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Résumé
Introduction. Les travaux internationaux récents, cliniques et empiriques sur la psychopathie
se fondent sur les observations initiales de Cleckley (1941) qui définit la psychopathie comme
« un trouble sévère de la personnalité marqué par une constellation de caractéristiques
interpersonnelles, affectives et comportementales ». Le narcissisme pathologique et le
détachement émotionnel associés à des comportements antisociaux chroniques sont perçus
comme des caractéristiques dominantes de la psychopathie (Hare, 1991 ; Meloy, 2000 ; Pham,
1998 ; Pham & Côté, 2000). Hare a opérationnalisé ce concept et construit une échelle de
Psychopathie (Psychopathy Check List-Revised, PCL-R, 1991, 2003) qui a été validée en
langue française (Côté & Hodgins, 1996). Elle est composée de vingt items répartis en
majorité en deux facteurs : le Facteur 1 (narcissisme et détachement émotionnel) et le Facteur
2 (comportements antisociaux et impulsifs) proche du trouble de la personnalité Antisociale.
Des études catégorielles portant sur la comorbidité suggèrent de fortes comorbidités entre la
psychopathie et les troubles de l’Axe II (DSM-IV) notamment du cluster B (Hare, 1991 ;
Hildebrand & de Ruiter, 2004 ; Pham, 2000 ; Widiger, 2006). La comorbidité est forte
notamment avec la personnalité Antisociale (DSM-IV) pour le Facteur 2 mais aussi avec les
troubles Histrionique, Narcissique et Borderline. La prise en charge de la population
délinquante est difficile mais certaines caractéristiques borderline (sensibilité anxio-
dépressive, capacité d’attachement relatives au Facteur 1) seraient d’un meilleur pronostic.
Outre l’intérêt pour la prise en charge clinique, ces précisions sont importantes pour la
dangerosité et le risque de récidive (Salekin, Rogers & Sewell, 1996 ; Claix & Pham, 2004).
Objectifs. Cette étude évalue les relations entre la psychopathie (approche dimensionnelle) et
les troubles de l’Axe II (approche catégorielle) avec un intérêt particulier sur le trouble
Borderline (absence de lien voire lien inverse pour le Facteur 1). Les relations entre ces
troubles (psychopathie et Axe II) et le risque de récidive ont aussi été évaluées l’hypothèse
étant que ces troubles augmentent le risque de récidive. L’objectif est également de souligner
la complémentarité des approches dimensionnelle et catégorielle ainsi que l’utilité des outils
standardisés dans la pratique.
Méthode. La première hypothèse recherche l’existence de liens entre la psychopathie et la
présence de troubles de l’Axe II (principalement cluster B : Histrionique, Narcissique,
Borderline, Antisocial) et parmi ceux-ci un lien particulier avec la personnalité Borderline qui
pourrait atténuer le niveau de psychopathie (Murphy & Vess, 2003). La deuxième hypothèse
est que la psychopathie et les troubles de l’Axe II (cluster B) augmentent le risque de récidive.