tome 137
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n° 3
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MARS 2015
Le ConCoURS méDICAL
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5
Sclérose en plaques
Un diagnostic précoce est-il possible
et nécessaire ?
Les avancées récentes de la recherche médi-
cale ont révolutionné la prise en charge de la SEP.
Ainsi, les progrès de l’imagerie ont permis un dia-
gnostic dès les stades précoces de la maladie, et
les grandes avancées ces dernières années dans
le domaine de la recherche en immunologie ont
permis la mise au point de plusieurs traitements
efficaces pour la prévention des rechutes de la
maladie. Certains d’entre eux comme les inter-
férons bêta 1a ou 1b, l’acétate de glatiramère,
sont utilisés depuis une dizaine d’années dès les
stades précoces de la maladie. Récemment, des
traitements par voie orale (tériflunomide, dimé-
thylfumarate) peuvent être prescrits dès que le
diagnostic de SEP est porté selon les critères
de McDonald 2010(2), soit dès le premier évé-
nement clinique. Ces autorisations d’utilisation
ont été délivrées à la suite de plusieurs études
de phase III(3-7) qui avaient révélé leur efficacité
en prévention des poussées dès le premier évé-
nement clinique (tableau 2) sauf pour le dimé-
thylfumarate, qui n’a pas fait l’objet d’une étude
spécifique après un premier événement clinique
isolé. Bien que ces études n’aient montré qu’un
effet modeste sur le handicap à long terme, plu-
sieurs études apportent des arguments en faveur
d’un traitement précoce dans les formes de la
maladie évoluant par poussées. Ainsi Scarfali et
al.(8) ont montré que le nombre élevé de poussées
durant les deux premières années était corrélé à
la sévérité du handicap à long terme. Weinshenker
et al.(9) se sont intéressés à la corrélation entre le
délai séparant les deux premières poussées et le
handicap à long terme : plus celui-ci était court
plus le handicap à long terme était sévère. Enfin,
des études d’imagerie ont révélé que l’atrophie
cérébrale, témoin d’une perte neuronale, appa-
raissait très précocement dans l’évolution de la
maladie, dès les premiers signes cliniques(10). Plus
celle-ci était importante plus l’évolution clinique
était péjorative, notamment marquée par l’appa-
rition précoce de troubles cognitifs(11) et par la
survenue d’un handicap à long terme(12). Les trai-
tements immunomodulateurs ayant un effet sur
la prévention des poussées après un premier évé-
nement neurologique et ayant un effet bénéfique
sur le volume cérébral à cinq ans(13) pourraient
modifier le pronostic à long terme.
La SEP est une maladie neurologique chronique
invalidante dont les manifestations cliniques sont
polymorphes. Grâce aux progrès de l’imagerie, son
diagnostic est désormais possible dès le stade de
début. Sa prise en charge repose sur l’instaura-
tion précoce de traitements immunomodulateurs
modifiant l’évolution de la maladie et sur les soins
d’une équipe pluridisciplinaire impliquée dans l’in-
formation et l’éducation thérapeutique. •
L’auteure déclare…
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La ponction lombaire
recherche une
synthèse intrathécale
d’immunoglobulines