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Internet. Ce fil à la patte électro-
nique, accentué par l'équipement
en téléphone portable, est
prégnant. Les psychologues
s'inquiètent même de la fin du
processus d'autonomisation des
enfants.
La cible des enfants est-elle la
cible des parents?
C.D.: On a longtemps dit que les
enfants répondaient à des argu-
ments liés à l'affectif et les parents
à des arguments plus rationnels.
Or, l'enfant s'inscrit lui aussi dans
l'achat raisonné. Ils sont très tôt
sensibilisés au prix, à l'équilibre
alimentaire... Mais, il est vrai qu'il
y a une double population,
"parents enfants", qu'il convient
de rassembler et de réunir à
travers du partnership de consom-
mation et en jouant sur le prin-
cipe du "For eyes, for legs".
S.G.: Les enfants ne constituent
pas une cible. C'est une construc-
tion abstraite inventée par le
marketing pour s'adresser à un
groupe de population homogène.
Or, il existe des cibles enfantines.
Le principe selon lequel il faut
convaincre les parents pour
persuader les enfants est une
autre convention qui a la dent
dure. L'enjeu pour les marques
est de trouver un message qui
parle aux enfants et aux parents,
et tant au rationnel qu'à l'émo-
tionnel.
Vous insistez sur l'importance
de la connaissance des enfants...
S.G.: Cela peut paraître basique
mais tout bon marketing
commence par une bonne
connaissance de la cible à
atteindre. Dans le triangle d'or du
marketing constitué des trois
piliers: marque, concurrence et
connaissance client, ce dernier
élément n'est jamais suffisamment
approfondi. Et c'est en l'étudiant
que l'on trouve de nouvelles
sources d'inspiration, de nouvelles
du marketing
pour enfant:
se construire
sur des effets
de mode.
Sylvie Gassmann
façons de parler au consomma-
teur, de nouveaux insights. Même
si le consommateur change
beaucoup, dans ses évolutions se
trouvent les pépites d'inspiration
pour un marketing plus efficace et
plus inspiré.
CD.: La connaissance des enfants
est basée sur l'expérience.
À travers mes recherches, il
apparaît que les personnes sont
toujours très étonnées de ce que
l'on peut apprendre des enfants.
On ne connaît pas aussi bien les
enfants qu'on le pense. Un
enfant de huit ans peut nous
apprendre beaucoup, y compris à
travers un questionnaire.
Selon vous l'offre marketing pour
enfant est en retard. Pourquoi ?
S.G.: Hormis les jouets, les céréales,
les boissons et les biscuits, l'offre
marketing dédiée aux enfants
n'existe pas. Il n'y a aucune
marque de produits non sucrés
destinés aux enfants, pas de
marque de jambon, de purée, de
pâtes...
Du côté de l'hygiène-beauté, il y a
une offre très importante pour les
tout-petits et pour les adolescents,
mais rien pour les 8-10 ans, par
exemple. Dans le textile, même
chose... Il n'y a pas de marques
pour les "tweens" (les 9-14 ans),
cible dorlotée dans d'autres pays,
comme aux Etats-Unis où il existe
un centre commercial qui leur est
dédié. Ainsi, American Eagle à
New York est destiné aux jeunes
garçons. Le marketing enfant est si
peu étudié que souvent cette
tranche d'âge est délaissée. C'est
un cas d'école pour les annon-
ceurs. Pour beaucoup de produits,
les parents sont convaincus des
bienfaits qu'ils vont procurer à
leurs enfants, mais leur usage n'est
pas facilité. Ils veulent des produits
qui leur simplifient la vie. Or, ce
n'est pas souvent le cas. Les
stratégies marketing ne semblent
pas adaptées.
Culturellement, en France, deux
écoles psychologiques cohabitent,
celles de Freud et de Dolto. L'une
décrète que tout se joue avant sept
ans. L'autre que tout se rejoue à
l'adolescence. Entre les deux, on
parle de période de latence ou de
passage. Résultat, cette tranche
d'âge passe à la trappe.
C.D.: Côté consommation, jusqu'à
sept ou huit ans, la mère est
encore très présente dans les choix
de consommation de son enfant.
Après 14 ans, l'adolescent est assez
mature pour décider. Faire du
marketing pour les 7-14 ans,
tranche d'âge qui n'est pas assez
armée face aux arguments