Plus couramment appelé la «!Netiquette!», le RFC 1855 est né en octobre 1995. Consacré aux
échanges communicationnels sur le «!réseau des réseaux!»4. celui-ci a été pensé au sein du groupe
de travail Responsible Use of the Network (RUN) de l’Internet Engeenering Task Force5. On
retrouve dès le départ le lien entre les règles et les usages, les auteurs du texte présentant ce
document comme «!un ensemble minimum de règles d’étiquette en matière de réseau (la
Netiquette) que les institutions peuvent utiliser et adapter pour leur propre usage. […] Il convient
aussi comme ensemble minimum de lignes de conduite pour les personnes, tant les utilisateurs
que les gestionnaires!». On apprend également dès l’introduction que cette RFC a été conçue
expressément pour les nouveaux utilisateurs de l’Internet, qui sont baptisés les «!Bleus!»6.
Contrairement aux personnes qui ont «!grandi!» avec l’Internet, qui étaient «!techniquement
attentifs!» et qui «!comprenaient la nature du transport et des protocoles!», les nouveaux
utilisateurs sont considérés comme n’étant «!pas au courant de la culture!». Certes le RFC a pour
objectif «!d’amener rapidement ces nouveaux utilisateurs à la culture de l’Internet!» qui se
transmet par le respect d’un certain nombre de règles, certaines étant présentées comme étant
obligatoires, alors que d’autres sont annoncées comme étant largement adaptables. Néanmoins,
les nouveaux utilisateurs n’ont «!plus besoin de connaître le mode de transport et les
protocoles!»7. Autrement dit, la culture de l’Internet correspondra au résultat de l’alliance entre
les normes proposées par les fondateurs et par les nouveaux internautes Après cette introduction,
le document est divisé en trois parties distinguées de la façon suivante!: (1) la communication de
personne à personne, qui comprend essentiellement le courrier électronique (il est aussi fait
référence à talk, souvent présenté comme l’ancêtre de l’IRC), (2) la communication d’une
personne à plusieurs, qui comprend les listes de distribution et les groupes de nouvelles
(newsgroups), (3) les services d’information, qui comprennent FTP, la Toile, Wais, Gopher, les
MUD et les MOO8.
4 D’autres guides existaient déjà auparavant. C’est ainsi que les «!Règles de conduite et savoir-vivre de l’utilisateur du Réseau!»
(http://www.sri.ucl.ac.be/netetiq.html) ont été édictées en 1992 au sein de l’University of Florida afin d’aider les utilisateurs de
l’Université à «!considérer les services de l’Internet comme une ressource disponible, moyennant la réserve qu’ils sont
responsables de la manière dont ils accèdent ou transmettent l’information à travers l’Internet!». Il y était question de paragraphes
et de messages courts ne traitant qu’un seul sujet, de prudence et de professionnalisme dans l’écriture de messages, des nécessités
d’indiquer les citations, références et sources, de l’importance de suivre les procédures hiérarchiques pour correspondre avec des
supérieurs, de l’interdiction d’employer les réseaux académiques pour des activités commerciales ou propriétaires, de limiter les
signatures à quatre lignes maximum à la fin des messages et de n’utiliser les majuscules que pour mettre un point important en
évidence ou pour distinguer un titre ou un en-tête, celles-ci pouvant être remplacées par des astérisques (*) avant et après le mot.
Les internautes étaient par ailleurs invités à ne pas faire suivre du courrier personnel à des listes de distribution ou sur Usenet,
sans la permission de l’auteur original, à respecter les conventions de droits d’auteur et de licence et à ne mentionner dans une
réponses que les propos d’autrui qui font explicitement référence à notre propre message, ainsi qu’à utiliser dans la mesure du
possible des abréviations telles que «!IMHO!» (in my humble/honest opinion) ou «!FYI!» (for your information).
5 Sa version finale ayant été rédigée par Sally Hambridge dont on peut avoir les coordonnées (adresses postale et électronique,
numéros de téléphone et de télécopieur) à la fin du document.
6 Le même vocabulaire est employé au sein de l’armée française pour qualifier les nouvelles recrues!!
7 On s’étonnera tout de même un tant soi peu du fait que les aspects techniques semblent être largement mis de côté. Les
rédacteurs et rédactrices du RFC 1855 paraissent avoir pris pour acquis que la technique est une «!boite noire!» pour les «!Bleus!».
Certes, nous verrons que d’après nos observations, c’est le cas pour une majorité des internautes. Il y a toutefois de notables
exceptions.
8 Dans le cadre de ce chapitre, nous ne traiterons pas des services d’information à propos desquels on peut notamment lire ce qui
suit!: «!Ne supposez qu’aucune information que vous trouvez est à jour et/ou exacte. Souvenez-vous que les nouvelles techniques
permettent juste à n’importe qui de devenir un éditeur, mais tout le monde n’a pas découvert les responsabilités liées à la
publication!». Par ailleurs, on trouve une mise en garde à propos du contenu par rapport à la dimension internationale de
l’Internet!: «!Comme l’Internet embrasse le globe, souvenez-vous que les services d’information peuvent refléter des cultures et
styles de vie franchement différents de ceux de votre communauté. Des choses que vous trouvez choquantes peuvent provenir de
régions où elles sont acceptables. Restez sans parti pris!». Les personnes qui sont auteurs de sites doivent veiller à ne pas se
contenter de proposer une liste de liens vers d’autres services de l’Internet, de ne pas pointer vers d’autres sites sans autorisation
et de veiller à la mise à jour des informations disponibles. Par ailleurs, «!ne supposez pas que tout fonctionne lorsque vous n’avez