Après cela, vous êtes venu en Belgique pour poursuivre ces études…

Sommair
e
Éditorial 3
Ch. van Ypersele de Strihou
Président de la Fondation
Activités de la Fondation Sedes Sapientiae
Le cycle de conférences « Le mal : qu'en faire ? » 4
A.Haquin
Professeur émérite de la Faculté de théologie
Publication des cycles précédents 6
Interview d’Eduardo Cristino, boursier de la Fondation 6
La recherche sur l’Église en Afrique. Quelques tendances actuelles 8
Ignace Ndongala Maduku
Professeur invité à la Faculté de théologie
Activités de la Faculté de théologie
Éméritat des professeurs André Haquin et Philippe Weber 10
A. Thomasset
Assistant à la Faculté de théologie
Le deuxième colloque Omnes Gentes – Des rites pour vivre 11
Prochains colloques 11
Publications de professeurs de la Faculté de théologie en 2004 12
Fondation Sedes Sapientiae
Faculté de théologie
Université catholique de Louvain
Grand Place, 45 à 1348 Louvain-la-Neuve
téléphone : 010 - 47 36 04 téléfax : 010- 47 87 40
www.teco.ucl.ac.be/fss/intro.htm
Mise en page : Annie Dervaux
Éditorial
Maurice Bellet, dans une contribution récente *,
s’inquiétait : « Comment faire advenir aujourd’hui
l’inouï de Jésus-Christ ? » « L’ennui, ajoutait-il, c’est
que beaucoup de gens croient qu’il est déjà entendu,
déjà venu et même reparti. L’Église aura été (terrible
futur antérieur !) la naissance d’une humanité nou-
velle ». « Signe de cette situation de l’Église, remarque-
t-il, c’est qu’elle a perdu l’initiative. L’Église du Moyen-
Âge est porteuse de pensée : St Thomas d’Aquin et ses
camarades. Les grands noms de notre culture moderne
sont ailleurs : Marx, Freud, Nietzsche… Cette perte
d’initiative dans la pensée est, pour la situation de
l’Église, la chose la plus grave ». Et de citer Paul VI :
tout est à repenser.
Provocant et, pour une part incomplet, ce propos
nous redit la nécessité voire l’urgence de « l’énorme,
gigantesque, effarant travail de pensée, aujourd’hui
indispensable à l’Église et au monde ». « Mais pensée
en son principe très humble, humble comme la se-
mence », ajoute M. Bellet.
N’est-ce pas un des buts qu’avec votre aide, la Fon-
dation Sedes Sapientiae poursuit en contribuant à
l’essor de la Faculté de théologie ? En témoignent les
nombreuses petites semences citées dans ce nouveau
bulletin.
Eduardo Cristino, étudiant brésilien, boursier de la
Fondation, est engagé dans l’accompagnement social
et pastoral de communautés ecclésiales de base au
Brésil. Il ressent alors le besoin de repenser les problè-
mes d’éthique individuelle – sexualité, famille, bioéthi-
que – tels qu’ils se vivent dans une société en voie de
bouleversement. Il choisit de venir à Louvain-la-Neuve
pour y préparer, sous la direction d’É. Gaziaux, une
thèse sur « La conscience morale, pour une théologie et
une pédagogie comme projet de libération ». Il nous
* Maurice Bellet, Demain quelle Église ?, in Aimer l’Église,
aimer le monde, G. Testard (éd.), Cerf, Paris, 2005.
raconte dans ce bulletin son itinéraire et les perspectives
concrètes qui s’ouvriront à son retour au pays.
L’Afrique, elle aussi, repense la communion ecclésiale.
Ignace Ndongala, professeur invité par la Faculté de théo-
logie, évoque pour nous les tendances actuelles de la re-
cherche sur l’Église en Afrique. Inculturer le christianisme
dans ce continent, dans la foulée de Vatican II, suscite des
réflexions novatrices qui pourraient aussi renouveler la
figure des églises en Europe.
L’éméritat des professeurs Haquin et Weber fut
l’occasion de faire le point sur l’hospitalité baptismale non
seulement dans une église catholique en transformation,
mais aussi au cœur de la démarche œcuménique. La ques-
tion finale, posée par J. Famerée, ne nous interpelle-t-elle
pas tous ? « Pour rendre crédible et interpellante l’identité
chrétienne dans ce monde, ne faudrait-il pas mettre en
valeur son caractère dialogal, sa dimension de maturation
personnelle… ce qui a des implications pour l’hospitalité
baptismale ? ».
Le colloque Omnes Gentes ainsi que les nombreux livres
publiés par des professeurs de la Faculté de théologie sont
autant de signes d’une réflexion créatrice. Quelle nourri-
ture d’optimisme !
Enfin, le cycle de conférences, « Le mal qu’en faire ? »
est résumé par A. Haquin. Il témoigne de regards neufs sur
la foi, proposés à la communauté chrétienne et en particu-
lier à celle qui vit à Louvain-la-Neuve.
Merci de votre soutien fidèle sans lequel beaucoup
d’initiatives ne pourraient se concrétiser.
Charles van Ypersele de Strihou
Président
- 3 -
- 4 -
Activités de la Fondation
Le cycle de conférences « Le mal : qu'en faire ? »
Du 7 février au 21 mars 2005, le mal, le plus vieux
problème du monde, a fait l’objet des conférences
annuelles de la Faculté de théologie sous quatre
approches complémentaires : la psychanalyse,
l’éthique philosophique et théologique, l’exégèse
des récits de la Genèse et la doctrine du péché origi-
nel. Le péché originel, que les théologiens
d’aujourd’hui appellent parfois le « mal du monde »,
a souvent mauvaise presse. Cette doctrine semble
avoir généré au cours des temps une culpabilité
morbide et engendré un regard négatif sur la vie, le
plaisir et la sexualité. Par une sorte d’exploration en
profondeur et de retour aux sources, le cycle de
conférences organisé par la Fondation Sedes Sapien-
tiae a fait le pari de redécouvrir la portée positive de
cette doctrine interprétatrice de l’existence, et sa
capacité d’humanisation de la vie. Le public
d’environ 250 personnes s’est montré fidèle à
l’ensemble du parcours ; c’est peut-être le signe que
le pari a été tenu.
La culpabilité : source de mort ? source de vie ?
(Nicole Jeammet, Maître de conférence en psychopa-
thologie, Paris V). La psychanalyse montre
l’interdépendance des êtres humains entre eux, pour
le meilleur (bien) et pour le pire (mal). Non seule-
ment le mal me précède, mais il est trans-
générationnel. Est-ce à dire qu’il relève d’une fatali-
té insurmontable ? C’est ici qu’il faut distinguer en-
tre la culpabilité inconsciente, non maîtrisable, sou-
vent source de mort, et la culpabilité consciente, qui
peut faire l’objet d’un « travail » salutaire et devenir
source de dynamisme, force d’action et de transfor-
mation de la société. Prophète et chef du peuple de
l’Alliance, Moïse expérimentera la culpabilité sous
ces deux formes. À la naissance, il échappe à la mort,
grâce à la complicité positive de deux femmes, sa
mère, qui le dépose au bord du Nil, et la fille de Pha-
raon qui, transgressant la loi inique de son père,
adopte ce petit Hébreu. Par la suite, Moïse, assassine
un Égyptien, en représailles de la mise à mort d’un
de ses frères. Puis, pris par la peur, il s’enfuit au pays
de Madiane ; c’est là qu’il trouve une épouse, la fille
de Jéthro, et qu’il amorce un cheminement de ré-
conciliation avec lui-même et avec autrui. La ren-
contre du Buisson ardent (Ex 3) sera décisive : Dieu
pourrait le condamner pour le meurtre de
l’Égyptien ; il va au contraire lui permettre de re-
trouver sa véritable identité. La compassion de Dieu
pour le peuple opprimé est source de la mission de
Moïse auprès de Pharaon. Moïse va devenir le servi-
teur de l’Alliance, capable de partager même son
pouvoir avec Aaron. Il passe d’une culpabilité hai-
neuse à une culpabilité positive, moteur d’une véri-
table responsabilité.
Morale et culpabilité : un couple infernal ? (Éric
Gaziaux, Professeur à la Faculté de théologie, UCL).
La morale trop contraignante dans laquelle a vécu
l’Occident (catholique et protestant) pendant des
siècles a perdu de son crédit auprès de bien de nos
contemporains. Y a-t-il incompatibilité fondamen-
tale entre le plaisir, les passions, l’épanouissement et
la réalisation de soi, d’une part, la loi morale, la
culpabilité et le péché d’autre part ? Comme le pré-
cédent exposé, celui-ci aussi s’affronte au double
statut, pervers et bénéfique, d’une certaine culpabi-
lité. Trois étapes vont être parcourues, qui visent à
faire un état des lieux à la fois historique et systéma-
tique, afin de construire une voie éthique, non seu-
lement digne de l’homme doué de liberté, mais fé-
cond pour l’humanisation, la croissance du bonheur
et la communion : la position augustinienne ; la
culpabilisation, chemin d’humanisation ; de la culpa-
bilisation à l’espérance.
Augustin d’Hippone a cherché son chemin entre
deux voies extrêmes : d’une part le manichéisme,
doctrine fataliste estimant que le mal domine le
monde matériel auquel il convient de s’arracher, et
d’autre part le pélagianisme qui met le mal entre
parenthèses et exalte la liberté presque toute-
puissante de l’homme. Relisant la Genèse, Augustin
élabore une sorte d’histoire, voire même
d’archéologie du mal, dégageant l’«avant» et
l’«après» de la rupture de la communion ; de cette
manière, il le dés-absolutise. Le mal humain a causé
le malheur de l’homme ; toutefois, par son libre-
arbitre, l’homme peut de nouveau vivre sa vocation
d’être en communion. Le moyen âge et l’époque
moderne vogueront entre optimisme (St Thomas et
Érasme) et pessimisme (Luther, Calvin, Jansénius).
Seule l’époque contemporaine trouvera les ressour-
ces d’une juste position.
La culpabilité comme chemin d’humanisation :
telle est l’orientation réconciliatrice que découvre
notre époque de renouveau. À condition toutefois
de reconnaître la tension existant entre les pulsions
et les normes éthiques. Mais la jouissance elle-même
n’est-elle pas habitée par un renoncement qui ho-
nore l’humanité ? L’interdit de l’arbre du bien et du
mal n’a-t-il pas une vertu particulière, celle de rappe-
ler à l’homme sa condition réelle ? À savoir qu’il
- 5 -
n’est pas sa propre source et qu’il doit renoncer à
tout maîtriser, s’il veut vivre. Tel est le rôle de la loi
morale : celle-ci peut libérer l’homme de ses illusions
funestes, le conduire de la servitude à la liberté, au
service et au partage qui font vivre. Guérie de ses
peurs mortifères, la culpabilité devient alors source
de responsabilité.
De la culpabilité à l’espérance chrétienne. « Là où
le péché a abondé, la grâce a surabondé » : cette
affirmation de Paul fait accéder à la dimension pro-
prement théologale de la culpabilité, ou plus préci-
sément du péché. Celui-ci est plus qu’un rapport à la
loi ; il est le « devant Dieu » (P. Ricœur) de l’homme
se reconnaissant pécheur dans le moment où il per-
çoit l’offre du pardon et de reconstruction de son
être le plus intime. Sa condition d’être « créé à
l’image de Dieu » est comme re-sculptée par le créa-
teur, sur base du salut pascal en Christ. Cette lente
émergence de l’homme enfermé dans sa culpabilité
morbide passe d’abord par le stade éthique ; elle
culmine, selon la foi chrétienne dans le stade théo-
logal. En réalité, la loi et la grâce sont adossées l’une
à l’autre : pas d’accès à la grâce sans pratique de la
justice. De la logique du désespoir à la logique de
l’espérance : la culpabilité morbide peut ainsi être
libérée de ses chaînes et l’homme rendu à sa liberté
responsable.
La question du mal : clés bibliques (André Wénin,
Professeur à la Faculté de théologie, UCL). La simpli-
cité apparente des récits symbolico-poétiques de la
Genèse amène souvent à en faire une lecture naïve
et culpabilisante, laissant croire que le mal est une
fatalité, qu’il se répand dans l’humanité d’une façon
mécanique et même que la sexualité en est un des
vecteurs les plus spécifiques. Une lecture approfon-
die de ces textes, ici de type narratif, montre qu’il
n’en est rien.
Les textes de Gen 2-3 illustrent à merveille la
double conception du bien, celle que Dieu propose
et celle qu’insuffle à l’homme le serpent, qui se pré-
sente comme son conseiller. L’interdit de l’arbre de
la connaissance du bien et du mal est-il une façon de
brimer l’être humain, le signe de la jalousie de Dieu,
de sa crainte que l’homme accède à la toute-
puissance ? Ou cet interdit n’a-t-il pas une valeur
éducative, étant planté comme le rappel vivant et
durable de la condition de l’homme, appelé au res-
pect du monde et d’autrui ? En d’autres termes, une
parole qui invite l’homme à se connaître lui-même et
à vivre selon sa propre identité, son désir n’étant pas
un absolu, mais devant composer avec le désir
d’autrui : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ».
L’enjeu est donc la communion interpersonnelle et la
possibilité de la vie en société. À l’opposé du Dieu
soupçonneux que présente le serpent, il faut com-
prendre que Dieu donne aux hommes une « loi de
bienveillance ».
Les récits de la Genèse, notamment Gen 2 à 4,
soulignent également une seconde donnée du mal :
sa capacité à se propager dans l’humanité, à perver-
tir les relations humaines de plus en plus largement.
Caïn, fils d’Adam, en fera l’expérience. L’avidité, le
rapport de domination sur autrui affectent large-
ment les rapports humains. La tentation est le lot
commun des mortels ; le chemin de la violence et de
la mort s’offre à chacun. Jésus en fera lui-même
l’expérience lors de la tentation au désert. La solida-
rité du mal ne doit cependant pas être comprise de
manière fataliste, car la Bible fait défiler des por-
traits de « saints » qui ont écouté efficacement
l’appel à la libération du mal.
En conclusion, A. Wénin souligne la vertu des ré-
cits bibliques, sorte de « miroir de l’existence hu-
maine », celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Ces textes
apprennent à regarder le mal avec lucidité, à en dé-
jouer les pièges, à le gérer. Par ailleurs, ils culminent
dans la solidarité en Christ : « Par l’œuvre de justice
d’un seul, vient la justification qui donne la vie »
(Rom 5,18).
Le péché originel : un désaccord fondateur sur la
question du mal (José Reding, Maître de conférence
invité à la Faculté de théologie, UCL). Le « dire » et
le « faire » : la dogmatique chrétienne s’efforce non
seulement de parler avec justesse du mal, mais aussi
d’en favoriser une gestion correcte. Elle a conscience
que le mal relève de la responsabilité humaine (qu’il
est « péché ») tout en dépassant la responsabilité de
chacun et vient de plus loin que nous. La réflexion
dogmatique s’apparente à une « grammaire » : elle
cherche à faire jaillir du sens par l’articulation de
divers éléments signifiants, notamment en remon-
tant à l’origine des doctrines pour en discerner les
composantes multiples.
Selon J. Reding, le dogme du péché originel re-
pose sur un double enracinement. Au premier siècle,
Marcion prône un idéal de pureté éthique et spiri-
tuelle radicale. Matière et sexualité sont mauvaises ;
le mal et la violence sont des réalités liées à l’Ancien
Testament, qui n’ont désormais plus cours dans l’ère
évangélique. Cette vision idyllique proche des grecs,
est également marquée par le dualisme du bien et
du mal. Mais peut-on vivre l’Évangile en faisant
l’économie d’un combat libérateur ? Au temps
d’Augustin, Pélage adoptera ce même optimisme
idéaliste, car selon lui, la volonté peut d’elle-même
vaincre le mal. Par ailleurs, le Manichéisme inter-
prète le mal comme une fatalité. Sorti du Mani-
chéisme, Augustin se rapprochera un moment de
Pélage, voulant sauver le libre-arbitre de l’homme.
Mais il s’en distanciera pour retrouver la responsabi-
lité de l’homme dans le mal et rendre compte du
rôle du Christ comme sauveur.
Commentant l’épître aux Romains, J. Reding rap-
pelle l’affirmation que « tous sont enfermés dans le
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !