
APA et trouble borderline S221
L’excitation provoque une anarchie du sens. Quand un point
signifi ant est verbalisé, ce n’est que dans l’après coup ; le
sujet ne comprend qu’après coup, il n’est pas dans une
psychopathologie ancienne. De même pour l’humeur, on
ne peut parler d’émotion structurée, dans sa dimension
hédonique, du plaisir qui lie à l’autre objet, qui permet de
s’apaiser, comme chez le sujet névrotique ou sain ; il s’agit
ici d’un conglomérat d’affects et de pré représentations.
Le traitement pharmacologique est donc indispensable,
de même que les hospitalisations de contenance (les plus
courtes possibles, au risque d’une dépendance massive)
mais ne peuvent résumer à eux seuls la prise en charge du
patient borderline.
Qu’attendre de la psychothérapie chez
le patient borderline ?
Le traitement de première intention chez le patient
borderline reste la psychothérapie [1].
Quelques essais contrôlés randomisés concernant des
psychothérapies structurées ont été publiés [12]. Mais
notre pratique psychothérapique quotidienne avec les
patients borderlines est peu conciliable avec les contraintes
méthodologiques d’un essai clinique…
L’étude la plus informative [2] a consisté en un suivi
sur 8 ans avec une psychothérapie structurée. Il existe un
défaut de mentalisation chez ces patients. La mentalisation
étant le processus d’analyse et d’interprétations des
comportements cherchant à identifi er les intentions et
les pensées qui y sont associées. Il ne s’agit pas d’une
représentation, mais de quelque chose qui donnerait une
possibilité de sens. Devant ce défaut de mentalisation, est
proposée une psychothérapie structurée qui permet dans
le lien avec le psychothérapeute d’essayer de raccorder
un lien de sens dans ce qui est vécu ici et maintenant en
rapport avec l’histoire du sujet. Elle a pour but d’optimiser
la capacité à améliorer les comportements dans les relations
interpersonnelles notamment lors de situations avec une
charge émotionnelle importante. Dans cette étude, la
thérapie basée sur la mentalisation (MBT) s’est avérée plus
effi cace sur le long terme que des programmes reposant
uniquement sur des hospitalisations ou certains suivis
ambulatoires même intensifs (avec d’autres approches
psychothérapiques non structurées).
Il existe une autre étude [6] ayant testé une
psychothérapie dynamique déconstructive (DDP) basée
sur l’hypothèse selon laquelle la personnalité borderline
serait liée à des troubles cognitifs de perte de capacité
d’altérité (et de distinguer l’autre de soi même). Le but
de ce traitement est d’activer ces fonctions cognitives
préfrontales pour faciliter la capacité à intégrer les
expériences interpersonnelles, en particulier par la relation
entre le patient et le thérapeute. L’étude a consisté
en un essai randomisé et a montré que cette technique
psychothérapique conduit à une réduction des conduites
suicidaires, des alcoolisations et des symptômes majeurs
de la personnalité borderline y compris en cas de conduites
addictives.
Conclusion
Ainsi les APA sont indiqués, sous certaines conditions, en
faisant attention aux effets secondaires, et en association
à une psychothérapie, chez les patients borderlines.
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