spécial AAN Sclérose en plaques 4 SEP et génétique Dans un avenir proche ? n Utiliserons-nous bientôt la génétique pour comprendre l’apparition, prédire l’évolution de la maladie, et la réponse au traitement chez nos patients ? Ces perspectives paraissent envisageables au vu de certains travaux présentés à l’AAN. rôle clé des gènes codant pour les chaînes lourdes DES immunoglobulines Une étude d’association du génome entier a été réalisée pour rechercher des polymorphismes (SNPs) associés avec la synthèse d’IgG intrathécales chez 229 patients SEP d’origine caucasienne (1). Cinq SNPs ont été retrouvés sur le chromosome 14 (14q32.33), sur un locus codant pour les chaînes lourdes des immunoglobulines (Ig). La quantité d’IgG intrathécale sécrétée serait donc génétiquement déterminée. D’autres auteurs (2) ont effectué une recherche de mutation spécifique sur les gènes codant pour la région variable des chaînes lourdes (VH) des lymphocytes B du LCR de 22 CIS ou SEP définies. Cette région est responsable de l’affinité et de l’avidité de l’anticorps pour son antigène. Ils ont effectivement retrouvé une très grande fréquence de mutations sur ces gènes chez les patients. Les gènes VH4-39 (30 %), VH4-30 (15,4 %), VH4-59 (15,3 %) et VH4-31 (14,5 %) contribuent le plus à la fréquence des mutations, déterminant une affinité spécifique pour le tissu neuronal. * Service de neurologie, Fondation Rothschild, Paris 266 Suppression de la voie de l’ARNpolymérase 1 (POL1) et SEP bénignes Quinze pour cent des patients ont un EDSS inférieur à 3 à 10 ans et sont considérés comme des SEP bénignes. Une population de 31 SEP bénignes a été comparée à 36 SEP-RR par une technologie de gène microarray sur les cellules mononuclées du sang périphérique (3). Le meilleur gène prédictif d’une évolution positive était RRN3, lié à la voie de l’ARN-polymérase 1. Comme conséquence, ces gènes augmentent l’apoptose des cellules auto-immunes et baissent l’activité inflammatoire. Leur modulation pourrait-elle devenir une cible thérapeutique ? Caroline Bensa* et ≥ 1 une nouvelle lésion T2). 31 SNPs ont montré une association avec la réponse et le meilleur modèle prédictif était une association de 6 SNPs, avec une valeur prédictive positive de 90,6 %. La valeur de ce modèle a été étudiée chez les 487 patients restants et, effectivement, il était observé une réduction significative du TAP chez les patients prédits comme répondeurs. n Mots-clés : Sclérose en plaques, Génétique, Immunoglobulines, Sclérose en plaques bénignes, modèle génétique pour prédire la réponse au GA Une étude d’association du génome entier a recherché des polymorphismes (SNPs) permettant de prédire la réponse à l’acétate de glatiramère (GA) (4). 731 échantillons d’ADN ont été obtenus des patients de l’étude FORTE, comparant GA 20 mg vs 40 mg sur 12 mois. Un groupe de 52 patients “super-répondeurs” a été défini (pas de poussée et pas d’activité radiologique), et un groupe de 61 “super-non-répondeurs” (≥ 1 poussée Acétate de glatiramère Bibliographie 1. Buck D, Albrecht E, Aslam M et al. Genetic determinants of IgG synthesis in the cerebrospinal fluid of patients with multiple sclerosis. 64th AAN Annual Meeting, New Orleans, April 21-28, 2012 : S20.006. 2. Monson N, Rounds WH, Ligocki AJ et al. Do Particular Antibody Genes Drive Development of MS? 64th AAN Annual Meeting, New Orleans, April 21-28, 2012 : S20.004. 3. Macciardi F, Cohen J, Comabella Lopez M et al. A genetic model to predict response to glatiramer acetate developed from a Genome Wide Association Study (GWAS). 64th AAN Annual Meeting, New Orleans, April 2128, 2012 : S20.003. 4. Gurevich M, Achiron A, Gan R. Suppression of RNA-polymerase 1 pathway is associated with benign multiple sclerosis. 64th AAN Annual Meeting, New Orleans, April 21-28, 2012 : S20.005. Neurologies • Juin 2012 • vol. 15 • numéro 149 Études génétiques [56], [60] La génétique de la SEP est complexe, les études de ségrégation n'ont pas montré de gène majeur déterminant le développement de la maladie dans les familles. Le nombre de gènes contribuant à la prédisposition et le mode de transmission sont inconnus. Deux types d'études ont été réalisés, la recherche de gènes candidats (études d'association et de liaisons) et les études systématiques du génome. Les études de gènes candidats se sont avérées positives pour le système human leucocyte antigen (HLA) dont les gènes sont sur le bras court du chromosome 6. Il a été établi le rôle des facteurs de la région HLA de classe II. En Europe du Nord, l'allèle HLA DRB1*1501 est associé à la maladie. En Sardaigne, il s'agirait du DRB1*04. La contribution d'HLA DR à la transmission des cas familiaux n'est cependant que de 10 à 20 %. Une association avec DR4 (DRB1*04) a été observée dans les formes progressives primaires dans quelques études. Des résultats positifs ont été rapportés avec d'autres gènes candidats mais doivent être confirmés sur une grande échelle (région variable des Ig, MBP, TCR bêta, TGFb3), alors que les résultats avec les autres gènes étudiés sont négatifs (TCR alpha, IL1-Ra, IL1, IL2, IL2-R, tumour necrosis factor [TNF], etc.). Une zone du chromosome 5 contenant un gène prédisposant chez la souris à l'EAE, contiendrait un gène de susceptibilité (5p14-12) retrouvé dans une population finlandaise riche en cas familiaux. Différentes études de criblage du génome ont été publiées récemment, mettant en évidence de multiples régions chromosomiques pouvant contenir des gènes contribuant à la susceptibilité à la SEP, sans atteindre la significativité statistique. Les facteurs contribuant à cette susceptibilité génétique sont donc probablement multiples et ne confèrent individuellement qu'un faible risque. Des études font intervenir la technique de l'acide désoxyribonucléique (ADN) poolé qui augmente la sensibilité (étude GAMES). Récemment l'haplotype APOE 4 situé sur le chromosome 19 a été rapporté comme significativement associé à un risque d'évolutivité plus sévère de la maladie mais cela reste controversé.