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SEPTEMBRE 2008 - PHARMACEUTIQUES
candidats-médicaments en cours de développement, si ce
n’est le rachat pur et simple des sociétés de biotechnolo-
gies dont ils sont issus. En témoignent les derniers mou-
vements encore opérés cet été par le suisse Novartis ou par
le britannique Shire Pharmaceuticals. Le premier a mis la
main sur son compatriote Speedel à l’origine d’un de ses
derniers médicaments, l’inhibiteur de la rénine Rasilez®/
Tekturna® (aliskiren) pour le traitement de l’hypertension,
tandis qu’en reprenant l’allemand Jerini, le second s’est
doté d’un médicament orphelin fraîchement autorisé dans
l’UE pour le traitement de l’œdème angioneurotique héré-
ditaire, Fyrazyr® (icatibant). La logique veut aussi que soit
menée une veille active sur les travaux susceptibles de géné-
rer les prochaines ruptures technologiques. Une veille dont
les résultats s’illustrent au travers des récents partenariats
conclus par AstraZeneca, Roche et GSK, dans les domai-
nes des ARN interférents et des microARN, tandis que les
anticorps restent une des valeurs sûres des accords pharma/
biotech (voir page suivante).
Services spécialisés et sur-mesure
En parallèle, se développent des accords avec des biotech
spécifiquement dédiées à la drug discovery. Ici, l’idée sous-
jacente est à la fois de multiplier les sources de créativité
en faisant appel à des prestataires hautement spécialisés,
mais aussi de réduire les risques d’échec en se donnant les
moyens d’anticiper activités pharmacologiques et effets
toxicologiques potentiels dès les phases initiales de la dé-
couverte pharmaceutique. La gamme des prestations est
large : modélisation, sélection et validation de cibles
thérapeutiques, création et criblage de banques de
molécules, outils pour l’analyse et la prédiction de
l’efficacité et de la toxicité des candidats. Alors
que leur choix relève du sur-mesure, l’objectif
est de disposer d’outils d’aide à la décision
les plus pertinents possibles pour choisir de
poursuivre ou non un développement, avec,
en ligne de mire, une réduction du taux d’at-
trition tardive. Ici, deux tendances fortes
ressortent au niveau des services proposés.
Il s’agit non seulement de fournir aux labo-
ratoires des programmes « intégrés », depuis
la découverte de nouveaux candidats à par-
tir d’une cible ou d’un concept biologique
jusqu’à la première utilisation chez l’homme,
mais aussi d’introduire, le plus en amont pos-
sible, des paramètres spécifiques de la patholo-
gie humaine. Notamment avec la sélection et la
validation de biomarqueurs les plus adaptés pour
fournir une information prédictive sur les proprié-
tés des molécules candidates.
Mutualisation des forces
Alors que l’enjeu des phases précoces de R&D n’est plus à
démontrer, les big pharma n’hésitent pas à recourir à une
externalisation croissante de ces activités. Fin 2007, Novar-
tis a fait de l’allemand Morphosys son pourvoyeur majeur
pour les anticorps monoclonaux, tandis qu’Outre-Atlanti-
que, Eli Lilly s’est liée cet été pour dix ans à la CRO Covan-
ce via un contrat de prestations de services de R&D (toxi-
cologie, pharmacologie in vivo, imagerie…) de 1,6 milliard
de dollars. Au-delà de ces partenariats industriels, c’est éga-
lement une réflexion globale qui s’est engagée tant chez les
acteurs publics que privés pour explorer toutes les facettes
capables de soutenir la R&D pharmaceutique. Outre les
initiatives nationales associant chercheurs académiques et
industriels (programmes Cibles en Belgique, Top Institute
Pharma aux Pays-Bas, consortium sur les cellules souches
associant le gouvernement britannique, AstraZeneca, GSK
et Roche) ou, au niveau de l’UE, la récente Initiative médi-
caments innovants (IMI), la mutualisation des moyens di-
rectement entre industriels est aussi à l’ordre du jour pour
faciliter le développement d’innovations de rupture et lever
les verrous technologiques. Aux Etats-Unis, Merck&Co,
Pfizer et Eli Lilly viennent ainsi de s’associer pour créer
Enlight Biosciences, société dédiée à l’identification et au
développement de ces innovations à partir de travaux issus
des laboratoires académiques. n
Anne-Lise Berthier
Rédactrice en chef
de BioPharmaceutiques
LES ANTICORPS
RESTENT UNE
DES VALEURS
SÛRES DES
ACCORDS
BIOTECH/
PHARMA.
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