Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Mayeul Arminjon CNRS (Sect. 2) Labo. “Sols, Solides, Structures – Risques”, Grenoble CITV, Aix-en-Provence, 31 août - 4 septembre 2009 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Position du problème I I Dans le travail précédent, on a obtenu deux équations de Dirac alternatives dans un espace-temps courbe, en appliquant directement la correspondance classique-quantique. On a donc trois éqs de Dirac. Il faut donc étudier la mécanique quantique associée à chacune de ces trois éqs : • définition du courant de probabilité & sa conservation, • définition du produit scalaire pertinent, • l’opérateur hamiltonien & son hermiticité (ou pas). I Beaucoup peut être fait simultanément pour les trois versions, car elles ont la même forme. Les conclusions qualitatives pour les trois versions sont assez similaires, avec des différences non-négligeables. 2 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique 3 équations de Dirac ds un espace-temps courbe Les 3 équations de Dirac gravitationnelles ont la même forme : γ µ Dµ ψ = −imψ, (1) où γ µ = γ µ (X) (µ = 0, ..., 3) = chp de matrices complexes 4 × 4 définies sur l’E-T (V, gµν ), t.q. γ µ γ ν + γ ν γ µ = 2g µν 14 , µ, ν ∈ {0, ..., 3} (14 ≡ diag(1, 1, 1, 1)); (2) et où ψ est un chp de bispineurs pour l’éq usuelle (Dirac-Fock-Weyl ou DFW) mais est un chp de 4-vecteurs pour les deux éqs alternatives, fondées sur la représentation tensorielle des chps de Dirac (TRD); et Dµ est une dérivée covariante, associée à une connexion spécifique. Pour DFW : “connexn de spin”, dépend du chp (γ µ ). 3 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Outil commun : les matrices hermitisantes Pour DFW, on définit γ µ = aµα γ ]α , où uα = aµα ∂µ est une tétrade orthonormée. Il faut étudier l’influence du choix de matrices de Dirac “plates” (γ ]α ) et de la tétrade (uα ). On devrait pouvoir utiliser tout choix possible de (γ ]α ). Pour TRD, le 4-uplet (γ µ ) forme un tenseur, donc n’est pas fixé. Vrai même pour (γ ]α ) si on définit encore γ µ = aµα γ ]α . Solution : utiliser la matrice hermitisante = une matrice 4 × 4 A t.q. A† = A, (Aγ µ )† = Aγ µ µ = 0, ..., 3, (3) où M † ≡ M ∗ T = conjugué hermitien de la matrice M . Pour les choix usuels (γ ]α ) (Dirac, “chiral”, Majorana), A = γ ]0 . Nous avons prouvé l’existence de A et de B (pour matrices αµ ). 4 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Définition du courant de probabilité Dans l’E-T plat, le courant est défini sans ambiguı̈té comme J µ = ψ † Aγ µ ψ. (4) La définition (4) est généralement-covariante : J µ est un 4-vecteur, pour DFW et pour TRD. Elle reste donc vraie pour un E-T courbe (V, gµν ). (Mais γ µ , A dépendent de X ∈ V.) Le courant (4) est indépendant du choix des matrices de Dirac : si on passe d’un chp (γ µ ) à un autre (γ̃ µ ), le nouveau se déduit du premier par une transformation de similarité locale (=dépendant de X ∈ V): ∃S = S(X) ∈ GL(4, C) : γ̃ µ (X) = S −1 γ µ (X)S, µ = 0, ..., 3, (5) Avec ψ̃ = S −1 ψ et à = S † AS , on obtient bien J˜µ = J µ . 5 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Condition de conservation du courant Theorème 1. Considérons l’éq de Dirac générale (1) ds un E-T courbe – donc, soit DFW, soit une des deux équations TRD. Pour que toute solution ψde (1) vérifie la conservation du courant Dµ J µ = 0, (6) Dµ (Aγ µ ) = 0. (7) il faut et il suffit que Corollaire 1. Pour DFW, on peut prendre comme chp de matrice hermitisante A(X), la matrice constante A] , i.e., une matrice hermitisante pour les matrices “plates” γ ]α . Alors la conservation du courant est vraie pour toute solution de l’équation DFW. (M.A.– F. Reifler, arXiv:0807.0570, gr-qc) 6 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Champs de coefficients admissibles Selon le Theorème 1, les chps de coeffs possibles (γ µ , A) de l’éq de Dirac ne sont pas tous physiquement admissibles, mais seulement ceux qui, en + de la relation d’anticommutation (2), vérifient l’éq de chp (7), assurant la conservation du courant. Appelons “admissibles” de tels systèmes (γ µ , A) de champs. Exemple : ds l’ E-T plat, on peut considérer les chps γ µ qui sont constants en coordonnées cartésiennes (et donc aussi le chp A). Ils vérifient la condn (7) pour la conservatn du courant. Si l’on choisit le chp γ µ “au hasard”, les solutions de l’éq de Dirac (1) ne vérifient généralement pas la condition (7) ni la conservation du courant, même ds l’E-T plat – sauf pour DFW. 7 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique L’opérateur hamiltonien dépend du référentiel L’éq de Dirac (1) se met sous la forme “Schrödinger” : ∂ψ i = Hψ, ∂t (t ≡ x0 ), H ≡ mα0 − iαj Dj − i(D0 − ∂0 ), (8) (9) où α0 ≡ γ 0 /g 00 , αj ≡ γ 0 γ j /g 00 . (10) Pour que les hamiltoniens H and H0 , avant et après un changemt de carte, soient équivalents comme opérateurs, le changemt de carte doit être spatial : x00 = x0 , x0j = f j ((xk )). Alors, les 2 membres de l’éq de Schrödinger (8) sont “scalaires” pour DFW, et “vectoriels” pour TRD : H dépend du référentiel (congruence 3D de lignes d’univers) considéré. Fait général. 8 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Condition d’hermiticité du hamiltonien Théorème 5. Une condition nécessaire pour que le produit scalaire de deux fonctions d’onde indépendantes de t soit indépendant de t et que de plus le hamiltonien H soit un opérateur hermitien, est que le produit scalaire ait la forme Z √ † 0 (ψ | ϕ) ≡ (11) ψ Aγ ϕ −g d3 x. Théorème 6. Soit un chp de coeffs (γ µ , A) vérifiant les deux conditions d’admissibilité (2) and (7). Pour que le hamiltonian de Dirac (9) soit hermitien pour le produit scalaire (11), il faut et il suffit que `√ ´ 0 ∂0 −g Aγ = 0. (12) Pb : Conditn pas stable par les transfos de similarité locales !! 9 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Instabilité de l’hermiticité : cas de DFW For DFW, all local similarity transformations are admissible, since condition (7) is always satisfied [with the choice A(X) ≡ A] : see Corollary 1]. Moreover, in very general coordinates,pthe tetrad (aµα ) may be chosen to satisfy a0j = 0. Then a00 = g 00 from the orthonormality of the tetrad. Take for “flat” matrices γ ] α standard Dirac matrices, for which A = γ ]0 . Thus p 0 ]0 0 ]0 B ≡ A γ = γ (a 0 γ ) = g 00 14 . (13) The hermiticity condition (12) then reduces to Leclerc’s (2006) : p ∂0 ( −g g 00 ) = 0. (14) But, after a local similarity S, the condition (12) becomes p ∂0 ( −g g 00 S † S) = 0, (15) which cannot be satisfied if (14) is, and if moreover S † S = F (t). 10 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Condition d’invariance du hamiltonien par une similarité locale (DFW) On cherche quand une similarité locale S(X), appliquée au champ des matrices de Dirac γ µ , laisse H [éq (9)] invariant : H̃ = S −1 H S. (16) C’est un calcul sans malice. Pour DFW, les matrices de la connexion, Γµ ≡ Dµ − ∂µ , changent : Γ̃µ = S −1 Γµ S + S −1 (∂µ S). (17) On trouve simplement que la CNS pour avoir (16) est que S(X) ne dépende pas du temps, ∂0 S = 0. Dans le cas général gµν,0 6= 0, tous les chps possibles γ µ dépendent de t : pas moyen de trouver une classe de chps γ µ s’échangeant avec ∂0 S = 0. I.e.: le hamiltonien de Dirac n’est pas unique. 11 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Condition d’invariance de l’opérateur Energie (DFW) Lorsque le hamiltonien H n’est pas hermitien, on doit utiliser l’opérateur Energie. Coı̈ncide avec la partie hermitienne de H : ” `√ ´ i 1“ −1 ‡ E=H+ √ B ∂0 −g B = H + H , B ≡ Aγ 0 . (18) 2 −g 2 Un calcul sans plus de malice donne la condition d’invariance de E (pour DFW) : B(∂0 S)S −1 ˆ ˜ ˆ ˜ −1 † −1 a − B(∂0 S)S ≡ 2 B(∂0 S)S = 0. (19) Les similarités locales S(X) vérifiant (19) sont très particulières. Il y a donc un problème d’unicité sérieux pour DFW (et aussi pour les éqs alternatives, TRD). Le spectre de E serait-il lui-même non-unique? Ce serait trop grave, non? Et pourtant... 12 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Expression explicite de l’opérateur Energie (DFW) Expression générale du changement de E par similarité locale : δE ≡ S ẼS −1 − E = −iB −1 ˆ ˜ −1 a B(∂0 S)S . (20) Prenons encore une tétrade t.q. a0j = 0, d’où (13) et donc ˆ ˜ −1 a δE = −i (∂0 S)S . (21) (∂0 S)S −1 = élément générique de G, alg. de Lie de Spin(1, 3) – dont les sαβ ≡ [γ ]α , γ ]β ] (α < β) forment une base. Ainsi 3 h ia X δE = −i ωαβ sαβ = −i ωjk sjk (22) j,k=1 et, en fn de la Lorentz locale L(X) qui définit S(X) = S(L(X)), les 6 coeffs ωαβ = −ωβα dépendent arbitrairement de X ∈ V. 13 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Cas où les matrices de Dirac sont les “chirales” Si les matrices de Dirac γ ]α sont les “chirales”, on a 0 1 3 X N 0 1~ jk @ A δE = −i ωjk s = σ , N ≡ − θ.~ 2 0 N j,k=1 (23) où θ~ ≡ (θk ) avec θ1 ≡ ω23 (circulaire), et où ~ σ ≡ (σk ) avec σk = matrices de Pauli. En fn des 3 réels ωjk , 1 ≤ j < k ≤ 3, la matrice N parcourt toutes les matrices hermitiennes 2 × 2 de trace nulle. Une telle matrice a 2 valeurs propres µ ∈ R et −µ, et une base orthogonale de vecteurs propres, resp. u ∈ C2 pour µ et v pour −µ. 14 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Non-unicité du spectre (DFW) Une petite perturbation : S(ε, X) = I + ε (δS)(X) + O(ε2 ) modifie chaque valeur propre de E : δλ = (ψ | δE(ε)ψ) + O(ε2 ) avec ψ la fonction propre pour l’état non perturbé. Avec (23) et en décomposant : ψ = (φ, χ), on trouve : Z Z p (24) δλ = ψ † δE ψ −g g 00 d3 x = (φ† N φ + χ† N χ) dV. Soit µ > 0. ∀x ds la variété espace M, soit N = N (x) t.q. φ(x) soit vecteur propre de N (x) pour la valeur propre µ, d’où φ† N φ = µ φ† φ, χ† N χ ≥ −µ χ† χ, (25) et ≥ devient = seult si χ(x)⊥φ(x). Ainsi δλ > 0 sauf si i) R † R † χ(x)⊥φ(x) p.p. et ii) φ φ dV = χ χ dV. Rare ! i) ⇒ J µ genre lumière p.p., impossible si m > 0 . cqfd. 15 Equations de Dirac dans un espace-temps courbe : Mécanique quantique Conclusion I I I I I Les 3 éqs de Dirac gravitationnelles étudiées ensemble, grâce à la matrice hermitisante A. La conservation du courant exige l’équation matricielle Dµ (Aγ µ ) = 0. Ainsi, les chps a priori possibles de matrices de Dirac ne sont pas tous admissibles (sauf pour DFW). `√ ´ 0 La condition d’hermiticité est ∂0 −g Aγ = 0. Elle n’est pas stable par les transformations de similarité admissibles. L’ opérateur hamiltonien H n’est pas unique : il dépend du choix admissible du chp de matrices de Dirac. Idem pour l’opérateur Energie E. Vrai pour DFW et pour TRD. Le spectre de E lui-même n’est pas unique. Tous ces résultats sont déjà vrais ds E-T plat en référentiel non inertiel. 16