Gènéthique - n°38 février 2003
« Est interdite toute pratique ayant pour but de faire naître un
enfant ou se développer un embryon qui ne seraient pas
directement issus des gamètes d'un homme et d'une femme ».
Se trouve ainsi posée l'interdiction du clonage reproductif,
voire du clonage dit thérapeutique.
L’ouverture au clonage
L’interdiction proposée viserait « toute intervention » ayant
pour finalité la naissance d’un enfant ou le développement
d’un embryon, sans préciser la nature de celle-ci. Il s’agirait
donc de tous les actes qui rendraient possible cette naissance
ou qui permettraient que se développe un embryon, que ce
soit in vitro ou in vivo.
Au cours des débats du 17 janvier, un amendement 74 a été
présenté afin de prohiber plus explicitement encore la
conception d’embryons issus de cette technique. Mais
l’amendement 74 a été retiré par le rapporteur de l’époque,
avant d’être repris par le député, M. Mattéi, et finalement
rejeté.
La rédaction adoptée est donc celle qui interdit seulement le
« développement » d’un embryon issu du clonage. Les articles
21 et 22 ne répriment eux aussi, que le « développement »
d’un embryon humain issu du clonage. En conséquence, la loi
n’interdit pas stricto sensu de concevoir un embryon,
c’est à dire de mettre au point la technique du clonage,
sans développement ultérieur de l’embryon.
Rejet du clonage reproductif et thérapeutique
Le clonage reproductif : « crime contre l’espèce humaine »
L’article 21 (amendement 127) du projet de loi est ainsi
modifié : « est interdite toute intervention ayant pour but de faire
naître un enfant génétiquement identique à une personne
humaine vivante ou décédée. »
Cette interdiction est assortie d'une nouvelle incrimination
pénale baptisée "crime contre l'espèce humaine" et passible
d'une peine de 30 ans de prison et 7.500.000 € d’amende.
Le clonage thérapeutique est interdit
- « Le fait de procéder à la conception in vitro ou à la
constitution par clonage d’embryons humains à des fins
industrielles ou commerciales est puni de sept ans
d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende.» (am. 128)
- « Le fait de procéder à la conception in vitro ou à la
constitution par clonage d’embryons humains à des fins de
recherche est puni de sept ans d’emprisonnement et 100 000 €
d’amende.» (am. 129)
- « Le fait de procéder à la constitution par clonage d’embryons
humains à des fins thérapeutiques est puni de sept ans
d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende.» (am. 130)
Notons la différence de rédaction entre ces amendements : le
dernier paragraphe concernant les fins thérapeutiques ne
prévoit de punir que la constitution par clonage et non plus la
conception in vitro d’embryons, comme dans les paragraphes
précédents. Pourra-t-on concevoir des embryons à des fins
dites thérapeutiques ?
Résultat final
Ce projet de loi modifié a été adopté au Sénat le 30 janvier
2003 par 196 voix contre 107 et 12 abstentions.
Les lois de bioéthique et l’engagement des catholiques en politique
Dans une "note" sur l'engagement des
catholiques en politique, le cardinal
Ratzinger de la Congrégation pour la
doctrine de la foi, invite les catholiques
à refuser "le relativisme moral" devenu
principal critère de choix politique et
menace pour la démocratie. Cette note
intervient en France au moment du
débat sur les lois de bioéthique.
Une mission
Le cardinal Ratzinger rappelle que les
catholiques ont le droit et le devoir de
défendre les vérités morales sur la vie
sociale, la justice, la liberté, le respect
de la vie. Ils doivent résister aux projets
de loi qui "veulent briser l'intangibilité
de la vie". Sont notamment visées les
lois autorisant l'avortement, les
recherches contraires à l'intégrité de
l'embryon, l'euthanasie. « Jean-Paul II
a maintes fois répété que ceux qui sont
engagés directement dans les
instances législatives ont une obligation
grave et précise de s’opposer à toute
loi qui s’avère un attentat contre la vie
humaine. Pour eux, comme pour tout
catholique, existe l’impossibilité de
participer à une campagne en leur
faveur, et il n’est permis à personne de
les soutenir par son vote ». Ce qui est
légal n'est pas forcément moral.
Un mauvais prétexte
Les fidèles laïcs, notamment ceux qui
ont des responsabilités politiques, ne
doivent pas avoir deux vies parallèles :
vie spirituelle et vie séculière.
L'engagement politique des catholiques
ne doit souffrir "d'aucun compromis".
Il s'agit « d'exigences éthiques
fondamentales auxquelles aucun
catholique ne peut renoncer ». Or il
n’est pas rare d’entendre que le
pluralisme éthique serait la condition de
la démocratie. « On invoque de
manière trompeuse la valeur de la
tolérance » et on demande à une
bonne partie des citoyens – entre
autres aux catholiques – de renoncer à
participer à la vie sociale et politique de
leur propre pays selon la conception de
la personne et du bien commun qu’ils
pensent humainement vraie et juste ».
Or ces exigences éthiques s’enracinent
dans l’être humain et appartiennent à
« la loi morale naturelle ». Cette
« promotion en conscience du bien
commun de la société politique n’a rien
à voir avec le confessionalisme ».
Rappelant que l'Eglise n'est pas hostile
à la laïcité, le cardinal précise que
celle-ci n'est légitime que si elle est
comprise comme "autonomie de la
sphère civile et politique par rapport à
la sphère religieuse et ecclésiastique",
mais non "par rapport à la sphère
morale".
Lettre mensuelle gratuite, publiée par la Fondation Jérôme Lejeune - 31 rue Galande 75005 Paris
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