A tous ces défis, l’amélioration des plantes appor-
tera des réponses comme elle le fait depuis des
décennies : à l’aide des techniques culturales. En
Europe, les variétés actuelles contribuent déjà à une
agriculture multiperformante et durable.
En France, elles sont attendues pour le succès du pro-
jet agro-écologique - qui se décline dans les récents
plans « Ecophyto 2 » et « Semences et Plants et Agri-
culture Durable » - ainsi qu’au « Programme National
de l’Alimentation ».
Pour atteindre les objectifs ambitieux de ces poli-
tiques publiques, le rapport « Agriculture et Innova-
tion 2025 » préconise de mobiliser le levier génétique
et de recourir aux sciences, à la génomique et aux
biotechnologies dans le domaine du végétal.
DE NOUVEAUX OUTILS PRÉCIS ET RAPIDES
Dans un processus d’évolution continue depuis les
débuts de la sélection, les découvertes scientifiques
récentes fournissent au sélectionneur de nouveaux
outils qui lui permettent d’être plus précis, plus
efficace et plus rapide.
L’emploi de ces Nouvelles Techniques d’Amélio-
ration des Plantes (dites NBT, pour New Breeding
Techniques) renforcera l’efficacité de l’amélioration
variétale et raccourcira les délais pour proposer
des solutions innovantes. Les bénéfices qui en dé-
coulent pour l’agriculture et les consommateurs sont
considérables (voir tableau page 4).
Gain d’efficacité et de temps
Comparativement aux autres méthodes, les NBT
ciblent avec précision le caractère que l’on veut amé-
liorer (résistance à la sécheresse, aux maladies, etc…).
Cet avantage s’accompagne d’une réduction de 6 ans
du cycle de sélection, qui est en moyenne de 10 ans
actuellement, permettant d’obtenir des variétés beau-
coup plus rapidement.
Comme dans la nature
Ces nouvelles techniques font intervenir du matériel
génétique de l’espèce ou d’une espèce sexuellement
compatible. Les variétés obtenues auraient pu être
créées dans des schémas de sélection classiques ou par
mutation.
Augmentation des ressources génétiques
Les techniques de « retouche génomique » élargiront
le réservoir des ressources génétiques disponibles,
qui constituent une source de richesse pour des
échanges entre les opérateurs du monde entier.
En les utilisant, la France fera partie intégrante de ces
flux, garants de futures innovations et de l’indépen-
dance de son agriculture.
E n 2025, un terme très proche à l’échelle de l’amélioration des plantes,
la population mondiale atteindra 8 milliards d’humains, soit 1 milliard de
plus qu’aujourd’hui, qui devront être nourris à leur faim. Dans un contexte
géopolitique sensible, il faudra augmenter la production agricole par
hectare pour compenser les pertes de surfaces cultivables et les aléas
climatiques, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles. C’est dire
le poids stratégique des agricultures et l’importance de l’innovation dont elles devront
bénéficier. La France, avec les atouts de son secteur semencier, son potentiel dans la
recherche et développement comme dans la production, a un rôle important à jouer.
Les défis pour l’agriculture CES OUTILS SERONT-ILS AUTORISÉS
POUR L’AGRICULTURE ?
En raison des différences d’encadrements réglemen-
taires et d’acceptation des innovations, l’Inde, la Chine
et les USA sont et resteront ouverts aux apports des bio-
technologies. Qu’en sera-t-il de l’Union Européenne, et
notamment de la France si la réglementation considère
ces nouveaux produits comme des OGM ?
Accessibilité aux PME/ETI
La règlementation actuelle sur les OGM engendre
des coûts d’homologation disproportionnés qui ne
sont accessibles qu’aux seules grandes entreprises.
Si ces nouvelles techniques étaient aussi classées
dans la règlementation OGM, seules les plus grandes
espèces agricoles mondialement cultivées justifie-
raient de tels coûts. Les espèces moins dominantes
mais utiles à la diversité des cultures et de l’alimenta-
tion seraient très pénalisées car exclues de ces types
de progrès.
Compétitivité des agricultures
La question de la compétition internationale des agri-
cultures se posera alors entre les pays qui auront
accepté l’utilisation des Nouvelles Techniques d’Amé-
lioration des Plantes et la mise sur le marché des
produits qui en sont issus, et les pays qui les auront ré-
glementées au point d’en rendre l’usage inaccessible.
Ces derniers verront leurs agriculteurs confrontés à
une distorsion de concurrence face aux produits im-
portés, issus de ces techniques, qu’ils ne sauront pas
toujours tracer.
Maintien des entreprises, de l’emploi
et de l’expertise en France
En se gardant de déployer des contraintes régle-
mentaires coûteuses, la France favorisera le maintien
d’une diversité d’entreprises, dans un secteur ouvert
et dynamique qui crée de la valeur, voire encouragera
de nouveaux entrants ou l’émergence de start-ups.
Préserver la position de la France comme leader en
amélioration des plantes, par l’adoption des nouveaux
outils à la disposition des semenciers, doit également
contribuer à maintenir l’expertise de la recherche
publique et l’attrait des étudiants pour les sciences
en rapport avec ce secteur (génétique, agronomie,
bioinformatique, chimie, physiologie végétale,…).
La France a réussi à développer le premier
secteur semencier au monde avec des entreprises
d’envergure internationale et un tissu important
de PME/ETI et de coopératives.
C’est l’ensemble de ce modèle économique et
scientifique d’excellence, stratégique pour notre
agriculture et plus largement pour la société,
qui serait mis en péril si toutes les technologies
nouvelles venaient à être bannies d’Europe.
Compte tenu des enjeux considérables à long
terme pour l’agriculture et l’alimentation et plus
largement pour la santé et l’environnement, les
prochaines décisions règlementaires pour l’enca-
drement des technologies en amélioration des
plantes doivent s’appuyer, comme en médecine,
sur une analyse scientifique rigoureuse et réaliste
des produits qui en sont issus.
SELON LA FAO, L’AGRICULTURE DEVRA DONC :
é produire plus de denrées alimentaires, de protéines et de fibres
pour une population sans cesse croissante ;
é produire davantage de matières premières pour un marché des bioénergies ;
é adopter des méthodes de production plus efficaces et plus durables
et s’adapter au changement climatique ;
é contribuer à l’essor global des pays en développement
tributaires de l’agriculture.
Le terme générique « Nouvelles Techniques d’Amélioration des Plantes » (NBT) recouvre un certain nombre de biotechnologies
appliquées au végétal, qui se sont développées depuis la fin des années 90 sur la base des techniques préexistantes. Une première
liste en a été établie en 2010 par la Commission Européenne :
Depuis, les connaissances en biologie moléculaire et sur les mécanismes naturels de réparation cellulaire se développent
rapidement et de nouvelles techniques sont fréquemment publiées dans la littérature scientifique, telles que les TALENs ou
la prometteuse technique CRISPR-Cas9…
• Mutagénèse Dirigée par Oligonucléotide (ODM)
• Mutagénèse/insertion Ciblée par Nucléase (SDN)
comprenant SDN 1, 2 et 3
• Cisgénèse
• Intragénèse
• Greffage
• Agro-infiltration
• Méthylation d’ADN dépendante d’ARN (RdDM)
• Sélection inverse
• Génomique de synthèse