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En Alsace-Moselle, l’État organise une heure d’enseignement de religion par semaine pour
les élèves du CP à la terminale, pour les quatre cultes dits « concordataires » : les
catholiques, les protestants luthériens et réformés (unis depuis 2006) et les juifs. D’après
l’Observatoire de la laïcité, impossible d’étendre cette exception scolaire au culte musulman :
En 2013, dans son jugement sur la rémunération publique des pasteurs en Alsace-Moselle, le
Conseil constitutionnel a souligné que le régime local des cultes reste valable mais ne peut
pas s’étendre à de nouveaux bénéficiaires.
Le Strasbourgeois Éric Sander, secrétaire général de l’Institut du droit local, réfute cette
interprétation :
« Le statut scolaire d’Alsace-Moselle est complètement autonome par rapport aux textes
qui concernent les cultes reconnus. Par ailleurs, il prévoit simplement un enseignement de
la religion à l’école publique sans dire de quelle religion. Donc si les pouvoirs publics ont la
volonté d’utiliser cet outil pour introduire un nouveau cours de religion, le droit le leur
permet. »
Une réflexion amorcée par la Région en 2011
S’appuyant sur son raisonnement, la Région Alsace a coordonné une première réflexion sur
un enseignement de l’islam entre 2011 et 2012, dans le cadre de son comité interreligieux.
Pour Lilla Merabet, conseillère régionale sans étiquette mais élue sur une liste de la majorité
de droite qui a suivi le dossier, le rôle de la Région était alors d’offrir « un lieu de neutralité
pour que les gens puissent travailler » et de faciliter la liaison entre la préfecture, le Rectorat
et le CRCM. Elle explique :
« L’idée était de voir si l’Alsace pourrait être un jour un laboratoire, avec des outils
pédagogiques. Il fallait être vigilant avec les uns et les autres, bien rassurer sur le fait que
l’idée n’était pas d’inscrire l’islam dans le Concordat. »
C’était Driss Ayachour, à l’époque président du Conseil régional du culte musulman et
aujourd’hui président de la Coordination des associations musulmanes de Strasbourg, qui
avait porté le projet de définition d’un programme. Pour le composer, il avait surtout pris
conseil sur les expériences allemandes et l’approche pédagogique des protestants.
Selon Lilla Merabet, ce travail a porté ses fruits :
« Les programmes pour l’islam sont prêts de la sixième à la terminale. Ils développent les
cinq piliers de l’islam, la place de la femme en islam, les pratiques de solidarité, ils
contextualisent la religion à travers ses grands courants historiques… Ce contenu est plus
envisagé comme de l’éducation civique. Il vise en priorité les enfants musulmans, dont les
familles n’ont pas de lieu pour transmettre l’islam comme héritage culturel. »
En partant de ce programme existant, Lilla Merabet se veut donc optimiste sur l’ambition de
la préfecture :