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Le syndrome de Raynaud
Par Didier Alcaix (Le Havre)
Décrit en 1862 par Maurice Raynaud, la prévalence du syndrome est de 3 à 5 % de la population en
fonction des groupes ethniques et de la répartition géographique. Le phénomène de Raynaud est
secondaire à la vasoconstriction des artères, artérioles précapillaires et shunt artério-veineux cutanés
des doigts.
Le déroulement du spasme est assez stéréotypé : après exposition au froid ou à une situation
émotionnelle, les doigts deviennent brusquement pâles puis cyanosés (sensation de doigts morts)
avec une démarcation nette avec la peau saine. Cette phase dont la durée et la sévérité est variable
est suivie d’une phase érythémateuse (sensation de brûlure) liée au retour du flux sanguin lors de la
brutale levée du spasme. Il est parfois limité à une seule phase. Il concerne un ou plusieurs doigts
souvent bilatéralement et peut atteindre les orteils, les oreilles ou le nez.
Ce phénomène est bénin dans la majorité des cas mais est responsable dans environ de 10% des
cas d’ulcération superficielle ou de nécrose avec gangrène et parfois amputation.
Le diagnostic est souvent anamnestique basé sur les notions de sensibilité des doigts au froid (12%
de la population), de modification de leur couleur, blanche et/ou bleue 5% de la population). Une
photo peut être utile. De nombreux tests de provocation existent : immersion des doigts dans l’eau
froide, diverses mesures de la température ou du flux sanguin cutané des doigts.
Le syndrome peut être primaire ou secondaire.
Le phénomène primaire
Il n’est associé à aucune étiologie et peut être défini par les critères proposés par Medsger et LeRoy
(cf. encadré). L’ age de début moyen est de 14 ans et seuls 27 % des cas commencent après 40 ans.
Les crises sont sévères chez 12% des patients et dans 25% des cas existe une histoire familiale.
Lorsque les critères de Raynaud primaire sont remplis, une méta-analyse comportant 639 patients a
montré que 12,6 % de patients développaient une affection secondaire (quasiment toujours une
connectivite) dans les 2 ans suivant (mais pas après).
Encadré 1
CRITERE DIAGNOSTIQUE DU RAYNAUD PRIMAIRE
• Accès vasospastique au froid ou lors d’émotions
• Accès symétrique affectant les 2 mains.
• Absence de nécrose ou de gangrène
• Absence d’anamnèse ou de signes cliniques évocateurs d’une maladie de système
• Capillaroscopie normale
• Vitesse de sédimentation normale
• Auto-anticorps antinucléaire, latex Waaler Rose négatifs
Le phénomène secondaire
Il est soupçonné devant un age de début supérieur à 30 ans, des épisodes sévères, asymétriques, la
présence de lésion ischémique ou de manifestations cliniques associées ( arthrite etc…),
d’autoanticorps ou d’anomalie de la capillaroscopie. Une cause n’apparaît que dans 2% des cas où le
Raynaud est isolé sans antinucléaire ou facteur rhumatoïde.