hommes. 5 10 15 Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants. Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent ; Ils paraissent armés, les Mores1 se confondent, L’épouvante les prend à demi descendus ; Avant que de combattre, ils s’estiment perdus. Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre ; Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre, Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang, Avant qu’aucun résiste ou reprenne son rang. Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient ; Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient : La honte de mourir sans avoir combattu Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu. Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges2, De notre sang au leur font d’horribles mélanges ; Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port, 20 25 30 Sont des champs de carnage où triomphe la mort Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres, Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait ! J’allais de tous côtés encourager les nôtres, Faire avancer les uns, et soutenir les autres, Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour, Et ne l’ai pu savoir jusques au point du jour. Mais enfin sa clarté montre notre avantage : Le More voit sa perte, et perd soudain courage ; Et voyant un renfort qui nous vient secourir, L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir. Ils gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles, Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables, Font retraite en tumulte, et sans considérer Si leurs rois avec eux peuvent se retirer. […] Corneille, Le Cid, Acte iv, Scène 3, 1637. 1. Mores : maures (population d’Afrique du nord). 2. Alfanges : cimeterres mauresques, sortes de sabres à lame courbée. 1. Lire et comprendre un récit épique 1. Retracez les étapes de la bataille en relevant les verbes d’action. Étape 1 - l’attaque des Espagnols et la panique des Maures ••• 104 © Éditions Belin, 2016 Étape 2 - le sursaut et le combat Étape 3 - le rôle décisif de Rodrigue Étape 4 - la fuite des Maures 2. À quel temps les verbes sont-ils conjugués ? Quel est l’emploi de ce temps et quel effet renforce-t-il ? 3. Relevez et nommez les différents procédés qui valorisent le courage des hommes dans le récit que fait Rodrigue de la bataille. 4. Quelles sont les caractéristiques du héros, Rodrigue, dans ce récit épique ? © Éditions Belin, 2016 2. Retranscrire un exploit héroïque 5. Vous êtes journaliste et vous devez écrire, à partir du récit de Rodrigue, un article relatant la victoire des Espagnols. Votre récit sera à la 3e personne et vous respecterez les règles d’écriture d’un article de journal. Votre article devra mettre en évidence l’exploit accompli par Rodrigue et ses hommes en reprenant les procédés épiques repérés dans la tirade de Corneille. Vous rédigerez votre article sur une feuille séparée. 8. À la rencontre des héros 105