Progrès en Urologie (2006), 16, 689-690 La prévention tertiaire en onco-urologie Jean-Louis DAVIN, Michel SOULIE, Nicolas MOTTET, Jacques IRANI, Arnaud MEJEAN, Arnauld VILLERS, Xavier REBILLARD I. LA PREVENTION Cette prévention tertiaire s’inscrit dans le cadre de la prise en charge d’un handicap ; deux obstacles existent à une meilleure prise en charge : l’intérêt mitigé des soignants pour cette prévention tertiaire et la durée de séjour de plus en plus courte qui est un frein à la mise en place des démarches de prévention. La prévention dans le cadre de la santé consiste à anticiper des phénomènes risquant d’entraîner ou d’aggraver des phénomènes de santé. Comme nous l’avons écrit en 2003 [1], la prévention tertiaire est une des composantes de la prévention et, à ce titre, appartient au concept d’éducation pour la santé. Cette éducation pour la santé a pour but de permettre à une population d’avoir des comportements utiles pour la santé. Pour prendre en charge correctement les effets secondaires des traitements d’une pathologie, il est nécessaire : On décrit trois niveaux de prévention [2,3] : • d’analyser la raison de leur survenue • La prévention primaire a pour but d’empêcher l’apparition d’une maladie par des mesures à l’échelon de l’individu ou de la collectivité. • de les prévenir par le respect des indications thérapeutiques et des principes techniques adaptés • La prévention secondaire a pour objet de diagnostiquer une pathologie et de la traiter à son stade de début pour en éviter la progression et comprend le dépistage, le diagnostic et le traitement. • d’informer le patient sur tous ces aspects : les risques, le bénéfice attendu et les moyens de gérer les problèmes éventuels • d’avoir une bonne connaissance de la pathologie • de connaître ces effets secondaires • d’évaluer le rapport bénéfice risque • de mettre en place des structures d’explication, d’écoute et de soutien • La prévention tertiaire a pour objectif d’amoindrir les effets et séquelles d’une pathologie ou de son traitement. II. LA PREVENTION TERTIAIRE III. LA PREVENTION TERTIAIRE EN ONCO-UROLOGIE Plus précisément la prévention tertiaire est définie comme tout acte destiné à diminuer la prévalence des incapacités chroniques dans une population en réduisant au minimum les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie. L’Onco-Urologie, qui traite les tumeurs atteignant les organes de la continence urinaire et de la sexualité, est une partie de la médecine particulièrement concernée par ce problème de la prévention tertiaire. Cette démarche complète les deux autres types de prévention et s’inscrit comme une démarche d’accompagnement du patient tout au long de sa maladie tant sur le plan somatique que sur le plan psychologique. Les traitements des cancers du testicule peuvent avoir des effets secondaires très importants sur le plan des conséquences hormonales et sexuelles. Il existe une dimension psychologique considérable pour ces patients qui sont le plus souvent des adultes jeunes au début de la construction de leur vie d’adulte. Le risque des traitements de favoriser la survenue d’autres pathologies tumorales tardives est aussi un point préoccupant qui doit être évalué dans la prise en charge initiale du patient. Cette prévention est peu valorisée par les différents acteurs de soins et en particulier par les médecins. Elle fait pourtant partie de la médecine d’aujourd’hui et de demain, eu égard à l’augmentation de la durée de vie et à la fréquence des pathologies chroniques ; cela est particulièrement vrai dans le domaine de la cancérologie où, même quand la guérison ne peut être obtenue, on obtient grâce aux traitements, dans la plupart des cas, une augmentation de la durée de vie dont la qualité doit être prise en compte de façon prioritaire. Les traitements des tumeurs du pénis sont bien évidemment à l’origine d’effets secondaires délétères urinaires et sexuels organiques et psychologiques qui doivent être pris en compte, et traités s’ils ne peuvent être évités. Le traitement du cancer du rein a moins d’implications spécifiques psychologiques en dehors de la dimension du cancer en général. 689 Il peut avoir des complications spécifiques chirurgicales ou médicales (insuffisance rénale, splénectomie) qui méritent d’être connues pour être prévenues dans la mesure du possible. La prise en charge du cancer de la prostate est aussi liée à des risques importants d’effets secondaires organiques et psychologiques ; La prévention et la gestion des effets secondaires urinaires et sexuels des traitement sont très importantes et doivent être connues de tous les urologues et praticiens amenés à prendre en charge des patients atteints de cancer de la prostate ainsi que par les équipes para-médicales. Ces aspects doivent être particulièrement expliqués au patient pour éclairer son choix lors de la décision de traitement Les complications plus spécifiques des divers traitements doivent aussi être prises en charge au mieux (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, chimiothérapie). Il est capital que la qualité de vie soit intégrée et que les différentes possibilités thérapeutiques soient évaluées, et l’utilisation de questionnaires de qualité de vie est à encourager. La prévention tertiaire des tumeurs urothéliales obéit aux mêmes principes d’information et de prévention, avec les mêmes risques sur les fonctions urinaires et également sur les fonctions sexuelles après chirurgie d’exérèse. Les effets secondaires des traitements endo-vésicaux doivent être connus et prévenus. Le suivi après cystectomie doit être régulier pour prévenir et traiter les éventuelles complications secondaires fonctionnelles, quel que soit le mode de dérivation. Les traitements conservateurs du cancer de la vessie justifient de la même attention. RÉFÉRENCES 1. Davin J L. Prévention et dépistage. Prog. Urol. 2003 ;13(5) sup 2:1189-1190 2. La Rosa E. le dépistage chez l’adulte. Collection " Que sais-je ? ". Editions PUF 3. Fantino B.Piot-Fantino F., Fabry J.: le médecin et la prévention: questions à l’usage du généraliste. Editions Ellipses. 690