Qu’est-ce qu’une espèce invasive ? La qualification du terme « invasive » peut être abordée sur plusieurs angles selon notre domaine d’application (chercheurs, gestionnaires, biologistes, botanistes, juristes…) « Il existe de nombreuses définitions pour qualifier les espèces invasives ou espèces exotiques envahissantes. On s’accorde néanmoins pour limiter le terme d’invasif aux seules espèces exotiques et pour envisager seulement les introductions qui soient le fait de l’homme que ce soient des introductions volontaires ou accidentelles. On pourra consulter le glossaire des différents termes adoptés et faisant l’objet d’un consensus au niveau international sur le site http://www.cbd.int/invas/terms.shtml Quelles sont les impacts ? Les invasions biologiques sont désormais reconnues comme la deuxième cause du déclin de la biodiversité après la destruction des habitats. Les espèces introduites entrent en compétition avec les espèces autochtones : elles peuvent leur transmettre des maladies, ou transformer leur habitat. Les espèces invasives ont en général un fort potentiel reproducteur. L'écosystème dans lequel elles vont s'implanter ne comporte pas toujours de prédateur ou de pathologie qui pourraient réguler leur développement. Les introductions d’espèces invasives sont majoritairement réalisées par l'homme. Environ une espèce introduite sur mille peut devenir invasive. Quelles sont les méthodes de lutte généraliste? Dans le cadre de la préservation de la diversité biologique, la lutte contre les espèces invasives fait partie des priorités. Elle implique des méthodes préventives, des méthodes de lutte biologique par l'introduction de prédateurs, de lutte mécanique par arrachage des plantes invasives ou encore de lutte raisonnée. Le contrôle des espèces invasives nécessite: De détecter de façon précoce les espèces invasives et arracher les jeunes plants, De cibler les opérations de contrôle aux espaces encore peu envahis, De choisir une méthode de lutte adaptée en ciblant les espèces à forte capacité de dissémination, en fonction de leur localisation (cours d’eau …) et de leurs caractéristiques (âge, système de reproduction, etc.) a. Lutte mécanique ; fauchage, broyage, coupe des hampes florales, arrachage… b. Lutte biologique ; insectes, champignons, bactéries… De gérer les déchets verts (limiter les risques de contamination en exportant et en détruisant efficacement les graines et les fractions végétales permettant la multiplication végétative) De nettoyer les engins après une opération de contrôle dans une zone envahie, de commencer les travaux de gestion par les zones non contaminées et d’exporter, quand cela est possible, la terre contenant les propagules d’espèces invasives suite à une opération de lutte D’effectuer un suivi des repousses (suivi et contrôle sur plusieurs années pour contenir les repousses dues aux fragments oubliés ou aux graines présentes dans la banque du sol) 1 Quelles sont les mesures spécifiques non exhaustives ? Acacia dealbata Willd. (Fabaceae) Mimosa, Mimosa argenté, Mimosa d'hiver, Mimosa des fleuristes Détection précoce et arrachage des plants Acer negundo L. (Aceraceae) Negundo, Négondo, Érable negundo, Érable négondo Pour les jeunes plants : coupes et fauchages répétés Agave americana L. (Agavaceae) Agave Arrachage manuel des plants. Attention à retirer les bulbilles et ne pas laisser de bouts de rhizomes dans le sol. Ailanthus altissima (Miller) Swingle (Simaroubaceae) Ailante, Ailante glanduleux, Faux Vernis du Japon, Vernis de Chine Cibler prioritairement les pieds femelles les plus âgés pour diminuer la production de graines. Arrachage, coupes, fauchage répétés sont efficaces sur les jeunes plants. L’encerclage peut fonctionner sur les arbres plus âgés, mais peut entrainer la chute de l’arbre. Amorpha fruticosa L. (Fabaceae) Faux-Indigo, Indigo bâtard Arrachage précoce des jeunes plants, le broyage mécanique peut également être pratiqué à condition qu’il soit réalisé très régulièrement et avant la fructification. Azolla filiculoides Lam. (Azollaceae) Azolla fausse filicule Mécanique : Arrachage manuel très délicat du fait de la propagation très rapide et étant donné la difficulté du travail, la technique n’est préconisée que pour les populations de faible superficie. Lutte biologique : le coléoptère Stenopelmus rufinasus Gyllenhal (Curculionidae) importé de Floride, a été introduit comme agent de lutte biologique contre l’Azolla fausse-fougère en Afrique du Sud. Cet insecte cause des dommages aux stades larvaire et adulte à A. filiculoides. Avant son introduction, il avait été testé pour vérifier sa sélectivité alimentaire : il fallait qu'il détruise spécifiquement A. filiculoides, et non des plantes natives. Cinq ans après, la plante ne constitue plus une menace pour les systèmes aquatiques de ce pays. Depuis, cet insecte a été utilisé dans d'autres pays, dont le Royaume-Uni. Buddleja davidii Franchet (Buddlejaeae) Buddléia de David Essayer l’arrachage des jeunes plants, voir si cela est efficace (le faire sur une zone test) Carpobrotus edulis (L.) N.E.Br. et Carpobrotus acinaciformis (L.) L. Bolus. (Aizoaceae) 2 Doigt-de-sorcière, Ficoïde à feuilles en sabre, Griffe de sorcière Ficoïde comestible, Figuier des Hottentots L’arrachage manuel des griffes de sorcière est efficace à condition d’éviter de laisser des fragments sur place (risques de reprise et de bouturage). Cortaderia selloana (Schultes & Schultes fil.) Ascherson (Poaceae) Herbe de la pampa Arrachage précoce des jeunes plantes. Arrachage des plants adultes les plus gros. Enfin, coupe des tiges florales avant la fructification. Egeria densa Planchon (Hydrocharitaceae) Elodée dense Il est conseillé de laisser la plante arriver à maturité et de la sortir de l'eau avec précaution, par exemple à la fourche. Pour le séchage des résidus de gestion, il faut trouver un site loin du cours d'eau sur sol sec (survie de très courte durée des tiges arrachées et disposées hors milieu aquatique). Elodea canadensis Michaux. et Elodea nuttallii (Planch.) H.St.John (Hydrocharitaceae) Elodée Moissonnage/Faucardage : technique classique de lutte contre les espèces végétales aquatiques invasives. Les résidus de gestion doivent être séchés loin du cours d’eau sur un sol sec. Les machines doivent être soigneusement débarrassées de tous résidus. Attention, les espèces locales peuvent être sensibles au faucardage. Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt (Haloragaceae) Myriophylle en épi Arrachage mécanique et dragage. Lutte biologique : coléoptère (du genre Lysathia), ayant donné des résultats satisfaisants mais il faut coupler la lutte biologique à une autre méthode. Opuntia ficus-indica (L.), Opuntia imbricata DC., Opuntia rosea DC. et Opuntia stricta (Haworth) (Cactaceae) Oponce, figuier de barbarie Arrachage manuel (en étant bien équipé !) et exportation de tous les déchets puis brûlage. Paspalum dilatatum Poir. et Paspalum distichum L. (Poaceae) Millet, Paspale dilaté, Paspale à deux épis Arrachage manuel sur des zones dont la surface ou le nombre de pied est limité. Reynoutria japonica Houtt. et Reynoutria x-bohemica Chrtrek & Chrtkova (Polygonaceae) Renouée du japon, renouée hybride Arrachage des plantules (avril-mai). La fauche répétée au moins 6 fois par an donne de bons résultats sur le long terme (au bout de 5-6 ans). Attention, a ne faut pas faucher trop près du sol pour ne pas risquer de toucher les bourgeons. Sources : Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles www.cbnmed.fr/ http://www.invmed.fr/ 3