Les inégalités influencent la décision politique
11/01/16
Les inégalités régressent dans le monde. L’extrême pauvreté ne concerne plus que 10% de
l’humanité, contre 37% il y a 25 ans (1). Mais l’inégalité progresse dans chaque pays. Elle est
ainsi devenue est un thème social structurant depuis la crise financière, désormais très présent
dans le débat économique, selon trois axes:
① La thèse de Thomas Piketty selon laquelle les rendements actuels du capital sont insoutenables
② le lien entre inégalités croissantes et moindre croissance économique (cf OCDE et FMI) (2).
③ Le discours neo-keynesien (Lawrence Summers) qui explique la stagnation séculaire par la
compression des revenus d’une classe moyenne incapable de consommer sans être stimulée
par des bulles financières.
Derrière la notion socio-économique d’inégalité se cache en réalité le puissant concept politique de
« squeeze des classes moyennes ». Les mythes fondateurs de l’Occident moderne ne
fonctionnent plus convenablement, qu’il s’agisse du rêve américain ou du maintien de l’Etat-
providence en Europe. Ce malaise trouve une expression électorale. Les partis « mainstream »
sont contestés car ils ne tiennent plus la promesse de prospérité qui les a installés au pouvoir
depuis trois générations. La croissance a beau repartir, l’angoisse et le ressentiment des classes
moyennes expliquent les succès de Trump et Sanders aux Etats-Unis, de Corbyn et du UKIP au
Royaume-Uni ainsi que l’audience des partis populistes en Europe continentale.
Le « populisme » ne concerne qu’une minorité de l’électorat, mais il influence la totalité
du spectre politique. Mécaniquement d’abord, car il fragmente le champ politique et complique
la constitution de majorités gouvernementales. Idéologiquement ensuite car il impose ses thèmes
et conquiert l’hégémonie culturelle sur ses thématiques: fermeture des frontières, rapatriement
des emplois, mise au pas des entreprises. Depuis 2008, l’urgence était d’éviter le naufrage
économique. Cet objectif a été atteint grâce aux banques centrales. Elle est aujourd’hui d’offrir des
perspectives à des populations désemparées. Une mission que seuls des gouvernements légitimes
peuvent réussir. L’exemple de Roosevelt rappelle que le succès réclame une vision de l’avenir,
le goût de l’action et la capacité de proposer des politiques économiques mobilisatrices.
Increasing inequality is the
defining issue of our time
Barrack Obama
Le squeeze des classes
moyennes et sa traduction
électorale
L’urgence d’une politique
économique
(1) http://blogs.worldbank.org/voices/Year-in-Review-2015-12-Charts
(2) http://www.oecd.org/fr/social/ameliorer-la-qualite-des-emplois-et-reduire-les-ecarts-entre-hommes-et-femmes-est-essentiel-
pour-endiguer-la-montee-des-inegalites.htm
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