COP22: des Vents Contraires soufflent sur l’Accord de Paris A Marrakech, le soleil devait briller pour contenir la dépression venue de l’ouest avec l’élection d’un président des Etats-Unis qui s’est déclaré ouvertement climatosceptique et a engagé un bras de fer contre l’accord de Paris. Il fallait chasser les nuages noirs et entretenir les vents portés par la multitude d’initiatives portées par les acteurs non-étatiques. Les discours ont eu le vent en poupe. Chefs d’Etats, acteurs économiques, collectivités territoriales ont réitéré avec verve leur engagement dans un accord « irréversible » et leur foi dans la dynamique à l’œuvre depuis la COP21. Mais soyons sincères. Oui, l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris s’est faite en un temps record. Oui, les énergies positives se multiplient et s’additionnent pour changer le monde et les choses bougent dans l’économie réelle. Oui, plusieurs initiatives lancées à Paris se sont structurées. Non, toutes les politiques publiques ne sont pas encore cohérentes avec les objectifs fixés à la COP21. Non, les négociations n’ont pas permis d’aller plus vite et plus loin. Faut-il encore rappeler que 2016 sera une nouvelle fois l’année la plus chaude jamais enregistrée ? Pour autant, rien n’a été dit et fait par les pays développés à Marrakech pour combler le fossé qui nous sépare de l’objectif commun d’un réchauffement contenu à 1,5°C, et que les décisions de Donald Trump pourraient continuer à creuser. Au contraire, la COP22 a donné l’impression que les gouvernements avaient fait leur part et qu’il s’agissait maintenant de transférer la responsabilité de la mise en œuvre et de l’accélération de l’action aux acteurs économiques et non-étatiques. Alors que ce dont nous avons impérativement besoin aujourd’hui pour faire tomber la fièvre de 3,5°C à bien en-deçà de 2°C c’est d’une nouvelle prise de responsabilités des chefs d’Etat et de gouvernements. 1) Gel sur les négociations multilatérales La COP22 devait se dérouler sous de bons auspices au regard du rythme-record de la ratification de l’accord de Paris mais les négociations n’ont pas profité de cette dynamique. L’élection de Donald Trump n’y est pour rien: la plupart des pays riches sont venus les mains vides, confondant ratification et passage à l’action, sans l’intention d’engager plus de financements ou d’annoncer qu’ils iront plus vite et plus loin pour se rapprocher du chemin des 1,5°C. Concrètement, aucune décision concrète pour accélérer les actions entre 2017 et 2020. En matière agricole, les décisions ont encore une fois été repoussées à l’année suivante. A l’exception des 80 millions de dollars engagés pour le Fonds d’Adaptation, les pays développés n’ont toujours pas comblé le déficit criant en matière de financements pour aider les populations à se protéger et se préparer aux impacts du changement climatique. Le rendez-vous politique fixé à la COP24 fin 2018 sera donc essentiel pour rattraper le retard pris au Maroc et dégeler les négociations: d’ici là, les pays développés vont devoir revoir leur copie. 2) Anticyclone sur les solutions ? Heureusement, en dehors des salles de négociations, certaines initiatives et coalitions lancées en marge de l’accord de Paris se sont consolidées à l’image de l’initiative africaine sur les énergies renouvelables soutenue par la France, des initiatives agro-écologiques en Afrique et ailleurs, des systèmes d’alertes météorologiques ou des coalitions de collectivités territoriales. Dans l’économie réelle : de plus en plus d’entreprises, d’investisseurs intègrent le changement climatique dans leurs décisions. L’essor du solaire et de l’éolien est palpable et l’énergie solaire est en passe de devenir la moins chère de la décennie. Le protocole de Montréal a trouvé un accord visant à supprimer les gaz réfrigérants 14000 fois plus réchauffant que le C02. Pour autant, ces éclaircies sont toujours menacées par l’exploration et de l’exploitation sans fin des énergies fossiles. 3) Calme plat du côté de l’Union Européenne ? L’élection de Donald Trump, et son possible pied-de-nez vis à vis de l’Accord de Paris nécessitent une réponse forte de l’Europe. Pourtant, l’Europe s’est contentée de discours là où 47 Etats vulnérables se sont fixés comme objectif d'être 100% alimentés en énergies renouvelables à partir de 2030 - 2050. Pour la Fondation Nicolas Hulot, la réponse européenne doit se faire en cinq volets : En adoptant un paquet climat énergie 2030 ambitieux visant au moins 35% d’énergie renouvelable et une augmentation de l’efficacité énergétique de 40%. Organiser la mutation économique et industrielle de l’Europe à horizon 2050 pour accélérer la transition énergétique. Transformer le plan de relance européen qui finance principalement des projets climaticides en un véritable plan d’investissement capable d’irriguer les collectivités locales de ses bénéfices. - Redonner un sens à la politique commerciale pour l’utiliser comme un outil pour accélérer la transition énergétique, tirant notamment un trait sur le CETA S’interroger sur l’utilisation du commerce comme système de sanction à l’instar de ce qui a été fait pour protéger les droits de l’homme. Contact : Denis Voisin - Porte Parole – 06 98 46 00 42