Une nouvelle piste dans la lutte contre le cancer colorectal :
l’inhibition de l’autophagie
Le cancer du côlon est un problème majeur de santé publique. Les travaux dirigés par Béatrice
Romagnolo (Institut Cochin, Paris, Inserm U1016, CNRS UMR8104, Université Paris Descartes)
démontrent que l’inhibition de l’autophagie permet de lutter efficacement contre la
tumorigenèse intestinale en stimulant une réponse immunitaire anti-tumorale liée à la nature
de la flore et en réprimant la prolifération des cellules cancéreuses. Cette étude a été publiée
dans la revue Nature Cell Biology de juillet 2015.
Le cancer colorectal (CRC) est la deuxième plus grande cause de décès liés au cancer dans les pays
développés. Les CRC résultent d'altérations génétiques successives d’oncogènes et de gènes
suppresseurs de tumeurs. Parmi ces derniers, la perte de l’antioncogène Adenomatous Polyposis Coli
(Apc) est un événement initiateur de la transformation tumorale.Comprendre les différents
événements moléculaires et cellulaires responsables de ce processus tumoral est important non
seulement pour améliorer nos connaissances fondamentales mais également à terme pour permettre
le développement d’outils de diagnostic et thérapeutiques.
L’équipe de recherche a mis en évidence une activation de l’autophagie dans les CRC humains.
L’autophagie est un mécanisme de dégradation qui permet l’élimination des structures et des
composants cellulaires endommagés et leur recyclage en molécules utilisables par la cellule. Dans un
modèle murin invalidé pour le gène Apc, mimant le développement des CRC, la perte de l’autophagie
dans les cellules épithéliales intestinales (délétion conditionnelle du gène Atg7) inhibe non seulement
l’initiation mais également la progression tumorale. En collaboration avec l’équipe de Jean-Piere
Couty (Institut Cochin, Paris) et Mathias Chamaillard (Institut Pasteur, Lille), les auteurs ont montré
que cette inhibition est responsable d’une infiltration de lymphocytes T CD8 cytotoxiques et d’une
altération de la flore intestinale (dysbiose). De façon intéressante, cette réponse immunitaire associée
à la composition de la flore intestinale va permettre de lutter contre l’initiation tumorale. De plus, la
perte de l’autophagie dans les cellules tumorales est responsable d’un stress métabolique, de
l’activation de l’AMPK et d’un arrêt du cycle cellulaire permettant ainsi de ralentir la progression
tumorale.
En conclusion, ces travaux indiquent que l'inhibition de l'autophagie dans l'épithélium intestinal
pourrait supprimer le développement et la croissance des tumeurs chez les patients qui sont à risque
de CRC.
Légende
Effet de l’inhibition de l’autophagie médiée par la perte du gène Atg7 sur l’initiation (gauche) et la
croissance tumorale intestinale (droite).