© Éric GEORGE - 2002
Dynamiques d’échanges publics sur Internet
par Éric GEORGE
Pour citation!:
GEORGE Éric, 2002, «!Dynamiques d’échanges publics sur Internet!», dans Internet, nouvel
espace citoyen!?, Francis Jauréguiberry et Serge Proulx (dir.), Paris!: L’Harmattan, pp.!49-80.
En publiant «!L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la
société bourgeoise!» en 1962, Jürgen Habermas a non seulement posé un geste fondateur qui a
fourni l’occasion à bien des chercheurs et des chercheuses de réfléchir sur l’une des principales
facettes du monde social, mais il a également adopté une double démarche, à la fois basée sur
l’élaboration de normes et sur l’observation des faits. Ainsi, nous a-t-il proposé une lecture de
l’espace public qui repose à la fois sur la construction d’un «!idéal-type!» autour du principe de
«!l’usage public de la raison!» pratiqué par les personnes privées rassemblées en un public et sur
une analyse de terrain correspondant notamment aux situations révolutionnaires. Étude
indirecte parce que basée sur une littérature de seconde main de ces périodes et travail
normatif ont donc été de pair. Après avoir considéré que le modèle de la délibération des égaux
sur les affaires qui relèvent de la politique a été pour la première fois pensée et concrétisé dans la
Grèce antique, il estime que l’espace public a été préservé à travers les siècles non pas comme
«!formation sociale!» mais comme «!modèle idéologique!». On est bien ici dans le registre de
l’établissement de normes, d’une norme idéale en l’occurrence liée à une conception idéologique
de la société, de la démocratie1. Cette position normative adoptée, il descend sur le terrain. Il
s’intéresse alors aux espaces publics concrets, les cafés, les salons, les réunions d’habitués qui
constituent autant de lieux se développe cette sphère publique littéraire qui comprend aussi
peu à peu l’ensemble du marché des biens culturels et informationnels, à commencer au XVIIe et
au XIXe siècle par la presse écrite. Dès lors, comment Jürgen Habermas pourrait-il faire
autrement que constater un certain fossé, voire un fossé certain entre son idéal et ce qu’il observe
étant donné que ses observations le mènent sur le terrain de la «!formation sociale!» et non plus
principalement du «!modèle idéologique!» pour reprendre ses propres termes!? Le philosophe
allemand a abordé à nouveau le concept d’espace public trente ans après (1992, [1990]) en liant
celui-ci au concept de démocratie délibérative qu’il place dorénavant au cœur de sa réflexion. Si
au cours de son parcours, il s’est intéressé de moins en moins aux médias, il a continué à lier
démocratie et communication, suite à ses développements consacrés aux concepts d’espace
public, d’agir communicationnel et d’éthique de la discussion. Sans doute n’attribue-t-il plus la
même importance à la raison, mais il demeure «!habité!» par l’étude du processus de
confrontation des points de vue, des options rationnelles, qui permet de produire du consentement
comme l’effet de convictions communes. La démocratie délibérative peut être envisagée mais
celle-ci repose une fois de plus sur une conception normative des échanges!: «!la discussion
rationnelle est supposée être publique et discursive, accorder des droits de communication égaux
aux participants, requérir sincérité et interdire toute sorte de force autre que la faible force du
1 Si on entend le terme idéologie comme manière de se représenter globalement la société, ce qu’elle est, mais aussi et sans doute
surtout ce qu’elle devrait être, ou ce qu’elle devrait rester.
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meilleur argument. Cette structure de communication est supposée créer un espace délibératif
pour la mobilisation des meilleures contributions disponibles sur les sujets les plus pertinents!»
(1997a, p.45).
De leur côté, les auteurs (cf. entre autres Calhoun et al., 1992, Pailliart et al., 1995) qui se sont
intéressés à l’espace public médiatique2 ont souvent conclu que celui-ci correspondait peu à
l’idéal-type habermassien qui pose que l’espace public est organisé selon les principes de
rationalité, d’accessibilité et de transparence. Anne-Marie Gingras a proposé à ce sujet un
ouvrage des plus intéressants au titre évocateur «!Communication et démocratie!: le grand
malentendu!» (1999). Une analyse empirique qui repose sur une relecture croisée des travaux de
Theodor W. Adorno et de Max Horkheimer, d’Antonio Gramsci, de Louis Althusser, de Douglas
Kellner et de Stuart Hall lui permet de «!voir le rôle des médias comme un des maillons dans
l’ensemble des moyens dont disposent les élites pour maintenir leur domination sur la société, et
plus précisément leur hégémonie, un concept qui suppose une forme d’acceptation des faits par la
collectivité!»(ibid., p.229).
Or, certains observateurs, à commencer par Nicholas Negroponte (1995) estiment qu’avec le
développement de dispositifs techniques communicationnels souvent qualifiées de «!nouveaux!»,
notamment concrétisées par la diffusion de l’Internet auprès de vastes populations, du moins dans
les pays riches, il y a une rupture totale avec les médias traditionnels. Pierre Lévy écrit par
exemple que «!le cyberespace peut apparaître comme une sorte de matérialisation technique des
idéaux modernes. En particulier, l’évolution contemporaine de l’informatique constitue une
étonnante réalisation de l’objectif marxien d’appropriation des moyens de production par les
producteurs eux-mêmes. Aujourd’hui, la «!production!» consiste essentiellement à simuler, à
traiter de l’information, à créer et à diffuser des messages, à acquérir et transmettre des
connaissances, à se coordonner en temps réel. Dès lors, les ordinateurs personnels et les réseaux
numériques remettent effectivement entre les mains des individus les principaux outils de
l’activité économique. Bien plus, si le spectacle (le système médiatique), selon les situationnistes,
est le comble de la domination capitaliste, alors le cyberespace réalise une véritable révolution,
puisqu’il permet!!ou permettra bientôt!!à tout un chacun de se passer de l’éditeur, du
producteur, du diffuseur, des intermédiaires en général pour faire connaître ses textes, sa
musique, son monde virtuel ou tout autre produit de son esprit!» (1997, p. 122). Autrement dit,
les nouveaux moyens de communication réaliseraient l’espace public conçu par Jürgen
Habermas.
Ces auteurs rejoignent en cela!!ce qui ne veut pas forcément dire que les démarches sont
comparables!!les chercheurs et les chercheuses qui ont abordé l’Internet d’un point de vue
historique en mentionnant souvent son caractère démocratique. Si l’on en croit Jean-François
Tétu et Françoise Renzetti, «!les principes qui ont présidé à l’évolution de l’Internet [ont favorisé]
l’égalité des usagers et la liberté de tous. L’organisation de l’Internet en une société savante,
représentative des intérêts des utilisateurs, [a semblé] susceptible d’asseoir la légitimité du
réseau. L’Internet [est] alors [apparu] comme l’armature d’une démocratie internationale
2 Anne-Marie Gingras note avec raison que si l’espace public n’a jamais été réduit aux médias, ces derniers l’ont quand même
largement défini!: «!du moins les médias constituent-ils le lieu privilégié incarnant l’espace public!» (1995, p.16). Ce choix
apparaît d’autant plus dominant que notre société est caractérisée par une augmentation des pratiques de communication
médiatisée par les dispositifs techniques, qu’il s’agisse notamment du téléphone, de la radio, de la télévision, et plus récemment
de l’ordinateur.
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scientifique!» (1995, p.192). Les Requests for Comments (RFC) symboliseraient bien la nature de
la coopération entre membres d’un «!collège invisible!» dont l’existence repose sur des intérêts
communs. Comprenant à la fois des préoccupations très techniques et des réflexions très
philosophiques, ceux-ci représentent des «!appels aux commentaires!» faits par un individu ou par
un groupe. Quel que soit son statut, toute personne se sentant concernée peut répondre à cet appel
en apportant son témoignage. Le débat est alors ouvert pendant un certain temps, toutes les
propositions étant étudiées par des membres bénévoles de l’Internet Engineering Task Force
(l’IETF). Cette dernière est une structure légère, ouverte, du moins potentiellement à toutes et à
tous, qui a été créée par les concepteurs et conceptrices de l’Internet afin de bénéficier des
contributions des universitaires, chercheurs-ses, ingénieurs-es du secteur public ou privé du
monde entier. Une fois le débat clos, le nouveau document peut alors servir de documentation en
ligne au titre de norme en vigueur. Le principe des RFC a été appliqué à toutes les dimensions de
l’Internet, de la mise au point des différents protocoles aux recommandations en matière
d’échanges. D’une certaine façon, on retrouverait dans le RFC une concrétisation du modèle
habermassien de la démocratie délibérative. Usage de la raison, accessibilité et transparence
semblent être de rigueur3.
À titres d’exemples de RFC, on peut signaler que les caractéristiques du protocole qui régit le
courrier électronique, et par extension les échanges sur les listes de diffusion et de discussion, ont
été spécifiées par Jon Postel en 1983 dans le cadre du RFC 821. Pour notre part, nous allons nous
intéresser au RFC 1855 !autrement dit la «!Netiquette!»!!qui porte sur les pratiques de
communication médiatisée par ordinateur (CMO), qu’il s’agisse du courriel en mode dyadique ou
des listes de diffusion-discusion et nous allons voir dans quelle mesure les normes édictées au
sein du champ scientifique sont respectées avec le développement d’usages de la part d’une
population de plus en plus diversifiée!; ce qui nous permettra de nous demander plus
généralement s’il est possible de s’appuyer sur des considérations historiques pour envisager
dorénavant la place de l’Internet dans la démocratisation de nos sociétés Pour ce faire, nous
allons tout d’abord rappelé les «!règles de bon usage!» écrites ou tacites qui ont été proposées par
les conceptrices et les concepteurs du «!Net!» dans le RFC 1855. Ensuite, nous aborderons les
dynamiques d’échanges sur une liste de discussion en particulier, la liste «!ATTAC-talk!» tout en
suivant les messages sur deux autres listes, «!Contrôle-OMC!» et «!liste-SalAMI!». Enfin, en
conclusion, nous verrons dans quelle mesure les normes proposés par les scientifiques à l’origine
du développement de l’Internet demeurent inscrites dans les usages de la part d’une population
plus diversifiée, et si ces normes sont éventuellement discutées par celle-ci.
Retour sur la «!Netiquette!»
3 Nous employons le conditionnel car nous ne pensons pas forcément que c’est le cas. Toutefois, cette question importante ne
correspond pas tout à fait à celle que nous souhaitons traiter. Nous nous contenterons de préciser ici que certains auteurs en
viennent même à parler d’«!intelligence collective!» ou d’«!intelligence distribuée!» en prenant notamment comme exemple les
échanges entre scientifiques. À notre avis, en se basant le plus souvent sur une approche cognitiviste, ceux-ci abordent le social de
façon erronée, leur vision ne tenant pas compte des conflits, des divisions, des rapports de force et des dominations. On pourrait
même dire qu’ils nient le social (voir à ce sujet Miège, 1998). Toutefois, pour traiter cette question de façon approfondie, il
faudrait étudier la façon dont les RFC ont été conçus.
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Plus couramment appelé la «!Netiquette!», le RFC 1855 est en octobre 1995. Consacré aux
échanges communicationnels sur le «!réseau des réseaux!»4. celui-ci a été pensé au sein du groupe
de travail Responsible Use of the Network (RUN) de l’Internet Engeenering Task Force5. On
retrouve dès le départ le lien entre les règles et les usages, les auteurs du texte présentant ce
document comme «!un ensemble minimum de règles d’étiquette en matière de réseau (la
Netiquette) que les institutions peuvent utiliser et adapter pour leur propre usage. […] Il convient
aussi comme ensemble minimum de lignes de conduite pour les personnes, tant les utilisateurs
que les gestionnaires!». On apprend également dès l’introduction que cette RFC a été conçue
expressément pour les nouveaux utilisateurs de l’Internet, qui sont baptisés les «!Bleus!»6.
Contrairement aux personnes qui ont «!grandi!» avec l’Internet, qui étaient «!techniquement
attentifs!» et qui «!comprenaient la nature du transport et des protocoles!», les nouveaux
utilisateurs sont considérés comme n’étant «!pas au courant de la culture!». Certes le RFC a pour
objectif «!d’amener rapidement ces nouveaux utilisateurs à la culture de l’Internet!» qui se
transmet par le respect d’un certain nombre de règles, certaines étant présentées comme étant
obligatoires, alors que d’autres sont annoncées comme étant largement adaptables. Néanmoins,
les nouveaux utilisateurs n’ont «!plus besoin de connaître le mode de transport et les
protocoles!»7. Autrement dit, la culture de l’Internet correspondra au résultat de l’alliance entre
les normes proposées par les fondateurs et par les nouveaux internautes Après cette introduction,
le document est divisé en trois parties distinguées de la façon suivante!: (1) la communication de
personne à personne, qui comprend essentiellement le courrier électronique (il est aussi fait
référence à talk, souvent présenté comme l’ancêtre de l’IRC), (2) la communication d’une
personne à plusieurs, qui comprend les listes de distribution et les groupes de nouvelles
(newsgroups), (3) les services d’information, qui comprennent FTP, la Toile, Wais, Gopher, les
MUD et les MOO8.
4 D’autres guides existaient déjà auparavant. C’est ainsi que les «!Règles de conduite et savoir-vivre de l’utilisateur du Réseau!»
(http://www.sri.ucl.ac.be/netetiq.html) ont été édictées en 1992 au sein de l’University of Florida afin d’aider les utilisateurs de
l’Université à «!considérer les services de l’Internet comme une ressource disponible, moyennant la réserve qu’ils sont
responsables de la manière dont ils accèdent ou transmettent l’information à travers l’Internet!». Il y était question de paragraphes
et de messages courts ne traitant qu’un seul sujet, de prudence et de professionnalisme dans l’écriture de messages, des nécessités
d’indiquer les citations, références et sources, de l’importance de suivre les procédures hiérarchiques pour correspondre avec des
supérieurs, de l’interdiction d’employer les réseaux académiques pour des activités commerciales ou propriétaires, de limiter les
signatures à quatre lignes maximum à la fin des messages et de n’utiliser les majuscules que pour mettre un point important en
évidence ou pour distinguer un titre ou un en-tête, celles-ci pouvant être remplacées par des astérisques (*) avant et après le mot.
Les internautes étaient par ailleurs invités à ne pas faire suivre du courrier personnel à des listes de distribution ou sur Usenet,
sans la permission de l’auteur original, à respecter les conventions de droits d’auteur et de licence et à ne mentionner dans une
réponses que les propos d’autrui qui font explicitement référence à notre propre message, ainsi qu’à utiliser dans la mesure du
possible des abréviations telles que «!IMHO!» (in my humble/honest opinion) ou «!FYI!» (for your information).
5 Sa version finale ayant été rédigée par Sally Hambridge dont on peut avoir les coordonnées (adresses postale et électronique,
numéros de téléphone et de télécopieur) à la fin du document.
6 Le même vocabulaire est employé au sein de l’armée française pour qualifier les nouvelles recrues!!
7 On s’étonnera tout de même un tant soi peu du fait que les aspects techniques semblent être largement mis de côté. Les
rédacteurs et rédactrices du RFC 1855 paraissent avoir pris pour acquis que la technique est une «!boite noire!» pour les «!Bleus!».
Certes, nous verrons que d’après nos observations, c’est le cas pour une majorité des internautes. Il y a toutefois de notables
exceptions.
8 Dans le cadre de ce chapitre, nous ne traiterons pas des services d’information à propos desquels on peut notamment lire ce qui
suit!: «!Ne supposez qu’aucune information que vous trouvez est à jour et/ou exacte. Souvenez-vous que les nouvelles techniques
permettent juste à n’importe qui de devenir un éditeur, mais tout le monde n’a pas découvert les responsabilités liées à la
publication!». Par ailleurs, on trouve une mise en garde à propos du contenu par rapport à la dimension internationale de
l’Internet!: «!Comme l’Internet embrasse le globe, souvenez-vous que les services d’information peuvent refléter des cultures et
styles de vie franchement différents de ceux de votre communauté. Des choses que vous trouvez choquantes peuvent provenir de
régions elles sont acceptables. Restez sans parti pris!». Les personnes qui sont auteurs de sites doivent veiller à ne pas se
contenter de proposer une liste de liens vers d’autres services de l’Internet, de ne pas pointer vers d’autres sites sans autorisation
et de veiller à la mise à jour des informations disponibles. Par ailleurs, «!ne supposez pas que tout fonctionne lorsque vous n’avez
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Au sujet de la communication de personne à personne, notamment par courriel, les références aux
échanges en face-à-face sont importants. Ainsi, est-il d’emblée conseillé de suivre les mêmes
règles lors des échanges médiatisés par le courriel que dans le cas de la communication en
présence. Cette précision montre que pour les personnes qui ont été à l’origine de l’Internet, la
communication interpersonnelle est demeurée dans une certaine mesure, voire dans une large
mesure, un modèle9. Il apparaît même d’autant plus important de respecter «!les règles de
courtoisie habituelle dans les rapports entre les gens!» que dans le cas des échanges médiatisés
par la technique, on ne peut pas tenir compte de «!l’expression corporelle!» et du «!ton de la
voix!». Pour compenser, les auteurs du texte proposent de se mettre d’accord sur quelques règles!:
les majuscules doivent être utilisées pour donner l’impression qu’on va crier, encadrer un mot par
deux astérisques (*) permet de mettre l’accent sur le mot en question, utiliser des émoticones10
permet d’indiquer le ton de la phrase. Dans le cas où il apparaît crucial de prendre le clavier parce
qu’on en a «!vraiment gros sur le cœur à propos d’un sujet donné!», il faut encadrer son propos
par un «!FLAME ON!» et par un «!FLAME OFF!». D’autres allusions sont faites par rapport à
des modes de communication plus anciens. Ainsi, est-il conseillé de ne pas écrire par courriel ce
que nous n’écririons pas sur une carte postale. Comme dans d’autres situations, on demande
d’attendre «!d’avoir dormi avant d’envoyer des réponses chargées d’émotion!». On retrouve ici le
concept de «!conversation idéalisée!» de Michael Schudson qui estime que «!toute
communication se doit de ressembler au modèle d’une conversation, que ce modèle existe
réellement ou non!» (1999, p.132). Alors que Gary Gumpert et Susan G. Drucker (1999) estiment
que l’établissement de règles plus ou moins tacites réservées aux initiés éloigne la
communication médiatisée par la technique de la «!place publique idéalisée!», en faisant
justement référence aux travaux de Michael Schudson, les auteurs de la Netiquette ont estimé, au
contraire, que leurs propositions en termes de règles pourraient permettre d’aider les gens à
s’approprier l’Internet comme moyen de communication sur le modèle de la communication en
face-à-face.
Les internautes sont aussi invités à ne pas écrire des messages trop longs parce que la plupart des
personnes auxquelles ils s’adressent paient la communication à la durée. Si ceux-ci font plus
d’une centaine de lignes, il est recommandé de le préciser dans le titre du message. Pour la même
raison, s’il est conseillé de signer ses messages, la signature ne devant pas excéder les quatre
lignes. Il est également fait mention de l’importance de la dimension interculturelle dans les
échanges !Souvenez-vous que le destinataire est un humain dont la culture, la langue et
l’humour ont d’autres références que les vôtres!», «!Soyez prudent avec l’argot et les expressions
locales!») et des éventuelles contraintes techniques, les messages devant pouvoir être lus par tous
testé qu’avec un seul [logiciel] client. De même, tenez compte d’un niveau technique bas pour les clients et ne créez pas des
applications qui ne peuvent être utilisées que par des interfaces graphiques!».
9 Dans un autre document, intitulé en français «!Bienséance en matière de réseau!» (http://www.sri.ucl.ac.be/bienseance.html),
traduction extraite de la pile HyperCard Internet Tour,!réalisée par le Network Service Center de la NSF datée du 9 octobre 1995,
il est recommandé de ne pas écrire ce que l’on ne dirait à personne «!dans un salle pleine de monde!». Cette référence à d’autres
situations n’est pas la seule. Ainsi, est-il recommandé en cas de forte émotion d’attendre d’être calme afin de pouvoir réfléchir.
«!Une tasse de café ou une bonne nuit de sommeil peuvent faire des merveilles dans ce domaine. Des mots hâtifs créent plus de
problèmes qu’ils n’en résolvent!». Dans un autre document intitulé «!les «!Règles de conduite et savoir-vivre de l’utilisateur du
Réseau!» (http://www.sri.ucl.ac.be/netetiq.html) ont été édictées en 1992 au sein de l’University of Florida, il était précisé qu’il
fallait être prudent dans l’usage de l’ironie et de l’humour, la plaisanterie pouvant être perçue comme une critique étant donné que
la communication n’a pas lieu en face-à-face.
10 En anglais smileys. Le traducteur du texte, Jean-Pierre Kuypers, emploie le terme de «!souriard!».
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