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Il est des procès qui pourraient marquer leur temps, créer
jurisprudence, modifier les comportements et les règles de
fonctionnement de la société. Tel est bien celui que je vis
depuis 2007, à la suite de la découverte de mon cancer de la
prostate.
Je suis un homme comme beaucoup d’autres, de la classe
moyenne, un homme moderne en phase avec les courants de
pensée de son époque. Dans ce cadre, j’ai toujours été attentif à
la qualité de mon hygiène de vie. J’espérais me donner une
meilleure chance de connaître une vieillesse heureuse, en
bonne santé, en pratiquant beaucoup de jogging, et en
bénéficiant d’une nourriture riche, variée et équilibrée. Mon
épouse m’accompagnait dans cette voie en fréquentant
assidument les salles de sport, et en étant attentive, dans la
préparation de nos repas, à respecter les nombreux conseils
qu’elle lisait dans des revues et des livres de diététique. Nous
menions ensemble une vie parfaitement heureuse, équilibrée et
harmonieuse dans tous les domaines.
Bien entendu, cela ne nous préservait pas des accidents de
santé, et nous avions toute confiance en notre médecin
généraliste pour les prévenir et les traiter. J’avais connu ce
médecin à l’occasion de coliques néphrétiques, qu’il avait su
diagnostiquer et soigner avec succès, alors que j’étais âgé de 52
ans. Depuis lors, il était devenu notre médecin de famille.
C’est peu après cet épisode que mon épouse et moi-même
avons décidé de nous rendre dans un centre d’examen de la
sécurité sociale, afin de faire un check-up complet de notre état
de santé. Tout était parfait pour mon épouse, et presque parfait
pour moi. On me confirma que ma tension artérielle était
légèrement supérieure à la normale (15/9), ce que mon médecin
m’avait déjà signalé.