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nationalisme turco-centré de l'Etat, rôle de sauvegarde de l'armée, crispations autoritaires face aux identités
ethniques (kurde surtout) et religieuses. Depuis 2003, le pouvoir appartient au parti pour la justice et le
développement (islamiste modéré) du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Ce parti a réussi, dans le
cadre du processus de rapprochement avec l'UE, à réduire le rôle de l'armée.
Auteur(e): Hans-Lukas Kieser / PM
1 - Contacts avec l'Empire ottoman
L'un des plus anciens témoignages de contacts entre la Suisse et la T. est une lettre adressée en 1581 par un
secrétaire de la cour ottomane à l'"Empire helvétique" en réponse à une offre orale d'alliance qu'un certain
Benedictus Angelus, par ailleurs inconnu, avait soumise au beau-frère du sultan Mourad III. Quelques Suisses
séjournèrent à Constantinople dès la fin du XVIe s., par exemple le médecin Hans Jakob Schärer, de Thalwil, en
1612, Johann Rudolf Schmid von Schwarzenhorn, de Stein-am-Rhein, ambassadeur du Saint Empire à Istanbul
(1629-1643 et 1648-1654), ou l'aumônier Jacques Cachod, de Treyvaux, dès 1697. Le seul groupe notable,
aux XVIIe et XVIIIe s., est celui des horlogers genevois, qui constituait environ un quart de la colonie étrangère
sous protection française.
Le nombre des Suisses établis à Constantinople et en Asie mineure s'accrut au XIXe s., mais resta toujours
inférieur à 1000 personnes. Il s'agissait d'entrepreneurs, de commerçants, de travailleurs, qualifiés ou non. La
société Helvetia, créée en 1857 à Constantinople pour aider les Suisses tombés dans le besoin, était un lieu
de rencontre important. Elle fut complétée en 1919 par l'Union suisse d'Istanbul, qui assuma certaines
fonctions consulaires et demanda au Conseil fédéral l'ouverture d'un ambassade. Georg Krug, directeur d'une
filature de soie à Amasya, tenta de promouvoir de front, vers 1860, l'exploitation d'une usine, l'établissement
d'une communauté germanophone et la mission protestante. Mais une activité missionnaire et humanitaire
durable ne se mit en place que vers 1900, à travers l'aide aux Arméniens, domaine où s'activèrent
notamment Josephine Fallscheer-Zürcher, Jakob Künzler, Andreas Vischer et Beatrice Rohner, qui ont aussi
laissé un important témoignage sur le massacre des Arméniens en 1909 et 1915-1916 (Arménie).
Il y avait donc dans l'Empire ottoman tardif une présence économique, humanitaire et religieuse de la Suisse.
Faute de représentation diplomatique, les Suisses se plaçaient sous la protection consulaire de puissances
européennes et bénéficiaient des privilèges octroyés à celles-ci par les traités appelés capitulations.
Auteur(e): Hans-Lukas Kieser / PM
2 - Vers la conférence de Lausanne
A la fin du XIXe s., la Suisse devint un lieu d'exil, de formation et d'agitation politique pour des sujets chrétiens
de l'Empire (Bulgares, Arméniens), mais aussi pour des musulmans membres des mouvements Jeune-
Ottoman et Jeune-Turc. Au début du XXe s., les musulmans turcophones appréciaient particulièrement les
internats et universités de Suisse romande. Des Foyers turcs furent fondés en 1911 aux universités de
Genève et de Lausanne. Leurs membres prônaient un nationalisme laïque; plusieurs d'entre eux deviendront,
dans la T. kémaliste de l'entre-deux-guerres, parlementaires, hauts fonctionnaires civils, voire ministres,
comme Mahmut Esat Bozkurt (Economie en 1922-1923, Justice en 1924-1930), Sükrü Saraçoğlu (ou
Saradjoglou; Finances en 1927-1930 et 1933-1938, premier ministre en 1942-1946), Cemal Hüsnü Taray
(Instruction publique en 1942-1946). Les Foyers turcs soutinrent le gouvernement Jeune-Turc pendant la
Première Guerre mondiale; dès 1918, ils participèrent à l'agitation nationaliste, se dressant contre les
revendications grecques et arméniennes sur certaines parties de l'Asie mineure. Dès 1920, ils se mirent au
service du gouvernement national (kémaliste) d'Ankara contre celui du sultan à Istanbul. L'opposition libérale
au régime Jeune-Turc (dont certains meneurs, comme le prince Sabahaddin, Kemal Midhat, Süleyman Nazif et
Lütfi Fikri, étaient réfugiés en Suisse), qui se rapprocha dès 1919 du gouvernement d'Istanbul, perdit de sa