Innovations et information
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Les premiers informés de la validité et des résultats
d’une nouvelle technique opératoire ou diagnostique
doivent être ceux qui la mettront en application après avoir
apprécié, si nécessaire, son efficacité et son intérêt pour
le patient, et non les médias ?
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Une technique thérapeutique efficace n’a de valeur
et d’intérêt pour le patient, les médecins praticiens et
la santé publique, que si elle est reproductible (avec un
risque acceptable) par le plus grand nombre des prati-
ciens ? Ainsi, cette technique peut être utilisée par tous
les praticiens et donc bénéficier au plus grand nombre
de patients ; sauf, naturellement, si elle est la seule alter-
native thérapeutique possible ou si elle a fait la preuve de
son évidente supériorité dans ses résultats par rapport
aux techniques dites classiques.
Comment améliorer la diffusion de l’information
médicale vers le grand public ?
Cette amélioration peut être réalisée à trois niveaux.
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Le journaliste devrait vérifier l’information avant de la
diffuser. Cette vérification pourrait être faite auprès des
sociétés savantes ou associations professionnelles. En
fait, l’urgence qui est imposée au journaliste par la concur-
rence rend cette proposition théorique et illusoire.
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L’informateur devrait faire appel à une société savante,
afin de valider l’information, et la diffuser de façon non
partisane au nom de la communauté médicale. Mais
quand on sait que de nombreux informateurs potentiels
possèdent un attaché de presse à titre personnel, cette pro-
position est vouée à l’échec.
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Les sociétés savantes devraient contrôler l’information
et disposer d’une “cellule” prête à intervenir pour rectifier
une information erronée, abusive ou “commerciale”.
Comme on le voit, le problème de l’information des
avancées médicales au grand public est complexe et loin
d’être résolu, en raison de plusieurs logiques qui s’af-
frontent et semblent inconciliables : celle du journaliste,
même de bonne volonté, qui est soumis à une concur-
rence redoutable l’obligeant à délivrer l’information “à
chaud” sans possibilité de vérification, celle de l’informateur
désirant tirer un profit personnel maximal de l’innova-
tion (réelle ou non) qu’il a mis au point, et celle du monde
médical représenté par les sociétés savantes qui redoute
la désinformation du grand public et la concurrence
déloyale.
ConStat N °13
LIBRE OPINION
Le problème vient de ce “faire savoir” qui est immédia-
tement relayé par les médias (presse parlée, écrite et télé-
visuelle) qui se sentent investis d’une mission d’infor-
mation d’urgence, sans avoir la possibilité matérielle de
vérifier la crédibilité de cette information, et surtout la
qualité de l’informateur.
Les médias sont soumis à une telle concurrence qu’ils ne
peuvent que faire confiance à celui qui délivre l’information
ou à celui qui est sollicité, dans le meilleur des cas, pour
la commenter. Un exemple récent illustre parfaitement
cette situation. Un représentant du Conseil de l’Ordre
des médecins est interviewé “à chaud” pour commenter
un “exploit” révolutionnaire de la recherche médicale ;
n’ayant aucune connaissance scientifique dudit exploit,
il sollicite 3 à 4 heures de délai pour interroger des scien-
tifiques indépendants. Les médias se désintéressent aus-
sitôt de lui et de ses commentaires en indiquant que cette
interview doit être diffusée impérativement dans le jour-
nal de 20 heures, c’est-à-dire une heure plus tard, sous peine
d’être “doublé” par la chaîne concurrente.
Ainsi, le traitement de l’information “à chaud” et dans
l’urgence par les médias ne permet pas, actuellement,
aux journalistes, la vérification de l’information et la qua-
lité de l’informateur.
Il s’ensuit un grand nombre d’interrogations et de qui-
proquos interpellant le praticien, mais aussi le patient
lui-même qui devient “surinformé” et la proie des médias
qui, en fait, ne font que prêter leur caisse de résonance à
quelques-uns.
N’est-il pas évident que :
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L’objectif premier et principal est de guérir ou d’amélio-
rer le patient en utilisant tous les moyens scientifiquement
et économiquement reconnus à notre disposition ?
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Une nouvelle méthode thérapeutique ou diagnostique
ne saurait être diffusée et annoncée comme la meilleure
que lorsque les preuves scientifiques et économiques de
sa supériorité sont démontrées ?
Bernard Gattegno
Hôpital Tenon,
Paris.
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L’acte diagnostique et thérapeutique, en particulier chirurgical, s’est
modifié dans sa nature et, peut-être, dans son but, depuis l’apparition de
techniques dites nouvelles et innovantes. La contrepartie de cette ava-
lanche de techniques nouvelles est le “faire savoir”, étape qui suit natu-
rellement le “savoir faire”.