Res Militaris, vol.2, n°2, Winter-Spring/ Hiver-Printemps 2012 4
institutions européennes. Le premier pilier (relevant de la Commission
et du Parlement
pour les politiques de coopération) obéit au principe communautaire, tandis que le second
(régi par le Conseil européen
), celui qui concerne la PESC, fonctionne en inter-
gouvernemental. Le fait que le second pilier réponde au souci de préserver les souve-
rainetés nationales des effets des décisions prises au titre du premier pilier entrave la
cohérence de la politique commune. Il y a redondances multiples et manque de lisibilité. Si
le pacte de stabilité est un succès, l’UE reste incapable de s’impliquer dans la crise
rwandaise, en 1994, puis dans la crise yougoslave.
En 1997, le Traité d’Amsterdam tenta de remédier à l’impuissance politique en
faisant du secrétaire général du Conseil le Haut Représentant pour la PESC. Javier Solana
essaiera à ce titre, dix ans durant, de porter la parole de l’UE et d’exercer une influence
internationale. Le traité, qui intègre les missions de Petersberg (et anticipe l’absorption de
l’UEO par l’UE lors du Traité de Nice), le permet. Toutefois, il ne pèsera pas réellement
sur la résolution des crises, faute de détenir des moyens de coercition. Un premier correctif
intervient en décembre 1998, à Saint-Malo, quand Tony Blair accepta de ne plus entraver
l’émergence d’une capacité européenne autonome de gestion des crises. L’impulsion
s’avéra vite insuffisante : en 1999, la crise du Kosovo fournit une nouvelle preuve de
l’incapacité des Européens à intervenir. En conséquence, le Conseil européen de juin 1999
(sommet de Cologne) décida de doter l’UE des moyens nécessaires pour assumer ses
responsabilités en instaurant la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD),
composante civilo-militaire et opérationnelle de la PESC.
Dès lors, la PESC dispose pour gérer les crises de structures politico-militaires
permanentes. Le Comité politique et de sécurité (COPS) est chargé de suivre la situation
internationale et de suggérer des politiques au Conseil et au Haut Représentant ; organe
central de la PESD, il relève du Conseil des affaires étrangères. Au plan opérationnel, il
exerce le contrôle politique et la direction stratégique des opérations.
Le comité militaire
de l’UE (CMUE), composé des chefs d’état-major des armées et soutenu par un état-major
(EMUE), appuie le COPS.
Il restait à statuer sur l’UEO, parfois réactivée mais restée impuissante comme bras
armé de l’Europe. Ce fut fait à Marseille, en novembre 2000, lorsque le Conseil de l’UEO
transfère ses compétences à l’UE. Le mois suivant, au sommet de Nice, l’Union fit de la
Elle a en charge l’aide au développement et les actions politiques en faveur du maintien de la paix. Elle
dispose de peu de spécialistes mais de larges moyens financiers.
Il a pour prérogative l’action civilo-militaire. Il dispose de la grande majorité des spécialistes en matière de
défense et d’un faible budget.
Fin 1995, les accords de Dayton prouvent l’impuissance européenne à participer à la résolution d’une crise
sur le continent laissée à l’ONU et aux États-Unis. Elle compense par une implication humanitaire et une aide
à la reconstruction économique.
L’expertise lui est fournie par le Groupe politico-militaire (GPM), ce qui peut l’amener à proposer des
options militaires, et dans ce cas le concept et le plan d’opérations.
Pour les aspects civils de la gestion des crises, le COPS s’appuie sur un comité, le CIVCOM. Il fournit des
recommandations et des conseils, il développe de concepts et des moyens dans les domaines de la police, des
libertés publiques, de l’administration et de la protection civiles.