Espace national et identité collective. Pour une sociologie politique du conflit jurassien [Bernard Voutat] Autor(en): Hauser, Claude Objekttyp: BookReview Zeitschrift: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte = Revue suisse d'histoire = Rivista storica svizzera Band (Jahr): 45 (1995) Heft 2 PDF erstellt am: 26.05.2017 Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. 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So hält Urs Altermatt in seinem Schlussfazit dann auch fest: «Nach wie vor stellt der Studentenverein den einzigen Treffpunkt dar, wo Rechte und Linke, Konservative und Christlichsoziale, Deutschschweizer, Welsche und Tessiner, ja die verschiedensten katholischen, ja sogar verschiedenen christlichen Schattierungen und Richtungen zusammenkommen und miteinander ein loses Gespräch führen.» So ist es nicht verwunderlich, dass eines der Anliegen des Jubiläumsbuches war, alle Sprachregionen zu Wort kommen zu lassen - auch wenn die romanische unglücklicherweise in obigem Zitat fehlt. Nicht nur wird am Schluss eines jeden Kapitels eine kurze Zusammenfassung in den drei übrigen Landessprachen gegeben, sondern ein Welscher schreibt über die französische Präsenz im Verein, Tessiner über diejenige des Tessins und ein Romane über die Bündner Sektion, die mit Caspar Decurtins einen hervorragenden Vertreter dieses Kantons dem Schweizerischen Studentenverein, dem schweizerischen Katholizis¬ mus, dem Katholizismus überhaupt schenkte. Die letzten Bemerkungen führen uns zu einem weiteren wichtigen Punkt. Ganz im Gegensatz zum eigentlich thematisch eng gesetzten Titel ist dieses Werk nicht nur die 150jährige Geschichte des Schweizerischen Studentenvereins, sondern auch eines wichtigen Teils der Geschichte des schweizerischen Katholizismus überhaupt, ja eines oft von der liberalen Historikerzunft vergessenen wichtigen Aspektes der Schweizergeschichte des 19. und 20. Jahrhunderts. So paradox es tönen mag, der katholisch-konservative Studentenverein akzeptierte von Anfang an den modernen Bundesstaat, versöhnte den Katholizismus mit der liberalen Schweiz von 1848, integrierte die Katholiken in diesen und half seit 1891, als der ehemalige Zentralpräsident Joseph Zemp zum ersten katholisch-konservativen Bundesrat gewählt wurde, die Schweiz von heute mitzugestalten. Man kann sich deshalb nur wünschen, dass die Jubiläumsgeschichte des Studentenvereins über den Kreis der St Ver hinaus viele Leser findet, ganz besonders auch, da dem StV zur Wahl des Herausgebers zu gratulieren ist. Urs Altermatt ist wohl der profundeste Kenner des schweizerischen Katholizismus und ganz besonders des katholischen Vereinslebens. Wenn man etwas bemängeln wollte, dann das Format und das gewählte Papier des Buches. Doch darf man nicht vergessen, dass hier eine Festschrift vorliegt, die nun einmal schon durch ihr Äusseres allein Eindruck machen soll. Da es sich um eine Vereinsgeschichte handelt, ist auch die grosse Anzahl Bilder nicht verwun¬ derlich, obwohl man da und dort diese vielleicht etwas strenger hätte auswählen können. Doch gehören alte und neuere Photographien zu jedem Vereinsleben. Ralf Heckner, Davos Bernard Voutat: Espace national et identite collective. Pour une sociologie politique du conflit jurassien. Lausanne, Institut de science politique, 1992. 466 p. (Le livre politique N° 19). Encore une etude sur la Question jurassienne? Pas exactement, puisque la these de Bernard Voutat vise avant tout ä mettre en ceuvre de facon globale une methodologie expliquant la dynamique des conflits nationaux. II n'en demeure pas moins evident qu'un autre objeetif de l'auteur est de cerner au mieux l'identite du Jura et des Jurassiens, que l'on qualifie volontiers d'identite plurielle depuis la 268 parution de cet ouvrage et d'autres etudes portant sur le meme probleme1. Pour ce faire, l'auteur privilegie une demarche essentiellement theorique, allant de l'abstrait au concret, selon les enseignements de sociologues tels Pierre Bourdieu, Alain Touraine, Cornelius Castoriadis, etc. De ce choix methodologique decoule le plan d'une these qui prend les apparences d'un vaste chantier oü Bernard Voutat deconstruit, puis reconstruit la maison jurassienne. L'auteur demonte en effet dans la premiere partie de son ouvrage les mecanismes de la lutte de classements qu'il a mise ä jour autour de la Question jurassienne, puis met en place dans un second temps les echafaudages theoriques qui vont lui permettre de bätir son interpretation sur la base de la relation entretenue entre espace national et identite collective. La derniere etape de sa reflexion aboutit ainsi ä une sociologie politique du conflit jurassien permettant de comprendre comment et pourquoi se sont produites les identites sociales dans le Jura au cours des XIXe et XXe siecles. Le premier chapitre constitue une excellente synthese de la Question juras¬ sienne, depuis l'affaire Möckli, qui eclate en septembre 1947, jusqu'au piebiscite du 23 juin 1974. L'accent est mis sur une presentation «froide» des faits, plus descriptive qu'interpretative, qui souligne les differences de points de vue des antagonistes. L'auteur parvient ainsi ä eviter le piege de la lutte des classements dans lequel tant d'analystes de la Question jurassienne sont tombes jusqu'ä pre¬ sent, soit de leur propre gre, soit pousses par les protagonistes du conflit. Bernard Voutat demontre dans les deux chapitres suivants que l'historien et le sociologue peuvent se trouver empruntes dans leur interpretation de la Question jurassienne. Maniant avec dexterite les principes de la critique historique, il souligne ainsi la necessite de replacer les concepts-cles de la Question jurassienne dans le contexte qui les a vus apparaitre (p. ex. la notion de peuple jurassien, largement tributaire de l'historiographie liberale de l'entre-deux-guerres), sans en faire un usage indiffe¬ rent ou generalise. Plus loin, l'historiographe se mue en critique de la demarche sociologique, et il faut bien avouer que peu d'etudes de cette nature ressortent indemnes de l'analyse ä Iaquelle il les soumet sans complaisance. En fin de compte, l'auteur en arrive ä conclure qu'il s'agit moins de tenter, ä l'aide d'outils statis¬ tiques, des correlations entre des elements d'explication du conflit lui-meme (fac¬ teurs religieux, sociaux, politiques, culturels...), que de comprendre pourquoi la prise de conscience identitaire a surgi ä tel moment plutot qu'ä un autre. Bernard Voutat amorce sa reponse en developpant une reflexion theorique occupant une grande place au cceur de son travail. En faisant reference ä Guy Heraud (mais peut-on le faire sans arriere-pensee, celui-ci etant lui-meme un acteur du conflit), Max Weber, Karl Marx, etc., il decortique la signification de la forme nationale qu'il parvient ä definir comme le «lieu oü se pose, pour une collectivite, la question generale de son inscription dans l'espace, celle de son identite, ainsi que celle de l'assise territoriale de l'exercice du pouvoir politique». Les bases theoriques d'une sociologie politique des pratiques sociales ainsi posees, parfois un peu lourdement, l'on atteint alors le cceur d'une these qui propose une interpretation originale de la genese et du developpement du conflit jurassien. II s'agit tout d'abord de penser la maniere dont le passe jurassien a pu etre pense. Bernard Voutat retrace ainsi les principales etapes du developpement de l'histo1 18 On consultera en particulier la publication des resultats du Programme de recherche national 21 sous le titre: L'Ecartelement. Espace jurassien et identite plurielle 1974-1989 (sous la direction de B. Prongue, avec les contributions de C. Gigandet, C. Ganguillet et D. Kessler). Saint-Imier, Canevas Editeur, 1991. 671 p. Zs. Geschichte 269 riographie nationale et de la notion de peuple jurassien ä travers les grands classi¬ ques de l'histoire jurassienne, fecondant son analyse par des lectures theoriques sur le fait national. II releve egalement la difficulte d'etablir une periodisation unique et definitive de la Question jurassienne, puisque celle-lä est forcement influencee par le facteur d'explication du conflit que l'on privilegie. Encore une fois, l'origi¬ nalite de l'etude de Bernard Voutat reside moins dans la presentation du conflit Berne-Jura, qu'il fait remonter jusqu'au XIXe siecle, que dans la facon dont il aborde ces evenements: le caractere interdisciplinaire de la problematique appa¬ rait bien dans une etude de la perception de l'espace jurassien au XIXe siecle qui marie avec bonheur donnees geographiques et analyses economiques, sans oublier les acquis des recherches historiques recentes. C'est ä la fin du Premier Conflit mondial que nait un premier mouvement separateste qui disparaitra assez rapidement, faute d'avoir pu faire passer ses aspirations dans des pratiques sociales determinees, telles qu'elles apparaitront en 1947. Entre ces deux moments forts de la Question jurassienne, on observe qu'un Systeme de representations commun aux elites de l'epoque (notion de peuple jurassien mise en exergue, conscience nationale affirmee) debouche sur des projets politiques distincts, puis opposes (Separation ou autonomie elargie dans le cadre cantonal) ä la fin de la Seconde Guerre mondiale. La divergence s'explique certai¬ nement par la nature differente des terreaux ideologiques dans lesquels le senti¬ ment national jurassien a pris racine entre les deux guerres, ainsi que par les nets clivages d'opinion apparus dans les milieux politiques et intellectuels jurassiens au cours du Second Conflit mondial, qui sont encore trop peu etudies. En s'appuyant notamment sur les travaux de Bernard Prongue, Bernard Voutat montre bien que le contexte de marginalisation sociale et de «classement ethnique ou regional» dans lequel se trouve le Jura de 1947 provoque de facon decisive la mutation d'une «affaire» Möckli en une «Question» jurassienne. Deroulant ensuite le fil chronolo¬ gique de la Question jurassienne, il relit celle-ci sous l'angle de la lutte des classe¬ ments sociaux: la periode allant de 1947 ä 1952 apparait ainsi comme une phase de transition oü les revendications se precisent et oü se cristallisent les positions separatistes du Rassemblement jurassien (RJ) et anti-separatistes de l'Union des patriotes jurassiens (UPJ). Un net changement apparait apres une decennie envi¬ ron, avec le deplacement du debat sur un terrain ethnique, nationalitaire et plus Oriente ä gauche, presque revolutionnaire. II est vrai que les categories sociales qui portent des lors les revendications nationales jurassiennes n'ont plus grand chose ä voir avec les notables du Comite de Moutier. Du cöte du RJ, on mise sur une Strategie «heretique», fondee sur la mobilisation politique et l'action, alors que FUPJ choisit une voie plus «orthodoxe» en produisant un discours de neutralite politique ou de denegation des arguments adverses. La reflexion conclusive de Bernard Voutat porte sur la relation qui s'etablit entre un projet ideologique, diffuse par le discours de leaders politiques, et la base sociale plus ou moins preparee ä accueillir ce projet. Les populations jurassiennes ont ainsi reagi aux argumentations antagonistes en fonction de leurs propres caracteristiques socio-culturelles, mais aussi de leur position dans l'espace et des representations qu'elles avaient de celui-ci. Ceci expliquerait que la lutte se soit focalisee durant les annees soixante autour de classements socio-spatiaux simplificateurs et clairement identifiables, soit la composante ethno-linguistique d'une part (RJ), et la composante religieuse d'autre part (UPJ). On peut se demander si la Polarisation de ces positions, outre sa fonction de mobilisation des populations 270 jurassiennes, n'etait pas egalement destinee ä faire reagir des agents restes jus¬ qu'alors exterieurs au conflit: la reorientation ethno-linguistique du discours poli¬ tique du RJ contribua par exemple ä provoquer une reaction de la Confederation, qui voyait son principe federaliste existentiel remis en cause, dans un contexte general explosif de decolonisation et de liberation des minorites nationales. D'oü les tentatives de mediation federale intervenues ä la fin des annees soixante. Prolongeant ses hypotheses initiales, Bernard Voutat parvient au cceur de sa demarche de sociologie politique en s'interrogeant sur les processus par lesquels se produisent les identites sociales de groupes humains. C'est ä une remise en ques¬ tion du concept d'identite qu'aboutit ainsi cet ouvrage, extremement riche par la documentation traitee, et non moins stimulant par des reflexions que l'auteur fonde sur une methodologie solide et originale. Sans complexes, il demontre que l'identite - jurassienne en l'occurence - n'existe pas en tant que teile, mais qu'elle est construite sur un jeu dialectique entre les elites qui produisent un discours fonde sur leurs representations, et les populations qui integrent plus ou moins ces discours en fonction de leurs propres attentes. D'oü l'idee que l'identite juras¬ sienne n'est pas figee, qu'elle est plurielle et susceptible d'evoluer, pour se concretiser dans des cadres spatiaux qui restent ä definir dans le futur. C'est un des grands merites de la these de Bernard Voutat que d'avoir fait progresser considerablement les recherches sur la Question jurassienne en brisant plusieurs tabous... et d'avoir ainsi contribue ä la decrispation politique qu'on observe sur le terrain depuis maintenant bientöt deux ans. Claude Hauser, Fribourg Urs Altermatt et al.: Rechte und linke Fundamentalopposition. Studien zur Schwei¬ zer Politik 1965-1990. Basel / Frankfurt a.M., Helbing und Lichtenhahn, 1994. 186 S. Die schweizerische politische Landschaft ist in Bewegung, nicht erst seit KoppSkandal, Fichen-Affäre und EWR-Nein. Seit dem Zweiten Weltkrieg verändert sich die nationale Gesellschaft rascher als die politischen Institutionen, die weit¬ gehend aus dem 19. Jahrhundert stammen. Die Politik hinkt der rasanten Ent¬ wicklung in Ökonomie und Technik hintennach. Aus dieser soziopolitischen Konstellation entsteht eine Art Fundamentalopposition, die vorwärts und rück¬ wärts gerichtete Protestbewegungen hervorbringt. Am deutlichsten manifestiert sich dieser Protest, der auf eine Verharschung des politischen Systems schliessen lässt, im schweizerischen Parteiensystem. Noch nie seit dem Ende des Zweiten Weltkrieges war die Abstützung des helvetischen Machtkartells, das durch die Bundesratsparteien gebildet wird, im Elektorat so brüchig wie gerade heute. Dem¬ gegenüber besetzen Protestbewegungen und -parteien ökologischer wie neuerdings vor allem nationalistisch-populistischer Provenienz das politische Terrain. Der Essay des Freiburger Historikers Urs Altermatt - zugleich Projektleiter dieser im Rahmen des Nationalen Forschungsprogramms 21 zur kulturellen Viel¬ falt und nationalen Identität entstandenen Studie - zur Schweizer Politik am Ende des 20. Jahrhunderts bildet das synthetische Kondensat des Buches. Altermatt skizziert die Tendenzen und Strömungen, die die Parteienlandschaft und das traditionelle helvetische Konkordanzmodell 1965-1990 in Frage stellen. Die Op¬ position der linken Bewegungen argumentiert aus der Perspektive der Moderne, denn sie akzeptiert die modernen Ziele wie etwa die Frauenemanzipation, nicht aber die modernen Mittel wie die Grosstechnologie. Darin liegt der wesentliche 271