SPÉCIAL AAN SCLÉROSE EN PLAQUES
266Neurologies • Juin 2012 • vol. 15 • numéro 149
RÔLE CLÉ DES GÈNES
CODANT POUR LES
CHAÎNES LOURDES DES
IMMUNOGLOBULINES
Une étude d’association du gé-
nome entier a été réalisée pour
rechercher des polymorphismes
(SNPs) associés avec la synthèse
d’IgG intrathécales chez 229 pa-
tients SEP d’origine caucasienne
(1). Cinq SNPs ont été retrouvés
sur le chromosome 14 (14q32.33),
sur un locus codant pour les
chaînes lourdes des immunoglo-
bulines (Ig). La quantité d’IgG in-
trathécale sécrétée serait donc gé-
nétiquement déterminée. D’autres
auteurs (2) ont eectué une re-
cherche de mutation spécifique
sur les gènes codant pour la région
variable des chaînes lourdes (VH)
des lymphocytes B du LCR de 22
CIS ou SEP définies. Cette région
est responsable de l’anité et de
l’avidité de l’anticorps pour son
antigène. Ils ont eectivement re-
trouvé une très grande fréquence
de mutations sur ces gènes chez
les patients. Les gènes VH4-39
(30 %), VH4-30 (15,4 %), VH4-59
(15,3 %) et VH4-31 (14,5 %) contri-
buent le plus à la fréquence des
mutations, déterminant une a-
nité spécifique pour le tissu neu-
ronal.
SUPPRESSION DE
LA VOIE DE L’ARN-
POLYMÉRASE 1 (POL1) ET
SEP BÉNIGNES
Quinze pour cent des patients ont
un EDSS inférieur à 3 à 10 ans et
sont considérés comme des SEP
bénignes. Une population de 31
SEP bénignes a été comparée à 36
SEP-RR par une technologie de
gène microarray sur les cellules
mononuclées du sang périphérique
(3). Le meilleur gène prédictif d’une
évolution positive était RRN3, lié
à la voie de l’ARN-polymérase 1.
Comme conséquence, ces gènes
augmentent l’apoptose des cellules
auto-immunes et baissent l’activité
inflammatoire. Leur modulation
pourrait-elle devenir une cible
thérapeutique?
MODÈLE GÉNÉTIQUE
POUR PRÉDIRE LA
RÉPONSE AU GA
Une étude d’association du gé-
nome entier a recherché des po-
lymorphismes (SNPs) permettant
de prédire la réponse à l’acétate de
glatiramère (GA) (4). 731 échan-
tillons d’ADN ont été obtenus des
patients de l’étude FORTE, com-
parant GA 20 mg vs 40 mg sur
12 mois. Un groupe de 52 patients
“super-répondeurs” a été défini
(pas de poussée et pas d’activité ra-
diologique), et un groupe de 61 “su-
per-non-répondeurs” (≥ 1 poussée
et ≥ 1 une nouvelle lésion T2). 31
SNPs ont montré une association
avec la réponse et le meilleur mo-
dèle prédictif était une association
de 6 SNPs, avec une valeur prédic-
tive positive de 90,6 %. La valeur
de ce modèle a été étudiée chez
les 487 patients restants et, eec-
tivement, il était observé une ré-
duction significative du TAP chez
les patients prédits comme répon-
deurs. n
4 SEP et génétique
Dans un avenir proche ?
n
Utiliserons-nous bientôt la génétique pour comprendre l’apparition, prédire l’évolution de la
maladie, et la réponse au traitement chez nos patients ? Ces perspectives paraissent envisa-
geables au vu de certains travaux présentés à l’AAN.
Caroline Bensa*
* Service de neurologie, Fondation Rothschild, Paris
Mots-clés : Sclérose en plaques,
Génétique, Immunoglobulines,
Sclérose en plaques bénignes,
Acétate de glatiramère
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BiBliographie