CORRECTION DE LA DISSERTATION DU DST DU 28 AVRIL 2017

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CORRECTION DE LA DISSERTATION DU DST DU 28 AVRIL 2017
Introduction
Si le sujet concernant le début de la Renaissance fait débat au regard de l’Histoire
politique intense que vit l’Europe à cet instant, entre la fin de la Reconquista et de la
Guerre de Cent Ans en Europe de l’Ouest, et la chute de Constantinople marquant la fin de
l’Empire romain d’Orient à l’Est, il est une innovation qui marque clairement le passage de
la période médiévale à la période de la Renaissance : l’imprimerie. Fruit de l’imagination de
Johannes Gutenberg, elle révolutionne le rapport au
livre, au savoir et l’accès à la
connaissance. Bien que cette invention bouleverse naturellement le monde en son temps, elle
n’est finalement que le point de départ de toute une série de réformes qui vont marquer les
XV, XVI, XVII et XVIIIe siècles. Multiples, elles changent en profondeur la vie des gens de
cette époque. Mais dans quelles mesures ? Quel est leur impact réel ? Cela trouble-t-il
l’ordre naturel des choses où le Roi, la noblesse et le clergé dominent les sociétés
européennes ? Il faut pour cela analyser en premier lieu la nouvelle perception géographique
du monde, puis les nouveautés scientifiques et enfin l’émergence d’autres religions en Europe.
I – Une nouvelle géographie du monde
1 – La découverte de l’Amérique
En 1492, mandaté par Ferdinand d’Aragon et Isabelle la Catholique, souverains
d’Espagne, le navigateur génois Christophe Colomb lance trois navires (la Pinta, la Nina et
la Santa Maria) à la recherche d’une route maritime vers l’Inde, mais en passant cette fois
par l’Ouest. Après plusieurs mois de navigation, et d’abord inconscient de la portée de son
voyage, il découvre les Caraïbes en accostant à Cuba. Très rapidement, sa découverte relance
les spéculations sur la connaissance du monde et sa cartographie.
2 – Le Traité de Tordesillas
Alors que l’Espagne et le Portugal du Roi Jean II se lancent à la conquête des mers
et des océans, le Pape Alexandre VI nouvellement élu par le conclave cardinalice souhaite
légitimer sa fonction et chasser des esprits sa sulfureuse réputation, ainsi que celle de sa
famille : les Borgias. Venus d’Espagne, ces derniers décident en effet de se servir de la
puissance du Vatican pour assouvir leurs nombreuses ambitions. Saisissant la problématique
de la nouvelle géographie du Monde, le Pape Alexandre VI ordonne donc un nouveau
découpage équitable pour les deux monarchies de la péninsule ibérique lors du Traité de
Tordesillas de 1494.
3 – La controverse de Valladolid
La découverte de l’Amérique suppose le contact avec de nouvelles populations. Très
imprégnée par le christianisme, l’Europe débat longuement sur le statut à accorder à des
populations non chrétiennes. Cette discussion prend tout son corps lors de la controverse de
Valladolid, du nom de la ville espagnole où elle a lieu. Ainsi, entre 1550 et 1551, deux experts
en théologie, Juan de Sepulveda et Bartolomeu de Las Casas vont s’affronter autour de
cette question. Le premier décide que les Amérindiens sont inférieurs aux Européens car non
chrétiens, à l’opposé de ce que préconise de Las Casas. C’est le point de vue de Sepulveda
qui finit cependant par l’emporter.
II – L’émergence des sciences
1 – L’économie
La découverte du Nouveau Monde s’accompagne de la découverte de nouvelles
richesses. Soucieuses d’assurer leur stature dans une Europe où la concurrence fait rage
pour s’assurer le maximum de prestige, les différentes monarchies mettent au point des
stratégies de plus en plus élaborées pour rayonner. Le développement de l’économie est l’une
de ces stratégies. En France, c’est le règne de Louis XIV qui donne ses lettres de noblesse
à cette nouvelle discipline. Le Roi Soleil nomme en effet Colbert à un poste de principal
ministre où celui-ci reprend à son compte la doctrine mercantiliste visant à enrichir le royaume
par l’accumulation de métaux précieux. Pour cela, il faut produire des biens de grande valeur
afin de les vendre chèrement en France comme à l’étranger. Dans cette optique, il crée
notamment la Manufacture des Gobelins ou encore l’Académie des Sciences. Cet épisode de
la vie économique française est appelé le colbertisme.
2 – La philosophie
Longtemps laissée de côté au Moyen-Âge, qui considérait cette discipline comme une
menace plus ou moins directe pour l’Eglise, la philosophie a néanmoins traversé ce millénaire
obscur, en ce qui la concerne, grâce au travail conjugué des moines copistes – qui ont
inlassablement reproduit les ouvrages des philosophes de l’Antiquité – et des musulmans.
Ces derniers ont en effet étudié avec beaucoup d’intérêt l’œuvre des philosophes de
l’Antiquité, grecs notamment, pour la diffuser en Europe à l’époque de leur toute-puissance
en Espagne. C’est ainsi que les intellectuels de la Renaissance se sont emparés de ce savoir
endormi pour l’étudier et proposer leur propre vision de la philosophie. Parmi les grands
philosophes de l’époque moderne, citons ainsi le Néerlandais Erasme, l’Italien Machiavel, le
Suisse Rousseau ou le Français Voltaire.
3 – L’astronomie
S’appuyant sur de nouvelles découvertes en physique – comme la loi de la gravité
universelle d’Isaac Newton, les astronomes relancent et multiplient des recherches en se
basant, eux aussi, sur de précédents travaux effectués durant l’Antiquité, ceux d’Eratosthène
notamment. C’est ainsi que le Polonais Nicolas Copernic et l’Italien Galilée purent prouver
que la Terre tournait autour du Soleil, et non l’inverse, et qu’en plus elle était ronde, et
non plate comme une galette. Ces découvertes remettant profondément en question la vision
du monde de l’Eglise catholique, ces travaux furent condamnés à la marginalité. Galilée dut
même faire face à un procès où il fut forcé d’abjurer ses découvertes sous peine d’une lourde
sentence. Suite à cet épisode, on lui prête depuis cette célèbre phrase « Eppur si muove » :
et pourtant, elle tourne !
III – Le christianisme menacé
1 – Quand l’Islam revient par l’Est
A peine remis de la Reconquista espagnole, qui permit à l’Europe de chasser les
Musulmans de son sol par l’Ouest en 1492, le Vieux Continent dut-il à nouveau faire face à
cette menace lorsqu’à l’Est émergea la puissance turco-ottomane. Cette dernière s’empara
de Constantinople en 1453, mettant fin à l’Empire romain d’Orient. Sous le règne de Soliman
le Magnifique (1520 – 1566), les Turcs pénétrèrent en Europe de l’Est jusqu’à Vienne, qu’ils
échouèrent cependant à prendre (1529). Leur tentative d’invasion fut définitivement repoussée
lors de la bataille navale de Lépante de 1571, où la chrétienté européenne, enfin unie sous
une même bannière et pour une cause commune, réussit à repousser l’assaut de la flotte
turque.
2 – L’émergence du protestantisme
En 1517, en Allemagne, le moine Martin Luther placarde ses 95 Thèses sur la porte
de l’église où il officie ordinairement. Violemment exaspéré par la doctrine émise par le
Vatican, il décide ainsi de réagir et de proposer une nouvelle vision de la chrétienté. Son
action fait rapidement effet boule de neige au point d’être repris par deux théologiens suisses,
Jean Calvin et Ulrich Zwingli. Ce courant séparatiste et protestataire adopte un nom, celui
de protestantisme. Il se diffuse alors un peu partout en Europe, en dépit d’une réaction
brutale de l’Eglise romaine. La France, surtout, est traversée par de violentes guerres de
religion qui se traduisent par le massacre de la St Barthélémy, la nuit du 24 Août 1572. Il
faut toute la diplomatie du Roi Henri IV pour signer l’Edit de Nantes en 1598 qui protège
statutairement
les
Protestants
de
France.
Cependant,
Louis
XIV,
selon
le
principe
traditionnel Cuius Regio eius religio (Un Roi, une foi), révoque l’Edit de Nantes par l’Edit de
Fontainebleau de 1685.
3 – La religion face au rationalisme scientifique
Le foisonnement religieux de l’époque moderne est en butte à l’ordre établi par l’Eglise
depuis plusieurs siècles en Europe. L’on a vu plus tôt l’exemple de Galilée contraint de
rejeter ses travaux pour éviter la prison, mais les exemples furent nombreux où la science,
qui met en avant la raison, se heurte à la spiritualité religieuse. La religion prétend que la
Terre est plate, la science affirme le contraire. Et ainsi de suite. La philosophie va même
plus loin en rejetant l’ordre traditionnel selon lequel le Roi, représentant de Dieu sur Terre,
gouverne sans contestation ni recours possible. Rousseau, par exemple, propose plutôt un
contrat social où la société s’organisait selon la bonne intelligence de chacun et en fonction
des compétences des uns et des autres sans que la qualité de naissance ne fût un critère de
qualité. C’est finalement l’Esprit des Lumières au XVIIIe siècle qui finit par l’emporter en
France, au point que la Révolution bannit le catholicisme de la jeune République.
Conclusion
La période moderne, également appelée Renaissance, est l’ère de découvertes comme
l’Humanité n’en avait guère connu. Ce foisonnement intellectuel était pourtant peu évident,
puisqu’il s’agissait alors d’un retour en arrière intellectuel, d’un regard vers le passé : celui
de la Renaissance. Ce mouvement intellectuel pourrait donc être qualifié de réactionnaire
puisqu’il marquait une rupture dans la marche traditionnelle du progrès.
Et pourtant, ce recul apparent ne fit que favoriser comme jamais l’innovation
technique, intellectuelle et scientifique. Le monde est alors parti à la découverte de luimême. On découvrit de nouveaux territoires, de nouvelles façons de penser et d’organiser le
pouvoir, d’autant plus que l’Eglise chrétienne, gardienne de l’ordre établi, était rudement
mise à l’épreuve, tant par la persistance de l’Islam à vouloir s’installer en Europe que par le
Protestantisme à vouloir questionner une religion jusqu’ici intouchable et inébranlable.
La France, plus concernée que les autres pays par ces remises en question diverses,
fut l’aboutissement final de la fin d’une époque pluriséculaire avec la Révolution française
de 1789.
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