La Fabrique de la Cité / 3
Dans un contexte économique de crise, où les investissements
publics se font moins généreux et où la culture est souvent la
première victime, les entreprises (et donc l’économie au sens
large), dépendent pourtant plus que jamais de l’innovation
créative. Il est donc aujourd’hui essentiel de poursuivre un travail
de réexion sur la culture, celle-ci ayant un rôle à jouer dans la
sortie de crise. L’investissement culturel, public comme privé,
constitue un levier pour ce faire.
La co-construction garante du succès des projets culturels
Architectes, pouvoirs publics, mécènes privés, artistes, ingénieurs
mais aussi citadins : comme dans le cas des infrastructures ou des
événements conçus dans le cadre de Marseille-Provence 2013,
aujourd’hui tout projet culturel d’envergure se doit d’impliquer dès
la phase de conception tous les acteurs concernés. De cette co-
construction dépend aujourd’hui le succès de ces réalisations.
Des artistes acteurs de la régénération urbaine
Les artistes de « street art » sont des citadins militants qui
partagent leur créativité, bousculent les frontières entre l’espace
privé et l’espace public et jouent un rôle grandissant dans la
revalorisation de certains quartiers. L’artiste britannique Banksy,
connu pour ses fresques murales, a ainsi attiré de nombreux
touristes et amateurs d’art dans des lieux improbables de Bristol
ou de Londres. De la même façon, pour Marseille-Provence
2013, l’artiste photographe JR a ainsi investi 17 murs en mettant
en lumière des photos tirées des albums de famille d’habitants
du quartier de la Belle de Mai et emblématiques d’une histoire
collective de la ville. Ou quand la mémoire alliée à la créativité
permet de créer de la valeur, d’attirer des visiteurs tout en
renforçant la cohésion sociale entre les citadins.
La culture, un levier d’implication citoyenne (via
le nancement participatif)
La co-construction, ce désir légitime de participation à la
transformation de la ville, concerne aussi les équipements
culturels. On voit ainsi se développer des modes de nancement
participatif urbains. Ce « crowdfunding » va par exemple permettre
en France, grâce à un partenariat entre My Major Company et
le Centre des Musées Nationaux, de lever plusieurs dizaines de
milliers d’euros et de nancer la restauration de 4 monuments.
En Angleterre, la plateforme Spacehive.com à quant à elle déjà
permis aux internautes de nancer par le don 169 projets
d’aménagement et de valorisation des espaces publics (retrouvez
l’analyse de ces nouveaux leviers de nancement participatif par
les étudiants de Sciences Po sur www.lafabriquedelacite.com ou
sur coconstruirelaville.lafabriquedelacite.com).
La culture créatrice de valeur
L’économie de la culture
en chiffres
Poids des industries culturelles et créatives dans
l’économie mondiale :
2 706 milliards de dollars, soit 6,1 % du PIB mondial
424 milliards de dollars d’exportations, soit 3,4 %
du total mondial
Poids des industries culturelles et créatives dans
l’économie française :
546 077 emplois (contre 225 000 dans l’automobile
ou 152 000 dans les télécoms)
La création de musées et d’infrastructures culturelles a permis de donner une
nouvelle vie au centre de Barcelone. La ville est ainsi passée d’une économie
industrielle à une économie de services orientée notamment vers le tourisme.
La culture a été un instrument symbolique de cette transformation.
Aujourd’hui, malgré la crise et le fossé de plus en plus criant entre certaines
catégories de population, la culture peut participer à la résorption de la fracture
sociale et redonner une place au citoyen en tant qu’acteur. »
Jordi Martí i Grau – ancien adjoint délégué à la culture, Ville de Barcelone
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