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actualité, info
avancée thérapeutique
l’opé­ration, aucun signe de récidive n’a été
détecté. En parallèle, chez les autres sujets,
aucune CTC n’a été détectée au cours de
l’étude.
Les auteurs estiment que les données sug­
gèrent fortement que la détection cytopatho­
logique et immunocytopathologique de CTC
chez les patients à risque élevé de dévelop­
per un cancer peut jouer un rôle de «senti­
sée Rarecells Diagnostics.
La publication de PLoS ONE expose les nelle». Leur détection pourrait, dès lors, être
données d’un travail mené sur un groupe considérée comme un atout majeur dans
de 245 personnes volontaires «sans cancer». l’éradication précoce d’un cancer primitif.
Parmi elles, 168 souffraient de bronchopneu­ «Ce sont des résultats prometteurs, mais qui
mopathie chronique obstructive (BPCO), doivent être validés sur une cohorte plus
fac­teur de risque bien connu du cancer bron­ importante de patients, dans un essai multi­
cho-pulmonaire. Les participants ont systé­ centrique», a tenu à préciser le Pr Paul Hof­
matiquement subi le test sanguin et puis man. La plupart des spécialistes de pneu­
mologie et de cancérologie partagent
ce point de vue : il faudra trouver la
… Seulement 15% de ces cancers sont
place
de cette stratégie dans le diag­
diagnostiqués à un stade de maladie
nostic
précoce et le dépistage du
localisée …
cancer du poumon. De nombreux
différents examens classiques d’imagerie. travaux sont en cours dans ce domaine hau­
Via le test sanguin, des CTC ont été identi­ tement concurrentiel, celui de «la course in­
fiées chez cinq personnes (3%), alors que ternationale aux marqueurs sanguins des
l’ima­gerie ne révélait, chez eux, aucun no­ cancers».
dule pulmonaire.
La quête d’un «marqueur sanguin du can­
Dans une période comprise entre un et cer du poumon» ne saurait faire oublier que
quatre ans après le test sanguin initial, cinq cette pathologie est pour une très large part
patients ont développé un nodule, détecté la conséquence de la consommation chro­
par tomodensitométrie. Ils ont immédiate­ nique de tabac. De ce point de vue, une hié­
ment été opérés et l’analyse histopatholo­ rarchie simple des priorités de santé publi­
gique du nodule a confirmé le diagnostic du que réclamerait d’investir lourdement dans
cancer du poumon à un stade précoce. Ces la tabacologie et l’action politique «antita­
patients ont été suivis plus d’un an après bac» plus que dans la quête d’un diagnostic
Une équipe médicale française, dirigée par
le Pr Paul Hofman (Hôpital Pasteur, Univer­
sité Sophia Antipolis de Nice), vient d’an­
noncer avoir mis au point un test sanguin
qui pourrait, dans l’avenir, être capable de
dépister précocement le cancer du poumon.
Telle est, brièvement résumée et diffusée par
de nombreux médias généralistes, la traduc­
tion d’une étude qui vient d’être publiée dans
la revue PloS ONE.1 Pour sa part, l’Institut
national français de la santé et de la recher­
che médicale (Inserm) évoque «une avancée
significative dans le domaine du diagnostic
précoce des cancers invasifs». Les auteurs
observent néanmoins la plus grande pru­
dence quant aux extrapolations médiatiques
qui sont d’ores et déjà faite de leurs résultats.
Des études précédentes, sur modèle ani­
mal, avaient établi que les tumeurs invasives
peuvent être à l’origine de la diffusion des
cellules cancéreuses circulant dans le sang
(CTC), et ce dès le carcinome in situ. C’est
pour tenter d’identifier au plus tôt ces stig­
mates cellulaires cancéreux que l’équipe de
Paul Hofman a conçu un test sanguin bap­
tisé ISET (Isolation by Size of Tumor cells) en
collaboration étroite avec la société spéciali­
© istockphoto.com/dimatlt633
Vers un dépistage sanguin du cancer
broncho-pulmonaire ?
lu pour vous
Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU ([email protected])
LDD
Pneumonie communautaire sévère hospitalisée – des données
récentes confirment l’intérêt de la thérapie combinée
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La pneumonie acquise en communauté, dans
ses formes sévères, est associée à une morbidité et une mortalité significatives, générant des
coûts substantiels. Les recommandations
actuel­les quant à l’antibiothérapie préconisent
l’association d’un bêtalactame avec un macrolide pour les patients hospitalisés, à la fois pour
diminuer la mortalité des infections sévères à
pneumocoques, mais également pour assurer
une couverture suffisante des infections à
germes atypiques. Afin de préciser des données de la littérature, inhomogènes pour supporter cette attitude, les auteurs de cette étude
menée en Suisse romande ont inclus près de
600 patients (âge médian 76 ans) admis à l’hôpital pour une pneumonie sévère L 70% en
caté­gorie Fine III–IV) dans un essai ouvert de
non-infériorité, comparant une monothérapie
initiale de bêtalactame au traitement combiné.
L’issue d’intérêt était la proportion de patients
dans chaque groupe n’atteignant pas une stabilisation clinique, définie selon des critères objectifs, après sept jours de traitement. Dans le
groupe monothérapie, 41% des patients n’avaient
pas atteint cette stabilité prédéfinie, comparés à
seulement 34% dans le groupe combinaison,
l’hypothèse de non-infériorité ne pouvant être
reje­tée. A noter qu’une analyse de sous-groupe
montre une probable supériorité du traitement
combiné pour les patients présentant une infection à germes atypiques. Cette étude semble
donc confirmer, dans notre biotope, la préférence pour une thérapie combinée.
Commentaire : Cette étude doit être saluée, car
elle permet de préciser la stratégie thérapeutique locale dans les pneumonies modérées à
sévères conduisant à une hospitalisation, confirmant la pratique probablement la plus répandue
dans nos hôpitaux, en accord avec les guidelines les plus utilisées. Quelques faiblesses
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 novembre 2014
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© istockphoto.com/dimatlt633
précoce d’une lésion que l’on sait prévenir.
«Le cancer du poumon est parmi les plus
meurtriers. Selon l’American Cancer Society
(ACS), la survie de ces patients à un an est
de 44% et à cinq ans elle est de seulement
16%, rappelle l’Inserm à l’occasion de la pu­
blication de PLoS ONE. Seulement 15% de
ces cancers sont actuellement diagnostiqués
à un stade de maladie localisée. Sa détection
précoce pourrait à la fois améliorer la survie
des patients et permettre des économies de
santé. La BPCO est la troisième cause de dé­
cès aux Etats-Unis et sa cause principale est
le tabagisme (plus de 80% des cas).»
«Détecter et traiter le cancer du poumon à
un stade précoce accroît les chances de réus­
site du traitement. Reconnaître les symp­
tômes et passer régulièrement un examen
de santé sont les meilleures façons de détec­
métho­dologiques relatives, notamment le
cara­tère ouvert de l’étude, ne compensent pas
la richesse des résultats et des données. En
effet, ce travail est également une description
de l’épidémiologie locale de cette infection :
on peut ainsi remar­quer qu’un agent infectieux
n’a été identifié que chez moins d’un tiers des
patients, et que le pneumocoque reste en tête
du palmarès, les germes atypiques étant la
cause de moins de 5% des épisodes. On note
également que la mortalité à 30 jours reste
faible (4%), quoique significative, dans cette
population probablement très représentative
de notre région. Enfin, cette étude nous rappelle une nouvelle fois que nous sommes
peut-être trop impatients et que la pneumonie
ne guérit pas en 24 heures…
Pr Thierry Fumeaux
Hôpital de Nyon
Garin N, et al. b-Lactam monotherapy vs b-lactam–
macrolide combination treatment in moderately severe community-acquired pneumonia – A randomized
noninferiority trial. JAMA Intern Med 2014 ; epub ahead
of print.
ter un cancer du poumon à un stade pré­
coce, rappelle pour sa part la Société cana­
dienne du cancer à l’attention du grand pu­
blic. Plus les symptômes sont mentionnés
rapidement au médecin, plus il sera en me­
sure de diagnostiquer le cancer à un stade
précoce et de le traiter le plus vite possible.
Les chercheurs n’ont toutefois pas encore
réussi à démontrer que de vérifier la pré­
sence de cellules cancéreuses du poumon
dans les expectorations aide à réduire le taux
de mortalité dû au cancer du poumon. Ils
font actuellement des essais cliniques pour
étudier l’utilité de la radiographie pulmo­
naire et de la tomodensitométrie (TDM) spi­
ralée (hélicoïdale) à faible dose comme ou­
tils de dépistage du cancer du poumon.»
Le National Lung Screening Trial (NLST)
compare, aux Etats-Unis, ces méthodes chez
des fumeurs et d’anciens fumeurs. Les ré­
sultats ont démontré que les personnes qui
avaient passé une TDM spiralée à faible
dose risquaient moins de mourir précoce­
ment d’un cancer pulmonaire que celles qui
avaient passé la radiographie pulmonaire
standard. En revanche, la TDM engendre­
rait plus d’effets nuisibles que la radiogra­
phie pulmonaire. Le NLST et d’autres études
en cours devraient clarifier les bienfaits et
les effets nuisibles du dépistage par TDM,
un sujet qui alimente bien des interrogations
et quelques solides controverses. Là encore
la priorité «antitabagique» ne saurait être
sous-estimée.
La publication de PLoS ONE a, en France,
eu un autre effet : attirer à nouveau les pro­
jecteurs sur le test ISET. Ce n’est en effet pas
la première fois que l’on s’intéresse à ce test,
à ses modalités, ses performances et les nou­
veaux marchés diagnostiques qu’il pourrait
contribuer à créer et à développer. «Notre
technique peut détecter une cellule tumo­
rale dans 10 ml de sang, où circulent 50 mil­
liards de cellules sanguines, a ainsi déclaré
à cette occasion Patrizia Paterlini-Bréchot,
fondatrice de la société Rarecells, qui déve­
loppe cette approche. C’est l’équivalent d’un
frottis du col utérin au niveau sanguin, et cela
fonctionne pour tous les cancers solides.»
Cette ancienne oncologue devenue spé­
cialiste de biologie moléculaire fait valoir
que le secteur est très concurrentiel : une qua­
rantaine d’équipes travaillent sur des straté­
gies voisines auxquelles il faut ajouter la va­
lidation de biomarqueurs non cellulaires,
fragments de protéines ou d’ADN. «Un test
concurrent a été validé aux Etats-Unis pour
les cancers métastatiques, mais ISET a de bien
meilleures performances en termes de sen­
sibilité et de spécificité» ne craint pas de
souligner Patrizia Paterlini-Bréchot à l’atten­
tion de la presse d’information générale.
Cette spécialiste ajoute que le test ISET vient
d’être mis sur le marché français dans deux
indications : le suivi de l’évolution d’un can­
cer, et l’évaluation de l’efficacité d’un traite­
ment.
«C’est là une nouvelle d’autant plus ré­
jouissante que la chercheuse a connu bien
des déboires, observe Le Monde. En 2001, elle
avait fondé une première société, Metage­
nex, avec son époux, le Pr Christian Bréchot,
pour développer ces tests dans le domaine
du cancer et du diagnostic prénatal. Après
un long conflit avec le manager, qui avait
même contraint M. Bréchot, alors directeur
de l’Inserm, à démissionner de son poste,
Patrizia Paterlini-Bréchot a récupéré ses bre­
vets en 2009 et a alors fondé Rarecells.» 2
«Concernant l’application du test ISET en
diagnostic précoce des cancers, donc chez
des sujets apparemment sans cancer, nous
voulons développer des tests plus complets
permettant de déterminer l’origine du can­
cer par analyse des cellules tumorales circu­
lantes, a expliqué Mme Paterlini-Bréchot au
magazine Le Point. Ces nouveaux tests pour­
ront également déterminer si ces cellules tu­
morales circulantes portent des mutations
qui aident à choisir les nouveaux traitements
ciblés sur simple prise de sang, sans besoin
de biopsie, application appelée "biopsie li­
quide".»
Jean-Yves Nau
[email protected]
1 Ilie M, Hofman V, Long-Mira E, et al. «Sentinel» circulating tumor cells allow early diagnosis of lung cancer in
patients with chronic obstructive pulmonary disease.
PLoS ONE 2014;9:e111597.
2 Nous avions rapporté les différents éléments de «l’affaire Metagenex» dans ces colonnes «Dans les sombres
coulisses de l’affaire Metagenex (I) (II)». Revue Médicale
Suisse du 4 et du 18 juillet 2007.
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 novembre 2014
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