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sacerdotale en des temps particulièrement difficiles. Et je vois que, pour beaucoup, l’élan
du Concile fut effectivement déterminant. Etonnement, aussi, de voir qu’à deux
générations d’écart on ne se projette pas de la même manière dans la vie ecclésiale. Mais je
ne cesse de me dire que notre commun attachement au Christ et à l’Église, s’il peut être
différent dans sa forme ou son expression, est la garantie de notre unité. Pour cela, je
reçois de manière nouvelle l’ensemble du Concile : dans la continuité de ceux qui nous ont
précédés, je veux y puiser sans cesse un des socles de notre vie de prêtre et de la vie de
l’Église que nous voulons servir fidèlement. Si la racine est la même, les fruits seront
forcément en harmonie, quand bien même mûriront-ils différemment.
Alors, qu’est-ce que je retiens du Concile ? En quoi peut-il être, dans l’exercice de mon
ministère, une « boussole » ? Je retiendrai deux choses qui me paraissent essentielles et qui
me stimulent, personnellement, à lire et relire le Concile.
D’abord, la question de l’unité. Peut-être serait-ce là le Nord de notre boussole, si tant
est que la mission rédemptrice du Christ (et donc de l’Église) est essentiellement de
« rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). Le Concile, lui-même,
fut clairement convoqué dans la perspective de l’unité : « Si l’Église a le souci de promouvoir
et de défendre la vérité, c’est parce que (…), sans l’aide de la vérité révélée tout entière, les
hommes ne peuvent parvenir à l’absolue et ferme unité des âmes à laquelle sont liés toute vraie
paix et le salut éternel »
. Mais comment comprendre ce « principe œcuménique » si
souvent mis en avant et, parfois, brandi un peu comme un signe de ralliement ?
Une des manières de comprendre l’utilisation de l’adjectif « œcuménique » (notamment
dans les discours introductifs au Concile), c’est de considérer cette « universalité » comme
touchant d’abord l’enseignement de l’Église. Dans le passage que je viens de citer, cela
apparaît de manière claire : Jean XXIII parle bien de « la vérité révélée tout entière ». Et, dans
ce même discours d’ouverture, il reprendra vers la fin : « Voilà ce que se propose le IIème
Concile œcuménique du Vatican. En unissant les forces majeures de l’Église, et en travaillant à ce
que l’annonce du salut soit accueillie plus favorablement par les hommes, il prépare en quelque
sorte et il aplanit la voie menant à l’unité du genre humain »
. Et, au début de ce même
discours, il est encore plus explicite : « Le XXIème Concile œcuménique (…) veut transmettre
dans son intégrité, sans l’affaiblir ni l’altérer, la doctrine catholique » ; et il poursuit, relevant que
l’objectif du concile n’est pas de régler tel ou tel conflit théologique : « en effet, s’il s’était agi
uniquement de discussions de cette sorte, il n’aurait pas été besoin de réunir un concile
œcuménique. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est l’adhésion de tous, dans un amour renouvelé,
dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne dans sa plénitude »
. Ce que le pape
indique par là, c’est la nécessité de considérer l’enseignement de l’évangile dans sa pleine
unité, laquelle peut alors être source de l’unité du genre humain.
Dans le décret sur l’œcuménisme, on trouve une trace de cela ; une conséquence de ce
principe objectif : « Il faut absolument exposer clairement la doctrine intégrale. (…) En exposant
la doctrine, ils [les théologiens catholiques] se rappelleront qu’il y a un ordre ou une “hiérarchie”
Jean XXIII, Discours d’ouverture, 11 octobre 1962.
Ibid., p. 627, §3.
Ibid., p. 624, §5.