Revue Médicale Suisse
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12 novembre 2014 2173
précoce d’une lésion que l’on sait prévenir.
«Le cancer du poumon est parmi les plus
meurtriers. Selon l’American Cancer Society
(ACS), la survie de ces patients à un an est
de 44% et à cinq ans elle est de seulement
16%, rappelle l’Inserm à l’occasion de la pu-
blication de PLoS ONE. Seulement 15% de
ces cancers sont actuellement diagnostiqués
à un stade de maladie localisée. Sa détection
précoce pourrait à la fois améliorer la survie
des patients et permettre des économies de
santé. La BPCO est la troisième cause de dé-
cès aux Etats-Unis et sa cause principale est
le tabagisme (plus de 80% des cas).»
«Détecter et traiter le cancer du poumon à
un stade précoce accroît les chances de réus-
site du traitement. Reconnaître les symp-
tômes et passer régulièrement un examen
de santé sont les meilleures façons de détec-
ter un cancer du poumon à un stade pré-
coce, rappelle pour sa part la Société cana-
dienne du cancer à l’attention du grand pu-
blic. Plus les symptômes sont mentionnés
rapidement au médecin, plus il sera en me-
sure de diagnostiquer le cancer à un stade
précoce et de le traiter le plus vite possible.
Les chercheurs n’ont toutefois pas encore
réussi à démontrer que de vérifier la pré-
sence de cellules cancéreuses du poumon
dans les expectorations aide à réduire le taux
de mortalité dû au cancer du poumon. Ils
font actuellement des essais cliniques pour
étudier l’utilité de la radiographie pulmo-
naire et de la tomodensitométrie (TDM) spi-
ralée (hélicoïdale) à faible dose comme ou-
tils de dépistage du cancer du poumon.»
Le National Lung Screening Trial (NLST)
compare, aux Etats-Unis, ces méthodes chez
des fumeurs et d’anciens fumeurs. Les ré-
sultats ont démontré que les personnes qui
avaient passé une TDM spiralée à faible
dose risquaient moins de mourir précoce-
ment d’un cancer pulmonaire que celles qui
avaient passé la radiographie pulmonaire
standard. En revanche, la TDM engendre-
rait plus d’effets nuisibles que la radiogra-
phie pulmonaire. Le NLST et d’autres études
en cours devraient clarifier les bienfaits et
les effets nuisibles du dépistage par TDM,
un sujet qui alimente bien des interrogations
et quelques solides controverses. Là encore
la priorité «antitabagique» ne saurait être
sous-estimée.
La publication de PLoS ONE a, en France,
eu un autre effet : attirer à nouveau les pro-
jecteurs sur le test ISET. Ce n’est en effet pas
la première fois que l’on s’intéresse à ce test,
à ses modalités, ses performances et les nou-
veaux marchés diagnostiques qu’il pourrait
contribuer à créer et à développer. «Notre
technique peut détecter une cellule tumo-
rale dans 10 ml de sang, où circulent 50 mil-
liards de cellules sanguines, a ainsi déclaré
à cette occasion Patrizia Paterlini-Bréchot,
fondatrice de la société Rarecells, qui déve-
loppe cette approche. C’est l’équivalent d’un
frottis du col utérin au niveau sanguin, et cela
fonctionne pour tous les cancers solides.»
Cette ancienne oncologue devenue spé-
cialiste de biologie moléculaire fait valoir
que le secteur est très concurrentiel : une qua-
rantaine d’équipes travaillent sur des straté-
gies voisines auxquelles il faut ajouter la va-
lidation de biomarqueurs non cellulaires,
fragments de protéines ou d’ADN. «Un test
concurrent a été validé aux Etats-Unis pour
les cancers métastatiques, mais ISET a de bien
meilleures performances en termes de sen-
sibilité et de spécificité» ne craint pas de
souligner Patrizia Paterlini-Bréchot à l’atten-
tion de la presse d’information générale.
Cette spécialiste ajoute que le test ISET vient
d’être mis sur le marché français dans deux
indications : le suivi de l’évolution d’un can-
cer, et l’évaluation de l’efficacité d’un traite-
ment.
«C’est là une nouvelle d’autant plus ré-
jouissante que la chercheuse a connu bien
des déboires, observe Le Monde. En 2001, elle
avait fondé une première société, Metage-
nex, avec son époux, le Pr Christian Bréchot,
pour développer ces tests dans le domaine
du cancer et du diagnostic prénatal. Après
un long conflit avec le manager, qui avait
même contraint M. Bréchot, alors directeur
de l’Inserm, à démissionner de son poste,
Patrizia Paterlini-Bréchot a récupéré ses bre-
vets en 2009 et a alors fondé Rarecells.» 2
«Concernant l’application du test ISET en
diagnostic précoce des cancers, donc chez
des sujets apparemment sans cancer, nous
voulons développer des tests plus complets
permettant de déterminer l’origine du can-
cer par analyse des cellules tumorales circu-
lantes, a expliqué Mme Paterlini-Bréchot au
magazine Le Point. Ces nouveaux tests pour-
ront également déterminer si ces cellules tu-
morales circulantes portent des mutations
qui aident à choisir les nouveaux traitements
ciblés sur simple prise de sang, sans besoin
de biopsie, application appelée "biopsie li-
quide".»
Jean-Yves Nau
1 Ilie M, Hofman V, Long-Mira E, et al. «Sentinel» circula-
ting tumor cells allow early diagnosis of lung cancer in
patients with chronic obstructive pulmonary disease.
P L o S O N E 2 014;9:e111597.
2 Nous avions rapporté les différents éléments de «l’af-
faire Metagenex» dans ces colonnes «Dans les sombres
coulisses de l’affaire Metagenex (I) (II)». Revue Médicale
Suisse du 4 et du 18 juillet 2007.
métho dologiques relatives, notamment le
cara tère ouvert de l’étude, ne compensent pas
la richesse des résultats et des données. En
effet, ce travail est également une description
de l’épidémiologie locale de cette infection :
on peut ainsi remar quer qu’un agent infectieux
n’a été identifié que chez moins d’un tiers des
patients, et que le pneumocoque reste en tête
du palmarès, les germes atypiques étant la
cause de moins de 5% des épisodes. On note
également que la mortalité à 30 jours reste
faible (4%), quoique significative, dans cette
population probablement très représentative
de notre région. Enfin, cette étude nous rap-
pelle une nouvelle fois que nous sommes
peut-être trop impatients et que la pneumonie
ne guérit pas en 24 heures…
Pr Thierry Fumeaux
Hôpital de Nyon
Garin N, et al. b-Lactam monotherapy vs b-lactam–
macrolide combination treatment in moderately se-
vere community-acquired pneumonia – A randomized
noninferiority trial. JAMA Intern Med 2014 ; epub ahead
of print.
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