de Michel Villey, d’André-Jean Arnaud ou encore de Jean Gaudemet). Ce n’est qu’ensuite,
toujours aux côtés des publications réalisées par les privatistes (C. Jamin et P. Jestaz
notamment), publicistes (O. Beaud, P. Gonod, O. Jouanjan, F. Melleray, B. Plessix) et
politistes (M. Milet, G. Sacriste…), que les historiens du droit ont davantage investi le champ
de l’histoire de la pensée juridique contemporaine3.
Il est d’ailleurs remarquable que les historiens du droit ont alors bénéficié du soutien de
publications qui vont devenir des lieux privilégiés de cette historiographie. Le rôle en la
matière de la revue Droits. Revue française de théorie juridique (depuis 1985) est décisif. En
liaison directe avec le champ de l’histoire de la pensée juridique, on notera aussi les apports
des Annales d’histoire des Facultés de droit (depuis 1985) devenues Revue d’histoire des
facultés de droit et de la science juridique, des Quaderni fiorentini per la storia del pensiero
giuridico moderno (depuis 1972), de la revue électronique Clio et Thémis (depuis 2009) ou
encore de l’Annuaire de l’Institut Michel Villey (depuis 2009 également).
On assiste dès lors à l’augmentation significative des études estampillées « histoire de la
pensée juridique » ou « histoire de la doctrine juridique », fruits de colloques, de séminaires et
autres rencontres scientifiques comme d’ouvrages collectifs ou individuels. En l’occurrence,
l’apport des mémoires et des thèses de doctorat est notable et ne saurait être négligé malgré
l’absence de publication systématique de ces travaux pourtant fréquemment de grande qualité.
Si une analyse quantitative reste à faire en la matière, le volume de ces travaux a
considérablement augmenté et il n’est pas impossible de considérer que le champ est passé du
statut marginal réservé à quelques chercheurs, le plus souvent déjà reconnus, à celui de sous-
discipline dont la visibilité est certaine et susceptible d’attirer étudiants et jeunes chercheurs.
Remarquons ensuite le lien intime unissant la recherche en histoire de la pensée juridique et
l’enseignement de cette matière dans les Facultés de droit. En l’occurrence, histoire
contemporaine et histoire ancienne, médiévale ou moderne ne peuvent être distinguées car la
majorité des enseignements réalisés porte sur la longue durée ou laisse l’enseignant choisir
une ou plusieurs périodes à privilégier. Si traditionnellement l’histoire de la pensée juridique
était présente dans les cours de philosophie, de culture juridique ou de théorie (comme bien
sûr dans de nombreux cours d’histoire du droit privé ou public), depuis une petite dizaine
d’années sont apparus des enseignements spécialisés à l’initiative d’historiens comme
d’ailleurs de privatistes et de publicistes. Ont ainsi été créés pas moins de dix-huit cours
consacrés à l’histoire de la pensée juridique dans quinze établissements d’enseignement
supérieur4, auxquels il convient d’ajouter les enseignements du Master II d’histoire de la
pensée juridique issu de la collaboration entre les Universités de Paris Panthéon-Sorbonne et
de Paris Descartes.
3 Notons ici l’apport considérable des études réalisées à l’extérieur des Facultés de droit françaises. À
titre d’exemple, cf. D. R. KELLEY, Historians and the law in Postrevolutionary France, Princeton University
Press, 1984 ; A. BÜRGE, Das französische Privatrecht im 19. Jahrhundert. Zwischen Tradition und
Pandektenwissenschaft, Liberalismus und Etatismus, Frankfurt am Main, 1995 ; M. GLÄSER, Lehre und
Rechtsprechung im französischen Zivilrecht des 19. Jahrunderts, Frankfurt am Main, 1996 ; P. GROSSI,
Assolutismo giuridico e diritto privato, Milan, 1998.
4 Nos différents sondages révèlent ainsi l’existence de cours intitulés « histoire de la pensée juridique »
ou « histoire des doctrines juridiques » à Aix-en-Provence, Avignon, Besançon, Bordeaux IV, Dijon, Grenoble,
Lille, Limoges, Lyon 3, Paris Sud et Rouen. Il convient d’y ajouter l’École de droit de Sciences po ainsi que
l’École Normale Supérieure, sans oublier les enseignements du Master II de Paris I Sorbonne et Paris V
Descartes. Cette liste ne saurait nullement prétendre à la moindre exhaustivité, ne serait-ce qu’en raison de
l’existence d’un certain nombre de cours similaires développés par nos collègues privatistes et publicistes qui
n’ont pu être consultés.