I. LA PREVENTION
La prévention dans le cadre de la santé consiste à anticiper des
phénomènes risquant d’entraîner ou d’aggraver des phénomènes
de santé.
Comme nous l’avons écrit en 2003 [1], la prévention tertiaire est
une des composantes de la prévention et, à ce titre, appartient au
concept d’éducation pour la santé. Cette éducation pour la santé
apour but de permettre à une population d’avoir des comportements
utiles pour la santé.
On décrit trois niveaux de prévention [2,3] :
La prévention primaire apour but d’empêcher l’apparition
d’une maladie par des mesures à l’échelon de l’individu ou de
la collectivité.
La prévention secondaire apour objet de diagnostiquer une
pathologie et de la traiter à son stade de début pour en éviter
la progression et comprend le dépistage, le diagnostic et le
traitement.
La prévention tertiaireapour objectif d’amoindrir les effets
et séquelles d’une pathologie ou de son traitement.
II. LA PREVENTION TERTIAIRE
Plus précisément la prévention tertiaire est définie comme tout acte
destiné à diminuer la prévalence des incapacités chroniques dans
une population en réduisant au minimum les invalidités
fonctionnelles consécutives à la maladie.
Cette démarche complète les deux autres types de prévention et
s’inscrit comme une démarche d’accompagnement du patient tout
au long de sa maladie tant sur le plan somatique que sur le plan
psychologique.
Cette prévention est peu valorisée par les différents acteurs de soins
et en particulier par les médecins. Elle fait pourtant partie de la
médecine d’aujourd’hui et de demain, eu égard à l’augmentation
de la durée de vie et à la fréquence des pathologies chroniques ;
cela est particulièrement vrai dans le domaine de la cancérologie
où, même quand la guérison ne peut être obtenue, on obtient grâce
aux traitements, dans la plupart des cas, une augmentation de la
durée de vie dont la qualité doit être prise en compte de façon
prioritaire.
Cette prévention tertiaire s’inscrit dans le cadre de la prise en
charge d’un handicap ; deux obstacles existent à une meilleure prise
en charge : l’intérêt mitigé des soignants pour cette prévention
tertiaire et la durée de séjour de plus en plus courte qui est un frein
àla mise en place des démarches de prévention.
Pour prendre en charge correctement les effets secondaires des
traitements d’une pathologie, il est nécessaire :
d’avoir une bonne connaissance de la pathologie
de connaître ces effets secondaires
d’analyser la raison de leur survenue
de les prévenir par le respect des indications thérapeutiques et
des principes techniques adaptés
d’évaluer le rapport bénéfice risque
d’informer le patient sur tous ces aspects : les risques, le bénéfice
attendu et les moyens de gérer les problèmes éventuels
de mettre en place des structures d’explication, d’écoute et de
soutien
III. LA PREVENTION TERTIAIRE EN
ONCO-UROLOGIE
L’Onco-Urologie, qui traite les tumeurs atteignant les organes de
la continence urinaire et de la sexualité, est une partie de la
médecine particulièrement concernée par ce problème de la
prévention tertiaire.
Les traitements des cancers du testicule peuvent avoir des effets
secondaires très importants sur le plan des conséquences
hormonales et sexuelles. Il existe une dimension psychologique
considérable pour ces patients qui sont le plus souvent des adultes
jeunes au début de la construction de leur vie d’adulte. Le risque
des traitements de favoriser la survenue d’autres pathologies
tumorales tardives est aussi un point préoccupant qui doit être
évalué dans la prise en charge initiale du patient.
Les traitements des tumeurs du pénis sont bien évidemment à
l’origine d’effets secondaires délétères urinaires et sexuels
organiques et psychologiques qui doivent être pris en compte, et
traités s’ils ne peuvent être évités.
Le traitement du cancer du rein a moins d’implications spécifiques
psychologiques en dehors de la dimension du cancer en général.
Progrès en Urologie (2006), 16, 689-690
La prévention tertiaire en onco-urologie
Jean-Louis DAVIN, Michel SOULIE, Nicolas MOTTET, Jacques IRANI, Arnaud MEJEAN,
Arnauld VILLERS, Xavier REBILLARD
689
Ilpeut avoir des complications spécifiques chirurgicales ou
médicales (insuffisance rénale, splénectomie) qui méritent d’être
connues pour être prévenues dans la mesure du possible.
La prise en charge du cancer de la prostate est aussi liée à des
risques importants d’effets secondaires organiques et
psychologiques ; La prévention et la gestion des effets secondaires
urinaires et sexuels des traitement sont très importantes et doivent
être connues de tous les urologues et praticiens amenés à prendre
en charge des patients atteints de cancer de la prostate ainsi que
par les équipes para-médicales. Ces aspects doivent être
particulièrement expliqués au patient pour éclairer son choix lors
de la décision de traitement Les complications plus spécifiques
des divers traitements doivent aussi être prises en charge au mieux
(chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, chimiothérapie). Il
est capital que la qualité de vie soit intégrée et que les différentes
possibilités thérapeutiques soient évaluées, et l’utilisation de
questionnaires de qualité de vie est à encourager.
La prévention tertiaire des tumeurs urothéliales obéit aux mêmes
principes d’information et de prévention, avec les mêmes risques
sur les fonctions urinaires et également sur les fonctions sexuelles
après chirurgie d’exérèse. Les effets secondaires des traitements
endo-vésicaux doivent être connus et prévenus. Le suivi après
cystectomie doit être régulier pour prévenir et traiter les éventuelles
complications secondaires fonctionnelles, quel que soit le mode
de dérivation. Les traitements conservateurs du cancer de la vessie
justifient de la même attention.
RÉFÉRENCES
1. Davin J L.Prévention et dépistage. Prog. Urol. 2003 ;13(5) sup
2:1189-1190
2. La Rosa E. le dépistage chez l’adulte. Collection " Que sais-je ? ".
Editions PUF
3. Fantino B.Piot-Fantino F., Fabry J.: le médecin et la prévention:
questions à l’usage du généraliste. Editions Ellipses.
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