Journal Identification = VIR Article Identification = 0483 Date: April 4, 2013 Time: 3:4 pm
revue
plus tard qu’il a été montré qu’EB2 n’agit pas au niveau de
l’initiation de la transcription des gènes viraux, mais durant
les étapes post-transcriptionnelles [1].
Afin d’étudier plus précisément le rôle de cette protéine
dans le cycle viral productif, un virus EBV recombinant
amputé du gène codant pour la protéine EB2 a été généré
[2]. Ainsi, il a pu être montré que, suite à l’induction du
cycle viral productif, les cellules infectées par un EBV
recombinant n’exprimant pas EB2 ne produisent pas de par-
ticules virales. Lorsque ce déficit est trans-complémenté par
l’expression ectopique d’EB2, des virions sont de nouveau
efficacement produits [2]. De manière intéressante, les pro-
téines analogues des autres herpesvirus (ICP27 de HSV1,
ORF57 de KSHV et IE4 de VZV) sont également indis-
pensables à la production de nouvelles particules virales
dans leurs modèles d’infection respectifs. Seule la pro-
téine UL69 du virus CMV ne semble pas indispensable
à la production de virions, mais la cinétique de produc-
tion est beaucoup plus lente qu’avec le virus sauvage [3].
Cependant, si ces protéines semblent avoir des fonctions
équivalentes, elles ne sont pas interchangeables. Ainsi,
le remplacement de la séquence codante d’ICP27 par la
séquence d’EB2 dans un virus HSV-1 restaure en partie la
production de particules virales, mais uniquement lorsque
l’infection est réalisée avec une très grande quantité de virus
[4]. ICP27, UL69, et ORF57 ne restaurent pas la produc-
tion de virions à partir de cellules infectées par un EBV
recombinant amputé du gène codant la protéine EB2 [2].
Réciproquement, EB2 est incapable de trans-complémenter
un virus KSHV recombinant amputé du gène codant ORF57
[5].
La caractérisation plus précise du recombinant EBV
n’exprimant pas la protéine EB2 a permis de mieux
comprendre le rôle d’EB2 dans la production de nouveaux
virions et notamment de confirmer le rôle majeur de ce fac-
teur dans l’accumulation cytoplasmique de certains ARNm
viraux. Ces ARNm ont la particularité d’être produits à par-
tir de gènes dépourvus d’intron. En absence de la protéine
EB2, ils sont soit complètement absents, soit présents en
quantité bien inférieure, et cela tant dans le noyau que dans
le cytoplasme de la cellule hôte. Il est cependant à noter que
tous les ARNm d’EBV produits à partir de gènes dépourvus
d’intron ne requièrent pas la protéine EB2 pour s’accumuler
efficacement dans le cytoplasme cellulaire [2, 6]. Ainsi, une
étude transcriptomique a permis de montrer qu’environ la
moitié des ARNm du cycle productif d’EBV sont dépen-
dants d’EB2 pour leur accumulation cytoplasmique [7]. La
protéine EB2 n’a, par ailleurs, pas d’effet significatif sur les
quelques ARNm viraux issus de gènes avec introns.
Ainsi, la protéine EB2 est nécessaire à la production de nou-
veaux virions car elle permet l’accumulation cytoplasmique
d’une proportion importante des ARNm viraux produits au
cours du cycle productif.
Structure du facteur viral EB2
et de ses analogues
La protéine virale EB2 est codée par le gène
BSLF2/BMLF1 qui contient un intron et est expri-
mée précocement au cours du cycle productif du virus
EBV (figure 2). C’est une phosphoprotéine nucléaire de
479 acides aminés (60 kDa). Sa structure n’a pour l’instant
pas été élucidée mais certains domaines importants pour sa
fonction ont néanmoins été mis en évidence : elle contient,
dans sa partie N-terminale, un signal d’export nucléaire
(NES) atypique et deux signaux de localisation nucléaire
(NLS). Par ailleurs, elle renferme dans sa partie centrale
un domaine d’interaction avec l’ARNm (RBD) et interagit
directement avec de nombreuses protéines cellulaires
(figure 3).
Comme EB2, ICP27, ORF57, UL69 et IE4 sont des phos-
phoprotéines issues de gènes précoces. Plusieurs motifs
NLS, un NES ainsi qu’un domaine d’interaction avec
l’ARN ont été caractérisés dans chacune de ces protéines
et il a été montré qu’elles interagissent avec certains par-
tenaires cellulaires communs, dont REF et TAP/NXF1
(figure 3). Cependant, malgré leurs fonctions analogues,
ces protéines ne présentent que très peu de similarité de
séquence et comme vu précédemment, elles ne sont pas
interchangeables.
Ainsi, bien que ces protéines virales aient des propriétés
communes, elles possèdent également des caractéristiques
spécifiques qui les distinguent les unes des autres.
EB2, comme ses analogues,
a des propriétés de facteur d’export
des ARNm
EB2 possède certaines caractéristiques des facteurs
d’export des ARNm. La première de ces caractéristiques
est sa capacité à faire la navette entre le noyau et le cyto-
plasme de la cellule [8] grâce à deux séquences NLS et
à un motif NES [9]. L’analyse simple de la localisation
cellulaire d’EB2 par immunofluorescence révèle une pré-
sence d’EB2 dans le seul noyau des cellules. Sa propriété
de navette n’a pu être démontrée que par l’utilisation de la
technique des hétérocaryons interespèces. Cette technique
consiste à faire fusionner une cellule exprimant la protéine
EB2 avec une autre cellule ne l’exprimant pas en présence
d’inhibiteur de synthèse protéique. Si après la fusion, la pro-
téine est retrouvée dans les deux noyaux de l’hétérocaryon,
on peut alors conclure que la protéine, bien que nucléaire,
peut sortir du noyau et y rentrer à nouveau (figure 4). Il est
intéressant de noter que le domaine NES d’EB2 ne présente
100 Virologie, Vol 17, n◦2, mars-avril 2013
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